Amer Béton (Tekkon Kinkreet)

Amer Béton (Tekkon Kinkreet)

MATSUMOTO TAIYO
Studio 4° C

Nous voici dans une version fictive de notre société actuelle, une ville parmi d'autre, ou plutôt un quartier malheureusement parmi d'autres... Bienvenue à Tésorville, le quartier le plus mal famé de la ville, où y règnent la mafia (Yakuza), quelques petits gangs foireux et où la police essaye tant bien que mal d'avoir son mot à dire. Deux orphelins y vivent et tentent de s'affirmer dans cette jungle, triste conséquence du capitalisme actuel : Shiro (Blanc) et Kuro (Noir) qu'on surnomme les chats.

Kuro est un pré-ado blasé de la vie en laquelle il n'y crois plus. Il va prendre les mafieux et autres malfrat comme concurrent et veut s'affirmer en tant que propriétaire du quartier. Son unique but n'est au final que de protéger Shiro, forme de dernier rayon de soleil dans son monde si obscur.

Shiro est un garçon de 10 ans, incarnation même de la naïveté. Kuro a toujours tout fait pour lui, comme ses lacets, trouver de quoi manger etc. Kuro est réaliste ce que Shiro est idéaliste. Il vit dans des rêves, dans son imagination, il dessine toujours comme un enfant, on y voit d'ailleurs un intérêt proche du mouvement Cobra à travers ses dessins. Il est pur, insouciant.

Ces deux enfants se débrouillent tant bien que mal, dans un entourage de clochards, drogués et malfrats, dormant dans une voiture abandonné, ne jurant que par leur liberté. Il ne se contentent donc plus de vivre mais de survivre à un enfer constant. Leurs rêves sont tellement simples et naïfs, leurs craintes également. Mais là n'est pas vraiment le plus intéressant dans l'histoire, on voyage vraiment dans la relation qu'entretiennent ces deux enfants. Dans leur subconscient, on vire vers la folie, l'intuition, les différents rôles de chacun. Ils sont opposés mais complémentaires, ils sont des objets cassés dont il manquent des vis, mais ils ont chacun les vis qu'il faut pour le cœur de l'autre.

Ces côtés surréalistes dans l'histoire sont magnifiquement représentés avec des traits originaux, irréguliers, des couleurs vives, impalpables, des dimensions différentes,... La réalité est plutôt sombre, le rêve est vif, de là se mélangent les deux et donnent un tout particulièrement étonnant. Le graphisme de base également tente à sortir des standards du manga, adapté dans un petit studio, la créativité peut faire place à la rentabilité ! Une œuvre d'art accomplie, dans tous les aspects !

Enfin voilà, franchement il vaut le détour !

Ah oui c'est un film qui dure 1h40 +/-