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Mon nom est Giovanni

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Message par Contre-amiral Smoker Sam 26 Oct - 2:46

Sali-Salut à tous !

Pour commencer, je tiens à préciser que cette nouvelle "fanfic" ne relève pas d'une envie d'arrêter la précédente, la FullMetal estet reste ma fanfic et je la continuerai.
Simplement, j'ai joué à pokémon ces deux derniers jours et mes affrontements contre la Team Rocket de la version bleue m'ont donné envie de faire cette fic. Après un peu de réflexion, j'ai décidé de mettre ce soir à profit pour écrire ce que j'avais en tête ^^
Je ne sais pas s'il y aura une suite, elle est pas forcément nécessaire, ça dépendra principalement de mon envie ou pas.
Dans le doute, on peut considérer ça limite comme un One-Shot, écrit uniquement pour le plaisir^^
J'espère que ça vous plaira, je me suis essayé à l'écriture à la première personne, que j'utilise peu voir pas du tout en règle générale^^
bbref, n'hésitez pas à commenter en bien ou en mal (en constructif quand même si c'est en mal Laughing), tout vos avis m'intéressent Very Happy


"Mon nom est Giovanni"


Il faisait moche, ce jour-là, à Céladopole. Il faisait toujours moche à Céladopole. Un temps aussi triste que les hautes tours du centre-commercial et des bâtiments environnants. Une pluie nourricière pour les plantes autour de l’arène pokémon, mais glaçante pour moi.

Nous étions peu nombreux dans les rues balayées par les rideaux de pluie que Dieu sait quelle divinité pokémon faisait s’abattre sur nous.
La plupart des habitants ou des voyageurs de passage avaient préférés s’abriter dans le centre-commercial ou dans le casino. Dans le centre pokémon aussi, pour ces dresseurs qui traversaient la région avec leurs équipes de combat, ou d’amis, ou quoique ce soit.
Je n’avais pas de pokémon, donc rien à faire là-bas. Pas d’argent non-plus, donc le centre-commercial et le casino ne m’ouvriraient pas leurs portes. Je me contentais de descendre lentement les rues de la ville, glacé jusqu’aux os par les habits détrempés qui me collaient à la peau. L’eau qui s’abattait sur mes cheveux dégoulinait sur mon visage avant de tomber à mes pieds et de se fondre dans les innombrables flaques. J’avais le regard rivé sur ce sol semi-liquide dans lequel toutes les gouttes finissaient par perdre leur identité.
Eussé-je plongé dans une mare, je n’en serais pas sorti plus imbibé d’eau. Peu importait, au final. Ça n’était pas la première fois, pas la dernière non plus. Mieux valait être là, dans ces rues et sous ce temps, si peu accueillante que semblât la situation, que chez moi.
Ce que j’appelais chez moi, un misérable logis pour un misérable loyer. Le quotidien des laissés pour compte de ce monde qui ne tournait qu’autour de ces pokémon et de leur lobby.

Ils étaient tout.
Puissants, à un point inimaginable. Et c’est autour de cette puissance quasi-divine que révolvait le monde entier. Les pokémons rendaient riches, les pokémons rendaient célèbres, les pokémons rendaient important.
Mettez-la main sur un de ces monstres aussi rare que puissant, et un tapis rouge se déroulera sous vos pieds. Mais tout système d’ascension à ses limites.

Pour grimper dans l’échelle, il fallait encore commencer au début, à la base. Posséder un pokémon puissant. Une ball pour un pokémon, un pokémon pour affaiblir un pokémon plus puissant, une nouvelle ball, des potions, des produits, des soins.
Moi, je n’avais pas de ball. Je n’avais pas de potion. Je n’avais pas de pokémon. Je n’avais que des habits sales, et la pluie sur le coin de la gueule.

Mon estomac gargouilla. Perdu dans mes pensées, j’avais déjà fait deux fois le tour de la ville, et je commençais à avoir faim. Je faisais tout aussi bien de rentrer chez moi, me sécher un peu avant d’être aussi malade que pauvre, et manger un bout.
Je décidais de couper à travers les immeubles, par les petites ruelles, pour atteindre la périphérie de la ville où je logeais.
Je pressais le pas. Marcher sous la pluie sans but pouvait avoir quelque chose de poétique, mais marcher sous la pluie en se rendant quelque part avait au contraire un caractère éminemment désagréable.

Les mains dans les poches, le cou rentré dans les épaules, j’allais mi-marchant mi-trottant en projetant des éclaboussures autour de mes chaussures à chaque pas lourd que je faisais dans les flaques qui s’étaient créées au gré du léger dénivelé de pavés.
C’est alors qu’un bruit m’intrigua. Plusieurs bruits. Des bruits de chocs, de voix humaines. Quelques vivats, quelques cris de colère.

Je connaissais bien ces sons, un combat pokémon. Ceux qui étaient trop minables pour combattre dans les belles arènes sous le regard des télévisions du monde entier en offrant un spectacle titanesque se retrouvaient régulièrement dans n’importe quel ruelle, champ, bas-côté pour échanger des coups avec leurs pokémons. Le vainqueur prenait l’argent du perdant, qui s’en allait direction le Centre Pokémon avec uniquement ses yeux pour pleurer et des pokémons mal en point.
Souvent des enfants. Des gamins, des fillettes, qui à la sortie de l’école se retrouvaient pour tenter de prouver qu’ils étaient meilleurs que la cruche ou l’incapable à côté d’eux. Tous plus nuls les uns que les autres.
Des chanceux. La vie leur offrait tout sur un plateau d’argent, celui-là même avec lequel elle m’avait tabassé jusqu’à m’enfoncer la tête dans la boue. Je ne leur en voulais pas pour autant, j’aurais pu être comme eux.
On dit parfois qu’on ne voit réellement que ce qu’on ne peut pas avoir. Je voyais tout, ils étaient aveugles. C’était une chance, d’un certain côté.

Piqué par la curiosité, j’avais bifurqué dans les ruelles en direction de leur échauffourée, je voulais voir ce que donnait cette fois leur bataille épique.
Arrivé à une distance raisonnable, je m’accrochais à une gouttière qui crachait un torrent de la pluie qui s’abattait sur le toit et je commençais à y grimper. Ce n’était pas la première fois que je le faisais. En se tenant bien avec les mains et en calant ses pieds dans les interstices entre les pierres du mur, on pouvait s’élever rapidement et sans danger jusqu’aux toits, d’où on avait une belle vue surplombante des choses.
Ce serait un parfait observatoire pour regarder sans être vu – la meilleure façon de regarder qui soit.
Une fois bien au froid sur mon perchoir, je m’asseyais sur les tuiles humides, pas trop près du bord, mais suffisamment pour avoir une parfaite vue plongeante sur le combat.

Il n’y avait que des garçons, cette fois. Les filles rechignaient à rester immobile sous la pluie battante, tandis que pour des raisons obscure les garçons avaient l’impression de prouver quelque chose à quelqu’un en le faisant.
Toujours est-il que deux gamins en surpoids se faisaient face, engoncés dans des cirés qui les boudinaient, tandis que six de leurs amis formaient un cercle approximatif qui délimitait leur arène de fortune.
La moitié d’entre eux portaient des casquettes à l’envers, pour bien prouver qu’ils n’avaient entièrement et totalement rien compris au concept de la visière. Encore quelque chose qui prouvait quelque chose à quelqu’un. Sans réellement savoir ce qu’on prouvait et à qui.
L’un d’entre eux semblait aussi malin qu’élégant, et l’autre aussi stupide qu’on pouvait l’être. Deux fines lames, à peu près aussi aiguisés qu’un cylindre.

L’un d’entre eux avait le dessus, cependant. Son pokémon, un rattata, dominait le pokémon de l’autre, qui essayait d’esquiver les attaques mais s’essoufflait à grande vitesse. Ce Miaouss, pourtant, n’avait pas l’air particulièrement faible.
Par deux fois depuis que j’avais commencé à regarder la scène, il avait mis en difficulté le rattata ennemi en le prenant à contre-pied.

J’avais toujours apprécié ce pokémon. La rumeur disait qu’un Miaouss avait été capable d’apprendre le langage humain, au lieu de se contenter bêtement de répéter le mot d’où était tiré le nom de son espèce, comme tous les autres.
Celui-là ‘avait pas l’air sur le point de parler, mais comme tous les autres de son espèce, il avait une lueur malicieuse au fond de l’œil qui laissait entrevoir un intellect développé. J’avais toujours aimé ces regards.

Toujours est-il que celui-là perdait, obligé par la force des choses d’obéir aux ordres du veau qui lui servait de dresseur. Utilisant tantôt la technique d’intimidation grossièrement nommée « Gros-yeux » quand il aurait eu le temps de placer une attaque dévastatrice, et attaquant de front quand l’autre l’attendait de pied ferme.
L’autre n’était pas bon pour autant, il se contenter d’intimer à son rattata encore et toujours d’utiliser la « Vive-attaque ». Stratégie aussi brouillonne qu’efficace en l’occurrence.
Le combat s’éternisait. Pour rien, en plus, car le résultat était évident. Si une créature avec un quotient intellectuel d’au moins la moitié de son poids avait pris les choses en main, l’affrontement aurait tourné court.

J’allais maugréer une fois de plus contre la nullité de ces enfants, quand je me repris. C’était ce qu’ils étaient, après tout, des enfants. On ne pouvait pas leur en vouloir d’être mauvais. Je trouvais juste dommage de voir le potentiel pokémon gâché par une utilisation aussi faible. De temps en temps, je me perdais dans mes pensées en pensant à un monde dans lequel les pokémons puissants seraient utilisés à leur juste valeur. Entraînés efficacement, pris à leurs possesseurs inaptes et utilisés par des dresseurs valables.
Mais ce projet semblait n’être voué qu’à rester ce qu’il était. Un rêve, une idée de fou que le fou gardait pour lui. Mon rêve, mon idée.
Enfin, le « duel » prit fin.

Le petit en ciré jaune se précipita pour serrer son rattata essoufflé et amoché dans ses bras, en le félicitant de son courage et de sa puissance, tandis qu’au moins quatre de ses camarades le félicitaient à lui pour sa gestion extraordinaire de ce rattata face à l’adversité, pour son sang-froid dans la tempête et pour son exploit herculéen d’avoir vaincu un autre dresseur.
Le gamin au ciré rouge, lui, tempêtait. La pire catégorie des dresseurs. Avec un air rageur, il tira une poignée de pognon de la poche intérieur de son ciré et la remis à son camarade qui el toisait d’un air narquois. Le Miaouss était encore affalé sous la pluie, revenant à lui. Le K.O avait été si peu décisif qu’il n’allait même pas avoir besoin de passer par le centre pokémon pour se remettre sur pieds.
Son « maître » tourna vers lui un regard enflammé par la colère, commençant à lui crier de sa voix suraiguë d’enfant que tout était de sa faute, qu’il était faible, qu’il n’aurait jamais dû le capturer, qu’il n’avait rien écouté de ses consignes.
Le Miaouss baissa un le regard vers les pavés trempés, plus vaincu encore par son dresseur que par le rattata.
Ce-dernier continua à tempêter, et alla même jusqu’à le pousser du bout du pied. Pas violemment, mais suffisamment pour le faire s’effondrer dans une flaque.

C’en était trop pour moi. Je n’étais pas un de ces mièvres défenseurs des pokémons qui passaient leur temps à vomir des slogans contre la violence et pour l’amitié, mais je ne supportais pas ce genre de situation. La nullité, je la tolérais, c’était une injustice du monde qui faisait les incompétents, comme elle m’avait fait miséreux. En revanche, voir ce nul rejeter l’intégralité de la faute sur un pokémon qui valait plus que lui me frustrait au plus haut point.
Je devais intervenir.

J’allais faire quelque chose de stupide. Vraiment stupide.
Pas mon style, pourtant, mais j’allais le faire. Heureusement, ma loge d'observation n’était qu’une maison sans étage, je n’étais donc pas bien haut depuis mes briques. J’avançais jusqu’au rebord du toit, et je sautais sur la petite place où s’était déroulé le combat.
J’atterris lourdement, pliant les jambes pour amortir le choc autant que possible. Ma cheville droite me lançait à mort, mais je devais faire comme si de rien n’était, les huit gamins me regardaient.
Je ne pus m’empêcher de constater l’ironie de la situation qui me faisait ignorer ma douleur pour prouver à ces gamins que j’étais un dur. Comme quoi, moi aussi je portais à ma manière une casquette à l’envers.

Me redressant de toute ma stature, pas si grande que ça, mais quand même celle d’un jeune homme d’une vingtaine d’année - donc impressionnante pour ces gamins – et je commençais à marcher vers eux.
Au milieu des différentes phrases interrogatives que jetaient chacun d’entre eux, allant du « Bordel, mais c’est qui lui ? » au « C’est quoi ce bordel ? », le gamin enrobé au ciré rouge commença à sortir sa pokéball pour y ranger son Miaouss. J’arrivais sur lui juste avant qu’il puisse entonner la déclaration solennelle du retour du pokémon dans sa ball.
Je lui attrapais le poignet au vol, le serrant du mieux que je pouvais pour renforcer la peur dans son esprit et le marquer. Je le toisais, tandis que son visage se crispait de terreur et de douleur, et je lui arrachais la ball de la main.
Tout en ouvrant cette balle rouge et blanche et en tirant de toutes mes forces pour la plier à l’envers et la briser en deux, comme j’avais vu un dresseur le faire une fois pour une ball endommagée, je plongeais mon regard dans celui terrorisé de l’enfant et entrouvrais la bouche comme pour lui lâcher un discours sur la façon de s’occuper de ses pokémons, mais je m’abstins.

À la place, je me tournais vers le Miaouss qui me contemplait depuis sa flaque avec des yeux écarquillés, au fond desquels je perçus la lueur qui me plaisait tant. Je m’accroupis et tandis la main dans sa direction :

-Mon nom est Giovanni. Tu es puissant. Trop pour rester avec un dresseur comme lui. Viens avec moi. Combats pour moi. Et le monde s’ouvrira devant nous.

Le pokémon me regarda droit dans les yeux pendant quelques secondes, lisant en moi pendant que les enfants qui nous entouraient restaient eux aussi immobiles, abrutis par la scène surréaliste qui se déroulait sous leurs yeux.
Alors, le félin tendit sa patte, la déposant dans la paume de la mienne, et se releva avant d’agilement remonter le long de mon bras pour aller se percher sur mon épaule en ronronnant.
Je me dressais et partis sans accorder un regard de plus aux huit mioches.

-He ! Voleur ! Je vais le dire à la police !

Je m’arrêtais, mon cœur battait à cent à l’heure. Pas à cause de la menace, mais parce que pour la première fois de ma vie, la pluie qui s’abattait sur mon visage et mes mains ne semblait pas vouloir m’enfoncer dans la boue, mais au contraire ruisseler sur moi en emportant avec elle le destin funeste qui s’était abattu sur moi à ma naissance.
Je me retournais vers leur groupe.

-Dis-leur. Dis-leur ce que tu as vu. Dis-leur que ce n’est que le commencement, que les jours où n’importe qui pouvait gaspiller le potentiel des pokémons impunément est révolu, qu’il est temps que leur puissance soit utilisée à bon escient. Dis-leur qui je suis.
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Message par Samael Sam 26 Oct - 14:41

Sympa, j'ai bien aimé le point de vue.
Pour le style d'écriture rien à redire, c'est très bon comme d'habitude.
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Message par Master of Madness Sam 26 Oct - 15:23

J'ai trouvé l'histoire super bien et le style 'écriture très bien lui aussi Laughing 
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Message par ji-san Sam 26 Oct - 23:42

J'aimerais faire une critique négative, mais c'est juste vachement bien écrit.
J'aime ce point de vue, et la révélation du nom du perso à la fin est juste géniale (basique mais efficace et bien amené reve)
Bref, j'aime bien!
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Message par Contre-amiral Smoker Sam 22 Fév - 1:56

"Droit Devant"

Drôle d’endroit que ces Hautes Herbes.
Elles m’avaient toujours fasciné, de cet attrait qu’exerce une chose inatteignable sur l’enfant qui la regarde. Comme une confiserie derrière une épaisse vitrine, un billet trop loin pour qu’on puisse la saisir et la goûter.
Les Hautes Herbes étaient ma confiserie. J’avais toujours pu les voir, dansant au loin dans les grands vents de Kanto, ces barrières végétales qui formaient ma prison, qui encerclaient Céladopole la grisâtre.
Je pouvais les humer aussi, les rares jours de beau temps, quand je flânais jusqu’à leur lisière, cette odeur de… naturel, du monde sauvage. Une odeur d’aventure particulièrement plaisante.
Mais les toucher, ça jamais. Les effleurer, peut-être, comme un jeu d’enfant. Flâner au bord de l’interdit. Y pénétrer, en revanche, seuls quelques fous se risquaient dans les Hautes Herbes avec leur seul courage et une pokéball. Outre le fait que je n’avais pas les moyens de me payer une pokéball, je n’étais pas un fou. Un rêveur peut-être, mais pas fou.

Elles se dressaient, là, devant moi.
Je les fixais depuis quelques minutes, insensible au vent puissant qui les faisait ployer et fouettait mon visage, douloureusement glacial. J’étais perdu dans mes réflexions, mes doutes peut-être. La marche-arrière était toujours possible. Ardue, douloureuse peut-être, mais elle demeurait possible.
Qu’est-ce qui m’empêchait, après tout, de planter là ce Miaouss et de simplement retourner m’allonger dans mon chez moi, poursuivre ma vie sur la course qu’elle avait entamé. Mais quelle vie, après tout ? Rien ni personne dans un néant de perspective pitoyable.
Je tendis les doigts, caressant un des longs brins rugueux de ces Herbes terrifiantes, le seuil d’une nouvelle vie inespérée qui s’offrait à moi. C’en était fini désormais des imprécations vide de sens, des plaintes du démuni, de la complaisance de la pauvre victime de la vie. C’était là mon épreuve. J’avais le choix, peut-être pour la première fois de mon existence, et c’est dans ces choix seulement qu’on pouvait déterminer qui l’on était, ou comment on voulait se forger.
Juger un gosse de riche stupide était la partie facile, se lancer le défi de ses propres rêves était une autre paire de manche.

Je baissai les yeux en direction de mon Pokémon. Il avait un air assez pitoyable, son pelage battu par la pluie et entaché de boue en plusieurs endroits. Il rivait vers moi ses grands yeux verts de félin.
Son regard était interrogatif. Pas inquisiteur, libre de tout jugement. Il semblait simplement attendre de voir ce que j’allais faire. Peut-être avait-il cerné les doutes qui obscurcissaient mon âme.
Je n’en sais rien, mais toujours est-il que ce fut cet échange qui raffermit ma volonté. J’eus un petit sourire honnête vers mon compagnon d’infortune, et je fis un pas en avant.

La prairie sauvage était particulièrement imposante là où j’y avais pénétré, je le savais, j’avais entendu des dresseurs en parler une fois ou deux, les brins d’herbes étaient ici plus grands que des hommes adultes, épais et rêches. Je me trempai à l’eau qui dégoulinait le long de ces végétaux quand je pénétrais à l’intérieur.
L’atmosphère était étouffante, à moins que ce ne fut l’émotion qui serrait ma poitrine et faisait battre mon cœur à tout rompre qui renforçait cette impression.
J’écartai sur mon chemin la végétation du mieux que je pouvais, progressant difficilement. C’était relativement anxiogène, mais j’avais le sourire jusqu’aux oreilles. Je me sentais réellement libre pour la première fois de ma vie, et je n’aurais rebroussé chemin pour aucun motif.
J’entendis un bruit filer à mes pieds, et je ne pus en baissant les yeux que voir l’arrière-train du Miaous qui m’accompagnait disparaître à travers les Hautes herbes.
La perte de ma mascotte me prit totalement de court. Évidemment après tout, qu’est-ce qui m’avait convaincu de la fidélité d’un pokémon que je n’avais jamais vu quelques heures à peine auparavant. Mais j’y avais cru, j’avais plongé dedans. Et maintenant j’étais seul au milieu de ces plantes.
Ma respiration s’accéléra, je commençais à paniquer. Les lianes de la prairie semblaient se tendre vers moi pour m’étouffer, tout ce qui m’entourait semblait hostile. J’étais une parcelle d’humanité piégée dans un océan de sauvagerie.
Je fis maladroitement deux ou trois pas agités vers l’avant et je trébuchais sur un défaut de relief. Je m’étalai de tout mon long et roulai plusieurs fois sur moi-même. J’étais détrempé, ma cheville me brûlait depuis que j’avais sauté d’un toit comme un abruti, et voilà maintenant que je me roulai dans la boue comme un vulgaire animal.
Je me relevais à quatre patte en toussant et crachant un peu de la boue qui menaçait d’entrer dans ma bouche, et je relevais les yeux.
J’étais sorti de la muraille de plantes qui entourait la ville, et j’avais roulé jusque dans des herbes bien plus raisonnables, qui ne m’arrivaient probablement qu’au genou. Je regardai partout autour de moi, cherchant je ne sais quoi dans la grisaille environnante.
C’est alors que je l’aperçus, perché sur la branche d’un arbre étrange planté non loin de moi. Le Miaouss mangeait tranquillement une baie de cet arbre, et me regardait d’un air amusé. Je me laissais retomber sur le dos, les bras en croix et le visage tendu vers le ciel nuageux, et j’éclatais d’un grand rire, moitié nerveux et moitié cri de joie.

Je ne sais pas combien de temps je restais ainsi, sans me soucier du sol boueux ou de la pluie qui me tombait dessus. Je devais avoir l’air pitoyable, mais je ne m’étais jamais senti aussi bien de ma vie.
Je me relevai et fit signe au Miaouss qui semblait avoir repris du poil de la bête avec son casse-croûte. Il descendit lestement de son perchoir et vint me rejoindre, utilisant de nouveau mon bras pour aller se lover sur mon épaule. Son pelage était mouillé mais dégageait une chaleur agréable sur ma nuque, et ses ronronnements n’étaient pas désagréables à entendre.
Je m’apprêtai à me remettre en route quand j’aperçus quelqu’un dans mon champ de vision.

Il se tenait à une quarantaine de mètres de moi, à l’abri d’un autre arbre qui parsemaient la plaine sauvage. Je ne pouvais pas distinguer ses traits, mais il ne faisait aucun doute qu’il m’observait.
À en juger par le fait que les herbes lui arrivaient à mi-cuisses, c’était un gamin écervelé lui aussi, qui devait passer son temps au même endroit dans les Hautes herbes à capturer des pokémons faibles pour défier encore et encore tous les voyageurs qui croisaient sa route.
Je marchai droit vers lui.
Le regard du Miaouss, dont la tête n’était qu’à quelques centimètres de la mienne, fixait avec détermination ce dresseur, il avait probablement compris ce qui allait être la suite des événements. Je sentis son ronronnement se renforcer, et un frisson d’excitation parcourut mon être aussi.
Je comprenais enfin cette adrénaline qui poussait tous ceux qui en avaient les moyens à se lancer corps et âmes dans l’élevage et les combats de pokémons.

Le gamin me regardait d’un air mauvais, il toisait avec morgue celui qui devait apparaître à ses yeux comme un vagabond répugnant. Je n’avais cure du jugement d’une loque comme lui. J’allais néanmoins avoir besoin d’interagir avec lui, je lui offris donc mon sourire le plus convaincant, tandis que le Miaouss feulait en découvrant ses crocs.
Je fis mine de le calmer en tapotant sa tête, et il en revint au stade d’observation simple.

-Bonjour jeune homme.

-Qu’est-ce tu veux ?!

Son jargon me fit frissonner de dégoût, mais je n’étais pas là pour l’éduquer, ni pour devenir son ami. J’étais là pour prendre ce qui était sien.

-Mais un duel de pokémon, bien entendu.

-T’as pas l’air d’avoir d’argent ! Me cracha-t-il. Je souris encore plus grand en retour à son insulte à peine voilée.

-Mais je n’ai aucunement besoin d’argent, voyons, je n’ai pas l’intention de perdre.

-Quoi ?!

-Et pour ce que ça vaut, ton argent de poche ne m’intéresse pas non plus. En revanche, ton sac-à-dos et tout ce qu’il contient, ça je te le prendrai une fois que je t’aurais vaincu.

-Ah ouais ? Dit-il en relevant le nez, il était de toute évidence en train de plonger dans ma provocation. Mais si tu perds quand même, ça ne m’apportera rien d’avoir fait ce duel.

-Allons allons, j’ai simplement dit que je n’avais pas d’argent. Si tu gagnes, mon pokémon est à toi.

Le miaouss feula de nouveau en direction du gamin, mais je sentis cette fois ses griffes s’enfoncer légèrement dans mon épaule.

Quelques minutes et deux chenipans plus tard, je marchais de nouveau dans les hautes herbes. Je fouillais avec intérêt le sac que je venais de gagner, pendant que le Miaouss trottinait à mes côtés.
Quelques pokéballs, des potions et autres produits de première nécessité, une casquette que je m’empressai de jeter au sol – je n’allais quand même pas me mettre à ressembler à un d’entre eux – le sac du gamin était relativement bien fourni et organisé, il fallait au moins lui reconnaître ça.
Il avait eu l’air pas mal dépité quand ses deux pokémons sous-entraînés étaient tombés en un clin d’œil face à mon petit acolyte sournois. Mais c’était bien la caractéristique des hommes après tout que de ne jamais savoir reconnaître la défaite quand elle se tenait devant eux.
« Peut-être moi-même un jour me montrerai-je incapable de reconnaître celui qui me vaincra » Pensai-je, avec un certain étonnement. C’était relativement désagréable de se confronter à sa propre faillibilité.
Chemin faisant, emporté par mes pensées profondes, je finis par atterrir sur une route de terre battue. Le sol était boueux, l’orage avait dû passer par ici aussi, mais le ciel commençait à se dégager, je m’éloignai petit à petit de la morosité de ma Céladopole natale.
Une carte imposante trônait non loin de là, j’allais me poster devant ce panneau de bois vieilli par les éléments. Il m’indiquait que j’étais sur la bonne route vers la ville la plus proche, la douce Safrania.
Je ne savais pas grand-chose sur cette ville, mais c’était l’occasion d’en apprendre plus. J’allais me remettre en chemin, mais une gigantesque flaque barrait la route. Non pas que cette flaque me fasse peur, mais c’était le cas pour mon reflet à l’intérieur.
Ce n’était pas tant mon apparence en elle-même, mais l’image que je renvoyais, avec mes haillons couverts de terre. Si je voulais être vu différemment que comme le vagabond sale que j’avais montré au gamin dont je possédai désormais le sac, j’allais devoir remédier à ça. Je regrettai une seconde de ne pas avoir pris son argent, en fin de compte.
Mais peu importait, j’avais après tout toutes mes chances de croiser un autre dresseur avant Safrania, et de lui prendre un peu d’argent liquide.

Ce ne fut pas le cas.

Aussi étonnant que ce soit, cette route semblait être un piètre endroit pour trouver des adversaires, je ne croisai personne d’autre qu’une vieille dame qui voyageait tranquillement vers Céladopole, sans pokémon ni velléité belliqueuse.

J’essayai donc d’ignorer les regards tandis que je traversai la porte occidentale de la ville, mais il était clair que chacun, y-compris le garde qui stationnait là, me fixait avec dédain.
Ce fut le cas aussi pour mes premiers pas dans Safrania. Les gens s’écartaient de mon chemin comme si j’avais été quelque pestiféré. La rage commençait à monter en moi, mais une rencontre plus qu’étonnante me calma.

Elle faillit me rentrer dedans tant elle ne prêtait pas la moindre attention au monde extérieur. Une petite fille à l’allure un peu étrange. Mignonne peut-être pour une enfant, mais ce n’était pas ce qui captivait le regard.
Elle semblait… « autre ». Oui, c’est le seul mot qui me venait à l’esprit quand je la vis marcher droit vers moi, les yeux rivés d’un air absent sur les pavés. Mais toujours sans sembler regarder où elle allait, elle s’arrêta à un pas de moi.
Elle leva ses yeux rosés dans ma direction, et je fus instantanément captivé. On eut dit que ce regard sondait mon âme.
Il y avait une trace d’intemporalité dans le regard de cette jeune fille, et je sus à l’instant où je plongeais dans ces yeux jusqu’à m’y perdre qu’elle était loin d’être ordinaire.
Puis elle reprit son chemin. Simplement, sans un mot. Je n’essayai pas non plus de lui adresser la parole. Cela m’aurait semblé… déplacé peut-être.
Toujours est-il que cette rencontre m’avait un peu déboussolé.

Un homme étrange arriva en courant depuis la même direction d’où était venue la petite fille aux yeux mystiques. Il portait un drôle de kimono et semblait hors d’haleine. So nregard s’illumina lorsqu’il vit le dos de la petite fille au loin dans la rue.

-Dame Morgane ! Dame Morgane ! Cria-t-il en tendant la main dans sa direction, mais elle bifurqua sans même l’écouter, toujours avec cet air absent.

L’air dépité sur son visage après l’échec de son appel me fit presque éclater de rire au milieu de la rue.
Quoiqu’il en soit, je repris ma route vers le Centre Pokémon et les boutiques de la ville.
Dedans, je réussis avec moult négociation à refourguer tout le fourbi du gamin au vendeur, ne gardant pour moi qu’une seule et unique pokéball.

Avec l’argent récolté, je pus m’acheter des habits propres.
Les souliers vernis faisaient vraiment chics, c’était de loin la plus belle paire que j’avais possédé de toute ma vie. Je les regardai longtemps avant d’enfin les enfiler et les lacer. J’avais l’étrange impression de ne pas regarder mes propres pieds.
J’agrémentais cette dépense quelque peu excessive d’un pantalon de toile noire et d’une chemise de soie blanche. C’étaient des articles assez basiques, mais je ne cherchais de toute manière pas à faire dans l’originalité. Mes anciens haillons, je les abandonnai immédiatement dans la première poubelle que je croyais, laissant pourrir derrière moi un passé qui ne représentait plus rien.
C’était droit devant que j’allais, et je comptais bien abattre chaque embûche sur mon chemin vers le succès.

Je pris le temps de m’observer coquettement dans une vitrine de la rue, qui me reflétait parfaitement.
La chemise et le pantalon me donnaient quelque peu l’apparence d’un homme d’affaire en devenir, mais je ne haïssais pas cette vue. Seuls mes cheveux encore mouillés et qui pendaient jusqu’à mes épaules juraient avec ma nouvelle apparence.
Je me souvins qu’une vendeuse m’avait fait la remarque et avait glissé un de ses élastiques dans une des poches du pantalon pour que j’y remédie.
Je les attachai en un chignon à l’arrière, et contemplai de nouveau mon reflet. Peut-être me faudrait-il les couper plus tard, mais cette solution temporaire fonctionnait à merveille. Tandis que je continuai à regarder ce nouveau reflet de moi et que Miaouss - lui aussi pimpant comme un dandy après un passage au Centre Pokémon - se frottait à ma jambe en feulant de manière satisfaite, j’eus un grand sourire que je ne me connaissais pas.
Un sourire conquérant.

-Bien. Et si on allait voir à quoi ressemblent ces arènes professionnelles de l’intérieur ?

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Message par Master of Madness Sam 22 Fév - 10:48

Enfin !!!!!!  clap clap clap clap clap clap clap clap clap clap clap clap clap clap
Ce chapitre était aussi bien que le premier, non mieux même super_gg
Il y aura une suite..... wouhou 
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