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Message par Contre-amiral Smoker Dim 13 Avr - 14:49

Le soleil brillait haut dans le ciel de South Blue, les oiseaux pépiaient dans les arbres, sifflant le retour des beaux jours, mais aucun des quatre membres de l’unité Justice n’y prêtait attention. Quatre…

Ils étaient entassés dans une petite salle d’attente d’une base de la Marine. Svenn était affalé de tout son long sur un banc d’attente, et soupirait doucement en regardant en direction du plafond, mais le vague dans ses yeux montrait que son esprit vagabondait bien au-delà de cette pièce. Xander était assis par terre, adossé à un mur, et il maugréait à voix basse des imprécations contre le ciel bleu et les oiseaux, en jouant du bout des doigts avec le manche de son parapluie.
Arya, quant à elle, faisait les cent pas et jetait fréquemment des regards en direction d’Azrael. Sombre, l’officier se tenait immobile appuyé d’une épaule contre un mur. Il n’avait pas enlevé son casque malgré la chaleur qui pouvait être suffocante dans les bureaux, et il ne pipait mot au reste de son unité, il broyait seul sous son heaume toutes ses sombres pensées.

Depuis la mort de Léon en mission, chacun semblait s’être renfermé sur lui-même, et la cohésion de leur groupe en prenait un coup. Même Xander, qui était de toute évidence le moins affecté par cette perte, montrait des signes inhabituels chez lui, une impatience grandissante, ou encore une irascibilité qui avait pris la place de son cynisme habituel. Svenn se considérait comme responsable de la perte et avait perdu de son entrain et de sa joie habituelle, il passait désormais le plus clair de son temps à regarder dans le vide, ou à s’entraîner.
C’était le principal changement qui avait frappé le groupe de Marine. Sur leur navire ou prédominait habituellement la paresse, chacun passait désormais de longues heures à s’entraîner.
Cette détermination que personne n’exprimait à devenir plus fort était présente chez chacun d’entre eux. Arya se désespérait cependant de voir l’état des relations entre eux se dégrader, et elle se désespérait de voir Azrael… changer.

La porte de la salle d’attente s’ouvrit enfin, et une assistante leur fit signe de pénétrer dans le bureau du chef de la base. Azrael y entra le premier sans un mot, suivi par Xander qui traînait les pieds et Arya qui s’assurait d’un œil que Svenn se levait bien de sa couchette de fortune pour les suivre.
Il faisait plus frais dans le bureau de l’officier supérieur, des volets fermés permettaient de retenir la chaleur à l’extérieur. L’homme au regard acéré les regarda entrer et s’asseoir sur les différents sièges répartis dans la grande pièce sans même se lever de derrière son bureau.
Azrael ne s’assit pas.
Il n’attendit pas l’entrée en matière de l’officier de la base non plus, et coupa court à toute forme de politesse pour en venir au but de cet entretien.

-Mordred Finn a reparu ?

L’homme tiqua derrière son bureau, et son visage afficha un air désapprobateur.

-Mordred Finn est une bête. Il n’est pas à l’ordre du jour.

-C’est un prisonnier en cavale, il est à l’ordre de n’importe quel jour.

Arya baissa les yeux sur le document que lui avait donné son Lieutenant plus tôt dans la journée. Mordred Finn, 65 millions de berrys. Ce criminel avait réussi à s’enfuir de sa prison de South Blue des mois auparavant, et tout le monde avait perdu sa trace, ou alors ne l’avait tout simplement pas cherché. Cette puissance absurde de la nature était un loup solitaire. Il avait commencé par un simple meurtre de vengeance, puis son dossier s’était allongé au fil des courses-poursuite pour sa capture. Chasseurs de Primes, Soldats de Marine, il avait sans jamais déclencher lui-même de combat finit par se faire une liste longue comme le bras de victime. Et Azrael avait décidé de partir à sa poursuite.
« Pourquoi lui ? » Lui avait-elle demandé, mais l’ange avait éludé la question. « À nous quatre, nous devrions pouvoir le maîtriser ». Il avait décidé de partir en chasse du plus dangereux des criminels qu’il avait à sa disposition, et rien ni personne ne l‘arrêterait dans ce chemin autodestructeur sur lequel il s’était lancé. Pas même cet officier administratif, qui continuait de débattre avec Azrael.

-Mordred Finn est un sociopathe qui aspire à être laissé en paix, le meilleur moyen de le contenir est de rester à distance !

-Il est un criminel et sa place est dans une geôle.

-Savez-vous combien de bataillons il avait fallu pour l’arrêter la première fois ? Et savez-vous combien de prisonniers se sont évadés lorsqu’il a éventré un des murs de sa prison ? Les pirates pullulent sur ces mers, et certains sont beaucoup plus dangereux que lui ! Des équipages de moyenne puissance qui s’agrègent, des flottes de centaines de forbans qui fomentent des coups dans l’ombre, s’attaquent à des points stratégiques, sapent l’organisation de la Marine ! Il est hors de question de gaspiller des ressources et des hommes pour capturer un seul homme !

-Personne ne vous demande vos hommes, je vous demande sa localisation.

-Vous êtes fous à lier, je n’enverrai pas quatre personnes seules à un carnage assuré.

-Ça tombe bien, vous n’en avez pas le pouvoir. La menace commençait à percer dans la voix d’Azrael qui était restée calme jusque-là. Je ne relève pas de votre commandement, alors soit vous m’obtenez une liaison escargophonique avec un de mes supérieurs de MarineFord, soit vous me donnez les coordonnées de cette île.

L’officier eut un regard mauvais en direction de l’ange, il n’avait de toute évidence aucunement l’intention d’appeler MarineFord. Il trifouilla quelques secondes dans les dossiers épars sur son bureau et en lança un en direction de l’ange qui l’attrapa au vol.

-Une petite île au sud, Omen Island. Si vous enragez le titan qui sommeille, toutes les pertes seront de votre responsabilité.

-Et à qui serait la responsabilité, si quelqu’un d’autre que nous trouvait le moyen d’utiliser ce Titan ?

Azrael sortit de la pièce sur ces mots, sans même se retourner, avec ses trois subordonnés sur les talons.










Quelques minutes plus tard, l’Ange Déchu commençait à quitter le port de la base de Marine, avec ses quatre soldats en armes à bord. Depuis son bureau, l’officier les regardait par la fente entre deux de ses volets, il tenait un combiné d’escargophone devant sa bouche.

-Je peux encore faire arrêter leur navire, Monsieur. Si l’ordre vient de vous, ils s’y plieront.

-… Non. Laissez-les y aller. C’est leur chemin de croix, à eux désormais de dépasser cet obstacle, ou de mourir.

-Bien Monsieur.










Pas un nuage en vue depuis la jolie petite île d’Omen Island, et Eishi flânait tranquillement, allongé à même le bois du ponton de sa caravelle, l’aventurier bronzait tranquillement. Le navire trempait au bout d’un des rares pontons du port de pêche local.
Pendant que certains de ses compagnons faisaient le plein de provisions et se renseignaient sur l’île et ses environs maritimes proches, le Bandeau Rouge avait décidé de s’accorder une petite sieste.

Les environs semblaient on ne peut plus paisible, des oiseaux aux couleurs multiples s’envolaient des arbres exotiques qui recouvraient l’île et tourbillonnaient sous l’azur parfait du ciel, et les eaux turquoises et poissonneuses des mers du Sud berçaient tranquillement la caravelle d’Eishi, pendant que son ami Hossan profitait de la mer étale et calme pour aller nager dans les coraux qu’il peindrait plus tard en aquarelle.

Jouant avec une tige végétale qu’il tenait entre ses dents, l’aventurier qui se prélassait sur son ponton n’ouvrit les yeux que quand il entendit les pas de ses deux autres compagnons qui revenaient de leur virée en ville.
Il se releva avec l’aisance et la souplesse des experts en arts martiaux et accueillit le retour des deux femmes avec des grands gestes des bras. Il sauta directement depuis son pont supérieur et amortit sa chute grâce à son fruit, atterrissant dans un léger coup de vent devant Kusuri et Garami qui portait des sacs de légumes et de fruits.

-Alors, quoi de neuf ? Demanda-t-il avec un grand sourire.

-Pas grand-chose, vraiment. Tout cet archipel est aussi calme que paradisiaque mais… commença la shérif.

-Mais ?

-Les gens jettent des coups d’œils furtifs vers le centre de l’île, ils ont l’air effrayés.

-Ils murmurent à propos d’un homme. Conclut la samouraï. Un homme très dangereux, là-haut.

Eishi porta son regard sur la petite montagne qui trônait au centre de l’île. Cet ancien volcan éteint qui avait fait jaillir des eaux l’île d’Omen était recouvert de verdure qui brillait sous le zénith, et on n’apercevait aucune construction humaine, mais si un homme malfaisant se cachait dans cette forêt profonde, les New Legends n’auraient d’autre choix que d’intervenir.










Sur les hauts fonds de l’océan, un large rassemblement de bateaux attendait, leurs voiles étaient remontées et les équipages étaient dans l’ensemble inactifs. Ici et là des groupes d’hommes rustres jouaient aux dés en riant aux éclats, ou chantaient à la cantonade en buvant du rhum.
Seul point commun entre ces navires de tailles et d’équipages différents par l’apparence et les habits, ces pavillons d’un noir d’encre qui flottaient dans les chaudes alizées.

Dans la cabine principale du plus gros de ces bâtiments, un homme tenait ses comptes et lisait des rapports.

-Quatre mille pièces d’or saisies sur une goélette commerciale, ainsi que quinze prisonniers. Trois navires de guerres aperçus au quarantième degré est de Balmoral, et cinq de plus à…

Il fut interrompu par l’irruption bruyante d’un mousse dans son bureau. L’homme posa un œil mauvais sur ce jeune homme qui avait manqué de trébucher en ouvrant la porte à la volée, et reprenait son souffle.

-Cap’tain ! Cap’tain ! Ils l’ont trouvé !

Une étincelle scintilla au fond de cet œil toujours braqué sur le petit mousse en haleine.

-Excellent, excellent !

-Vous êtes sûrs de ce coup-là, Capitaine ? Une autre voix s’éleva dans la cabine, celle d’un des hommes de confiance du pirate.

-J’étais là, tu sais, je l’ai vu démolir ce mur comme si ç’avait été du papier, je l’ai vu marcher dans les gravats. Il était magnifique... Avec lui à nos côtés, rien ne pourra nous arrêter. Toi ! Il tendit le bras vers le jeune homme qui fit un pas de recul avec un éclat de peur dans le regard. Va dire au timonier de mettre le cap vers où que ce soit qu’ils l’ont trouvé ! Faites sonner la corne, toute la flotte se met en marche !

À suivre.


Dernière édition par Contre-amiral Smoker le Mar 20 Mai - 18:16, édité 2 fois
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Message par Eishi Sam 19 Avr - 12:22

Après avoir rangé au frigo la nourriture fraîchement acquise, les trois compagnons se réunirent sur le pont du navire pour profiter du beau temps. Une brise aux odeurs d’écume soufflait à présent, agitant leurs vêtements et leurs cheveux, les rayons solaires dispensant une chaleur agréable sur la peau des aventuriers.  Une bourrasque plus forte que les autres arracha quelques pétales à Kusuri.
Garami s’installa à califourchon sur un tonneau et se mit à nettoyer ses colts d’un air détaché. Elle inspecta la gâchette, les barillets et le canon, vérifia que rien ne venait encrasser les mécanismes de l’arme, puis elle visa Kusuri, un sourire mauvais aux lèvres.

-Garami, moqueuse : Hey, Princesse. Elle insista particulièrement sur ce mot, comme à chaque fois qu’elle titillait Kusuri. Vu que mes balles ne te font rien, tu pourrais me servir de cible mouvante pour mes entraînements non ?

Au ralenti, Kusuri tourna la tête vers elle et haussa un sourcil. Jamais elle ne permettrait à cette tireuse de se servir d’elle comme d’un vulgaire pantin d’entrainement. Elle a bien trop de fierté pour ça. Elles s’affrontèrent du regard quelques instants, puis Garami rengaina son arme en soupira.

-Eishi : C’est une bonne idée pourtant.
-Kusuri : Tu n’es pas sérieux là !
-Eishi, haussant les épaules : Et pourquoi pas ? Garami d’un côté doit s’entrainer à toucher des cibles difficiles en combat, et nos cibles d’entrainement ont des limites dans ce qu’elles peuvent nous apporter comme progression. D’un autre côté, toi-même tu te reposes trop sur ton invincibilité de logia. Pourtant nous allons certainement rencontrer un jour quelqu’un qui utilise des balles en granit marin ou n’importe quoi qui pourrait te blesser. Tu pourrais donc t’entrainer à esquiver les tirs, ça ne peut pas être négatif. Eishi claqua des doigts d’un air satisfait. Donc, si Garami s’entraine à essayer de te toucher tout en maintenant de la distance, et que tu t’entraines à esquiver et essayer de la rejoindre au corps à corps pour la couper avant d’être touchée, en maniant une arme en bambou pour simuler ton sabre par exemple, ça nous donne un parfait entrainement de combat réel et c’est bénéfique pour vous deux.
-Garami : Moi j’avais dit ça en plaisantant mais …
-Kusuri : … C’est effectivement une bonne idée, dit comme ça. Compléta-t-elle.
-Eishi : Pour une fois que vous êtes d’accord. Il appuya sa remarque ironique d’une grimace.

Il s’avança jusqu’au bastingage et s’y accouda, le bois craqua légèrement, le regard tourné vers l’île. Elle avait l’air si tranquille, presque endormie, mais les nouvelles rapportées par ses amies semblaient indiquer une menace, au centre de l’île. Un homme dangereux y vivrait depuis plusieurs mois. Pourtant la marine ne serait jamais venu s’en occuper et les habitants, quoique apeurés, ne semblaient courir aucun risque tant qu’ils évitaient la zone en question. L’homme  évitait la ville et vivait en reclus quelque part sur le volcan, il était donc tout à fait possible de vivre sans jamais croiser sa route. Ce n’était donc pas comme s’il y avait un danger imminent, tant que les locaux faisaient preuve de prudence ils pouvaient mener leurs existences paisiblement. Dès lors y avait-il un intérêt quelconque à se mêler de ces affaires ?

Kusuri s’approcha et s’appuya le dos contre le bastingage à côté de lui, les coudes posés sur la rambarde. Elle tourna le visage vers lui et planta ses yeux dans les siens, sans détour, avant de lui décocher un sourire chaleureux. Un coup de vent ramena une mèche sur son visage, qu’elle écarta d’un geste. Beaucoup d’homme auraient perdu leurs moyens à proximité d’une telle beauté pleine d’assurance.

-Kusuri : Tu as l’air songeur. Tu penses à cet homme, là-bas ?
Eishi hocha la tête.
-Kusuri : Et tu es arrivé à quelles conclusions ?
-Eishi : Il ne représente pas un danger  pour la ville. Il n’a rien fait contre eux, à part se défendre un peu violemment quand ils ont voulu le chasser. Tant qu’ils ne refont pas la même bêtise, tout ira bien.
Kusuri soupira.
-Kusuri : Écoute, il n’est peut-être pas un danger aujourd’hui. Mais lorsque l’hiver viendra, il manquera peut-être de nourriture. Il peut également tomber malade. Dans les deux cas, il pourrait décider de descendre en ville, et il y a sûrement beaucoup d’autres scénarios possibles pour que les habitants se retrouvent en sa présence.
-Eishi : D’après ce que vous m’avez dit, tant qu’il ne se sent pas agressé …
-Kusuri, le coupant net : Et si sa maladie le rend délirant ? Et si un habitant pas très futé, ou sous la prise d’alcool, se met en tête d’aller l’affronter ?
-Eishi : Les probabilités sont faibles.
-Kusuri : Tu serais prêt à laisser tous ces gens, elle fit un large geste du bras pour désigner l’île, courir un risque pour leurs vies, uniquement parce que tu penses que c’est … improbable ? Des femmes, des enfants sans défense pourraient mourir parce que tu as décidé que le risque était faible.
-Eishi, s’énervant un peu : Alors quoi ? On devrait courir se battre à chaque fois que l’on croise des gens dans le besoin ?
- Kusuri, d’une voix douce : Je ne sais pas Eishi, que te dit ton cœur ? Elle posa une main sur le torse d’Eishi à l’endroit du cœur.
-Eishi, fermant un instant les yeux en inspirant-expirant : Que je ne pourrais jamais me pardonner si, un jour, le journal annonce qu’un massacre a eu lieu ici à cause de cet homme. Il ouvrit les yeux. Nous pouvons au moins nous renseigner davantage et voir ce qui est en notre pouvoir de faire.

Le visage de Kusuri s’illumina d’un sourire radieux.

-----

Quelque part sur South Blue, non loin d’Omen Island.
L’armada Pirate.

-Trouffion#1 : Navire d’la Marine en vue !
-Trouffion#2 : T’es sûr ?
-Trouffion#1 : Bien sûr que j’suis sûr ! Voiles blanches, le symbole bleu, tout est dessus. T’as qu’à r’garder toi-même si t’me crois pas !
-Trouffion#2 : J’vais prév’nir le cap’tain.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le mousse sauta du poste d’observation, attrapa un cordage et se laisse glisser jusqu’au sol avec l’aisance née de l’habitude, avant de détaler vers la cabine du capitaine. Il ouvrit la porte à la volée et se planta devant le bureau derrière lequel siégeait le maitre du navire, qui le regarda d’un air mauvais à cause de cette arrivée impromptue.  

-Trouffion#2 : Navire d’la Marine en vue !

Le capitaine planta le couteau qu’il tenait dans le bois de son bureau. Au vu du nombre de marque que portait le meuble, il devait s’agir là d’une vieille habitude pour impressionner ses interlocuteurs. Et manifestement, ça marchait plutôt bien.

-Le capitaine, sur un ton sombre : Combien ? Vingt ? Quarante ?
-Trouffion#2 : Un, cap’tain. Un seul.
-Le capitaine, se renversant dans son fauteuil en riant : Un seul ? AHAHAHAHAHAHAHA. Pas la peine de perdre du temps avec ce moustique, il ne va jamais attaquer notre armada à moins d’être suicidaire. Mais ça m’ennuierait qu’il devine notre destination.

L’homme caressa sa barbe d’un air songeur. Cela l’ennuyait de dérouter son armada pour si peu, mais il ne pouvait pas non plus laisser ce navire le pister. Il s’empara du combinet d’un escargophone en posant les pieds sur son bureau.

-Le capitaine : Ouais ? Idara ? Y a un navire de la Marine qui nous colle aux fesses. Tu ne pourrais pas envoyer quelques navires de ta division les couler par le fond ? Comment ça lesquels ? J’en sais foutrement rien, envois ceux que tu veux !

-----

-Hossan : Ça y est, j’ai trouvé votre type dans le journal des primes. Mordred Finn.

Le reste de l’équipage se réunit autour de l’homme poisson. Cela faisait un quart d’heure qu’ils épluchaient tous les journaux pour essayer de trouver des informations sur l’homme du volcan grâce au nom fourni par les habitants.  Mais il avait fallu remonter vraiment loin pour trouver un article sur lui. Rien d’étonnant, puisque il se cachait ici depuis.

-Hossan : Donc, il s’est échappé d’une prison et …

Les mots semblèrent mourir dans la gorge d’Hossan.

-Garami : Quoi ? Crache le morceau !
-Hossan, d’une voix presque éteinte : 65 millions. Il a une prime de 65 millions.
-Eishi :
-Kusuri :
-Garami : … ils étaient à combien les mecs qui vous ont mis une raclée l’autre fois ?
-Kusuri : 20 et 13 millions …
-Hossan :
-Garami :
-Eishi :
- ??? : Vous allez partir ?

D’un seul mouvement, l’équipage se retourna vers la voix inconnue, qui se trouva être celle d’une petite fille debout sur leur pont, un ballon gonflable à la main, et les yeux embués de larmes.

-Eishi : Bonjour. Qui es-tu ?
-Sofia : Je suis Sofia. Reniflement. Mon frère Jimmy  est allé au volcan. Là où vit le monstre. Je lui ai dit de ne pas y aller mais … Elle se met à pleurer. Il n’a pas vouluuuu m’écouteeeeeer ! Les adultes ont trop peur d’aller le chercher, et moi je suis trop petite. Alors … alors … alors je me disais que vous vous voudriez peut-être, vous voyagez sur la mer, vous devez être courageux. Mais vous aussi vous avez l'air d'avoir peur maintenant. S’il vous plait, le monstre va lui faire du mal s’il le croise !

Eishi se leva et s’approcha de la fillette. Il lui posa la main sur la tête et lui ébouriffa les cheveux, avant de s’agenouiller pour se mettre à sa hauteur.

-Eishi : Hé, petite, ne pleure pas. On va te le ramener nous, ton frère.
-Sofia : Et le monstre ?
-Eishi : C’est lui qui devrait avoir peur de nous.

Les membres d’équipage échangèrent des regards. Le doute et la peur s’était envolée. L’équipage était prêt à en découdre.
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Message par Contre-amiral Smoker Jeu 24 Avr - 20:16

La porte de la cabine d’Azrael s’entrouvrit, l’ange leva la tête des papiers qu’il était en train de lire sur sa couchette et vit Xander s’avancer dans l’embrasure.

-On est déjà arrivés là-bas ?

-Pas vraiment en fait, le truc c’est que… Azrael ne voyait pas son visage à cause du contrejour, mais la voix de l’assassin semblait presque hésitante.

Un sifflement aigu traversa l’air, suivi d’un gigantesque fracas. Sous Azrael, son lit trembla avec toute la cabine.
Il n’en fallait pas plus au Lieutenant pour comprendre que son navire venait d’être percuté par un boulet de canon. Il sauta prestement sur ses pieds et sortit sur le pont pour voir ce qui se passait. Xander était juste à côté de lui.

-Des pirates. Ils sont apparus de nulle part à quelques encablures de notre position. Un gros groupe à vue de nez, et qui suivent le même cap que le nôtre. Deux de leurs navires ont dévié leur course pour venir nous intercepter. Svenn a essayé de les distancer en prenant les hauts fonds, mais ils ont plus de voilures que l’Ange Déchu !

Sa voix couvrait le sifflement d’une pluie de boulets de canons qui frôlaient la mâture et allaient s’abîmer dans l’eau un peu plus loin. Un coup de canon partit depuis le pont arrière. Arya avait laissé Svenn gérer la barre et contre-attaquait comme elle pouvait avec la petite couleuvrine que possédait l’unité Justice.
Azrael alla la rejoindre au poste de tir tandis que Xander sautait dans la voilure pour suivre des instructions hurlées par Svenn.

-Est-ce qu’on peut les avoir ?

-Impossible… Le visage d’Arya était fermé, et elle fit non de la tête. Ils sont encore hors de notre portée, et le temps que je puisse les toucher, ils nous auront réduits en charpie avec leur rangée d’artillerie lourde.

-Tire encore un ou deux boulets entre leurs deux proues pour les séparer, puis viens me rejoindre sur le pont.

Azrael émergea de nouveau sur le pont principal tandis qu’un projectile de petite taille fusait en direction du mât principal.
Sa forme verte de mante hybride jaillit depuis le sol et intercepta la course de l’objet en plein vol, le détournant vers les profondeurs de South Blue. Azrael se reposa au sol à côté de Svenn. Son pantalon était déchiré au niveau du tibia de sa jambe droite et un peu de sang coulait entre les fissures de la chitine qui avait protégé le membre.

-Ça va ? Lui demanda son ami.

-Pas de problème. Répondit laconiquement l’ange en reprenant sa forme originelle, mais Svenn put le voir grimacer lorsqu’il recommença à marcher. Xander !

L’agent dans son costume revint sur le pont au moment-même où Arya faisait de même. Les trois soldats attendirent patiemment que leur Adjudant leur communique sa décision.

-Ils nous enverront par le fond si on reste sur l’Ange Déchu, on n’a pas le choix, on va devoir l’abandonner pour le moment. Xander ? Lequel de leurs bateaux est le meilleur selon toi ?

-Le petit. Il a des voiles plus équilibrées et une coque plus fine, il sera plus maniable et plus rapide, y-compris en haut peu profonde. Et puis il y faut moins de mains pour le manœuvrer, c’est un avantage pour nous, et ça signifie qu’on rencontrera moins d’ennemis à bord. Lui répondit celui qui avait parfaitement saisi où il voulait en venir.

-Parfait, tu vas venir avec moi, on va s’en saisir.

Xander opina du chef en s’allumant une cigarette, mais Arya de son côté écarquilla les yeux.

-À deux ? Vous ne savez même pas combien d’entre eux sont dessus !

-Pas le choix. Lui répondit son officier. J’ai besoin de Svenn et toi ailleurs.

-Ailleurs ? Demanda l’homme en question.

-Il va falloir que tu maintiennes un cap de fuite pendant quelques minutes, le temps que Xander et moi nous saisissions de l’autre navire. Et après ça il va falloir que vous handicapiez le gros navire, on ne peut pas courir le risque qu’ils rattrapent le gros de la flotte et on n’a pas non plus d’énergie à perdre à tous les éliminer.

-On appelle le QG pour les prévenir avant de quitter le navire ?

-Qu’ils aillent au diable. Trancha Azrael. Prenez uniquement vos armes, laissez tout le superflu sur l’Ange Déchu, on le récupérera plus tard si Dieu veut.

Le Lieutenant s’était retourné pour se poster sur le bastingage et s’apprêtait à se retransformer en Mante pour voler jusqu’à sa cible, mais la voix d’Arya l’interrompit dans son élan.

-Azrael !

-Quoi ? Demanda-t-il en se retournant d’un air mauvais, pas d’humeur à tergiverser.

L'adjudante lui jeta un objet dans les mains, qu’il reconnut être son casque marqué d’une croix. Elle lui dit qu’elle l’avait récupéré dans sa cabine au passage et qu’il en aurait besoin. C’était sa marque de fabrique après tout.


La dernière chose que virent les alliés du Judge avant que son casque signature ne recouvre son visage fut un sourire carnassier. Ses ailes aux plumes blanches et lumineuses devinrent légèrement vertes et insectoïdes, et sa main gauche recouverte de chitine fit signe à Xander de venir le rejoindre.


La première chose que virent les ennemis du Judge fut une forme verte filant à toute vitesse dans leur direction, traversant l’écart maritime qui les séparaient du navire qu’ils poursuivaient en quelques instants à peine.
Volant du mieux qu’il pouvait et à la plus grande vitesse possible, Azrael peinait à garder une parfaite stabilité à cause du poids de Xander qu’il tenait de son bras gauche. L’agent placide ne semblait cependant pas s’inquiéter des légères variations d’altitudes, ses yeux concentrés étaient rivés sur le plus petit des deux navires qui se rapprochait à grande vitesse.
« 25 mètres… » murmura-t-il, imperceptiblement, simplement en remuant ses lèvres pour lui-même. Quinze. Dix. Cinq. La poigne d’Azrael le lâcha quelques instants avant qu’il atteigne le bateau, mais son inertie l’emporta à une très grande vitesse au-dessus de la figure de proue et jusqu’au pont inférieur, sur lequel il se réceptionna avec une roulade assurée, même s’il sentit le choc dans ses rotules et ses chevilles.
Dans le même mouvement avec lequel il se relevait, Xander sabra un des hommes incrédules de ce pont. Il s’effondra dans une gerbe de sang, l’abdomen ouvert par la fine lame de la rapière. Xander cracha par terre tandis que sept ou huit hommes ébahis portaient fébrilement la main à leurs ceintures pour attraper leur arme.

Azrael se rétablit juste à temps après avoir lâché Xander pour frôler la barre de navigation et éjecter l’homme qui la tenait d’un violent coup de pied dans le plexus. Jouant avec ses ailes fines de Mante, il se posa sur le pont supérieur dans un mouvement rotatif pendant que le pauvre timonier volait en hurlant jusque dans les remous du sillage du bateau.
L’ange reprit sa forme humaine dans le même mouvement qui le posait, et tourna la tête vers un des trois hommes qui bafouillaient d’incompréhension.

-Je suis le Lieutenant Winter du QG de MarineFord, et je prends possession de votre navire. Déposez –les armes ou vous serez soumis par la force.

Deux des hommes, sales et barbus, le chargèrent avec leurs sabres d’abordages rouillés au clair. Ils pensaient le prendre en tenaille. Chacun d’entre eux s’écroula en criant et se roula par terre de douleur, frappés au thorax par les Shigans de l’officier de la Marine.
Il ne restait en face de lui plus qu’un dernier homme, qui portait un tricorne et une veste mitée mais qui avait dû connaître un ou deux jours de gloire. Azrael tira sa lame verte de sa ceinture et en posa la pointe sous le menton de l’homme terrifié, à la naissance de sa jugulaire.

-J’imagine que vous êtes le chef à bord. Qui commande votre armada et quel est votre objectif ?

-J… J… Je suis sous les ordres du Lieutenant Idara ! Lâcha l’homme apeuré. Nous faisons route vers un archipel un peu plus au sud !

-Je ne t’ai pas demandé quelle larve rampait entre toi et le Capitaine, je t’ai demandé son nom à lui.

-Je ne le connais pas ! Je le jure ! Le capitaine Idara n’a rejoint ses rangs que récemment, et il ne partage pas ses informations avec moi !

Des bruits de pas dans l’escalier derrière lui firent se tourner Azrael, qui quitta des yeux cet homme dont il savait qu’il ne tenterait de toute manière rien contre lui. C’était Xander qui le rejoignait. L’agent était victorieux, mais il semblait relativement essoufflé. Il avait une estafilade sur la joue gauche et son costume était fendu au niveau des côtes flottantes. Il essuyait machinalement la lame de sa rapière avec un bout de tissu qu’Azrael suspecta être une chemise arrachée à un corps.

-Tout est propre en bas. Lâcha l’assassin avec un sourire en coin.

-Ici aussi. Lui répondit le Judge.

Il se retourna et marcha de nouveau vers le pirate effrayé, sa grande ombre recouvrit celui-ci, qui pleurait presque à présent. Azrael se pencha et saisit l’homme par le col, le forçant à se redresser sur ses pieds.

-J’espère que vous êtes bon nageur. Murmura-t-il à l’homme terrifié avant de le pousser par-dessus le bastingage vers l’immense étendue bleue.

L’ange regarda quelques mètres plus loin l’autre navire qui de front fonçait lui-aussi vers l’ange déchu. Azrael saisit la barre et s’apprêtait à virer de bord pour s’en éloigner directement quand une idée lui vint. Il se tourna vers Xander.

-Envoie leur une salve d’obusier par les canons de côté. Comme au revoir.


Svenn et Arya avaient noué fermement la barre de l’Ange Déchu pour ne pas qu’elle bouge et n’attendaient plus qu’un signe d’Azrael pour se mettre en route vers l’imposante galère qu’ils devinaient, une centaine de mètres derrière eux. Le semi-berserk aux cheveux rouges dominait largement de sa stature Arya, et essayait de détendre l’atmosphère avant l’assaut en parlant de choses et d’autres, mais rien ne prenait.
Il allait tenter une autre approche quand une série d’explosion retentit. Sous leurs yeux, le petit navire envoya un barrage de boulets de canons droit dans le flanc de l’autre navire avant de se détourner petit à petit.

-Maintenant !

Svenn hurla et se saisit d’Arya comme s’il s’était agi d’une brindille avant de sauter depuis l’arrière de l’Ange Déchu vers la mer. Mais ils ne tombèrent jamais dans l’eau, et l’imposant guerrier continua sa course dans les nuages grâce à son Geppou. Il était certes moins rapide qu’Azrael, mais il couvrait quand même relativement rapidement la distance.
Le petit navire envoya une dernière volée de fer vers le gros navire – dont la plupart le manquèrent – quelques secondes avant de ne plus avoir un angle favorable du fait de leur changement de cap. Mais malheureusement pour Xander et Azrael, les hommes qui manœuvraient les canons de l’imposant bâtiment reprirent leurs esprits face à cette attaque inexplicable et eurent le temps eux-aussi de balayer la coque du petit esquif avec des boulets quelques secondes avant qu’Azrael ne les ait mis hors de danger.

Arya espéra qu’aucun de leurs deux compagnons n’avaient été blessés dans les explosions qui avaient fait voler en éclat une partie de la coque et du pont, mais elle n’avait pas le temps de se concentrer là-dessus. Elle entendit la voix grave de Svenn qui lui murmurait dans l’oreille que c’était à elle de jouer, et elle sentit le bras à la force surhumaine qui la tenait la projeter avec une puissance phénoménale haut dans les airs.

Pendant quelques secondes, ce fut comme si elle flottait, sa montée décrivit une belle courbe en arabesque, la portant plus haut-même que le plus haut des mâts, puis la gravité se rappela à elle, et elle commença à tomber à toute vitesse vers le pont du navire.
Aucune des balles tirées vers elle par les matelots ne la toucha, elles la frôlaient simplement, son Kami-e la tenant hors de danger de toutes les attaques pour le court instant qu’elle passait en l’air.
Elle se murmura pour elle-même, au moment où elle sortait sa Yuki au clair dans une dernière rotation avant de toucher le sol : « Premier voile – Kiyoi » L’acier chanta en traversant l’air et la matière, et elle fut accroupie au milieu du pont ennemi, les jambes endolories après une telle réception.
Autour d’elle, une vingtaine d’hommes en armes la toisaient, mousquets et sabres au clair. L’un d’eux eut un sourire hideux tandis qu’elle rengainait son arme dans le Croc Blanc.


-Eh beh ma chérie, tu ranges ton arme ? T’as peur de te couper avec ?

Sa remarque fit s’esclaffer une partie des autres. Arya le regarda avec condescendance, mais resta accroupie sur ses appuis, dans la même position que quand elle avait touché terre.

-Si je la range, c’est que j’ai déjà coupé ce que je devais.

Les sourcils haussés d’incompréhension laissèrent vite place à des yeux écarquillés de terreur quand dans un grand fracas, la partie supérieure du mât principal de la galère se désolidarisa de sa base, proprement coupé en deux diagonalement, et s’effondra en direction du pont, entraînant par un jeu de cordages la moitié des voiles du navire.
Le chaos qui régna sur le pont pendant que des poulies volaient et fracassaient tout sur leur passage profita à Arya qui partit en courant d’un Soru et plongea dans le vide. Svenn la rattrapa au vol et les apporta tout deux jusqu’à l’autre navire, où Azrael et Xander les attendaient sur le pont, saufs.

Arya prit la parole la première :

-Impossible de faire plus que ça, leur navire est beaucoup plus gros et grouille de matelots. Sur terre je dis pas, mais en mer et comme ça, le jeu n’en vaut pas la chandelle.

-Impossible aussi pour moi d’endommager la coque par l’extérieur, on dirait pas mais leur canonniers sont plutôt bons au mousquet, ils ont failli me toucher une ou deux fois. Renchérit Svenn.

-Pas grave, ce sera suffisant. Trancha Azrael. Avec ça, ils auront au moins un jour d’avarie, c’est plus que suffisant.

-Dis-leur. Lâcha Xander.

-On a un autre problème. Poursuivit Azrael en pointant l’arrière de leur propre navire du doigt.

Au loin, tout comme l’Ange Déchu avait plus tôt été poursuivi, trois navires de guerres supplémentaires faisaient route vers eux, tandis que le reste de l’armada disparaissait, miniature, à l’horizon. « m**de » fut tout ce qui vint à la bouche de Svenn. Azrael reprit :

-On a pu écouter un peu leurs escargophones avant qu’ils ne comprennent que quelque chose avait merdé et ne nous déconnectent de leur transmission. Un type nommé Idara se trouve dans un de ces trois navires, c’est une des grosses têtes de leur groupe de pirate, le chef l’a envoyé nous rayer de la carte. Ils se dirigent vers Omen tout comme nous, et pour le même mec que nous je présume.

-Il y a une bonne nouvelle par contre. Intervint Xander en déroulant une carte de la zone sur le pont et en pointant un point sur la carte. Ça c’est Omen Island, la seule ville habitée, là où on allait, se trouve sur un versant de la montagne, mais ce n’est pas le seul point d’accès, il y a une sorte de crique sacrée à l’exact opposé. Si on se déroute et qu’on fait un détour par là, on pourra arriver incognito depuis l’autre côté de l’île sans avoir à se cogner toute l’armada un navire par un navire.

-Et ces trois-là ? Demanda Svenn en pointant le doigt vers les trois navires qui se dirigeaient vers eux.

-Soit on les perd avant Omen, soit on les raye de la carte. Répondit simplement le Judge.


***


-Ramez, tas de racaille, ramez ! Hurla le géant blond debout sur la figure de proue. Ses yeux sauvages injectés de sang rivés vers un petit navire à l’horizon.

Il se tourna vers ses hommes. Installés sur des bancs dans son navire à fond plat, ils activaient de gigantesques rames, et petit à petit son navire distançait même les deux autres de sa flotte.

-Oui, capitaine Idara ! Hurlèrent les rameurs en cœur.

-Il semblerait qu’il y ait des Marines assez puissants et fous pour s’en prendre à deux navires de notre armada ! Le boss veut leur tête ! Hurla-t-il de nouveau. Un million de berrys pour celui qui ramène celle de leur chef au bout d’une pique !

Et tandis qu’il levait haut le poing, des cris de guerres rauques s’élevèrent des poitrines de tous ses guerriers. Le rythme du tambour s’accéléra, la cadence des rameurs aussi. Idara s’humecta la lèvre supérieure, elle avait le goût des embruns qui emplissaient l’air au fur et à mesure que son navire accélérait, presque le même goût que le sang.

À suivre.


Dernière édition par Contre-amiral Smoker le Mar 20 Mai - 18:19, édité 1 fois
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Message par Eishi Sam 26 Avr - 10:24

L’équipage traversa la ville en attirant les regards des badauds tant leur groupe pouvait semblait étrange par sa disparité. Tout d’abord venait la petite fille qui ouvrait le chemin avec la vigueur et l’enthousiasme typique des enfants. Elle trottinait en affichant un large sourire, et passait son temps à se retourner pour vérifier que les autres ne l’avaient pas perdu. Venait ensuite Eishi, les extrémités de son bandeau claquant dans le vent et la veste ouverte sur son torse musclé. Flanquées sur ses flancs droit et gauche se trouvaient respectivement Kusuri et Garami. La première magnifique dans ses atours princiers et son regard de braise, la seconde enrobée de mystère, les traits de son visage dissimulés à l’ombre de son chapeau. Cependant la personne qui devait le plus marquer le souvenir des habitants était sans aucun doute Hossan. C’était la première fois qu’un être de son espèce foulait le sol de cette contrée, depuis longtemps du moins, et il aurait été difficile de ne pas le remarquer alors qu’il dépassait en taille la quasi-totalité des personnes présentes.

La petite troupe ne s’attarda pas dans la bourgade et délaissa rapidement les allées pavées de pierres pour les sentiers de terre. Celui qu’ils suivaient cheminait en direction des bois bordant le volcan central. Garami baissa les yeux en marchant et observa le sentier un instant.

-Garami : Ça devait être un chemin très fréquenté autrefois. Les allées et venues ont durablement marqué le sol. Mais la nature commence à reprendre ses droits. Ajouta-t-elle en donnant un petit coup de talon dans une touffe de mauvaises herbes.
-Sofia : Tout le monde allait de l’autre côté de l’île, à la crique sacrée, avant que l’homme étrange n’arrive, ne casse tout et fasse peur à tout le monde. Maintenant plus personne n’entre dans la forêt. Jamais.

Le silence s’installa de nouveau. Personne n’avait réellement envie de discuter, chacun ayant à l’esprit le danger auquel ils allaient être bientôt exposés. La fillette les mena jusqu’à une souche d’arbre en bordure de la forêt. Elle sauta dessus et pivota sur un pied, les mains dans le dos, puis s’immobilisa.

-Sofia : Je jouais ici avec Jimmy. Puis il commencé à dire que le monstre était juste une histoire des adultes pour nous faire peur, et il est entré dans la forêt, par là. Elle pointa une direction du doigt. J’ai voulu le suivre pour le raisonner, mais comme il ne m’écoutait pas je suis partie chercher de l’aide. Et je vous ai trouvé. Elle afficha un large sourire. Maintenant vous allez ramener mon frère hein ? Vous avez promis !
-Eishi : Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. Récita le jeune homme en faisant les gestes rituels du serment avec les mains. Tu sais par où nous pourrions le trouver dans cette forêt ?
-Sofia : Non. Mais il a parlé de ramener une fleur de Boros.
-Kusuri : Une fleur de Boros ?
-Sofia : C’est une grosse fleur rouge qui ne pousse qu’en haut du volcan.
-Kusuri : Je vois, si il en ramène une ça sera la preuve qu’il est allé jusque là-bas et qu’il a bravé le danger de l’homme vivant dans ces bois.
-Eishi : Il faut donc viser le sommet pour le retrouver.
-Kusuri : La forêt est vaste, il pourrait être sur le retour qu’on ne le croiserait peut-être pas. Il faudrait connaitre son itinéraire pour éviter ça.
-Eishi : Je crois que Garami est déjà sur le sujet. Il fit un geste du pouce par-dessus son épaule pour appuyer ses paroles.

Garami pour sa part s’était effectivement avancée pour suivre la direction indiquée par la fillette. La tireuse posa un genou à terre et inspecta le sol. Son passé de shérif l’avait amené à traquer des criminels à longueur de journée, et elle pouvait se vanter d’être un bon limier de chasse. L’herbe et le sol sec rendaient cependant le pistage difficile. Elle se releva et approcha du bois. Elle y trouva des traces de passage sous la forme de branchages brisés mais elle ne pouvait discerner quelles traces appartenaient à Jimmy et quelles traces avaient pour origine la faune locale. « Voyons, je suis un petit garçon et je me déplace dans une forêt. Je fais quoi ? » Songea-t-elle en inspectant les lieux. « Les buissons touffus et les ronces sont des obstacles qu’un enfant contournera. Il cherchera la facilité. » Elle se déplaça en bordure de la forêt, et son regard se trouva attiré par le sentier de terre que le groupe avait suivi jusqu’ici. Le sentier devenait presque invisible à mesure qu’il s’enfonçait parmi les arbres. La nature avait commencée à le recouvrir, mais il demeurait encore discernable et constituait un chemin aisé à suivre pour peu d’y faire attention. Elle sorti du couvert des bois et porta ses doigts à sa bouche avant de pousser un long sifflement strident à l’attention de ses compagnons.

-Kusuri : On dirait qu’elle a une piste.
-Eishi : Sofia, ne nous suit pas, c’est trop dangereux. Rentre en ville attendre notre retour.

La jeune fille tenta de négocier un peu mais elle capitula rapidement sous les regards autoritaires que lui lançaient les aventuriers. Ces derniers rejoignirent ensuite Garami qui leur expliqua ses déductions. Faute de mieux ils décidèrent de suivre le sentier en espérant tomber sur le gamin. Et éviter le tueur implacable qui hantait les lieux, si possible. Ils s’enfoncèrent dans le bois et la luminosité décrue d’un cran, les rayons solaires bloqués en partie par les multiples couches de feuillages. Le sentier demeurait assez facile à suivre, serpentant entre les troncs épars. Lorsqu’ils atteignirent le sous-bois bien plus épais, la luminosité chuta encore sans pour autant atteindre la pénombre. Le chemin de terre devint plus compliqué à suivre, disparaissant souvent sous la végétation, mais le regard perçant de Garami parvenait toujours à retrouver sa trace. Ils croisèrent de nombreux autres sentiers dont le tracé interceptait leur propre chemin, mais aucun n’était aussi profond. Il s’agissait plus probablement des pistes laissées par certains animaux.

-Kusuri : J’ai du mal à croire qu’un gamin soit allé si loin. Passé une heure ou deux seul, je me serais attendu à ce qu’il fasse demi-tour.
-Hossan : Il s’est peut-être prit au jeu de l’exploration. On peut vite perdre le sens du temps et du danger, surtout avec l’insouciance de la jeunesse.

Un sourire furtif passa sur le visage d’Eishi à cette remarque, une bouffée de souvenirs de sa propre enfance remontant à la surface. Il avait passé la majeure partie de son temps à explorer tout ce qu’il pouvait sur son île natale, jusqu’à la connaitre comme sa poche. Et il avait ensuite prit la mer pour agrandir son terrain de jeu, en quelque sorte.

-Hossan, après réflexion : Et puis il a parlé de la fleur. Il considère sûrement qu’il ne peut pas rentrer sans la ramener.

Le sol était désormais en pente, la montée ralentissant le rythme du groupe tandis qu’ils s’aventuraient à présent sur les flancs du volcan endormis. La végétation se faisait un peu moins dense tandis que le sol de terre cédait peu à peu du terrain aux roches.

-Eishi : C’est vraiment calme comme endroit.

Depuis le départ ils n’avaient croisés que relativement peu d’animaux. Un couple de sanglier et un cerf, plus quelques rongeurs et oiseaux divers. Cette quiétude contrastait singulièrement avec Diane’s Jungle, une île qu’ils avaient visités un peu plus tôt et qui grouillait littéralement de vie. Un hurlement déchira soudainement l’air, provoquant l’envol de nombreux volatiles et l’immobilisation du groupe. Ils tendirent tous l’oreille, mais le silence était retombé aussi soudainement qu’il avait été troublé. Un silence désormais bien pesant et inquiétant.

-Garami, l’urgence perçant dans la voix : Par ici !

Elle fila aussitôt comme une flèche, Eishi et Kusuri sur les talons. Si d’aventure un obstacle se révélait impossible à franchir d’un simple bond, l’homme au bandeau écarlate se contentait d’user du pouvoir de son Fruit pour générer des lames d’air tranchantes et supprimer purement et simplement l’obstacle afin de s’épargner la perte de temps de le contourner. Kusuri de son côté n’avait pas à s’embarrasser de ce genre de détail, il lui suffisait de se diviser en une nuée de pétales pour passer de part et d’autres des troncs et rochers sans dévier de sa course. Hossan, moins rapides que les trois autres sur la terre ferme, faisait de son mieux pour ne pas se laisser distancer.
Ils s’engagèrent ensuite sur un chemin étroit menant au volcan. Il semblait naturel mais la main de l’homme l’avait aménagé à une époque lointaine, façonnant notamment des marches aux endroits les plus pentus. Sur leur droite, une falaise immense et abrupt s’élevait jusqu’au ciel ou du moins le sommet du volcan, et sur leur gauche le vide, le précipice se faisant de plus en plus profond à mesure qu’ils prenaient de l’altitude.

Le trio négocia un virage serré dans un long dérapage qui souleva un nuage de poussière et se trouvèrent face à un large plateau à environs mi-chemin du sommet. Garami s’immobilisa si soudainement qu’Eishi manqua de peu de la percuter et de la faire chuter dans le vide. La raison de cet arrêt soudain était la présence d’un homme dont la stature semblait tout droit sortie d’un mythe. Des pieds à la tête il devait faire pratiquement trois mètres, les muscles saillants et gonflés lui conférant une aura de force impressionnante. Peut-être qu’un peu de sang de géants coulait dans ses veines. Drapés dans des peaux d’animaux lui servant de vêtements rudimentaires il avait l’apparence sauvage d’un de ces barbares légendaires de North Blue. Un tatouage vert en spirale ornait son crâne entièrement chauve, tandis qu’un second tatouage en forme d’éclair rouge partait de son œil gauche jusqu’au menton. A moins que ce dernier tatouage ne soit en fait une cicatrice, difficile à dire avec la distance.
Mais l’équipage ne s’attarda guère sur son physique car il tenait à bout de bras un enfant manifestement terrorisé. D’une main de fer il lui avait empoigné la mâchoire, l’empêchant d’émettre le moindre son, et il le maintenant soulevé, à pratiquement deux mètres du sol. Le jeune garçon se débattait et essayait vainement de lui asséner des coups de pieds, trop court cependant pour atteindre le torse de l’homme. Quant à ses coups de poings rageurs et désespérés sur l’avant-bras, c’est à peine si Mordred semblait les remarquer. De chaudes larmes d’impuissances coulaient sur les joues de Jimmy et à en juger par la tâche sombre sur son pantalon, sa vessie l’avait trahie.

-Kusuri, dégainant son sabre : Lâchez ...
-Garami, pointant ses deux colts : ... cet enfant ...
-Eishi, pointant l’index de façon menaçante, faute d'arme à exhiber : ... tout de suite !

Hossan demeura silencieux mais pris une pause de combat, poing levés. Mordred tourna la tête vers les quatre intrus et les jaugea un instant, une étincelle de fureur dans les yeux.

-Mordred : Alors comme ça c’est vous les lâches qui utilisent des enfants comme espions ?
-Eishi : Hein ? Pas du tout !
-Garami : Nous sommes juste venus récupérer ce garçon à la demande de sa sœur. Relâchez-le sans lui faire de mal et nous repartirons.
-Mordred, après un long soupir : Menteurs. Vous êtes tous des menteurs. Il semble s’énerver soudainement. Les uns après les autres vous continuez de venir, chasseurs de prime, toujours avec des plans de plus en plus fourbes et sournois.
-Eishi : On est pas des chass...
-Mordred, furieux : ASSEZ DE MENSONGES. Vous dites tous la même chose. J’ai tué pratiquement tous les chasseurs de prime et marines qui m’ont poursuivis, involontairement au début puis ensuite pour terroriser les autres afin qu'ils abandonnent, pourquoi vous continuez de venir ?

D’un mouvement du bras il projeta l’enfant à leurs pieds avec violence. Jimmy roula sur lui-même et s’immobilisa devant Kusuri, tremblant de terreur de ton son corps. Il ouvrit finalement la bouche et …

-Jimmy : AAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

Kusuri s’agenouilla et l’entoura de bras protecteurs pour le réconforter. Au départ totalement apeuré l’enfant tenta de s’échapper de ce qu’il croyait être une nouvelle agression. Au bout d’une dizaine de secondes il finit par comprendre que la jeune femme n’était pas une menace et passant ses bras autour de son cou il l’agrippa avec force en sanglotant. Mordred s’avança d’un pas menaçant, une lueur dangereuse dansant au sein de ses prunelles. On l’avait décrit comme quelqu’un qui ne cherchait pas les combats, mais les vagues successives d’attaques dont il avait été victime avaient finis par le rendre quelque peu paranoïaque et il avait bien apprit sa leçon : la meilleure des défenses c’est l’attaque. Il semblait juste hésiter sur la première personne à frapper.

-Eishi : Kusuri, emmène cet enfant en lieu sûr. Il va y avoir du grabuge.

Eishi ne pensait pas que Mordred s’abaisserait à attaquer Jimmy davantage, mais un combat était trop imprévisible pour laisser un enfant dans ses abords immédiats.

-Kusuri : Pas question, je suis la meilleure combattante ici grâce à mon logia, je ne vous laisserais pas seuls.
-Eishi, sur un ton autoritaire : C’est précisément parce que tu es la plus forte d’entre nous que je te confie la plus importante des missions.

Kusuri se trouva prise au dépourvu par la réponse. « La plus importante des missions ? » Elle baissa le regard sur l’enfant toujours accroché à elle. « Protéger les faibles. » Un sourire lui échappa et elle se releva en portant Jimmy. Il était lourd et grand pour un enfant de neuf ans mais elle pouvait bien s’en accommoder. Elle jeta un dernier coup d’œil à ses compagnons et croisa le regard d’Eishi sans ajouter de commentaires. C’était inutile entre eux.  Garami lui lança un clin d’œil qui se voulait rassurant, mais ses mains crispées sur ses armes trahissaient la tension qui l’habitait. Hossan en revanche semblait calme comme toujours et lui adressa un hochement de tête en guise d’au revoir, ou d’adieu ?
Kusuri s’éloigna rapidement, se retourna brièvement le temps de les voir tout trois de dos, puis se mit à courir à toutes jambes.

-Mordred : Tu penses que je te laisserais fuir ?

Il s’élança pour la poursuivre, mais Eishi et Hossan lui barrèrent fermement la route. Il voulut les balayer d’un simple geste du bras, mais les deux camarades se baissèrent à l’unisson, laissant le coup passer au-dessus d’eux. Puis en se relevant ils sautèrent et envoyèrent tous deux, de façon presque synchronisée, un coup de pied à la volée dans le torse de Mordred qui se trouva forcé de tituber en arrière sur quelques pas. Les impacts ne semblaient en revanche pas avoir provoqué chez lui la moindre once de douleur alors qu’Eishi et Hossan y avaient mis toutes leurs forces.

Garami avait profité de ce temps pour se reculer et trouver un poste de tir. Mordred se passa la langue sur la lèvre supérieure. Ce combat allait peut-être lui prendre un peu plus de temps qu’il ne l’avait estimé.
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Message par Contre-amiral Smoker Mar 13 Mai - 4:14


La frégate filait vite et bien. Ses toiles étaient de bonne qualité, et la semblait presque prête à s’arracher des flots pour s’envoler lorsque le navire franchissait une barre de vague. Mais même avec cette bonne impression de vitesse, Xander ne pouvait s’empêcher d’avoir la mine grave lorsqu’il regardait par-dessus son épaule.
Il se faisait rattraper.

Ils avaient pu larguer les deux autres navires en prenant plus au sud, mais le drakkar de pointe de leurs poursuivants allait les rattraper de toute manière. Il filait déjà vite par la force de ses rames, mais il avait presque doublé sa voilure quand une puissante bourrasque de dos s’était levée, et il se rapprochait inexorablement de ce bateau qu’avaient dérobé les Marines.

Aucune chance de le larguer, celui-là, alors Azrael avait ordonné à Xander de couper au plus court pour accoster sur la plage-dite de l’île d’Omen. Il préférait se battre sur le sable.
C’était acceptable, en soi, Xander savait qu’ils y seraient plus à l’aise, mais ça voulait seulement dire qu’ils repoussaient l’inévitable, et en attendant, Xander pouvait voir de mieux en mieux chaque minute le pavillon noir de son ennemi qui grossissait dans son dos.

Il mit un coup de barre, rétablissant sa trajectoire.
Au loin, à l’horizon, la forme d’une sorte de volcan commençait à apparaître sur leur tribord, le volcan d’Omen. L’heure de l’affrontement ne tarderait plus.
Xander jeta un dernier coup d’œil en arrière, et jura. Les rames avaient été relevées et ne battaient plus les eaux, les pirates devaient se préparer au combat.

Sur le pont, Svenn faisait de même. Il était sous sa forme de semi-berserker et ne pipait mot à Azrael et Arya, qui devisaient autour de la carte, en étudiant l’île sous toutes ses coupes pour préparer la suite des évènements. Svenn s’était assis à même le pont et frottait la lame de sa Jormundgand avec un épais chiffon. Il avait dépensé tous ses soldes – qu’il économisait depuis un certain temps – pour faire entièrement reforger son arme par un des forgerons de la Marine.
C’était un bel objet qu’il avait emporté de son île natale, mais de fabrication artisanale, et adapté à sa force d’alors. Ainsi remaniée, l’arme était à la hauteur du guerrier qu’il était devenu, plus grande, plus forte.
Il contempla une seconde le reflet de ses yeux dans le métal mat de la lame, puis prit une grande inspiration et se releva. Il enroula la longue chaîne autour de son torse, laissant pendre le lourd boulet strié dans son dos, et la faux aiguisée sur ton torse.

Il rejoint Xander avec un petit sourire sur son visage, mais une lueur triste dans les yeux.
Son regard était rivé derrière l’assassin, sur le navire à rame dont le drapeau représentait un crâne assorti de deux hachettes.

-Ce genre de bateau vient de North Blue, tu savais ?

-Ça te rappelle chez toi ?

-Nope ! Mon peuple ne navigue presque pas. Ils préfèrent leurs Montagnes. Mais j’en ai déjà vu des comme ça, quand je me suis engagé dans la Marine. Des pirates du nord.

Xander ne comprenait pas le moins du monde où l’emmenait cette discussion, mais il laissa le grand guerrier parler de ces bateaux, de ces haches, avec un air quelque peu nostalgique. Cela lui évitait de ronger son frein en attendant d’accoster, et de se battre.


Azrael arriva aussi, Arya à ses côtés, tandis que leur vaisseau pénétrait dans la crique. Le Judge sifflota sous son casque, s’attirant un regard étonné de Svenn, qu’il dut remarquer parce qu’il se tourna d’un coup vers le Berserk.

-Allons, cesse de tirer une tronche de six pieds de longs, Svenn. C’est juste un combat, un bon vieux combat. Comme au début, quand l’unité Justice a été fondée. Comme au bon vieux temps…

-Attention à la secousse ! Xander ne laissa pas le temps au Possédé de répondre.

Le bateau racla le fond sablonneux de la baie et commença à s’échouer sur la plage, tandis que ses quatre seuls occupants en sautaient et commençaient à se répartir sur leur futur terrain de combat.
Le drakkar pénétrait à son tour et à toute vitesse dans la crique, les rames étaient de nouveau sorties et des chants de guerre menés par un tambour s’élevaient dans l’air. Faisant monter la pression.

Azrael se rapprocha de Svenn, écartant les bras et prenant une grande inspiration vers le ciel.

-Ça fait longtemps, pas vrai ? Longtemps qu’on s’est pas battus sans se poser de question, sans enjeux, sans mission claire, sans ordre, sans objectif. Juste un bateau rempli de pirates et du sable chaud sous les pieds.

-T’as peut-être raison, Az. Peut-être que c’est ça qu’il nous faut, après…

-Le passé c’est le passé. Le présent c’est une arme dans la main et un ennemi en face. Et ceux-là ne font pas le poids contre nous.

Au moment-même où il prononçait ces mots, une première volée de grands gaillards sauta hors du drakkar dans l’eau à mi-cuisse en hurlant. Ils étaient très peu protégés par des armures, et maniaient pour la plupart une hache avec un bouclier.
Ils ne foncèrent pas comme des mulets, ce qui surprit un peu les Marines. Adoptant une formation en arc-de-cercle, ils attendirent patiemment que chacun des leurs soit descendu du bateau.
Y-compris celui qui devait être leur chef.
Près de deux mètres, une hache dans chaque main, et quasiment nu à l’exception d’un slip en peau de bête. Il avait un air absolument sauvage et il hurlait comme un damné en sortant de l’eau jusque sur le sable.
Ses yeux injectés de sang étaient fixés sur Svenn, probablement parce qu’il était le plus grand et le plus musclé des soldats.
Le Berserker entendit Azrael à deux pas de lui soupirer et dégainer son sabre, avant de lui faire signe de la main qu’il pouvait s’occuper du chef. Le rythme cardiaque de Svenn s’accéléra un peu, et il repensa aux paroles de son supérieur.

C’était vrai qu’il en était presque venu à oublier le plaisir simple du combat.
Le sang qui battait à ses tempes, la sensation du bois et de l’acier de son arme dans ses mains, les reflets du soleil sur les lames.
Svenn grandit encore, ses cheveux rougeoyant comme ses yeux sous le soleil éclatant, des tatouages apparaissant sur sa peau devenue mate, il sentit la puissance de son Fruit du Démon déferler en lui, et une envie irrépressible de croiser le fer avec.
Il chargea en direction du colosse aux cheveux blonds, dont les hommes avaient eu un mouvement de recul en voyant la transformation du Fruit du Démon du Marine.

Un d’entre eux tomba dès la première seconde, son bouclier éclaté par le boulet de Jormungand volant au vent, un second le suivit quelques instants après, fauché par la grande lame terne de la faux que Svenn maniait d’une seule main.
Alors, plus personne ne se tint plus entre Idara et Svenn, et le bois de la faux s’entrechoqua avec celui d’une des haches.
Idara souriait comme un fou, mais le plus fou des deux était sans aucun doute Le Possédé.

Avant qu’il ne vienne à l’esprit des pirates d’attaquer le Berserk dans son dos, ses trois alliés se déplacèrent pour former à leur tour un arc de cercle défensif.
De son côté, Svenn se fichait pas mal de protéger ses arrières, il avait repoussé Idara qui avait de l’eau jusqu’aux chevilles et le harcelait en fouettant l’air avec son boulet, ne pouvant se risquer à perdre ses forces en allant rejoindre le pirate dans l’eau.

Comprenant qu’il n’arriverait à rien à distance, Idara éclata d’un grand rire et sauta après quelques pas d’élan dans les airs vers Svenn, ses deux haches brandies.
Son visage se crispa de douleur quand le genou du guerrier qui maîtrisait le Geppou le cueillit en plein vol et le propulsa à quelques mètres de là dans le sable, où il se tordit en essayant de récupérer son souffle totalement coupé.
Idara voyait trouble, il ne parvenait pas à faire entrer de l’air dans ses poumons, sa cage thoracique lui semblait être en feu, et il devinait déjà avoir des côtes cassés, il roula sur le ventre et tenta de se relever en se mettant à genoux. Il avait du sable et du sang mélangés dans sa bouche, et il parvenait à peine à ouvrir les yeux.
Une grande silhouette sombre se découpa au milieu du soleil qui l’aveuglait, sans qu’il puisse l’identifier. Elle s’accroupit devant lui et lui saisit les bras, sans qu’il puisse résister.
Il entendit le déclic des menottes plus qu’il ne sentit leur emprise sur ses poignets, et il fut repoussé en direction du sable, dans lequel il perdit connaissance.

Azrael se retourna pour voir Xander plonger sa lame dans le dos du dernier guerrier encore debout, occupé à essayer de trancher Arya de sa hache.
Tous les autres étaient soit morts, soit en train de se rouler par terre de douleur, tout comme leur chef à qui l’Adjudant venait de passer des menottes par mesure de sécurité.
Svenn, en particulier, se tenait au milieu d’un cercle de trois hommes qui gémissaient de douleur après avoir tenté d’avoir par le surnombre celui qui avait projeté leur commandant au loin.

-Des petites frappes, rien de plus. Commenta sobrement Xander tandis que l’homme qu’il venait de pourfendre d’effondrait devant lui.

-Svenn ? Demanda Azrael, pour savoir ce qu’en pensait celui qui s’était assis dans le sable et reprenait lentement son souffle après être revenu à sa forme humaine.

-Rien de très glorieux. Je serai plutôt surpris qu’il vaille plus de 10 millions, j’aurais pu l’avoir facilement en forme hybride.

L’homme en question grogna, il avait la tête dure et était déjà en train de se relever, alors qu’Azrael avait pensé qu’il était parti pour un long somme. Mais cela arrangeait plutôt l’ange, qui préférait avoir un interlocuteur conscient.
Il le remit d’aplomb à genoux en le tirant par sa tignasse blonde, puis claqua des doigts devant son visage pour avoir son attention. Idara ouvrit ses yeux, toujours avec difficulté, et riva son regard bleu dans celui d’Azrael.

-Parfait, tu es réveillé. Idara, c’est ça ? Je vais prendre ça pour un oui.

Le géant blond s’était contenté de cracher un mélange de salive et de sang sur le casque du Judge. Azrael essuya lentement la trace avec son index, puis le ficha violemment d’un Shigan au niveau des côtes du pirate. Le Judge entendit le gloussement de Xander derrière lui, mais se doutait qu’Arya devait être en train de lui jeter un regard désapprobateur.

-J’ai pas toute la journée à perdre avec un loser, tu sais. Ça peut se passer de deux manières. Soit je te déclare officiellement en état d’arrestation - par les pouvoirs qui me sont conférés – et on discute tranquillement de ce dont je veux qu’on discute, soit je te mets dans ton bateau avec tes petits copains et j’y fous le feu.

-Azrael ! Commença Arya.

-SILENCE ! Hurla l’officier d’une voix forte. Alors, ce sera quoi ?

Le pirate sembla réfléchir une seconde, puis il se racla la gorge, et demanda à Azrael ce qu’il voulait savoir.

-Bien bien bien, t’es peut-être un peu plus intelligent qu’il n’y paraît. Ton chef, son nom ?

-…Juan Ranto…

-Je le connais. C’était la voix d’Arya qui parlait dans le dos d’Azrael. C’est un des types qui se sont évadés quand Finn a brisé un des murs du pénitencier de Guadalcanal. Je crois qu’on le surnomme d’un nom de serpent parce qu’il utilise des manœuvres sinueuses pour parvenir à ses fins.

-Il est fort ? Demanda Azrael.

-Lui ? Je sais pas trop. Rien de comparable à Finn, en tout cas, j’imagine que c’est pour ça qu’il le cherche.

-Parfait, parfait. Dernière question pour toi. Combien de capitaines comme toi se sont alliés à ce type ?

-…

-Il me semblait qu’on avait défini ce qui se passerait si tu ne coopérais pas.

-Attendez, attendez ! Je sais pas trop, peut-être cinq ? Peut-être moins. Il y a plein de navires, mais la plupart n’ont pas vraiment de commandant. Je sais qu’il y a au moins deux autres commandants primés à part moi, rien de plus.

-Xander, fous-moi celui-là et tous les autres encore vivant au fond de la cale de notre navire, on reviendra les chercher plus tard. Svenn !

Le guerrier se tenait debout un peu plus loin sur la berge, perdu dans ses pensées, il était droit comme un i et avait les yeux rivés vers le sommet du volcan central, comme s’il cherchait à y voir quelque chose. L’ange remarqua une tache sanglante autour d’une coupure dans le pantalon du soldat qui ne l’avait probablement même pas remarqué. Il toucha son propre tibia heurté par le boulet de canon et sentit la boursouflure de la plaie.
De ce qu’il savait, Xander et Arya aussi avaient subi des blessures mineures, mais qu’il était aussi intelligent de soigner le plus vite possible.
Quand Xander eut fini de ligoter les pirates survivants dans la cale, Azrael réunit à nouveau toute son équipe autour de la carte d’Omen, pointant un minuscule point juste au-dessus de leur crique sacrée, en direction du sommet du volcan.

-Là, il y avait autrefois une sorte de Temple qui servait aussi d’hôpital, ou un truc du genre.

-Un dispensaire religieux. Le coupa Arya.

-Peu importe, toujours est-il qu’on pourra y trouver du matériel pour s’occuper de nos blessures légères, et on pourra aussi s’en servir comme base pour préparer la suite des opérations.

-C’est loin ?

-Non, cette île est assez petite, même en marchant lentement, on devrait y être en moins d’une demi-heure.

À suivre.

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Message par Eishi Dim 25 Mai - 18:26

Eishi – Garami – Hossan VS Mordred
Sur le chemin vers le sommet du volcan.


Une sueur froide coula dans le dos d’Eishi. Son regard croisa celui de Mordred. Les prunelles du géant semblaient froides comme l’acier. Les yeux de quelqu’un qui a vu la mort bien trop souvent. Le jeune homme voulut déglutir mais sa salive se coinça à moitié dans sa gorge serrée. Le bruit sourd de son cœur battant à tout rompre se répercutait dans son crâne alors que ses tempes palpitaient sous la pression. Ce n’était pourtant pas la peur qui provoquait tout ceci, mais l’excitation d’affronter un adversaire vraiment fort. Son sang bouillonnait d’impatience mais la présence d’Hossan  à ses côtés, qui avait également adopté une posture de combat poings levées à hauteur du visage, l’aidait à garder la tête claire. Plus tôt ils avaient lancés une attaque combinée qui aurait mise envoyé la plupart des gens au tapis sans espoir de se relever. Mais Mordred n’était pas comme la plupart des gens et l’assaut avait à peine suffit à le faire reculer sans broncher. Cela donnait matière à réfléchir au Bandeau Écarlate et à ne pas se précipiter aveuglément.

L’instant semblait comme figé depuis plusieurs secondes, le criminel et ses adversaires se considérant mutuellement avec prudence sans qu’aucun des deux camps ne fassent de geste. La tension était presque palpable et ne cessait de monter en intensité. Mordred se dressa de toute sa hauteur, toisant ses adversaires d’un œil sinistre dénué de crainte.  L’instant suivant, il n’était plus là. Eishi cligna des yeux. « Quoi ? » Un bruit sourd sur sa droite lui fit tourner la tête. Hossan s’y trouvait une seconde auparavant, et avait également disparu. Un grand fracas résonna soudainement et des débris de roches se mirent à voler un peu partout. Eishi pivota d’avantage et aperçu Hossan encastré dans la falaise où Mordred l’avait projeté. L’impact avait été tellement violent que toute une portion des roches autour du point d’impact avait été pulvérisée ou projetée aux alentours. Mordred  tenait l’Homme-Poisson au visage d’une seule main et dressa son second poing pour asséner un nouveau coup à son adversaire. Il n’en eut cependant pas l’occasion et se recula vivement afin d’esquiver une salve de Garami. Cette dernière poussa un juron en constatant qu’il esquivait chacun de ses tirs avec une agilité et une vitesse surprenante pour sa corpulence.

Eishi : Bifrost !

Le jeune homme réalisa un déplacement fulgurant en utilisant le vent pour se propulser dans le dos de Mordred occupé à esquiver les balles. Il allait lui porter une frappe dans son dos lorsque l’homme se retourna subitement et lui saisit le poignet d’une main de fer. Eishi n’eut pas le temps de réagir que Mordred l’avait projeté en direction de Garami. Il fendit les airs à toute vitesse et percuta sa camarade violement, les projetant tous deux à terre. « Bordel » Songea Eishi en roulant sur lui-même pour se dégager tandis que Garami roulait de l’autre côté, non sans avoir ramassé son chapeau. Une seconde après une ombre chuta du ciel et Mordred s’écrasa à l’endroit où ils se trouvaient tous deux une fraction de seconde auparavant. L’impact de son coup de pied fissura le sol et éclata la roche avec une aisance déconcertante. « Si on se prend ça, on est morts ».

Les deux camarades se relevèrent en même temps, prenant en tenaille un Mordred encore accroupi après son brutal atterissage. Garami braqua ses deux colts sur sa nuque et pressa les détentes sans aucune hésitation tandis qu’Eishi utilisait sa technique « Nidhogg » pour générer une lame d’air tranchante et la projeter de sorte à trancher les genoux de son adversaire. Les balles de Garami ne fendirent que du vent et terminèrent leurs courses dans le sol et la lame d’air d’Eishi se perdit au lointain. Encore une fois Mordred avait bougé à une vitesse inhumaine Eishi l’avait perdu de vue.

Garami : Derrière toi !

Eishi se baissa instinctivement à ce cri, juste à temps pour esquiver l’attaque de Mordred. Ce dernier avait tenté de lui écraser lui broyer le crâne en écrasant ses poings fermés de part et d’autre de la tête du jeune homme. Des détonations accompagnèrent les tirs de Garami qui forcèrent l’ennemi à se déplacer de nouveau, laissant Eishi respirer quelques secondes. « Où est-il encore passé ? ». Un nouveau cri de Garami le fit se retourner, juste à temps pour l’apercevoir aux prises avec Mordred. Il lui avait attrapé les deux poignets et sous la douleur elle avait lâché ses deux armes. Elle essayait vainement de se dégager mais la poigne de l’homme était beaucoup trop forte. La douleur devint vite insupportable pour la jeune femme qui eut l’impression que ses os allaient céder d’un instant à l’autre.

Mordred : Tu as de bons yeux, tu vois mes mouvements. Mais c’est inutile si tu ne peux pas bouger assez vite pour réagir en conséquence.
Eishi : Laisse-la !

Le jeune homme porta un coup en plein dans la colonne vertébrale de Mordred, usant de toute sa force physique et en démultipliant la puissance du coup grâce aux vents tourbillonnant autour de son poing. Mais l’attaque se révéla totalement sans effet. « Hein ? » C’était la première fois qu’une telle chose se produisait, jusqu’à présent rien n’avait jamais résisté à ses poings additionnés à son pouvoir. Mordred se tourna simplement de côté, sans lâcher Garami, et toisa Eishi d’un regard torve.

Mordred : C’était douloureux ...

Il asséna un coup de tête à Garami qui tourna aussitôt de l’œil, puis il lâcha ses poignets et la laissa s’effondrer au sol, inconsciente. Il se tourna vers Eishi, abasourdi par cette force de la nature. Tout juste eu-t-il la présence d’esprit de bondit en arrière pour éviter d’être empoigné à son tour. Mais Mordred avait suivi son mouvement et parvint à lui porter un coup de pied en pleine poitrine. Le choc se révéla extrêmement puissant et projeta Eishi sur plusieurs mètres en arrière, où il atterri en roulant sur lui-même dans un nuage de poussière. Étourdit, il posa une main au sol et essaya de se relever mais retomba aussitôt en toussant du sang. « Trop fort. Ce type est trop fort. » Lorsque il essaya à nouveau de se relever, il se trouva nez à nez avec des chaussures. Levant les yeux il vit au ralenti la main gigantesque de Mordred descendre vers lui.

Eishi : Dans tes rêves ! Jormungandr !

Une sphère de vents impétueux se forma autour d’Eishi. Le vent tournait à une vitesse telle que cela en devenait une véritable barrière impossible à traverser pour la plupart des choses physiques qui se trouvait soit projetées au loin au contact, soit réduites en charpie si on les forçait à traverser. De plus à l’activation cela générait une onde de choc qui repoussait tout ce qui se trouvait dans un court périmètre. Pour une fois Mordred n’échappa pas à la règle et se vit reculer de plusieurs mètres, ses deux pieds ancrés au sol laissant deux larges sillons dans la terre. Il fronça les sourcils, serra les poings et se rapprocha de la sphère. Il commença par asséner une série de coups de poing à la surface, mais ses coups étaient déviés vers l’extérieur et les vents lui écorchaient la peau. « Inutile, tu ne pourras pas passer cette défense » Songea Eishi.

Pour autant la situation était fortement à son désavantage, la technique ne pouvant être maintenue indéfiniment. Il ne pouvait même pas se déplacer. Soudainement, Mordred appliqua une main sur la barrière de vent et se mit à forcer de toute sa puissance, utilisant son autre main pour se tenir le bras et ne pas le laisser être dévié. Du sang se mit à gicler alors que sa peau était tranchée de toute part, mais petit à petit sa main parvint à s’enfoncer au travers du Jormungandr. Comme dans un cauchemar Eishi vit la main ensanglantée traverser et se diriger vers lui. « Impossible ... »

La main s’immobilisa, puis se retira d’un seul coup. Eishi leva les yeux et aperçu Hossan devant lui, Mordred quelques mètres plus loin. L’Homme-Poisson avait repris ses esprits et avait volé au secours de son ami, saisit Mordred à bras le corps et projeté au loin. Hossan se pencha vers Eishi et le remit debout d’une seule main. Le jeune homme avait les jambes un peu flageolantes mais l’adrénaline coulait à flot dans ses veines et lui permettait de tenir le coup.

Hossan : Je vais gagner du temps, prépare ton coup le plus puissant.

Hossan se porta en avant et fonça sur Mordred pour lui asséner un coup de poing en plein visage. Son adversaire bloqua le coup en lui saisissant le poing et répliqua d’un crochet, qu’Hossan bloqua à son tour. Pendant plusieurs secondes les deux adversaires restèrent dans cette position, engagés dans un duel de puissance physique pure, les muscles saillants.  Hossan modifia subitement sa position et fit passer son adversaire par-dessus son épaule, le projetant au sol et sur le dos. La chute fut si puissante que des bouts de roches volèrent en éclat. « Il a la puissance, mais pas de techniques. » Pensa l’Homme-Poisson.

Pendant ce temps Eishi concentrait du vent autour de son poing droit, de façon similaire à sa technique Fenrir mais dans des proportions beaucoup plus importante. D’ordinaire il ne concentrait qu’une petite quantité de vent car il n’avait pas le temps d’accumuler longuement avant de frapper, cependant la situation était différente à présent. Les rafales de vent acérées étaient beaucoup plus dense autour de son poing et ne cessaient de gagner en volume et en puissance à chaque seconde qu’Eishi se concentrait sur son pouvoir. Il grinça des dents alors qu’il commençait à approcher de la limite de quantité totale de vent qu’il pouvait manipuler d’un seul coup. « Je dois en garder un peu de côté pour le déplacement. Tiens encore le coup quelques secondes Hossan. »

L’Homme-Poisson luttait avec acharnement contre Mordred et échangeait coup pour coup. En force pure l’humain dominait mais Hossan parvenait à compenser plus ou moins en utilisant des prises qui relevaient plus de l’agilité que de la force. Hossan accompagnait ses coups de décharges électriques qui provoquaient des grésillements et crépitements dans l’air. Il parvint à placer un formidable direct à Mordred qui chancela une seconde, avant de répliquer d’un coup de genoux qui plia Hossan en deux. Il le saisit, le souleva à deux mains au-dessus de sa tête et le projeta au sol d’une puissance phénoménale. Hossan eut le souffle coupé à l’impact, et avant de pouvoir faire quoi que ce soit il se trouva sous un déluge de poing. Un humain moyen serait mort sous cet assaut, il ne tint le coup que grâce à sa solide constitution d’Homme-Poisson.

Eishi : Bifrost !

Eishi parcouru les quelques mètres en un clin d’œil et se trouva sur les flancs de Mordred. Ce dernier, absorbé par Hossan, se rendit compte de la présence du Bandeau Écarlate une seconde trop tard.

Eishi : MANGE ÇA ! FENRIR PUISSANCE 20 !

Mordred voulu lui faire face et parer le coup en croisant les bras devant lui, mais Eishi le prit de vitesse et enfonça son poings en plein dans son torse. Les vents creusèrent sans merci la chair puis propulsèrent Mordred en arrière comme s’il venait d’être frappé par un train. Il vola sur vingt mètres et percuta la paroi du volcan avec une violence inouïe. Eishi, haletant, posa ses deux mains sur les genoux et souffla un bon coup, avant de lever le pouce vers Hossan en souriant. Son sourire s’effaça lorsqu’il vit Mordred se relever. L'homme avait une blessure sanglante et relativement profonde sur le torse mais semblait encore capable de se mouvoir.

Eishi : C’est pas vrai, il est immortel ce type ou quoi ?

Hossan se releva, bien mal en point. Les deux amis se mirent épaules contre épaules, prêt à se battre. Cependant il ne leur restait plus aucune force, leurs muscles leur semblaient faits de plomb et chaque geste était douloureux. Eishi toussa une nouvelle fois du sang. Mordred s’avança d’un pas pesant et une gerbe de sang fleurit sur son épaule tandis qu’une détonation se faisait entendre. Surpris, tout le monde tourna la tête vers l’origine du son. Garami était toujours couchée par terre mais avait repris conscience quelques instants plus tôt, elle s’était retournée sur le ventre et avait saisi son fusil de précision dans son dos puis attendu une occasion pour placer un tir. Elle avait visé le crâne de Mordred et l’aurait atteint sans problème si elle n’avait pas eu la tête lourde et la vision floue. La blessure était superficielle mais devait tout de même handicaper l’ennemi. Elle eut un faible sourire, puis sa tête s’affaissa et elle perdit de nouveau connaissance.

Mordred se jeta sur Eishi et Hossan, prêt à les achever avec son bras encore intact. Ils étaient exténués et il ne doutait pas de les vaincre. Il freina cependant sa charge soudainement lorsqu’une nuée de pétale tourbillonna juste devant lui, et il eut le bon réflexe de reculer juste à temps pour esquiver un coup de sabre qui l’aurait décapité. Face à lui venait de se matérialiser Kusuri, ses yeux ambres brûlant d'un feu de colère. Elle semblait épuisée, et pour cause puisqu’elle avait couru à perte d’haleine pour ramener le petit garçon en ville et revenir à temps. Elle pointa son sabre vers la poitrine de Mordred dans un geste de défi.
L’homme grimaça. Toutes les petites blessures accumulées le gênaient et voilà qu’un nouvel adversaire surgissait. Kusuri se jeta sur lui et porta une série d’attaques extrêmement rapides, puis elle se divisa en pétales avant de se reconstituer derrière lui pour lui porte un coup fatal. Mordred pivota rapidement et parvint à bloquer la lame en la coinçant entre ses paumes. Son épaule blessée le faisait souffrir mais il tint le coup. Un sourire mauvais apparut sur son visage et il frappa du pied sur le sol avec toute sa force. L’onde de choc fit vibrer la falaise et de lourds blocs de roche se détachèrent et tombèrent.

Kusuri écarquilla les yeux en voyant que Garami se trouvait dans la zone où les rochers allaient s’écraser et elle était la seule encore assez en forme pour aller la sortir de là à temps. Elle accorda à Mordred un dernier regard plein de fureur, puis vola au secours de sa camarade. Elle l’atteignit rapidement, parvint à la charger sur son épaule tant bien que mal, puis s’enfuit à grandes jambes alors que les rochers tombaient autour. A deux reprises elle ne dû sa survie qu’à un écart de dernier instant sur le côté pour esquiver les débris mortels. Étant un logia elle ne craignait pas pour sa vie, mais Garami ne survivrait pas à un choc direct.
Elle posa Garami en sécurité et se retourna vivement en dégainant, mais Mordred avait disparu. Elle grinça un peu des dents, puis examina l’état de ses camarades. Garami était toujours inconsciente mais globalement peu blessée, ayant été mise hors combat par le premier coup sérieux porté. Eishi était davantage blessé, le plus inquiétant étant le sang qu’il toussait à l’occasion, et surtout exténué. Tout juste pouvait-il mettre un pied devant l’autre. Hossan était le plus amoché de tous, ayant été battu comme pulple. Son visage tuméfié était presque méconnaissable.

Kusuri prit Garami sur son épaule avec difficulté, manquant de perdre l’équilibre. Elle ne pourrait pas marcher longtemps comme ça, mais ce n’était pas très grave. Voyant qu’elle se mettait en route, Hossan et Eishi lui emboîtèrent le pas en se soutenant mutuellement.

Eishi : On va où ?
Kusuri : Le gamin m’a parlé d’un sanctuaire qui était utilisé à des fins médicales, un peu plus haut. Ce sera plus pratique de reprendre nos forces là-bas.
Eishi
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