Jeu du Drapeau !

Le ventre vide, la faim tiraille même les hommes les plus valeureux. La famine est la maîtresse de la souffrance et ne souffrira jamais aucune forme d'adversité. La mort elle-même se prosterne devant sa toute-puissance à provoquer les plus insupportables douleurs.

C'est dans ce genre de monde que Javier est né. Il avait chaque jour souffert de cette famine, n'en ayant jamais demandé la cause, il savait que personne ne lui répondrait. Personne ne parlait jamais dans son village, chacun économisait au maximum ses forces pour rester en vie un peu plus. Rester en vie ? Pour une vie si misérable ? Tu parles.

A 7 ans déjà Javier avait tenté de s'échapper de cette prison, de ce village fantôme où les gens regardaient le sol, ou bien ne regardaient rien. Assis chez eux, au milieu de la rue, peu importe, ils ne bougeaient pas. Parfois l'un grattait la terre qui se trouvait devant lui et la fourrait sans sa bouche pour continuer à survivre un peu plus longtemps. Nul lac, nulle forêt, nul animal. Une île dont rien ni personne n'avait jamais voulu et dont rien ni personne n'était jamais sorti. L'enfer en somme. Une vingtaine de personnes vivait sur cette île, les parents du jeune enfant étaient morts depuis plusieurs années déjà et il était livré à lui-même chaque seconde que Dieu faisait. Dieu, cette blague. Il en avait entendu parler par sa mère quand il était petit, il s'en souvenait. Un Dieu tout-puissant régnant sur le monde, faisant la pluie et le beau temps. La pluie ? Le beau temps ? Javier n'avais jamais vu ni l'un ni l'autre.

Javier avait donc tenté de s'échapper en nageant par l'océan, il avait reculé une première fois car il savait qu'il n'y arriverait pas. Javier n'attachait pas la même idée à la survie que ses congénères, mais cela ne lui empêchait pas de désirer la vie ardemment. Il voulait vivre, oui, mais pour voir ce qu'il pouvait y avoir au-delà de l'île. Il n'était pas possible que personne d'autre n'existe, des gens qui parlent. A 10 ans Javier avait décidé de retenter l'expérience, avec toutefois un changement. Il s'était promis de ne pas reculer, dusse-t-il se noyer en mer, il ne ferait pas de chemin inverse. C'est ainsi qu'après des heures de nage, il avait aperçu une autre île.

Javier n'avait déjà jamais eu beaucoup de forces à cause de sa nourriture. Il était de surcroît épuisé de cette nage et ne se sentait plus capable après chaque brasse d'en faire une nouvelle. C'est ce qu'il avait pensé avant de voir cette île. Tout avait changé désormais, et il commençait à peine à faire connaissance avec ce pouvoir, celui qui pouvait faire de lui bien plus qu'un homme : L'espoir.
Sa fatigue oubliée, il nagea, nagea, et arriva enfin sur un ponton de bois qu'il parvint à escalader. Une fois dessus, il observa.

Il n'avait jamais été enseigné ni du langage, ni des mots, il ne savait donc pas quoi mettre sur ce qu'il voyait. Tout ce qu'il savait à ce moment, c'est qu'une petite goutte froide perla du coin de son œil et descendit lentement le long de sa joue avant de s'écraser sur le sol. Pour la première fois d'aussi loin qu'il s'en souvienne, sa bouche s'étira et laissa apparaître un magnifique sourire.

A 15 ans Javier avait appris à parler, à lire, à écrire. Il comblait chaque heure qu'il avait à sa disposition à abreuver sa soif de connaissance et à combler les 10 ans qu'il avait perdus. Il ambitionnait de devenir avocat, pour défendre les faibles et les opprimés. Né sur un véritable enfer, il s'était particulièrement attaché aux notions de justice et faisait une bonne action dès qu'il en avait l'occasion. Il travaillait dans une petit librairie et vivait au deuxième étage de celle-ci, il était heureux à sa façon. Il avait toujours du mal à sourire, mais y arrivait parfois. Son travail lui plaisait car il rencontrait toute sorte de gens. Il lui était arrivé de rencontrer des pirates ou des marines et il s'était rendu compte qu'un pirate pouvait être gentil et qu'un marine pouvait être bien moins droit que ce que laissait entendre leur slogan. Ainsi Javier n'avait pas la version manichéenne que la majorité des gens avait étant donné qu'il s'était construit sans l'aide de personne. Il avait ses propres avis, ses propres idées, et il se rendrait très bien compte de la chance qu'il avait et de combien seraient prêts à donner d'autres gens pour posséder la même chose.

Il s'était attaché au directeur de la petite librairie où il travaillait, qui était sans conteste un homme de bien. Toujours souriant, pacifique, droit, qui possédait également ses propres idées, Javier aimait beaucoup cet homme. Parfois dans l'attente des clients, ils se mettaient ensemble à discuter de tout et de rien, de banalités ou bien de choses graves, chacun donnait son avis et apprenait de l'autre, même si de par son âge avancé le libraire en chef apprenait bien plus à son disciple. Parfois Javier travaillait également le soir dans des spectacles de magie pour arrondir ses fins de mois, après avoir passé dix ans seul, il aimait l'idée de passer sous le feu de projecteurs. Grâce à ses pouvoirs "d'homme drapeau" Javier arrivait à faire des tours spectaculaires qui ravissaient tous les bourgeois de l'île et il récoltait à chaque fin de spectacle des tonnerres d'applaudissements.

Il avait obtenu ces pouvoirs vers ses quatorze ans alors qu'un pirate fauché avait un jour voulu voler des encyclopédies maritimes dans la librairie. Javier, qui n'avait pas seulement appris la littérature mais également l'art du combat pour protéger sa librairie, l'avait facilement arrêté. Le pirate l'avait alors supplié de le laisser prendre les livres en sanglotant que sans eux il ne pourrait sauver son équipage. Javier ne connaissait pas le fameau de l'histoire, mais l'homme lui avait laissé en partant ce qu'il appelait "son trésor" en remerciement de la clémence dont il avait fait preuve après avoir entendu la douloureuse histoire du pirate. Trésor qui était : un fruit. Javier avait lu des choses là-dessus, les fruits du démon. Ainsi il le reconnut tout de suite par ses spirales étranges, et après délibération, décida de tenter le coup et de le manger. Il s'était ainsi découvert posséder les pouvoirs d'un "drapeau" faute de meilleur terme qui lui avait donné des possibilités infinies de modifier son corps en le rendant plus fin qu'une feuille de papier, de voler, de créer du tissu à partir de rien...

Ainsi donc, il était magicien à ses heures perdues dans un cabaret de la haute société. Il avait d'ailleurs le sens du spectacle, de la mise en scène, mais également de l'infiltration. Quand parfois un noble venait le voir après une représentation pour couronner sa prestation, Javier savait très bien qui le félicitait. Un homme qui n'hésitait pas à marcher sur les autres pour sa vie et son confort personnel. Il en avait beaucoup appris sur les nobles qui peuplaient l'île et la plupart des histoires le dégouttaient et il souhaitait ardemment changer ces injustices. En attendant, il parlait avec ces nobles de manière civilisée, laissant entendre qu'il n'était qu'un modeste magicien sans opinions, se forçant à se faire apprécier et capable de plaire à tout le monde, son hypocrisie le dégouttait parfois mais il voyait ça comme un mal nécessaire. Réformer tout un système n'était pas à la portée du premier venu, et le faire nécessitait des amis, pas des ennemis. On se méfie bien moins d'un petit magicien qui veut gagner sa croûte que d'un homme ambitieux et incorruptible dont la vision des choses est bien plus noire que ce qu'il laisse paraître.

Par une soirée normale dans une vie normale, alors qu'il était plus fatigué que d'habitude, Javier donnait une représentation banale devant un public bondé. La fatigue lui fit rater un tour et il s'écrasa lourdement sur le sol avant de se faire conspuer de toutes parts par les nobles qui peuplaient la salle. L'un se leva, en proie à la furie, et tira de son pistolet fin au canon long une balle dans l'épaule du magicien.

- "Ca t'apprendra à oser décevoir tes supérieurs, vulgaire roturier." Cracha l'homme qui lui avait tiré dessus avec de tourner les talons.

Le sang bouillonnant, l'esprit momentanément aveuglé par la rage, Javier s'était élancé sur celui-ci et avait tenté de lui briser la nuque des deux mains. Malheureusement pour lui, les policiers qui gardaient la salle étaient arrivé sur lui avant qu'il n'ait pu terminer son oeuvre et il se retrouva donc roué de coups puis emmené de force dans les geôles froides et sombres de l'île. Se maudissant de cette perte de contrôle tout en maudissant également cette attitude des nobles, il restait assis à supporter chaque jour sa cellule vide qui était parfois ouverte par des gardiens qui voulaient se défouler un peu avant d'aller manger, ainsi il se laissait frapper sans répliquer, laissant passer les actes de ces barbares jusqu'au jour où il pourrait entrevoir une façon de s'échapper. Cela aurait pu être autrement plus simple si les menottes qui le maintenaient au mur de sa cellule n'étaient pas constituées de granit marin.

Quelques mois après le début de son incarcération, Javier entendit des bruits surprenants et feutrés du bout du couloir. Il n'était aucunement habituel pour les gardes d'être silencieux, au contraire, ils adoraient se balader en tapant du pied pour instaurer la terreur aux prisonniers, qui se demandaient ainsi qui allait être le passé à tabac de la journée. Les pas silencieux continuèrent alors à avancer et s'arrêtèrent devant sa cellule. Une lampe s'alluma alors devant lui, laissant apparaître un visage qu'il ne connaissait que trop bien.

- "Nom de Dieu, mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait, fils ? Attends, je vais te sortir de là, nous allons nous échapper d'ici, tiens-moi ça." murmura le vieux libraire accroupi en tendant la lanterne au prisonnier.

Les mots de gratitude de Javier ne réussirent pas à sortir de sa bouche tant cela faisait de temps qu'il n'avait pas parlé. Mais il était certain que son père adoptif ne pouvait que savoir à quel point il lui était reconnaissant. Crochetant la serrure puis ses fers, le libraire emmena Javier en direction de la sortie lentement et dans le plus grand silence. Au moment où ils croisèrent un garde, le prisonnier s'occupa de le faire taire, sans le moindre bruit. Continuant à avancer, les deux hommes passèrent devant les gardes endormis et parvinrent à accéder à la porte de sortie de la prison sans avoir été repéré.

Une fois dehors, Javier prit dans ses bras le vieil homme de toutes les forces qu'il lui restait sans avoir besoin d'ajouter de mots, et chacun marchèrent en direction de leur bonne vieille librairie. Javier parla de faire ses bagages et de partie le lendemain matin, et l'homme bien que déchiré comprenait sans peine cette nécessité. Ainsi la nuit passa, et le prisonnier désormais libre se sentait revivre à pouvoir se comporter comme un humain normal. Il prit ainsi le plus grand plaisir à prendre une douche, manger de bons plats, puis dormir dans un lit confortable qu'il devrait malheureusement quitter à l'aube.

La nuit ne fut cependant pas des plus calmes et un brouhaha monstrueux le réveilla.

- "Pitié, vous êtes la Marine, vous défendez les honnêtes gens, nous n'avons rien fait de mal, ne faites pas..."

L'homme fut tût de force dans sa criante supplique avant d'avoir pu terminé cette dernière par ce qui semblait être le son cristallin d'une lame fendant l'air. Dévalant les marches aussi vite qu'il le pouvait, Javier resta pétrifié devant le spectacle du corps encore debout du plus grand homme qu'il ait connu, son père, son hôte, son mentor, désormais privé de sa tête qui tombait au ralenti à ses pieds et roula jusqu'à lui.

- "Vieux fou, tu m'as cassé les oreilles. Tu n'as pas ton mot à dire, nous sommes venus chercher ce misérable criminel qui a osé blesser un Noble, mon ami. Tiens, te voilà donc", dit-il avec surprise en regardant vers l'homme dont les yeux fixaient la tête désormais sans vie qui se trouvait à ses pieds. "Au moins je n'aurais pas à te chercher, vil chacal. Félicitations pour avoir causé la mort de ce vieux barbu, tu aurais mieux fait de rester en prison. D'ailleurs tu va y retourner, et je te promets que tes punitions seront encore plus fréquentes et sévères. Attaquer un Noble est la pire erreur qui soit pour un paysan comme toi, et je m'en vais te le rappeler au nom du Gouvernement Mondial. Il faut que chacun comprenne sa place et visiblement, tu ne connais pas la tienne. Les hommes comme moi sont d'ailleurs là pour te la rappeler."

En un rictus aussi méprisant que maléfique, il termina sur ces mots son monologue et ordonna à la dizaine d'homme qu'il avait apporté avec lui de se saisir de Javier en le blessant autant qu'ils le voulaient mais sans le tuer. Ce dernier, après avoir fait ses adieux au vieil homme, pris les deux couteaux de collection qui ornaient le mur qui se trouvait derrière lui, ces couteaux que le libraire avait passé tant de temps à observer et aiguiser seraient désormais l'instrument de sa vengeance envers les chiens qui avaient causé sa mort. Les yeux injectés de sang, Javier se lança sur ses adversaires avec l'intention de ne laisser aucun survivant.

Quelques années plus tard, Javier crachotait dans sa cellule. Encore une fois, l'eau qu'on lui avait donné était croupie et impossible à boire. Comme chaque jour, il regardait devant lui mais ne voyait que l'image de son père adoptif qu'il avait juré de venger à n'importe quel prix. Il restait en vie aujourd'hui pour mieux se battre demain, même s'il n'avait aucune idée de quand demain serait. Plusieurs années s'étaient déjà écoulées depuis cette nuit tragique et son enlèvement, et rien ne semblait vouloir le faire sortir de cette prison de pierre humide où ses seuls amis étaient des rats sentant encore plus mauvais que lui.

Soudain, un bruit assourdissant le tira de ses pensées. Puis un second, puis d'autres. Tentant de faire fonctionner son ouïe, il finit par reconnaître au bout de la cinquième secousse des coups de canons qui étaient à s'y méprendre tirés depuis la mer sur la prison même où il se trouvait. Le tumulte s'intensifia et des batailles éclataient le long de l'île. Habitué à un silence de mort le plus total, Javier ne pouvait rater ce qui se passait dans la prison et les rues alentours même s'il l'avait voulu. Il resta cependant assis, sachant qu'il n'en apprendrait pas plus en agrippant les barreaux et en criant, comme le faisaient actuellement les autres prisonniers. Puis un boulet de canon vint frapper la cellule adjacente à la sienne dans un fracas inouïe. Par chance, celle-ci était vide. Il entendit ainsi des hommes entrer par l'extérieur, la prison étant en bord de mer, et dont les voix devenaient de plus en plus nettes au fur et à mesure qu'elles s'approchaient de la cellule. Après un bruit métallique, il aperçut un homme grand habillé d'une cape qui le toisa et lui adressa la parole :

- "Salut mon grand. Nous sommes les Révolutionnaires, une armée d'hommes qui a pour but la libération du monde de l'emprise de ces chiens du Gouvernement Mondial. Nous allons libérer cette île et ses habitants, sans faire de quartier pour les nobles qui l'habitent et persécutent les honnêtes gens, tu en penses quoi ? Siffla t-il de sa voix perçante, balançant un trousseau de clé du bout de ses doigts et fixant Javier.

Javier sourit puis ferma les yeux, avant de répondre de sa voix rauque : "Ce que j'en pense ? Libères-moi, tu auras besoin de quelqu'un qui connaît l'île pour trouver le quartier de la Noblesse. Ce quelqu'un aillant d'ailleurs un compte à régler là-bas."

L'homme sourit et lui envoya les clés que Javier attrapa au vol. Ouvrant sa cellule, il pris la peine de dire au revoir au joli cinq rouge forgé sur le mur de sa cellule en chiffre romain avant de suivre l'homme à la démarche féline jusqu'à la sortie de la prison, se sentant plus libre que jamais. Il avait enfin des alliés pour l'aider à accomplir la tâche qu'il s'était juré de faire.

Javier et son équipage devinrent rapidement célèbre sur North Blue puis sur GrandLine. La troisième flotte des Révolutionnaires mené par 'La Bandera' fit rapidement le tour des mers et rapidement ce dernier gagna de façon fulgurante en prime jusqu'à presque atteindre les 200 millions. Des Royaumes furent renversés, des peuples furent sauvé, Javier avait enfin trouvé sa façon de vivre, sa façon de rembourser sa dette au vieux libraire, sa façon d'accomplir son rêve qu'il considérait également comme un devoir. Le nom de 'La Bandera' ferait rapidement le tour du monde, et le Gouvernement Mondial avait du souci à se faire.

Lorsque les lumières se rallumèrent Barnum se tenait au centre de la piste, voyant cet homme étrange, les enfants des tribunes applaudirent pensant que le spectacle avait déjà commencé. Habitué à ce genre de réaction de la part des plus jeunes le Monsieur Loyal du cirque sourit d’un air forcé découvrant ses longues dents blanches. Une fois le silence fait, il jeta sans un mot un grand voile noir devant lui, le cachant aux yeux du publique. Lorsque le tissu sombre toucha le sol l’imposant Barnum avait disparu et une nouvelle vague d’applaudissement arriva. Cette légère mise en scène venait de signifier pour tous le début des festivités.
L’obscurité revint le temps d’un instant puis ce fut au tour de Pogo le clown. Sceau d’eau et tarte à la crème en plein visage ou encore pitreries accompagné d’un singe, le numéro faisait rire petits et grands et après le clown ce fut au tour du cracheur de feu de la troupe, Akron,  le jeune homme arriva vêtu d’un simple pagne et comme si il ne se souciait pas du monde présent autour de lui commença sans attendre ses démonstrations, il inspira puis souffla d’un seul coup une immense boule de feu, elle semblait se diriger droit vers le chapiteau – baptisé « chapitétendard »  par les membres de la troupe en vu de son apparence qui est composée d’ une multitude de drapeaux-mais étrangement ce dernier sembla comme se déformer, évitant le contact des flammes.
La foule spectatrice surprise autant par les créations enflammées que par le mouvement impensable mais pourtant vrai du chapiteau observait le tout d’un air ébahi.  
Une fois le numéro d’Akron terminé, le grand Barnum revint sur la piste afin de présenter les artistes suivants, les deux funambules, Jade et Camilio. Contrairement aux fois précédentes, le Monsieur Loyal ne partit pas de la piste et monta même à la suite des deux équilibristes en haut d’un des deux mats du chapiteau.
Ils se trouvaient de chaque côté de la piste et étaient reliés par un fil tendu à plus de cinq mètres de hauteur.
Camilio et Jade se bandèrent les yeux puis se rendirent sans difficultés et avec élégance au centre du fil, ensuite Barnum se pencha sur le lien qui reliait les deux mats puis le changea peu à peu en un étendard géant. Flottant au vent qui arrivait à passer aux travers du chapiteau, le fil tanguait dangereusement de la gauche vers la droite puis de la droite vers la gauche. Au début les deux funambules n’avaient pas bougés, ils s’étaient contentés de se dresser face au vent, ne pouvant pas regarder le sol sous leurs pieds.
Ils avaient ensuite commencé à marcher comme si de rien n’était, Barnum ajouta rapidement deux autres fils parallèles au premier sur lesquels se mirent à sauter Camilio et Jade. Comme pour achever leur représentation les deux équilibristes débutèrent une sorte de dance, Camilio lançait sa partenaire dans les aires et la rattrapait entre deux fils dans une position théâtrale sous les applaudissements du publique

Le spectacle continua sans encombre, Barnum s’apprêtait à annoncer le retour de Pogo lorsque la voix d’Akron retentit dans  tout le cirque.
« Mesdames, messieurs, le cirque du Roncalli vous remercie de votre venu, il vous prie de bien vouloir retourner à vos embarcations et de repartir pour la côte le plus rapidement possible. »
Quelques protestations fusèrent au travers du brouhaha naissant mais bientôt la foule se dissipa et il n’y eu rapidement plus aucune âme qui vive hormis les cinq membres de la  troupe du Roncalli.
Ils sortirent tous sur la plateforme de bois qui entourait le chapiteau et observèrent l’horizon, la pluie, le vent et la brume ne permettaient pas de voir grand-chose, ce n’est que lorsque qu’un navire arriva à portée de vue en fendant l’écume qu’ils passèrent à l’action.
Dans un même saut ils se retrouvèrent tous sur le pont ennemi, les opposants pris de court furent vite mis à mal.

Barnum leva les yeux et fixa le pavillon flottant au vent, il sourit et après avoir regardé ses compagnons, hocha la tête, il souffla simplement avant de faire voltiger un des pirates :
« Et un de plus. »
Pogo armé de deux pistolets s’amusait à faire couler le navire tandis que les autres se battaient à mains nues usant de leur force brute.
Le directeur du Roncalli remarqua un des hommes s’apprêtant à faire feu avec un canon sur le chapiteau, il s’approcha de lui calmement, chantonnant presque, il apposa tranquillement sa main gauche sur le canon à l’ instant où le boulet partait, le canon devint presque instantanément plat et une fois dans les mains de Barnum se changea peu à peu en une longue barre de fer. Il la fracassa sur le crâne du pirate puis repartit en chasse.

Le navire ennemi était presque tombé entre les mains de la troupe du cirque lorsqu’un homme imposant sortit d’une cabine armé de deux sabres –le capitaine- qu’il faisait mouliner autour de lui tranchant ses propres hommes s’ils se trouvaient sur son chemin.
Relevant la tête Barnum aperçu le capitaine et attrapa le fouet à sa ceinture, il le fit claquer plusieurs fois sur le sol avant de faire face à son adversaire.
Les deux hommes se fixaient sans bouger, attendant le moment propice pour attaquer.
Le pirate chargea le premier, il abaissa brusquement ses sabres en direction de Barnum mais ce dernier bloqua l’attaque avec son fouet d’acier. L’homme de cirque riposta en changeant la forme de son fouet, transformant son extrémité en serpent qu’il projeta ensuite sur le sabreur ennemi l’éjectant hors du navire, directement dans la mer.

Une fois leurs adversaires vaincus la fine équipe du cirque regagnèrent la plateforme servant de pont au cirque.
Ils avaient coulé le navire non pas sans emporter l’étendard pirate.
Barnum le tenait à la main et après s’être approcher le cloua sur le « chapitétendard » qui sembla l’absorber peu à peu, le drapeau fraichement dérobé faisait maintenant parti du chapiteau du Roncalli.
Jade avait regardé faire Barnum comme elle le faisait presque toujours puis soupira.
« Ces satanés pirates interrompent nos représentation presque tous les jours. »
Le directeur du Roncalli releva la tête en direction da sa camarade et sourit.
« C’est notre vie. »