Solitude

Je me redressai de toute ma hauteur en laissant tomber ma main. Je n'avais plus de coeur... Du moins, celui que j'avais jusque là était mort ou encore en train de doucement mourir. Avec à sa place, un coeur pourri, contaminé par un fruit maudit. Et je ne souffrais pas... Cet esprit. Ça n'était clairement pas un esprit normal. Après tout, il s'agissait du Fils de la Forêt, cet être démoniaque qui hante les contes depuis des centaines d'années, cette horreur qui erre sur le monde depuis des siècles.
Je jetai un coup d'oeil en arrière, vers l'Arbre aux Morts, comme pour vérifier que j'étais bien seul et mes yeux se posèrent sur le visage tordu gravé dans le bois de l'arbre. Le sourire s'élargit et je me figeai de peur. Depuis quand les arbres, même possédés, étaient-ils capable de ça ?! Mon coeur se mit à palpiter plus violemment, sous l'impulsion du fruit pourri qui grandissait en mon sein, se nourrissant de mon pauvre coeur, presque mort. Comme hypnotisé, je m'avançai à pas lent vers l'Arbre aux Morts. Puis je posai ma main droite sur l'écorce, juste au dessus du visage dérangeant. Et un craquement sec déchira le silence de l'aube naissante.
Un craquement qui provenait de l'intérieur du tronc.
Et il venait de loin... Comme s'il avait retentit dans de profondes abysses et résonnai jusque dans cet unique tronc. Puis la bouche s'ouvrit en grand, faisant craquer le bois et l'écorce de plus belle. Puis une main d'une blancheur cadavérique surgit des ténèbres qui semblaient régner au coeur de l'Arbre, et se posa sur le coté de la bouche. Une autre main surgit et se saisit des dents de bois gravées dans le tronc pour mieux s'accrocher.
Et mieux s'en extirper.
Un visage humain émergea, sa pâleur cadavérique contrastant avec les profondeurs obscures d'où il sortait. Ses yeux d'un bleu clair et froid semblaient vides de toute émotion. Tout comme le troisième oeil qui trônait au centre de son front. De longs cheveux noirs encadraient ce masque d'indifférence. Une affreuse cicatrice barrait sou cou livide.
Enfin la créature bondit en dehors de l'Arbre aux Morts et se redressa face à moi. Son torse nu et maigre laissait apparaître une énorme plaie à peine refermée qui partait de son cou pour plonger jusqu'à son bas-ventre. Une sorte de longue robe noire couvrait ses jambes et ses pieds, et semblait déchiré au niveau de la taille. Ses cheveux ondulaient malgré l'absence de vent... Comme s'ils n'étaient rien de plus que de fins serpents. Il darda son regard de glace sur moi, ouvrit ses bras décharné et me présenta ses paumes. Au creux de chacune d'elle, une bouche dépourvu de lèvres et garnies de crocs acérés. Puis il ouvrit la bouche et déclara d'une voix cruellement plate et dépourvue du moindre sentiment :
-Je vous remercie. De m'avoir arraché à ma prison de bois et d'écorce. Je suppose que je suis désormais à votre service.
Je restai muet... Un regard sur cet arbre et j'avais libéré l'esprit retord et tordu piégé en son sein. Je reculai d'un pas mal assuré mais il avança. Son troisième oeil rivé sur ma poitrine.
-Ainsi vous portez le Fruit Pourri. Je ne m'étais pas trompé.
Je me calmai du mieux que je pus avant de demander, sur un ton bien plus agressif que je ne l'aurais souhaité :
-Qui es-tu ?!
-Mon nom est Nox Oakka. Je suis mort. A vrai-dire, je suis un esprit tourmenté par mes vils pulsions et mes pensées obscures... Un esprit jadis piégé au coeur d'un arbre. Je connais pas ce que vous, vivants, appelez la valeur de la vie. Pour être honnête, même lorsque mon coeur battait et que mes poumons respiraient je ne la connaissais pas. Je suis incapable d'éprouver la moindre émotion... Et désormais je suis votre bras armé. Je ne demande rien, car je ne veux, ni ne désire rien. En fait, je ne suis rien.
Je posai un regard morne sur l'étrange créature et je sentis mon coeur pourri se serrer. Et une étrange sensation se mit à lentement envahir mon corps... J'avais soif. Et je savais très bien que ce ne serait pas avec de l'eau que je pourrais l'étancher... Cette soif nouvelle que je n'avais pas ressenti auparavant, cette soif qui était un présent du Fils de la Forêt. Un cadeau putréfié, empoisonné. Je poussai un soupir puis quittai enfin cette forêt maudite avec un sentiment de malaise.
Je venais de réaliser que j'étais un vivant au coeur mort.
Et le regard froid et vide de Nox n'aidait pas... Au contraire, il attisait ma soif.

Cela faisait plusieurs heures que j'avais quitté la forêt maudite. Nox marchant en silence à mes côtés. Il m'imposait sa présence, ne me laissant pas d'autre choix que de l'autoriser à m'accompagner. Mais en réalité, j'avais l'espoir fou que sa présence me débarrasse de ma triste solitude... Mais je marchais aux côté d'un fantôme. Silencieux, vide, glacial.
Nous avancions vers le sud-est : il fallait absolument que je quitte ma terre natale qui m'avait tant fait souffrir. Je devais fuir ce passé, l'oublier et, qui sait, tenter de me reconstruire ailleurs...? Mais hélas, comment vivre alors que l'on ne le désire plus ? La mort me repoussait tant que je me sentais piégé entre ces deux mondes. Errant à la frontière de la vie et du trépas, marchant sur des roches de givre acérées... J'allait quitter l'Empire qui m'avait tout pris.
L'Empire qui avait osé tout me prendre alors que je lui avais tout donné... Mon poing se serra et une colère sourde envahit mon esprit tandis que je basculais dangereusement du côté de la vie. Puis je pris conscience que en fin de compte, c'était Nox qui avait raison. Il disait qu'il n'était rien, mais moi aussi. Moi aussi je ne représentais rien. Et je penchai légèrement vers la mort, me replaçant avec une cruelle exactitude au dessus du gouffre qui séparait ces deux mondes.
Un vague regard circulaire me confirma que nous avions finalement pénétré dans la Lande d'Obnni. Les arbres avaient totalement disparus désormais, incapable de pousser dans cette terre sombre et inhospitalière. Seule l'herbe sèche et les arbustes survivaient dans ces basses collines. Tandis que nos pieds foulaient cette poussière et ce sable grisâtre, je souriais intérieurement. L'Empire, très étendu au nord et à l'ouest avait échoué dans la conquête des territoires hostiles de l'Orient. Nous aurions bientôt quitté ce lieu de souffrance et de peine qu'était devenu pour moi ma terre natale... Lorsque la nuit tomba, Nox et moi n'avions toujours pas échangé le moindre mot. Et lorsque le soleil réapparut derrière l'horizon, nous étions toujours muets.
Je comprenais peu à peu que la présence de l'esprit n'était que du sel ajouté sur ma plaie béante. Au contact de ce spectre, ma solitude paraissait décuplée. Ce n'est qu'au bout de trois jours de marche que je consentis enfin à lui parler... C'était probablement la seule solution pour rester sain d'esprit.
-Pourquoi restes-tu avec moi ? Tu es libre, je ne t'impose rien.
-J'ai une dette envers vous. Et il est de mon devoir de m'en acquitter, et c'est le seul moyen que j'ai trouvé... Rompre votre béante solitude.
Je ne pus réprimer un petit rire et lâcha :
-Si seulement tu savais que tu ne faisais qu'élargir et accroître ma "béante solitude"... Ta présence ne me réchauffe pas le coeur, au contraire, elle semble le geler. Tu es un bien agaçant fardeau tout compte fait, ricanai-je.
Un semblant de sourire sembla étirer les lèvres de Nox et il répondit :
-Mais vous n'avez plus de coeur, vous savez. Il est donc faux de dire que je suis un fardeau.
Je ne répondis pas tout de suite, réfléchissant aux mots qui allaient sortir de ma bouche. Il s'agissait probablement de la première vraie conversation à laquelle j'avais droit depuis quinze ans... Je me surpris à y retrouver goût. Aussi je prenais l'inutile précaution de peser mes mots pour ne pas froisser l'esprit. Je ris de ma propre bêtise : impossible de vexer un être aussi indifférent. mais étrangement, j'appréciais beaucoup cet échange. Je déclarai enfin sur ton légèrement amusé :
-Tu n'es pas le mieux placé pour dire ça. Dans ton cas, tu n'as pas de coeur mais en plus tu es mort. Et vide.
-Vous me trouvez vide ? Oh oui. J'avais oublié que j'avais déjà mentionné que je n'étais rien... Et bien interprétez cela comme vous l'entendez, mais je suis tout sauf vide.
-Hum, et voilà que tu parles par énigmes. Vois-tu je commençais tout juste à apprécier ta présence mais là...
-Ah ?! Préféreriez vous que je m'éclipse ? Et que je vous laisse baigner dans votre cruelle et douloureuse solitude ? Errant sans but, tel un fantôme égaré ?
-N'essaies pas de faire de l'esprit. Le raillai-je aussitôt.
-Quelle blague de mauvais goût. Répliqua Nox, l'air un peu moins distant que d'ordinaire...
Je souris, le vent caressant mon visage. Pour la première fois depuis longtemps, le vent ne représentait pas une douloureuse morsure pour moi mais plutôt un délicat murmure.

Cela faisait désormais presque deux semaines que Nox était né... Pour la deuxième fois. Je l'avais libéré d'une mort cruelle qu'il méritait probablement. Je venais de lâcher sur le monde un monstre d’égoïsme, je le lisais dans ses yeux. Derrière ce mur de glace, je pouvais voir une petite étincelle de satisfaction malsaine. Et je n'étais pas mieux.
Mais au fond de moi, je ne pouvais pas me blâmer, ni le blâmer lui... Oui j'étais faible, d'une faiblesse extrême dirai-je même : incapable d'endurer l'immense fardeau de la solitude, j'étais prêt à accepter n'importe qui. Même un esprit froid à l'apparence terrifiante. Et le pire c'est que je m'étais attaché à lui.
Il était désormais mon seul ami... Et il resterait probablement le seul pour une éternité. Tandis que ces nébuleuses pensées hantaient mon esprit, nous avancions dans la Lande d'Obnni... J'avais conscience que nos pas m'éloignaient de la vengeance qu'une partie de moi désirait plus que tout. Mais je voulais seulement tout oublier... J'essayais d'oublier. Mais dès que je fermais les yeux, les images de mon passé se peignaient derrière mes paupières endolories et je sentais le goût amer de la nostalgie.
Le soleil qui brillait faiblement dans le ciel, caché derrière des nuages grisâtres. Ils semblaient faits de cendres froides et s'amoncelaient aussi de nos têtes. Pire, ils avaient l'air de nous suivre, comme si Nox les appelait. Ou comme si j'étais leur cible et qu'ils s’apprêtaient à me maudire... Je passai une main fatigué sur mon visage trop jeune et lançai à Nox :
-Va-t-en. Je ne veux pas te voir, je n'ai pas besoin d'un mort.
-Voilà de bien dures paroles... Soupira l'esprit.
Je lisais dans son regard qu'il n'avait aucunement l'intention de partir et qu'il me suivrait quoiqu'il arrive. Mon visage se crispa et mon poing se serra. Je me retournai pour faire face à Nox qui marchait derrière moi et le saisit à la gorge tout en plongeant mes yeux dans les siens. Son regard indifférent me transperça de part en part avec une telle violence que j'en eus le souffle coupé... Je lâchai puis m'écroulai à terre, cherchant à respirer désespérement. Alors qu'enfin l'air regagnai mes poumons je me mis à hurler à m'en arracher les poumons :
-Pourquoi ?! Pourquoi ne t'en vas-tu pas ?! Pourquoi... pourquoi...
Je me remis debout et commençai à courir. Je ne savais pas où j'allais mais il fallait que je m'en aille, loin de cette atrocité. Tandis que je m'éloignais de Nox, je sentais ses yeux gelés fixer mon dos. Allait-il me laisser partir ? Étais-je capable de le semer ? Il fallait à tout prix que j'essaye. Mes larmes coulaient sur mon visage avant d'être emporté par le vent qui s'était mu en un cri de douleur alors que je courrais à travers la lande. Les arbustes me fouettaient les jambes et la poussière sombre que mes pas soulevaient emplissait mes poumons mais rien de tout ça n'était important désormais. La réalité de ma situation me frappait de plein fouet : j'étais un vivant au coeur mort, un homme mûr et meurtri arborant les traits d'un beau jeune homme. J'étais le reflet trouble de mon passé...
Je le fuyais lâchement mais il me suivait, inlassablement. Et ces souvenirs si douloureux avaient revêtit l'apparence d'un esprit aux multiples yeux et cicatrices. Nox. Il m’empêchait d'oublier... Il m’empêchait de l'oublier. Je crus un instant que mon coeur redevenait ce qu'il avait été alors qu'il battait follement.
Ma course m'amena au sommet d'une colline plus haute que les autres, sur laquelle poussait un arbre, solitaire. Je profitai de ma halte pour m’arrêter et reprendre mon souffle. Je posai mes yeux las sur le monde qui m'entourait : de sombres collines presque dépourvue de vie et un ciel morne et maussade... Je m'assis sur la terre sombre et posai mon menton sur mes genoux, dos au tronc d'un saule noueux et tortueux. A quoi bon fuir ?
Il me rattraperait de toute façon.

Nox gravit la colline quelques instants plus tard et me jeta un regard froid et méprisant lorsqu'il me vit recroquevillé sous les branches de l'arbre solitaire. Il s'approcha de son pas lent et assuré et déclara enfin d'une voix monotone :
-Vous n'êtes qu'un lâche en fin de compte. Vous m'avez déçu. Non pas que j'attendais quelque chose de vous mais... Et bien, je pensais que vous aviez l'étoffe d'un héros.
-Je l'avais cette étoffe... Soupirai-je tandis que les larmes revenaient. Je l'avais avant de tout perdre. Tu ne sais rien, tu ne peux pas comprendre.
Mon regard se durcissait à mesure que je parlai et je pus lire une pointe d'étonnement satisfait dans les yeux de l'esprit. Et il ouvrit la bouche et répondit sèchement :
-Je ne sais pas quoi ? Que vous avez perdu tous ceux que vous aimiez et que vous vous sentez désespérement seul ? Que ma présence vous rappelle cruellement que vous n'appartenez plus à ce passé vivant mais à un présent mort ? Vous êtes pathétique. Vous n'êtes pas le seul à souffrir. Lorsque je suis mort je les ai tous perdus... Je me suis mis à errer, cette amère souffrance emplissant mon être. Et j'ai choisis de massacrer cette mascarade appelée vie. Un enfant finit par croiser ma route. Je l'ai éventré puis je l'ai dévoré. D'autres enfants et adultes suivirent rapidement et ma soif de sang s'intensifiait. Puis j'ai fini par rencontrer celle que j'avais aimé. Au bras d'un autre. Je me souviens encore son cri de terreur alors qu'elle m'apercevait, quelques mois après ma mort... Ajouta Nox, un sourire malsain étirant ses lèvres. Je ne me suis jamais aussi senti vivant que lorsque je les ai massacré, sans la moindre pitié ou le moindre remord. Je me souviens encore du délicieux goût de son sang avant qu'il ne prenne le goût âpre et amer du regret. Alors pour l'oublier, je me remis à la tâche qui m'incombait et tentai de réduire la vie à néant. Je savais que je ne pourrais jamais l'achever mais essayer me rendait tellement plus vivant.

Je m'étais figé en entendant son récit. C'était donc cela que j'avais lâché sur le monde ? Une créature incapable de différencier le bien du mal, un être tout aussi fou que le Fils de la Forêt. Mais pourtant je le comprenais... J'imaginais sans peine la douleur qu'il avait ressenti et, au fond ce qui restai de mon coeur, j'étais convaincu que moi aussi j'aurais céder à cette douce folie salvatrice.
Mais j'étais vivant, je ne pouvais pas me permettre de m'abandonner ainsi à une éternité de massacre : j'avais encore une chance de fuir et me reconstruire. Oui j'étais lâche, mais quel mal y avait-il à cela ? Mes larmes moururent d'elle même et je décidai de répondre :
-C'est juste que... Je me retrouve condamné à errer sur ce monde, un mort à mes côtés alors que la seule chose que je désire est de la revoir en vie. Et ta condition me rappelle sans cesse que jamais cela ne sera possible. Elle est morte et elle était trop parfaite pour renaître sous une forme aussi maléfique que toi. Jamais plus elle ne reviendra, jamais plus je ne la reverrai...
Jamais... Ce mot sonnait comme une effroyable fatalité à mes oreilles. Je me rappelai l'expression populaire "ne jamais dire jamais" et comprit enfin son sens. C'était une expression de gens faibles incapable de faire face à la réalité et à la douleur.
-Les vivants sont censé s'attacher à la vie, vous savez. Oubliez-là. Rétorqua Nox sur un ton dur.
Je n'eu pas le courage de lui jeter un regard noir. Car je savais bien qu'il avait raison : penser à elle ne faisait que renforcer ma souffrance. Et tout comme moi, mon amour refusait de mourir, pour mon plus grand malheur... Je secouai la tête, refoulant mes larmes et finit par souffler doucement :
-Oui...
Le dire était horrible. Pendant un court instant je crus que j'allais mourir sur le coup d'avoir renié un passé si heureux, comme si je me faisais écorcher vif de l'intérieur. Je vis la main tendue de Nox, penché au dessus de moi, prêt à m'aider à me relever. J'oubliai aussitôt toute la culpabilité que j'avais éprouvé à propos de sa libération mais refusai sa main.
Je ne pouvais pas le toucher. Je n'en étais pas encore capable...
Prenant appui sur le tronc noueux, je me remis lentement sur pied, et embrassa l'horizon d'un large coup d'oeil.
-On peut voir de la fumée là-bas et j'arrive même à discerner quelques maison. Je vous propose d'y aller. Un peu de chaleur humaine ne vous fera pas de mal. Pour changer. Ajouta l'esprit aussitôt d'un air mesquin.
-Parles pour toi, cadavre.
Je me remis à redescendre de la colline, le coeur (ou plutôt ce qu'il en restait) lourd et meurtri. J'étais las.

Nous pénétrâmes le hameau en fin d'après-midi, alors que le soleil commençait à lentement décliner. Le village était constitué d'une trentaine de maisons rapprochées, comme si elles s'étaient rassemblées pour se tenir chaud ou pour faire face à un ennemi commun. Les habitations étaient néanmoins disposées en un semblant de cercle, avec en son centre le coeur du village : la place centrale. On entendait des marchands héler des passants, pour leur vendre leur viandes ou encore des vêtements colorés venant de l'ouest. Le hameau était plutôt animé et je sentis mon coeur se remplir d'une bien étrange sensation alors que je voyais, ressentais et respirais la vie et la chaleur humaine qui régnait tout autour de moi. Je jeta un coup d'oeil à Nox pour voir son expression et constatai que, non seulement il n'était nullement affectée par les villageois et leur condition de vivant, mais en plus il avait toujours cette repoussante et effrayante apparence...
Et pourtant les habitants ne semblaient pas choqué le moins du monde, s'ils avaient l'habitude de recevoir des étrangers... Avaient-ils également l'habitude de recevoir des esprits ? Et puis je remarquai le sourire amusé de mon compagnon qui murmura pour que seul moi puisse entendre ses paroles :
-Rassurez-vous, ils ne me voient certainement pas comme vous me voyez.
Je haussai un sourcil interrogateur et lui demandai, à voix basse également :
-Montres-moi.
Un petit rire faux s'échappa de Nox et son image sembla s'altérer, comme s'il frissonnait brutalement. Comme si sa peau disparaissait par gros lambeaux qui partaient en fumée tremblotante. Puis la totalité de son corps sembla onduler et se mit à dégager de gros volutes de fumée sombres. Et enfin je pus le voir comme les autres le voyaient... Il avait la peau pâle mais n'était plus aussi cadavérique, ses cheveux noirs semblaient mieux coiffé et surtout il n'avait pas d'autres yeux et bouches, ses cicatrices avaient disparus. Même la lueur terrifiante qui dansait habituellement dans son regard semblait s'être évanoui. Il me décocha un sourire amusé puis sa peau se mit à nouveau à s'évaporer et peu à peu il reprit sa forme de cadavre vivant... Je soufflai :
-Pourquoi ne restes-tu pas toujours sous cette forme humaine ?
-Voyez-vous, les pauvres êtres humains faibles sont incapable de me voir sous ma véritable forme, et il est certain que tous les habitants font partie de cette pitoyable catégorie. Mais... Pour les personnes comme vous, je me dois de m'efforcer de prendre une autre apparence, ce qui est bien plus éprouvant que vous ne semblez le penser. Et puis je ne me sens pas moi-même si je ressemble à un humain, ajouta-t-il en ricanant, cette lueur sombre dans les yeux.
J'allais répliquer quand je me rendis compte que nos pas nous avaient mené au coeur du hameau mais que surtout tous les regards étaient concentrés sur nous et que des murmures et des chuchotements parcouraient la foule de badauds qui s'était peu à peu amassée sur la place.
-Tu crois qu'ils ont vu ta... "transformation" ? Demandai-je doucement afin que personne d'autre que Nox n'entende.
-Aucun risque. Et puis c'est toi qu'ils regardent.
Je laissai courir mon regard étonné sur les villageois puis compris avec stupeur que l'esprit avait raison : leurs yeux étaient braqués sur moi et une rumeur me concernant certainement courrait parmi les gens présents sur la place. Je tendis l'oreille et sentis un frisson parcourir mon échine lorsque j'entendis le nom "War". Voilà mon passé qui me rattrapait brutalement.

Je baissai la tête tendis que les yeux convergeaient vers moi et maudissait le Fils de la Forêt. J'aurais pu passer pour un inconnu, un étranger, mais il avait fallu qu'il me redonne mon apparence d'il y a quinze ans, cette apparence que tout le monde semblait connaître hélas... Alors que nous allions quitter la place pour nous engager dans une petite ruelle entre deux maisons, un jeune garçon me héla de sa voix aiguë et surexcitée :
-War ! War !
Je me retournai et me retins de toute mes forces de lui jeter un regard noir. Il ne devait pas avoir plus de 8 ans et dans ses grands yeux verts brillaient une admiration sans bornes. Je soupirai intérieurement et me surpris à éprouver un semblant de fierté... Il me fixai intensément, sans savoir quoi dire puis un homme d'une quarantaine d'année s'approcha et sermonna le garçon, lui faisant comprendre qu'il ne devrait pas déranger les gens comme ça.
-Ça n'est pas grave, je vous assure. Lançai-je d'une voix fatiguée.
-Vous êtes vraiment...? Je veux dire, on dirait que vous n'avez pas vieilli. Etes-vous le héros de la Bataille de Solitude ? War ? Et puis tout le monde pensait que vous étiez...
Mon visage s'assombrit bien plus et je lâchai d'un ton dur :
-Non. L'interrompis-je aussitôt : je n'avais nullement envie envie de connaitre la fin de sa phrase. Je continuai d'une voix lasse : Celui que vous appelez War est mort. Il a été tué... Je suis Elysyum.
-Mais... Protesta l'homme.
-Ne m'appelez plus jamais War ! Hurlai-je soudainement pour que tout le village entende mes paroles.
Je remarquai le sourire en coin de Nox tandis que les rumeurs et murmures parcouraient de plus belle la foule qui s'était amassé autour de nous. Je bousculai celui qui m'avait parlé et pris le chemin de la sortie du village, Nox sur les talons. Une colère sourde battait à mes tempes, tandis que cette partie de mon passé m'envahissait. Cette fois il ne s'agissait plus de mon amour perdu... Je ressentis un coup de poignard dans le coeur à cette évocation. Cette fois il s'agissait de.... Non. Il fallait que j'efface tout cela, la vengeance était la plus grave erreur à commettre. Ce serait comme de rejeter cette deuxième chance offerte par la vie, ce serait comme massacrer la femme que j'avais tant aimé et qui aurait certainement voulu que je continue à vivre, que j'essaye d'être heureux... Il me fallait oublier cette colère. Je fermai les yeux et continuai de marcher à pas lents, désespérés. Ceux ci me menèrent à hors du hameau, jusqu'à des ruines lugubres.
C'était comme si un château s'était jadis dressé là mais le temps l'ayant violemment attaqué, ne laissa de lui qu'une haute tour délabrée de pierre sombre. Le fait qu'elle tienne encore debout semblait presque surnaturel. Je m'assis délicatement sur une pierre tombale qui sortait de la terre sombre, par peur qu'elle ne tombe en poussière sous mon poids et fermai à nouveau mes paupières et me calmai peu à peu. Je ne voulais pas redevenir la chose que j'avais été lorsque je m'étais échappé de ma cruelle cellule à Solitude. Car j'avais conscience que quelque chose m'étais arrivé, comme si j'avais perdu la raison ou qu'un monstre s'était emparé de moi. Et j'avais massacré Ingar. Mais il le méritait après tout...
Je me relevai, incapable de me sentir coupable, à mon grand dam, et pris la direction du village, alors que le soleil commençait à disparaître derrière l'horizon.
-Vous désirez y retourner ? Pourquoi ce choix ? M'interrogea Nox plus par ennui que par intérêt.
-Il semblerait que les innombrables étoiles ne cessent de me rappeler combien je suis seul... Je ne veux plus les voir. Murmurai-je avec une douloureuse lassitude tandis que le soleil avait presque entièrement disparu.
La nuit et ses milliers d'yeux reprenait peu à peu ses droits tandis que le solitaire astre du jour mourrait.
Je haïssais la nuit.

Nous arrivâmes enfin au village alors que la nuit venait tout juste de tomber et je remarquai que la place centrale était déserte et tellement plus silencieuse. Morte. Ce vide contrastant brutalement avec le trop plein de vie qui y régnait lors de l'après-midi, je me sentis étrangement lourd, comme si je devais absolument faire demi-tour. Comme si ce village était le pire endroit ou je puisse être. Je n'avais ma place nulle part en ce monde. Je traversa la rue pavée vide, avec la sensation que tout cela n'était certainement pas normal... Je ne mis pas longtemps à trouver l'auberge, avantageusement placée au coeur du village, le panneau de bois sur lequel était gravé "Repos du Vagabond" se balançant doucement dans la brise nocturne. Je frappai trois fois, la porte s'ouvrit rapidement et l'aubergiste nous ordonna d'entrer, les yeux exorbités :
-Par la nuit ! Rentrez vite ! Mais que faites vous dehors à cette heure là, vous êtes fous ?!
Je ne me fis pas prier et entrai aussitôt, Nox me suivant de près... Comme toujours. A peine le battant se referma-t-il qu'un cri déchira le silence paisible de la nuit, un cri dans lequel résonnait une peur viscérale, une terreur inégalable. Je me précipitai à la fenêtre, scrutant la place centrale du hameau dans l'espoir de voir quelque chose et aperçut finalement une silhouette se rapprocher de l'auberge en courant... Un homme seul et visiblement habité par une panique indomptable. Il se jeta contre la porte de l'auberge et tambourina de toutes ses forces contre le bois épais avec désespoir. Je pouvais aisément entendre ses sanglots déchirants. Cette homme était terrifié, il n'y avait pas de doute à avoir : il craignait pour sa vie. Je me précipitai pour lui ouvrir mais l'aubergiste fut plus rapide et se plaça devant moi, me suppliant :
-Je vous en prie ! Ne faites pas ça ! Vous voulez tous nous tuer ?!
Je m'apprêtai à le bousculer pour porter secours au malheureux jeune homme mais Nox posa une main froide sur mon épaule et fit lentement non de la tête. Il tendit alors son autre main vers la fenêtre sale, et ce que je vis derrière me glaça le sang.

Une créature sortie des plus sombres cauchemars de l'humanité. Sa silhouette massive quitta l'ombre à pas lents et s'avança sur la place. Elle se déplaçait sur ses quatre pattes, ses bras nettement plus grands et développés et que ses fines jambes qui semblaient presque frêles en comparaison. Sa queue massive traînait au sol et des pointes épaisses saillaient de son dos... Sa tête était courte et trapu mais ses mâchoires semblaient plus redoutables que celles d'un ours enragé. Et ses yeux... Deux émeraudes resplendissantes de malignité. Une des pointe qui sortait de son dos était deux fois plus longue que les autres et était terminée par une chaîne de six ou sept maillons seulement au bout de laquelle pendait une belle lanterne finement ouvragée. La flamme abritée en son sein diffusait une lueur chaude dans le hameau envahit par l'obscurité.
Mais le regard vert du monstre refroidissait l'atmosphère avec brutalité. Ses pas lourds résonnaient dans tout le village tandis qu'il se rapprochait de sa proie. Lorsqu'il ne fut plus qu'à une dizaine de mètres de celle-ci, il poussa un cri rauque et bondit dans sa direction, accélérant soudainement !
Je ne pus réprimer un hoquet de surprise tandis que je prenais conscience que le monstre était constitué d'une roche grisâtre. Une horreur de la nature, taillée dans la pierre mais habité par une force malsaine. Par un violent désir de tuer.
La gargouille vivante saisit les jambes du pauvre homme égaré avec sa main puissante et le tira en arrière, le traînant sans ménagement sur les pavés. Elle le souleva au dessus du sol avant de le projeter contre la maison la plus proche, fissurant le mur sous l'impact. Un craquement écoeurant retentit, mettant fin aux hurlements de la victime tandis que chacun de ses os se brisait. Mais la créature ne s’arrêta pas pour autant. Elle poussa un autre hurlement et projeta son jouet disloqué à plusieurs mètres au dessus du sol, sauta pour le rattraper dans gueule puis le coupa en deux, créant une véritable pluie de sang. Le sol tremble, de peur sans aucun doute, lorsque l'être de pierre retomba, les restes sanguinolents de sa proie entre ses dents.
Elle posa le cadavre, ou du moins des morceaux de cadavres, au centre du cercle formé par les maisons, de façon à ce que tout le monde voit son oeuvre. Puis la gargouille se redressa sur ses pattes arrières, leva ses poings rocheux et les abattit avec une brutalité inouïe.
Une explosion de sang repeignit le hameau en rouge.
Et la créature surnaturelle disparut dans les ténèbres qui régnaient un peu plus loin.
-Le Veilleur.... Souffla l'aubergiste, la mine sombre et attristée. La nuit n'est pas sûre dans le village d'Eduskka.

Pas d'étoiles cette fois, juste le noir. Le noir total et complet, l'absence de toute vie, de toute lumière... Les innombrables étoiles, qui me rappelaient cruellement combien je pouvais être solitaire, ne m'importunaient pas ce soir. Enfin.
Allongé sur le matelas mou rempli de paille puante qui me servait de lit, je fixai l'obscurité avec insistance. Le sommeil ne venait pas, il refusait de m'emporter. Même lui ne voulait pas de moi... J'étais un paria dans ce monde. Je fermai les yeux avec insistance mais rien n'y fit, l'image de cette gargouille vivante en train de réduire en homme en charpie me hantait profondément. Je revoyais sans cesse ces poings s'abattre sur sa victime disloquée, causant une véritable explosion de sang.
Il me semblait que l'écarlate avait recouvert mes yeux fatigués. Ce monstre m'obsédait. Et surtout il me terrifiait... Moi, celui qu'on appelait héros, n'avais pas pu bouger : j'avais été paralysé par la peur. Quel "héros" pathétique je faisais... Mais après tout, c'était eux qui me prenait pour tel, pour ce que je n'étais pas et ce que je ne serais jamais. Mais peut-être l'avais-je été un jour.
Malgré l'obscurité, je sentais la présence de Nox, à l'autre bout de la chambre. Comme si son être dégageait une aura froide, mais qui glaçait le sang et l'âme et non les os. Je frissonnai malgré les couvertures... La pluie battait faiblement contre les carreaux de l'unique fenêtre de la chambre, me berçant tout doucement, me ramenant à l'époque où la pluie était une bénédiction. Lorsqu'elle me permettait de tenir quelques jours de plus, dans cette affreuse cellule. Je soupirai intérieurement en sentant le sommeil m'envahir peu à peu.
Quelle ironie. La souffrance, ou du moins son souvenir, m’apaisait.
Je laissai les bras froids de Morphée m'attirer et je m'abandonnai à son étreinte. Je le maudis aussitôt alors que je m'enfonçai dans un dédale cauchemardesque.
Je n'avais aucun endroit où aller, nulle part pour me cacher. Perdu dans un labyrinthe obscur, pourchassé par d'horribles bêtes de pierre. Elles ne respiraient pas, leur coeur ne battait pas non plus... Et pourtant elles vivaient. Et elles en avaient après moi, leur intentions meurtrières résonnaient sourdement dans l'atmosphère pesante de ce mauvais rêve.
Où était-ce la réalité ? Non, si tout cela était vrai, Nox serait à mes côtés... Ou peut-être sur mes talons, empli d'une violente envie de me tuer.
Une chose était sûre : je fuyais et cherchai désespérément une cachette. Même dans mes rêves je n'étais qu'un pitoyable "héros".

Ce fut la lumière faiblarde du soleil matinal qui me réveilla. Ses rayons peinaient à filtrer à travers les nuages et les vitres sales et j'eus la désagréable impression que quelque chose d'autre essayait de les empêcher de rentrer.
Nox. L'esprit glacial et dérangeant, l'être maléfique qui m'accompagnait.
Je secouai la tête pour mieux me réveiller et chasser ces pensées pour le moins déstabilisantes et me leva doucement. Je ne pus empêcher un frisson de parcourir mon échine tandis que je constatai que Nox était dans le même fauteuil miteux qu'hier soir. Il n'avait pas bougé de toute la nuit et n'avait probablement pas dormi, ses yeux restant rivés sur l'extérieur, à travers le verre mal nettoyé. Derrière la fenêtre, le monde paraissait affreusement laid et souillé.
Je souris d'un air las en pensant qu'il s'agissait probablement de son véritable visage. Je quittai la chambre avant d'entreprendre de descendre les marches en bois d'un pas lourd, le terrifiant esprit me suivant comme une ombre. Une ombre... En y réfléchissant, ça lui allait à la perfection.
-Oh monsieur ! Vous désirez manger un morceau ? S'exclama le tenancier de l'auberge sur un ton enthousiaste.
-Non.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites moi signe. Ajouta-t-il avant de se remettre derrière son comptoir.
Je lui jetai un regard noir et fis mine de quitter l'édifice. Cet homme... Je ne pouvais m’empêcher de le mépriser. Il avait été tellement ravi de me voir entrer chez lui : sans nul doute qu'il se servirait de ma présence en ces lieux pour attirer plus de clients. Il n'était qu'un charognard. Et il me rappelait sans cesse que je n'étais plus rien de ce que j'avais été.
Je poussai la porte de bois et sortit dans la rue, pour voir plusieurs hommes changer l'enseigne de l'auberge : le Repos du Vagabond devenait le Repos du Héros. Je serrai les poings et accéléra le pas, évitant volontairement de regarder l'endroit ou le pauvre homme avait été massacré. Mais j'entendais tout de même des gens nettoyer les pavés désormais écarlates. Et les cris de peur et de désespoir de la proie humaine résonnaient encore en moi. J'étais faible, pathétique. Apeuré à l'idée de faire face à la mort je fuyais lâchement...
Et Nox ne disait mot. Plus silencieux qu'une tombe, il écoutait et observait tout, de son air terriblement indifférent. Il me faisait froid dans le dos. Littéralement. Tandis que je ruminais mes peurs les plus obscures, je sentis de petites mains s'accrocher à ma jambe. Je me retournai lentement pour ne pas blesser celui qui s'accrochait désespérément à moi et découvris deux grands yeux verts, plein d'espoir cette fois. Ses yeux humides témoignaient de récents pleurs. Il sanglotait encore légèrement mais semblait essayer de se contrôler pour ne pas pleurer.
Si jeune et insouciant... Il croyait sans doute que les larmes étaient une preuve de faiblesse et de lâcheté. Elles étaient en réalité témoignage d'humanité. Je ne pus m'empêcher de sourire devant tant d'innocence. Malgré tout, il m'étais impossible d'arborer un sourire pleinement heureux... C'est alors que le jeune garçon finit par me supplier d'une voie tremblante :
-S'il vous plait Sir War... Je vous en prie, sauvez nous.
Je fis semblant de ne pas avoir entendu la façon dont il m'avait appelé puis le repoussai doucement et m'accroupis à coté de lui. Il était vraiment petit, peut-être n'avait-il même pas 8 ans en fin de compte, et ma grande taille me faisait paraitre pour un géant à coté de lui. Je chuchotai de façon à ce que seul lui entende :
-Je ne suis pas celui que tu cherches. Celui que tu cherches... Et bien il n'est plus parmi nous. A sa place, vit un paria caché derrière un masque de héros. Comprends-tu ?
Je me rendis compte que mes paroles, aussi belles fussent-elles, ne risquait pas d'avoir été comprises par un enfant de son âge. Ainsi, je ne fus pas surpris de le voir hocher négativement de la tête, l'air interrogateur. Ses grands yeux couleur de l'espérance me fendaient le coeur : n'avais pas été comme ça après tout ?
-Dans les contes, les héros finissent toujours par revenir. Même lorsqu'ils sont morts... Murmurai-je au petit avant de me lever brusquement et de quitter Eduskka.
Je prononçai alors pour moi-même, ignorant la présence de Nox :
-Mais un paria ne passe jamais deux fois au même endroit...