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Noblesse de Coeur

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Message par Unholyscream Mer 24 Juil - 22:15

     Le Seth étira son long corps de chacal, réveillant chacun de ses muscles engourdis. Après ce long sommeil de plusieurs jours, il avait terriblement faim. Et ce n'était pas les petits animaux du désert qui allait contenter son appétit, oh que non. Il lui fallait une proie autrement plus grosse, ou au moins plus savoureuse. Une proie aussi goûteuse que la chair humaine par exemple... A cette pensée, le Seth se lécha les babines avant de bailler et de secouer son épaisse crinière rouge. Puis il poussa un long rugissement qui résonna jusqu'aux confins de son territoire de dunes. Il s'ébroua, chassant sable et poussière de son pelage rayé d'or et de jais, hérissant alors ses poils de façon menaçante. Puis il se mit en chasse, le museau en l'air à la recherche de l'odeur délicate de ces délicieux humains.

Spoiler:

Dameon

    L'Angel's Lament approchait enfin d'une île. Après avoir erré des jours en mer, suivant leur Log Pose volé, l'équipage entier se languissait de la terre ferme. Aussi, quelle ne fut pas notre joie lorsque Meridia, du haut du nid-de-pie, cria :
Meridia : Terre en vue, Capitaine ! Vers le Sud !
Dameon : Rashek, cap sur cette île ! Le sol me manque à vrai dire.
Le navigateur répondit en soupirant :
Rashek : Nous n'avons pas le choix de toute façon, puisqu'il nous faut absolument suivre ce Log Pose. Nous ne sommes pas si libre que ça finalement...
Pandore : Détrompes-toi, la liberté est totale. Nous sommes libre d'aller où l'on veut ! Cette boussole n'est qu'un simple guide, rien de plus. Libre à nous de le suivre docilement ou de l'ignorer, de façon éhontée. Libre à nous de vivre ou mourir... Qui sait la chance pourrait nous mener à bon port ? Le destin peut remplacer un Log Pose.
La jeune femme éclata alors de rire, avant de se placer à ma droite, à la proue du navire, l'endroit que j'affectionnais le plus. J'adorais rester debout ici des heures durant, à contempler la mer et le ciel, à réfléchir... Comme à mon habitude, mes yeux étaient fixés sur l'horizon, sur la silhouette de l'île qui grossissait peu à peu. Un sourire rêveur illuminait mon visage.

    Le navire accosta quelques heures plus tard alors que le soleil s’apprêtait à atteindre son zénith. La matinée touchait à sa fin mais déjà la température était presque insoutenable. La chaleur était étouffante et nous crevions de chaud dans nos vêtements. Ma robe noire attirant le soleil, je décidai de l'enlever partiellement, ne la gardant qu'au niveau des jambes et je constatai, à mon grand malheur, que ni Pandore ni Meridia n'accepta de m'imiter en se dénudant... Devant, s'étendant un océan de sable, des dunes à perte de vue. Le paysage était toutefois ponctué d'immenses cactus, mesurant au moins une dizaine de mètres, aux fleurs colorées et aux longues épines acérés. Mais le plus impressionnant était sans aucun doute la silhouette massive d'énormes montagnes déchiquetées, qui semblaient se dresser aux confins du désert. Mais la chaleur était telle que je me demandais si nous n'étions pas tout simplement victime d'un mirage... Je secouai la tête pour dissiper ces pensées et, après avoir vérifié que l'ancre avait bel et bien été jetée, je bondis à terre. Passant distraitement une main dans mes cheveux, je lançai d'un ton amusé :
Dameon : Bon, il semblerait que nous soyons sur une île estivale à voir cet aride désert de sable. Pandore, il nous reste beaucoup de provisions ?
Pandore : On a encore un tonneau d'eau potable et un autre rempli de vivres en tout genre. Fruits, viandes séchées etc... Bref, on a de quoi survivre une bonne semaine dans le désert je dirais.
Dameon : Parfait. On longe la côte jusqu'à ce qu'on trouve une ville où un endroit où se ravitailler. De toute façon, on trouvera bien de quoi manger sur la route, c'est plus pour l'eau que je m'inquiète... On va devoir se priver un peu mes amis.
Sur ce, je pris la tête du groupe et commença à avancer sous un soleil de plomb et sur un sable brulant. Pandore marchait à mes cotés, Malphas enroulé autour de son cou tandis que Rashek et Meridia était juste derrière, l'un portant l'eau potable, l'autre portant la nourriture. Deux heures plus tard, ce fut à mon tour de porter le lourd baril d'eau tandis que Pandore avait l'autre. Malgré les conditions extrêmes de notre début d'aventure, rien ne pouvait entacher ma bonne humeur. J'étais... Nous étions sur GrandLine. Un mer à la hauteur de notre équipage !

    Le soir même, nous étions réunis autour d'un feu, allumé grâce à l'herbe sèche qui poussaient aux alentours. Après un repas composé de pommes et de viande de bison (souvenir Windhelm), mes amis, excepté la terrible Nocturne, allèrent dormir. Moi aussi je décidai de rester encore un peu éveillé. Allongé sur le dos contre le sable qui se rafraîchissait sous le ciel nocturne, les yeux plongés dans les étoiles. Bercé par le bruit que Nocturne faisait en aiguisant ses ongles, je fermai mes paupières. Le silence de la nuit était régulièrement troublé par les vents marins qui venaient mourir sur la côte et je crépitement des flammes agonisantes. C'est ainsi que, peu à peu, je m'enfonçai dans un sommeil peuplé de cauchemars. Les obscures pulsions faisaient battre mon coeur plus violemment que jamais. J'avais l'impression que la douleur était plus forte qu'à l'ordinaire... L'envie de tuer, mutiler, en devenait presque irrésistible.
Le soleil levant me réveillant, répandant sa lueur sanguine sur le monde. Une main crispée sur mon coeur je devais me contenir, retenir cette folie. Si je la laissais exploser, je n'étais même pas sur de pouvoir reconnaître mes amis... Je bus une gorgée d'eau tiède, faute de mieux, et parvins à oublier le monstre qui sommeillait en moi, prêt à jaillir hors de sa cachette. Le jour passa comme le précédent : chaud et long. Nous ne parlions pas beaucoup, économisant nos forces puisque nous avions décidé de nous nourrir uniquement au soir et au matin. Cependant, alors que le soleil brillait au dans le ciel, je m'approchai d'une Pandore crevant de chaud malgré ses vêtements légers et fins pour lui proposer :
Dameon : Ma chère, tu aurais moins chaud en enlevant ce T-shirt.
Pandore : Hum oui tu as raison.
Dameon : Sérieusement ?!!
Pandore : Bah ouais, il fait trop chaud pour que je le garde.
Sous mes yeux ébahis (et ravis), la jeune faucheuse commença à enlever lentement son T-shirt. Soudain, alors que je m'apprêtais à déguster une délicieuse vision, elle enfonça son coude dans mes cotes, me coupant le souffle. Lorsque je relevai la tête, elle avait en effet enlever son haut... Pour laisser place à des bandages blancs couvrant sa poitrine. Dommage... Mieux que rien, pensai-je en soupirant. Me voyant réagir de cette manière, la femme pirate leva les yeux au ciel et me propulsa à terre d'un coup de pied en plein torse. Étendu sur le sable brûlant  j'éclatai de rire avant de hurler de douleur. Je me relevai d'un bond et, avec un sourire espiègle alla tenter ma chance avec Meridia.
Dameon : Ma douce, n'aurais-tu pas trop chaud avec cette longue robe colorée ?
Meridia : Du tout, je viens du désert moi ! La chaleur c'est toute ma vie.
Dépité, je la déchargeai de son fardeau, le baril d'eau potable, et avançai en trainant les pieds.

    La nuit fut sombre ce soir là. Tout comme mes pensées. Mes démons me tourmentaient violemment, cruellement... Cela faisait bien longtemps que n'avais pas assouvi leur macabres désirs, et ils me le faisaient payer. Ils me tuaient en rêve. La folie me guettait. Lorsque j'ouvris les yeux le matin suivant, je crus que j'allais céder... Je parvins à oublier cette folie latente en répandant une atroce douleur dans tout mon corps mais... Etait-ce suffisant ? Le jour fut éprouvant. Personne ne parla beaucoup, hormis peut-être Meridia qui se sentaient vraiment à l'aise parmi ses dunes et qui racontait sa vie au milieu du désert à voix haute. Mais le seul à prêter véritablement attention à ses paroles étaient Malphas qui, enroulé autour du bras de la jeune femme, la regardait intensément, buvant ses paroles. Après est-ce qu'il comprenait, là était la question, peut-être appréciait-t-il simplement la jolie voix de Meridia. Rashek et moi marchions côte à côte, sans dire un mot. Nous portions à deux le tonneau d'eau, soulageant nos bras quelque peu. Si le baril s'était pas mal vidé depuis de notre départ, nos forces semblaient également s'être envolés : nous mangions et buvions si peu... Sans un soupir ou un gémissement de douleur il avançait pieds nus sur un sable aussi chaud des charbons ardents. Je ne pouvais voir son visage, comme toujours dissimulé derrière ses longs cheveux. Mais je savais que la souffrance qu'il ressentait, il l'aimait d'une façon ou d'une autre. Il se punissait sans arrêt... Nul doute que grand nombre de ses cicatrices, plaies et meurtrissures avaient faites volontairement...
Dameon : Pourquoi marches-tu pieds nu ?
Rashek : J'ai toujours marché pieds nus, je n'ai pas de raison de changer ça.
Dameon : Marcherais-tu sur des clous, ou dans les flammes ?
Rashek : Oui. Tu sais, tu as dit que tu m'aiderais... Mais je crains de ne pouvoir être aidé, car le problème ne vient que de moi. Comment pourrais-tu aider un homme qui se haït du plus profond de son âme ? Chaque jour j'aimerais me voir mort et pourtant je suis trop faible pour m'offrir ce luxe.
Dameon : Mon offre tient toujours, je peux toujours te tuer si tu le désires.
Rashek : Merci, Capitaine...
Sa voix lasse et mélancolique mourut, emportée par le vent et il s'éloigna, portant seul son lourd fardeau. Qui était pourtant infiniment plus léger que le poids de la haine et de la solitude qu'il portait sur ses épaules depuis si longtemps. Toujours aussi maussade, j'avançai, le corps couvert de gouttes de sueur. C'est alors qu'un rugissement, guttural, retentit dans le silence de cette chaude journée. Je me retournai et aperçut au loin une sorte de nuage de poussière.
Pandore : Une tempête de sable ?
La jeune femme du désert éclata de rire avant de lancer sur un ton moqueur :
Meridia : T'as déjà vu une tempête de sable qui rugit ? Plutôt une sorte de lion...
Je plissai les yeux, et parvint à apercevoir quelques silhouettes ayant l'air humaines, se déplaçant rapidement vers nous. Des ennemis ? Puis je remarquai l'énorme silhouette qui les pourchassait. C'était elle qui soulevait tout ce sable ! A nouveau la créature rugit et accéléra encore, bondissant de dune en dune à une vitesse folle. La créature mesurait bien 6 ou 7 mètres de haut, son épaisse crinière écarlate flottant majestueusement dans l'air autour d'elle. Je ricanai :
Dameon : T'as déjà vu un lion de cette taille ?

 


Dernière édition par Unholyscream le Dim 10 Nov - 22:43, édité 5 fois
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Message par Mam'Rik Ven 26 Juil - 2:45

Au lieu de fuir comme l'auraient fait tout autre être humain normal, Dameon continua de contempler le spectacle. Étaient-ce ces silhouettes qui l'intriguaient ? La bête qui les poursuivaient ? Ou bien peut-être ne s'intéressait-il qu'à la scène en elle même et non en ces acteurs ? Nul ne le savait, pas même les membres de son équipage qui étaient restés à ses côtés.
La bête continuait d'avancer, soulevant à chacun de ses bonds un peu plus de sable. Mais cela sans atteindre pour autant ses proies qui luttant pour leurs survies donnaient le meilleur d'elles mêmes. Voyant que personne ne réagissait Pandore prit la parole.

Pandore : Non pas que le spectacle me déplaise mais, on fait quoi quand le monstre est arrivé à notre niveau ?
Méridia : On la capture ! Ça ferait un super animal de compagnie !

Malphas poussa alors un léger sifflement pour exprimer son mécontentement devant cette remarque.

Rashek : Certains semblent ne pas apprécier cette idée... Mais la question reste justifiée, que comptes-tu faire à propos de ça Capitaine ?
Dameon : Attendez...
Pandore : Ce truc, il approche plutôt vite tu sais..
Dameon : Oui mais... Le petit là-bas, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.

Tout l'équipage se concentra alors sur les silhouettes qui approchaient. Les courbes de la première précisaient qu'il s'agissait d'une femme tandis que la taille du second précisait qu'il s'agissait d'un enfant. Tous se concentrèrent alors sur l'enfant que leur capitaine pensait avoir reconnu. Aucun d'eux ne fut capable de placer un nom sur son visage, voir même de placer son visage tout court qui masqué par les grains de sable ne ressemblait pas à grand chose. Aucun, sauf Malphas qui bénéficiait de la meilleure vision de l'équipage et qui poussa donc un croassement pour faire signifier qu'il avait le même sentiment que Dameon. Rapidement cette reconnaissance faciale prit des allures de concours, c'était au premier qui reconnaitrait le petit garçon qui leur fonçait dessus. Malphas avait bien entendu la première place mais il concourait dans la catégorie "Animaux à vue perçante". Tous se battaient donc pour la première place en catégorie "Humain incapable de voir à travers une tempête de sable" lorsqu'un indice important entra en jeu ! Des paroles, on entendait les deux silhouettes parler, il s'agissait sûrement de l'élément qui déterminerait le grand gagnant ! Tous tentèrent alors d'écouter la conversation, faisant comme ils le pouvaient pour ignorer les puissants pas de la bête qui approchait.

La femme : Pourquoi est ce qu'on court ?
Le gamin : Pour sauver notre peau !
La femme : Mais pourquoi ils voudrait nous manger ? On est pas de la nourriture.
Le gamin : Pour eux si, maintenant cours et tais toi, si tu te fais bouffer ici Riku me le pardonnera jamais !

Soudainement, Dameon et Pandore semblèrent comprendre quelque chose. Ils relevèrent tous les deux la tête et échangèrent un regard complice avant de rire un bon coup.

Méridia : Qu'est ce qu'il se passe ? Vous l'avez reconnu ?!
Dameon : Un gamin comme ça, j'aurais dû le reconnaitre tout de suite, il a pas changé depuis la dernière fois.
Pandore : Agito, je pensais pas que ce serait le premier marine que l'on croiserait sur Grand Line, du coup maintenant qu'on sait ça, on fait quoi ? Parce qu'ils sont plutôt proches là.
Dameon : On tue cette créature bien sûr ! On est pas venu sur Grand Line pour fuir devant l'adversité, encore moins en présence d'un marine !

Cette réponse ne sembla surprendre personne dans l'équipage, chacun avait d'ailleurs déjà sorti son arme, du moins pour ceux qui en utilisaient. Les cinq pirates se placèrent donc en ligne, attendant fermement l'énorme animal.
Les deux fuyards virent alors leur salut dans ce groupe et ne se firent pas prier pour se placer derrière eux et les laisser se charger de la bête qui les avait poursuivi jusqu'ici.

La femme : Et là pourquoi on court plus ?
Agito : Parce que j'suis fatigué !

L'animal qui les suivait s'arrêta juste devant la barrière humaine qui s'était formée, soulevant un dernier rideau de sable. Lorsque celui-ci retomba, la bête pu constater que ces cinq humains étaient toujours là. Ils la séparait de son repas, chose qui la choquait profondément : cela devait être la première fois qu'un humain montrait l'intention de la combattre. Puis la surprise passa, et ses instincts de prédateurs refirent surface. Il se jeta alors directement sur celle qu'il supposa être la cible la plus faible du groupe, Méridia. Dameon qui comprit l'erreur du monstre ne prit même pas la peine de s'assurer que son équipière s'en sortirait et se retourna vers Agito et la femme qui l'accompagnait. Les deux étaient tombés sur le sol, à bout de souffle. Le pirate s'accroupit donc et engagea la conversation.

Dameon : Alors comme ça tu fuis les animaux sauvages maintenant Agito ? La dernière fois que je t'ai vu tu étais beaucoup moins craintif que ça.
Agito : J'ai pas mangé depuis au moins une quinzaine d'années, je pouvais pas combattre et la protéger en même temps, pas dans cet état ! Et puis toute manière c'était pas cette bête que je fuyais...
La femme : J'aurais pu me protéger toute seule tu sais.
Dameon : Attends, t'as dit que c'était pas elle que tu fuyais, qu'est ce que tu fuyais alors ?
Agito : Pas quoi, qui...

Le petit marine venait de piquer la curiosité de Dameon. Il y avait donc une autre menace qui planait dans ce désert, une menace d'origine humaine ? Voilà qui promettait d'être intéressant. Il s'apprêta à en demander plus lorsque les paroles de Pandore le sortirent de son petit dialogue.

Pandore : Ce combat est bien moins drôle que ce que j'avais imaginé.
Rashek : Il n'a aucune force, il est bien trop affamé pour cela, on dirait qu'il n'a rien mangé depuis des semaines.

En effet, Méridia suffisait à elle seule à contenir la force de l'animal. Ayant rapidement constaté son manque d'énergie elle n'avait même pas prit la peine de jouer avec lui. Elle s'était juste contentée de contenir ses coups, ennuyée par le peu de résistance qu'offrait son adversaire.
Dameon se releva alors, et prit la place de Méridia en approchant calmement la bête. Il leva sa main et en posa la paume sur le torse de l'animal. Celui-ci ne tenta pas de se défendre, il avait compris qu'il ne pouvait rien faire, il s'était soumis. Le capitaine pirate souffla alors ces quelques mots : Toucher de l'Ange de la Mort. L'animal éprouva donc une douleur atroce avant que ses yeux ne se révulsent et qu'il ne tombe à la renverse...

La femme : Tu l'as tué ?!
Dameon : Il n'y a aucun plaisir à tuer une créature aussi faible, je l'ai juste endormi.
Agito : J'espère que t'as bien observé Lily, Dameon Kaliban vient d'épargner une vie, c'est un évènement qui n'arrive qu'une fois tous les dix ans, et nous avons eu la chance d'y assister, applaudit.

La marine naïve comme tout se mit alors à applaudir avec entrain, chose qui fit rire le groupe de pirate, à l'exception de Dameon qui était visé par la blague et de Rashek qui ne semblait pas prêt de rigoler à une quoi que ce soit.

Dameon : Tous les dix ans hein, tu sais ce que ça veux dire ça Agito ?
Agito : Non ?
Dameon : Que je ne vais pas vous épargner vous !

Cette blague là fut beaucoup moins drôle pour le petit marine qui ne pu s'empêcher de se maudire pour s'être retrouvé dans une situation pareille. Loin de Riku et prêt de l'un des pirates les plus dangereux qu'il ait rencontré. Pour compléter le tableau il fallait ajouter qu'il était à bout de force, qu'il avait sous sa responsabilité une petite marine aux capacités... Imprévisibles. Et que ce dangereux capitaine avait avec lui tout un équipage de dangereux pirates...

Dameon : Bon, trêve de plaisanteries, faisons rapidement les présentations. Méridia, Rashek, je vous présente Agito, un marine qu'on a déjà eu l'occasion de croiser par le passé. Cependant je ne me souviens pas avoir rencontrée la jeune demoiselle qui t'accompagne.
Agito : Dameon, voici Lily, Lily, je te présente Satan et ses sbires...
Lily : Enchantée monsieur Satan.

Cette blague ci eut le mérite de faire rire un peu plus de monde.

Dameon : Votre équipage aussi a bien changé depuis la dernière fois hein. Et si tu me disais ce que vous faites sur cette île alors ?
Agito : J'en ai absolument aucune idée, c'est Riku qui s'occupe du pourquoi et du comment, moi tout ce que je sais c'est que là je meurs de faim, et de soif aussi... Et qu'il me reste que 4 sucettes pour survivre dans ce désert aride...
Pandore : Et il est où d'ailleurs Riku ?
Agito : Capturé.
Dameon : Par qui ?
Lily : Par eux.

Tous se retournèrent alors dans la direction que pointait Lily du doigt pour découvrir un groupe d'hommes qui s'élevait de derrière une colline. Quoi qu'à bien y regarder ils n'étaient peut être pas humains. Ils étaient horriblement maigres et semblaient posséder des griffes à la place des ongles tant ceux-ci étaient longs. A noter aussi la couleur noire de ces mêmes ongles et la pâleur de leurs peaux... Ils étaient tout aussi monstrueux que la bête qu'ils venaient d'affronter...

Agito : C'est eux que l'on fuyait.
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Message par Unholyscream Dim 28 Juil - 20:29

Dameon

    Les poursuivants, montés sur d'étranges créatures à l'aspect chevalin, s'étaient eux aussi arrêtés, au sommet d'une dune. Ils nous toisaient, nous jaugeaient, hésitant. S'ils avaient l'air terrifiants, leurs montures n'étaient pas en reste. Maigres, comme tout ce qui semblait vivre sur cette île, elles avaient un pelage uni, couleur sable. Leurs membres fins évoquaient ceux des lévriers et leur tête semblaient être un croisement  entre le loup et la gazelle. On pouvait ainsi voir deux cornes effilées surmonter ce crâne, juste au dessus de deux petits yeux noirs... L'une de ces créatures hennit puis bondit vers l'avant, galopant et sautant sur le sable comme s'il s'était agi d'un sol ferme et stable. La grâce de la créature contrastait violemment avec son aspect... Mais ce n'était pas le moment de les regarder bouche bée. Je me tournai vers Agito et lui lançai :
Dameon : Comment ça se fait que Riku se soit fait attraper ? Est-il devenu si faible ?
Agito : Non, ces monstres nous sont tombés dessus vers l'aube pendant que tout le dormait. J'ai seulement eu le temps de prendre Lily et de m'enfuir. Puis on a croisé le lion géant et on a pas arrêté de courir depuis.
Pandore : Personne ne montait la garde ?
L'enfant rougit puis regarda le sol penaud, me faisant éclater de rire de façon sarcastique. Je réfléchis alors à toute vitesse. Que faire ? Nous ne pourrions pas aller bien loin à cause de leur monture, la seule option était de combattre. Et l'idée de sauver ce cher Riku m'amusait beaucoup. Un sourire moqueur étirant mes lèvres, je raffermis ma prise sur mes dagues et ordonna à mes amis de se préparer au combat. Curieux, je demandai tout de même au jeune marine :
Dameon : Agito, comment avez-vous fait pour leur échapper aussi longtemps ?
Agito : Bah à vrai dire ils étaient pas sur ces chevaux bizarres. J'croyais qu'on les avait semés mais en fait ils étaient juste allé récupérer leurs montures.
Dameon : Et vous vous êtes battus contre eux ?
Agito : Non, le temps qu'on se rende compte qu'on était attaqué, Riku et Shigeru avaient déjà été capturés.
La jeune faucheuse haussa un sourcil :
Pandore : Shigeru ?
Agito : Tu verras.

    A peine avait-il fini de parler que les ennemis étaient déjà sur nous. Leurs effroyables montures l'étaient encore plus d'aussi près, contrairement à leurs maîtres qui semblaient justement moins monstrueux. Leurs visages étaient tout à fait humains, si on oubliait leurs lèvres noires. Leurs corps n'étaient en aucun cas difforme, seulement malmenés par la faim et la maigreur... Seules leurs mains noires et griffues leur donnait l'apparence de monstre. Et c'était bien assez. Rapidement nous nous retrouvâmes encerclés par une dizaine de cavaliers, qui nous menaçaient de leurs lances aux pointes finement forgées et terriblement acérées. Ils portaient des armures métalliques partielles (et qui semblaient très légères) qui leur couvraient les avant-bras, le haut du torse et dos ainsi que leurs jambes. C'est alors que le cercle s'ouvrit pour laisser entrer celui qui semblait être le chef : autour de son cou resplendissait la crinière rouge d'un de ces gigantesques lions du désert. Il dégaina deux longues lames dentelées et les plaça sous ma gorge. Puis il cracha, avec haine :
Chef : Que font des étrangers dans notre Royaume ?
Toujours en position de combat, je lui jetai un regard noir et répondis, avec un sourire moqueur :
Dameon : Pourquoi des chasseurs nous attaqueraient ainsi ?
Chef : Ah ! Vous nous prenez pour des chasseurs ? Pas de doute, vous n'êtes rien de plus que des étrangers. Il n'y a rien à chasser dans ce désert, hormis les étrangers visiblement. Répondez à ma première question ou votre tête ira rejoindre les sables.
Je me maudis intérieurement : nous aurions du attaquer aussitôt au lieu de les laisser prendre l'initiative. Mais ils étaient trop nombreux, mieux équipés et probablement en meilleure forme. Sans départir de mon sourire, je lançai :
Dameon : Nous venons faire un peu de tourisme sur votre belle île. J'espérais que vous pourriez nous indiquer les endroits à visiter...
Pandore : Je ne suis pas sur que ce soit le moment, capitaine...
Agito : Nous nous sommes perdus voilà tout ! Mais pourquoi nous attaquer comme ça, en pleine nuit ?!
Le chef éclata de rire, secouant la majestueuse crinière qui ornait son cou. Il leva ses lames au dessus de sa tête et les frappa brutalement, rapidement imités par ses hommes qui firent de même avec leurs lances. Puis son rire tonna et il replaça ses épées sous ma gorge.
Chef : C'est la guerre. Et lorsque l'on entre sur le champ de bataille, il faut choisir un camp, sinon l'on meurt. Oui la guerre est injuste et impitoyable, et c'est pour cela qu'il m'a fallu devenir aussi impitoyable qu'elle. Êtes-vous des alliés ? Ou des ennemis ? Vous avez de la chance, car ce n'est pas à moi de décider. Capturez les, nous laisserons notre Roi juger.
Meridia : Dameon ?
Dameon : Non, laissons les faire. Cet homme a piqué ma curiosité... Et ma gorge.
Agito : Je t'ai connu plus belliqueux que cela, Dameon.
J'eu à peine le temps de lui asséner un violent coup de poing derrière le crâne, que je me retrouvais enchaîné, face contre terre. Des chaînes de granit marin qui plus est... Du granit marin ?! Je lançai aussitôt !
Dameon : Un instant ! Mon ami Rashek, a une lance plantée dans son coeur, il ne survit que grâce à son Fruit du Démon. S'il entre en contact avec du granit marin, il meurt. Et s'il meurt, vous mourez tous.
Chef : Tu nous menaces ?
Le regard, noir, plongé dans les yeux du chef des guerriers, je crachai :
Dameon : Oui.
Après avoir hésité un court instant, ce dernier acquiesçai et ordonna à ses hommes d'utiliser des chaînes d'acier. Sauf qu'ils en utilisèrent beaucoup. Le torse de l'épéiste n'était même plus visible tant il était couvert de ces chaînes. Il avait également des menottes aux pieds et mains, reliées à un épais collier de fer qui avait été passé à son cou. Soulagé, je laissai un guerrier m'enchaîner et retournai à mes pensées. Ces hommes semblaient très riches, pour pouvoir se procurer autant de granit marin... Alors pourquoi étaient-ils aussi maigres ? Et contre qui faisaient-ils la guerre ? Ma tête fourmillaient de questions quand le chef me releva avant de me pousser vers l'avant d'un coup de pied. Puis, d'un bond habile il se remit en selle et prit la tête du convoi. Du haut de sa monture, il tenait deux chaînes : la mienne et celle du petit Agito. Les autres guerriers s'occupaient des mes amis et de la dénommée Lily. Lorsque je m'imaginais le grand marine Riku Esperanti enchaîné ainsi, je ne pus réprimer un éclat de rire. Le chef me jeta alors un regard interrogateur et demanda comment je pouvais rire de la situation. Je ris de plus belle avant de répondre :
Dameon : La situation est au contraire des plus amusantes, c'est couvert de chaînes que je vais rencontrer un vieil ami, lui aussi enchaîné. Qui est plus est, c'est la première île de GrandLine que où j'appareille et déjà je m'apprète à partir en guerre.
Chef : Ou alors à mourir exécuté.
Agito : Ce qui serait rendre service à l'humanité.
Je ris à nouveau, imité par un Agito des plus sereins, du moins en apparence. Le chef des guerriers décida alors de garder le silence après nous avoir jeté un regard rempli d'incompréhension.

    Après plusieurs heures de marche sous le soleil de plomb, nous arrivâmes enfin au campement, alors que le crépuscule venait tout juste de s'imposer. Et ce que je découvris me laissa littéralement bouche bée. Nous étions arrivé à la frontière du désert : devant nous se dressaient une grande forêt, peuplée de grands arbres difformes. Leurs troncs tordus et noueux supportaient de larges branches couvertes de feuilles verdâtres.  Et à l'ombre de ces géants, une petite mare à l'eau claire, autour de laquelle se réunissaient une bonne dizaine de grandes tentes, entre lesquelles patrouillaient quelques guerriers à pied, leurs étranges montures étant trop occupées à s'abreuver de l'eau de l'étang. Plus nous avancions, plus que je réalisais que les arbres étaient plus grands que ce que je croyais, leurs cimes culminant à plusieurs dizaines de mètres de haut. Mais le plus surprenant était leurs feuilles, ou plutôt l'absence de feuillage : les branches étaient constellées de touffes d'épines, épines qui en tombant avaient formé un doux tapis, frais surtout, au dessus du sable brûlant. Car même entre les troncs massifs, il n'y avait point de terre, encore et toujours ce sable. Trop absorbé dans l'étude des magnifiques arbres, je ne remarquai même pas que nous étions déjà au coeur du campement. D'un coup de pied, le chef me fit entrer dans une grande tente, capable d'accueillir une bonne vingtaine d'hommes. Ce que je vis là, faillit me faire exploser de rire. Arborant mon plus beau sourire sarcastique je lançai :
Dameon : Bonjour Riku, cela faisait longtemps. Comment vas-tu ?
Riku : Toi ?!
Dameon : Oui moi. Merci de t'inquiéter de mon sort, je vais bien. Désolé de te décevoir mais je ne viens pas te délivrer, princesse.
Riku : Bah ouais j'vois que tu t'es fait attraper toi aussi... Pitoyable pirate.
Dameon : Pitoyable marine.
Chef : Suffit ! Je ne vous ai pas amené ici pour que vous vous chamaillez. Au moins je sais que vous vous connaissez... Toi, là-bas !
Une fois que je me fus placé à l'autre bout de la tente, il me menotta à un solide anneau de fer intégré à l'armature de la tente et fis de même pour Agito et Pandore, emmenant les autres, pirates et marine, à l'extérieur. Pour les enfermer dans d'autres tentes selon les dires de ce fameux chef. Une chance qu'il n'y ait pas suffisamment d'endroit où nous garder, cela me faisait tellement plaisir de voir mon vieil ennemi enchaîné. Dommage que je le sois également... Les menottes, toujours en granit marin, me laissant suffisamment d'espace, je m'allongeai au sol, les yeux rivés sur le plafond de tissu rouge. Pandore, aussi épuisée par le voyage jusqu'au campement fit de même, Malphas, lové contre sa poitrine. Ce dernier avait, par chance, échappé à l'oeil de nos ennemis.

Dameon : Voilà une aventure qui commence bien.
Riku : M'en parle pas, je me fais agresser quelques jours à peine après avoir accosté... Et depuis ce matin je croupis ici, t'imagines même pas comment j'ai faim...
Pandore : Oh nous aussi. D'ailleurs j'crois que ces guerriers ont quand même emporté nos tonneaux d'eau et de nourriture, plus qu'à espérer qu'ils les partage avec nous.
Agito : Bon, comment on va faire pour s'en sortir ?
Dameon : On va faire bonne impression au roi.
Les deux marines éclatèrent de rire et Riku lança :
Riku : Toi, faire bonne impression ? Ne me fais pas rire.
Dameon : Ils sembleraient qu'il ne me connaissent pas... Mais ça on ne le saura que devant le roi. Vu que tu t'es fait capturer avant tu saurais pas où on est ? Histoire que tu serves à quelque chose.
Le jeune homme ignora la pique, probablement trop épuisé pour accepter de se battre verbalement avec moi, et répondit :
Riku : Si j'ai bien compris on est sur le Royaume de Coeur et c'est la guerre. J'en sais pas plus... P'tain me dis pas je vais devoir aider une crapule comme toi.
Dameon : Oh moi qui me faisait une joie de t'aider. Tu es si blessant. J'aurais cru que tu serais un peu moins froid pour nos retrouvailles.
Je souris faiblement. La moquerie était le seul moyen que j'avais pour masquer à quel point je détestais la situation. Je n'étais qu'un vulgaire prisonnier, qui plus est séparé de certains de mes amis. Et pour couronner le tout, j'étais avec des marines que j'avais déjà rencontré et qui n'avaient que peu apprécié cette rencontre. Un bruit me tira de mes pensées : le chef venait d'entrer dans la tente, suivi de deux de ses hommes. Ces derniers nous lancèrent des nattes faites avec les longues épines des arbre, probablement ce qui allait nous servir de lit. Sans un mot,le chef posa alors devant chacun de nous une unique pomme. Tu parles d'un repas...
Riku : Une pomme ? Mon nez me dit pourtant que vous êtes en train de faire cuire de la viande.
Chef : Crois-moi, tu n'aimerais vraiment pas cette viande...
Sur ce il quitta la tente. Sa voix avait été curieusement triste, comme s'il aurait préféré manger les pommes qu'il venait de nous offrir... Après avoir longtemps contemplé son fruit, Pandore lança :
Pandore : Dameon... Tu reconnais ces pommes ? Elles nous appartiennent, j'en suis sur. Elles viennent de notre tonneau de vivres...
Agito : Et alors ? Tu crois qu'on va vous remercier pour ça ?
Dameon : Comme si un "merci" de la part d'un marine m'intéressait. Je trouve ça assez étrange qu'il ne nous donne qu'un seul fruit, ce qui est vraiment rien, même pour des prisonniers. Ils se sont probablement servi dans notre tonneau, mais on dirait qu'ils rationnent.
Riku : Et ils sont si maigres. Tu crois vraiment qu'ils ont si peu de nourriture ? Mais dans ce cas pourquoi ils nous donnent pas la viande qu'ils font cuire, s'ils rationnent ?
Dameon : J'sais pas.
Pandore : J'espère qu'ils auront de quoi nous remplir l'estomac chez le roi. Sinon on devra manger les sucettes d'Agito.
Agito : Hey ! Jamais je te laisserais poser ta bouche sale sur mes trésors !
Le capitaine marine eut un léger rire, avant de grimacer en entendant son ventre gargouiller bruyamment. Comme si une pomme pouvait rassasier un homme affamé. Je dévorai même le trognon de la pomme, et soupira avant d'avaler goulûment toute l'eau qui avait été mise à notre disposition. Au moins j'aurais l'impression d'être rempli pour quelques minutes...

    Allongé sur la natte dans l'obscurité, je laissais mes pensées vagabonder, loin de cette prison. Mais le froid nocturne m'empêchait de partir bien loin, me maintenant bien ancré dans la réalité. Il devait faire nuit noire dehors désormais mais je ne pouvais pas fermer l'oeil alors que j'étais menotté. J'eus une petite pensée pour ceux qui devaient partager la tente de la dangereuse Nocturne puis murmura, pour moi même :
Dameon : J'ai peur...
Riku : Alors comme ça l'Ange de la Douleur connaîtrait la peur ? Serait-il humain finalement ?
Dameon : J'ai peur ne pas pouvoir protéger mon équipage.
Le marine ne répondit pas pendant de longues secondes puis chuchota, sur un ton las :
Riku : Moi aussi.


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Message par Mam'Rik Lun 29 Juil - 3:51

Un peu plus tôt, dans sa propre tente, Shigeru voyait son sommeil perturbé par une agitation inexpliqué. Le campement qui avait été jusque là plutôt calme était maintenant animé de bruits de pas en tous genre. Le nain comprit qu'il s'agissait sûrement du retour des hommes qui étaient partis un peu plus tôt dans la journée. Et on ne mit pas longtemps à le lui confirmer. En plus des nombreuses ombres qui se baladaient sur la toile de sa tente, le chef lui annonça qu'on lui apportait trois camarades de jeu. La première à pénétrer dans la tente fut accueillie d'un grand sourire par Shigeru. Parée de bijoux à la hauteur de sa beauté elle serait assurément bien plus agréable à regarder que le poteau de bois qui maintenait la tente en place. Elle fut rapidement suivie d'un invité beaucoup plus intimidant. Déjà complexé par sa taille Shigeru ne pu s'empêcher de verser une petite larme devant le monstre de grandeur qui se présentait devant lui. Pour accentuer le côté effrayant de celui-ci il fallait préciser qu'une lance le transperçait au niveau du torse et qu'il avait été enchainé de la tête aux pieds. Après la beauté et le titan Shigeru ne pu s'empêcher de se demander ce qui suivrait, qui serait le dernier de ses "camarades de jeu" ! Et ce fut dans la surprise la plus totale qu'il pu voir l'innocente Lily rentrer à l'intérieur de la tente.

Shigeru : Lily ? Qu'est ce que tu fous ici ? T'es pas censée être avec Agito ?
Lily : Si, mais on s'est fait poursuivre par un super animal, puis ils nous ont sauvé, puis on s'est fait capturer, et on a été séparés.
Shigeru : Et tu es capable d'avouer tout ça sans une once de honte hein...
Lily : Oui, pourquoi, je devrais avoir honte ?
Shigeru : Bah laisse tomber, quoi qu'il en soit merci à vous pour leur avoir sauvé les fesses.

C'était la manière de Shigeru d'engager le dialogue. A travers cette petite phrase il espérait créer un lien avec ces étrangers, après tout ils étaient dans la même galère ! Malheureusement ses espoirs furent balayés par la répartie du géant qui avait été enchainé à sa gauche.

Rashek : Remercie notre capitaine.

Une réponse aussi froide que la glace, Shigeru le haïssait déjà... Enfin, c'était toujours mieux que la femme qui l'accompagnait, elle n'avait même pas daigné le regarder. Est ce qu'ils se rendaient compte de ce à quoi allait ressembler leur soirée s'ils continuaient comme ça ?! Et encore, eux n'avaient pas passé une journée entière attachés à un poteau, incapable de se nourrir en ayant pour seule amie cette chaleur infernale ! Ils ne connaissaient pas la peine qu'avait dû subir Shigeru. Mais qu'importe, il restait toujours Lily ! Elle qui n'avait jamais vu de désert de sa vie devait rêver de parler des découvertes qu'elle avait pu y faire aujourd'hui. Ce fut donc avec un regard plein d'espoir que le marine se tourna vers elle pour constater qu'elle s'était endormie, emportant dans son sommeil l'espoir de créer une conversation ce soir... Mais non, Shigeru n'abandonnerait pas pour ci peu ! Il décida donc de reprendre avec le peu qu'il avait :

Shigeru : Ton Capitaine ? Vous êtes donc tout un équipage ici ?
Rashek : Dameon Kaliban et ceux qui le suivent oui.
Shigeru : Dameon Kaliban ? C'est un nom plutôt connu ça, je savais pas qu'il avait décidé de rejoindre Grand Line.
...
Shigeru : Il a décidé de rejoindre Grand Line il y a longtemps ?
Rashek : Pas tant que ça, c'est la première île sur laquelle nous accostons.
Shigeru : Je vois...
...
Shigeru : Et la lance là, elle fait mal ?
Rashek : Oui.
...
Shigeru : J'abandonne...

Le marine ne tenta pas plus longtemps de faire la conversation. On leur apporta à un moment de la soirée un misérable fruit à manger, mais en dehors de ça rien ne se passa de particulier. Tous se contentèrent de passer le reste de la nuit sans dire un mot, s'observant mutuellement. L'instinct de Shigeru lui avait dicté de se méfier de ces deux personnes, peut être même de les craindre. Et apprendre qu'ils faisaient parti de l'équipage de Dameon Kaliban n'avait fait que renforcer cette appréhension. Apparemment les routes de Dameon et Riku s'étaient déjà croisés par le passé, et les choses avaient vite dérapées. Ils devaient s'être retrouvés dans la même tente... A cette idée Shigeru ne pu réfréner un petit rire moqueur, peut être était-il bien tombé finalement, avec ces êtres muets.

Celle qui l'intriguait le plus jusque là était cette femme qui n'avait pas prit la parole depuis qu'elle était arrivée. Une certaine colère semblait l'habiter, une colère inhumaine. L'homme lui, Shigeru n'arrivait pas à se faire une idée sur lui, il ne semblait pas si âgé que ça et pourtant était si renfermé sur lui même... Qui sait à quoi ressemblerait le Capitaine de ces deux étranges personnages. Ce fut sur cette idée qu'il s'endormit, espérant que la journée du lendemain répondrait à sa question.

La nuit bien que froide sembla passer à la vitesse de l'éclair et rapidement le soleil reprit ses droits sur l'île. Le réveil fut difficile pour la plupart de nos prisonniers, tous subissaient le manque de nourriture de manière importante. Heureusement pour eux, l'eau ne semblait pas nécessiter un quelconque rationnement. Aucun d'eux ne se fit donc prier lorsqu'on leur proposa de boire dans l'étang. Lorsque ce fut à son tour d'aller boire, Shigeru remarqua prêt de l'étang les traces de Bullet Bill, signe qu'il était passé par là. Lorsque lui et Riku avaient été attaqués celui-ci était caché sous le sable, moyen comme un autre d'éviter la chaleur du désert. Finalement cela lui avait évité d'être capturé et donnait une petite carte joker à l'équipage. Si les choses devaient tourner mal Bullet Bill pourrait toujours venir à leur rescousse. Mais la situation ne semblait pas le requérir pour l'instant. Une fois que tous se furent déshydratés ils furent à nouveau attachés aux étranges montures des soldats, prêts à être tractés sur des dizaines de kilomètres encore une fois, comme le leur annonça le chef de groupe.

Chef : Bien, à partir de maintenant nous allons marcher sans nous arrêter durant toute la durée de la journée. J'espère que vous avez bien bu car les seules gouttes d'eau que vous verrez avant ce soir seront les gouttes de votre propre sueur !

Provocateur, Dameon ne pu s'empêcher de prendre la parole devant ce discours qui n'attendait bien entendu pas de réponse.

Dameon : Et la nourriture, c'est quand que nous la verrons ? Et je parle de vrai nourriture, pas des fruits de nos propres provisions.
Chef : Ce soir nous vous nourrirons à nouveau...

Encore une fois le chef sembla mettre très peu d'entrain dans ses paroles, il ne tenta même pas d'affirmer son autorité devant cette sorte de petite rébellion de Dameon et se contenta de lui répondre évasivement. Un comportement qui intriguait de plus en plus le pirate et que Riku n'ignorait pas non plus. Tous les deux espéraient obtenir plus de réponses en atteignant la cour de ce Roi, le Roi de Cœur.

Ils commencèrent donc à marcher. Les ventres vides ne furent que très peu propices à la conversation, tous se sentaient assez fatigués. L'aspect de cette forêt avait beau être quelque peu effrayant, elle était bien plus agréable à pratiquer que le désert. Les épines, qu'elles soient répandues au sol ou bien suspendues à des branches, protégeaient aussi bien de la chaleur du sable que de celle des rayons du soleil. Et pour compléter le tout une douce brise se baladait entre les troncs d'arbres. Finalement, à mesure que le soleil montait dans le ciel les langues se délièrent. Agito, l'une de ses quatre sucettes à la bouche débordait d'énergie. Et avec lui Lily qui découvrait des environnements encore plus étonnants rayonnait. Dernière surprise du groupe, du moins pour Shigeru, la femme qu'il avait observée durant une bonne partie de la soirée passée semblait avoir troquée sa colère pour une joie de vivre toute nouvelle, un revirement de personnalité qui le laissa quelque peu perplexe. Dameon s'amusait à menacer le petit Agito, lui énumérant les tortures auxquelles s'exposait le petit marine si il ne lui passait pas une de ses sucettes sacrées. Et Pandore ne s'était pas faite prier pour prendre part au jeu. Profitant de cette petite atmosphère décontractée, Riku prit Shigeru à part afin de lui demander ce qu'il pouvait penser des dernières recrues de l'Ange de la Douleur.

Riku : Alors, comment s'est passée la soirée ?
Shigeru : M'en parle pas...
Riku : A ce point ? Et qu'est ce que tu penses d'eux ?
Shigeru : J'en pense qu'ils sont pas très bavards ! En dehors de ça je pourrais pas te dire grand chose, le grand m'a pas l'air méchant, la fille par contre je saurais vraiment pas dire. Si tu l'avais vue hier, elle aurait sûrement tenté de tous nous tuer sans ces chaines...
Riku : Rassurant... Lily a réagit comment ?
Shigeru : Elle a dormi paisiblement, je pense qu'on peux remercier le granit marin pour ça, il garde Lilith enfermée pour l'instant. Lorsqu'elle en sera débarrassée par contre compte sur elle pour pointer le bout de son nez. Reste plus qu'à espérer qu'elle reste sage.
Riku : Elle le sera.
Shigeru : Quoi qu'il en soit, qu'est ce qu'on fait là ? Ces gens n'ont rien à voir avec ta mission je me trompe ? Et puis des fers en granit marin ont été passés à ce Dameon, n'oublie pas que nous avons un joker à jouer dans cette partie, si j'appelais Bullet Bill maintenant on pourrait à la fois récupérer le pirate et prendre la fuite.
Riku : Nous ne ferons rien tant que je n'en saurais pas plus par rapport à la situation sur cette île, et...
Shigeru : Et ?
Riku : Tu sous-estimes Dameon.

Le capitaine pirate qui malgré l'impression qu'il donnait n'avait pas raté une seconde de cette conversation éprouva une certaine fierté à l'entente de ces derniers mots. Il regarda alors calmement Malphas qui n'avait pas bougé depuis hier, toujours lové contre Pandore, et pensa pour lui même. Un jeu de cartes compte toujours deux joker, n'est ce pas Riku. Il se mit alors à rire à gorge déployée, sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi.

Le reste du trajet se déroula dans le même esprit. Avec une ambiance en apparence décontractée sans qu'aucun camp n'accorde réellement sa confiance à l'autre. Plusieurs jours passèrent ainsi. Et même s'il fut dur de l'admettre les deux équipages ne s'entendirent pas si mal que ça durant ce trajet. Tous unis par ces liens de fer un certain rapprochement s'opéra. Le manque de nourriture se faisait toujours plus ressentir mais ils continuèrent d'avancer, si bien qu'ils finirent par sortir de la forêt au bout de trois jours de marche. Après cela ils longèrent la côte de l'île durant deux jours, profitant de la brise marine pour se rafraichir, et enfin on leur annonça la nouvelle qu'ils attendaient depuis si longtemps.

Chef : L'heure de votre jugement est arrivée, nous voici arrivés à la capitale royale : Hartcore !
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Message par Unholyscream Dim 4 Aoû - 20:52

Dameon

    La capitale du Royaume de Coeur se dressait fièrement devant nous, au sommet de sa falaise. Le majestueux château royal trônait sur la ville, ses innombrables tourelles et flèches tendues vers les cieux  en guise de couronne. De la même couleur que le sable du désert, le palais étendait ses tours autour de la ville qu'il gouvernait, l'enfermant au sein d'une muraille protectrice. Stupéfait, je sus que rien sur cette île ne pouvait vaincre l'aura de puissance qui se dégageait de cet édifice gigantesque, avec ses milles et unes bannières gonflées par le vent marin, chacune représentait le coeur percé de deux épées, symbole du Royaume. La richesse suintait des murs du château, avec ses fenêtres d'or et ses pointes d'argent, avec ses impeccables tentures rouges et blanches. La ville, qui se massait aux pieds du palais était tentaculaire, s'étendant sur plusieurs kilomètres de falaises. Du haut de notre dune, on pouvait voir qu'elle était principalement constituée de ces petites maisons de grès-sable, au toit plat mais l'on pouvait également apercevoir de plus riches quartiers qui pouvaient se targuer d'avoir des jardins verdoyants et des maisons aux voiles colorés. Et pourtant, au fond de moi je sentais qu'une aura plus sombre se dégageait de la capitale... C'est alors que je compris ce qui me dérangeais : le soleil brillait haut dans le ciel et pourtant la ville était étrangement silencieuse. Peut-être étions nous encore trop loin pour entendre le tumulte qui régnait dans chaque cité, même aux confins des plus arides déserts. Ou peut-être étions nous conduits dans une ville morte, pour y être abandonné...
Le silence régnait aussi sur le convoi, ni les prisonniers, ni les guerriers ne parlaient, trop épuisés par la chaleur et la faim. Les bêtes elles-même avançaient sans bruit, probablement impatiente de boire et manger. Je sentis mon ventre gronder bruyamment et je me mis à rêver des festins somptueux qui devaient nous attendre dans le palais royal. Si j'en jugeais par la bave qui s'échappait des lèvres de Riku, il devait également penser à la même chose... Le sentier qui menait au portes de la ville était légèrement incliné mais la pente était douce, aussi nous arrivâmes devant les solides murailles décorées de bannières au bout d'une dizaine de minutes. Derrière les épaisses portes de bois et d'acier, se trouvait la capitale du royaume, et pourtant, tout était si silencieux... Un mauvais pressentiment fit parcourir un frisson le long de mon échine. Puis les gardes en faction nous firent entrer après avoir poussé les énormes battants.
Le nuage de poussière soulevé par les portes se dissipa rapidement, nous présentant finalement Hartcore. Le vent s'engouffra dans les rues vides, mugissant entre les maisons aux volets clos. Je ricanai un court instant avant de demander au chef de nos ravisseur qui avait l'air mélancolique.
Dameon : Votre capitale serait-elle peuplée de fantômes ?
Chef : Non. Ici vit notre peuple. Non, il faudrait plutôt dire que c'est ici que nous survivons, tant bien que mal...
J'ouvris la bouche pour lancer une réplique cinglante mais quelque chose dans la voix du guerrier m'avait touché, je ne saurais expliquer pourquoi... Je gardai le silence, troublé par cette phrase, avant de me tourner vers mon compagnon d'infortune quelques instants plus tard.
Dameon : Hey Riku, toi aussi tu trouves ça étrange ?
Riku : Carrément. Si les gens d'ici survivent aussi difficilement, comment expliquer le granit marin et l'or qui décore ce palais ? Je crains que l'île soit dirigée par un tyran qui exploite son peuple...
Dameon : On dirait bien.
La réaction de notre bourreau fut aussi brusque que douloureuse. D'un mouvement ample du bras, il nous frappa à la tête de la hampe de sa lance, avec tant de violence que je me retrouvé projeté au sol, du sang perlant de mon arcade sourcilière. Je me relevai en titubant, gêné par mes fers de granit marin et cracha sang et sable, les yeux brûlants de haine. Oh que j'avais envie de tuer, de massacrer... Je tirai si brusquement sur mes menottes que celles-ci s'enfoncèrent dans ma peau, y laissant de profondes marques violacées. Ce fut un coup d'épaule de Riku qui me ramena à la réalité et je parvins enfin à reprendre le contrôle de moi-même. Je pris conscience que j'étais une bombe sur le point d'exploser et je n'osais pas imaginer le carnage lorsque cela se produira... La voix de notre bourreau tonna alors au dessus de moi.
Chef : Comment osez vous parler de notre roi ainsi ?! Si vous osez l'insulter à nouveau, ce sont vos dépouilles que je déposerais à ses pieds.

    Après avoir traversé les rues sinistres de la ville pendant une bonne heure, nous arrivâmes enfin devant le gigantesque palais royal. La porte de bois sombre était ornée de grandes arabesques forgées en argent qui se rejoignaient au centre pour former une magnifique lance à la pointe de rubis. Quelques instants plutôt tard, nous plongeâmes dans le silence. Dehors, on entendait le vent soupirer et les vagues se briser sur les falaises, quelques oiseaux criaient et les montures renâclaient de temps en temps. Mais ici un silence oppressant régnait en maître incontesté... Seuls les bruits de nos pas vinrent le rompre alors que nous traversions un immense hall au sol et aux murs blancs. Le tapis noir que nous suivions serpentaient entre des colonnes finement taillées, passaient sous des lustres d'acier noir et sous des arches sculptées. Tout était si grand, si beau mais... Tellement vide... L'atmosphère qui se dégageait de ce palais était morne au point d'en devenir malsaine. Je ne pus réprimer un frisson. Alors nous nous arrêtions devant une grande porte d'ébène, la voix du chef de notre troupe s'éleva, à peine plus forte qu'un murmure, et bien plus triste qu'une lamentation.
Chef : Derrière cette porte, se trouve la salle du trône. Notre Roi et notre Reine vous jugeront devant une partie de notre peuple mourant... S'il vous plait, ayez l'honneur de nous respecter.
J'acquiesçai, rapidement imité par marines et pirates, et les portes s'ouvrirent sur la salle la plus somptueuse que j'avais jamais vu. Le hall que nous venions de traverser n'était qu'un taudis à coté de la salle du trône ! Les bannières au coeur transpercé étaient suspendues de part et d'autre du trône doré qui était surmonté par une couronne faite de lances. Et sur ce siège, était assis le roi. Leur terrifiant et maigre roi. Les yeux fous, il avait le visage livide et des lèvres noires. Un mince filet écarlate coulait sur son menton et tachait son pourpoint blanc. Ses manches bouffantes démesurées se terminaient sur des mains crochues aux doigts noirs et acérés comme des poignards. Il était enveloppé dans une épaisse cape noire ornée de rubis et sur son crâne chauve se reposait une couronne écarlate, représentant un coeur humain arraché... Le Roi toussa une gerbe de sang et lança d'une voix faible :
Roi de Coeur : Faites avancer les étrangers...
Alors que je marchais vers le monarque, je constatai que le reste de la salle était occupé par des bancs finement forgés sur lesquelles étaient assis des centaines d'habitants du royaume. Tous avaient les mains et les lèvres noires. Et tous restaient atrocement silencieux... Même leurs ventres maigres n'osaient émettre le moindre son. Le chef guerrier à la crinière rouge nous obligea à nous agenouiller à quelques mètres du trône, mais ne nous retira pas nos chaînes.
Chef : Nous avons capturé ces étrangers dans le désert, au sud de la Forêt des Épines. Nous ne savons pas s'ils viennent de Diamant mais ils n'ont pas l'air de savoir où ils sont.
Roi de Coeur : Je vous remercie, Général Sanghyn. Étrangers... Que faites vous sur notre île ?
Dameon : Notre navire nous a mené ici. Alors j'ai décidé de me promener un peu, jusqu'à ce que je me fasse capturer comme le pire des criminels.
Riku : Ce que tu es.
Je ricanai avant de rétorquer :
Dameon : Il y a erreur sur la personne, je le crains.
Roi de Coeur : Assez !
Chef : Je suis désolé, votre Majesté, ces deux là n'ont de cesse de se disputer...
Roi de Coeur : Vous n'êtes pas ici pour vous quereller !
Le monarque fut alors prit d'une violente quinte de tout qui projeta du sang sur ses beaux vêtements et sur le sol de marbre blanc. Alors que son corps était agité de violents spasmes, j'entendis pour la première fois le peuple de Coeur. Ils se mirent à sangloter, à prier pour leur roi, à maudire les cieux. J'étais cruel, retors et fou. Et pourtant, je fus profondément touché par ces cris. C'était comme si le peuple ne vivait que pour leur Roi, qu'il aimait plus que tout. Comme si ce silence oppressant n'était que le témoignage de l'amour et le respect d'un peuple envers son monarque mourant. Des milliers de personne qui s'arrêtaient de parler, de vivre, comme pour soutenir leur Roi qui traversait une lente et douloureuse agonie. Pour la première fois depuis bien longtemps, je ressentais une vague de chaleur envahir mon être... Étais-je en train de ressentir de... l'empathie ?
Pandore : Dameon ? Ca va ? Tu as l'air différent...
Rashek : Il a l'air humain.

     La réponse de l'épéiste semblait rester en suspens dans l'air. Moi, humain ? Je secouai la tête vivement, chassant cette pensée troublante et posa à nouveau mon regard sur le Roi. Il n'y avait pas de doute, il était malade. Et c'était peut-être grâce à cela que je pourrais nous libérer de ces chaînes... Il me fallait simplement une occasion de montrer mes talents de médecins. Les souffrances du monarque ne s’apaisant pas, une main féminine se posa sur son bras et la Reine sortit de l'ombre qui régnait à coté du trône.
Reine de Coeur : Mon amour... N'en dis pas plus, je vais m'en charger. Repose toi, mon coeur.
Sur ce, elle s'avança pour se placer dans la lumière, au coté de son époux. Si elle semblait assez âgée, elle était encore magnifique, avec ses longs cheveux argentés qui tombaient jusqu'au creux de ses reins. Ses yeux et ses lèvres noirs étaient des perles sombres sur la peau de neige. Elle était vêtue d'une complexe robe rouge, ornée de diamants et d’améthystes, bouffante au niveau de la taille, et dont les dentelles complexes touchaient le sol.
Reine de Coeur : Vous avez mal choisi votre île, étrangers. Car nous sommes en guerre, et ce depuis des siècles... Tout comme mon mari se meurt, notre peuple entier dépérit. Que venez vous faire dans notre royaume à l'agonie ?
Riku : C'est le hasard qui nous a amené ici, nous l'avons déjà dit. Qu'allez vous faire de nous ?
Reine de Coeur : Vous avez le choix. Prouvez nous que vous n'êtes pas nos ennemis et vous aurez la vie sauve. Si vous ne pouvez pas le faire, vous mourrez. Dans ce cas, pardonnez notre faiblesse, mais depuis des siècles nous perdons cette guerre, jour après jour, bataille après bataille. Nous ne pouvons prendre aucun risque...
La voix de la noble femme mourut tristement, accueillie par le silence, régulièrement troublé par les gémissements du Roi et les sanglots du peuple. Malgré les chaînes qui m'entravaient les poignets et les bras, je me levai face au couple royal, ignorant la lance qui s'appuyait sur ma gorge.
Dameon : Il y a quelque chose que vous ne savez pas encore à propos de nous. Certes nous sommes des étrangers, mais surtout nous sommes des médecins. Enfin, je suis médecin, et voici mes apprentis et assistants.
Riku : Pardon ?! Pour qui tu te pr...
Agito : Hey Riku, tu crois pas que c'est le bon moyen de s'infil...
Pandore : Oui c'est le meilleur moyen de s'intégrer à votre peuple !
La jeune faucheuse se racla la gorge tout en jetant un regard lourd de sous-entendus à Riku et Agito.
Reine de Coeur : Des médecins ? Vous croyez vraiment que nous allons vous laisser vous occuper de notre roi ? Vous ne nous avez toujours pas prouvé que vous n'êtes pas des ennemis, vous n'avez aucune confiance de notre part.
Dameon : Laissez au moins vous prouver que je suis un médecin compétent. J'aurez besoin pour cela qu'on me retire ces menottes, plutôt gênantes.
Après de longues secondes d'hésitation, elle hocha la tête d'un air méfiant et ordonna à celui qui nous avait capturé de détacher mes menottes. Aussitôt, trois autres lances vinrent m'encercler. Après avoir farfouillé quelques instants dans mes poches, je lançai d'une voix forte.
Dameon : Y aurait-il une personne nécessitant des soins ici ?
Aussitôt, un jeune homme se précipita vers moi, tout en prenant soin de se placer devant son roi, comme pour le protéger. Il avait l'oeil crevé et du sang séché couvrait son visage... La blessure s'était infectée, laissant apparaître d'affreuses cicatrices noirâtre. Une simple infection ? Cela n'était rien, il fallait que je leur montre quelque chose de bien plus spectaculaire... Ma main fusa hors de ma poche et je lançai ma dague, enduite de poison, droit dans le ventre du jeune volontaire qui poussa un hurlement de douleur avant de s'effondre, le sang s'écoulant rapidement de sa plaie. Les lances plongèrent vers ma gorge mais je les évitai toutes en me baissant au dernier moment et désarmai deux soldats en leur brisant les poignet d'un coup de pied circulaire. Les deux javelots en main, je les pointai vers les deux derniers gardes qui me cernaient. Un sourire carnassier sur les lèvres, je lançai, sans prêter attention aux visages horrifiées des pirates et marines :
Dameon : J'ai poignardé cet homme avec une lame enduite d'un virulent poison, que j'ai élaboré. Si je ne fais rien, son coeur cessera tout simplement de battre dans trois minutes. Et quand bien même l'un de vos médecin parviendrait à trouver un antidote à ce poison, il ne leur resterait pas plus d'une minute pour stopper l’hémorragie avant qu'il ne soit trop tard. Ai-je l'autorisation de soigner cet homme, Majesté ?
Je m'inclinai très bas devant la Reine, la défiant du regard. Son visage trahissait une colère noire alors qu'elle hésitait. Ses yeux étaient rivés sur les trois doigts que j'avais levé, un pour chaque minute. Lorsque je pliais l'index, elle s'écria, à la fois enragée et affolée.
Reine de Coeur : Allez-y ! Sauvez le !
Dameon : Je vous remercie, Majesté.
Sur ce je m'agenouillai auprès de ma victime et la força à boire le contenu d'une petite fiole de verre. Une fois l'antidote administré, je me tournai vers la blessure qu'il avait au ventre. Après avoir retiré ma dague brusquement j'entrepris d'appliquer un onguent sur les bords de la plaie avant de la refermer en une vingtaine de seconde. Je couvris la vilaine blessure d'herbes médicinales puis lui banda le ventre. Je mis ensuite un peu d'onguent sur son visage, là où son oeil crevé s'était infecté, avant de verser quelques gouttes dans son orbite noirâtre et purulent. Et enfin je me relevai en me frottant les mains, l'air satisfait.
Dameon : Le voilà sauf. Il n'en gardera aucune séquelle et j'en ai profité pour soigner l'infection qui avait gagné son oeil. Ne me remerciez p...
A peine avais-je fini ma phrase qu'une lance me frappait brutalement le crâne, me faisant sombrer dans l'inconscience.

Pandore

Suite à la prouesse de son capitaine, ils avaient tous été enfermés dans la prison royale. Au moins ils n'avaient pas été tués sur le champ, leur jugement ayant été remis à plus tard. Malgré leurs apparences effrayantes, il semblait que ce peuple soit doté d'un sens aigu de l'honneur et de la justice. Adossé contre les pierres froides, la jeune femme surveillait un Dameon encore inconscient. Elle avait juste eu le temps d'essuyer le sang qui coulait à sa tempe à cause du coup, d'une extrême violence, qu'il avait reçu avant que les soldats de Coeur ne les sépare pour les enchaîner. Fatiguée, elle se laissa aller contre le mur et regarda autour d'elle. Pirates et marines avaient été enfermés dans un grand cachot. Ils avaient tous été réunis dans la même cellule et étaient reliés aux murs par de solides menottes, avec deux mètres d'intervalle entre chaque personne. Seul Rashek n'avait pas de fers en granit marin, mais encore une fois, il avait été enchaîné aux poignets, aux chevilles et au cou. Mais ce qui était tout bonnement dérangeant était qu'ils n'étaient pas les seuls dans cette prison. Les autres cellules étaient occupées par des humains tout à fait normaux... Leurs vêtements présentaient généralement un même symbole : un coeur rouge, orné d'une couronne dorée. Et ils ne cessaient de se lamenter, d'implorer la pitié de leurs ravisseurs, de sangloter et de hurler. Terrifiés, ils n'hésitaient pas à se briser les ongles sur la pierre ou sur les barreaux de fer, où à se briser les poignet en essayant d'échapper à leurs menottes. Troublée, la jeune femme ferma les yeux pour ne plus voir ce spectacle des plus dérangeants.
Shigeru : Bon, puisqu'on est tous là, autant discuter un peu. Je crois qu'on peut remercier votre capitaine pour nous avoir tous condamné.
Pandore : Non, je ne crois pas justement, grâce à lui on a gagné du temps. Et puis le Roi et la Reine savent désormais qu'il est un bon médecin et ils croient que nous le sommes tous.
Riku : J'espère bien. Quitte à passer pour un sous-fifre de ce monstre, autant que ce soit pour une bonne raison... J'aimerais bien comprendre ce qu'il se passe ici à la fin.
Lily : Pourquoi on est attaché au fait ?
Meridia : Je crois qu'ils ont peur de nous. C'est amusant qu'ils nous craignent à ce point sans nous connaître, hihi !
Agito : Amusant ?! Y'a que des malades dans votre équipage ou quoi ?
Rashek : Je dirais plutôt que nous sommes des monstres.
La réplique de l'épéiste jeta un froid et les nouveaux prisonniers n’eurent d'autre choix que d'écouter les cris et pleurs des anciens. Une véritable torture psychologique. Ce fut Pandore qui reprit la parole, essayant à tout prix de ne pas se concentrer sur les lamentations et sur le bruits des ongles raclant la pierre.
Pandore : Bon, autant réunir les quelques informations qu'on a sur cette île, vous en dîtes quoi ?
Riku : Bonne idée. Ça nous occupera et nous aidera peut-être à oublier la faim, même si j'en doute. On sait qu'on est sur l'île de Coeur, ou en tout cas le Royaume de Coeur. Ce dernier est peuplé par des gens à l'apparence effrayante. Leur roi semble extrêmement riche et pourtant tout le monde est maigre à faire peur.
Shigeru : Ce royaume est en guerre depuis longtemps. On est dans la capitale nommé Hartcore et on a été enfermé parce qu'on est des étrangers, suspecté de travailler pour l'ennemi.
Pandore : J'ai l'impression que ce Royaume est en train de mourir de faim. Et pourtant notre tonneau de vivres semble ne servir qu'à nous nourrir nous, et pas les guerriers ou le peuple.
Agito : En parlant de ça j'ai tellement faim...
Rashek : D'ailleurs, le tonneau devrait pas tarder à être vide, je le crains.
Soudain, le bruit d'une porte grinçant sur ses gonds retentit à l'autre bout du cachot, et tout le monde s'arrêta de parler, retenant son souffle. C'est alors que celui qui avait capturer les marines et les pirates fit irruption dans leur champ de vision. Il eut un petit sourire en constatant que Dameon était toujours inconscient puis s'accroupit devant les barreaux de la cellule. Ignorant complètement les supplications et les gémissements des autres prisonniers, il déclara à voix basse, sur ce ton mélancolique :
Sanghyn : L'homme que votre capitaine a soigné va vivre. Nos médecins ont même affirmé que l'infection de son oeil l'aurait probablement tué dans les prochains jours sans les soins votre maître. Je... Je voudrais vous remercier, au nom de la Famille Royale.
Pandore laissa échapper un petit rire sarcastique avant de rétorquer :
Pandore : La Reine aurait pu venir en personne, non ?
Sanghyn : Tant d'insolence... Après tout, vous ne comprenez pas. Vous ne vous rendez pas compte de nos souffrances... Vous serez à nouveau reçu dans la salle du trône demain, je vous conseille d'être convaincants, je n'ai nullement envie de vous exécuter. Pour tout vous dire, je vous crois quand vous dîtes que vous n'êtes pas des espions envoyés par le Royaume de Diamant, mais nous ne pouvons prendre aucun risque.
Rashek : La guerre est la guerre.
Le général acquiesça tristement puis se releva, et fit mine de partir.
Riku : Une dernière chose... Quand est-ce qu'on pourra manger ? Vous ne nous avez absolument rien donné depuis hier soir ! Puisqu'on est censé être jugé, ce serait dommage qu'on meure de faim avant, vous ne croyez pas ? Et pourquoi n'a-t-on qu'un pauvre fruit par jour ? Vous êtes sans cesse en train de manger de la viande...
Un voile sombre s'abattit sur le visage du général qui lâcha alors brusquement :
Sanghyn : Vous voulez de la viande ? Vous l'avez trouvé.
Sur ce, il quitta le cachot à grands pas précipités.

Le sang s'était glacé dans les veines de la jeune femme. Ils avaient trouvé la viande ? Elle craignait de comprendre mais ne voulait pas accepter que ce soit la vérité. Les visages des marines et des pirates s'étaient tous figés, affichant des expressions horrifiées. Sauf une.
Lily : Euh j'ai pas compris moi...
Riku : J'aimerais pouvoir en dire autant. Tu n'as pas envie de comprendre, tu peux me croire.
Rashek : C'est pas une prison mais un garde-manger...
Shigeru : Bravo monsieur-je-plombe-l'ambiance !
Un silence pesant s'installa alors, jusqu'à ce que la porte de la "prison" ne s'ouvre à nouveau. Sanghyn était de retour, et il avait les bas chargés de nourriture. Enfin, chargé était un bien grand mot... Chacun put se nourrir d'une orange venant du tonneau des pirates, mais le fruit était cette fois accompagné d'un petit bol de blé trop cuit et de sorte d'épaisses algues comestibles et nourrissantes. Alors que tout le monde dévorait ce repas qui, s'il était plutôt maigre, représentait un véritable festin à côté des repas précédents, le général Sanghyn était resté devant la porte de la cellule, le regard envieux. Ce fut Riku qui, la bouche pleine, lança :
Riku : Prenez la part du mec inconscient, il en a pas besoin.
Il ignora le regard assassin que lui lança Pandore et haussa les épaules sans s'arrêter de manger. Cependant le général soupira avant de refuser poliment. Le regard vide, il souffla :
Sanghyn : Vous avez donc compris le mal qui ronge notre Royaume. Depuis des siècles notre peuple est emprisonné sur ces terres désolées, où rien de comestible ne pousse. Les quelques animaux qui y vivent n'ont pas de chair ou alors elle est venimeuse, mortelle. Depuis des siècles nous mourrons à petit feu, rongés par une guerre que nous sommes forcés de mener ! Je suis né pour faire la guerre, car celle-ci est le seul moyen que nous avons de nous nourrir... Si nous sommes chanceux, nous parvenons à dérober un peu de blé et de légumes aux diamantins. Si nous ne le sommes pas, nous ne ramenons que des prisonniers. Et nous les mangeons. Voilà la viande que jour après jour nous consommons. Si j'avais le choix, je m'empalerais moi même sur cette lance, pour mettre fin à ce supplice qu'est la vie, mais je n'ai pas le droit d'abandonner mon Roi et le peuple que j'ai juré de protéger ! Alors je continue à manger la chair des ennemis... Je meurs d'envie de croquer dans ces fruits, mais je n'ai pas le droit de vous les retirer, nous ne sommes pas des monstres vous savez. Certes notre apparence fait fuir les humains et peuplent leurs cauchemars, mais nos coeurs sont purs et nobles. Nos coeurs sont surtout transpercés, torturés et mutilés, par l'avarice des diamantins. Voyez vous, cette île fut, il y a plus de mille ans, le Royaume de Coeur, un royaume uni... Mais un beau jour la discorde arriva et l'île fut foudroyée par une violente guerre civile qui scinda le peuple en deux. Mes ancêtres furent considérés comme des monstres, des bêtes sanguinaires, et furent obligés de vivre à l'Ouest des Monts d'Obsidienne, exploitant le sous-sol riche en minerais et pierres précieuses pour le compte des riches habitants de l'Est, à l'apparence humaine qui avait hérité des terres cultivables et vivables. Mes ancêtres finirent par se rebeller, mais l'ennemi est trop fort et depuis des siècles nous mourrons... Pour une bataille gagnée, nous en perdons trois. Et ils osent se revendiquer comme véritable Royaume de Coeur ?! C'est pourquoi nous les appelons les diamantins : seule la richesse compte à leur yeux. Depuis tant de temps, la noblesse et l'honneur se font massacrer par l'égoïsme et l'avarice. Et désormais, comme si nous n'étions pas suffisamment maudits, voilà que notre roi se meurt...
La voix de Sanghyn se brisa et il fondit en larmes.


Dernière édition par Unholyscream le Jeu 8 Aoû - 11:51, édité 1 fois
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Message par Mam'Rik Lun 5 Aoû - 2:49

Les cachots qui étaient il y a quelques secondes encore animés par des bruits de supplications s'étaient maintenant tus, contaminés par le silence qui régnait en maître sur la ville. Seules les larmes de Sanghyn trahissaient ce silence absolu. Il ne resta que très peu de temps dans cet état, mais ce fut assez pour faire ressentir à tout le groupe les peines que subissait son peuple depuis tant d'années. Même les plus cruels d'entre eux ne purent rester indifférents devant cette histoire. Personne n'osait le regarder, personne n'osait lui parler, tenter de le réconforter. Il n'y avait pas de mots pour répondre à la tristesse de cet homme... Se rendant bientôt compte de la situation embarrassante dans laquelle il s'était mis, le général essuya ses larmes puis se prépara à partir.

Sanghyn : Pardonnez moi, ce n'est pas comme ça que devrait se comporter l'un des représentants de sa Majesté. Oubliez ce que vous venez de voir s'il vous plait.

Il récupéra donc les bols dans lesquels avaient été servis la nourriture et se dirigea vers la sortie du cachot, et avant qu'il n'en ait refermé la porte Riku l'interpella d'une simple phrase.

Riku : Nous vous aiderons.

Il se retourna alors pour regarder ces prisonniers qui affirmaient maintenant qu'ils les libèreraient de leurs fardeaux. Et pour la première fois depuis qu'il les avait capturé, il ressentit une certaine cohésion émaner du tout qu'ils formaient. Presque tous le regardaient avec un regard brûlant, témoignant par lui qu'ils approuvaient les mots de Riku. Le général resta là une dizaine de seconde à les regarder, puis se retourna finalement pour quitter l'endroit.

Lorsqu'il fut parti personne n'osa dire un mot. Les bruits de fonds qui animaient les cachots reprirent finalement possession des lieux et ce fut dans cette ambiance lugubre que tous passèrent la nuit. La matinée arriva rapidement, et avec elle se réveilla Dameon Kaliban. Le capitaine pirate qui n'avait pas eu la chance d'entendre toute l'histoire eut l'impression d'avoir dormi pendant une année entière lorsqu'il pu voir la tête de ses compagnons de cellules, presque tous fatigués et déprimés. Laissant donc son esprit taquin de côté il demanda ce qu'il s'était passé, et Pandore lui répéta mot pour mot ce que leur avait confessé le général la nuit passée. Une fois le récit conté Riku voulu s'assurer du ressenti qu'avait eu le capitaine pirate.

Riku : Tu comptes faire quelque chose par rapport à ça, Dameon ?
Dameon : J'ai bien l'intention de m'impliquer dans cette histoire oui.
Méridia : On renverse un royaume donc ? Intéressant !
Agito : On ne laissera pas passer ça non plus hein Riku ?
Riku : Sûrement pas.
Lily : Tant que l'on peux aider cet homme, il était si triste...
Rashek : Avant de penser à les aider il faudrait peut être penser à nous aider nous même.
Shigeru : Je suppose qu'on devrait laisser la résolution de ce problème à notre "Capitaine", n'est ce pas Dameon ? Après tout, les fourberies sont votre domaine à vous pirates.
Pandore : Et vous marines restez là à ne rien faire, pour ne pas changer de d'habitude c'est ça ?
Shigeru : La ferme planche à pain.
Pandore : Qu'est ce que tu...

Avant que la discussion n'ait le temps d'aller plus loin la porte menant aux cachots s'ouvrit, laissant entrer le général Sanghyn. Tous savaient ce que cela pouvait signifier, l'heure de leur jugement final était arrivé. Une escorte vint donc les chercher, les emmena se faire préparer pendant une trentaine de minutes pour qu'ils ne soient pas présentés à la cour dans un état trop pitoyable, et les dirigea ensuite vers la salle du trône. Ils firent donc ouvrir les portes d'ébène et rentrer les prisonniers à l'intérieur. Comme un dernier avertissement et se rappelant de ce qui s'était produit un jour plus tôt, Riku s'adressa une dernière fois à Dameon.

Riku : Ne foire pas ça Dameon.
Dameon : Je n'en avais pas l'intention.

Tous pénétrèrent donc dans la grande salle et furent placer en ligne, face au trône. Ils comprirent rapidement qu'aujourd'hui il n'y aurait pas de délibération, celles-ci avaient déjà eu lieu. Non il ne s'agissait là que d'une sentence. La Reine s'avança alors auprès de son mari comme la veille et prit la parole.

Reine de Cœur : Étrangers, nous avons discuté la nuit dernière de votre cas. Bien que la mise en scène ait été inadmissible nous ne pouvons que reconnaitre vos qualités de médecin. Cependant le problème principal n'a toujours pas été résolu. Il reste possible que vous soyez des espions venus abréger la vie de notre Roi. Nous avons donc pesé le pour et le contre et il a été décidé que nous prendrions la décision de prudence par rapport à ce problème. Nous avons bien sûr pensé à vous reconduire à un navire et vous faire quitter l'île mais vous en savez malheureusement trop, sur les lieux, sur l'état de nos troupes, vous avez vu trop de choses. C'est pour cela que la sentence qui a été décidée pour vous est...

Devinant les prochains mots qui allaient sortir de la bouche de la Reine, Dameon prit la liberté de la couper, tentant comme il le pouvait de sauver sa peau et par extension la peau de tous ceux qui étaient avec lui.

Dameon : Majesté, j'ai une preuve à apporter. Si vous m'apportez mon sac je pourrais mettre à votre disposition un élément qui prouvera que je ne suis qu'un électron libre de passage sur cette île.

Personne ne s'attendait à ce genre d'intervention. Pas même ses compagnons du jour qui semblaient tous bien étonnés devant l'affirmation du Pirate. Mais n'ayant aucune autre alternative tous lui firent confiance. La Reine sembla hésiter quelques secondes, laissant tous les spectateurs de la scène pendues à ses lèvres, impatient de savoir quelle serait sa décision.

Reine de Cœur : Très bien, que l'on lui apporte son sac.

Immédiatement un servant parti au pas de course chercher ce qui avait été demandé, et revint une minute plus tard pour le remettre au pirate. Par mesure de précaution, deux gardes qui avaient déjà assisté à ses exploits la veille s'approchèrent de lui, plaçant les lames de leurs lances sous sa gorge. Dameon remercia alors le gentilhomme qui lui avait apporté son sac, commença à fouiller, les mains toujours menottés, à l'intérieur, et en sorti une simple feuille de papier enroulée sur elle même.

Reine de Cœur : Une feuille de papier ? En quoi ceci est-il censé vous disculper ?

Mieux que des mots, Dameon choisit de simplement dérouler la feuille sous les yeux de la Reine pour lui en dévoiler son contenu. De loin, la seule chose qu'elle pu voir fut ce qui semblait être une photo de Dameon. Elle demanda alors à ce qu'on lui apporte directement cette feuille et en fit rapidement la lecture. "Wanted, Dead or Alive, Dameon Kaliban : 87.000.000 de Berry's".

Dameon : Bien que vous viviez plutôt en autarcie vous devez savoir de quoi il s'agit n'est ce pas, c'est un avis de recherche émit par le gouvernement mondial, prouvant que je suis un Pirate. Cette affiche prouve que je ne suis pas originaire du Royaume de Diamant.

La réaction fut immédiate parmi ceux qui assistaient au "procès" et un brouhaha important prit possession de la salle. Un pirate. Devaient ils lui faire confiance ? Devaient ils le craindre ? De plus sa prime était assez importante... Mais cela voulait aussi dire qu'il n'était pas du Royaume de Diamant ! Les discussions allaient bon train dans le "public", et il en ressortait que faire confiance à cet homme restait quelque chose d'assez difficile. Et c'est là que Dameon reprit la parole.

Dameon : Je sais que ce n'est pas beaucoup mais c'est toujours mieux que rien. Maintenant si vous ne nous faites toujours pas confiance je suis prêt à vous révéler mon joker.

Les bruits dans le public cessèrent alors d'un coup, laissant l'attention se focaliser sur le Capitaine Pirate qui s'amusait un peu de la situation.

Dameon : Malphas, montre toi s'il te plait.

Le serpent se manifesta alors par un premier sifflement qui fit frémir toute la salle. Il parcouru alors le corps de Pandore jusqu'à atteindre le sol de marbre, rapidement encerclé par de nouveaux soldats qui bien qu'effrayés tentaient d'assurer la sécurité de leurs Roi et Reine.

Reine de Cœur : Qu'essayer vous de faire, Dameon Kaliban ?!
Dameon : Ce serpent que vous avez devant vous se nomme Malphas. Depuis que vous nous avez capturé nous l'avons gardé avec nous. N'en voulez pas à vos soldats, le repérer sans une quelconque intention malsaine envers la chère Pandore qui se trouve à ma droite aurait relaté de l'impossible. L'important ici est que vous compreniez que si nous avions voulu tuer le Roi, nous aurions déjà pu le faire. Malphas aurait aisément pu s'introduire dans sa chambre et le tuer de son venin. Celui-ci n'est couramment pas mortel mais un homme en aussi mauvaise santé que votre mari n'y aurait probablement pas survécu. Il en est de même si nous avions voulu nous échapper, ne vous fiez pas à l'apparence que vous voyez en ce moment, mon ami ici présent est capable de prendre une forme qui donnerait du fil à retordre à la plupart de vos meilleurs soldats, croyez moi. Démonstration, s'il te plait Malphas.

Le serpent siffla doucement puis commença doucement à grandir, puis grossir. Le sourire aux lèvres, Kaliban conseilla aux soldats qui entouraient l'animal de reculer de quelques pas. Et c'est ainsi que sous leurs yeux des ailes poussèrent sur le dos du serpent, son visage s'allongea pour donner naissance à un bac pointu abritant deux crochets redoutables. L'animal se redressa donc pour se tenir sur les serres de corbeau qui avaient également poussés durant la transformation. Il déploya alors ses grandes ailes et poussa un croassement si puissant qu'il en fit trembler les murs de tout le château.

Dameon : Comme vous le voyez je n'ai pas menti une seconde. Je vous révèle ceci en gage de ma bonne foi, avec ces informations à votre disposition vous devriez comprendre que nous n'avons rien à voir avec ces Diamantins.

Rapidement, des archers prirent position autours de la monstrueuse bête qui s'était manifestée, bandant une flèche à leur arc au cas où il y aurait un besoin pressant. Tous attendaient la réaction de la Reine à ce discours provocateur mais qui avait pourtant conquit plus de la moitié de l'auditoire.

Reine de Cœur :Vos efforts sont louables Dameon Kaliban, mais malheureusement pour vous, plus que me prouver que vous n'avez rien à voir avec le royaume de Diamant, ce que vous me prouvez en ce moment c'est que vous êtes peut être encore plus dangereux que leurs émissaires.

Elle ne rajouta aucune phrase à cela, elle se contenta de regarder ceux qui tenaient les lances en dessous de la gorge de Dameon, leur passant un message visuel plus que clair. Visiblement il n'avait pas été assez convainquant... Le Capitaine pirate se mit alors à rire sans modération, puis tourna son regard vers Riku un grand sourire aux lèvres.

Dameon : Bon bah... J'ai foiré !

Le visage du Sergent Chef se décomposa alors qu'il regardait les lances des deux bourreaux se soulever, s'apprêtant à décapiter le pirate. Un acte qui ne lui aurait pas déplu si on avait mit de côté le fait qu'il était le prochain. Cependant, alors que les lances tombaient fatalement vers le cou de leur victime, les mots d'un homme les stoppèrent. Il ne s'agissait pas du Roi, non il s'agissait du Général Sanghyn.

Sanghyn : Attendez majesté !! Je me porte garant pour eux ! Si ces hommes sont dangereux pour nous ils le seront tout autant pour les Diamantins. Nous ne pouvons pas pleinement leur faire confiance je vous l'accorde, mais ils pourraient représenter une aide dont nous ne pourrions nous passer en ces moments difficiles. Laissez moi les emmener jusqu'aux Monts d'Obsidiennes. Là-bas ils feront leurs preuves : ils mourront à la guerre ou tueront ceux qui les auront engagés, dans tous les cas nous n'y aurons rien perdu. Je m'assurerais personnellement qu'ils ne représentent une menace à aucun moment du trajet. Ils ne pourront ni vous blesser vous, ni blesser sa majesté le Roi. Et si sur le champ de bataille ils font leurs preuves alors nous leur ferons confiance.
Reine de Cœur : De ce que j'en vois ta confiance leur est déjà acquise Sanghyn, pourquoi ?
Sanghyn : Parce que pour moi ils les ont entendus votre majesté, les supplications de nos cœurs.
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Message par Unholyscream Jeu 8 Aoû - 1:01

Dameon

    J'éclatai de rire lorsque je quittai le palais royal, cette fois-ci totalement libre de mes mouvements. Je commençais à me lasser du granit marin qui me rendait plus faible que je ne l'étais réellement. J'inspirai profondément l'air chaud de la capitale d'Hartcore, une ville presque fantôme. Si j'en croyais Sanghyn, on était bien loin de l'âge d'or de la cité, durant lequel cette dernière était la ville la plus peuplée et la plus riche de l'île, bien avant le début de la guerre. Aujourd'hui la moitié des habitations, si ce n'est plus, était vide, à l'abandon. Alors que nous déambulions dans les rues, entourés par une petite armée de lanciers, je lançai :
Dameon : Alors, que vas-tu faire de nous, Sanghyn ?
Sanghyn : Vous allez vous battre et mourir pour le Royaume de Coeur.
Pandore : Se battre oui...
Riku : Mais mourir, certainement pas.
Sanghyn : Je vous le souhaite. Mais probablement vous allez fuir, rien ne vous retient désormais.
Un sourire carnassier étira mes lèvres et je me mis à jouer avec une dague du bout des doigts. Puis je rétorquai :
Dameon : Cela fait longtemps que je n'ai pas exercé mon art de prédilection, une guerre semble être l'occasion idéale.
Sanghyn : Un art ?
Dameon : Surprise.
Riku ouvrit la bouche pour lancer une réplique cinglante mais lorsqu'il vit que nous étions arrivé à destination, il se tut. Nous étions arrivé devant une de ces grandes maison de grès couleur sable et au toit plat. Au dessus de chaque fenêtre se trouvaient toutefois des tentures colorées et les murs étaient décorées de fines ornementation, gravées à même la pierre. Si l'habitation avoir jadis appartenu à de riches marchants, elle était désormais dépeuplée et terriblement vide. On y avait laissé quelques meubles tel qu'une grande table et quelques tabourets, ainsi que des lits dans les différentes chambre. Une bibliothèque vide trônait au centre de la pièce centrale, couverte de poussière. Si l'essentiel était là, toute la vie et l'âme qui avait un jour habité ici était partie. Pas la moindre décoration. Pas de tapis, pas de plantes en pot, pas de tableaux, pas même de vase. Les dalles et les murs étaient nus, froids et peu accueillant. Mais la perspective de dormir dans un vrai lit commençait à me faire baver, je devais bien l'avouer. Après nous avoir expliqué que la maison était surveillée par une vingtaine de garde, le général Sanghyn nous laissa là. Il réapparut un peu avant le coucher du soleil pour nous apporter le repas de la journée. Aussi copieux que celui de la veille, il ne suffit pas à remplir mon estomac vide, mais je n'allais toutefois pas me plaindre. Ce peuple nous donnait toute la nourriture dont ils disposaient, uniquement pour ne pas nous obliger au cannibalisme... Trop attiré par le matelas à peu près confortable qui m'attendait, je me jetai dessus et m'endormit presque aussitôt. J'eus seulement le temps de remercier en silence la noblesse d'âme des Coeurois avant de m'enfoncer dans un sommeil cauchemardesque. Mes sombres pulsions faisaient battre mon coeur si violent que je craignais qu'il ne bondisse hors de ma cage thoracique.

    Lorsque le soleil me réveilla, la matinée venait tout juste de débuter. Je quittai aussitôt la chambre que je partageais avec Rashek, après l'avoir réveillé plutôt brutalement. Rapidement, tout le monde finit par quitter son lit, et marines et pirates se retrouvèrent dans la pièce centrale de la maison. Ne sachant quoi faire, je me mis à auiguiser soigneusement mes dagues tandis que Rashek vérifiait que ses épées étaient toujours aussi tranchantes. Riku fit de même avec sa claymore tandis que les autres attendaient, s'ennuyant royalement. Pandore, allongée au sol les yeux fixés sur le plafond, étouffa un bâillement d'ennui, tandis qu'Agito faisant un sort à sa dernière sucette. De son coté, la jeune Meridia s’entraînait à marcher sur les mains, rapidement imitée par la jeune Lily, qui, il fallait bien l'avouer, avait un peu moins de succès...
Enfin, les portes s'ouvrirent et Sanghyn entra, drapé dans une belle cape assortie à la crinière qui ornait son cou. Il avait revêtu une armure rutilante, qui ne couvrait que son dos, ses avant-bras et ses jambes. Autour de la taille il portait un voile de mailles noires qui tombait jusqu'à ses genoux. Sur ses tibias et ses avant-bras, la plaque de métal était agrémenté d'une pointe écarlate. On aurait dit un véritable dieu guerrier. Il nous salua brièvement puis étala une carte sur la table.

Spoiler:

Sanghyn : J'espère que vous avez bien dormi, aujourd'hui nous partons en guerre. Nous allons au nord des Monts d'Obsidienne. Nos éclaireurs nous ont affirmé qu'une armée de diamantins s'apprêtait à quitter la ville de Nen, renforçant les troupes ennemis qui nous assaillent là-bas depuis quelques jours. Si on se laisse faire, on se fait envahir mais les troupes que nous avons sur place ne sont pas suffisantes, c'est pourquoi notre Majesté a décidé d'envoyer mon unité en renfort. Je... Je suis désolé d'avoir à vous demander cela, mais vous devez venir. Sinon vous serez exécutés.  Vous savez, la guerre est la guerre...
Riku : On pas le choix je suppose...
Dameon : Haha bien sur que si ! On nous laisse le choix du lieu de notre mort.
Agito : Super, on va bien s'amuser ici, avec vous...
Le général Sanghyn replia sa carte et la donna à l'un de ses hommes qui attendait juste derrière lui. Ce dernier quitta la maison et fonça en direction du palais royal, pour annoncer que les étrangers avaient accepté de rejoindre l'armée. Il sourit faiblement et ajouta :
Sanghyn : Nous partons dès que vous êtes prêt. Le champ de bataille se trouve à environ 3 jours d'ici, mais seulement si on prend des montures. J'espère d'ailleurs que cela ne vous pose pas de problème, sinon vous allez avoir du mal, à pied dans le Désert de Rocailles et ses montagnes.  Des questions ?
Dameon : Quand pourrais-je soigner votre roi ?
Sanghyn : Quand vous aurez prouvé à notre Reine que vous êtes réellement capable de comprendre la douleur de nos coeurs. Enfin, quand notre peuple tout entier aura compris que ma confiance n'aurait pas pu être mieux placée.
Riku : Nous ne vous décevrons pas, nous sommes des hommes (et des femmes) d'honneur.
Dameon : Nous sommes prêts.
Sanghyn : Parfait, suivez moi, nous nous rendons aux écuries.

    Le général nous fit alors traverser toute la ville, toujours accompagné de notre escorte de vingt lanciers. La chaleur commençait à se faire accablante, aussi il nous fit accélérer, jusqu'à un grand bâtiment, bâti contre la muraille extérieure. Cette fois ci la bâtisse était surtout faite en bois, mais avec une solide base en grès. Les murs étaient percés de nombreuses fenêtres pour bien y faire entrer l'air et on pouvait apercevoir une sorte de lac artificiel derrière l'arche qui servait de porte. A l'intérieur, se trouvaient quelques bêtes, ces espèces de montures cornues mais elles étaient toutes allongées, épuisées. Certaines semblaient même mourantes... Était-ce donc là nos montures ? Je poussais un soupir de soulagement en constatant que Sanghyn continuait à avancer, traversant les écuries pour nous faire ressortir à l'extérieur des murailles, dans la deuxième partie de l'écurie. Cette fois si, on voyait des centaines de créatures qui gambadaient dans une sorte d'immense pré délimité par des barrières de fer. Sauf qu'il n'y avait pas de pâturages ici, seulement du sable, des pierres et quelques touffes d'herbe séchée et dure. Je constatai avec amusement qu'un grand nombre de bêtes était en train de boire à grande gorgée l'eau de la mare qui se trouvait au centre de l'enclos. Et je fus encore plus amusé en les voyant manger directement du sable. C'était donc pour cela que ces créatures pouvaient survivre en milieu si hostile, leur nourriture était très facile à trouver. Mais elle ne devait pas être très bonne, car les bêtes s'acharnaient également à dévorer chaque plante qu'elles voyaient. Sanghyn s'approchait de l'une d'elle, lui flatta l'encolure puis nous expliqua :
Sanghyn : Ces créatures que vous voyez là sont nos montures, les Ésis de Coeur. Ils sont très rapides et n'ont pas besoin de nourriture, le sable leur suffit. De plus, il sont capable de conserver l'eau dans leurs corps pendant plusieurs jours c'est pourquoi on n'a besoin de les abreuver qu'une fois par semaine dans le pire des cas. Ces pauvres créatures souffrent du même calvaire que nous à vrai dire, sauf qu'au lieu de chair humaine, elles se contentent de sable. Cela doit être pour ça que nous sommes si proches d'elles... D'ailleurs l’Ésis de Coeur est un animal très fidèle, une fois qu'il a été monté il n'acceptera pas d'autre cavalier. Choisissez-en un chacun, s'il vous plait, ceux que vous voyez là n'ont jamais été montés. Considérez cela comme un cadeau.

    Il nous fit un petit clin d'oeil peu enjoué et je me mis à déambuler dans l'enclos, à la recherche d'une monture à mon image. Au bout de quelques instants, je la trouvai. Son pelage couleur sable était strié de discrète rayures noires et elle arborait une fine crinière de jais, qui débutait entre ses cornes et qui s'achevait à la base de son cou. Lorsque la bête me vit, elle hérissa sa crinière et me toisa d'un air méfiant. Un soldat vint m'apporter une selle et, avec une légère vague de douleur je poussai l’Ésis à s'agenouiller devant moi. Je posais aussitôt la selle et bondit dessus d'un seul mouvement, rapide et précis. Je rassurai la créature en lui ôtant toute douleur et elle se calma enfin, avant de m'obéir docilement. Du haut de ma monture je pus voir que les autres avaient également choisi leurs montures, ou était justement en train de le faire.
Pandore avait opté pour une bête dont les cornes étaient particulièrement longues et fines, tandis que Meridia était juchée sur une Ésis dont le pelage était exactement de la même couleur que le sable du désert, avec toutes ses nuances de jaune et d'orangées. Rashek devait avoir choisi la bête la plus imposante qui était des plus impressionnantes avec sa gueule trapue et ses larges cornes. Je tournai alors la tête de l'autre coté et constatai que Riku avait également choisi une monture qui avait une crinière, sauf que celle de sa monture était plutôt blanche, tout comme les rayures de son pelage. Je ne pus réprimer un sourire : les deux capitaines avaient choisi une monture opposée en terme de couleur mais similaires de part leur attributs de majesté. Nul doute que les Ésis à crinière devaient être les chefs de horde... Agito avait quant à lui décidé d'utiliser une belle bête aux cornes petites mais orientées vers l'avant tandis que son amie Lily était montée sur une grande créature aux belles cornes noires, fait surprenant quand on voyait que tous les autres Ésis avaient des cornes couleur sable. Et enfin Shigeru s'était hissé, non sans mal, sur une monture plus âgée à en juger par la taille incroyable de ses cornes.
Sanghyn : Je vois que vous avez tous votre monture ! Nous pouvons y aller, le reste de mon unité ne va pas tarder, elle compte environ 300 cavaliers. J'espère que cela suffira à repousser les ennemis...
J'eus un petit rire méprisant avant de lancer :
Dameon : Humph. Les repousser ? Non, nous allons les annihiler.
D'un coup de talon, je fis bondir ma fière monture vers l'avant, ses cornes perçant fougueusement l'air chaud du désert.




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Message par Mam'Rik Jeu 8 Aoû - 10:17

Sanghyn regarda Dameon partir au galop sur sa monture, rapidement suivi par le reste du groupe. Aucun d'eux ne semblait avoir de problème avec sa monture, chevauchant les bêtes comme s'ils l'avaient fait toute leur vie. Aucun d'eux si ce n'est Lily qui, bien moins douée que les autres, était tombée de sa selle et le pied coincé dans l'étrier avait laissé sa monture s'emballer, dépassant fièrement toutes les autres tandis que sa maîtresse trainait sur le sable fin. Une scène qui ne manqua pas de faire éclater de rire tout le groupe de cavaliers, et qui réussie même à décrocher un sourire au général Sanghyn. Les voyant s'amuser ainsi il ne pu s'empêcher de se demander quels genres d'hommes ils pouvaient être, pour pouvoir rire ainsi alors qu'ils partaient en guerre.

Une fois quelques habitudes prises, nos cavaliers menés par le Général Sanghyn se rendirent devant la porte principale de la Capitale. Celles-ci s'ouvrirent donc pour laisser sortir des dizaines de soldats. Leur nombre n'aurait sûrement pas été estimable s'il n'avait pas été énoncé plus tôt dans la journée, il s'agissait de trois cents hommes et de leurs montures. Tous portaient leurs propres équipements militaires et étaient prêt au combat. Cependant, aucun ne semblait enjoué d'une quelconque manière à l'idée de rejoindre le champs de bataille. Et il fallait dire que cela était compréhensible, même gagnée, cette bataille ne pourrait leur apporter de réconfort, à eux, dont la victoire signifiait le remplissage de leur maudit garde manger. Et il ne fallut pas longtemps pour que ce désespoir ambiant gagne notre groupe de prétendus docteurs. Ils suivirent donc le général, en tête de convoi, se contentant de profiter du paysage que leur offrait le trajet. Prêts à assumer trois jours de voyages intenses.

Premier Jour.

Au départ ils n'eurent pas grand chose à regarder. Ils avaient déjà eu la chance à l'aller d'observer les abords de la capitale et ceux-ci n'avaient rien d'extraordinaires. Mais après deux petites heures de route des changements commencèrent à apparaitre. Petit à petit, les paysages environnant prenaient du relief. Le convoi traversait en effet plusieurs collines, toujours plus grandes les unes que les autres. Puis après un certains temps apparurent les premières montagnes. Au loin tout d'abord, puis elles se rapprochèrent. Le groupe de cavaliers coupa à travers les vallées, mais cela ne les empêcha pas de découvrir ces montagnes du regard. Elles étaient magnifiques, totalement dénudés de toute couverture florale, pas un seul arbre ne les recouvraient. On pouvait donc aisément voir les creux qui apparaissaient un peu partout sur leurs flancs, donnant l'impression que l'on pouvait pénétrer à l'intérieur de ces montagnes. Finalement Lily, qui était la plus intriguée par cet environnement, fini par poser la question qui démangeait les lèvres de tous nos voyageurs ou presque.

Lily : C'est quoi ces creux ?
Sanghyn : Il s'agit d'entrées qui mènent directement à nos mines. La plupart datent d'avant le début de la guerre, c'est à dire il y a une éternité ! A cette époque la région était l'une des plus actives de l'île. Des centaines d'hommes et de femmes se rendaient ici chaque jour afin d'extraire les minerais que renferment ces terres. Mais après le début de la guerre, beaucoup d'entre eux ont rejoint le royaume de Diamant ou ont juste été mobilisés pour combattre... Aujourd'hui encore la région est la plus habitée du royaume de Cœur, après tout nos joyaux ne s'extraient pas tout seul, mais ça n'a plus rien à voir avec notre âge d'or. Les trois quarts de nos galeries ne sont plus exploités, manquant d'entretiens elles ont vite été jugées instables. Toutes ces entrées sont en quelques sortes là pour nous rappeler nos années de gloire passée...
Shigeru : Ou bien le glorieux futur qui vous attend lorsque cette guerre aura prit fin.

Une réponse qui ne sembla pas beaucoup rassurer le général, mais qui eut un effet intéressant sur Dameon, qui s'imaginait sûrement déjà revenir se remplir les poches à cette source d'or intarissable. Ou peut être se voyait il remercié personnellement par le Roi et la Reine...

Dameon : Vous devriez prêter attention aux paroles du nain Général, les nains ont toujours raison !
Riku : Les enfants ont toujours raison, pas les nains, les enfants.
Shigeru : Je rêve ou vous êtes tous les deux en train de me traiter de nain là ?
Dameon : Les enfants, les nains, c'est la même chose mon cher Riku, au final ils sont tous petits.
Shigeru : T'as dit quoi là ?!

Shigeru s'élança donc toujours sur le dos de sa monture à la poursuite de Kaliban, qui ne mit pas deux secondes à détaler sur le dos de la sienne.

Agito : Oh regardez Shigeru vole !

En effet, à cause de sa petite taille, lorsque sa monture s'emballait, Shigeru ne pouvait tenir sur sa selle et se retrouvait à voler, se tenant comme il le pouvait à ses rênes qui étaient le dernier lien entre lui et sa monture. Une manière de monter qui amusa la plupart des soldats qui assistaient à la scène. Bien entendu le nain ne rattrapa pas Dameon et le soir venu, lorsque le convoi fini par s'arrêter, il eut le droit à toutes sortes de moqueries pour le lui faire remarquer. Puis l'heure du repas vint distraire le pirate de son œuvre de persécution. Comme chaque soir depuis une semaine maintenant, ils mangèrent un simple fruit, mais cette fois ci aucune plainte ne fut émise. Ce repas si sommaire fut d'ailleurs plus que suffisant pour assommer la moitié de nos voyageurs. La plupart s'allongèrent alors pour observer la beauté de l'endroit qui les entourait. Ils étaient en pleine nature, au pied de deux montagnes dans un environnement ni trop chaud ni trop froid. Le ciel étoilé ne présentait aucun nuage, dévoilant pleinement les lumières des astres qui l'habitait. On n'entendait pas grand chose, en dehors des conversations des hommes qui étaient aux alentours et du bruit que faisait le petit cour d'eau auprès duquel ils étaient stationnés. L'endroit n'était pas spectaculaire, mais était très reposant. Riku profitait pleinement de ce moment de calme pour faire une sieste. Et il ne fut pas le seul à sauter sur cette occasion. Autours de lui se trouvaient Shigeru, Dameon et Rashek.

Riku : Quelqu'un sait où sont Agito et Pandore ?
Shigeru : L'une embête l'autre prêt du cour d'eau.

Comme pour confirmer cela on pu entendre au loin les cris de supplication d'Agito, qui semblait encore une fois tout faire pour protéger les petites sucettes qu'il avait amené avec lui.

Riku : Je vois... M'en dites pas plus, j'ai pas la tête à m'occuper de ça ce soir.
Shigeru : Je sens que l'on va bien dormir ce soir, le voyage aura été long et en aura fatigué plus d'un.
Dameon : Et toi le premier n'est ce pas courte pattes.
Shigeru : Tu vois, là, j'ai même plus la force de répondre à tes attaques, voilà à quel point je suis fatigué.
Riku : Fermez là et faites comme tout le monde, dormez...
Rashek : Tout le monde ne dormira pas ce soir.

La phrase de l’épouvantail jeta un froid, et il fallu quelques secondes pour que Riku ose réchauffer l'atmosphère en répondant à l'affirmation du pirate.

Riku : Qu'est ce que tu veux dire ?
Dameon : Il doit vouloir parler de Nocturne.
Riku : Ah oui bien sûr Nocturne... Oh mon dieu Nocturne ! Shigeru, où est Lily ?!

Le nain se releva immédiatement, soudainement réveillé par la phrase que venait de dire son supérieur. Un seul coup d’œil suffit alors à Riku pour comprendre que son subordonné n'avait aucune idée d'où se trouvait Lily. Paniqués, le second marine se releva d'un coup, cherchant du regard autours de lui ! Il aperçut rapidement Agito qui fuyait Pandore au bord de la rivière, mais ne pu trouver Lily, ou même Nocturne.

Dameon : Vous en faites pas elle doit juste être en train de se balader.
Riku : Non, tu ne comprends pas Dameon, ces deux là, Lily et Nocturne, elles ne doivent absolument pas se rencontrer ! Pas seules !
Dameon : Qu'est ce que tu racontes ? Elles ont déjà passé une nuit ensemble, dans cette tente, le premier soir.
Shigeru : Mais le granit marin changeait totalement la donne...

Le Capitaine pirate commença alors à s'intéresser à cette histoire, se relevant partiellement, il demanda à Rashek s'il savait où s'était réfugiée Nocturne, et celui-ci répondit par l'affirmative. Il leur indiqua ensuite où elle s'était installée, quelque peu en dehors du camp afin que personne ne vienne la déranger. Immédiatement, Riku, Dameon, Rashek et Shigeru prirent cette direction. Durant leur courte marche Dameon prit l'initiative de se renseigner sur cette histoire.

Dameon : Qu'est ce qui t'inquiète exactement ?
Riku : Lily, c'est une mangeuse de fruit du démon, comme toi et moi. Seulement son fruit est bien plus envahissant que les notre. Le sien se nourrit de toutes les émotions négatives qui l'entoure, réveillant petit à petit le démon qui sommeil en elle, une seconde personnalité à l'opposée de la première : Lilith.
Shigeru : C'est pour cela qu'on préfèrerait éviter que Lily et Nocturne se retrouve seul, je ne tiens pas vraiment à voir ce que ça pourrait donner.
Rashek : Il semblerait que nous soyons sur le point de le découvrir.

En effet, Nocturne n'était pas si loin du camp que ça, à vrai dire à peine avait on dépassé les tentes que l'on pouvait la voir, assise sur l'herbe, les yeux plongés dans le regard d'une autre : Lilith. Les deux femmes se fixaient, l'une debout, l'autre assise. Puis Lilith se baissa, se mettant à la hauteur de son interlocutrice, approcha sa bouche de l'oreille de Nocturne, puis lui souffla ces quelques mots.

Lilith : Merci de m'avoir réveillée.

En guise de réponse, Nocturne tenta de lui trancher la gorge à l'aide de ses griffes tranchantes, mais la réaction de la marine fut immédiate. Elle recula vivement la tête en arrière, laissant tout de même les griffes tracer trois sillons parallèles au niveau de sa gorge. Lilith passa sa main sur sa blessure, constatant que celle-ci saignait, se mit à sourire, puis reprit sa conversation le plus normalement du monde.

Lilith :Oh je ne faisais que remercier, pas de quoi m'agresser ainsi.

Une réplique qui ne fit qu'énerver encore plus Nocturne, qui percevait très bien le sarcasme dans la voix de Lilith. D'un bond, elle s'élança vers la marine, les ongles en avant. Mais cette fois-ci la marine n'esquiva pas, non, contrairement à tout ce qu'aurait recommandé toute logique, elle s'élança elle aussi sur Nocturne. Laissant les griffes de la bête pénétrer son avant bras gauche qu'elle usa comme un bouclier, elle plaqua Nocturne contre le sol. La bête étant alors "sous contrôle", elle rapprocha à nouveau sa bouche de son oreille et se remit à lui chuchoter de douces paroles.

Lilith : Tu me hais n'est ce pas ? Et c'est cette haine qui te dicte de m'attaquer si férocement. Mais savais tu que de cette même haine provenait ma propre force ? Je me nourris d'elle, je me suis éveillée à cause d'elle, je souris grâce à elle.

Là, Nocturne apposa ses jambes sur le ventre de Lilith, poussa violemment et se dégagea ainsi de la prise de son adversaire, qui une fois relevée ne manqua pas de terminer son discours pour autant.

Lilith : Ta haine est la source de ma force, et ma force est la source de ta haine, n'est ce pas merveilleux ?

Nocturne se mit alors à observer ses griffes, qui étaient maintenant colorées du sang de son adversaire, elle en lécha une partie, et sembla se réjouir de la qualité de ce sang. Le sourire sur le visage de Lilith s'agrandit alors encore plus.

Lilith : Je suppose que je devrais considérer cela comme un "oui".

Les deux combattantes coururent alors l'une vers l'autre, s'adonnant à un combat des plus violents qu'il ait été donné de voir. Aucune d'elles ne se préoccupait de la condition de son corps, non, leur but était de frapper, de faire mal, rien d'autre ne les intéressait. C'est ainsi que naquirent une multitudes de marques de griffures ainsi qu'une multitudes de bleues des deux côtés. Le sang giclait de toutes parts, mais elles continuaient, sans que cela ne puisse ne serait ce que les ralentir. Le clair de lune éclairait cette bataille à mort. Et jamais celle-ci n'avait semblé aussi grosse, à croire que la lune elle même s'était approchée pour assister à cette bataille de titans. Et à quelques mètres de là, Riku, Dameon, Shigeru et Rashek observaient le combat.

Shigeru : On ne va pas intervenir ?
Riku : C'est déjà trop tard pour cela...
Dameon : Maintenant qu'elles sont lancées, rien ni personnes ne les empêchera de mettre un terme à ce combat.

Ils se contentèrent donc d'observer. Le terrain du combat était plutôt dégagé, laissant tout le loisir à Lilith et Nocturne de bondir où qu'elles le veuillent, de se mouvoir sans restrictions. Et le combat dura ainsi des heures. Des heures durant lesquelles elles se lacérèrent, se frappèrent, sans que l'une n'abandonne devant l'autre. Au fil des minutes, ce combat avait fini par être remarqué par quelques soldats de l'armée, et c'était maintenant devant un public d'au moins une trentaine de personnes que Nocturne et Lilith combattaient. Bien sûr, aucune des deux protagonistes ne prêta attention à ce détail. Ils n'étaient que des insectes à côté de la proie qui se dressait devant elles. Et ce combat dura des heures, heures durant lesquelles la lune qui avait été si proche ne cessa de s'éloigner, jusqu'à ce qu'elle commence à céder sa place.

Les corps des deux femmes n'en pouvaient plus, et seules leurs volontés les maintenaient maintenant debout. Les bras de Nocturne pendaient, fatigués d'avoir autant bougés durant toute cette soirée. Son visage était tâché de sang, les coups de Lilith avaient ouverts de nombreuses plaies qui laissaient maintenant s'échapper le liquide rouge en masse. Mais la marine n'était pas en reste, son corps ainsi que ses vêtements étaient lourdement lacérés, donnant une vue plus qu'intéressante à tous les soldats qui observaient. Et chacune des griffures avaient laissées s'échapper une quantité importante de sang. A vrai dire, si ce n'était pas pour la résistance que lui accordait son fruit du démon, Lilith aurait déjà rendu l'âme depuis bien longtemps. Mais elle tenait. Face à face, les deux femmes se toisaient d'un regard meurtrier. Elles avaient combattu avec vivacité toute la nuit mais prenaient maintenant le temps de s'observer, un comportement qui intrigua la plupart des spectateurs.

Dameon : Le combat arrive à son terme, et elles le savent.

En effet, la lune s'était maintenant bien écartée, et le soleil était sur le point de se lever à présent. Dès que le premier de ses rayons se montrerait, Nocturne laisserait sa place à Azura. Sa haine disparaitrait, et avec elle Lilith, qui laisserait elle même sa place à Lily.
Les deux femmes profitaient donc de leurs derniers instants en possessions de ces corps pour observer leurs œuvres. Chacune avait bien travaillé, en témoignait l'herbe rouge qui se trouvait maintenant sous leurs pieds, mais il était temps de mettre un terme à cela. D'un mouvement identique, elles s'élancèrent donc l'une vers l'autre. Ceci serait le dernier coup, le plus puissant de tous, il devrait décider du vainqueur ! Elles mirent donc de côté leur fatigue, leurs blessures, et poussèrent leurs corps au delà de leurs limites. Le poing de Lilith s'élança en direction du visage de Nocturne tandis que les griffes de celle-ci se dirigeaient vers le cœur de Lilith. Il s'agissait maintenant de savoir laquelle des deux frapperait en première, mais les deux frappèrent en même temps. Ou plutôt touchèrent en même temps. En effet, le premier rayon de soleil qui apparaissait maintenant mettait en évidence le fait qu'aucun des deux coups n'avait réellement atteint l'adversaire. Les griffes de Nocturne ne faisaient qu'effleurer la poitrine de Lilith tandis que son poing ne faisait qu'effleurer le front de Nocturne. Lilith se mit alors à sourire, et plaça ces derniers mots avant d'elle même céder sa place.

Lilith : Bonjour Azura, tu diras à ta sœur que sa compagnie fut bien distrayante.

Azura : Ainsi tu peux nous différencier aussi aisément, intéressant.

Cependant Lilith ne répondit pas, elle ferma délicatement les yeux laissant son corps rejoindre le sol, et disparu ainsi, alors que le soleil se levait. Immédiatement, Riku et Shigeru foncèrent à sa rescousse, mais il s'avéra que les blessures qu'elle avait reçu n'étaient pas si profondes que cela. Non, ce dont souffrait Lily n'était pas quelque chose que l'on pouvait soigner avec des bandages, il s'agissait de fatigue. Azura qui ne tarda pas à s'allonger sur le sol elle aussi semblait d'ailleurs souffrir de la même maladie. Elle ne ferma pas les yeux, mais son corps tout entier semblait l'avoir lâchée, si bien que même sa bouche ne lui permettait plus de parler.
Dameon approcha lui aussi rapidement la scène, visiblement bien satisfait de ce qu'il avait pu voir en cette soirée. Les soldats qui avaient pu observer le combat s'approchèrent aussi, curieux de savoir si les deux combattantes avaient bien survécus, et également curieux de savoir pourquoi le combat s'était arrêté ainsi. Mais le général Sanghyn, qui avait lui dormi toute la nuit ne tarda pas à venir les rappeler à l'ordre.

Sanghyn : Qu'est ce que vous faites tous ici ? Le soleil est levé, dépêchez vous d'aller préparer vos montures soldats !

Il s'approcha alors des deux belles aux bois dormant, et quelque peu choqué par les traces de combats qu'il pu voir questionna ses "prisonniers".

Sanghyn : Qu'est ce qui s'est passé ici ?
Dameon : Rien de bien important, juste une rencontre mouvementée.
Sanghyn : Vous faites ce que vous voulez après tout... Mais il vaudrait mieux pour vous qu'aucun de mes hommes ne finisse dans un état de ce genre.
Riku : Ne vous en faites pas général, ils ne risquent rien.

Les deux capitaines prirent alors dans leurs bras les deux femmes exténués, et les portèrent jusqu'à leurs montures. Le convoi partait à l'aube, et il ne pouvait se permettre de prendre du retard. Après tout, ils restaient les acteurs d'une guerre, et l'armée adverse ne les attendrait pas.

Second jour.

Chacun monta donc sur sa monture et se laissa un peu guider par elle. En effet, en plus de leur manque de nourriture habituel une bonne partie d'entre eux avaient passé leur nuit à observer le combat de Lilith et Nocturne, si bien que les seuls personnes du groupe qui furent en forme durant cette journée furent Agito et Pandore, qui après leurs chamailleries avaient fini par aller se coucher sans se questionner sur l'absence du reste de leurs compagnons. Pandore, frustrée d'être l'une des seules à ne pas tout avoir vu profita donc du trajet pour se mettre à jour.

Pandore : Dameon, j'arrête pas d'entendre des rumeurs sur un combat cette nuit, un combat titanesque. Ça plus le fait que tout le reste de la bande n'ait pas l'air d'avoir fermé l’œil de la nuit. Qu'est ce qu'il s'est passé exactement ?
Dameon : Une rencontre magnifique, dommage que Riku l'ait trouvée avant moi.
Pandore : Donc il y a vraiment eu un combat ?
Dameon : Entre Nocturne et Lily oui.
Pandore : Tu veux dire que cette Lily a réussi à survivre face à la fureur de Nocturne.
Dameon : Pour ce que j'en ai vu, elle lui a même rendu coup pour coup.

La faucheuse eut du mal à imaginer que l'innocente Lily qu'elle avait vu jusque là ait été capable de tenir tête à l'impitoyable Nocturne. Mais la flamme qui brulait dans les yeux de Dameon lorsqu'il évoquait cette nuit prouvait qu'il n'hallucinait pas. Elle passa donc la soirée à essayer d'imaginer ce combat qui avait eu lieu sous son nez, se maudissant intérieurement de s'être laisser aller au sommeil.
A mesure que le convoi avançait dans son voyage une rumeur commençait à naitre, rumeur colportée par ceux qui avaient assisté au combat de la nuit précédente. "Les membres de l'équipage de Dameon Kaliban étaient des monstres". On entendait par ci par là qu'ils pouvaient combattre des nuits entières sans éprouver de fatigue, que la quantité de sang qu'ils pouvaient verser était illimitée, et que la mort elle même craignait de devoir venir les chercher. Petit à petit, les plus sceptiques commençaient à voir en cet équipage une utilité, un espoir.

Il avancèrent donc ainsi toute la longue journée sans que rien de particulier ne se passe. Profitant tous du dos de leurs montures pour rattraper le sommeil perdu la nuit passée. Et finalement le soir arriva à nouveau, et avec lui la seconde pause pour le convoi. D'après le général Sanghyn ils étaient stationnés prêt de la cité de Lungkdaore, principal ville minière de la région. Une information non essentielle mais qui leur permettait tout de même de se situer.

Cette fois-ci, ni Riku ni Shigeru ne lâchèrent Lily des yeux, mais elle ne céda pas sa place à Lilith de la soirée. Par mesure de précaution, Riku resta tout de même constamment auprès d'elle, il ne pouvait pas prendre le risque de voir ce qui s'était produit la veille arriver à nouveau, rien ne garantissait que cette fois encore leurs coups s'arrêteraient plus vite que les battements de leurs cœurs. Il resta donc là, à la surveiller sans arrêt, lui interdisant de partir où que ce soit et s'assurant qu'elle ne fasse rien d'autre que dormir. Shigeru profita de ce petit moment à l'écart des pirates pour parler à Riku de la raison de leur présence sur cette île.

Shigeru : Riku, j'espère que ces séances de babysitting ainsi que la compagnie de ce pirate ne t'ont pas fait oublier la raison de notre présence sur cette île.
Riku : Pas le moins du monde...

Plongé dans ses souvenirs, Riku revint trois semaines en arrière, dans une des bases avancées de Grand Line, il avait en effet été appelé par ses supérieurs pour remplir une nouvelle mission. Sa première mission officielle sur Grand Line qui plus est. Pour cette première mission, son supérieur ne tenait pas à lui imposer quelque chose de trop lourd, il avait donc décidé de lui remettre l'étude d'une île et de sa population. En effet, depuis quelques semaines déjà le Royaume de Diamant avait fait sa demande pour rejoindre le Gouvernement Mondial et ainsi profiter de son influence. Certains soutenaient sa candidature pour des raisons obscures mais d'autres se méfiait de ce royaume. L'île sur laquelle il était établi était connue pour être coupée du monde et belliqueuse. Afin que quelques conseillers hauts placés puissent décider si oui ou non le Royaume de Diamant serait apte à faire parti du gouvernement mondial, il avait donc été décidé que l'on enverrait un petit détachement de marines étudier la situation de l'île. Malheureusement pour lui, lorsqu'il avait fallu accoster Riku s'était retrouvé dans le Royaume de Cœur et non celui de Diamant. C'est ainsi qu'il avait fini capturé, et qu'il avait pu découvrir la vérité sur ce qu'il se tramait sur cette île. Maintenant il avait malgré lui prit le parti du Royaume de Cœur, et n'avait pas prévu de quitter l'île sans avoir fait quelque chose pour le soutenir. Le sortant donc de son petit souvenir, Shigeru reprit.

Shigeru : Tu sais qu'ils ne nous laisseront pas ainsi indéfiniment, cela fait déjà un peu plus d'une semaine que nous sommes sur cette île, un jour où l'autre ils finiront par demander des comptes.
Riku : Ces Diamantins ont les mains sales Shigeru, et nous savons tous les deux que la Marine n'est pas habilitée à défendre ces personnes en apparence si repoussantes.
Shigeru : Donc pour toi la solution est de te faire passer pour le sous-fifre d'un pirate et de combattre un allier du gouvernement mondial sous cette bannière ? Tu ne peux pas sérieusement penser que cela va bien se terminer.
Riku : Potentiel allier, le Royaume de Diamant n'a pas encore rejoint le Gouvernement Mondial, pas tant que je n'aurais pas formulé mon rapport. D'ici là je ne commet aucun crime.
Shigeru : Et qu'en est il de la partie où tu collabores avec un Pirate ?
Riku : Personne n'a besoin de savoir à propos de ça...
Shigeru : Tu devrais pourtant savoir que certains supérieurs t'ont dans le collimateur. Il y a d'abord eu cette histoire où Pirates et Marines avaient collaborés pour vaincre un "Croc Marin" je crois, mais cela avait été excusé par le fait que vous en aviez exécuté un une fois la menace éliminée. Puis il y a eu cette collaboration avec les Crystal Moon. Et encore là tu ne connaissais pas leurs identités. Mais ça ? Collaborer volontairement avec Dameon Kaliban, l'un des pirates les plus redoutés de cette génération ? S'ils l'apprennent ils n'attendront pas une seconde pour te faire arrêter et destituer de tes fonctions...
Riku : Qu'essaies tu de dire Shigeru ?
Shigeru : Que tu es en danger, et que si tu tombes ceux sous ton commandement tomberont avec toi, ne l'oublie pas.
Riku : Cette pensée n'a pas quitté mon esprit une seule seconde...

Ce fut sur ces mots qu'ils mirent un terme à la conversation. Combattre pour la justice, voilà ce que signifiait être un marine. Et que fallait il donc faire lorsque combattre pour la justice vous poussait à trahir certains de vos engagements en temps que marine ? C'était à cette question que Riku s'efforçait de répondre. Malheureusement, rien ne lui garantissait que la réponse qu'il trouverait serait perçue unanimement par ses paires...

Troisième Jour.

Finalement le dernier jour de trajet était arrivé. Cette fois-ci tout le monde était en pleine forme. Rien n'était venu perturber la soirée et ainsi tous avaient pu récupérer de leurs durs efforts. Aujourd'hui, le général était plus motivé que jamais. Dans la soirée, nous aurions rejoint notre objectif. Et on constatait sans peine que le convoi était bientôt arrivé. En effet, lorsque le soleil fut levé, il fut aisé de repérer les immenses Monts d'Obsidienne. A côté d'eux, les montagnes minières du Royaume de Cœur n'étaient que des naines et ils avaient beau en être à un jour de marche, ces monts étaient déjà extrêmement imposants.

La troisième journée de trajet fut dans tous les cas la plus pénible. Tous étaient bien reposés, peut être même trop reposés. Ils débordaient maintenant d'énergie et ne pouvaient pourtant rien faire d'autre que de rester sur le dos de leurs montures, à observer les monts d'obsidienne qui ne semblait pas s'être rapprochés d'un pouce depuis leur départ. Constatant leur ennui, Sanghyn décida de les divertir à sa manière, leur parlant des soldats qu'ils allaient sous peu rencontrer.

Sanghyn : Vous devez l'avoir deviné par vous mêmes, mais les guerriers que vous êtes sur le point d'affronter ont des physiques réellement développés. C'est d'ailleurs grâce à eux qu'ils gagnent cette guerre. Nos équipements sont meilleurs et nos techniques se valent, mais ils ont la nourriture. Ils ont des bras capables de porter leurs épées et des jambes capables de soutenir une charge. Si je vous dit cela c'est parce que je veux que vous soyez préparés. Profitez de ces moments de marche pour vous reposer, car vous ne le ressentez peut être pas pleinement pour l'instant, mais la faim consumera vos forces lorsque vous en aurez le plus besoin...

A ce moment là, tous savaient qu'il n'essayait pas de les effrayer. Non, il essayait de les mettre en garde, de les prévenir de ce qui les attendait. Un acte louable de sa part. Bien entendu tous prirent note de son conseil. Mais ils connaissaient leurs capacités, ils savaient que même affamés, ils restaient bien supérieurs à des soldats lambdas. Peut être devaient ils juste trouver un moyen de le faire comprendre au général, qui s'inquiétait visiblement pour les mauvaises personnes. Et c'est sans se douter qu'une de ces occasions se présenterait rapidement à eux qu'ils continuèrent leur route.

Lorsque le soleil se coucha, il avait atteint les Monts d'Obsidienne, et avait même été plus vite que prévu, pénétrant légèrement dans les montagnes au lieu de rester à leurs pieds comme cela avait été prévu. Des montagnes aux flancs noirs magnifiques, sur lesquels les rayons du soleil se reflétaient, donnant l'impression que ces montagnes étaient constitués de milliers de petits saphirs aux couleurs sombres. Tous s'émerveillèrent devant ce paysage. Les trois cents hommes montèrent rapidement le camp, de manière plus développée cette fois-ci. Car ce camp ci ne serait pas démonté le lendemain, il resterait là, et accueillerait les soldats qui reviendraient du combat. Car la journée qui les attendait le lendemain n'était plus un jour de marche, il s'agirait d'un jour de guerre.

Tous s'installèrent donc dans ce qui allait être leur camp définitif. Cette nuit-ci, personne ne parti dormir tôt. Tous préparaient leurs armes pour le combat à venir, et il y avait beaucoup d'activité autours d'eux. Riku comme la veille garda Lily avec lui, s'assurant qu'elle ne croise pas le chemin de Nocturne une fois de plus. Et cette même Nocturne fut d'ailleurs la seule à ne pas partager leurs compagnie. En effet, tout le groupe était là, réuni autours d'un simple feu de camp, profitant de leur dernière soirée avant de partir au combat. Le général Sanghyn vint les rejoindre, ce qu'il n'avait pas fait les précédentes nuits. Peut être voulait il s'assurer que tous étaient prêt, ou bien que le temps qu'il ne passerait pas à dormir ce soir lui permettait de s'accorder cette petite visite. Lorsqu'il arriva, sa première remarque fut pour Nocturne qui était la seule membre du groupe à ne pas partager ce feu de camp.

Sanghyn : Une de vos amies ne manquerait pas à l'appel ?
Dameon : Ne vous en faites pas pour elle, elle aime juste être seule la nuit tombée.
Lily : Moi aussi j'aimerais bien être un peu seule, pourquoi vous voulez pas me laisser tranquille ?
Riku : Tu sais très bien pourquoi on ne peux pas faire ça.
Lily : Pourtant vous avez de plus gros problèmes à gérer en ce moment...
Riku : Qu'est ce que tu veux dire ?
Lily : Vous les sentez pas ? Ces auras menaçantes qui nous observent ?

Tous prêtèrent attention aux mots de la jeune marine. Ces mots qui sortis de la bouche de n'importe quelle autre personne l'aurait faite passer pour une folle prenaient tous leurs sens lorsqu'ils sortaient de la bouche de Lily. Si son pouvoir lui permettait d'absorber les émotions maléfiques, il lui permettait également de les repérer. Et c'est ce qu'elle venait de faire, elle venait de repérer des intentions étrangères au camp. Quelqu'un les espionnait.

Shigeru : Quelle direction Lily ?

La jeune fille indiqua alors d'un léger coup de tête la direction dont émanait ces intentions. Et Malphas qui était perché sur l'épaule de son Capitaine ne mit pas deux secondes pour confirmer les dires de Lily à l'aide de sa vue perçante. En effet, à une trentaine de mètres d'eux, dans un petit chemin étroit qui s'élevait vers les montagnes, quelques soldats dont l'apparence prouvait qu'ils n'étaient pas de Cœur les espionnait. Sanghyn qui eut besoin de quelques explications pour comprendre ce qu'il se passait s'emballa lorsqu'il comprit de quoi il en retournait.

Sanghyn : Un groupe d'éclaireur, nous devons absolument les intercepter, s'ils révèlent où nous nous trouvons une armée risque de nous tomber dessus à tout moment. Et seuls nous ne tiendrons pas longtemps. Pour cela nous allons avoir besoin de...
Riku : Ne vous cassez pas la tête plus que ça, général, je m'en occupe.
Dameon : Tu veux dire on s'en occupe, j'ai attendu un moment d'action toute la journée. Combien sont-ils environ, Lily, Malphas ?
Lily : Une quinzaine je dirais...
Sanghyn : Une quinzaine ? Vous ne pouvez vous occuper d'une quinzaine d'hommes à vous sept !
Dameon : A nous sept ? Vous faites erreur général, nous n'allons pas tous y aller. Déjà qu'à deux nous sommes trop nombreux pour eux...
Riku : Il est temps pour nous de commencer à vous prouver que vous avez bien fait de nous faire confiance général.

Riku et Dameon se levèrent alors, sans qu'aucun de leur camarade ne montre l'intention de les aider. Sous le regard de Sanghyn, les deux hommes se tournèrent vers leurs cibles, cachés derrière quelques rochers. Ceux-ci comprirent rapidement qu'ils avaient été repérés, et sortir de leur cachette pour tenter de fuir vers la montagne. Une fuite plutôt tapageuse qui attira l'attention d'une grande partie des hommes qui étaient en train de polir leurs armes au camp, tous regardèrent donc en direction de ces éclaireurs qui s'enfuyaient en amont, pensant alors qu'ils étaient foutus, que leur position était maintenant compromise.
Riku, sans se presser toutefois, planta sa claymore au sol, et observa ses 14 cibles pour être exact. Elles devaient être à une cinquantaine de mètres maintenant... Du gâteau.

Riku : Je pars en premier, je te laisse faire la finition.

Sur ces mots, et sous les regards ébahis du général Sanghyn ainsi que de tous ceux qui assistaient à la scène, Riku, d'un mouvement du fantôme, rattrapa ses cibles, se plaçant au milieu de ses adversaires qui se figèrent pendant quelques secondes, choqués d'avoir été rattrapés si aisément. Ils étaient 14 et il était seul, bien entendu, l'idée leur vint à l'esprit de le vaincre par le nombre. Ils sortirent donc leurs épées et coururent vers Riku, qui les laissa se rapprocher, permettant ainsi à Dameon de couvrir la distance qui les séparaient. Puis lorsqu'il jugea les quatorze hommes assez proches, Riku s'envola d'un geppou, laissant ses cibles réunies au même endroit, puis retomba violemment sur elle.

Riku : Trinity, Poing de Gaïa

Le sol se mit alors à trembler, déstabilisant les hommes qui n'avaient pas été directement touchés par la frappe de Gaïa et donnant à Dameon l'occasion parfaite de les tuer. Tâche à laquelle il s'exécuta sans difficulté. D'un passage net et précis, il eut tranché la gorge de tout ceux se trouvèrent sur sa route, tous sauf un, qu'il avait bien entendu épargné volontairement. Une victime pleine d'information dont la langue se délierait forcément une fois qu'elle aurait croisé la route de l'Ange de la Douleur.

Puis là, il se retourna, et constata que lui et Riku avaient été observées par des dizaines de soldats tous choqués par ce qu'ils venaient de voir. Le plus choqué d'entre eux semblait être le Général Sanghyn, qui arborait un regard des plus évocateurs. Les yeux ronds et la bouche grande ouverte, il était bluffé. Celui-ci se mit alors à applaudir, bientôt imités par tous les soldats qui avaient assisté à cet exploit, deux hommes en combattant quatorze si aisément... Fier d'avoir satisfait son public, Dameon effectua une révérence, et poussa Riku à faire de même. C'était bien la première fois que l'on l'applaudissait pour avoir commit un massacre. La guerre, nul contexte ne serait meilleur pour exercer son art.
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Message par Unholyscream Dim 11 Aoû - 4:05

Dameon :

Sanghyn : Vous n'êtes pas vraiment médecins hein ?
Dameon : Bien sur que si voyons. Mais dans ce monde, nous avons appris qu'il valait mieux être capable de rebondir dans chaque situation. En tout cas ça m'a fait du bien de m'amuser un peu.
Sanghyn : S'amuser ?
Riku : N'essayez pas de le comprendre, vous y perdriez.  Quoiqu'il en soit, l'homme que nous avons épargné va nous être utile une fois qu'il nous aura dévoilé tout ce qu'il sait. Et je connais un moyen sur de le faire parler...
Sanghyn : Quel est-il ?
Dameon : Me laisser faire.
Sur ce je plaquai mes mains contre le cou dénudé de ma victime et le soulevai de terre ainsi. Alors qu'il se débattait faiblement, je lui envoyais des vagues de douleur, de plus en plus puissantes. Bientôt il se mit à trembler, à suer à grosses gouttes. Puis il laissa échapper quelques gémissements... Enfin il poussa un hurlement tandis que j'inondais son être d'une souffrance intolérable. Lorsque je le relâchai, il s'effondra à terre et se roula en boule, le corps agité de soubresauts pitoyables. Et il n'avait même pas goûté à la moitié de ce que je devais endurer chaque jour, chaque seconde de ma vie. Si faible que ça en était pathétique. Du pied, je le forçai à s'allonger sur le dos et lui demandai sur un ton aimable :
Dameon : Bonsoir. Si tu ne réponds pas à nos questions, tu vas souffrir bien plus. Où se trouve votre armée ?
Devant le silence de ma victime, je poussai un léger soupir puis posai deux doigts sur son cou.
Dameon : Cancer.
Une petite bulle violette aux reflets sombre apparut au bout de mes doigts, avant de s'enfoncer sans mal dans la gorge du Diamantin. Un cri déchirant s'échappa de sa gorge alors que la souffrance croissait en frappant aléatoirement son corps. Rapidement je réabsorbai la bulle de douleur, une fois certain que ma victime était disposée à parler.
Dameon : Où se trouve votre armée ?
Diamantin : Elle... Elle est à quelques heures d'ici, de l'autre coté du Col de la Porte Nocturne...
Dameon : Quand comptiez vous attaquer ?
Diamantin : De-demain au crépuscule...
Dameon : Dernière question : attention si tu y réponds bien, tu gagneras un fabuleux prix ! Mais c'est une surprise. La question est donc la suivante. Combien d'homme comptent votre armée ?
Diamantin : Avec les renforts qui viennent d'arriver, nous sommes environ mille..
Je souris de toutes mes dents avant de lancer, sur le même ton avenant :
Dameon : Et bien ! Tu vois que ça n'était pas si difficile. Merci beaucoup, et au revoir.
Diamantin : Au... Au revoir ? Et mon prix ?
Je l'achevai proprement et rapidement puis commençai à rejoindre ma tente, sans me soucier des visages horrifiés de Riku, des soldats ayant assisté à la scène et de Sanghyn. Il me rattrapa et posa une main sur mon épaule. Lorsque je me retournai, je vis qu'il était encore plus pâle que d'habitude. Pour une raison inconnue, cela me troubla de le voir ainsi et je commençai à être moi-même horrifié de ce que je venais de faire. J'avais torturé un homme, j'avais pris plaisir à faire souffrir quelqu'un de bien plus faible... Moi qui avait toujours cru qu'il fallait purger ce monde de la faiblesse, avais-je le droit de commettre de telles atrocités ? N'étais-je pas l'égal d'un dieu après tout...? La voix du général me tira de mes nébuleuses pensées.
Sanghyn : Que... Que lui avez vous fait ?
Je repris mes esprits et lançai d'une voix qui se voulait narquoise :
Dameon : Un bon médecin doit savoir faire parler ses patients.
Lorsque je vis le sourire désolé qu'affichait Sanghyn, je compris que je n'avais pas très bien dissimulé mon malaise. Il me donna une petite tape sur l'épaule avant de s'en aller vers sa tente. Puis il lança :
Sanghyn : Je comprends pourquoi vous nous aidez finalement. Vous êtes comme nous.

Sur ce j'allais me reposer dans ma tente, le ventre vide. Cette nuit là, je ne rêvai pas de meurtres ni de massacres, les évènements de la soirée semblaient avoir calmé mes pulsions pour quelques temps. De plus j'étais toujours perturbé par mes actes de torture... Je passai donc la nuit dans des rêves rempli de délicieuse nourriture. Ah cela faisait si longtemps que je n'avais pas croqué dans un bon morceau de viande ! Mes rêves s'assombrir et je me vis manger de la chair humaine. Je dévorai le coeur de mes ennemis, volant leurs forces et leur courage... Étais-je donc devenu si monstrueux ?

Aux premiers rayons de l'aube, j'ouvris brutalement les yeux. En fait j'allais pouvoir me laisser aller aujourd'hui. Je m'habillai rapidement, vérifiai que mes dagues étaient toujours aussi aiguisées puis je quittai ma tente. Je regardai le soleil se lever en compagnie de la terrifiante Azura et de quelques cavaliers de Coeur. La jeune femme était vêtue de sa sublime robe qui mêlait vert émeraude, bleu saphir et turquoise. Apparemment elle avait trouvé le temps de la laver car elle était impeccable : ni sable ni poussière n'entachait sa beauté. Je m'inclinai respectueusement devant elle et lui demandai :
Dameon : Puis-je m'asseoir, chère Azura ?
Azura : Non, je veux que vous restiez debout.
J'éclatai de rire avant de m'asseoir à coté d'elle, le regard espiègle.
Azura : Ainsi vous contestez mes ordres.
Dameon : J'aime vous voir énervée vous savez, vous avez encore plus de charme.
Elle ouvrit la bouche pour lancer une réplique des plus cinglantes mais la referma. Le soleil s'était enfin levé, et l'innocente Meridia l'avait désormais remplacée. Elle me lança un chaleureux sourire avant d'applaudir d'impatience. La jeune femme rayonnait et semblait plus heureuse que jamais : cela devait lui faire du bien de se retrouver dans un environnement désertique, ce qui lui rappelait probablement son île natale. Le reste de mon équipage ainsi que les marines ne tardèrent pas à nous rejoindre, tous aussi impatients. Si les guerriers du Royaume de Coeur semblaient tendus et angoissés, notre groupe de prétendus médecins plaisantait et conversait comme si ce jour était aussi banal que tous les autres. Puis Sanghyn quitta sa tente, dans laquelle il avait préparé un plan d'attaque. Il fit réunir ses hommes qui se placèrent en rang devant lui, tandis que nous nous tenions tranquillement à coté de leur général. Ce dernier s'exprima d'une voix forte, dans laquelle brûlait la détermination.
Sanghyn : Aujourd'hui nous allons gagner une bataille ! Certes les hommes que nous allons rejoindre sont épuisés et affaiblis, certes la moitié d'entre eux ont péris sous les assauts de l'ennemi. Mais les trois cents cavaliers que nous sommes allons leur prêter main-forte ! Nous allons les relever et ensemble nous écraserons les Diamantins ! Certes nous ne serons que cinq cent pour faire face à une armée d'un milliers d'hommes, mais nous avons l'habitude. Un soldats de Coeur vaut au moins 3 Diamantins, et ils l'apprendront à leurs dépens, lorsque victorieux nous marcherons sur leurs cadavres pour aller récupérer notre dû dans leur royaume volé. Ce soir, nous rentrons les bras chargés de victuailles pour notre peuple et nos familles !
Soldats de Coeur : Noblesse et Honneur ! Pour Coeur !
Sanghyn : Les ennemis ne savent pas combien nous sommes, ils ne savent pas quand nous attaquerons. Le groupe auquel nous venons en aide se trouve non loin du Col de la Porte Nocturne, à environ une heure d'ici. Je les ai déjà prévenu, par corbeau, quand nous attaquerions. C'est ainsi que dans deux heures nous déferlerons sur les rangs ennemis, les fracassant et les massacrant, avec bravoure et honneur ! Nous partons mes amis, chevauchons vers la victoire !
Soldats de Coeur : Nous vaincrons pour notre Roi et notre peuple !

La route vers le Col de la Porte Nocturne fut difficile. Chevaucher dans les Monts d'Obsidienne s'avérait être une véritable épreuve. Les montagnes étaient si gigantesques et si proches les unes des autres qu'elles semblaient avaler le soleil. Leurs flancs étaient lisses, polis par le vent et les âges, impossible à escalader. De ci et de là d'énormes pointes noires fusaient hors des côtés des montagnes et de sombres crevasses pouvaient être aperçus, plusieurs centaines de mètres plus haut. Toutefois les Ésis étaient parfaitement habitués à voyager sur des terrains aussi difficiles, c'est pourquoi nous ne pouvions que les laisser nous guider... Au bout d'une heure et demi environ, nous approchâmes enfin du campement de la petite armée qui nous attendait. Enfin, de ce qu'il en restait. Les tentes étaient déchirées, beaucoup étaient aplaties au sol, certaines tenaient à peine et étaient malmenés par les vents violents qui s'engouffraient entre les géants d'obsidienne. Nous fûmes acclamés par à peine deux cents soldats à pieds, crasseux, blessés et épuisés. Leurs ventres étaient plus creux et vides que jamais, mais leurs yeux étaient toujours allumés d'une petite étincelle de courage. Lorsqu'ils virent à quel nous point nous étions nombreux et vigoureux, l'étincelle s'embrasa et des flammes ardentes se mirent à brûler dans leurs regards. Ignorant la fatigue et la faim, ignorant leurs plaies et leurs armures cabossées, ils commencèrent à courir à nos côtés, droits vers le champ de bataille qu'ils avaient, il y a peu, fuis en catastrophe. Ils n'aspiraient qu'à une chose : prendre leur revanche et vaincre l'ennemi. C'est alors que le Col de la Porte Nocturne nous apparut.
Il s'agissait d'un gigantesque vallon, au moins vingt fois plus grand que l'espèce de crevasse qui abritait notre campement. Le soleil qui se reflétait sur la roche noire, illuminait l'endroit de mille feux. Ainsi les horreurs de la guerre nous étaient bien plus visibles... Des cadavres jonchaient le sol. Certains portaient l'armure noire de Coeur, d'autre les mailles blanches de Diamant. Le sol lui même n'était qu'obsidienne, rugueuse et brisée par endroits, mais lisse et glissante à d'autres. Des étendards souillés de sang et déchirés avaient été plantés dans des crevasses, flottant piteusement au vent. D'un coté le coeur transpercé, de l'autre le coeur couronné.
Dameon : Les martyrs contre les tyrans.
Riku : C'est ainsi que le monde a toujours été.
Sanghyn : Regardez mes frères ! L'ennemi se trouve juste de l'autre coté du Col, nous pouvons voir leur campement. Je peux vous jurer que ce soir le soleil se couchera sur l'armée brisée des Diamantins ! Sonnez la charge ! Que nos lances transpercent leurs boucliers ! Noblesse et Honneur !
Soldats de Coeur : Pour Coeur !
Aussitôt une vingtaine de guerriers se mit à souffler dans d'imposants cors de guerre, avant de les jeter sur le côtés et d'éperonner leurs montures, fonçant droit à travers le Col de la Porte Nocturne, lances vers l'avant. J'éclatai de rire avant de hurler en faisant bondir mon Ésis en avant :
Dameon : Amusez vous bien mes amis, hahaha !
Pandore : Avec plaisir Dam' !
Meridia : Oui Capitaine !
Rashek : Je serais l'instrument de la vengeance des Coeurois.
Malphas poussa un croassement lugubre et déploya ses grandes ailes noires, plongeant vers le champ de bataille. Devant nous, les Diamantins surpris se mirent également à charger, mais de façon bien plus désordonnée. Le gros de leur armée était encore en train de se préparer probablement... L'attaque surprise semblait être un succès.  A mes cotés, Riku chevauchait, un masque de détermination sur le visage. Autant Agito avait l'air impatient de se battre, autant la jeune Lily avait l'air un peu perdue et stressée. Shigeru la rassura en lui promettant que tout se passerait bien, l'air concentré. Derrière les cavaliers de Coeur, je ne vis pas le choc frontal, mais je l'entendis. Le bruit de centaines de lances qui se brisaient et qui transperçaient autant de bouclier retentit dans toute la vallée, montant jusqu'au cieux, résonnant à nos oreilles pendant de longues secondes.
Puis je plongeai dans le tumulte de la bataille. Mes doutes de la veille s'étaient évaporés, seule une chose comptait : j'allais enfin pouvoir laisser libre cours à mes pulsions les plus violentes.

Meridia :

Jamais Meridia n'avait connu de terrain de jeu aussi amusant. Sa monture, preste et agile l'avait amené au coeur des affrontements en quelques bonds. Les épées, les lances et les masses volaient autour d'elle, s'écrasant sur armures, boucliers et heaumes. Mais elle virevoltaient entre les guerriers, insaisissable et intouchable. Elle se coucha sur l'encolure de son Ésis, évitant la longue lame d'un ennemi avant de lui briser le bras d'un seul coup de paume. Sans discontinuer elle le désarma et, bondissant sur lui, lui brisant la nuque malgré l'épais casque qui était censé lui protéger les cervicales. Elle remarqua alors que les ennemis étaient monté sur de classiques chevaux, bien moins majestueux et rapides que les Ésis de Coeur. D'un sifflement et d'un mouvement de bras, elle chassa la monture qui l'avait porté jusqu'ici et continua à pied. Les sabots martelaient l'obsidienne tout autour d'elle mais, souple comme une lionne elle évitait tout, chaque ruade, chaque tentative de piétinement. Et c'est ainsi que, se faufilant entre les cavaliers, elle se retrouva au coeur d'une escouade de guerriers Diamantins à pied.
Meridia : Coucou, petits soldats.
Aussitôt une dizaine d'épées plongèrent droit vers sa poitrine. Des hommes en armure qui n'hésitaient pas à frapper une jolie jeune femme en robe ? Quels lâches. Et goujats qui plus est ! Elle se baissa brusquement et les lames s'entrechoquèrent bruyamment au dessus de sa tête. Puis elle tourna rapidement sur elle même, fauchant chacun des guerriers avec ses tibias. Ses derniers hurlèrent en tombant à la renverse les jambes fracturées mais ils furent aussitôt remplacés par d'autres guerriers qui se rapprochaient à toute vitesse de la monstrueuse jeune femme. Soudainement Meridia s'arrêta et une onde de choc circulaire explosa dans l'air, propulsant en arrières tous les opposants de la lionne, créant un véritable no man's land autour d'elle.
Meridia : Vicious Circles II.
C'est alors qu'elle reconnait une petite silhouette, qui courrait à travers le champ de bataille, terrassant tous les hommes qui osaient s'en prendre à elle. Meridia fit un grand signe de la main et la héla :
Meridia : Lilyyyyyy ! Viens jouer avec moi !
La petite marine accourut dans sa direction, avec à sa suite, une petite dizaine de Diamantins armées jusqu'au dents. Meridia couvrit la distance en quelques secondes et, d'un bond, se propulsa sur les épaules du guerrier le plus proche. Elle enserra son visage entre ses pieds et d'une torsion rapide, lui brisa la nuque avant d'effectuer un saut périlleux avant, au terme duquel elle broya le crâne d'un ennemi entre son talon et le sol de pierre noire. Lily vint lui prêter main forte en repoussant deux soldats à l'aide d'un rapide coup de pied retourné. Elle se retourna vers la femme du désert, avec ses grands yeux bleus candides et lui demanda naïvement :
Lily : Mais c'est pas un jeu si ?
Meridia : Tout peut devenir un jeu, petite fille !
La lionne lui adressa un petit clin d'oeil tout en lui tirant la langue d'un air malicieux. Peu convaincue, la jeune marine hasarda :
Lily : Mais on doit aider les gentils non ?
Meridia : Nous sommes les gentils Lily ! Alors amuses-toi ! Promis ?
Lily : Euh bon ok... je promets que je vais essayer de faire comme toi !
A ce moment précis, un guerrier Diamantin, équipé d'une armure rutilante par dessus une côte de mailles blanches bondit sur Lily, tout en brandissant une énorme masse de guerre. Meridia sauta en arrière, les bras croisés, examinant la réaction de sa toute nouvelle disciple. La jeune marine arma son bras et, juste avant le coup de son adversaire, le détendit à toute vitesse. Son petit poing fermé s'écrasa sur le visage découvert du guerrier avec une telle violence qu'il fut projeté une dizaine de mètres en arrière où il s'écrasa à terre, inconscient. Meridia se mit à applaudir joyeusement en félicitant son élève, laquelle répondit avec un petit sourire espiègle :
Lily : C'est vrai que c'est marrant !
Meridia : Je le savais ! Toi t'es le genre de fille qui sait s'amuser ! Hihi !
La jeune femme du désert se remit à combattre sans s'arrêter de rire, brisant bras, nuque et genoux, mettant hors combat des dizaines de guerriers. Lily, élève assidue au cours d'amusement, jouait à balancer ses poings et ses pieds dans le visage de ses adversaires, les assommant proprement ou les propulsant au loin. Un groupe d'environ trente Coeurois armés de marteaux de guerre et de massues bosselées vint alors se battre aux cotés des deux jeunes femmes, écrasant et broyant les pauvres Diamantins qui se plaçaient en travers de leur chemin.

Rashek :

Rashek commettait un véritable massacre.
Du haut de son monstrueux Ésis, il fauchait sans difficulté tous les cavaliers ennemis qui croyaient pouvoir le vaincre. Isara et Slania mordirent tant de chair et d'acier qu'elles en devinrent rapidement écarlate. Et pourtant rien ne semblait arrêter leur frénésie vengeresse. Tels les Furies, elles s'abattaient sans cesse sur les tyranniques Diamantins exécutant ainsi la vengeance des nobles Coeurois. Soudain, une lance fendit l'air et se ficha brusque dans le torse de Rashek, juste en dessous de celle qui transperçait déjà son coeur. Sans broncher, il décapita celui qui avait osé l'empaler puis chargea en direction d'un autre groupe d'ennemis. Sa robuste monture enfonça ses cornes dans le flanc d'un grand cheval noir, le tuant sur le coup, tandis que l'épéiste tranchait son cavalier en deux d'un seul mouvement. C'est alors qu'il reçut une autre lance, au niveau des côtes cette fois-ci... Lorsqu'il se retourna vers celui qui l'avait projeté, un frisson parcourut l'ensemble des guerriers Diamantins qui avait vu l'action. Paralysés par la peur, ils ne pouvaient que regarder leur bourreau s'avancer vers eux, malgré les trois lances qui transperçaient son corps de part en part. Rashek leva Slania et l'abattit brutalement sur le premier humain, mettant fin à ses jours.
Soldat Diamantin : Archers !
Quelques secondes plus tard, une véritable pluie de flèches tomba du ciel, visant tout particulièrement la zone où Rashek effectuait son carnage. Il arrêta son Ésis et attendit, parfaitement immobile sous cette douche de flèches. Les pointes d'acier s’enfoncèrent dans sa peau, mais il ne grimaça pas malgré la douleur. Aucun sang ne coula malgré les centaines de plaies qui recouvrait son corps peu à peu. Un premier cri d'épouvante retentit parmi les soldats, qui se mirent à reculer devant cette vision de cauchemar. Qui ne tremblerait pas de peur ? Les guerriers ennemis s'enfuirent alors à toutes jambes, laissant l'un des leurs, totalement pétrifié de terreur... Ce dernier finit même par perdre connaissance en voyant l'Immortel s'approcher de lui, le corps criblé de flèches et de lances. D'un léger coup de talon, Rashek poussa alors sa monture vers l'avant, vers ses proies. Sa soif de vengeance n'avait pas encore été assouvie... Tout à coup, un cri de douleur s'éleva du champ de bataille couvrant les autres bruits de la guerre, et Rashek vit une silhouette armée d'une gigantesque faux fondre sur les soldats. Le sang gicla alors que les membres et les têtes étaient tranchés, avec une vitesse telle que l'on aurait dit que c'était le vent lui-même qui massacrait ces pauvres guerriers. Mais c'était bien pire : la Faucheuse elle même était venue récolter quelques âmes. C'est alors qu'un croassement funeste retentit dans tout le Col de la Porte Nocturne et une ombre plongea vers le groupe qui se faisait déjà assaillir par Pandore. Rashek se joignit alors au massacre, vengeant les Coeurois tombés au combat au cours de cette guerre. Quelques instants plus tard, ne restaient que la Faucheuse, l'Immortel et l'Oiseau de Malheur, debouts au dessus d'une montagne de cadavres Diamantins.
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Message par Mam'Rik Ven 16 Aoû - 3:42

Le champs de bataille tout entier était animé de bruits sordides, qu'il s'agisse de lances s'entrechoquant ou bien des cris de douleur de ceux qui étaient tombés au combat. Le champs de bataille tout entier ? Pas exactement. Une petite bulle s'était formée dans cet environnement primaire, une bulle dans laquelle personne ne bougeait, où tous attendaient les yeux rivés sur un unique enfant : Agito.
Depuis que la bataille s'était lancée il n'avait pas bougé d'un pouce. Après avoir laissé à sa monture le plaisir de prendre un peu de recul par rapport à lui, il avait placé ses mains d'une manière assez originale. Chacun de ses doigts étaient légèrement pliés et les bouts de ceux de sa main droite touchaient presque ceux de sa main gauche, un peu comme s'il avait tenu une énorme boule de cristal. Et il observait ainsi l'espace qui se tenait entre ses deux mains. Un comportement qui avait intrigué tous les soldats l'entourant. Même les sans-cœurs qu'étaient les diamantins n'avaient pu se résigner à attaquer ce pauvre enfant perdu sur le champ de bataille. Ils s'étaient donc tous figés, formant une sorte de ronde autours de lui. D'un côté les Diamantins, de l'autre les Cœurois, qui ensemble formaient une foule attendant que le magicien exécute son tour. Et lorsque leur regard fut posé de manière plus attentive sur les mains d'Agito, ils constatèrent tous que quelque chose se passait. C'était quasiment imperceptible, mais il le voyait, le mouvement du vent entre ses mains, qui se baladait entre ses doigts comme une vrai tempête. Puis ça arriva ! Ce ne fut d'abord qu'un petit flash qui naquit aux creux des mains du marine, une étincelle qui donna naissance à un magnifique sourire sur son visage. Puis une seconde étincelle apparut, et une troisième, et tout cela jusqu'à ce qu'enfin une flamme apparaisse. Elle lévitait entre ses mains, sa taille était ridicule. Les soldats attentifs jusque là eurent alors quelques sourires tendres devant cette petite flamme inoffensive. Agito cependant, dont le sourire contenait beaucoup moins de pureté, releva la tête, et pour la première fois il se concentra sur les soldats qui se trouvaient en face de lui, les Diamantins.

Agito : Veuillez m'excuser pour l'attente. Messieurs et messieurs, je vous présente la Flame Road.

Là il étira ses deux mains qui n'avaient pas bougés depuis tout à l'heure, et la petite flamme qui se tenait entre elles se répliqua en une vingtaine d'exemplaires qui se mirent à voler autours de lui. Voyant cela, les soldats reprirent leur sérieux, commençant à mettre en avant leurs boucliers.

Agito : Flame Arrows.

Les vingts flammes se dirigèrent alors vers eux à vive allure ! Bien sûr les vingts soldats visés brandirent leurs boucliers pour se protéger, et ce fut là que leur pénurie de métaux leur fit défaut. Les boucliers de bois s'enflammèrent, donnant lieu à de graves brûlures. Les autres, non visés qui eurent assisté à la scène baissèrent alors leurs bouliers pour regarder à nouveau cet enfant diabolique qui se tenait devant eux pour constater que vingts nouvelles petits flammes avaient prit la place des anciennes, lévitant comme les autres autours de lui, et illuminant un sourire qu'ils qualifieraient plus tard de démoniaque.

Les Cœurois qui eurent prit le temps d'observer cela furent comme réchauffés par ces flammes. Plus vaillant que jamais, ils foncèrent avec leurs montures sur leurs ennemis ! Et parmi eux chargeait Shigeru. Toujours sur son Esis il suivait le mouvement de foule, sans réellement savoir où il allait. L'animal qu'il chevauchait semblait assez expérimenté et se permettait même d'empaler de son plein gré les Diamantins qui se mettaient sur sa route. Comme les taureaux étaient attirés par le rouge cet animal semblait dressé à chasser les tuniques blanches de leurs adversaires. Ceci ne dura cependant pas très longtemps. Shigeru qui n'était déjà pas très stable sur sa monture fut aisément projeté au sol lorsqu'un cheval fou percuta de plein fouet sa monture ! Une fois au sol, cette bataille lui sembla bien différente. Il manqua de se faire piétiner une bonne dizaine de fois, obligé de serpenter entre les sabots des différentes montures qui l'entouraient. Ils avait beau les esquiver sans aucun problème il n'avait aucune idée d'où il se trouvait et son imagination n'eut aucun mal à l'imaginer perdu à jamais dans cette cohue générale. Il voyait déjà tout ses compagnons de voyage s'être fait un nom, avoir gagné un certain respect tandis que lui restait un parfait inconnu... Une répartition des rôles qui ne lui plaisait pas du tout ! Et c'est lorsqu'il pensa ses chances de se faire remarquer perdu qu'il entendit un bruit familier, ou plutôt un aboiement familier. Il leva donc le regard à l'est et le vit, son fidèle compagnon, Bullet Bill, qui se tenait en amont sur le flanc d'une montagne. La bête qui les avait suivi depuis qu'ils avaient été capturés s'était révélée à son maitre au moment où il en avait eu le plus besoin. Shigeru siffla alors avec un talent dont il est le seul maitre et pu voir son ami de toujours venir à lui, croquant sur son passage tout soldat qui se mettrait sur sa route. Il eut rejoint le vallon en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, procurant à Shigeru son moment de gloire. Assis sur lui, il se baladait sans problème sur le front, effrayant tout ceux qui posaient le regard sur lui. Son animal faisait un carnage. Les flèches ne perçaient pas sa peau cuirassée, les lances étaient broyées par ses puissantes dents, et des vies écrasées de son poids imposant.

Plutôt fier de s'être retrouvé une monture et d'avoir enfin reprit sa place dans cette grande bataille, Shigeru se mit à chercher celui qui l'avait insulté tout le trajet durant, Dameon. Après tout, il ne serait pas fautif si celui ci venait à périr écrasé par sa bête incontrôlable. Perché sur sa monture il tenta donc de retrouver tout ceux qui l'accompagnaient. Il n'eut aucun mal à retrouver Agito qui ne pouvait plus attirer l'attention ainsi entouré de ses flammes. La suractivité de Méridia ainsi que de Lily ne fut pas très dur à repérer non plus. Elles se baladaient sur le front comme deux petites abeilles, dépouillant tous les hommes qui les entouraient de leur droit à la vie. Et enfin le groupe que formait Pandore, Malphas et Rashek émettait une aura destructrice qui devait être perceptible même aux confins de Grand Line. Mais malgré sa recherche le nain ne pu trouver ni Dameon ni Riku sur le front. Il continua donc à se battre, se demandant où avaient bien pu passer les deux supérieurs de leurs équipages qui à coup sûr n'auraient manqué cette bataille pour rien au monde. Mais le contexte ne lui permit pas d'y réfléchir plus que cela.

La bataille continua ainsi, et l'avantage fut rapidement donné aux Cœurois. Malgré les nombreuses vies qu'ils avaient prit, ils étaient toujours en sous effectif, mais leur moral couvrait aisément cette lacune. Les Diamantins au contraire était totalement perdu. Eux qui ne s'étaient pas du tout attendu à être repoussés ainsi devaient maintenant expérimenter la rencontre de combattants des plus expérimentés. Des inconnus qui avaient prit nombre des leurs. Les premiers soldats commencèrent alors à déserter, fuyant l'adversité, puis rapidement ce fut la débandade. Les troupes Diamantines ne tinrent pas leurs rangs et prirent la fuite, chacun tentant de sauver sa propre vie. Et c'est ainsi que fièrement, après trois longues heures de combat, les troupes de Cœur purent enfin crier victoire !

Mais rapidement, la poussière soulevée par le départ précipité de leurs adversaires disparu, et avec elle les réjouissances de la victoire. Tous étaient entourés de corps, de sang. Quelques diamantins qui n'avaient pas réussi à s'enfuir, trop sérieusement blessés pour pouvoir utiliser leurs jambes criaient leurs souffrances. Ils connaissaient leurs destins. D'autres, des Cœurois cette fois, pleuraient leurs amis morts au combat. L'atmosphère pesante qui collait aux habitants de Cœur ne s'était pas dissipée... Et ce fut à Sanghyn d'en prendre la responsabilité.

Sanghyn : Soldats, redressez vous ! Aujourd'hui, nous avons perdu nombre de compagnons, mais nous avons vaincu ! Il nous revient maintenant d'honorer leur sacrifice. Que ceux d'entre vous qui ont perdu un ami l'enterre. Lorsque ce sera fait nous marcherons vers le campement de nos adversaires pour récupérer notre dû. Nous nous établirons là-bas et nous continuerons d'avancer sur ces territoires qui nous reviennent de droit. Pour notre Roi, pour notre Royaume, pour Cœur !

Ce discours bien que simple su remonter un peu le moral des troupes. Ils se mirent donc à enterrer les leurs. C'est à ce moment qu'eurent lieu les retrouvailles. Riku et Dameon manquaient toujours à l'appel, mais tous les autres étaient là, assistant à ce tragique évènement. Stratégiquement cette décision ne ferait que donner un peu de temps aux Diamantins en déroute pour prendre la fuite, mais elle n'étonna pas pour autant les "médecins" qu'ils étaient. "Noblesse et Honneur" était leur devise après tout. Ils observèrent donc les rites funèbres de leurs hôtes en silence, ou presque. Lily se questionnait encore un peu par rapport à ce qui se passait devant elle. C'était la première guerre à laquelle elle assistait de sa vie et elle n'en avait jamais compris le principe...

Lily : Pourquoi est ce qu'ils sont tous morts ?
Rashek : Que crois tu que nous ayons fait durant ces dernières heures...
Lily : Bah.. On s'est battu.
Pandore : Eh bien voilà ce qui arrive lorsque l'on se bat.
Lily : Attendez... Vous avez tué ?!
Shigeru : Bien sûr qu'on a tué, c'est un champ de bataille Lily, pas un terrain de jeu.
Méridia : Parce qu'il y a une différence entre les deux ?
Pandore : Pas que je sache non.
Lily : Ouais bah moi je dis qu'on devrait se contenter de tous s'assommer, et lorsqu'ils se réveillent les perdants repartent gentiment de là où ils viennent, comme ça pas de morts.
Pandore : Si seulement le monde entier avait toujours pensé comme toi...

Personne ne dit un mot de plus, méditant sur les derniers mots de Pandore. Un monde sans guerre...
Finalement, après quelques heures la période des enterrements pu prendre fin et le général Sanghyn se reconcentra donc sur le petit groupe qu'il avait un peu mit de côté avant cela.

Sanghyn : Merci à vous tous, vous ne m'aviez pas menti, vos capacités sont réellement exceptionnelles. Ce sont ces performances qui auront fait la différence aujourd'hui.
Agito : Et encore vous avez rien vu !
Sanghyn : Il semblerait que deux personnes manquent à votre petit groupe, Dameon et Riku c'est bien cela ? Ils n'auraient quand même pas... Péri au combat ?
Pandore : Non, ils ne mourraient pas si facilement...

Le général décida de ne pas remettre en cause la parole de la femme pirate. Il lui faisait confiance, et supposait donc lui aussi que ces deux là étaient en vie. Mais malgré ces mêmes paroles tous s'inquiétaient légèrement. De longues minutes étaient maintenant passées depuis la fin du combat, et pourtant aucun des deux capitaines n'avait repointé le bout de son nez.

Agito : Vous pensez qu'ils ont décidé d'aller régler leurs différents maintenant ?
Méridia : Dameon n'aurait jamais raté cette bataille, pour rien au monde !
Shigeru : Riku non plus... Ne vous méprenez pas pirates, on vous a toujours à l'oeil, si vous avez fomenté quelque chose contre lui nous ne vous laisserons pas vous en sortir comme ça.
Pandore : Et réciproquement mon cher.

La disparition des capitaines avait mis en place une ambiance électrique au sein du groupe, cependant ils ne pouvaient se permettre de les attendre. Les enterrements avaient déjà fait perdre beaucoup de temps à tout le monde il fallait maintenant se rendre aux campement ennemi au plus vite. Et c'est là que le lien qui s'établissait entre un Esis et celui qui le montait se révéla être intéressant. Il leur suffit de les appeler pour que ceux ci viennent à eux le plus naturellement du monde, et ainsi en 10 minutes à peine tous les soldats furent sur leurs montures, prêts à traverser ce vallon. Après cela il leur fallut moins d'une heure pour rejoindre le camp adverse.

Lorsqu'ils arrivèrent ils trouvèrent un camp bien simple. Il n'y avait aucune chose farfelue dans ce décor déserté à la hâte. Quelques tentes de couleurs blanches et bleus, une ou deux bannières mettant en avant un cœur couronné, des chariots de provisions et enfin une tente principale qui trônait au centre du camp. Les hommes de Cœur fouillèrent alors le campement, réunissant petit à petit ce qu'ils trouvaient dans les quelques chariots qui trainaient par ci par là. Et tandis que le groupe attendait dans un silence complet, Sanghyn qui sortait tout juste de la tente principale les interpela.

Sanghyn : J'ai trouvé quelque chose qui devrait vous intéresser.

Tout le groupe approcha donc de la grande tente, et failli tomber à la renverse lorsqu'il découvrit ce que Sanghyn leur dévoila d'un revers de main. A l'intérieur, des aliments par dizaines. De la viande, des céréales, des légumes frais, des alcools. Et encore plus hallucinant, au milieu de ça bien installés à table : Riku et Dameon qui semblaient ne jamais avoir été aussi heureux de leurs vies. Ne se souciant pas de leurs membres d'équipages qui les observaient ils mangeaient sans modération, engloutissant tout ce qui leur passait sous la main. Et il fallut bien que Pandore sorte sa faux pour qu'ils daignent lui prêter une quelconque attention, lui répondant la bouche pleine.

Pandore : Qu'est ce que vous foutez là ?
Riku : Ça s'appelle manger, t'aurais quand même pas déjà oublier ce que c'est, si ?
Dameon : Oh pas mal cette réplique.
Riku : Merci bien, je pense que c'est le gigot d'agneau qui me fait cet effet, tu devrais essayer.
Dameon : Volontiers.
Pandore : Vous disparaissez du champ de bataille avant l'heure, laissant notre imagination libre d'établir des scénarios plus improbables les uns que les autres, et c'est là qu'on vous retrouve ? En train de manger ?!! Vous allez voir ce que vous allez prendre une fois que j'aurais gouté à ce gigot d'agneau !

Sans se faire prier tous se joignirent au banquet sous le regard amusé de Sanghyn. Il ne les avait pas vu agir comme un seul et vrai équipage une seule fois depuis qu'il les avait capturé, et pourtant maintenant ils festoyaient joyeusement, se vannant dans une ambiance presque enfantine. Il les laissa donc savourer leur victoire à leur manière, entre eux. Lorsque le général sorti de la tente, il tomba sur un petit groupe d'hommes qui avaient capturé un Diamantin retardataire. Le général observa l'homme et ordonna de l'enfermer, comme les autres. Ses soldats s'exécutèrent alors, et alors qu'ils s'apprêtaient à regagner les cellules, leur prisonnier fut comme prit d'une crise.

Prisonnier : Non pas eux !! Éloignez moi d'eux !

Sanghyn avait déjà vu des soldats capturés être prit de panique, mais celui-ci l'intéressa particulièrement. Son regard était porté sur le groupe de bons mangeurs réuni à l'intérieur de la tente.

Sanghyn : C'est de ce groupe que tu as peur ?
Prisonnier : Non... Pas du groupe... Juste eux deux...

L'homme tendit alors son bras en direction des deux capitaines, surprenant totalement Sanghyn qui ne les avait lui non plus justement pas vu une seule fois durant la bataille.

Sanghyn : Ces hommes t'effraient ? Pourquoi donc ?

Le prisonnier posa alors son regard sur le général, un regard qui semblait interroger Sanghyn sur le sérieux de sa question. Puis voyant qu'il ne plaisantait pas, il prit la peine de lui répondre.

Prisonnier : J'étais à l'arrière durant la bataille, et malgré tout j'ai pu voir les actions de tous ces hommes... Mais ces deux là, ils étaient d'un autre niveau. Contrairement aux autres, ils ne se battaient pas sur le front, il avait directement pénétré nos rangs, combattant au milieu de notre armée sans aucun soutien. Ils se baladaient entre nos lames comme si de rien n'était ! Le grand là, avec la chevelure blanche, était même capable de voler, comme si des ailes invisibles le portait. Quand au plus petit avec le tatouage au cou, il était capable de blesser les gens sans même les toucher. Je l'ai vu de mes propres yeux !! Alors que ses dagues ne déchiraient aucune chair les hommes qui se tenaient devant lui tombaient transpercés par la douleur ! Alors que nous étions des centaines autours d'eux, aucune de nos lames ne les a touchés, pas même une seule fois. Et ce n'est pas tout, ils nous ont poursuivi, lorsque les hommes ont prit la fuite ils nous ont prit en chasse, tuant ceux qui leurs passaient sur la main jusqu'à être arrivés au camp. Et cela sans que quiconque n'ose s'opposer à eux.
Sanghyn : Pourquoi ne pas les avoir combattu ?
Prisonnier : L'un volait. L'autre s'en prenait directement à nos âmes. Les auriez vous combattus, vous ?

Sanghyn posa alors à son tour son regard sur les deux hommes qui festoyaient auprès de leurs membres d'équipage. Souriant comme si rien ne s'était produit aujourd'hui puis fini par reprendre ses esprits.

Sanghyn : Assez de bavardage, reconduisez cet homme à sa cellule.

Et alors qu'il s'éloignait l'homme sembla rentrer dans une hystérie folle, criant comme un écervelé.

Prisonnier : Vous ne l'auriez pas fait n'est ce pas !! Vous vous prétendez brave vous, "habitants légitimes de Cœur", mais vous ne l'auriez pas fait !!

Et c'est sans prêter attention à ses paroles que le général parti dormir, s'accordant un sommeil bien mérité après une journée bien mouvementée.
Dameon, Riku ainsi que le reste du groupe ne trainèrent pas non plus. Leurs ventres enfin pleins après ces journées de famines ils s'empressèrent d'aller digérer leurs repas au clair de lune. Et il ne leur fallut pas longtemps pour tomber dans un sommeil profond, récompense pour la victoire de la journée.

Leurs sommeils furent lourds et le lendemain matin arriva plus vite qu'ils ne l'attendaient. Un des hommes de Sanghyn vint les réveiller et les avertit qu'il quitteraient les lieux sous peu, sous entendant qu'ils devaient se préparer. Ils s'exécutèrent donc et une fois cela fait partirent à la rencontre du général qui prêt de la sortie du camp les attendait, entouré de la plupart des chariots qui avaient été chargés la veille.

Sanghyn : Vous rentrerez avec le convoi de ravitaillement qui ramènera la nourriture et nos "prisonniers" à la Capitale. Prenez avec vous cette lettre, elle attestera de vos faits d'arme et de votre bonne foi.

Dameon, en tant que chef de groupe se contenta de récupérer la lettre sans un mot, constatant que Sanghyn n'avait pas dit tout ce qu'il avait à dire.

Sanghyn :Vous savez d'ici que vous reveniez des batailles auront à nouveau lieu, et il n'est pas impossible que je meurs durant l'une d'entre elles. C'est pourquoi je tiens à ce que vous sachiez que vous avez ma reconnaissance éternelle pour ce que vous avez fait.

Encore une fois personne ne répondit au général, mais les postures de tous témoignaient un certain respect envers cet homme qui avait cru en eux. Ils ne firent donc pas attendre le convoi plus longtemps, se hissèrent sur leurs montures, et salués par tous les soldats dont ils croisèrent la route, reprirent la direction de Hartcore.
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Message par Unholyscream Lun 19 Aoû - 18:53

Dameon

     Manger.
J'avais oublié à quel point cela pouvait être aussi bon, de dévorer de la bonne viande. Même les légumes m'avaient paru délicieux, un comble. Assis, ou plutôt affalé sur ma selle, je tapotai mon ventre bien tendu et bien trop rempli en riant. Je remarquai alors que tout le monde semblait dans la même situation, même Malphas qui, peinant à voler avec son estomac rempli à ras bord, avait décidé de paresser en compagnie de Rashek, sur son Esis monstrueux. Oui nous avions trop manger, non nous ne nous sentions pas très bien maintenant. Et alors ? Depuis des jours nous souffrions terriblement de nos ventres vides ! J'avais l'impression de ne jamais avoir ressenti un bonheur pareil que lorsque je me goinfrais de victuailles, dans cette tente. Un moment d'inattention me prit et je faillis tomber à la renverse, attiré vers le sol par mon ventre bien lourd. J'éclatai de rire, rapidement imité par mes autres compagnons. Agito rit tellement qu'il se retrouva brutalement à terre, sans cesser de s'esclaffer. Les rires redoublèrent et je ne tardai pas à le rejoindre après avoir perdu l'équilibre. C'est ainsi que le voyage de retour se passa dans la bonne humeur général, la même qui avait animé notre festin. C'était amusant de voir à quelle point une victoire et un bon repas avait pu nous rapprocher, nous qui étions ennemis jurés. Mais sur cette île, il n'y avait ni pirates, ni marines, seulement des Coeurois et des Diamantins. Et nous étions tous deux du côté de Coeur, nous combattions côte à côte, nous marchions vers le même but.
La guerre pouvait être si belle...
Durant tout le trajet du retour, nous ne nous préoccupions pas des prisonniers, destinés à être dévorés un jour... Mais pas tout de suite non. Car derrière nous, se trainait un véritable convoi, dont les chariots étaient remplis de victuailles en tout genre. La plus belle prise depuis bien longtemps, nous avaient assuré les soldats qui rentraient aussi à Hartcore. Il s'agissait des blessés, les plus graves, ceux qui ne pouvaient plus combattre dans l'immédiat. Je remarquai du coin de l'oeil d'autres soldats qui, eux, plus jamais ne pourraient combattre. Notamment cet homme que j'avais du amputer d'une jambe, ou encore celui qui avait perdu un oeil ainsi que la moitié de son visage à cause d'un coup de hache. Autant de guerriers qui seraient peut-être mort si mes talents de médecin ne les avaient pas sauvé. Nous étions des héros. Riku et moi étions même décrits comme de véritables dieux de la guerre par nos ennemis ! Cela fit naître un sourire carnassier sur mes lèvres : lors de la prochaine bataille, les armées entières de Diamant trembleront devant mon ombre  et s'écrouleront devant ma douleur.

    Nous arrivâmes à la capitale alors que le soleil brillait haut dans le ciel. Traversant les parties habitées de la ville, nous étions acclamés par tous les habitants de Coeur qui laissaient exploser leur joie en nous voyant ramener autant de nourriture. Selon Sanghyn il y avait là assez pour nourrir l'ensemble du peuple pendant quelques semaines, tant que l'on rationnait convenablement. Nous prouvant encore une fois à quel point son coeur était noble et pur, il nous avait promis qu'une partie de la nourriture nous avait été réservée. Nous le méritions bien selon lui. Lorsque je montrai la lettre orné du sceau du Général Sanghyn, les gardes nous laissèrent entrer dans le château, non sans baver avidement en regardant la nourriture des chariots. C'est dans le hall du palais royal que nous laissâmes les gardes et autres hommes du roi les décharger pour entreposer les précieuses denrées dans des salles prévues à cet effet. Alors je pris la direction de la salle du trône dans laquelle se trouvaient probablement la Roi et la Reine de Coeur.
Lorsque les lourds battants de bois s'ouvrir à moi, le son explosa. Des cris de joie, des vivats, des applaudissements et autres encouragements et félicitations emplissaient  mes oreilles, contrastant avec le troublant silence qui régnait en ces lieux la dernière fois que j'étais venu. Riku marchant à mes côtés, j'allais déposer la lettre de Sanghyn entre les mains de la Reine elle même, avant de m'incliner respectueusement et de me replacer aux côtés de mes compagnons. Les exclamations des Coeurois se turent lorsque leur monarque prit la parole.
Reine de Coeur : Cette lettre nous dit là que notre Royaume a connu l'une de ses plus écrasantes victoires depuis des années. Cela fait bien longtemps qu'un tel convoi de nourriture n'était pas entré dans notre ville. Et selon le Général Sanghyn, c'est à vous étrangers, que nous devons la victoire. Il n'aurait, semble-t-il, jamais vu de pareil combattants. Il raconte que chacun de vous a été capable de terrasser des dizaines de guerriers et que vous avez mille fois prouvé votre bravoure, mille fois montré que vous étiez digne de confiance.
La Reine replia la lettre et la tendit à l'un de ses gardes, tout en nous gratifiant d'un sourire radieux. Tout en restant aux cotés de son mari, elle s'inclina devant nous et, les yeux humides, lança un puissant et non moins majestueux :
Reine de Coeur : Merci pour tout, Héros de Coeur.
Et à nouveau les cris et les applaudissements retentirent dans la gigantesque salle du trône. Le roi quant à lui, avait le visage baigné de larmes. Si son état ne lui permettait pas de manifester sa joie, il était évident qu'il était lucide et qu'il nous était tout aussi reconnaissant. Je me sentis étrangement fier d'avoir honoré la confiance  de ces gens, et d'avoir répondu aux espoirs qui avaient été placés en moi.
Riku : Nous ne sommes pas des héros, votre Majesté. Seulement des médecins qui savent se battre et qui ont accompli ce qui leur semblait juste.
Reine de Coeur : Êtes-vous vraiment médecins, en plus d'être des héros ?
Avec un sourire radieux, mon amie lança tout haut :
Pandore : Disons qu'amputer est ma spécialité. Il est facile de trancher des membres avec cette gigantesque faux qui me suit partout. Ai-je besoin de préciser que ce surtout mes ennemis que j'ampute ? On pourrait même dire que je leur fait perdre la tête.
Le peuple rit de bon coeur à cette boutade. Ils avaient presque l'air insouciants, tant ils étaient heureux aujourd'hui. La Reine elle même esquissa un léger sourire. Un sourire un peu gêné, probablement parce qu'elle se rendait compte que les étrangers qui avaient décidé d'aider son Royaume étaient bien plus dangereux qu'elle ne le croyait. Un sucette (miraculeusement trouvée dans le camp des Diamantins) fichée entre ses lèvres, Agito rétorqua sur un ton moqueur :
Agito : N'écoutez pas cette folle, elle pratique sans anesthésie ! Et elle a carrément tendance à raccourcir un peu plus que prévu.
Shigeru : Vous avez la main gauche gangrenée, elle vous tranche les deux bras !
Rashek : Disons qu'il s'agit de... médecine préventive.
J'éclatai de rire à mon tour. Si l'épéiste ne riait pas, je devinais un sourire derrière les cheveux qui couvraient son visage. J'avais été surpris par sa blague, mais, prononcée sur ce ton sérieux et presque mélancolique, elle n'en était que plus drôle.
Meridia : Moi aussi ! Moi aussi ! Moi aussi je sais guérir les gens !
Lily : Et moi ?
Les deux jeune femmes avaient toutes deux un air innocent, presque enfantin. Elles s'étaient bien trouvées... Dans l'hilarité général je m'avançai jusqu'aux pieds de la Reine et m'inclinai aussi bas que je le pouvais. Alors je me relevai et fixai intensément les yeux rouges, ornés de cils d'argents.
Dameon : Je suis médecin, vous l'avez vu. J'aimerais ausculter votre Roi, en votre présence si vous le permettez.
Presque aussitôt, tout le monde s'arrêta de rire. Je savais bien que j'avais jeté un froid mais il fallait que je découvre le mal qui rongeait  leur monarque. A la fois pour satisfaire ma curiosité et tenter de le sauver. La tristesse se peint alors sur le visage de la noble femme, qui m'invita à la suivre. Je fis signe aux pirates et marines de ne pas m'attendre ici et la suivis, empruntant une porte qui se trouvait derrière le trône.

    Je me retrouvai dans une petite salle, décorée avec beaucoup de gout, dans les tons bleus et blancs. Un peu d'argent aussi sur les meubles et décorations. Un grand lit se trouvait au centre de la pièce et quatre gardes se dépêchèrent d'y déposer délicatement leur roi. Sa femme le déshabilla alors j'entrepris d'ausculter son corps. Il était presqu'aussi maigre qu'un squelette, chacun de ses os semblait prêt à transpercer sa peau. Son teint était aussi blanc que le lait, hormis ses mains et pieds crochus ainsi que ses lèvres. Ses yeux étaient injectés de sang et les veines qui parcourraient sa peau ressortaient comme si elles étaient toutes sur le point d'éclater. Il n'avait nul blessure, nul cicatrice. Pas de récente en tout cas, car son torse et ses bras en montraient plusieurs, vestiges d'une vie de roi guerrier. Pas de plaie infectée, il s'agissait donc bien d'une maladie qui terrassait le roi. Mais d'où venait-elle ? A l'aide d'une aiguille, je vérifiai que son sang était bien de la bonne couleur. Lorsque je vit que la goutte était écarlate, je l'essuyai et apposai un morceau de bandage dessus. Le Roi était suffisamment desséché pour que je le prive de ne serait-ce que quelques gouttes de sang. J'entrepris alors de vérifier un à un le bon fonctionnement des trois organes les plus importants : coeur, poumons, cerveau, et ce sous le regard inquiet de la Reine. Je pourrais tuer le roi si facilement mais, pourquoi le ferais-je ? Je n'avais rien à y gagner après tout, hormis la haine du peuple qui me traitait en héros. Lorsque j'estimai que mon examen était terminé, je me lavai les mains tout en poussant un long soupir. Je ne savais absolument pas quelle maladie était en train de le tuer. Les différents symptômes qu'il avait n'étaient pas innovants, c'était plutôt leur association qui était étrange. Le Roi crachait son sang par litres, était aussi faible qu'un nourrisson. C'était comme si chacun de ses muscles se résorbait, au point qu'il ne pouvait presque plus bouger du tout. Même l'absence prolongée de nourriture ne pouvait expliquer un tel état. Ses muscles étaient à peine plus développés que ceux d'un nouveau né... Son coeur battait faiblement, ses poumons étaient remplis de sang. Je n'osai pas lui ouvrir le ventre pour vérifier les autres organes : il en mourrait assurément. Mais j'avais simplement l'impression que tous les symptômes de toutes les maladies du monde s'étaient réunis dans le corps du pauvre homme. Chacun de ses muscles, chacun de ses organes s'affaiblissait de jour en jour.

Dameon : Que mange-t-il ?
Reine de Coeur : Vous... Je crois que vous connaissez déjà notre alimentation...
Je la gratifiai d'un sourire désolé avant de demander :
Dameon : N'a-t-il jamais rien mangé de plus exotique ?
Reine de Coeur : Dès le début de la grande guerre, nous avons du nous résoudre à faire un choix. Nous laisser mourir de faim, ou nous nourrir de nos ennemis, et parfois même de nos amis tombés au combat. Le peuple s'horrifia, demanda à mourir. Il ne voulait pas s'abaisser au cannibalisme, il ne voulait pas perdre son humanité qui était déjà entaché par leur curieuse apparence. Le peuple de Coeur avait terriblement peur et ne pouvait choisir véritablement. Alors, le premier Roi choisit. Une grande bataille venait d'avoir lieu et avait vu notre nation triompher. Mon aïeul a alors demandé à ses soldats de lui amener de le corps du général ennemi. Et il a mangé son coeur. Chacun pouvait voir le dégoût sur le visage du Roi, chacun pouvait voir qu'il détestait ce qu'il faisait, mais il le fit, pour la survie de son peuple. Les Coeurois comprirent alors qu'ils ne pouvaient pas se laisser mourir en laissant leur roi seul. Et ils mangèrent... Depuis ce jour, la tradition veut que le roi se doit de manger un coeur ennemi le jour de son accession au trône, afin de ne jamais oublier l'injustice que nous subissions, de ne jamais oublier la raison pour laquelle nous nous battions. Mon amour a donc du mangé le coeur impur d'un Diamantin... Mais, je vous le dis tout de suite, ce n'est que quelques années plus tard qu'il a commencé à tomber gravement malade.
Dameon : Je vois...
Voilà qui me laissait perplexe. Se pouvait-il que la maladie vienne justement de ce coeur ? Mais pourquoi serait-il tombé malade si longtemps après l'avoir consommé ? Quoiqu'il en soit, il me fallait étudier le corps d'un Diamantin, une curieuse idée me trottait dans la tête. Mais je m'en occuperais plus tard, j'avais d'autres questions à poser. Après avoir injecté un somnifère à mon patient, je lui volai sa douleur, pour le soulager au moins quelques temps. Je faillis m'écrouler au sol, écrasé par toute la souffrance que le pauvre homme subissait. Je laissai échapper un grognement et me cramponnai si fort au meuble à ma droite que mes ongles en abîmèrent le bois. Je fis alors disparaître, temporairement, ma douleur et demandai à la Reine :
Dameon : Votre Majesté, j'aimerais vous poser quelques questions sur votre ennemi, enfin notre ennemi, le Royaume de Diamant.
Reine de Coeur : Je vous écoute, Héros de Coeur.
Dameon : Pourquoi l'emblème de Diamant est un coeur couronné ?
Reine de Coeur : Vous savez, il y a fort longtemps cette île n'était qu'un unique royaume, portant le nom de Coeur. Cependant, à partir de la Séparation des Races, nous fûmes confinés dans cette partie désolée de l'île, tandis que ceux qui avaient l'apparence d'humains vivaient dans la plus riche et la plus prospère. Et naquirent deux royaumes différent, chacun se revendiquant être le véritable Royaume de Coeur. D'où le coeur couronné qui figurent sur leurs armoiries. Nous sommes ceux qui les ont appelés Diamantins, car ils sont beaux en apparence, comme une pierre précieuse, mais retors et vils à l'intérieur. Et seul la richesse les intéresse... Il semblerait qu'eux même aient fini par se baptiser Royaume de Diamant, attendant de nous écraser pour reprendre le nom de Royaume de Coeur.
La rage faisait vibrer sa voix, ses lèvres tremblaient et ses poings étaient serrés. Sans lui laisser le temps de laisser libre cours à sa colère, je posai ma seconde question.
Dameon : Je vous remercie ma Reine. J'ai une autre question ceci dit... Ceux que nous avions affronté avaient des armes et armures d'acier, mais avec des boucliers de bois. Comment ont-ils pu trouver autant de métal si vous en possédez toutes les mines ?
Reine de Coeur : Vous n'imaginez pas à quel point mes ancêtres se firent exploiter dans les mines, avant qu'ils ne se rebellent. De plus, les Diamantins disposent d'un outil des plus puissant : le commerce. Notre Royaume est délaissé par les marchands, à cause de ses régions inhospitalières, tandis que l'autre coté de l'île grouille de commerçants en tout genre, qui viennent acheter fruits, céréales et autres denrées. Si vous n'avez pas d'autre question, je vous prie de me laisser seul avec mon Roi. Vous êtes libres de rentrer chez vous, loin de cette guerre qui ne vous concerne pas, Héros de Coeur.
Dameon : Vous savez bien que je n'en ferais rien. Votre Majesté.
Sur ce je m'inclinai respectueusement et quittai la salle blanche et bleue.

    Je me rendis aussitôt dans les cachots du palais royal. Le garde me laissa entrer dès qu'il reconnut le visage de l'un des nouveaux Héros de Coeur. Devant moi, les cellules des prisonniers Diamantins, futurs repas. Certains me reconnurent et poussèrent de grands cris en écarquillant les yeux, frappés d'horreur. Cela me fit sourire. Lorsque je constatai que l'un des Diamantins était mort dans sa cellule, je demandais au garde de m'apporter son cadavre. Après m'avoir jeté un regard bizarre et s'être assuré que je ne plaisantais pas, il s'exécuta. Je jetai le corps du soldat mort sur mon épaule et fit mine de quitter la prison. Le garde lança alors :
Garde : Euh... Vous allez faire quoi avec son corps ?
Dameon : Je suis médecin. Une autopsie s'impose.
Mon interlocuteur acquiesça, l'air un peu dérangé. Je compris alors qu'il ne devait pas y avoir beaucoup de médecins dans ce Royaume, et qu'ils ne devaient pas être des plus doués. Je haussai les épaules et amenai le cadavre du soldat ennemi dans une maison inhabitée. Cela ne me dérangeait pas que l'on me voit marcher dans les rues, un cadavre sur l'épaule : tout ce que je voulais c'était un peu de calme pour pouvoir autopsier et réfléchir. Seul bien entendu.
D'un mouvement précis j'ouvris le ventre du corps. Et je réprimai une furieuse envie de faire un bond en arrière. Je n'allais pas avoir besoin d'étudier plus, j'avais ce que je voulais. Les Diamantins n'étaient pas humains non plus, pas plus que les Coeurois. Alors que ces derniers avaient l'apparence de monstres, ils étaient purs et nobles à l'intérieur. Les Diamantins, si normaux et beaux en apparence, étaient pourris de l'intérieur. Si leur sang était rouge, tous leurs organes étaient d'un noir vicieux.

Qarth

    Depuis qu'il était arrivé sur cette île, Qarth vivait dans le luxe. Etendu sur le lit le plus somptueux qu'il n'ait jamais vu, il était entouré de trois femmes presque nues qui obéissaient à chacun de ses ordres, exécutaient chacun de ses désirs. Qarth était heureux ici. Depuis que le Roi de Diamant l'avait engagé, lui et ses hommes, Qarth menait une vie de roi. Certes il avait dû exécuter quelques boulots par ci par là : il avait coulé quelques navires marchands un peu trop chargés pour les délester de leur or si lourd, il avait dû calmer le seigneur de Disten, qui se croyait un peu trop royal. Il avait aussi dû massacrer quelques pirates qui naviguaient un poil trop près de la côte. Mais aujourd'hui était tout particulièrement un bon jour pour Qarth : il se reposait. Enfin pas vraiment à vrai dire, il était fort occupé avec ces trois jolies filles. Alors qu'il s'apprêtait justement à s'amuser un peu, on frappa à la porte. De mauvaise grâce il quitta son lit, enfila quelques vêtements et alla ouvrir. Un garde, équipé de mailles et de sa tunique blanche l'attendait là, hallebarde à la main. Il lui tendit une lettre sur laquelle était apposé le coeur couronné et referma brutalement la porte. Qarth n'allait quand même pas remercier quelqu'un qui venait de le déranger.  D'un geste de la main, il chassa les femmes et s'assit dans un fauteuil moelleux. La chambre dans laquelle il vivait depuis maintenant 3 ans était digne d'un prince, on y trouvait des meubles finement sculptés, de riches soieries et des décoration en or et en argent massif, ornées de gemmes et pierres précieuses. Et puis Qarth avait ces trois délicieuses servantes à sa disposition. Le Roi de Diamant était décidemment un homme bien généreux pour qui le sert bien, même lorsqu'il s'agissait de mercenaires. Enfin, Qarth était ici depuis si longtemps qu'il n'était plus vraiment un mercenaire : tout les soldats du Royaume le considérait presque comme l'un des leurs et l'appelaient même le Valet de Pique. Sobriquet qu'il n'appréciait pas des masses, mais au moins il était reconnu comme le grand guerrier qu'il était. Le mercenaire se saisit d'un couteau et ouvrit l'enveloppe comme s'il éventrait un adversaire et commença sa lecture. Lorsqu'il eut fini, il poussa un soupir suivi d'un grondement râleur. Il se leva et s'approcha du gigantesque âtre qui trônait dans sa chambre et jeta la funeste missive dans les flammes. Finalement, aujourd'hui était un bien mauvais jour pour Qarth.
Qarth partait en guerre.
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Message par Mam'Rik Sam 31 Aoû - 11:54

Carte de Cœur:

Lorsque la Reine et Dameon furent sortis la cour se dissipa rapidement, laissant aux nouveaux héros de la ville le loisir de se rendre où bon leur semblait. D'un commun accord ils décidèrent de rejoindre les écuries. C'était après tout le seul endroit qu'ils connaissaient, si l'on excluait les cachots qui offraient une salle de réunion très peu hospitalière. Sur le trajet ils furent salués par la plupart des passants qu'ils rencontrèrent, ce qui ne manqua pas de faire sourire Pandore qui n'avait pas l'habitude d'avoir aussi bonne réputation. Une fois arrivés aux enclos des Ésis le groupe se dispersa quelque peu. Méridia et Lily partirent s'amuser entre elles tandis que Shigeru retourna auprès de son Ésis qui l'avait bravement soutenu au combat. Ne restèrent plus que Riku, Pandore, Agito et Rashek, bien que ce dernier se tint un peu à l'écart. Le groupe de quatre s'installa directement au sol, sous le couvert du toit de l'écurie, sans se préoccuper du manque de propreté ambiant.

Pandore : Alors, que comptez vous faire maintenant que vous êtes libres de partir ?
Agito : Rester bien entendu ! On ne partira pas avant d'avoir réellement aidé ces gens !
Riku : Comme il a dit, nous resterons ici le temps qu'il faudra. Et vous ?
Pandore : Tout dépendra de Dameon, mais ça m'étonnerait que son intérêt pour cette île disparaisse après cette petite entrevue, au contraire...
Riku : Je suppose que nous devrons donc nous supporter un peu plus longtemps.
Pandore : A croire que notre compagnie est insoutenable, tu me brise le cœur.
Riku : Encore faudrait il que tu en aies un...

La femme se contenta de rire un petit coup puis un petit silence prit place, parfois perturbé par les éclats de rire de Méridia et de Lily qui semblaient bien s'amuser. Puis Rashek reprit la conversation.

Rashek : Et si nous restons bien sur cette île, que ferons nous ? Parce qu'il est bien beau de dire que nous pouvons changer quelque chose sur cette île, mais nous n'y resterons pas éternellement.

Tous dévisagèrent le grand homme avec de grands yeux. Sa réflexion était juste et soulevait un réel problème, mais ce n'était pas cela qui avait choqué ses trois interlocuteurs.

Rashek : Quoi ?
Agito : Il a parlé...
Riku : Tout seul, sans qu'on ait à l'y pousser...
Pandore : Je vous assure que même pour moi c'est presque une première...

L'épouvantail préféra ne pas répondre et retourna à son silence habituel, laissant le plaisir à Agito, Riku et Pandore de rire de leur petite blague. Puis une fois les rires passés Riku prit tout de même la peine de répondre à la question importante qu'avait soulevé le géant de deux mètres vingt.

Riku : Pour ce qui est de comment nous pouvons aider ce pays j'y ai déjà réfléchi, et bien que ce soit quelque peu tiré par les cheveux, il y a bien quelque chose que nous pouvons faire. J'en dirais plus lorsque nous serons tous rassemblés.

Personne n'ajouta mot et tous se contentèrent d'attendre, profitant de ce petit moment d'accalmie pour digérer les nombreuses denrées qu'ils avaient ingurgités tout au long du voyage de retour, et finalement le petit groupe s'endormit. Quelques heures plus tard ce fut un cri paniqué de Lily qui les sortis de leur sommeil. Tout le groupe se réveilla en sursaut pour constater qu'ils avaient dormis plus longtemps qu'ils ne l'avaient prévu. En effet, le soleil avait depuis peu disparu à l'horizon. Immédiatement, marines comme pirates prirent la direction dont semblait émaner ce cri de détresse. Ils n'eurent qu'à faire quelques pas avant de tomber sur Lily. Son bras présentait une entaille peu profonde de laquelle s'échappait quelques gouttes de sangs. En face, la responsable s'éventait gracieusement à l'aide d'un magnifique éventail dont le tissu semblait avoir été compromis par quelques tâches de ce même sang.

Riku : Que s'est il passé ?
Lily : Je sais pas, c'est elle qui a insisté pour qu'on se batte un peu, et puis d'un coup elle s'est mise à sortir ses éventails et m'a fait cette blessure !
Azura : C'est elle qui m'a agressée à mon réveil sans aucune raison. Si un être inférieur me porte un coup il doit être prêt à en assumer la responsabilité, maintenant laissez moi tuer cette arrogante.

Il n'en fallu pas plus pour que tous comprennent la situation. Méridia et Lily avaient décidés de s'éprouver lors d'un combat amical, et c'est au cours de celui-ci que le soleil avait commencé à disparaitre, obligeant Méridia à laisser place à Azura. Malheureusement elle était arrivée au mauvais moment, et avait donc prit ce qui était une agression amicale pour une atteinte à sa vie. Et maintenant elle réclamait celle de Lily... Une bien mauvaise situation.

Voyant que personne ne se résolvait à lui livrer l'innocente marine, Azura choisit de l'attaquer de front, la chargeant armée de ses éventails. La réponse du sergent-chef fut immédiate : de sa claymore il repoussa la jeune femme aux éventails et fut vite rejoint d'Agito. Instinctivement, Pandore et Rashek prirent position auprès d'Azura, qui sembla se réjouir de la tournure que prenaient les évènements, comme si elle en avait été le chef d'orchestre. Les armes étaient sorties et la tension qui régnait donnait l'impression que la grossière semaine de coexistence qu'avaient vécus marines et pirates n'avait jamais existé. Et c'est dans cette ambiance on ne peux plus fraternelle que débarqua Dameon, qui fut quelque peu surprit devant cet affrontement qui se préparait. Il fut presque immédiatement rejoint par Shigeru qui était parti se balader à dos d'Ésis pendant que les autres dormaient.

Shigeru : Euh... J'ai raté un truc ?
Dameon : Visiblement oui. Je suppose qu'ils n'ont pas supporté ma disparition d'un après midi, ils ont dû penser que je les avait abandonnés, les pauvres petits. Mais ne vous en faites pas, votre cher leader est de retour !

Devant le ridicule avec lequel Dameon venait de les traiter tous baissèrent les armes. La tension était redescendue, ce qui sembla embêter Azura qui perdit le petit sourire en coin qu'elle arborait quelques secondes plus tôt.

Azura : Fauteurs de trouble, vous paierez pour avoir perturbé mes plans.

Shigeru et Dameon se regardèrent donc deux secondes, et éclatèrent de rire alors que leur interlocutrice s'en allait un peu plus loin penser à de nouveaux plans pour occuper son temps, peut être aurait elle d'autres occasions de les monter les uns contre les autres.

Sans qu'ils aient besoin de se concerter, tous retournèrent à l'abri de l'écurie alors que la lune prenait possession du ciel au dessus d'eux. A l'intérieur, Dameon s'empressa de faire son compte rendu par rapport à ses soins. Il expliqua à tout le monde qu'il ne pourrait pas soigner le Roi, pas tout de suite. Une nouvelle qui jeta un froid. Personne dans le groupe ne le connaissait personnellement, mais l'amour que lui portait son peuple suffisait à dire qu'il s'agissait d'un grand monarque. Et c'est un peu pour le pays tout entier que le groupe éprouvait de la pitié. Voyant que Dameon avait fini de raconter son histoire, Riku prit Dameon à part.

Riku : Il est temps que nous ayons une conversation, seuls.

Le capitaine pirate ne sembla pas s'étonner une seule seconde de cette affirmation. Les deux hommes sortirent donc, sous le regard de leurs subordonnés qui ne bougèrent pas d'un pouce. Ils firent quelques pas jusqu'à se retrouver à la lueur de la lune. Personne ne les entouraient, il n'y avait qu'eux, face à face.

Riku : Mettons les choses au clair. Je ne prendrais pas le risque d'avoir cette conversation devant tout le monde et de voir les esprits s'échauffer. Donc disons les choses clairement, avant les Cœurois nous donnaient une excuse pour ne pas nous entretuer. Qu'en est il maintenant que nous sommes libre de nos mouvements, que comptez vous faire ?
Dameon : Les Cœurois ne m'ont jamais donné aucune excuse, j'ai juste jugé plus intéressant de les aider que de m'amuser avec vous. Mais dis moi plutôt ce qu'il en est de vous, maintenant que vous avez une pleine liberté d'action, la chasse au pirate est elle une option ?
Riku : Disons que je règle mes problèmes par ordre de priorité. Et à cet instant, ce pays est ma priorité.
Dameon : Nous avons donc le même objectif, qui aurais pensé qu'une telle chose pourrait être possible.
Riku : C'est bien parce que cette alliance est plus qu'improbable que je préfère en parler clairement.
Dameon : J'avoue que je suis surpris, je pensais qu'une fois libre tu t'empresserais d'aller chercher tes amis les marines afin de faire "justice".
Riku : Disons que certaines circonstances m'en empêchent. Rien ne me dit que la Marine verrait cette affaire de cannibalisme du même œil que nous... Et le Royaume de Cœur n'est même pas affilié au Gouvernement Mondial...
Dameon : Et nous sommes les pourris hein ? - se riait Dameon - Je me demande ce qui m'a prit de croire que vous pourriez y faire quelque chose, à se demander quelle est votre utilité. Regardez un peu, vous forcez même de malhonnêtes forbans comme moi à se ranger du côté de la justice.
Riku : Ce système n'est pas parfait, ce n'est pas une nouveauté, mais les choses évoluent.
Dameon : L'évolution est bien lente dans ce cas.
Riku : Un jour tu constateras que les choses ont réellement changées.
Dameon : Espérons alors que ce jour arrivera avant que d'énièmes royaume de Cœur ne succombent sous les coups de leurs ennemis...

Pendant un moment les deux capitaines ne dirent rien. Puis ils reprirent leurs conversations, parlant cette fois ci d'éléments plus concrets : de comment ils allaient aider ce Royaume de Cœur. Ils y passèrent quasiment la nuit, alors que leurs subordonnés les attendaient à l'intérieur de l'écurie, dans le silence. Pendant que leurs capitaines parlaient eux se demandaient ce qui ressortirait de cette conversation. Si les choses se passaient mal alors ils en reviendraient à se considérer comme des ennemis. Et sans l'arbitrage d'un homme comme Sanghyn ils ne feraient pas long feu, tous réunis ainsi. Puis finalement, après quelques heures ils revinrent, suscitant l'intérêt de tous ceux qui les attendaient.

Pandore : Alors, qu'avez vous décidé ?
Dameon : Un cesser le feu, nous nous sommes fixé un objectif commun, et tant que nous ne l'aurons pas atteint nous oublierons nos querelles de pirates et de marines.
Shigeru : Nous sommes donc officiellement alliés ?
Riku : Disons plutôt que nous ne sommes pas ennemis...

Cette façon de formuler la chose jeta un petit froid qui permit à chacun de comprendre la situation. Ils n'étaient pas alliés, ils n'étaient pas ennemis, ils étaient juste un groupe avec un objectif commun. Une fois cet élément mis au clair, Riku et Dameon partagèrent avec le reste de l'équipe ce qui serait leur "plan" pour aider le pays de Cœur. Et le plus important qui ressorti de ces informations était qu'ils allaient se séparer, en trois groupes pour être précis.
Le premier groupe, qui irait retrouver Sanghyn dans les Monts d'Obsidienne, serait composé de Shigeru, Méridia et Lily. L'idée de laisser Méridia et Lily ensemble n'était pas forcément bonne mais les deux capitaines s'étaient accordés sur le fait qu'elle ne leur laisserait pas vraiment le choix. Plutôt que tenter de séparer la paire d'amies ils les laisseraient donc sous la surveillance de Shigeru.
Le second groupe aurait pour mission d'explorer les "Étrois de Cœur", qui correspondaient aux mines qui se trouvaient au nord du Royaume de Cœur. Riku avait eu la chance d'en parler avec Sanghyn et celui-ci lui avait apprit que nombre des galeries de ces mines étaient maintenant inexploitées, mais que dans la période d'or de l'île ces galeries passaient carrément en dessous des Monts d'Obsidienne pour rejoindre l'autre côté de l'île. Ce groupe aurait donc pour mission de découvrir un de ces passages qui conduiraient jusqu'à l'autre côté de l'île. Cette tâche serait premièrement confiée à Agito, qui de par son passif de chasseur de trésor y était prédisposé. Il serait lui même accompagné de Pandore dont la faux serait probablement amenée à rencontrer les différentes créatures qui peuplaient ces souterrains. Et de Rashek qui, quasiment immortel, pourrait sans problème tester la sécurité de ces passages abandonnés.
Et enfin, le dernier groupe se composerait sans surprise de Riku et de Dameon, cependant aucun d'eux ne souhaita dévoiler le but de leur propre groupe.

Pandore : Vous avez pensé à tout à ce que j'vois.
Agito : Pourquoi j'me retrouve avec la sorcière ?!
Pandore : La ferme morveux.
Rashek : Je baby-sitte...
Shigeru : Non, je baby-sitte...
Dameon : Haha je savais que vous seriez tous très enthousiastes !
Riku : Plus sérieusement, vous comprenez l'objectif de cette mission n'est ce pas ?
Shigeru : Bien sûr, pour qui tu nous prends ?
Lily : Moi je comprends pas.
Riku : Contente toi d'écouter ce que Shigeru te dira et tout ira bien Lily.
Lily : D'accord.
Dameon : Très bien, dans ce cas reposez vous ce soir, demain nous irons demander audience à sa majesté la Reine.

Tous obtempérèrent sans se faire prier. La nuit était bien entamée et ils ne mirent donc pas longtemps avant de s'abandonner aux bras de Morphée. Le lendemain matin, assez tôt tout de même si l'on considérait l'heure à laquelle ils s'étaient endormis, ils partirent ensemble au château pour demander audience à la Reine comme ils l'avaient prévu. Et celle-ci prit la peine de satisfaire leur désir dans l'heure, se mettant entièrement à leur disposition. Ils entrèrent donc dans la salle du trône, et s'inclinèrent devant sa Majesté.

Reine de Cœur : Héros de Cœur, ne deviez vous pas partir une fois votre bonne foi prouvée ?
Dameon : Ma Reine, vous ne pensiez pas sincèrement que nous vous laisserions ainsi après avoir prit conscience de vos difficulté, quelle piètre opinion vous avez de nous.
Reine de Cœur : Dois-je comprendre que vous souhaitez rejoindre nos rangs et combattre à nos côtés contre le Royaume de Diamant ?
Riku : Malheureusement nos propres obligations nous en empêchent. Mais nous ne pouvons nous plus nous résigner à vous laisser ainsi à votre sort.
Reine de Cœur : Et que comptez vous donc faire ?
Dameon : Faire preuve de la plus élémentaire des politesses, vous rendre la pareille. Tout comme vous nous avez nourris pendant ces quelques jours, nous allons vous nourrir.

Une agitation incroyable s'empara de la salle du trône. Tous conversaient entre eux, se demandant ce que sous entendaient ces étrangers. Ils allaient les nourrir ? Sans attendre qu'on le lui demande explicitement, Riku s'expliqua.

Riku : Nous avons eu le plaisir de parler un peu de la topographie de cette île avec le général Sanghyn. Et plus particulièrement les Étrois de Cœur. Le fait qu'à une époque ces galeries aient pu conduire jusqu'aux abords de la ville de Nen lui a semblé tout à fait possible, voir probable. C'est pourquoi nous allons envoyer quelques uns d'entre nous à l'intérieur de ces galeries à la recherche de cette sortie qui se trouverait prêt de la ville de Nen. Les créatures qui peuvent peupler les Étrois de Cœur ne seront pas un problème pour eux. Si ils parviennent à trouver cette sortie, alors il vous reviendra d'envoyer des hommes traverser ces galeries pour directement attaquer la ville de Nen.
Reine de Cœur : Vos intentions sont louables, mais il est à préciser que la ville de Nen est une ville fortifiée, elle ne tombera pas aisément.
Dameon : Ça j'en doute ma Reine. Après la défaite cuisante qu'ils auront vécus les Diamantins viendront en masse combattre les troupes du Général Sanghyn. Et c'est justement pendant que leurs soldats seront au front qu'une petite partie de vos hommes pourra s'emparer de la ville.
Riku : Si ce plan s'avérait être un succès vous récupèreriez la ville fortifiée de Nen, et les champs de blé qui l'entoure. Quoi qu'il en soit nous ne vous forçons à rien. Cette audience que nous avons demandé ne servait qu'à vous informer de nos plans. Libre à vous de décider de n'envoyer aucun homme dans les Étrois de Cœur. Quoi qu'il arrive nous trouverons un passage qui contournera les Monts d'Obsidienne. Et nous nous assurerons également qu'une partie d'entre nous soutienne les troupes du Général Sanghyn. Une fois que ce passage vers Nen sera libéré vous aurez toutes les cartes en main, il vous reviendra alors de les abattre.  

La Reine considéra quelques temps ces paroles, puis reprit.

Reine de Cœur : Et comment saurons nous que vous aurez atteint votre objectif, que vous aurez trouvé un chemin menant jusqu'à la ville de Nen ?
Dameon : Ne vous en faites pas, lorsque nous aurons trouvé un passage, vous le saurez.
Reine de Cœur : Très bien, dans ce cas je vous ferais confiance, et garderais quelques hommes prêt à passer par les Étrois de Cœur. Je vous souhaite bonne chance dans votre périple, Héros de Cœur.

Sur ces mots, tous s'inclinèrent, se retournèrent, et quittèrent le palais. Avant de rejoindre les écuries ils se permirent d'emprunter quelques provisions aux Cœurois qui leur les fournirent de bon cœur. Une fois cette disposition prise, ils retournèrent aux écuries où ils préparèrent leurs Ésis pour le voyage qui les attendait. Le reste de la journée fut d'ailleurs consacré à ces préparations, et cela leur prit tant de temps que la nuit tomba avant qu'ils n'aient finis. Finalement, ils décidèrent qu'ils dormiraient une dernière nuit dans la splendide Hartcore avant de s'élancer le lendemain, chacun de leur côté, vers leurs objectifs respectifs. Restait encore le mystère de la destination que prendraient Riku et Dameon, mais personne ne jugea utile de le leur demander expressément, se disant que s'ils n'avaient pas révélé cette information il devait y avoir une raison.

Tard de la nuit, tous s'étaient endormis, si ce n'est Nocturne qui s'était comme toujours mise à l'écart, et le duo de Capitaine qui veillait, inquiet à propos de la suite des évènements.

Riku : L'infâme Dameon Kaliban se serait-il laissé vaincre par une insomnie ?
Dameon : Il semblerait que le vertueux Riku Esperanti ne s'en sorte pas mieux.
Riku : Comment pourrait-il en être autrement. Cette mission toute entière repose sur leurs épaules... A eux qui devront trouver un passage et soutenir Sanghyn.
Dameon : Tu peux toujours rester avec eux si tu es si inquiet.
Riku : N'y compte pas.
Dameon : Tu ne m'as toujours pas dit ce que tu comptais faire là-bas, pour prendre un risque pareil tu dois avoir de bonnes raisons.
Riku : Tu ne m'as pas donné les tiennes non plus.

Dameon se contenta de rire sans apporter de réponse à l'implicite question du Sergent Chef.

Riku : Je me demande si nous ne devrions pas leur dire où nous allons.
Dameon : Ils ne peuvent pas savoir, nous n'avons aucune idée de ce qui nous attends là-bas, si la Reine de Cœur avait vent de notre escapade tous les soupçons qu'elle avait à notre égard ressurgiraient à la surface.
Riku : Et dans ce cas mieux vaut qu'ils n'en aient pas entendu parler, je sais.
Dameon : Tu peux toujours abandonner ce voyage tu sais, je m'en sortirais tout aussi bien tout seul, si ce n'est mieux.
Riku : Non, j'ai besoin de réponses. Et ce n'est pas ici que je les obtiendraient.
Dameon : Tu m'obligeras donc à te supporter ?
Riku : Assurément. Demain nous partons pour la ville de Diamen.
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Message par Unholyscream Lun 9 Sep - 6:06

Pandore

La jeune femme chevauchait son Ésis avec toute la grâce qu'on lui connaissait, avec sur ses talons, les montures de Rashek et du petit Agito. Elle était encore surprise que Riku ait accepté de lui confier la garde du jeune marine, à elle. Elle qui était une pirate, qui plus est réputée pour adorer faire couler le sang. Le jeune homme lui faisait-il réellement confiance ? Ou alors, le fait que Meridia soit sous la surveillance de Shigeru devait, selon lui, assurer la sécurité d'Agito... Il n'avait pas tort certes. Mais si jamais l'amie de Pandore se retrouvait attaquée, alors la petite tête du petit marine quitterait promptement ses petites épaules.  Et ce n'était certainement pas son jeune âge qui allait l'attendrir, oh que non. Après tout, elle était la Faucheuse Céleste, celle qui pouvait se montrer aussi ardente que le soleil et aussi froide que la glace.
La jeune femme jeta un coup d'oeil derrière elle et aperçut une multitude de silhouettes, marchant en rangs serrés.  Pandore, Agito et Rashek formaient à eux trois l'avant-garde de la petite armée qui les accompagnait au nord du Royaume de Coeur. Quoique armée était un bien grand mot pour ces cinquante hommes... Certes des combattants d'élites, mais bien trop peu nombreux pour gagner une véritable bataille. Et la région était si inhospitalière que l'on pouvait tout à fait craindre que tous n'atteignent pas le bout du chemin... La veille ils avaient chevauché, sans relâche, à travers le Désert Rocailleux, galopant entre les petites montagnes rocheuses et sillonnant des vallées desséchées au sol craquelé. Quelques arbres poussaient bien, sur les flancs des rochers, mais ils étaient chétifs, et jamais Pandore ne vit un seul fruit sur leurs branches. Quant aux animaux, quelques chèvres vivaient dans ce paysage désolé, mais elles étaient si maigre qu'il n'y avait rien à manger, entre les os et la peau. Et cette dernière était presque aussi dure que les premiers, autant dire qu'il ne fallait pas espérer de viande de ce côté là... Quant aux prédateurs de ces contrées, les Seth des Rochers, ils avaient pour sang un poison mortel et pour chair un véritable nid à maladies.
Pandore poussa un léger soupir. Ce Royaume était perdu... Les sables du désert du sud étaient si salés qu'aucune plante, hormis les cactus, ne pouvaient y grandir. La forêt ? Les épines toxiques des arbres avaient empoisonné la terre. Et il serait fou de croire que croire que légumes et céréales pourraient pousser sur le sol dur et sec du nord du royaume. A dire vrai, Pandore doutait de l'avenir des Coeurois, même avec l'aide des marines et des pirates de l'Ange de la Douleur, ils étaient bien trop faibles. Ce Royaume était condamné. Mais la jeune femme suivait docilement les ordres de son capitaine, comme elle l'avait toujours fait. Et puis, elle s'amusait bien ici, à faire la guerre et à tuer tout son saoul. C'était ce qui comptait non ? Le présent uniquement. Mais en y pensant, elle craignait de devoir attendre longtemps avant que sa faux ne tranche à nouveau chair et os...

C'est après quelques jours de chevauchée supplémentaires, qu'ils découvrirent enfin Lungkdaore, la cité d'Or et de Roc. Du haut de leur montagne, la vue qu'ils avaient était tout simplement époustouflante. La ville avait été construite au milieu des montagnes rocheuses, à la fois sur les flancs et dans les vallées, comme si l'inclinaison du sol n'avait aucune importance. De gigantesques tours crevaient le sol et s'élevaient vers les cieux, leurs toits pointus scintillant d'un éclat doré et argenté. Milles et unes statues finement sculptée se tenaient là fièrement, au sommet des tours ou escaladant leurs parois. Et dans l'ombre de ces innombrables monuments, on pouvait apercevoir de petites maisons, elles aussi aux toits d'or et d'argent, dont les motifs complexes rendraient fous de jalousie jusqu'aux dragons célestes les plus riches. Des ponts se balançaient au vent entre les différentes tour, des escaliers grimpaient les flancs des montagnes, pour accéder aux trous béants des mines. Et au coeur de tous ces somptueux bâtiments, on pouvait voir le palais royal de Lungkdaore. Un dôme de marbre parfaitement taillé, décoré d'arabesques argentés et cuivrés, entouré de petites flèches aux toits dorés et sertis d'opales. Et partout dans la ville flottait la bannière au coeur transpercé.
Et pourtant, malgré toute cette splendeur et cette magnificence, se dégageait de Lungkdaore une aura de tristesse, de vide et désolation... Le vent hurlait en giflant les hautes tours inhabitées, qui commençaient à se consteller de fissures. Le vent se ruait dans les maisons aux larges fenêtres.. Le vent était le seul habitant, et il était roi ici. Les flèches du palais elles-mêmes semblaient ployer sous ses assauts répétés. Et ces mines... Des trous noirs. Autant de monstrueuses gueules qui avaient engloutis des centaines de pauvres Coeurois, pour les laisser mourir dans l'obscurité. Un frisson parcourut l'échine de Pandore : elle n'aimait pas cette sensation, et les villes fantômes faisaient partie des choses qui la dérangeaient... Les cités n'étaient-elles pas faites pour être vivantes ? La jeune femme se rendit compte de l'ironie de ses pensées, et laissa échapper un petit rire. Elle éprouvait plus de tristesse à contempler une ville morte qu'un homme mort.

Le soleil était à son zénith, mais les trois Ésis et leurs cavaliers étaient les seuls être vivants de Lungkdaore. Agito fut, sans grande surprise, le premier à se plaindre :
Agito : Super. Les autres vont faire la guerre et nous on doit visiter une ville fantôme...
Pandore : Si ça ne te plait pas, je peux te tuer, comme ça ton fantôme ira jouer avec les spectres d'ici.
Agito : Ce serait avec joie, si seulement tu pouvais mourir toi aussi.
Pandore : Te voilà bien présomptueux, petit homme.
Un sourire amusé flottait sur les lèvres de la jeune femme, tandis que le petit marine bouillonnait intérieurement et marmonnait divers insultes à l'égard de son aînée. Puis, il la trouva. L'insulte suprême, l'injure ultime. Celle qui rendrait folle de rage Pandore. Le jeune garçon lança alors, sur un ton aussi sec que la poussière qui se soulevait sous les pas de leurs montures :
Agito : Un problème la vieille ?
La faux fusa, la lame fit siffler l'air et le tranchant s'arrêta à quelques centimètres du petit marine, dont le sourire narquois venait de disparaître. Du bout de son épée, Rashek fit reculer l'arme de Pandore, et plaça son Ésis entre ceux des deux vieux ennemis. La pirate replaça sa gigantesque faux dans son dos et s'éloigna quelques peu. Si tout s'était bien passé jusque là, elle avait du mal à oublier ce que la Marine avait fait... Pandore ne vivait désormais que pour son capitaine, mais la Marine n'en restait pas moins un ennemi. Et là, Dameon n'était plus avec elle, et sa lame la démangeait fortement. Elle inspirait profondément pour se calmer, quand Rashek l'interpella.
Rashek : Nous ne sommes pas seuls.
Sur ce, une vingtaine de silhouettes bondirent à terre, quittant les toits où ils s'étaient dissimulés. Ils portaient tous de légères armures de cuir, renforcé par de fins disques de métal et étaient enveloppés dans de longues capes couleur sable. Pour peu que le vent soulève la poussière, ils étaient invisibles. Ils se mirent alors à avancer, épées au clair, jusqu'à confiner les trois Héros dans un petit cercle, entouré de lames diverses. Si les gardes de Lungkdaore avaient la peau pâle, ils la dissimulaient bien, derrière toutes sortes de peintures et de couches de maquillages. Si bien que l'on aurait dit qu'ils étaient faits de pierre et de sable. De véritable hommes du Désert Rocailleux. S'ils avaient tous des armes différentes, ils agissaient pourtant comme un seul homme, marchant d'un pas souple, prudent... Et menaçant. L'un d'eux prit alors la parole, tout en laissant son cimeterre sous la gorge délicate de Pandore :
Garde de Lungkdaore : Qui êtes vous pour entrer dans la Cité d'Or et de Roc impunément ?
Pandore : Nous sommes des Héros de Coeur.
L'homme au cimeterre renifla de façon méprisante et cracha :
Garde de Lungkdaore : Vous des Héros ? Une femme, un gosse et un estropié ?
Pandore : J'ai comme une folle envie de répandre votre sang, mais j'ai promis de vous aider. Alors je vais garder mon calme et vous faire lire un petit message de votre Reine. Agito, donne lui.
Agito : Je ne fais pas ça pour t'obéir, la vieille.
Pandore leva les yeux au ciel. Jamais elle n'aurait du laisser le message royal à ce morveux, mais c'était le seul moyen de prouver à Riku qu'elle n'allait pas faire du jeune marine un prisonnier. Un moyen de rendre Agito utile à Pandore. Ah, qu'elle était ulcérée d'avoir besoin de ce sale petit mioche ! Mais au moins il eut la décence d'obéir rapidement : après avoir farfouillé dans ses poches quelques secondes, il tendit un parchemin cacheté et roulé au garde qui se trouvait le plus proche de lui. Tout en gardant la pointe de sa lance appuyée contre le cou du marine, il se saisit de la missive et, recula vivement, pour la lire. Aussitôt un autre garde vint le remplacer, plaçant une nouvelle lame contre la peau d'Agito. Alors que le lancier lisait, ce fut comme si le temps s'était arrêté, personne n'osant esquisser le moindre mouvement, personne n'osant parler. Puis, le soldat s'agenouilla dans la poussière et, comme un seul homme, tous ses frères l'imitèrent une fraction de seconde plus tard. Celui qui avait lu la lettre de la Reine lança alors :
Lancier de Lungkdaore : Mes frères. Nous voici en présence d'authentiques Héros de Coeur. La Reine elle-même les a décoré de ce titre, pour avoir combattu aux côtés de notre peuple, et pour nous avoir apporté une victoire, et avec elle quantité de nourriture.
Pandore : J'aurais espéré un accueil plus chaleureux que toutes ces lames. Le métal est si froid.
Garde de Lungkdaore : Nous... Pardonnez-nous, mais nous ne savions pas. Sinon, jamais nous n'aurions agi de la sorte, comprenez le bien ! S'il vous plait, acceptez nos plus sincère excuses, Héroïne de Coeur.
Rashek : Elle plaisantait.
Pandore : Quoi ?! Mais pas du tout ! J'étais très sérieuse pourtant...
Mais la jeune femme ne parvint pas à réprimer son sourire longtemps, et elle se mit bientôt à rire doucement. Voyant que les protecteurs de Lungkdaore ne bougeaient pas, elle leur intima, non sans avoir profité de l'agréable situation, de se remettre debout :
Pandore : Vous pouvez vous lever.
Agito : Vous êtes qui au juste ?
Lancier de Lungkdaore : Nous sommes les Vingt-Et-Un de Lungkdaore. Nous sommes les protecteurs de la Cité d'Or et de Roc. Qu'une armée vienne nous attaquer, et c'est nous qu'ils trouveront sur le champ de bataille. Mon nom est Oberyn, la Vipère d'Or.
Sur ce, les vingt autres guerriers se présentèrent, mais cela faisait bien trop de noms pour la jeune femme qui, au bout du troisième, cessa simplement d'écouter. Non, ce qui l'intéressait elle c'était ce lancier. De lui se dégageait une sorte d'aura sombre, mêlant à la fois prestance, courage et mort. Rien qu'à les regarder, Pandore devina bien qu'il était le meilleur d'entre eux. Qu'il était le plus dangereux.
Agito : Pourquoi protéger une aussi grande ville sans peuple ?
Oberyn : Ah. Détrompes-toi, la Cité d'Or et de Roc n'est pas vide. Mais le peuple du Crépuscule ne vit que quelques heures, chaque journée, lorsque le soleil s'endort, et lorsque la lune s'éveille. Le reste du temps, les habitants de Lungkdaore sont morts.
Le jeune marine ne put réprimer un frisson, tandis que Rashek restait muet comme une tombe. Ainsi la ville était-elle réellement peuplée de fantômes ? Voilà qui allait terrifier le sale mioche. Quel plaisir que ça allait être, de le voir trembler de peur lorsque les ténèbres se seront abattus sur la cité. Mais en attendant, les trois Héros suivaient docilement les Vingt-Et-Un de Lungkdaore, qui les menaient probablement à un endroit où ils pourraient passer la nuit, avant de s'enfoncer dans les gueules des mines le lendemain.

L'après-midi touchait à sa fin, lorsque Pandore découvrit où cet Oberyn les amenait. Le palais de la ville resplendissait de blancheur. Seul bâtiment immaculé, son dôme brillait sous les rayons du soleil, et les innombrables arcades et piliers qui le soutenaient avaient été travaillés si finement qu'ils semblaient vivants. Le monument était envahi de magnifiques statues : ici un géant de pierre soutenait sur ses épaules un pan du dôme, là bas une scolopendre pétrifiée escaladait  un massif pilier de marbre. Et, au dessus des larges portes du palais, trônait un splendide dragon, aux écailles blanches comme la neige, crachant un torrent de flammes d'or et de rubis. Et l'intérieur n'était pas moins splendide, loin de là. Au coeur de l'immense hall au haut plafond, une fontaine sculptée en forme de sirène aux cheveux d'argent déversait son eau d'une jarre en or massif, dans un bassin tapissé de pierreries. Et tout autour de la merveilleuse créature de pierre, dansaient des statues de lutins, korrigans et nains, figés en pleine valse pour certains, en plein milieu d'un entrechat gracieux pour d'autres. Derrière la sirène, une table d'ébène avait été dressée, autour de laquelle festoyaient des hommes et des femmes de marbre. Des lustres finement forgés libéraient une intense lumière, qui cascadait sur les épaules des danseurs et des convives. Et encore plus loin, le trône. Il était soutenu par un noble et élégant dragon, aux écailles de jade et au regard de saphir. Mais... Mais le siège était désespérement vide. De la table où avait lieu le festin, on n'entendait pas le moindre éclat de rire, pas la moindre plaisanterie. Personne n'applaudissait les danseurs, aussi doués fussent-ils, et la sirène demeurait muette. Certes, les dalles du sol étaient recouvertes par de grands et beaux tapis mais ces derniers étaient usés par les siècles et leurs couleurs, qui avaient du être chatoyantes, étaient désormais ternes. Les jardins intérieurs, qui serpentaient entre les piliers, autour desquels étaient langoureusement enlacés de long serpents aux yeux de rubis, avaient du être si beaux, resplendissants de fleurs et plantes aussi colorées que des joyaux ! Mais aujourd'hui, l'herbe émeraude et les fleurs exotiques avaient laissé place à un fin gravier blanc, tellement triste. La chaleur étouffante de l'extérieur s'engouffrait ici par des centaines de fenêtres, serties d'opales et d'onyx. Alors pourquoi Pandore avait-elle si froid ? Elle se sentait glacée, terriblement glacée oui...
Oberyn : Nous voici arrivés au Palais des Figés.
L'air peu assuré, comme si elle se remettait difficilement d'un choc violent, Pandore lança, d'une voix moins sèche qu'elle ne l'aurait voulu :
Pandore : Pourquoi nous avoir mené ici ?
Oberyn : Nul autre demeure ne sied aux Héros de Coeur.
Rashek : La vérité, s'il vous plait.
Oberyn : Bien. Vous qui venez la capitale de notre royaume, vous avez vu notre peuple affamé. Vous qui avez mangé avec eux, vous avez vu les atrocités que nous sommes forcés de commettre. Vous qui avez combattu à leur côtés, vous avez vu le supplice infligé par nos ennemis... Mais, nous n'avez fait qu'effleurer l'horreur du Royaume de Coeur, je le crains. Voyez là le gâchis. Notre royaume est un rubis, mais brut, sale et abîmé. Et les Diamantins, jour après jour, année après année, l'enfoncent dans la boue et l'éraflent avec leurs dents avides et cruelles. Désormais vous connaissez le triste sort de la ville de Lungkdaore. Joyau parmi les joyau, mais sans yeux pour le contempler... Les artistes et les orfèvres de la Cité d'Or et de Roc étaient connus dans le monde entier, avant l'ignoble Séparation des Races ! Aujourd'hui, ils ne sont que poussières, et leur mémoire est oubliée. Nous mangeons les corps de nos ennemis mais eux, ils dévorent nos coeurs et nos âmes.

"Mais eux, ils dévorent nos coeurs et nos âmes..."
La dernière phrase de la Vipère d'Or sembla résonner des heures durant, dans l'immense Palais des Figés. Comme si toutes les statues la répétaient en coeur, pour s'assurer qu'elle s'ancre profondément dans les pensées de la jeune femme. Oberyn et ses frères étaient repartis patrouiller, tandis que Pandore était assise sur un épais tapis vert, assombris par les siècles, et adossée contre l'un des rebords du bassin de la sirène. Elle avait vu à quel point les Coeurois souffraient, et ce dès que Sanghyn leur avait tout raconté. Mais aujourd'hui, elle réalisait véritablement l'ampleur du supplice et cela la bouleversait bien plus qu'elle n'osait l'admettre. Elle laissa courir un regard triste sur les galopins et les fées qui dansaient gaiement puis ferma les yeux. Tout ici datait de l'époque où il n'y avait qu'un seul royaume sur cette île. Les statues, les joyaux, les tapis... Tout. Et pourtant, rien n'avait vraiment changé, comme si le temps lui même se refusait à troubler la beauté des lieux. Le temps lui-même devait espérer qu'un jour le monde puisse à nouveau jouir de la la splendeur de la Cité d'Or et de Roc... Pandore était enfin touchée par la détresse de ce peuple, autant que Dameon avait pu l'être. Elle comprenait finalement pourquoi son capitaine tenait tant à sauver ces gens... Ce fut le mioche, enfin Agito, qui la tira de sa torpeur :
Agito : Rashek, la vieille ! Euh, je veux dire Pandore... Bref, venez voir !
Le petit marine se tenait devant la porte d'entrée du Palais des Figés, il venait de l'extérieur visiblement. La jolie faucheuse expira profondément pour essayer de chasser son malaise et marcha vers lui, le silencieux Rashek sur les talons. Avant même qu'elle ne se retrouve dehors, Pandore avait compris ce qui passait, grâce au bruit. Oui, le bruit. Lungkdaore s'éveillait, et des voix, étouffées pour le moment, brisaient le silence. Puis ces voix se firent de plus en plus fortes et bientôt on pouvait distinguer les pleurs de certains, les soupirs plaintifs d'autres et les éclats de rire des plus optimiste. Ou des moins réalistes peut-être... Mais ce qui comptait, était que devant leurs yeux à tous les trois, des entrées noires des mines jaillissaient des dizaines de Coeurois, ainsi que quelques chariots, remplis de divers minerais, de blocs de marbre et de joyaux.
Rashek : Le Peuple du Crépuscule. Mort le jour, alors qu'il creuse, mort la nuit alors qu'il dort.
Sa voix vibrait de compassion et de mélancolie, comme à l'accoutumée mais avec plus de force encore. Lui aussi avait été touché par le sort du Royaume de Coeur, même s'il ne le montrait pas. Le petit marine non plus n'y était pas insensible, évidemment : il bondissait presque de joie à voir ces gens sortir de terre.
Agito : Je comprends mieux pourquoi l'armée qui nous suivait a ramené autant de nourriture ! C'est pour les gens d'ici ! Ce qui veut dire... Ce qui veut dire que les soldats qui nous ont accompagné vont probablement se contenter de chair humaine, pour laisser autant de nourriture possible aux affamés d'ici...
Rashek acquiesça gravement :
Rashek : Hartcore a déjà festoyé, maintenant c'est au tour de Lungkdaore.
Agito : C'est tellement bon de voir qu'on est utile. Je crois bien que y'a rien de plus beau qu'un visage souriant qui vous remercie sincèrement...
Pandore faillit lui rétorquer que cela devait être nouveau pour lui, vu qu'il était un marine, mais la jeune femme n'avait pas le coeur aux moqueries, aussi continua-t-elle à regarder la vie envahir la Cité d'Or et de Roc. Les gens avaient déposé dans un entrepôt au toit doré et aux piliers de marbres sculptés tout ce qu'ils avaient extirpé des mines aujourd'hui et maintenant ils se réunissaient là, sur la place centrale de la ville, devant le Palais des Figés. Ce n'était pas une atmosphère de joie qui avait empli les rues, mais au moins c'était une atmosphère de vie, et non pas ce silence mortuaire qui régnait un peu plus tôt. La nourriture arriverait demain, et là peut-être que des sourires francs se dessineraient sur les visages des mineurs.
Pandore : Pourquoi continuent-ils à souffrir dans ces mines ?
Ce ne fut ni Rashek ni Agito qui répondit, mais la Vipère d'Or, qu'elle n'avait pas entendu arriver :
Oberyn : Nos ancêtres se rebellèrent et chassèrent les Diamantins hors de leur Royaume, se libérant par là même de leurs chaînes d'esclaves. Les pauvres croyaient que tout était enfin terminé, mais c'était justement là que tout commençait. La guerre débuta... Et alors, les habitants de Lungkdaore retournèrent dans les mines de leur plein gré, pour donner aux guerriers de Coeur leurs armes et armures de métal.
Oberyn vint se placer aux cotés de Pandore, remplaçant le petit marine et l'épéiste, qui étaient tous deux partis, probablement se coucher dans les luxueux appartements d'ici. Voyant que la jeune femme gardait le silence, le lancier reprit :
Oberyn : Nous vous avons accueilli dans notre cité, mais nous ne savons pas pourquoi vous êtes venus.
Pandore : Vos mines. Nous sommes là pour traverser les Étrois de Coeur, et envahir le Royaume de Diamant.
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Message par Mam'Rik Jeu 10 Oct - 23:17

Devant cette affirmation Oberyn ne pu s'empêcher de rire, une réaction que Pandore n'avait absolument pas prévu, mais ce sourire s'effaça dès que la Vipère d'Or comprit qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie. Franchir les Étrois de Cœur ? L'idée lui semblait folle, car il y avait une raison qui faisait que depuis le début de cette guerre ni les Cœurois ni les Diamantins n'avaient tenté de franchir ces grottes. Bien entendu le fait qu'aucune de ces galeries n'étaient sûres et qu'elles menaçaient toutes de s'effondrer du jour au lendemain jouait un rôle assez important, mais ce n'était pas tout. Et c'était cette seconde raison qui inquiétait le chef de la garde de Lungkdaore.

Oberyn : Vous pensez sérieusement à traverser les mines  ? C'est de la folie. Toutes celles qui s'aventurent trop profondément dans la montagne ont été fermées pour une bonne raison, et je vous assure que vous ne voulez pas rencontrer cette raison. Les Étrois de Cœur sont habités par les plus monstrueuses créatures dont j'ai pu entendre parler.
Pandore : Nous partons avec un groupe d'une trentaine d'hommes conquérir une ville qui n'a pas été approchée une seule fois par l'armée de Cœur en plus de 1000 ans, ce ne sont pas quelques créatures qui vont nous effrayer... Et vos mineurs continuent bien d'aller chaque jours dans les mines non ?
Oberyn : Les mines dans lesquelles nos mineurs se rendent chaque jours sont assez proches de la surface, elles sont sûres. Mais les Étrois de Cœur dont vous parlez sont composés de galeries qui s'enfoncent à des dizaines de kilomètres dans le sol. Elles ont d'ailleurs été condamnées il y a des centaines d'années de cela, au prix de nombreuses vies. Les créatures qui peuplent ces galeries n'avaient été découvertes que peu de temps avant que notre île ne soit séparée en deux royaumes. A cette époque nos ancêtres essayaient de créer un chemin d'accès plus rapide à l'autre côté de l'île. Et ils réussirent. Au début tout se passa pour le mieux, ce passage leur permit de faire traverser des marchandises sans avoir à affronter les difficultés de la montagne. Puis peu à peu ils remarquèrent que certains convois disparaissaient, sans qu'ils puissent en déterminer la cause. Et finalement un convoyeur pu survivre à l'une des attaques, et raconter ce qu'il avait vu : les Étoiles Rouges. Ce fut le nom qu'il donna aux créatures qui avaient vécu à l'intérieur de nos montagnes pendant des siècles, peut être même des millénaires. Tout ce que nous savons à leur propos est qu'avant qu'on ne vienne les déranger elles vivaient à l'intérieur de la montagne et se nourrissaient de poussière, et qu'en creusant ces tunnels nous avons mit à leur disposition un nouveau genre d'aliment : la chair humaine. Bien entendu après tous les efforts que le peuple avait fait pour creuser ces tunnels aucun d'eux n'étaient prêt à les abandonner sans combattre. Ils y ont donc envoyé des régiments entiers, mais tous échouèrent à la tâche. Le Roi de Cœur comprit alors le danger que représentaient ces créatures, et fit ordonner de condamner ces galeries. La tâche ne fut pas aisée, les créatures étaient petit à petit remontées à la surface et empêchèrent pendant de nombreuses semaines les ouvriers de refermer ces galeries. Il fallut donc envoyer encore plus de soldats, pour les repousser et ainsi permettre à la menace d'être écartée. Voilà ce que cachent ces montagnes, des créatures féroces et puissantes, à qui nous avons fait gouter la chair humaine et que nous avons ensuite affamée pendant des centaines d'années. Et vous me dites que c'est ces galeries que vous voulez pénétrer ?
Pandore : Nous sommes des combattants. Si une créature inconnue se met sur notre route je me ferais un plaisir de la disséquer moi même. Je ne me laisserais pas intimider par une légende quelconque.
Oberyn : Il ne s'agit pas d'une légende, j'ai déjà eu le malheur d'en rencontrer une. Quelques fois ces créatures creusent la roche afin de remonter jusqu'à nous. Elles arrivent très rarement à leurs fins, mais lorsqu'elle le font, les dégâts qu'elles provoquent sont loin d'être négligeables. J'ai pu me débarrasser de celle que j'ai rencontré seul, mais le temps que j'arrive plus d'une dizaine de mineurs avaient perdu la vie.
Pandore : Mais vous avez réussi à la repousser, à vous seul, je ne me fait donc pas de soucis pour nous.
Oberyn : J'ai réussi à la repousser oui, mais à l'intérieur de ces grottes tout est différent. Elles sont dans leur territoire, et elles sont en nombre. Ces créatures n'agissent normalement pas seules. De plus, si vous rouvrez le passage vers les souterrains vous exposerez tous nos mineurs à leur menace.
Pandore : En nombre ? Tant mieux, il me faudra au moins ça si je veux m'échauffer correctement avant la bataille. Et si c'est pour vos mineurs que vous vous inquiétez vous pourrez refermer le passage derrière nous.
Oberyn : Et vous couper votre seule issus de secours ?
Pandore : Nous passerons ou nous périrons en essayant, c'est aussi simple que cela.
Oberyn : Et qu'en est il des soldats qui arriveront demain ? Ils vous suivront ?
Pandore : Bien entendu.
Oberyn : Vous les conduisez à une mort certaine.
Pandore : Nous les protègerons, et puis nous ne parlons pas de n'importe qui. Ces hommes que nous emmenons avec nous sont des soldats d'élite, ils n'auront sûrement même pas besoin de notre aide.
Oberyn : Croyez moi, lorsque vous aurez pénétré à l'intérieur de ces tunnels vous perdrez cette confiance que vous arborez.

Pandore prenait les mots de cet homme très au sérieux. Il était fort, elle le savait. Et s'il leur disait que ces tunnels étaient dangereux alors les créatures qui les peuplaient devaient réellement être effrayantes. Mais elle ne comptait pas fléchir pour autant.

Pandore : Cela fait maintenant plusieurs siècles que votre peuple se meurt, et pourtant vous n'avez pas avancé d'un pouce depuis ces temps là. Alors oui, peut être allons-nous tous mourir dans ces grottes. Mais que se passera t-il si nous en ressortons vivants ? Si nous accomplissons cet exploit, alors vous aurez enfin fait un pas en avant. Vous êtes en guerre, des risques doivent être prit et des sacrifices fait. Votre Reine semble l'avoir comprit, peut-être serait-il temps que vous le réalisiez vous aussi.

Oberyn ne répondit pas devant les paroles brutales mais néanmoins vrais de Pandore. Mais ce fut cette brutalité qui lui fit comprendre que cette femme qui semblait au premier abord si froide était en fait pleinement impliquée dans leur combat. Il ne chercha donc pas à argumenter plus longtemps.

Oberyn : Dans ce cas je suppose que vous feriez bien d'aller vous reposer avant votre départ.
Pandore : C'est ce que je vais faire oui. Le peuple du Crépuscule semble sur le point de s'endormir lui aussi.

En effet, le bruit qui avait investi la ville se faisait de moins en moins entendre. Après une rude journée de travail rares devaient être ceux qui n'étaient pas pressés de rejoindre le confort de leurs lits. Pandore suivie leur exemple et s'empressa de rejoindre les chambres du palais, prête à passer une agréable nuit dans l'un des lits les plus confortables qu'il lui ait été donné d'essayer.

Les trois équipiers passèrent donc une nuit magnifique, mais malheureusement trop courte. En effet, le lendemain aux aurores, la trentaine d'hommes qui les avait suivi, et qui avait eu la charge de transporter la nourriture récoltée jusqu'à Lungkdaore arriva. Et s'ils voulaient que les choses se déroulent au mieux, les Cœurois ne devaient pas laisser aux Diamantins le temps d'organiser leurs défenses. Et dans ce but, chaque secondes comptaient. L'arrivée du groupe d'hommes armés bien matinale signa donc l'heure du réveil pour nos trois Héros de Cœur. Ceux-ci se préparèrent en une trentaine de minutes et se dépêchèrent ensuite de rejoindre les troupes qui les accompagneraient à travers les Étrois de Cœur.

Agito : Pourquoi est ce qu'on doit partir aussi vite ? J'voulais participer au banquet moi.
Pandore : Tout cela afin de recevoir ta dose de remerciement c'est cela ? Les marines sont vraiment tous aussi superficiels...
Agito : Qu'est ce qu'il y a de mal à recevoir un merci de temps en temps ?!
Pandore : Immature...
Agito : J'en connais certaines qui sont bien trop "matures"...
Pandore : Qu'est ce que t'as dit ?!
Agito : Moi ? Rien du tout.

Pandore eut bien envie d'étriper le gamin mais les regards pressants des soldats qui l'entourait la mire trop mal à l'aise pour cela. Elle se contenta donc de lui lancer un regard lourd de sens qui eut finalement peut être plus d'effets que la correction qu'elle avait imaginée. Tandis qu'Agito partait se cacher derrière Rashek, Pandore se tourna vers Oberyn. Ils vérifièrent ensemble que tout était prêt, rien de bien compliqué étant donné qu'ils n'avaient qu'à s'assurer que tous étaient présents.

Oberyn : Je vous guiderais moi même jusqu'à l'entrée des Étrois de Cœur par lesquels vous passerez.

Guidés par la Vipère d'Or, il ne leur fallut qu'une trentaine de minutes pour atteindre une ouverture dans la roche, l'entrée des mines. Un simple regard leur suffit à tous pour comprendre que la mine par laquelle ils entreraient était toujours en activité. Preuve encore une fois de la richesse de ces hommes, ce n'étaient pas des piliers de bois qui l'encadraient mais des piliers d'argent qui resplendissaient sous la lumière des nombreux lumini-dials qui assuraient l'éclairage un peu plus bas, là où les rayons du soleil ne pouvaient faire leur travail. Mais aucun d'entre eux ne fit attention à ces détails. A la place, tous furent obnubilés par la descente qui se profilait sous leurs yeux. Il était évident que les soldats de Cœur n'étaient jamais rentrés dans ces mines, et c'est pour cela qu'ils furent tout aussi choqués que nos trois héros par cette pente quasi-verticale.

Pandore : On va devoir marcher jusqu'en bas avant d'atteindre les galeries profondes ?
Oberyn : C'est exactement ça.
Agito : Marcher ? Pourquoi marcher quand on peux rouler ?
Pandore : Rouler ? Comment ça rou...

Pandore, qui se retourna vers Agito, n'eut pas besoin de terminer sa phrase pour comprendre ce qu'il sous entendait. En effet, Agito se tenait devant un magnifique charriot, en très bon état lui aussi, dont les roues étaient accrochés à des rails qui allaient se perdre dans les profondeurs de la galerie.

Pandore : Absolument pas moyen que je monte là dedans, il n'y a aucune chance pour que ce soit une bonne idée.
Agito : Quoi ? C'est trop de sensations pour toi grand mère ?
Pandore : Tu veux que je te tue morveux ?!
Agito : Commence déjà par m'attraper, mamie !

Sur ces mots, Agito poussa son chariot jusqu'au début de la pente, sauta à l'intérieur et se laissa porter par la gravité tout en criant sa joie de vivre, sous les regards ébahis de tout ceux qui avaient assisté à la scène.

Pandore : C'est pas possible... Il va tuer quelqu'un sur le chemin...
Oberyn : A vrai dire j'ai demandé aux mineurs de ne pas passer par cette galerie aujourd'hui, donc son idée n'est pas si mauvaise que ça, elle nous épargnera une perte de temps non négligeable...
Pandore : Vous n'êtes pas en train de me dire que l'on devrait faire comme lui, si ?
Oberyn : Eh bien nous avons largement assez de chariots pour tout le monde, et puisque il est déjà parti autant le rejoindre.

Le bruit des roues d'un chariot en train de se déplacer poussèrent Pandore à se retourner à nouveau. Et là elle vit une chose pour laquelle elle n'était pas prête. Rashek, en train de pousser son chariot, prêt à suivre Agito.

Pandore : Qu'est ce que tu fais Rashek ?
Rashek : Je pousse mon chariot.
Pandore : Ne me dit pas que... Ça t'amuse ?

Le pirate au cœur de glace fixa quelques secondes Pandore, détourna le regard, rentra à l'intérieur de son chariot, et se laissa à son tour tomber dans cette immense descente.

Pandore : J'y crois pas... Ça l'amuse...
Oberyn : Eh bien je suppose que nous n'avons plus le choix.
Pandore : Vous aussi ça vous amuse...?
Oberyn : Bien sûr que non ! Mais le temps que nous gagnerons avec ça...

Pandore fixa les yeux pétillants de tous ces hommes... De tous ces enfants en face d'elle, et fini par céder.

Pandore : Cessez votre baratin et allez-y...

Un à un, les vaillants soldats du royaume de Cœur sautèrent donc dans les wagons, tentant chacun à leur manière de masquer l'excitation qu'ils ressentaient à l'idée de descendre cette énorme pente à toute vitesse ! La descente leur permit rapidement à tous de découvrir la vie de tous les jours des mineurs. Ici, une ambiance féérique régnait. La lumière émise par les lumini-dials accrochés au plafond de la grotte se réfléchissait sur les nombreux cristaux qui émergeaient de la paroi rocheuse, créant une ambiance bleutée. Ils ne purent cependant profiter de cette ambiance très longtemps, la descente à toute allure ne dura pas plus d'une minute. Et tous purent donc s'arrêter en toute sécurité à l'aide du frein installé à bord du chariot. Tous sauf le premier parti, Agito, qui n'avait pas prit le temps d'écouter les indications et, emporté par la frénésie de la descente n'avait pas tenté une seule seconde de s'arrêter lorsqu'un mur s'était placé sur sa route. Après que tous aient pu rire quelques secondes de la bosse qui était née sur le front du petit marine, Oberyn posa au sol un gros sac qu'il avait emmené avec lui. Il commença à fouiller à l'intérieur et en sorti trois lumini-dials qu'il tendit à Pandore.

Oberyn : Les soldats ont déjà été équipés mais je suppose que vous en aurez également besoin. Car à l'intérieur des grottes profondes aucun lumini-dial n'a été rechargé depuis des décennies. Prenez garde à ne pas rester trop longtemps à l'intérieur de ces grottes, ces gadgets ont tendances à se vider rapidement. Et croyez moi, vous ne voulez pas être à court de lumière là dedans.
Pandore : Nous y ferons attention.

L'homme se tourna alors vers Agito qui boudait toujours dans son coin, se plaignant de la douleur que lui infligeait sa bosse, et sorti cette fois-ci un document plutôt ancien de son sac.

Oberyn : J'ai cru comprendre que tu serais celui qui les guideraient à l'intérieur. Cet outil te sera sûrement très utile, prends en soin, rares sont les cartes des galeries profondes encore en aussi bon état.
Agito : Vous en faites pas, Super 'Gito s'occupe de tout !

Le soldat sourit, puis regarda l'ensemble d'hommes et la femme qui se trouvaient en face de lui. Trente trois personnes au total, trente trois personnes pour traverser l'un des passages les moins sûrs de l'île et accomplir l'exploit de prendre une ville aux Cœurois. Qui y aurait cru. Le sourire qu'il arborait déjà s'agrandit alors un peu plus. Il passa alors dans leur dos, et se mit face à ce qui constituait la fin de la galerie, un c*l de sac. Là il regarda au sol, creusa légèrement, et dévoila une sorte de passage dérobé, un trou juste assez large pour laisser passer un être humain. Il se retourna alors à nouveau vers le groupe d'explorateur.

Oberyn : C'est par là qu'était passée la créature que j'avais moi même éliminé. En empruntant ce passage vous devriez tomber sur le point que j'ai marqué d'une croix noire sur votre carte. Votre objectif se trouve être la croix rouge. Et c'est ici que nos chemins se séparent. Ce fut un plaisir de vous rencontrer, Héros de Cœur.

La Vipère d'Or prit une posture solennelle, apposa sa main droite sur son cœur et s'écria fièrement : "Noblesse et Honneur ! Pour Cœur !". Sur ces mots, il se tourna et commença à remonter la longue pente qu'ils venaient tous de descendre. En signe de respect les trente soldats et Agito, qui dans un élan patriotique se prenait maintenant pour un Cœurois, l'imitèrent et reproduire à leur tour le salut traditionnel de l'île. Pandore et Rashek se contentèrent de s'incliner, montrant ainsi leur respect envers cet homme qui, quasi seul, défendait une ville.

Une fois le temps des adieux passé, tous s'engouffrèrent dans la petite crevasse qu'avait créé quelques années plus tôt cette Étoile Rouge. Et une fois à l'intérieur des Étrois de Cœur tout leur paru sensiblement différent. Les mines qu'ils avaient parcouru jusqu'ici avaient un petit côté féériques. L'ambiance bleutée que leur donnait le cristal, les belles armatures d'argent, il n'y avait rien de tout cela ici. Ou du moins si ils étaient présent on ne pouvait les voir, car ici tout n'était qu'obscurité, le noir le plus total. Néanmoins, malgré le manque de lumière, on notait déjà aisément certaines différences entre les belles mines entretenues par les Cœurois et ces galeries à l'abandon. Et la première était l'odeur étouffante qui vous envahissait les narines. C'était même plus qu'une odeur, c'était quelque chose de quasiment tangible qui envahissait vos poumons et les alourdissaient. L'air était loin d'être pur ici bas. Un à un chacun sorti son lumini-dial afin de découvrir un peu plus son environnement. La luminosité qu'apportait ces gadget était limitée mais elle leur permit tout du moins de constater à quel point ces grottes étaient sauvages. Sans attendre, Agito éclaira la carte qu'Oberyn lui avait remis, et il établi qu'il leur faudrait un peu plus d'une journée pour effectuer la traversée. Et encore faudrait il que les galeries qu'ils empruntent soient toutes encore en état. Après avoir entendu l'histoire d'Oberyn, Pandore savait qu'il serait impossible de se reposer dans ces souterrains. Si le voyage devait leur prendre un jour alors ils marcheraient une journée entière sans faire ne serait-ce qu'une pause, c'est du moins ce qu'elle espérait. Elle demanda donc à Agito de lui indiquer la direction à suivre et s'y élança sans hésiter, rapidement suivi par tout le reste du groupe. Ces souterrains étaient réellement sauvages, le terrain y était accidenté et si l'on y faisait pas attention on risquait même de tomber sur quelques crevasses. Heureusement, les couloirs de pierre étaient également larges et permettaient au groupe de se déplacer sans avoir à se placer les uns derrière les autres. Tous étaient aux aguets. Car si Pandore était la seule Héroïne à avoir entendu parler des Étoiles Rouges, les soldats de Cœur étaient également bien au courant. Finalement le voyage se passa plutôt bien pendant les quinze premières heures. Il y eu quelques crevasses à franchir et une ou deux galeries menacèrent bien de s'écrouler sur leurs têtes, mais rien de dramatique n'arriva. Quelque peu rassurée par ces quinze heures presque tranquilles, Pandore décida qu'il était raisonnable de prendre une pause. Tous se firent donc un plaisir de s'assoir dos à la paroi et de reposer leurs jambes bien éprouvées par ce voyage. Car si quinze heures de marche n'étaient rien pour un soldat, quinze heures à traverser les Étroits de Cœur étaient bien différentes. Il s'agissait de franchir les obstacles qu'avait produit mère nature, de parfois ramper sous les débris de tunnels effondrés, de sauter au dessus de crevasses qui semblaient trouver leur fond au centre de la Terre elle même... Autant d'épreuves qui éprouvaient autant le physique que le mental.

Agito : J'en peux plus de marcher, et cet air irrespirable... Je pourrais dormir une éternité que je serais toujours fatigué.
Rashek : Il n'y a pas de fatigue dans la mort, mais si tu y tiens que ça je peux jouer le rôle de Morphée.
Agito : De quoi est ce que tu... Eh attends c'est pas de ce genre de sommeil que je parlais !!
Pandore : Si tu ne cesses pas de te plaindre ainsi je me chargerais personnellement de te plonger dans ce sommeil dont tu ne te réveilleras jamais.
Agito : Je répondrais bien qu'il en va de même pour toi, mais Mère Nature semble bien plus proche de réaliser cet exploit que moi... Tu te rends compte ? Même dans ce noir total j'arrive à voir tes rides de grand-mère.

Pandore s'apprêtait à répondre d'une manière encore plus violente, mais le cri de peur de l'un des hommes qui l'accompagnait la lui fit oublier.

Agito : Ah lui aussi il doit pouvoir les voir...
Pandore : C'est pas le moment de rigoler, préparez vous au combat, il se peut qu'on ait été trouvé !

La Pirate, faux à la main s'élança en direction du cri et se dépêcha d'éclairer la scène à l'aide de son lumini-dial. Là elle pu voir une créature qui évoquait vaguement un félin, à la peau de reptile, aussi sombre que cet endroit dans lequel ils se trouvaient. Elle devait faire la taille d'un puma et avait des griffes longues et recroquevillés sur elles mêmes, évoquant presque des serres. Son cou avait été tranché net par l'un des soldats d'élite qui les accompagnaient, et malgré cela ses yeux brillaient d'un rouge vif, comme si la créature était toujours en vie. A côté d'elle, recroquevillé sur lui même l'homme qui avait crié quelques secondes plus tôt.

Pandore : Tout va bien ? Aucun blessés ?
Soldat : Non tout va bien, j'ai pu la maitriser avant qu'elle ne s'en prenne à l'un de nous, mais c'était moins une. Elle a bondi du plafond sans même qu'on ne l'entende ou la voit approcher. Et pourtant nos lumini-dials éclairaient le chemin durant tout le temps de l'attaque.
Soldat 2 : Alors la légende était vrai, ils existent vraiment...
Pandore : Pas de quoi paniquer, ces créatures ont beau exister elles sont mortelles, vous en avez la preuve à vos pieds.
Rashek : Ces créatures ?
Pandore : Ce sont des Étoiles Rouges, d'après les dires d'Oberyn, des créatures qui dirigent ces souterrains.
Agito : Et tu comptais nous en parler quand ?!
Pandore : Quand ça en vaudrait le coup, c'est à dire maintenant, pourquoi, t'aurais pas peur quand même ?
Agito : Quoi ? Peur ? Moi ? Jamais ! Qu'elles viennent je perdrais contre personne moi !
Pandore : Bien sûr oui, de toute manière nous ne prendrons pas le risque d'en rencontrer d'autres, la pause est finie nous repartons immédiatement.

Tous oublièrent donc leur fatigue et se relevèrent, espérant pouvoir sortir d'ici sans avoir à rencontrer à nouveau l'une de ces effrayantes créatures. Pendant six heures durant ils marchèrent. Malheureusement leur souhait ne s'était pas réalisé, et de temps à autres ils croisaient ces Étoiles Rouges. Mais Pandore avait décidé de tenir la promesse qu'elle avait faite à Oberyn, et aidée de Rashek elle s'occupa personnellement de disséquer les huit créatures qui se mirent sur leur chemin tout au long du voyage. Finalement elles n'étaient pas aussi effrayantes que cela. Elles mourraient sans que l'on ait à forcer son talent pour le combat, et Pandore alla même jusqu'à se demander pourquoi ces créatures avaient été décrites d'une telle manière. Après tout il ne s'agissait que de quelques animaux sauvages. Brisant le silence de cette marche Agito, qui avait été plutôt songeur ces dernières heures s'adressa à Pandore.

Agito : Je crois que nous avons un problème.
Pandore : Quel genre de problème ?
Agito : Nous tournons en rond, j'ai beau chercher la prochaine galerie je ne la trouve pas. J'ai l'impression qu'elle s'est effondrée.
Pandore : Il n'y a aucun autre chemin que nous puissions prendre ?
Agito : Si...
Pandore : Dans ce cas où est le problème ?
Agito : Il est là le problème.

Agito tendit alors sa carte à Pandore, et pointa du doigt leur passage alternatif. Plus précisément un point sur ce passage, un point où une marque avait été dessinée, une petite étoile rouge.

Pandore : Laisse moi deviner, notre chemin alternatif passe par leur tanière.
Agito : Peut être bien. Oberyn n'a pas laissé de mode d'emploi avec sa carte donc je ne peux que supposer qu'il s'agit de leur tanière.
Pandore : Je suppose que nous n'avons pas d'autre choix que d'aller le découvrir par nous même.
Soldat : Attendez, vous voulez passer par leur nid ?
Soldat 2 : On y arrivera jamais. Des régiments entiers sont morts en tentant de les exterminer, et nous ne sommes qu'une trentaine.
Pandore : Et dans ce cas que proposez vous ? Parce que je vous rappelle que nous n'avons aucune chance de revenir en arrière, Oberyn a déjà dû faire refermer le passage par lequel nous sommes entrés. Il n'y a qu'une seule issue, et il s'agit de la sortie. Faites ce que vous voulez, moi j'ai passé assez de temps dans ces souterrains.

Sûre d'elle Pandore, suivie de prêt par Rashek et Agito, prit la direction de la dernière option qu'il lui restait. Il ne fallut pas longtemps pour que les soldats de Cœur les rejoignent, comprenant qu'eux non plus n'avaient pas le choix. Ils prirent tous ensemble la direction de l'antre des démons qui régnaient sur ces souterrains, les Étoiles Rouges. En y pensant, Agito se demanda pourquoi l'on appelait ces créatures les Étoiles Rouges. Il y avait tant d'autres manières de les définir, elles qui avaient la peau cuirassée et griffes si crochues, alors pourquoi ce nom là ? Ce mystère l'intriguait. Remettant la résolution de ce mystère à plus tard, il continua à avancer avec les autres, prenant soin de bien analyser son environnement. Après tout, pas à pas ils se rapprochaient du repaire de leurs ennemis, ils ne pouvaient se permettre de faire preuve d'inattention. Dans ce groupe, tous se demandaient à quoi pourrait bien ressembler ce repère. Et ils ne mirent pas plus de trente minutes à atteindre leur réponse. Aucun d'eux n'eut besoin de la carte des souterrains pour le comprendre, car si ces galeries avaient toujours été plutôt larges, aucune ne l'avait été assez pour mériter le titre de grotte. Et pourtant c'était ce à quoi conduisait la galerie qu'ils venaient d'emprunter, une véritable grotte. Elle était si grande que les lumini-dials dont étaient équipés le groupe n'étaient pas capable de l'éclairer dans sa totalité. Néanmoins une chose intriguait Pandore. Ils avaient été capable de parvenir jusqu'ici sans tomber une seule fois sur l'une des créatures. Et maintenant qu'ils étaient à l'entrée de leur supposée niche aucun d'entre eux ne se manifestait, à croire qu'ils avaient abandonné leur terrier.

Pandore : C'est étrange que nous n'ayons rencontré aucune résistance jusqu'ici... Restez sur vos gardes.

Tous ensemble ils rentrèrent alors à l'intérieur de la grotte, toutes armes sorties, prêt à affronter une armée s'il le fallait. Ironiquement, Pandore repensa aux mots d'Oberyn, "vous perdrez cette confiance que vous arborez", il n'avait pas eu tort. La tension était à son comble, et pourtant ils réussirent à atteindre le centre de la grotte sans qu'il n'y ait le moindre problème. Certains se demandèrent même si cette grotte n'était pas juste une grotte au hasard, si la marque de l'étoile rouge sur la carte n'était pas qu'une erreur, jusqu'à ce que l'un des soldats les interpellent.

Soldat : J'ai l'impression que nous sommes moins qu'avant...

Rapidement tous s'arrêtèrent, pour vérifier que tout le monde était bien là.

Rashek : Nous sommes deux de moins que lorsque nous sommes rentrés.
Pandore : Deux de moins ? Mais comment est ce possible ?! Quelqu'un a vu ou entendu quelque chose ?

Tous se regardèrent alors, espérant que quelqu'un ait décelé quelque chose. Mais personne ne dit rien. Et là, Agito, qui comme les autres observait autours de lui, reçu une goutte sur le front. De sa main il récupéra le liquide pour lui découvrir une couleur rouge sang. Immédiatement il leva les yeux au ciel, et là il comprit.

Agito : Les Étoiles Rouges.

Intriguée par son comportement Pandore l'imita, et elle eut alors la même vision que lui. Au plafond, un nombre incalculables de paires d'yeux rouges les observaient. Plusieurs centaines de lumières rougeoyantes qui rayonnaient telles des Étoiles Rouges. Ces ennemis qu'ils pensaient ne pas être présents avaient été là depuis le début, s'accrochant aux parois de la grotte à l'aide de leurs griffes puissantes et crochues. Une fois les créatures repérées, il n'y eut plus de retour en arrière possible, pas plus qu'il y eut de choix à faire, la suite des évènements était évidente, il fallait fuir !

Pandore : Courez, on s'occupe de les retenir !!

Les soldats ne se firent pas prier pour prendre la fuite, et les Étoiles Rouges ne se firent pas prier pour partir à leur poursuite. Sautant de leur perchoir elles tentèrent de les récupérer avant qu'ils n'atteignent la sortie de la grotte. Malheureusement pour elles aucune n'atteint son objectif. De leurs lances les soldats surent repousser toutes celles qui s'étaient jetés sur eux. Et une fois qu'ils eurent atteint la sortie les créatures n'eurent pas l'envie de les poursuivre, préférant se concentrer sur les trois fous qui étaient restés. Elles commencèrent alors à se jeter férocement sur le plus grand d'entre eux, Rashek. Mais la longueur de ses sabres le garda hors d'atteinte des crocs des Étoiles Rouges. Un autre groupe se jeta sur Pandore et il connu le même échec, repoussé par l'allonge de sa faux. Agito lui préférait user de sa petite taille pour esquiver le maximum de coups de pattes que possible. Pendant peut être une minute les trois Héros se battirent, mettant à terre de nombreux adversaires. Mais ils avaient beau en battre, leur nombre ne diminuait pas. Le terme qui avait été choisi pour les qualifier, Étoiles Rouges, ne faisait pas que définir la manière dont leurs regards étaient comparable aux étoiles une fois qu'ils étaient en hauteur. Non, ce terme désignait également leur nombre, qui comme pour celui des étoiles était incalculable ! Après cette minute de combat intensif et malgré une prestation des plus impressionnantes les trois combattants comprirent qu'il n'avaient aucune chance d'en finir un jour, et qu'eux aussi devaient fuir.

Pandore : Préparez vous, dès qu'on le peut on rejoint les soldats qui sont partis avant nous !
Rashek : Cela nous résoudra pas notre problème, ils nous suivront.
Agito : Écoutez moi bien, dépêchez vous de rattraper les soldats, lorsque vous croiserez une intersection prenez à gauche. Vous tomberez sur une galerie instable mais qui conduit directement à la sortie. En courant assez vite vous devriez être dehors en quinze minutes tout au plus.
Rashek : Vous ?
Agito : Pour l'instant nous sommes alliés. Je vais vous traiter comme tel, allez y je couvre vos arrières.
Pandore : Et toi qu'est ce que tu vas faire ?
Agito : Réchauffer l'atmosphère.
Pandore : Si c'est ton souhait gamin... Bonne chance...

Ne perdant pas plus de temps, Pandore et Rashek se lancèrent à la poursuite des soldats qui étaient parti un peu plus tôt. Agito de son côté resta seul face à la meute de monstres aux yeux démoniaques. Lui contre une armée, ce fut un défit qui le fit sourire. Les multiples créatures ne laissèrent pas une seconde de répit de plus au gamin. Toutes ensembles elles se jetèrent sur lui, l'obligeant à utiliser son pouvoir du mieux qu'il le pouvait pour esquiver. Le problème étant qu'il n'y avait aucun endroit où seacher. Partout il y avait des ennemis, de tous les côtés, et même au dessus de lui. Les attaques venaient de tous les sens, et pourtant il se défendit comme un chef, ne concédant que des blessures superficielles pendant cinq minutes d'affilé. Après ces cinq minutes, la fatigue commença à se faire ressentir, ralentissant peu à peu ses mouvements, lui faisant concéder à ses adversaires des blessures toujours un peu plus grave. Et finalement, au bout de quinze minutes, il était à bout de force.

Agito : Je devrais leur avoir donné assez de temps maintenant, ils doivent être hors de portée...

Ses vêtements avaient été réduits en lambeaux, son corps était parsemé de griffures et même de morsures, il haletait, cherchant en lui ses dernières forces. La meute l'avait encerclé, et ne l'attaquait plus, elle aussi avait comprit qu'il s'agissait du dernier assaut, qu'après celui-là tout serait fini. Chaque créature le toisait donc, lui offrant son supposé dernier moment de répit avant de le plonger dans un repos éternel. Agito releva alors la tête, toisa à son tour ses adversaires, ceux qui l'avaient mit dans cet état, ceux qu'il avait réussi à mettre au sol.

Agito : Vous en avez envie hein ? De la bonne chair humaine bien fraiche, mais personne ne vous l'a jamais dit ? La viande est bien meilleure cuite.

Là, toutes les créatures qui l'entouraient décidèrent qu'il était temps, que l'heure de sa mort était arrivée, comme une seule bête ils se jetèrent donc sur lui, crocs et griffes sorties, prêtes à l'étriper.

Agito : Flame Road.

Le petit marine se contenta alors de créer une petite flamme au creux de sa main, une flamme qui se propagea en une immense explosion ! Les flammes se répandirent non pas seulement à travers la tanière des Étoiles Rouges, mais aussi à travers la totalité des souterrains, allant même jusqu'à atteindre la sortie des galeries profondes que Pandore et Rashek venaient d'atteindre in-extremis, carbonisant absolument toute forme de vie sur leur chemin. Lorsqu'ils virent les flammes s'échapper des souterrains dans lesquels ils se trouvaient quelques secondes plus tôt, les soldats furent prit d'une légère panique.

Soldat : Qu'est ce qu'il s'est passé là dedans ?
Pandore : Le gamin vient de nous offrir un spectacle explosif, voilà ce qui est arrivé.
Soldat : Qu'est ce que vous voulez dire ?
Pandore : Vous vous souvenez de l'impression bizarre que nous avons eu lorsque nous sommes rentrés dans les souterrains profonds ? De la difficulté à respirer que nous avons éprouvé ?
Rashek : Il s'agissait de gaz. Et Agito le savait. Pour se débarrasser de tout ces adversaires il était résolu à tout faire exploser.
Soldat : Mais pourquoi a t-il fait ça ?! Il n'avait qu'à fuir avec vous !
Pandore : Un pari sur l'avenir je suppose. Vous débarrasser de ces créatures veut aussi dire vous donner un accès direct aux terres de Diamant. Un accès sûr. Ce n'est pas pour notre petit groupe qu'il l'a fait, c'est pour l'ensemble des Cœurois.
Soldat : Vous voulez dire qu'il s'est sacrifié pour notre peuple ?
Pandore : Sacrifié ? Je n'irais pas jusque là.

Sur ces mots, Pandore se retourna vers les souterrains dont ils sortaient à peine.

Soldat : Qu'est ce que vous faites ?
Pandore : Je vais le chercher.
Soldat : Mais, il n'y a aucune chance qu'il ait survécu à ça, il était entouré par des centaines d'adversaires, et vous l'avez dit vous même, il a volontairement embrasé la totalité des grottes profondes !
Pandore : Je doute que ce petit morveux ait l'âme noble au point de se sacrifier pour votre peuple...

Ne se justifiant pas plus longtemps Pandore retourna à l'intérieur des Étrois de Cœur, suivie par Rashek et la vingtaine de soldat qui avait survécu à ce périple. Finalement tous voulaient voir s'il avait péri ou non, s'il avait été capable de survivre à cette explosion. Ils refirent donc leur chemin en sens inverse, et après une trentaine de minutes à évoluer dans un environnement carbonisé où l'air était presque irrespirable, ils retrouvèrent cette caverne, la tanière des Étoiles Rouges. Et ce qu'ils y découvrirent était répugnant. Leur narines étaient agressées par l'odeur de brûlé qui émanait des nombreuses carcasses des Étoiles Rouges. Et au centre de la grotte, au milieu de toutes ces dépouilles, l'instigateur de ce carnage allongé sur le sol riait. Lorsque Pandore s'approcha de lui il ne sembla même pas la voir, pour s'assurer qu'il avait encore toute sa tête elle s'adressa donc à lui.

Pandore : T'es toujours parmi nous morveux ?
Agito : C'est toi grand mère ? Tu m'excuseras j'ai l'impression que toutes ces flammes m'ont quelque peu aveuglé.

La pirate toisa le garçon, qui avait toujours un sourire béa sur les lèvres, jeta un œil au désastre qui l'entourait, et se mit à rire sans retenue.

Pandore : Dis moi, comment t'as pu survivre à une explosion pareille sans même te bruler ?
Agito : Absolute Reject, une technique qui me permet de repousser absolument tout ce qui m'entoure pour une petite durée, je l'ai utilisée pour repousser les flammes autours de moi, mais c'est une technique plutôt fatigante, je dirais pas non à un petit coup de main pour le reste du voyage.
Pandore : Impressionnant.
Agito : Alors, j'ai gagné hein ?
Pandore : Ouais gamin, tu les as tous tués, jusqu'au dernier.

Entendre ces mots soulagea le petit marine au point qu'il en perdit connaissance, autorisant en quelque sorte son esprit à prendre une pause bien méritée. Sans réfléchir, Rashek le prit sur ses épaules et l'emmena à l'extérieur.
Lorsque Agito ouvrit les yeux quelques heures plus tard, il était à l'extérieur. Un vent de plaine caressait son visage, et tout comme lui, le soleil semblait sur le point de se lever. Le petit marine se redressa alors pour observer ce qui l'entourait. Premier élément notable, il était allongé sur une herbe fraiche et bien grasse. Autours de lui, des champs de blés à perte de vue. Quelques arbustes également. Célébrant le lever du soleil de magnifiques oiseaux partageaient leurs voix. Tout ici semblait être à l'inverse du Royaume de Cœur, la végétation proliférait et la faune semblait omniprésente et non hostile. Et enfin, un peu plus loin, une ville semblait émerger au dessus des tiges de blé.
Là Pandore, qui observait avec une certaine nostalgie les champs de blé remarqua le réveil du petit marine.

Pandore : Bien dormi morveux ?
Agito : Où est ce qu'on est ?
Pandore : Agito, je te souhaite la bienvenue aux portes de la ville de Nen, dans le Royaume de Diamant.
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Message par Unholyscream Sam 9 Nov - 0:00

Qarth :

Le luxe et les femmes lui manquaient déjà, alors qu'il était parti la veille. Le vent fouettait son visage, alors que son navire fendait les flots paisibles du grand lac providence, auprès duquel avait été bâtie l'immense ville de Diamen. Le champ de bataille qu'il devait rejoindre, au sud de Nen, était situé, au centre de la chaîne des Monts d'Obsidienne. Après une écrasante victoire, les monstrueux Coeurois avaient décidé de s'enfoncer dans les montagnes, faisait un détour par le Sud, probablement pour éviter les troupes qui gardaient Nen. Les abrutis, ils devraient se douter que les soldats de la ville avaient presque tous rejoint le champ de bataille... Qarth ria à gorge déployée. Ces bêtes croyaient-elles réellement pouvoir les duper et s'infiltrer dans le royaume de Diamant si facilement ? Pas un seul instant, les éclaireurs diamantins, postés au sommet des pics rocheux, ne les avaient perdus de vue. Un sourire étira les lèvres de Qarth. Les pauvres. Leur dernière victoire leur avait fait croire qu'ils avaient une chance de remporter la guerre. Pitoyable... Qarth arrivait, lui et ses 500 lances, des troupes d'élite capable de repousser et d'écraser des armées bien plus nombreuses. Le valet de pique passa une main dans ses longs cheveux noirs, tirés en arrière, puis lissa son bouc de jais en pensant à ce que ses trois servantes lui feraient à son retour. Hum... Il adorait quand elles le félicitaient et le récompensaient pour ses victoires. Le regard vague, il s'imagina dans un bon bain,avec ces trois magnifiques jeunes femmes pour lui frotter le dos et nettoyer son corps.
Ennuyé par la monotonie des eaux, Qarth retourna dans sa cabine, où il prit soin de lustrer armes et armure, comme à son habitude lorsqu'il se sentait désoeuvré. Ils arriveraient sur le champ de bataille dans quelques jours, mais la majeure partie du chemin se fera à pied... Le trajet aurait pu être plus court, mais le détour qu'ils faisaient leur permettraient de prendre les troupes de Coeur à revers. Puis de leur écraser leurs petits crânes contre les flancs des Monts d'Obsidienne. Qarth ouvrit une bouteille de vin et entreprit de la vider, à même le goulot. Oui il vivait comme un prince ici. Mais ça n'était certainement pas une raison pour avoir des bonnes manières ! Qarth essuya, d'un revers de la manche, l'alcool qui coulait sur son menton et sa gorge avait de se jeter sur son lit. Il allait se détendre un peu avec la seule servante qu'il avait décidé d'emmener.

Nocturne :

Meridia était fière d'elle ! Elle avait quitté Hartcore il y a un jour déjà et pourtant elle n'avait pas encore oublié le plan top secret que son capitaine lui avait soufflé. Et elle ne l'avait dit à personne ! Oui elle pouvait être fière d'elle, c'était certain. Mais il lui faudrait encore s'en souvenir pendant quelques jours avant de pouvoir le mettre à exécution... Bah elle s'en souviendra. Elle était grande, belle et forte après tout. Meridia était ainsi tout sourire pendant la première du voyage à travers les petites montagnes rocheuses et les dunes sablonneuses. Cependant son sourire ne devait pas durer, car un drame allait survenir cette nuit. La mort s'était infiltrée dans le campement endormi des soldats et avait choisi sa pauvre cible. L’Ésis de la jeune lionne... La bête avait été surprise dans son sommeil, par l'un de ces monstrueux Seth des Sables. La sentinelle ne l'avait pas vu venir (cet abruti s'était endormi à tous les coups), et la créature était entrée à pas feutrés dans le campement. Elle ne l'aurait jamais fait en temps normal, mais la faim la tiraillait tant qu'elle était prête à tout pour se remplir le ventre. D'un simple coup de griffe, la monture se retrouva les tripes à l'air. Elle hurlait encore alors que le Seth plongeait ses mâchoires dans ses entrailles chaudes. Les quelques 300 soldats (les derniers de Coeur !) qui accompagnaient Meridia, Lily et Shigeru se réveillèrent comme un seul homme et bientôt le Seth se retrouva entouré de lames. Mais il n'en avait que faire, et continuait à savourer son inespéré festin. Alors que les Coeurois s’apprêtaient à attaquer, la terrifiante Nocturne fit son apparition. Elle venait tout juste de revenir après s'être isolée loin du campement et de toute cette vie. Et ce qu'elle voyait n’arrangeait pas son humeur, déjà massacrante. Tous la connaissaient, au moins de réputation. Tous tremblaient de peur devant ses prunelles haineuses.
Nocturne : C'est ma proie.
La panthère noire faisait fièrement face au Seth qui la toisait du haut de ses cinq mètres en se pourléchant ses babines rougies. A peine avait-il fini son repas qu'un autre se présentait à lui... Quel délicieuse nuit. Il leva une patte, prêt à attaquer, mais Nocturne fut bien plus rapide. Ses ongles labourèrent la chair toxique du prédateur, creusant rouges sillons et laissant couler sur le sable de longues traînées de sang. Mais ce Seth là venait de manger, et il était devenu fou de rage. Rien à voir avec la pitoyable créature que Meridia avait facilement terrassé en arrivant sur l'île. Le monstre contre-attaqua et le dual entre les deux bêtes sauvages dura de longues minutes, au cours desquelles la jeune femme prenait peu à peu l'ascendant. Bientôt le prédateur devint proie, et il se mit à tituber, sans jamais reculer un seul instant. Il tenta un pas en avant et vacilla, se retenant de justesse, afin de garder le peu de fierté qui lui restait. Sa crinière, jadis splendide, était désormais piteusement aplatie contre sa nuque... Alors que Nocturne s'apprêtait à lentement égorger sa victime, l'aube sauva le Seth de Coeur.
Azura ne put retenir un gloussement de plaisir en voyant la bête ainsi soumise devant elle. Enfin elle s'était trouvé un esclave. Cela faisait plusieurs jours qu'elle en cherchait un sur ce royaume désolé. Mais maintenant qu'elle l'avait trouvé, elle ne le laisserait pas partir, oh que non. Le Seth tenta une dernière attaque faiblarde, dans l'espoir que la jeune femme l'achève rapidement. Malheureusement pour lui, il n'en fut rien : Azura bondit par dessus sa patte, empoigna la tignasse rouge du monstre et bondit sur son dos. Fou de rage, il essaya de la désarçonner brutalement, ses longs rugissements de colère résonnant dans le désert nocturne. Mais le Seth était trop épuisé, c'était là un combat qu'il ne pouvait remporter... Alors il abandonna et baissa honteusement la tête, tandis qu'Azura, reine de l'aube, riait à gorge déployée, allongée qu'elle était sur le dos de sa nouvelle monture. Elle pointa alors du doigt un des soldats qui était resté pour admirer le combat et cracha sur un ton méprisant :
Azura : Toi là. Va me chercher un médecin. Si jamais ce Seth ne survit pas, toi non plus.

Et pour son plus grand malheur, il survécut. Esclave d'Azura, compagnon de jeu de Meridia et proie de Nocturne. Si la créature haïssait plus que tout la femme de l'aube, il appréciait celle du jour et respectant la bête sauvage qui l'avait vaincu sous les étoiles.
Lily : Ca fait pas bizarre d'être aussi haut ? T'as pas le vertige ? hein
Meridia : Au contraire. Je me sens très bien ici, perchée sur le dos d'un monstre aussi fort que moi. Tu veux monter ? Y'a plein de place pour toi !
Lily : Shigeru j'ai le droit ?
Shigeru : Ah ! C'est la meilleure ! Certainement pas , non.
Lily : Mais... Mais pourquoi ? C'est pas dangereux si Meridia le fait !
Le seul marine responsable de la troupe leva les yeux au ciel et rétorqua :
Shigeru : C'est bien parce que c'est Meridia qui le fait que c'est extrêmement dangereux. Les Seths sont des monstres indomptables, les Coeurois sont intraitables là-dessus. Enfin, moi je pourrais le dresser mais...
Lily et Meridia : S'il te plait ? beaute
Shigeru : ...
Bon ok. Mais je te préviens, s'il arrive le moindre mal à Lily, je te tue. Compris ?

Ignorant totalement la dernière phrase du marine, les deux jeunes femmes poussèrent un cri de joie. Meridia se laissa tomber au niveau de son ami, une main agrippée à la crinière écarlate de la bête, et la fit monter... En la projetant en l'air de toutes ses forces. Le voyage se déroula ainsi sans encombre et ils atteinrent les immenses Monts d'Obsidienne rapidement. Les pics noirs les toisaient d'un air menaçant, avec leurs copeaux tranchants, leurs flancs déchiquetés et leurs crevasses béantes. L'armée fit halte au pied d'un géant d'obsidienne alors que la lune venait tout juste de se lever. Sans un bruit Nocturne quitta le campement... Dameon avait confié une mission à Meridia c'était bien à elle, la reine de la nuit, de la mener à bien. Elle détestait obéir. Mais au fond d'elle, elle savait qu'elle devait bien ça à son capitaine. Hum, il avait bien de la chance que la lune soit pleine, cela la rendait d'humeur moins... massacrante.
Le pas souple et léger, la panthère noire commença son ascension. La roche noire était très glissante, mais les pieds nus de la jeune femme parvenaient toujours à trouver une prise : une fissure ici, une pointe là. Mais cela avait un prix, un sanglant prix. Derrière elle, de fines traînées rouges luisaient d'un drôle d'éclat, nimbées de la pâle lueur de la lune. Mais Nocturne continuait d'avancer, sans se soucier de ses pauvres pieds et mains, qui étaient couverts de plaies sanguinolentes. La montagne était gigantesque. Et pourtant elle était moitié moins grande que le point culminant des Monts d'Obsidienne. Au bout de cinq interminables heures, au cours desquelles la jeune femme n'avait fait que grimper, bondir, courir et saigner, elle considéra qu'elle était arrivé suffisamment haut.
Elle sortit alors de sa poche ce que Dameon lui avait donné. Une sorte de petit sifflet en os... Lorsque Nocturne souffla dedans, aucun on n'en sortit. Un second essai ne fut pas plus fructueux, le silence restait toujours le maître de cette nuit... Alors elle attendit, tout en regardant autour d'elle. Elle voyait, au loin, au sommet d'autres montagnes, des lueurs orangés. Des sentinelles ennemies. C'était justement pour elles que la terrifiante femme était grimpé jusqu'ici. Elle était en train d'essayer de les compter, lorsqu'un léger bruit attira son attention. Un bruit feutré, imperceptible pour la plupart des gens, mais retentissant pour une panthère noire aux aguets. Malphas était là. Le corbeau de malheur, si difficile à repérer avec son plumage noir d'encre, se posta sur une petite corniche à la droite de Nocturne et se mit à la regarder intensément. Sans esquisser l'ombre d'un sourire, Nocturne lui rendit son regard et caressa la tête de l'animal du bout des doigts. Ce dernier poussa un sifflement de plaisir, en agitant la tête, pour encore plus de caresses. La jeune femme aimait bien l'animal mine de rien... Certes il était heureux, mais il n'était pas là, à étaler son bonheur à tout bout de champ. Il vivait, c'était tout. Et il vivait pour quelqu'un d'autre, chose que Nocturne se savait bien incapable de faire. Comme si elle en avait envie... Tout ce qu'elle voulait c'était que les autre souffrent autant qu'elle... Subitement elle se mit à haïr Malphas. Animal ou pas, il était heureux, et cela elle ne pouvait le supporter... Sa poigne se crispa, se refermant sur le haut du crâne du corbeau qui bondit en arrière, une lueur méfiante dans le regard. Renvoyant ses sombres pulsions au fond d'elle même, Nocturne pointa du doigts les lueurs qui vacillaient dans l'obscurité et murmura :
Nocturne : Va tous les tuer.
Malphas ne se fit pas prier. Il écarta ses immenses ailes noires, puis plongea dans le vide, avant de remonter, droit vers l'une des sentinelles. Nocturne était trop loin pour voir ce qui se passait, mais elle entendit un hurlement de peur, suivi de cris d'agonie, troubler la paisible nuit. En fermant les yeux, elle put voir les soldats mourir. Cette lueur d'espoir qui quittait leurs yeux troubles... Ces flaques sombres sous leurs cadavres encore chaud, ce sang ruisselant le long des montagnes. Un frisson d'extase secoua les épaules de Nocturnes, et elle resta ainsi perchée, à se délecter de la souffrance des mourant en fixant cette pleine lune qu'elle aimait tant.
Lorsqu'elle s'était suffisamment abreuvée, elle se mit à descendre, la plante de ses pieds glissant sur les parois rocheuses lisses. Agile comme une panthère elle évita toutes les crevasses et les mortelles épées noires qui tentaient de l'empaler pour arriver en bas, saine et sauve. La peau de ses pieds était déchirée, brûlée, ravagée, mais c'était bien la seule partie de son corps qui avait souffert de cette vertigineuse descente. Et puis, cette douleur lui rappelait à quel point le monde devait souffrir. Finalement, la mort des sentinelles de Diamant n'avait nullement rassasié son appétit. Elle avait faim de mort, elle avait soif de souffrance. Et elle était insatiable.

La nuit suivante, Nocturne bouillonnait. Chaque muscle de son corps était prêt, ses griffes étaient aiguisées et son âme elle même était aussi acérée que la lame d'un couteau. A sa droite se tenait Lilith, resplendissante de malice, de cruauté et de malveillance. Devant elles, se trouvait le campement endormi des Diamantins. Ils étaient encore un bon millier... Alors que les renforts d'Hartcore n'avaient trouvé que les débris d'une armée fracassée. Des infirmes, des cadavres et des guerriers trop fatigués et las pour se battre... Ainsi ils étaient trois cent, contre un millier. Sachant qu'il ne fallait même plus espérer de renforts supplémentaires dans l'immédiat. Mais tout ça, Nocturne n'en avait cure, c'était Shigeru qui s'était occupé de préparer la stratégie et les autres détails insignifiants. Ce que la jeune femme voyait, c'était des proies, des victimes, qui allaient bientôt pousser un lent, terriblement lent cri d'agonie à l'unisson.

Ombre parmi les ombres, Nocturne s'avança furtivement. Les sentinelles qui gardaient le camp regardaient fixement en face d'eux, comme si l'ennemi était assez stupide pour se dévoiler. Lorsque l'un des gardes crut apercevoir quelque chose, la jeune femme s'était déjà infiltrée parmi les tentes... Ce fut elle qui fit couler le premier sang, ce fut elle qui fit hurler le premier ennemi. Un cri vibrant de terreur et de douleur. Nocturne aurait pu rester là, à voir la vie le fuir, mais elle avait tant d'autres victimes ! D'un geste précis, elle trancha la gorge d'un pauvre soldat qui venait tout juste de se réveiller, avant de bondir sur le prochain, qui tentait vainement d'attraper son épée. La peur s'était emparée de l'armée de Diamant. D'autres bruits atroces résonnèrent de l'autre côté du camp, là où la maléfique Lilith sévissait... Nocturne la haïssait de toute son âme : elle était un monstre qui s'amusait à torturer. Elle jouait, elle était heureuse. Elle ne connaissait rien de la véritable souffrance, elle ne savait même pas ce que c'était réellement. Elle vivait et aimait la vie, et cela seul la rendait détestable... Détestable, détestable, détestable. Tout était si détestable.
Nocturne : Vicious Circles III.
La haine de Nocturne ne fit que s’accroître, chacun de ses coups faisait voler des gerbes écarlates et des lambeaux de chair arrachés. Sous les étoiles, Nocturne dansait. Tout autour d'elle, les gorges étaient tranchées, les bras étaient coupés, les gens éventrés. Le sang pleuvait, les guerriers hurlaient, Nocturne pleurait. Elle ne savait pourquoi les larmes coulaient mais elle sentait que ces larmes là étaient cuisantes, elles lui brûlaient les joues. Elle avait mal, terriblement mal, à cause des autres, à cause des étoiles, à cause du monde entier. Son coeur se contractait violemment dans sa poitrine, se tordant, se gorgeant de son sang sans vouloir le relâcher. Son coeur éclata alors et la furie déchaîna toute sa haine. Le désespoir s'abattit sur les Monts d'Obsidienne aussi brutalement qu'une pluie diluvienne.
Nocturne : Sekhmet.

Des dizaines de guerriers agonisaient aux pieds de Nocturne, et chaque mouvement de cette dernière faisait tomber un nouveau cadavre. La bataille, frénétique, conduisit la jeune femme jusqu'à son alter ego, la démoniaque Lilith qui avait aussi commis un véritable massacre. Une bonne cinquantaine d'ennemis étaient tombés sous leurs coups violents. Mais désormais les Diamantins étaient bien réveillés, et, armes en mains, ils encerclaient peu à peu les deux folles. Lilith ne put réprimer un éclat de rire lorsqu'elle vit leurs expressions terrifiées, hantés qu'ils étaient par les hurlements qui les avaient tiré du sommeil... D'un mouvement rapide, la démone brisa la hampe du lance qui fusait vers elle avant d'enfoncer le morceau de bois brisé dans le ventre de son propriétaire. Une épée fonça vers sa nuque délicate, mais elle brisa le poignet et trancha la gorge du soldat qui avait été assez téméraire pour l'attaquer. Sans jamais arrêter un seul instant de se mouvoir, Lilith passa d'ennemi en ennemi, les exécutant rapidement et brutalement, avec ses poings et tout ce qui lui tombait sous la main. D'un bond gracieux, elle évita un coup de hache et brisa le cou de son manieur d'un simple coup de pied. Entraînée par son élan, elle prit appui sur ses mains et tournoya comme une toupie, projetant en arrière tous les guerriers qui l'encerclaient. Certains moururent sur le coup, les autres étaient destiné à souffrir un peu avant. Les mains sur les hanches, dans une attitude vaniteuse à l'extrême, Lilith lança :
Lilith : On s'amuse bien, n'est-ce pas Nocturne ? C'est si bon d'être en vie.
La panthère noire releva brusquement la tête. Son visage était couvert d'un sang qui n'était pas le sien, ses prunelles ambrées étaient vides de tout plaisir. La jeune femme, devenue bête sauvage, jeta sur le côté la victime qu'elle venait tout juste d'éventrer et bondit vers Lilith. Les pauvres Diamantins qui les séparaient connurent un destin tragique, et le combat entre les deux femmes monstrueuses s'engagea.
Alors que ses ongles effleuraient la joue de la démone, Nocturne souffla :
Nocturne : Pleure, lamente toi... Je veux que tu souffres, tout comme moi.
Lilith répondit en la gratifiant d'un grand sourire et essaya de lui broyer la gorge du tranchant de la main. La pirate évita sans mal et faucha son adversaire en lui tailladant les mollets. Alors qu'elle s'apprêtait à asséner le coup de grâce, une lance creva l'air en direction de Nocturne. Mais celle-ci parvint à l'attraper au vol et la ficha en plein dans la poitrine de sa proie. Du moins elle essaya. Sans jamais s'arrêter de sourire, la diablesse avait dévié la pique d'acier d'un coup de paume fulgurant. Son pied s'enfonça violemment dans l'estomac de la panthère noire qui, le souffle coupé, dut lâcher la hampe de la lance. C'est à ce moment que l'armée de Diamant décida d'attaquer. Ils étaient des centaines contre deux et pourtant, ils avaient peur de perdre...

Nocturne prit brutalement conscience qu'elle allait mourir. Mille lames se ruaient vers elle, pour tailler son pauvre corps en pièces. Son coeur se mit à battre furieusement, comme s'il essayait de s'échapper de sa poitrine. Son coeur fit un bond en avant, alors Nocturne comprit ce que son instinct lui hurlait.
Nocturne : Cauchemar Perpétuel...
Son saut la mena au dessus de la masse de guerriers en armure, grouillante comme une horde de cafards. Elle détestait ces insectes répugnants et faibles, doués uniquement pour fuir. Ses pieds nus, repeints en écarlate, se posèrent sur un casque d'acier froid, mais l'espace d'une seconde seulement : la jeune femme avait à nouveau bondi. De soldat en soldat, elle parcourut l'armée entière afin de retrouver à nouveau le sol d'obsidienne. Derrière elle l'armée de Diamant vociférait sa colère, son désespoir et sa soif de vengeance. Ils avaient perdu tout sens commun et poursuivaient aveuglément deux femmes... Mais Nocturne était bien loin de tout ça. Elle avait escaladé le flanc de l'une des montagnes noires et, du haut de son perchoir, contemplait la lune. Cette lune à qui elle offrait le sang qui avait été versé en cette nuit magique...

Shigeru :

Dieu merci, Lily, enfin Lilith, revenait. Seule. Tant pis pour l'autre dingue, même si Kaliban ne serait pas content, le monde se porterait bien mieux. Le plan semblait avoir fonctionné puisque l'armée ennemie se ruait derrière la jeune marine... A vrai dire c'était vraiment inespéré. Quelle armée serait suffisamment idiote pour prendre en chasse deux personnes, aussi dangereuses soient-elles ? Et bien une armée qui n'a jamais connu de véritable défaite, qui plus est une armée encore ivre de leur précédente victoire. Shigeru regarda autour de lui, debout sur la selle de son Ésis tandis que Bullet Bill grognait à ses côtés. L'armée de Coeur se dressait fièrement derrière lui, dans le noir de la nuit. Les 300 guerriers sur lesquels tout reposait : s'il parvenait à remporter cette victoire et attirer l'attention de l'ennemi suffisamment longtemps, alors la ville de Nen tombera. Et la mort des 300 n'aura pas été en vain... Shigeru ne le montrait pas mais il était touché par le geste de ces hommes, il aurait presque envie de mourir avec eux... Un petit sourire apparut sur ses lèvres et il se tourna vers l'homme qui était debout à côté de lui. Un revenant. Et ce dernier hurla, à pleins poumons, pour couvrir le bruit de l'armée ennemie qui venait dans leur direction.

Sanghyn : Coeurois ! Cette nuit est notre ! Notre sang va couler, et il va couler à flot ! Mais les ennemis, eux, souffriront de pertes bien plus grandes. Les Héros de Coeur marchent à nos côtés, nous ne pouvons pas connaître la défaite. Je suis né pour servir notre Royaume, j'ai combattu pour le protéger, j'ai guerroyé pour le nourrir ! Chacune de mes cicatrices prouve ma valeur en tant que meneur. Alors ne craignez pas mes amis, mes frères ! La mort elle même ne peut nous atteindre. Elle a bien essayé, mais elle n'a pas pu me prendre plus qu'un bras et un oeil. Et vous tous, guerriers de Coeur, êtes bien plus forts et jeunes que je ne le suis ! Alors il est temps de braver vos peurs et de vaincre ! Cette nuit est notre, mes frères !
Shigeru : Beau discours. Avec toi pour les mener, ils combattront jusqu'à la mort.
Sanghyn : Oh ils n'ont pas besoin de moi. Ils sont tous venus ici pour sacrifier leurs vies, pour leurs femmes, leurs enfants et leur Roi.
Shigeru : Votre peuple m'étonnera toujours, et en bien.
Le chef de guerre Coeurois n'était absolument pas en état de combattre. Le moignon qu'il avait désormais à l'épaule gauche avait à peine été soigné et son oeil crevé pleurait des larmes rouges. De tous les guerriers, il était celui qui allait se sacrifier le premier... Toutefois, Shigeru savait qu'il n'avait pas le droit de lui dire quoique ce soit. Le bruit que faisait les ennemis s'intensifiaient de secondes en secondes, ils étaient tout proches. Mais les Diamantins ne voyaient pas l'armée qui les attendait dans ce col étroit. Soudain, Lilith surgit de l'ombre ! Shigeru était vraiment étonné que cette maléfique entité ait obéi à ses ordres. Mais maintenant il fallait la stopper avant qu'elle ne fasse des ravages parmi ses alliés. Lilith était capable de tous les crimes, de toutes les atrocités... Rapide comme l'éclair, le marine fondit sur son amie et lui passa des menottes de granit marin au poignet, avant même qu'elle ne puisse réagir. Lilith tenta bien de résister quelques secondes, mais elle ne pouvait rien face au pouvoir du kairouseki, et Lily revint à la surface. Elle ouvrit la bouche comme pour parler, puis perdit connaissance complètement épuisée par ce que son double avait fait faire à leur corps. Délicatement, Bullet Bill la prit sur sa tête et alla la déposer dans la grande tente des blessés, où elle pourrait se reposer à l'abri des combats. Lorsque son ami revint auprès de Shigeru, l'affrontement était sur le point de débuter. L'armée ennemi était toute proche, mais avait commencé à ralentir. Ils se doutaient de quelque chose.
Shigeru : Je crois que le moment est venu de mettre notre plan à exécution, Sanghyn.
Le chef de guerre acquiesça, puis vociféra.
Sanguyn : Cette nuit est notre ! Pour Coeur !

A ce signal, les deux vasques situées de part et d'autre de l'armée des 300 s'embrasèrent. Ces dernières, fabriqués avec des morceaux d'armure hétéroclites étaient suffisamment large pour accueillir plusieurs personnes allongées. Mais elles étaient remplies par un étrange liquide noirâtre que les Coeurois avaient découvert au plus profond de leurs mines. Un liquide qui aimait beaucoup le feu. A peine les torches étaient tombés dans les récipients, que de gigantesques flammes blanches montèrent jusqu'à près de cinq mètres et se mirent à danser frénétiquement. Un flash si puissant qu'il en aveugla les pauvres ennemis Un temps suffisamment long pour permettre au archers coeurois, stratégiquement placés loin des flammes, de décocher leurs salves meurtrières. Les flèches tombèrent en piqué sur les légions de Diamant aveuglés par la lumière blanche, décimant leurs rangs. Les archers, principalement des blessés se rapprochèrent des vasques, puis tirèrent une nouvelle volées de carreaux, enflammés cette fois... Qui embrasèrent la gigantesque flaque de combustible que les Diamantins avaient piétinés dans leur empressement. L'explosion fut si assourdissante que tout autre bruit mourut instantanément aux oreilles de Shigeru. La lumière était si forte qu'il se retrouvait aveugle quelques instants, malgré le fait qu'il ait caché son visage et fermé les yeux... Un véritable soleil en pleine nuit. Tout autour de lui les Coeurois se mirent à rugir, comme pour remplacer le son de la détonation. Les guerriers s'étaient protégé de la chaleur et de la lumière derrière leurs gigantesques boucliers d'acier, et maintenant ils chargeaient.  Le marine secoua la tête et donna un coup de talon dans les flancs de son Ésis qui bondit droit vers le coeur de la bataille.
Tout se déroula à une vitesse folle. L'arrière garde de l'armée de Diamant, seuls survivants de l'énorme brasier fut littéralement balayée par les lances et les épées des 300 guerriers de Coeur. Un massacre unilatéral d'une telle rapidité qu'aucune perte ne fut déplorée. Debout sur la selle de sa monture, Shigeru admirait le champ de bataille, qui était ravagé par des flammes blanches, se repaissant des centaines de cadavres qui tapissaient le sol. Il devait le reconnaître, tout cela n'aurait pas été possible sans Nocturne. Lâcher cette furie accompagnée de Lilith avait été l’appât parfait : contre une armée orgueilleuse, la meilleure tactique était de l'humilier. Et, seul l'éradication des sentinelles ennemies par Malphas avait permis de dresser le piège... Décidément, ces pirates étaient utiles, impossible de le nier. Une voix tonna, couvrant le crépitement des flammes et les vivats des vainqueurs.

Sanghyn : Coeurois ! Nous avons écrasé nos ennemis, pour notre royaume et pour l'amour de nos familles ! Grâce à votre exploit, notre destin s'éclairci. Nous pouvons gagner ! Nous allons gagner cette guerre, et notre royaume connaîtra la prospérité qu'il mérite ! Mes frères, reposez vous bien. Car d'autres armées vont venir, et ce sera encore à nous de les repousser, jusqu'à ce qu'elles aient raison de nous... Ou jusqu'à ce que nous lances pourfendent tous les guerriers de Diamant ! Pour Coeur !
Sur ce, Shigeru alla rejoindre la tente des généraux, prendre un repos bien mérité. La bataille en elle même avait été courte, mais élaborer toute cette stratégie n'était pas non plus de tout repos, et son estomac quasi vide lui rappelait constamment la faiblesse qui le guettait. Le marine se servit dans le sac de provision qu'il avait ramené et, après un maigre repas, il alla se coucher, la tête remplit de stratégie. Il rêva de victoire glorieuse, mais aussi de cuisantes défaites. Défaite étant synonyme de mort lors d'une guerre. Il fut réveillé dès l'aube, non pas par le soleil levant, mais par des éclats de voix. Une sentinelle entra dans la tente, complètement essoufflé et réveilla sans plus tarder Sanghyn ainsi que les deux autres chefs stratèges qui étaient sous ses ordres. Encore dans le vague, Shigeru ne saisit qu'un seul mot.
"Ennemis."
Le marine se leva en sursaut, à peu près en même temps que Sanghyn. Le temps du sommeil était terminé, la guerre reprenait. Le Royaume de Diamant leur avait envoyé une nouvelle armée, qu'il leur faudrait repousser. Ou alors ils tomberaient en essayant... Shigeru secoua la tête, se frotta les yeux puis sortit de la tête après avoir revêtu une armure légère ajustée à sa taille, offerte par les Coeurois. Au loin, on voyait encore les lueurs de l'aube, avec les rayons du soleil qui filtraient entre les Monts d'Obsidienne. Un cor sonna. Et une bannière fut élevée. Une bannière gigantesque, qui n'avait qu'un seul but : terrifier l'ennemi. Et cela fonctionnait, Shigeru le voyait bien sur les visages des Coeurois. Apparemment, ce n'était pas un ennemi comme les autres qu'ils allaient devoir affronter... Lorsqu'il questionna Sanghyn, ce dernier répondit d'un ton bas, le visage sombre :

Sanghyn : La lance à la pointe noire transperçant le coeur écarlate. Le Roi de Diamant nous a envoyé sa meilleure armée, celle du Valet de Pique.


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Message par Mam'Rik Lun 11 Nov - 3:19

La tension était palpable dans la voix de Sanghyn, tout autant que dans le regard des soldats qui observaient l'étendard Diamantins flotter au vent.
Le nombre de lances qui venaient maintenant menacer leurs vies étaient d'approximativement 500. Eux n'en était que 300. Ils étaient prit par surprise. Leurs adversaires étaient préparés. Ils étaient fatigués, leurs adversaires étaient encore frais. Ils ne pouvaient pas fuir, et rien ne garantissait qu'ils pouvaient gagner. Et pourtant ils se tiendraient là, entre cette armée et leur royaume, sans vaciller une seule seconde. Au diable les probabilités, au diable la fatigue, le temps de la réflexion était maintenant révolu. Il était temps pour ces trois cents hommes de Cœur de couvrir leurs têtes de leurs casques et leurs craintes de courage.

Shigeru : Tu l'as décrite comme leur "meilleure armée". Qu'a t-elle de spécial exactement ?
Sanghyn :  Elle a Quarth, un leader. L'homme à la tête de ces troupes est un monstre du combat. Arrivé il y a quelques années maintenant il a été un bouleversement majeur dans cette guerre, plusieurs fois maintenant son armée à failli pénétrer nos terres et nous prendre nos foyers. Si je devais le qualifier d'une manière assez évocatrice alors je dirais que cet homme a été le "Héros de Diamant".

Le nain ne préféra rien ajouter à cela, méditant les paroles du général. Pendant ce temps, les troupes formaient leurs rangs. Les trois cents hommes que Sanghyn avait amené avec lui se placèrent en tête, formant des bataillons de cinquante hommes. Et en retrait, les blessés de la précédente bataille formaient le corps des archers. Lorsque l'on y réfléchissait la situation n'était pas si désespérée que cela. Il était vrai que l'adversaire avait l'avantage du nombre et que leur réputation faisait d'eux une sérieuse menace. Mais la bataille qui était sur le point de se dérouler prenait place dans une montagne, et ceux qui se tenaient en amont de celle-ci étaient les Cœurois ! Une position qui donnerait un avantage très important aux archers et qui rendrait l'avancée des troupes de Diamant beaucoup plus complexe. Cet élément, le général Sanghyn l'avait bien en tête, c'est pourquoi il ne parti pas à la bataille sans espoir de vaincre, non, il y avait de l'espoir. Et cet espoir il allait maintenant le transmettre à ses hommes. D'un pas déterminé, il s'avança afin de se retrouver devant la première ligne de son armée. Et il procéda ainsi à la revue des troupes tout en prononçant les mots qu'il jugea adaptés à la situation.

Sanghyn : Soldats ! Je sais qu'un grand nombre d'entre vous a aujourd'hui peur, peur de l'adversaire qui s'avance auprès de nous, peur de perdre la vie, peur de rejoindre nos frères tombés lors de précédentes batailles. Mais mes amis, aujourd'hui il n'y a pas lieu d'avoir peur ! Diamant nous envoie aujourd'hui son Valet de Pic, ne le voyez vous donc pas ? Aujourd'hui, ce sont nos adversaires qui ont peur ! Le soleil se lève, et avec lui se profile une nouvelle ère pour notre cher Royaume ! Noblesse et Honneur, pour Cœur !

Les regards il y a quelques secondes encore hésitants se transformèrent alors en brasier ardents. Il ne subsistait plus une once de peur au sein des armées de Cœur. Tous tenaient maintenant fièrement leurs positions, prêt à charger dès que les troupes de Quarth seraient à leur portée. Et finalement ce qui devait arriver arriva. Face à face, deux armées. Se tenant fièrement devant ces deux armées, deux groupes d'hommes. D'un côté, Sanghyn, quelques-uns de ses chefs de bataillons et Shigeru. De l'autre, Quarth, ainsi que deux portes-étendards. Malgré le nombre impressionnant d'hommes réunis, pas un bruit ne résonnait sur le flanc de la montagne. Les regards de Quarth et Sanghyn se croisaient, et on comprenait aisément que ceci n'était pas la première bataille qui les opposait. D'un même mouvement, l'un leva sa lance, l'autre son épée, et les deux abaissèrent leurs armes, signifiant à leurs armées respectives qu'il était temps de combattre. Armées qui s'élancèrent l'une vers l'autre comme deux hommes assoiffés de sang, passant devant leurs chefs respectifs pour aller mettre fin à la vie de leurs adversaires.

Avant même que les deux groupes d'hommes ne puissent s'entrechoquer un nombre important de victimes avait été fait. Les salves de flèches des archers des deux camps avaient été mortelles pour un nombre incalculable d'hommes. Puis, pour alourdir le bilan de cette bataille, les premières lignes de chaque armées rentrèrent en collision. Combien d'entre eux s’empalèrent sur les lances de leurs adversaires, et virent leur sang teinter de rouge les Monts d'Obsidienne. Combien virent leurs frères d'armes s'effondrer prêt d'eux. Et pourtant pas un seul d'entre eux ne fit volte face, tous continuèrent le combat, brandissant leurs lances et leurs épées sans vaciller. Cependant, malgré l'avantage naturel que leur procurait la montagne, les lances de Cœur peinaient à atteindre leurs adversaires. La fatigue trahissait leurs mouvements, et l’habilité de leurs adversaires était tout simplement effrayante. Les premières lignes portaient des boucliers impressionnants qu'elles ne dévoilaient que pour laisser les lances de la seconde ligne tuer leurs adversaires. Pour rivaliser avec cela les soldats de Cœur n'avaient que leur courage à mettre en avant. Et bien que celui-ci garantissait un combat à peu prêt équitable, le dénouement en était déjà évident. Observant depuis les lignes arrières, Sanghyn, ses aides de camp ainsi que Shigeru essayaient de trouver une solution, de sauver cette bataille, mais rien de leur venait à l'esprit. Et c'est durant cette réflexion que résonna le cor de l'armée de Diamant. Le son résonna dans la montagne et fit cesser les combats. Les premières lignes des armées de Diamant reculèrent, se fendirent en deux et laissèrent ainsi passer leur général en chef, le Héros de Diamant, Quarth.

Quarth : Cette bataille est notre, soldats de Cœur. Et nous pourrions nous contenter de cela bien entendu, cependant, il s'avère que le comte des exploits de vos Héros de Cœur est parvenu à mes oreilles. Il paraitrait que durant la dernière bataille, ils ont pénétré nos rangs et combattu au milieu de nos bataillons, sans craindre une seule seconde pour leurs vies. Et ce sont donc ces hommes qui vous ont donné le courage de venir jusqu'ici ? Qui m'ont forcé à venir combattre moi même pour le bien du royaume de Diamant ? Je ne peux le tolérer, alors en tant que remboursement je vous ferais le même honneur Soldats de Cœur. Je m'avance ici, sur le champs de bataille, seul. Et je combattrais tout soldat qui osera faire un pas en avant pour m'affronter, avec l'espoir que ces fameux Héros de Cœur osent se montrer devant moi.

Shigeru qui observait la scène avec attention comprit que ce message lui était destiné. Cet homme voulait le combattre en duel ? Eh bien qu'il en soit ainsi. Le nain en avait vu assez pour que mettre sa propre vie en danger en vaille la peine. Néanmoins, il considérait aussi l'intelligence de cet homme, le Héros de Diamant. Sa manœuvre n'était pas que la manifestation d'une confiance en soi exagérée, non, ce mouvement était bien calculé. Même si Shigeru arrivait à gagner ce combat, alors sa condition d'étranger, d'acteur extérieur rendrait la mort de Quarth injuste, et donnerait une motivation suffisante à son armée pour qu'elle écrase ceux de Cœur sans hésitation. D'un autre côté, si Quarth gagnait, alors les fameux Héros de Cœur auraient été défaits. La peur inspirée aux soldats de Diamant s'envolerait et le courage insufflé aux soldats de Cœur avec elle. Malgré cela, le nain ne pouvait faire autrement que de répondre à cet appel au combat. Il appela donc Bullet Bill et s'apprêta à s'avancer sur le champ de bataille.

Shigeru : Il est temps pour moi d'y aller.
Sanghyn : Non, je serais celui qui m'opposerait à lui.

Shigeru observa alors le général qui se trouvait à sa droite. Son regard était ferme mais son corps ne le suivait pas. Fraichement privé de son bras gauche, ne disposant plus que d'un œil, aussi vaillant qu'il ait pu être il était évident que le général n'avait aucune chance de vaincre cet homme.

Shigeru : Que racontes tu ? Tu n'es pas en état de livrer un combat.
Sanghyn : Regarde l'état de nos hommes. Cet homme les terrifie, ils ont besoin d'une victoire qui leur appartient. Et nous ne pouvons pas juste vous laisser vous occuper de tout. Il s'agit de notre île, de notre royaume, de notre combat.
Shigeru : Tu vas mourir vieil homme.
Sanghyn : La vie peut être perçue de deux manières. Il y a cette vie physique, matérielle, cette dette que la nature nous a accordé et que nous finissons tous par rembourser. Et il y a cette vie que nous avons acquis au prix de nos efforts, celle qui regroupe nos idéaux, celle que certains appellent "âme". L'une n'est qu'un récipient tandis que l'autre est mon essence même. Quel intérêt y aurait t-il alors à protéger le récipient si c'était au prix de son contenu ? Je m'en vais en ce moment même marquer les esprits. Mes exploits sur ce champs de bataille seront perçus à la hauteur de vos hauts faits, Héros de Cœur. Tu penses que je m'en vais trouver la mort ? A mon sens je m'en vais trouver la vie éternelle. Au revoir camarade.
Shigeru : Adieu, Général.

Comme cela avait été le cas pour les armées de Diamant, les bataillons de Cœur se fendirent en une haie d'honneur. Tous les soldats portèrent alors la main sur leur torse, saluant ainsi le passage de leur général qui s'avançait fièrement sur le champs de bataille. Tous savaient que ses chances de victoires étaient faibles, mais aucun ne tenterait de l'arrêter. Il marcha donc jusqu'à se retrouver face à face avec Quarth. Celui-ci le toisa d'un air déçu, se demandant sûrement qui avait osé lui envoyer cet estropié.

Sanghyn : Tu n'es pas digne d'affronter nos Héros, chien de Diamant, je serais ton adversaire. Si tu es le Valet de Pic alors considère moi comme le Valet de Cœur. Et je serais heureux de te donner la mort que tu mérites.
Quarth : Tu es bien présomptueux Sanghyn, par miséricorde je vais te laisser la chance de t'en retourner de là où tu viens.
Sanghyn : Et tu as encore de nombreuses choses à apprendre si tu penses que le jour où un Cœurois tournera le dos à son adversaire est arrivé.
Quarth : Qu'il en soit ainsi, Valet de Cœur.

De son seul bras valide, Sanghyn sorti sa lame. Une épée magnifique dont la garde était faite d'argent et incrustée de rubis. Quarth de son côté empoigna sa lance noire, qui brillait sous les rayons du soleil levant. Avec une once de nostalgie dans le regard, Sanghyn observa ce soleil levant, considérant qu'il s'agissait peut être de son dernier. Il sourit, et avec cette fierté qui était la sienne, s'élança sur son adversaire !

Le premier coup qu'il porta fut un coup de taille que Quarth para en plaçant sa lance sur la trajectoire de la lame. Ne s'arrêtant pas là, Sanghyn enchaina par un coup de pied dans les côtes maintenant découvertes du Diamantins, et cette fois-ci il fit mouche. Malheureusement pour lui sa force physique n'était pas son plus grand atout et le coup ne réussi même pas à arracher une grimace au Valet de Pic. Prêt à contrattaquer celui-ci ramena sa lance devant lui et repoussa son adversaire. La portée que lui offrait sa lance était une bénédiction du ciel, le général Sanghyn avait beau parer ses coûts il ne pouvait lui rendre la monnaie de sa pièce. Et cela, Quarth en profitait. Il assaillait l'estropié sans se soucier des risques qu'il pouvait prendre, portant des coups à tout niveau. Néanmoins, la prestation de Sanghyn était impressionnante. Il compensait admirablement son bras manquant par son expérience, et ne fit pas une seule fois l'erreur d'essayer de contrer les coups de Quarth par la force brute. A la place il se contentait d'utiliser le plat de sa lame pour les dévier, empêchant ainsi le Diamantins de l'épingler.

Quarth : Je dois avouer que je t'ai sous-estimé, Sanghyn.
Sanghyn : Et je me dois d'admettre que je t'ai sur-estimé, Quarth.

Le Valet de Pic se contenta de sourire face à l'assurance de son adversaire, puis reprit leur combat. A son tour il tenta de terrasser son adversaire d'un coup de taille, mais celui-ci dévia encore une fois à l'aide du plat de sa lame. Cependant, Quarth ne s'arrêta pas à ce coup et dans la continuité de son mouvement fit un tour sur lui même pour balayer son adversaire. Sanghyn qui n'était pas dupe avait vu le coup venir et s'était dépêché de sauter pour esquiver la fourberie de son adversaire. Il en profita même pour lui porter un rapide coup de taille qui creusa un petit sillon rouge prêt des côtes du Diamantins. Ne se laissant pas distraire par cette blessure superficielle, Quarth asséna un coup dévastateur à Sanghyn, sautant pour mettre tout son poids sur sa lance dont il fit retomber la pointe sur la tête de Sanghyn. La vitesse à laquelle Quarth avait réagit ne laissait pas le choix au Général de Cœur, il devait parer le coup. Et c'est ce qu'il fit, protégeant sa tête comme il le pu. Malheureusement pour lui, la seule force dont disposait son bras droit ne lui permit pas de pleinement parer le coup. Inclinant légèrement sa lame il détourna donc la lance qui plongeait originellement sur sa tête vers son épaule gauche, la laissant l'entailler de manière très sérieuse. Mais lui non plus ne prit pas le temps de pleurer sur son épaule blessée, au contraire il y vit la une opportunité. L'arme de son adversaire était fichée dans son épaule, il ne pouvait donc plus se défendre. Sans hésiter une seule seconde, Sanghyn fondit donc sur son adversaire pour le transpercer de son épée. C'était peut être le coup qui mettrait fin à ce combat, à la vie de Quarth. Mais celui-ci ne se laissa pas faire, plaçant sa main sur la trajectoire de la pointe de l'épée il la laissa se faire transpercer jusqu'à ce que celle-ci atteigne la garde de la lame. Là, au prix de sa main, Quarth raffermi sa prise sur l'épée de son adversaire et usa de sa force pour le faire tomber à terre. Il usa ensuite de sa jambe pour bloquer le dernier bras valide du Valet de Cœur au sol, se saisit de sa lance qui était toujours plantée dans son épaule, et la lui planta dans le cœur.

Il n'y eut pas un bruit lors la pointe de Pic transperça le cœur du Général. Il n'y en eut d'ailleurs pas plus quelques secondes après, lorsque la victoire de Quarth était assurée. Les Diamantins eux mêmes n'osaient pas briser ce silence, car eux aussi étaient impressionnés par cette prestation que venait d'offrir cet homme. Tandis que les Cœurois gardaient le silence pour honorer leur supérieur mort au combat, les Diamantins attendaient de voir la réaction de leur propre supérieur. Shigeru lui aussi se demandait quelle tournure prendrait cette bataille maintenant que le résultat de ce combat avait été dévoilé. Lui aussi était donc bien curieux de voir quelle serait la réaction du Valet de Pic après sa petite victoire. Mais contrairement à ce qu'il croyait, ce ne fut pas Quarth qui prit l'initiative après avoir retiré sa lance du cœur de sa dernière victime, non, ce fut l'un des nombreux Soldats de Cœur qui se tenait en première ligne qui fit un pas en avant.

Soldat de Cœur : Je serais ton adversaire.

Un second soldat fit alors un pas en avant.

Second soldat de Cœur : Et je serais ton adversaire après lui.

Quarth dirigea alors vers ces deux hommes un regard plein d'incompréhension, de surprise.

Soldat de Cœur : "Je combattrais tout soldat qui osera faire un pas en avant pour m'affronter", ce sont vos mots. J'ai fait un pas en avant, voyons maintenant voir si vous allez tenir votre parole.
Second soldat de Cœur : Il en va de même pour moi, et pour tous ceux qui feront un pas en avant avec nous.

Et inspirés par leurs camarades, d'autres soldats firent à leur tour un pas en avant, montrant eux aussi leur désir de venger leur chef. Dans l'état actuel des choses, rien ne les effrayait, ce qui était, paradoxalement, assez effrayant. Là, Quarth commença à comprendre qu'il se retrouvait dans une situation bien fâcheuse. Il ne pouvait pas tous les combattre, mais il ne pouvait pas non plus juste envoyer ses hommes pour qu'ils reprennent la bataille. Pas ces hommes derrière lui qui avaient été impressionnés par la vaillance du Général Sanghyn, et qui devaient maintenant l'être tout autant par la vaillance de ces soldats de Cœur qui s'étaient avancés par dizaines. Il avait beau avoir gagné son combat, avoir éliminé le Valet de Cœur, Quarth venait de perdre cette bataille. Rapidement, il jeta un coup d’œil au visage de l'homme qu'il venait de tuer. Il semblait en paix, peut-être avait-il prévu que tout cela arriverait, si c'était le cas alors il s'était bien joué de lui. Par sa simple mort il en avait peut être sauvé plus de 200. Le Valet de Pic se permit de sourire, forcé de constaté que lui aussi avait été impressionné par cet homme, qui par sa simple vie avait changé le destin d'une bataille dont les dés semblaient jetés. Il se retourna alors, porta le regard sur ses aides de camp et ordonna de sonner la retraite.    

Les hommes de Diamant se retirèrent sans plus de cérémonie, sous les regards flamboyants des soldats de Cœur qui se tenaient en ligne comme un seul homme. C'était une image que Shigeru aurait sûrement trouvé amusante si elle n'avait pas été tâchée par le corps sans vie du Général Sanghyn au milieu de tout ceci. Lorsque les hommes de Diamant furent hors de champ de vision, les soldats ayant survécu à cette bataille purent se relâcher. Ils avaient pourtant beaucoup à faire. Les troupes de Diamant s'étaient peut être repliées pour le moment, mais elles allaient revenir, cela ne faisait aucun doute. Mais avant de penser à tout cela, ils devaient récupérer tous les corps. Abandonnant alors toute réflexion l'armée de Cœur se laissa aller au deuil de ses propres membres. Ils passèrent ainsi la journée à collecter les corps et les compter, tout cela pour constater qu'ils avaient perdu 83 hommes lors de cette bataille, autant dire que le moral n'était pas au plus haut. Et pour couronner le tout, même Sanghyn et ses discours avaient disparu du camp, laissant un vide que personne ne pourrait jamais combler. La journée était maintenant terminée, et les ténèbres avaient prit le contrôle de ce camp, aussi bien au sens propre qu'au sens figuré.

Shigeru se tenait dans la tente des blessés, à observer Lily qui dormait comme une enfant et Nocturne qui ne se mouvait toujours pas. La fatigue que ces deux là avaient accumulé la veille était vraiment importante et Shigeru s'en voulu presque de s'être imaginé ce qu'aurait pu être leur dernière bataille si ces deux créatures avaient encore une fois été mises sur le devant de la scène... Et alors qu'il était perdu dans ses pensés, un soldat rentra dans la tente d'un air pressé. Rapidement Shigeru s'imagina le pire scénario possible, l'armée de Diamant était de retour. Mais ce n'était rien de cela.

Soldat de Cœur : Monsieur, on nous a dit de vous prévenir.
Shigeru : Que ce passe t-il ?
Soldat de Cœur : A vrai dire, ce n'est pas vrai descriptible. Le ciel brûle.

Immédiatement, le nain sorti de la tente pour essayer de comprendre les propos de ce soldat. Et là il les vit, les flammes qui s'élevaient au nord-est de leur position, embrasant le ciel nocturne du Royaume de Diamant. Il savait de quoi il s'agissait, c'était le signal qui avait été convenu avec le groupe de Pandore, des flammes qu'Agito enverraient en l'air lorsque le moment serait venu, lorsqu'ils auraient réussi à s'emparer de la ville de Nen ! Immédiatement, Shigeru réagit, si lui avait vu ce signe, alors il ne faisait aucun doute que les hommes de Quarth l'avaient vu aussi. L'avantage qu'il y avait eu à se rapprocher du centre de l'île était que les troupes de Quarth avaient sûrement utilisés des navires comme moyen de transport. Les grands lacs du Royaume de Diamant étaient après tout le meilleur moyen de rallier le centre de l'île depuis la ville de Diamen. Sur terre, les troupes de Cœur et leurs Esis seraient donc plus rapides ! Mais il n'y avait pas de temps à perdre, la ville de Nen dont les défenses avaient été abandonnées n'était tenue que par une vingtaine de Cœurois, ils devaient donc être les premier à la rejoindre, c'était essentiel à leur plan. Aussi rapidement qu'il le pu, Shigeru éleva la voix.

Shigeru : Aujourd'hui, le Général Sanghyn a perdu son combat. Mais sa noblesse aura sans aucun doute permit de remporter cette bataille. A mon sens il n'y a pas plus grande victoire pour un Général. J'imagine donc maintenant que vous vous questionnez sur ces flammes qui éclaircissent le ciel au nord-est. Eh bien mes amis, ces flammes sont là pour nous faire comprendre que la ville de Nen nous attends les bras grands ouverts. Nous pouvons donc rester ici à nous lamenter sur la mort de nos compagnons, ou bien fièrement honorer ces morts en ne les laissant pas être vaines. Avec Noblesse et Honneur, pour Cœur !

La réaction des soldats fut unanime, tous approuvèrent les paroles de Shigeru en scandant leur hymne à haute voix.

Shigeru : Très bien, alors que tout le monde s'active, emballez tout, laissez derrière vous tout ce que vous jugerez superflu et rejoignez vos Esis aussi vite que possible. Nous avons une longue route à faire avant d'arriver à Nen, et nous ne pouvons absolument pas nous permettre d'arriver les derniers !

Sans réfléchir, tous s'activèrent alors, laissant derrière eux tout petit élément qui ne leur serait pas essentiel. Bien entendu, les corps des défunts ne furent pas laissés derrière, tous furent chargés dans des chariots en lieu et place des tentes qui seraient abandonnés sur place. L'activité qui avait prise ce camp qui était mort quelques minutes à peine plus tôt était incroyable, comme si tout ces hommes avaient été animés d'une nouvelle vie.

Lorsqu'ils eurent terminés, tous prirent la suite de Shigeru, qui s'était improvisé nouveau chef, ainsi que des deux stratèges principaux du camp. Sur le dos de son grand Esis, le nain dirigea son regard dans la direction qu'ils devaient emprunter, le nord-est. Et là il les vit à nouveau, ces flammes qui éclairaient le ciel nocturne, elles étaient exactement ce qu'elles étaient supposé être. Un rayon de lumière dans la nuit noire.
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Message par Unholyscream Lun 23 Déc - 1:29

Pandore

Grâce à l'incroyable action du morveux, ils avaient réussi à traverser les Étrois de Coeur, tout en nettoyant le nid des étoiles rouges. Le chemin était désormais sur, aussi la jeune femme alla voir quelques soldats et leur indiqua que dès que la ville de Nen serait prise, il faudra envoyer des messages à Lungkdaore, de manière à ce que ses habitants transforment l'obscur boyau en un chemin sur. Une tâche difficile et mortellement dangereuse - les Etoiles Rouges ne pouvaient pas avoir toutes péries - mais nécessaire. La jeune femme embrassa la plaine du regard. Un terrain plat, couvert d'herbe, de champs de blés et arpentait par de paisibles animaux. Dans leur dos les gigantesques Monts d'Obsidienne et un trou profond, duquel ils venait tous de sortir. L'aube commençait tout juste à darder ses rayons sur le Royaume de Diamant et les intrus étaient en terrain découvert. Certes il ne semblait pas y avoir de patrouilles ennemies dans les alentours mais mieux valait ne prendre aucun risque. Hissant le petit Agito sur les épaules, la faucheuse courut sous le couvert d'un petit bosquet au branches touffues. Tout était si vivant ici, on était bien loin du désert aride et des régions rocailleuses de Coeur... Cachés sous les branches, la troupe put enfin se reposer, de leur éprouvant périple dans les souterrains. Ils avaient perdu près de la moitié d'entre eux, mais c'était seulement maintenant qu'ils pouvaient pleurer les morts. Des amis et des frères étaient tombés, comme chaque jour ou presque de cette guerre ancestrale. Le Royaume se vidait peu à peu de sa vie.
La jeune décida de laisser ses compagnons se reposer, aussi elle grimpa dans un arbre et s'assit sur une haute branche, le regard fixé sur l'horizon. Elle voyait la silhouette de Nen un peu plus loin mais il était in-envisageable de l'attaquer de jour : prendre une ville fortifiée n'est certainement pas chose aisée, encore moins avec aussi peu d'hommes. Un sourire éclaira le visage de Pandore et elle ferma doucement ses paupières. Elle savait exactement comment faire pour s'emparer de la ville, elle en parlerait aux autres un peu plus tard. Bien qu'elle soit montée pour faire le guet, l'ange à la grande faux s'endormit.

Lorsqu'elle se réveilla, le ciel était écarlate. Elle avait dormi toute la journée ! Elle sauta de son perchoir et constata que seul Agito était encore endormi, ou inconscient. Pandore alla donc se poster aux côtés de Rashek qui aiguisait ses lames en silence, et parla à voix basse. Tous les guerriers écoutèrent attentivement son plan et hochèrent la tête lorsqu'elle eut terminé. S'ils avaient de l'estime pour ces Héros de Coeur, il considérait désormais Pandore comme leur supérieure, ce qui n'était pas pour déplaire à la jeune femme. Elle quitta alors le bosquet et darda ses prunelles sur les murailles qui s'élevaient au loin. Sous le soleil couchant, la pierre paraissait rouge et les toits des murs d'enceinte luisaient d'un éclat menaçant. Au coeur de la ville s'élevait une gigantesque tour, au faite pointu et aux tuiles violacées. Puis la nuit s'écrasa lourdement sur le monde et la cité fortifiée parut soudain aussi sombre que les ténèbres... Pandore ne put réprimer un frisson d'excitation en s'imaginant qu'elle allait bientôt s'y infiltrer. D'une seule main elle sortit la lame de sa faux de la terre meuble et replaça l'arme dans son dos et fis un pas en avant, le sinistre épouvantail sur ses talons.
Agito : Eh la vieille tu vas où ? Me dis pas que tu vas attaquer Nen sans moi...
Pandore ricana et haussa les épaules :
Pandore : Ah, retourne faire la sieste sale mioche. Ce que j'vais accomplir cette nuit est hors de ta portée, c'est quelque chose que tu n'es pas en mesure de comprendre, pas encore. Les gamins comme toi se croient invincibles. Et pourtant s'il y a bien une chose qui saisit le coeur des hommes, réduit leur courage à néant c'est la mort, tout simplement. Je vais te montrer le pouvoir de la peur.
La jeune femme s'enveloppa dans une longue cape noire et rabattit la capuche sur son visage. Alors elle et Rashek se mirent à courir. La nuit n'était pas très sombre, mais la ville était encore trop loin pour qu'on puisse les voir. Un autre petit bosquet se trouvaient non loin aussi les deux pirates se dépêchèrent de s'y rendre. De là, Pandore put mieux examiner leur cible. Les murailles étaient hautes d'une vingtaine de mètres probablement, mais la pierre semblait assez irrégulière, permettant l'escalade. Le problème était que les remparts étaient éclairés par de grandes vasques embrasées. Et la jeune femme pouvait voir des silhouettes arpenter les murs de la cité, à intervalles réguliers. Même si le gros des troupes étaient allé combattre au sud, la ville être bien gardée. La distance qui les séparait de la ville était trop grande pour qu'ils puissent la parcourir sans se faire repérer : il leur fallait une diversion. Pandore sortit un sifflet en os de sa poche et souffla à trois reprises dedans. Aucun son ne sembla en sortir et pourtant des chiens aboyèrent en retour, mais Malphas ne donna pas signe de vie. Pendant une heure qui semblait interminable ils durent attendre que le corbeau daigne enfin se montrer. Puis un croassement de joie retentit dans l'obscurité et Malphas vint se percher sur la lance qui traversait le coeur de Rashek. La jeune femme ne put s'empêcher de sourire avant de lisser le plumage de son ami, tout en lui donnant à manger un petit rat qu'elle venait tout juste de tuer pour faire passer le temps. Une fois son repas terminé, l'oiseau de malheur fixa intensément la faucheuse, de ses petites billes noires.  Puis la jeune femme lui expliqua sa tâche avec de grands gestes et de silencieux chuchotements.
L'oiseau hocha la tête, se métamorphosa en Serpent à plumes puis siffla de façon menaçante en planant vers Nen. Alors que sa grande silhouette décrivait de grandes cercles autour des bâtiments, Pandore entendit des cris venant des guerriers diamantins, puis vit de minces flèches cribler les nuages. Mais Malphas les évitait avec aisance, volant parmi toutes ces pointes acérés avec une grâce mortelle. Soudain, il replia ses ailes contre son corps reptilien et se laissa tomber en piqué sur la ville. Un hurlement de souffrance retentit puis la jeune femme vit l'effrayante silhouette de son ami reprendre son envol, une proie gigotante entre ses serres. Il l'emmena alors de l'autre côté de la cité, poussa toutes les sentinelles à le suivre, tentant désespérement de sauver leur ami.

Pandore : On y va.
Elle sortit du fourré d'un bond et se précipita vers les murailles, Rashek sur les talons. Lorsqu'elle jeta un coup d'oeil dans sa direction, elle comprit qu'il pouvait encore accélérer mais qu'il se maintenait tout simplement à son rythme. Cet "homme" là était décidément un véritable monstre. Ils atteinrent le mur d'enceinte en quelques minutes à peine, mais c'était maintenant que le plus dur commençait : l'escalade.
Pandore : Ma faux me gênerait trop, et toi ta lance... Je monte la première et je trouve un moyen de te faire rentrer, bouge pas. Je te laisse ma faux.
Rashek : Fais vite.
Après lui avoir adressé un clin d'oeil espiègle, elle posa sa main sur une brique qui sortait légèrement du mur et commença son ascension. C'était plus difficile que prévu, le mur était très bien construits et les prises peu nombreuses. De plus l'obscurité rendait l'escalade encore plus difficile. Mais petit à petit la faucheuse commença à prendre un certain rythme et elle se retrouva sur les remparts en un seul morceau. Lorsqu'elle regarda en bas elle vit Rashek lui faire un petit coucou mais surtout elle estima la distance. Hum... Une vingtaine de mètres à vue de nez. Soudain des bruits de pas retentirent contre les pavés. Sans hésiter une seconde, Pandore se jeta du haut des remparts, dans la ville. Elle atterrit presque sans bruit sur un toit aux tuiles bleutées et attendit, les yeux rivés sur le chemin de ronde. Une demi-douzaine de soldats en arme passèrent en courant juste au dessus d'elle sans la voir, tandis que dans les cieux des croassements menaçants résonnaient. Raaaah, elle détestait être sans arme ! Elle se sentait toute nue et sans défense, sa faux lui manquait. Après tout, cela faisait tellement de temps qu'elle l'avait qu'elle était devenu comme un prolongement de son bras. Une fois qu'elle se fut assuré que tout était hors de danger, la jeune descendit dans les rues de la ville. Elle devrait trouver un moyen de faire entrer l'Immortel, sans quoi le plan ne pourrait pas fonctionner...

A nouveau elle entendit quelqu'un approcher. Elle se plaqua contre le mur, dans l'ombre d'un petit édifice, espérant que cela suffirait à la camoufler... Ce n'était pas un soldat, mais un enfant, âgé d'une dizaine d'année. Elle vit de l'excitation dans son regard : il avait du être réveillé par l'attaque de Malphas et, dévoré par la curiosité, avait tout de suite désiré le voir. Mais là, il risquait de la voir elle ! Il était tout proche, elle l'entendait respirer tandis qu'elle même gardait le souffle coupé. Puis d'un coup il tourna la tête vers elle... La réaction de Pandore fut aussi fulgurante qu'un éclair et d'un coup rapide dans la nuque elle assomma le gamin. Elle ne pouvait pas se résoudre à le tuer, il ressemblait à cet attachant (mais non moins insupportable) petit marine... Mais maintenant il fallait qu'elle s'éloigne le plus possible de cette ruelle, il avait peut-être eu le temps de la voir.  Marchant à pas de loup dans les rues, Pandore eut le temps de prendre conscience que c'était une ville magnifique, dans laquelle chaque famille semblait avoir une maison. Elle passait même devant de riches manoirs... Mais toujours son regard était attiré par l'immense beffroi qui trônait au dessus de la ville, avec son toit en forme de flèche. Ses pas la dirigèrent donc vers la base de la grande tour, et elle comprit rapidement que tout autour de l'édifice se trouvait la caserne des gardes de la ville. C'était clairement pas un bon plan de venir ici... C'est alors que la jeune femme trouva enfin ce qu'elle cherchait ! Dans une petite charrette abandonnée au coin d'une rue, une longue corde. Après avoir vérifié qu'elle était bien solide elle l'emporta et s'en fut vers les remparts. Après avoir retrouvé l'endroit où elle avait du sauter, grâce à son sens de l'orientation inné (une perle rare, cette femme), elle y remonta en bondissant de toits en toits. Elle se mit alors à courir le long des créneaux tout en regardant en bas, jusqu'à ce qu'elle repère la silhouette de l'épouvantail. Alors elle lui jeta la corde et s'assit sur le sol rocheux, attendant patiemment son ami. Soudain, la faux de Pandore surgit des ténèbres et se planta profondément entre deux pavés, à quelques centimètres de la main de la jeune femme. Elle était sure que sa chère arme ne pouvait lui faire de mal. D'un coup de pied elle enfonça la lame un peu plus profondément et jeta un coup d'oeil vers le vide. L'épouvantail courrait sur le mur d'enceinte en s'aidant de la corde. Jamais Pandore n'aurait cru qu'il était possible de monter en rappel aussi vite.
Pandore : Un monstre.

Rashek

Enfin il était dans la ville. Il sortit la faux du sol, détacha la corde et tendit l'arme à Pandore qui semblait plus que ravie de la retrouver. A travers ses cheveux, il regardait la ville qui s'étendait à ses pieds. La ville qu'ils devaient prendre en quelques heures seulement... Du coin de l'oeil, il vit que la jeune femme avait à nouveau ressorti son sifflet, afin de prévenir Malphas qu'il n'avait plus besoin de se battre. Aussitôt la silhouette sombre passa au dessus de leurs têtes et disparut parmi les géants d'obsidienne.
Rashek : Alors comme ça on doit terroriser toute une ville hein ?
Un sourire démoniaque étirait les lèvres de la jeune pirate, qui fit tournoyer sa faux avant de répondre :
Pandore : Devenons leurs pires cauchemars.
Alors elle éclata d'un rire hystérique qui sembla résonner indéfiniment dans la ville endormie. C'est à ce mot qu'il sautèrent dans les rues. Les gardes devaient croire qu'ils avaient affaire à un ennemi invisible... L'épouvantail fit bruyamment crisser ses épées contre un mur de pierre puis disparut dans une ruelle. De temps à autre, Pandore faisait résonner son inquiétant rire... Bientôt la ville cessa de dormir. Rashek sentait presque la peur suinter tout autour de lui. Les gens se terraient chez eux tandis que les soldats couraient entre les habitations, affolés et paniqués. Soudain l'un d'eux trouva Rashek. Il ouvrit la bouche pour donner l'alerte mais aucun son ne sortit de sa gorge... L'Immortel ricana en s'avançant vers sa victime qui avait les yeux rivés sur la lance fichée dans le coeur de l'apparition. D'un mouvement vif, l'épéiste enfonça Slania dans la gorge du pauvre garde pétrifié par la peur et le souleva un peu au-dessus du sol. Alors il empoigna la lame de ce dernier et s'en servit pour le clouer contre la porte en bois massif d'une grande maison. C'est alors que la brume se leva. Rashek ne put réprimer un frisson d'excitation lorsqu'il se mêla à ces volutes blanches qu'il appréciait tant. Si elles n'étaient pas les mêmes que celles d'Omnivium, elles semblaient heureuses de le revoir et se mirent à danser tout autour de lui. Ils ferma les paupières et se mit à avancer doucement, se délectant de leur douce fraîcheur... Puis il sentit la douleur l'irradier alors qu'une épée traversait son ventre. Il ouvrit brutalement les yeux pour voir que les brumes étaient subitement parties. Il n'y avait qu'une dizaine de soldats face à lui, c'était tout. Et l'un d'eux venait d'essayer de le tuer, il avait fait fuir les volutes, il avait cassé ce beau moment. Une colère noire s'empara de l'Immortel qui, d'un seul mouvement de sabre, décapita son assaillant. Puis à travers ses cheveux il jeta un regard assassin aux autres gardes et commença à avancer vers eux sans se soucier un seul instant de la lame qui était fiché dans son ventre.
Les ennemis firent tous un mouvement de recul mais se refusèrent à fuir... Soudain une flèche siffla dans l'air et se ficher dans l'épaule de Rashek. Puis une seconde atteint son cou. Il se tourna vers leur origine et vit un autre garde, perché sur le mur d'enceinte de Nen... L'épéiste pointa Isara dans sa direction, poussant l'archer à se retourner. Ce dernier vit alors la mort en personne. La Faucheuse, avec son immense cape de ténèbres, sa capuche d'ombre et sa gigantesque faux... Il poussa un hoquet de terreur et, en voulant reculer, posa un pied dans le vide. Ses os se brisèrent avec un craquement écoeurant, ce qui fit rire la mort. A nouveau ce rire angoissant... Un frisson parcourut le petit groupe de garde. Alors la Faucheuse quitta son perchoir et se plaça dans leur dos... Rashek fit un nouveau pas en avant, puis fixa Isara à sa chaîne avant de fouetter air et pavés d'un seul geste. Un bras fut tranché, le sang commença à se répandre sur le sol. A nouveau les pathétiques guerriers tentèrent de blesser l'épouvantail, mais il laissa les pointes de leurs lance lui transpercer le torse, alors qu'il dévia les coups d'épée qui pouvaient réellement le blesser. La faucheuse passa furtivement entre les soldats encore debout et vint se placer aux côtés de Rashek.
Rashek : J'ai fait de la Mort mon épouse, vos lames ne peuvent prendre ma vie...

Les gardes de Nen ne demandèrent pas leur reste et fuirent tout en hurlant qu'ils avaient besoin de renforts. La peur vibrait dans leurs voix... Pandore s'élança à leur suite tandis que Rashek restait immobile, parmi les cadavres. La souffrance emplissait son être alors que les brumes réapparaissaient tout autour de lui... Elle l'encourageaient, lui susurraient toutes sortes de phrases. Finalement il n'aimait pas ces volutes là, elles étaient perverses, tentatrices. Elles s'enroulaient tout autour de lui comme des vipères et injectaient leur venin insidieux avec leurs crochets. Elles tentaient de l'étrangler, de lui crever les yeux. Le passé dansa devant les yeux de Rashek comme dans un mauvais rêve, et il vit cette personne se tenir devant lui, au coeur d'un épais brouillard ondulant. Ses prunelles rouges flamboyaient, ses cheveux de jais la nimbait d'une aura sombre. Cette personne fendit la brume et posa ses mains délicates sur le cou de Rashek... Puis elle disparut. Les ongles du jeunes hommes griffèrent l'air, avec l'espoir désespéré de l'empêcher de partir, mais il était trop tard. La douleur était toujours là, elle. Une mince larme s'échappa des paupières closes de l'Immortel alors qu'il s'abandonnait à elle, la recevait entièrement. C'était son fardeau, il la méritait. Il se devait d'endurer tout le mal qu'il avait commis, tout le mal qui était commis. Mais ce poids lui écrasait les épaules, lui broyait les vertèbres.
Il posa ses mains sur la lance qu'il avait en travers du corps. Cette personne le voulait mort. Son père le voulait mort. Tous les habitants de son village, tous ceux qu'ils avaient rencontrés le voulaient morts. Même lui désirait sa propre mort. Alors pourquoi ne retirait-il pas cette foutue lance ? Cela irait vite et, avec un peu de chance, sans douleur. Et pourtant quelque chose semblait retenir son geste... Il entendit le bruit d'une épée qu'on dégaine et, sans même réfléchir, il lâcha le pieu d'acier et brandit Slania. Le métal hurla alors que les deux épées s'entrechoquaient. Rashek souleva lentement ses paupières et regarda son nouvel adversaire. Il était bien différent de tous les autres gardes qu'il avait croisé jusque là... Il portait une sorte d'ample robe noire tenue à la taille par une simple ceinture de tissu rouge. Il portait un chapeau de paille circulaire et plat qui laissait son visage dans l'ombre. Il ne venait certainement pas de ce Royaume... L'étranger recula d'un pas et rangea son katana dans son fourreau avant de relever un peu son chapeau. Il ne souriait pas, ses yeux étaient fixés sur les mains de Rashek, prêt à réagir si ce dernier effectuait le moindre mouvement suspect. Puis il lâcha :
Etranger : On raconte que tu ne peux pas mourir.
Rashek : Compte le nombre de lames qui traversent mon corps et demande toi si tu survivrais à ma place. Que fais un étranger dans cette ville ?
Etranger : Qui es-tu ? Et que fais un immortel à Nen ?
Rashek : Je suis venu prendre cette ville.
Etranger : Ah. Je ne crois pas non... Cette ville est imprenable tant qu'elle est sous ma protection. Hisanori à la Lame Chanceuse.
Rashek : Rashek l'Immortel.

Le samuraï bondit brusquement, sabre au poing. Mais Isara s'interposa et bloqua l'attaque qui visait à décapiter l'épouvantail. Ce dernier riposta avec une brutale attaque descendante qui ne trancha que de l'air. Cet étranger était d'une rapidité incroyable. Sa lame surgit brusquement dans le champ de vision de Rashek qui n'eut que le temps de faire un pas en arrière, ce qui lui sauva la vie. Encore une fois son adversaire avait visé sa gorge : il devait penser que seule la décapitation entraînerait sa mort. Ce qui était plutôt vrai, il fallait le reconnaître. Hisanori repartit à l'attaque mais cette fois il se baissa pour faucher les jambes de l'épouvantail qui, après avoir sauté, abattit ses deux sabres droit sur l'autre épéiste. Mais il esquiva si vite qu'il semblait glisser sur le sol ! Déséquilibré, Rashek dut faire un pas en avant. L'ouverture ne dura qu'une fraction de seconde mais l'étranger s'y engouffra : son katana fit grand arc de cercle et la peau de l'Immortel se déchira, laissant échapper des brins de paille en grande quantité. Une blessure qui deviendrait fatale si le combat durait trop longtemps...
Hisanori : Tu ne saignes donc jamais. Moi non plus...
A peine avait-il fini sa phrase qu'il dut parer une attaque latérale d'une telle violence qu'il fut projeté quelques mètres en arrière. Mais la rue était large aussi il ne percuta aucun obstacle et s'arrêta sans dommage. Mais son chapeau était tombé en arrière, dévoilant une épaisse chevelure d'un rouge sombre, assorti à ses prunelles. Son visage était un masque de confiance et de concentration. Mais surtout il était bien plus âgé que ses mouvements ne laissaient le supposé, il devait bien avoir une cinquantaine d'années... Rashek comprit alors que s'il l'avait affronté dans sa jeunesse, il serait déjà mort. L'étranger ne lui laissa pas le temps de se perdre dans ses pensées : il se fendit et tenta une attaque d'estoc. La pointe effleura le flanc de Rashek qui en profita pour tracer une une mince plaie sur le dos de son adversaire. S'il n'avait pas été aussi rapide, il aurait été tranché en deux... Le sang commença à perler et le samurai se stoppa net. Il passa sa main dans son dos puis la regarda fixement quelques secondes. L'Immortel se laissa aller à un petit ricanement :
Rashek : Dis moi ce que l'on ressent quand on saigne.
Hisanori : On se sent plus vivant que jamais.
Il se jeta en avant mais effectua une feinte rapide, évita le tranchant de Slania et ouvrit une seconde plaie, sur le côté droit du pirate cette fois. La paille s'écoula en dehors de la plaie mais la blessure était petite. Trop petite pour handicaper réellement l'épouvantail. Un sourire étira ses lèvres et il utilisa à nouveau sa technique "Acier". L'attaque fut d'une telle violence qu'à nouveau le samuraï se retrouva plusieurs mètres en arrière, laissant à Rashek le temps de rattacher ses lames à sa chaîne. Hisanori commençait à avancer quand soudain une épée se ficha dans le sol à ses pieds. Il bondit en arrière, juste au bon moment pour éviter que la seconde lame ne lui tranche la gorge. Un rictus de plaisir se dessina sur son visage... Visiblement il sentait que le combat devenait plus intéressant. Le pirate bondit sur un muret puis profita de la hauteur pour se laisser tomber lourdement sur son adversaire. Il parvint à parer l'attaque, mais ses bras tremblaient, il n'allait pas tarder à céder sous la force inhumaine de l'Immortel.  Puis, soudainement, ce dernier releva et ses sabres et les abattit de nouveau, prenant l'étranger en tenaille.
Rashek : Laiton.

Hisanori poussa un cri de douleur alors que le sang jaillissait à gros bouillons de ces entailles là. Puis ce fut au tour de Rashek de laisser échapper un grognement, alors que la lame de son adversaire transperçait sa poitrine de part en part. Le vieil étranger posa un genou à terre et lâcha son sabre, tentant vainement de retenir la vie qui s'échappait. Il posa son katana à terre leva les yeux vers son meurtrier. D'un geste de la main Rashek repoussa ses cheveux en arrière, dévoilant ainsi son visage. Un pâle sourire flotta sur les lèvres du samuraï. Il mourrait avec honneur, terrassé par un homme plus fort que lui. C'était ainsi qu'il avait toujours voulu mourir. Il était justement venu dans ce pays, après des années d'errance, dans l'espoir de trouver un espoir de valeur dans cette guerre là... C'est ce que le roi de Diamant lui avait promis quand il lui avait confié la protection de la ville la plus proche de la frontière. Hisanori avait failli à sa tâche mais en cet instant, alors qu'il se sentait faiblir, il n'en avait cure. Ce roi était un homme sans coeur, ce pays était riche en nourriture et en or mais si pauvre d'âme. Ses habitants n'étaient qu'égoïsme, se cachant derrière les montagnes noires, effrayés et dégoûtés par les Coeurois. L'ennemi était plus valeureux, il le savait. Le Royaume de Coeur valait la peine qu'on se batte pour lui. Et cet homme là, cet immortel plutôt, avait choisi de se battre sous la bannière de l'honneur.
Hisanori : Dis moi... Pour-pourquoi te bats-tu pour les.. Les coeurois ?
Rashek : Leur souffrance a su trouver un écho dans l'abîme de douleur qui réside en mon sein...
Hisanori : Ha.. Haha.. Ha. J'aurais pu faire comme toi. Mais je.. voulais mourir avec ho-honneur, comme un vé.. véritable samuraï... J'ai parcouru le monde... J'ai affronté des cen.. centaines d'ennemi et j'ai tou-toujours gagné. Mais ja-jamais je n'ai vaincu d'aussi va...leureux adversaires que les habitants du Royaume de Coeur... Alors je suis reve....nu mourir de leur main.
Rashek : Je suis l'un des Héros de Coeur. Tu peux quitter ce monde en paix, vénérable adversaire... Et saches que tu peux te targuer d'avoir presque tué un immortel. Haha...
Le jeune homme ne sut pas si le vieil épéiste avait entendu sa dernière phrase. Ce dernier s'était immobilisé, a genoux dans son propre sang. Rashek fit quelque pas en arrière, laissant derrière lui beaucoup de paille. Beaucoup trop... Il tituba sur quelques mètres. Lorsqu'il s'écroula à terre, les différentes armes qui l'empalaient tintèrent contre les pavés. Des brumes que lui seul voyait l'enveloppèrent, formant comme un linceul.

Pandore

La jeune femme s'amusait comme une folle. Elle avait oublié à quel point ce pouvait être amusant d'effrayer et de terrifier d'autres personnes. Celait faisait peut-être des heures qu'elle courait dans les rues, massacrant les rares soldats qui tentaient de l'affronter, s'esclaffant devant ceux qui s'enfuyaient... Mais cela ne suffisait pas, il fallait envoyer un message plus fort. Elle espérait que Rashek soit également en train de répandre la peur, mais au vue de ses effrayantes capacités elle ne se faisait pas trop de souci. Peu de diamantins dormaient encore désormais, ils avaient tous entendu les cris, les crissement de sa faux et les giclées de sang. Mais comme des lâches ils se terraient. Oh certains avaient bien essayé de sortir pour l'affronter mais ils étaient aussitôt retournés dans leur tanière, la queue entre les jambes, devant son apparence. Après tout elle incarnait la peur la plus viscérale de l'humanité, la Mort... Après avoir poussé un nouvel éclat de rire à glacer le sang, elle se dirigea vers le bâtiment principal de la cité, le grand beffroi. Elle détruit la porte de la caserne de la garde de la ville d'un grand coup de faux puis s'engouffra à l'intérieur, sous les regards épouvantés des guerriers. L'un s'interposa, les jambes tremblantes. Il perdit la tête. Alors la faucheuse continua à avancer jusqu'à ce qu'elle trouve les escaliers.

Le silence semblait régner ici, elle n'entendait plus aucun bruits. Plus de hurlement, plus de bruit de combat, plus rien. Qu'était-il arrivé à Rashek ? Non il ne pouvait pas avoir été tué, c'était impossible. Pandore secouait la tête et continua à monter. La tour était vraiment énorme, mais les différents étages de l'intéressaient pas outre-mesure, ce qu'elle voulait c'était aller tout en haut. A coup sur c'était ici que vivait le maire, le compte ou... Bref celui qui dirigeait la ville au nom du roi de Diamant. Au vu des habitations les richesses devaient être bien distribuées, mais Pandore s'en foutait. Cette ville était sienne et l'actuel maire devait donc lui laisser sa place. Lorsqu'elle arriva tout en haut de l'édifice, la jeune femme comprit qu'elle était allé au bon endroit rien qu'en voyant la porte. Elle était finement sculpté et était enjolivée à l'aide de gravures en or et en argent. D'un violent coup de pied Pandore fit sauter les gonds de la porte et entra dans un luxueux appartement. Tout puait l'or, la luxure et l'abondance. Des meubles richement décorés, des babioles hors de prix un peu partout, des oeuvres d'art dans tous les coins... C'est alors que la Faucheuse se rendit compte qu'une petite servante la regardait en pleurant, complètement terrorisée. Avec une voix suave et envoûtante l'ange lui souffla d'aller réveiller son maître. Ce dernier ne dormait pas, il était tout simplement en train d'essayer de cacher sa grosse bedaine sous les luxueuses couvertures qui couvraient son lit. Tétanisé, il obéit lorsque Pandore lui demanda de revêtir ses vêtements d'apparat. Il fut un poil plus réticent lorsqu'elle lui demanda de se pendre, à son balcon de sorte à ce que tout le monde le voit... Mais après que la Faucheuse ait chatouillé sa nuque de sa lame, tout en lui promettant mille et une torture, il finit par s'exécuter, sanglotant et suppliant.
Alors que son riche cadavre se balançait au vent, la jeune femme en profita pour regarder la ville de Nen. Elle était très belle, même en pleine nuit. Mais tout comme les habitants de ce Royaume, cette beauté n'était qu'apparente puisqu'elle renfermait des êtres égoïstes, refusant de partager leurs immenses ressources... Mais ils ne pouvaient pas tous être comme ça, il devait forcément y avoir quelques diamantins capable d'aider les coeurois, non ? Elle fut brusquement tirée de ses pensées lorsqu'elle vit Rashek, étendu au sol, aux côtés d'un cadavre.

Elle dévala les marches quatre à quatre, traversa la salle des gardes en un coup de vent, sans même remarquer qu'ils avaient tous disparus, et se précipita vers son compagnon. Il n'était pas mort, mais il était bien mal en point... Il lui fallait de la paille et de quoi refermer sa blessure ! Les champs de blés ! Sans tergiverser plus longtemps, la jeune femme remonta l'allée principale, jusqu'au grandes portes de la ville. Elle ne mit pas longtemps à trouver le mécanisme d'ouverture, qui n'était absolument plus gardé et utilisa ses dernières forces pour entrouvrir la porte. Ce serait suffisant. Elle prit une torche et quitta l'abri des remparts, agitant les flammes au dessus de sa tête. Les coeurois réagirent aussitôt et quittèrent le bosquet en courant. Pandore ne perdit pas la moindre seconde, ramassa autant d'épis de blé qu'elle pouvait puis retourna dans Nen. Elle se jeta sur les rotules aux côtés de l'épouvantail agonisant et sans plus de ménagement elle lui fourra autant de blé que possible dans la bouche, tout en couvrant sa plaie béante, tant bien que mal avec sa grande cape noire. Les coeurois ne tardèrent pas à la rejoindre et elles coupa court à toutes félicitations :
Pandore : Y'a un médecin ? Filez moi de quoi suturer une plaie ou je vous égorge !
Soldat de Coeur : Euh tout de suite M'dame !
A peine eut-elle eu l'aiguille en main que Pandore se mit à recoudre très grossièrement la blessure, comme Dameon lui avait montré, avant d'enfourner à nouveau de grands épis de blé dans la gorge du pauvre Rashek. Alors enfin elle s'autorisa à souffler un peu. Le jeune homme devrait survivre maintenant qu'il était à nouveau "rempli".
Agito : Tous les gardes sont morts ?
Pandore : Presque oui. Et les autres sont trop terrifiés pour agir... Mais vous découvrirez que la ville est prise demain, au lever du jour. Quand les pauvres petits diamantins découvriront que les gardes de leur belle cité sont épinglés comme des insectes contre des portes ou des murs, quand il verront que leur cher gros lard de maire s'est pendu, ils comprendront que tous les bruits atroces qu'ils ont entendu cette nuit n'ont pas été de sombres cauchemars. Quand ils verront des coeurois arpenter leurs rues, quand ils verront qu'ils n'ont plus personne pour les protéger ils se prosterneront.
Et je deviendrais leur reine ! zehaha
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Message par Mam'Rik Ven 7 Fév - 2:22

Le rire de Pandore raisonna à nouveau dans la cité, sans qu'aucun autre son ne vienne perturber son écho. Agito ainsi que les soldats de Cœur ne purent que rester admiratifs devant l'efficacité dont avaient fait preuve les deux pirates. Ils purent également constater que la tâche n'avait pas été aisée, en convenait Rashek dont l'état était loin d'être optimal. Néanmoins, ils l'avaient fait, ils étaient rentrés à l'intérieur de Nen ! Et à en croire les paroles de la Faucheuse, la ville ne poserait plus beaucoup de résistance.
Une fois que Rashek se senti un peu mieux, celle qui s'était improvisée chef de la petite bande indiqua l'énorme tour qui semblait trôner sur la ville et déclara que c'était là qu'ils devaient se rendre. Le groupe, diminué de quelques soldats qui garderaient la porte de la ville, s'élança donc en direction de la tour.

Sur le chemin, dans la nuit noire, le groupe pu sentir plusieurs regards se poser sur eux. Ils étaient en territoire ennemi, et bien qu'aucune lumière n'ait été allumée en cette nuit, tous savaient qu'ils étaient le centre d'attention. Les hommes de Cœur n'étaient pas dupe, le silence et la noirceur n'étaient qu'une illusion, tous dans la ville de Nen s'étaient éveillés pour observer leur passage. Et parfois, en levant les yeux vers une fenêtre, on pouvait apercevoir l’œil d'un habitant curieux, qui tentait d'identifier ceux qui étaient venus s'emparer de son foyer. Mais aucun n'osa sortir, préférant laisser le groupe se déplacer dans le silence, à la manière d'une marche funèbre.  

Lorsqu'ils furent assez proches de la tour, Agito pu remarquer le corps qui pendait quasiment à son sommet. Et gêné par le silence qui s'était instauré, il se fit un plaisir de sauter sur l'occasion pour engager une discussion.

Agito : Qui est-ce ?
Pandore : L'incarnation de notre victoire, le maire de la ville.
Agito : Et que lui est-il arrivé ?
Pandore : Il a trébuché sur une corde qui se trouvait là par hasard et dans sa tentative de s'en défaire a glissé par dessus le balcon, faisant de lui le pendu le plus infortuné que j'ai jamais connu.
Agito : Sérieusement ?!
Pandore : Bien sûr que non pas sérieusement, il s'est suicidé.

Malheureusement la conversation s'était avérée moins joyeuse qu'il ne l'avait espéré. En même temps il aurait dû s'y attendre, qu'espérait-il à engager une conversation dont le thème serait un corps flottant au bout d'une corde. Qui plus est avec comme interlocutrice l'une des pirates les plus sanguinaires à qui il n'ait jamais adressé la parole. Désespéré par sa propre bêtise il accéléra la cadence, espérant mettre fin à son calvaire plus rapidement et rapidement retrouver les autres membres de son équipage. Et il fut rapidement imité par le reste des soldats Cœurois dont les motivations allaient de l'impatience à l'envie de retrouver leurs foyers. Un peu en retrait aux côtés de Pandore, Rashek, qui était ce soir une véritable source de surprise, reprit la conversation là où elle en était.

Rashek : Tu lui a menti, il ne s'est pas suicidé n'est ce pas ?
Pandore : Je n'ai pas menti, le maire s'est bien suicidé, j'ai juste omis de préciser que j'avais mit un peu plus de pression sur ses épaules que je n'ai pu en mettre sur le reste des habitants de cette ville.
Rashek : Il aurait pu être favorable à la cause du royaume de Cœur, ce n'était pas un soldat après tout.
Pandore : Même si cela avait été le cas, il aurait fini par être un obstacle. Il aurait représenté un espoir pour tous les habitants de cette ville, un visage derrière lequel se ranger, un leader. Sans lui il sera beaucoup plus aisé de prendre le contrôle de cette ville, de placer un nouveau chef à sa tête.
Rashek : Ce n'est pas quelque chose que tu ébruiteras je suppose.
Pandore : Ni les Cœurois ni les Diamantins ne peuvent savoir. Je ne suis pas sûre que les premiers auraient été capable d'exécuter cet homme comme je l'ai fait. Quand aux seconds, apprendre que la mort de leur chef est de mon fait ne ferait que leur donner une raison de se rebeller. Ils sont bien mieux à penser qu'il s'est suicidé, qu'il a perdu espoir, voilà les sentiments qui nous garantiront un peuple docile. Au moins jusqu'à l'arrivée des troupes du Général Sanghyn.

Elle marqua une courte pause alors qu'ils continuaient de progresser en direction de cette tour, et reprit un peu plus tard.

Pandore : Nous sommes des pirates, et nous n'avons aucune raison qui nous pousserait à agir avec la noblesse dont peuvent faire preuve ces soldats de Cœur. Lorsque nous désirons quelque chose, nous le prenons.
Rashek : Ainsi soit-il, Pirate.

Ils continuèrent ainsi leur trajet jusqu'à atteindre la tour centrale de la ville, leur objectif. Tous passèrent à côté de la caserne désertée pour atteindre les escaliers et commencer l'ascension du bâtiment. Lorsqu'ils parvinrent à son sommet ils s'installèrent à une table rectangulaire, d'un bois magnifique que l'on aurait jamais pu espérer trouver sur les terres du Royaume de Cœur. Une fois installés il ne fallut pas beaucoup de temps pour que l'un d'eux pose la question fatidique : comment allaient-ils faire pour tenir la ville de Nen en attendant l'arrivée de l'armée de Cœur ? Bien entendu, lorsque cette question fut posée tous se tournèrent vers Pandore qui semblait toujours agir avec une idée bien précise en tête.

Pandore : Il n'y a plus rien à faire. Ces gens ont peur, sont effrayés pour leurs vies. Ils doivent espérer l'arrivée de leur armée pour les défendre, en tout cas ils ne sortiront pas pour tenter de se défendre eux même, je peux vous l'assurer. Certains pourraient tenter de s'enfuir mais la seule porte de la ville est gardée. Et la hauteur des remparts les dissuadera assurément de tenter le grand saut.
Soldat de Cœur : Vous êtes en train de nous dire que la ville est prise, là, comme ça ?
Pandore : C'est exactement cela.

Les soldats présents n'en crurent pas leurs oreilles. Leur périple avait été long et non pas sans embuche, les Étoiles Rouges les avaient privés de plusieurs des leurs et le trajet avait été extrêmement fatiguant, mais tout de même. Avec leur petit groupe, ils s'étaient emparés d'une ville, et cela sans même avoir à combattre. Et cette femme le leur annonçait comme si c'était tout ce qu'il y avait de plus naturel. A ce moment là, ils ne surent s'ils devaient éprouver de l'admiration pour celle qui les avait guidés jusque là, ou de la crainte pour celle qui s'était en une nuit emparée d'une ville. Pandore, qui ne manqua pas de s'amuser de la situation de ces soldats, savait cependant qu'il leur restait une dernière chose à faire. Elle se tourna alors vers Agito qui s'endormait quasiment sur la table et le réveilla avec une douceur imprévue.

Pandore : Gamin, il te reste une dernière mission à accomplir avant de pouvoir trouver le sommeil. Suis moi.

Sans un mot, l'enfant se leva et prit la suite de la pirate. Celle-ci se dirigea vers le balcon auquel était pendu le maire et emprunta un escalier qui donnait directement sur la toiture de la tour. Agito la suivit sans broncher, sachant très bien ce que la pirate attendait de lui.

Pandore : Tu sais ce qu'il nous reste à faire n'est ce pas Agito.
Agito : Donner le signal.
Pandore : Vas-y, embrase le ciel.

Sans un mot encore une fois, Agito commença à se concentrer. Subissant le contre-coup d'avoir utilisé ses capacités à plein régime dans les Étroits de Cœur, le jeune marine eut beaucoup de mal à réutiliser son fruit du démon, et il lui fallut bien cinq minutes pour réussir à faire ce qui habituellement ne lui prenait que quelques secondes : frictionner l'air afin de créer une flamme. Une fois cette flamme créée, il la manipula, manipula l'air autours d'elle pour la protéger, la faire grandir. Et au bout d'une heure de travail, lorsqu'elle eut atteint une taille suffisamment importante, il l'envoya illuminer le ciel. Lorsqu'elle fut arrivée suffisamment haut elle sembla exploser, illuminant ainsi Nen dans sa quasi totalité.

Pandore : Il ne reste plus qu'à espérer qu'ils l'aient vu.

La pirate se tourna alors vers Agito, mais celui-ci s'était à nouveau endormi, ou plutôt évanouie. Une pluie fine s'abattit alors sur la ville du Royaume de Diamant. Pandore prit donc le jeune marine sur son épaule et le ramena avec elle sous le couvert du toit de la tour. Maintenant il ne leur restait plus qu'à attendre et espérer. Espérer que l'armée de Cœur n'ait pas déjà été vaincue, espérer que cette même armée ait perçu le signal qui lui avait été envoyé, espérer qu'à ce moment même ils se dirigeaient déjà à toute allure vers la ville.

Sans savoir si les choses se passeraient selon leurs plans, Pandore décida qu'il était temps de prendre du repos. Tant que la nuit les couvrait encore de son voile noir, il était sûr qu'aucun habitant de Diamant ne tenterait quoi que ce soit. Il fallait profiter de ce temps de répit pour ce reposer, car après tout, même si Shigeru et les hommes qui l'accompagnaient avaient perçu le signal envoyé par Agito, rien ne disait qu'il couvrirait la distance qui les séparait rapidement. Et c'est dans ce laps de temps que les forces du petit groupe d'assaut dirigé par Pandore seraient le plus sollicitées. Ils dormirent donc aussi longtemps qu'ils le purent et récupérèrent enfin de leur trajet mouvementé, et ce jusqu'à ce que le lendemain, aux premières lueurs du jour, un des soldats de
Cœur qui avait été posté à la porte de la ville de Nen ne vienne les réveiller, essouflé.

Soldat de Cœur : Vite ! Ils sont là !

Pandore qui avait dormi assise sur une chaise fut la première à répondre à cette information, ne comprenant pas la hâte avec laquelle ce soldat était venu délivrer son message.

Pandore : Les troupes du Général Sanghyn sont déjà arrivés ?
Soldat de Cœur : Non, leurs étendards... Ce sont des hommes de Diamant, l'armée de Quarth ! A en juger par leur allure ils seront là dans une trentaine de minutes à peine !
Rashek : Ils ont été plus rapide que prévu.
Pandore : Moi qui espérais que la prise de cette ville se passe sans accroc... Je suppose que nous allons devoir mettre nos nouveaux sujets à contribution.

Elle se tourna alors à nouveau vers le soldat essoufflé qui se tenait en face d'elle.

Pandore : Réveilles tous les hommes qui sont restés se reposer avec nous dans la tour. Ensemble allez récupérer quelques habitants de cette belle petite ville. Lorsque ce sera fait, rejoignez nous sur les remparts, aux portes de la ville. Vous avez trente minutes, ramenez en autant que possible !

Le soldat ne prit même pas la peine de répondre par l'affirmative aux ordres de Pandore, il savait que chaque seconde serait précieuse à partir de ce moment là. Ils n'étaient qu'une vingtaine, et ils devraient défendre la ville de Nen d'une armée de plusieurs centaines d'hommes. Une tâche pour le moins compliquée. Il parti donc au pas de course à la recherche de ses camarades.
Pandore non plus ne perdit pas de temps, d'un léger coup de pied dans le ventre elle réveilla Agito. Elle voulu également réveiller Rashek mais celui-ci semblait l'avoir devancée et s'était levé de lui même. Ensemble, ils partirent donc en direction des remparts de la ville, prêts à découvrir l'armée qui venait maintenant s'en prendre à leur nouvelle propriété.

Ils traversèrent la ville et Pandore en profita pour expliquer à ses deux compagnons du moment quelle était la situation. A vrai dire cela était plutôt simple. Ils devaient gagner du temps, de n'importe laquelle des manières, et cela jusqu'à ce que Sanghyn et son armée arrivent. S'ils ne parvenaient pas à faire cela, alors ils connaitraient tous une mort tragique, empalés par les lances des Diamantins.
Une fois à la porte de la ville, le groupe de trois emprunta les escaliers afin d'accéder aux remparts de la ville. Ils passèrent devant les quelques soldats Cœurois qui avaient été missionnés pour garder la porte de la ville et dont les visages trahissait une peur sans nom. Une fois en haut, Pandore décida de grimper sur les créneaux des remparts, se donnant une vue imprenable sur le paysage entourant la ville de Nen. Par imitation, Rashek et Agito firent de même. Et là, les trois purent observer l'immense armée de Nen qui se dirigeait vers eux. Et ils étaient nombreux. Leur armée s'allongeait de manière ordonnée sur les champs de blé qui entouraient la ville de Nen. Pandore, qui se tenait au centre du trio, perchée sur son créneau, ne pu alors s'empêcher de rire.

Rashek : Qu'est ce qui t'amuse ?
Pandore : Cette situation... Elle m'est tellement familière. Nous, pirates, encerclés par des multitudes de marines. A croire que l'on ne peut échapper à son destin.
Agito : Excuse moi de briser ton petit moment nostalgie, vieillarde, mais on fait quoi maintenant qu'on les a vu ?

Pandore, bien trop amusée par la situation pour répondre à l'avorton qui venait de l'insulter, fit mine de ne pas avoir entendu son injure et se contenta de répondre à sa question.

Pandore : Maintenant ? On les attend bien sûr.

Et pour marquer ses mots, la pirate s'assit calmement sur son créneau, rapidement imitée par Rashek et Agito. Aucun d'eux ne tenta de reprendre la pirate, de lui dire que ses actions étaient insensées. L'un avait confiance en elle, l'autre était trop inconscient pour craindre la situation. Ils restèrent donc tous les trois assis, chacun sur son créneau, à observer l'armée de Diamant avancer vers eux, sous le regard effaré des soldats de Cœur paniqués.

Ils restèrent ainsi, assis sans bruit durant trente minutes. Seule exception venant combler ce vide, le bruit de la marche de l'armée Diamantaine qui se rapprochait de minute en minute. Et finalement, ils atteignirent les portes de la ville. Formant un bloc unis et solide, l'un d'eux fit un pas en avant. Son armure était imposante et bien qu'elle ait été en très bon état on devinait que cet homme avait une certaine expérience sur les champs de bataille. De sa main droite il tenait l'étendard de Diamant dont la voile flottait au vent, et à sa gauche était attachée son épée. Pandore lui accorda le même regard qu'aux autres, un regard hautain, méprisant, lui faisant bien comprendre que pour elle il n'était rien. Faisait fi de cela, l'homme prit la parole, faisant raisonner ses mots à travers la plaine qui entourait Nen.

Quarth : Je suppose que vous êtes vous aussi de ceux que l'on nomme les "Héros de Cœur".
Pandore : Je suppose que tu as déjà eu le plaisir de rencontrer quelques uns de nos coéquipiers.

A ce moment, Pandore tenta de camoufler sa surprise, et elle réussi sa mission plutôt bien. Les mètres de hauteur qui la séparait de Quarth étaient à son avantage, car sans eux il ne fait aucun doute que le général Diamantin aurait perçu la surprise qui avait marquée le visage de la pirate durant une courte seconde. Surprise justifiée. Quarth venait clairement de lui annoncer qu'il avait rencontré Méridia, Shigeru, Lily, Sanghyn et l'armée qui les accompagnait. Et pourtant s'était lui qui se présentait à cet instant à leur porte. Cela pouvait signifier énormément de choses, mais la pirate ne pu s'empêcher d'imaginer le pire. Peut être leur armée avait elle été décimée, elle devait s'en assurer.

Quarth de son côté avait noté un élément extrêmement important dans la réponse de Pandore. Elle "supposait". Cela sous entendait qu'elle n'avait pas communiqué avec l'armée du général Sanghyn depuis qu'ils s'étaient affrontés. Peut être pourrait il alors lui faire croire qu'il avait vaincu cette armée, et qu'il était donc dans le plus grand intérêt de la Faucheuse de se rendre.

Quarth : Je peux même te dire que cette rencontre m'aura été plus favorable à moi qu'à eux.

Pandore fut légèrement décontenancé par cette remarque, qui sous entendait clairement que Quarth avait remporté la victoire sur l'armée du général Sanghyn. Elle hésita alors quand à la réponse qu'elle devait formuler, mais le retour des Cœurois à qui elle avait octroyé une mission quelques minutes plus tôt précisa ses pensées. Elle se retourna rapidement, le temps de vérifier que tout avait été fait selon ses désirs, puis se leva, toujours sur le créneau qui lui servait de piédestal, et porta à nouveau le regard vers Quarth. Cette fois-ci, son sourire narquois était de retour, elle était en confiance.

Pandore : Et je peux te dire que me rencontrer n'augurera rien de bon pour toi, Diamantin. Rentre chez toi, cette ville est mienne.
Quarth : Moi qui espérais régler cela de manière diplomatique. Je ne sais pas à quoi tu attribues cette confiance que tu arbores, mais je peux t'assurer que tu te voile la face.

Il mit alors en avant l'étendard qu'il tenait de sa main gauche.

Quarth : Sais-tu ce que représente cet étendard ? Il représente le royaume souverain de cette île, un royaume tout entier, des hommes par milliers. A vous trois vous comptez vous opposer à un royaume ? C'est ridicule, abandonnez.
Pandore : Qui a dit que nous étions trois ?

L'incompréhension marqua alors le visage du général Quarth,

Pandore :Vous vous méprenez général, nous sommes légions.

Sur ces mots, quelques-uns des citoyens de la ville de Nen, qui avaient été soigneusement sélectionnés par les soldats de Cœur, s'avancèrent jusqu'à ce que chacun des créneau du rempart soit rempli. Eux même n'avaient aucune idée de la raison de leur présence sur ces murs, plongés dans la peur ils obéissaient docilement aux ordres de leurs ravisseurs. Il y en avait de toutes sortes : des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées...

Quarth :Que signifie tout ceci ?!
Pandore : Tu l'as dit toi même, il n'y a aucune armée derrière ces murs. Ni armée de Cœur, ni armée de Diamant. Personne pour protéger ces pauvres êtres sans défense. J'ai donc décidé d'en faire mon armée. Chacun de ces hommes se trouvant sur ces remparts est à présent une arme. Pour chaque Diamantin qui osera faire un pas en avant vers les portes de la ville, l'un d'eux tombera dans le vide. Maintenant le choix te revient, homme de Diamant. Tu peux très bien lancer l'assaut, et il y a de très grandes chances que ton armée outrepasse les portes de la ville en moins d'une quinzaine de minutes. Mais je m'assurerais personnellement que ce que tu récupèreras ne soit qu'une ville vide de ses habitants. La question que tu dois maintenant te poser est la suivante : combien d'innocent penses-tu que je puisse tuer en l'espace de quinze minutes ?

Quarth n'en revenait pas. Il était un tueur, le nombre de ses victimes ne se comptait plus et il était loin de ce que l'on pouvait appeler un enfant de cœur. Mais la femme qui se trouvait devant lui dépassait l'imaginable. Elle parlait de la mort de personnes innocentes, dont certaines n'avaient même pas vécu l'aube de leur existence. Son coude posé sur son genoux, sa tête appuyée contre la paume de sa main, elle en parlait avec une nonchalance incroyable, comme si tout ceci n'était qu'un jeu pour elle.
S'il n'en avait été que de son ressort, l'homme aurait sûrement lancé l'assaut. La mort de tous ces civils ne serait qu'un mince prix à payer s'il s'agissait de faire payer son audace à cette meurtrière qui se trouvait en face de lui. Mais il avait des obligations envers le royaume de Diamant, il ne pouvait se permettre d'agir à titre personnel. Et il était évident que la perte de tous ces civils ne pourrait être tolérée. Surtout que, lui le savait, l'armée de Coeur était sur ses pas. Si une offensive était lancée maintenant il était certain que les pertes seraient immenses. Le risque était trop grand.

Quarth : Qu'attends tu donc de moi, que je te laisse ces otages sans tenter de faire quoi que ce soit pour remédier à ce problème ?
Pandore : Si je ne me trompe pas, l'armée de Cœur ne devrait être sur tes pas. Lorsqu'ils arriveront, tu les laissera pénétrer en ville, et en échange je laisserais chacun de ses habitants en sortir. Pas de combat, pas d'effusion de sang, un échange en somme.

Le Valet de Pic fut obligé d'admirer le talent de cette personne. Elle n'avait pour atout que des remparts et un nombre plutôt conséquent d'otages, et pourtant elle avait réussi à tenir cette ville face à toute une armée. Il n'osa même pas demander par quel procédé elle avait pu prendre possession de cette ville. Et encore plus impressionnant, elle avait pu garantir la fin des combats. En lui proposant de faire sortir tous les habitants de Nen, elle s'était assuré que les soldats de Diamant ne puissent lancer l'assaut. Un sourire marqua alors son visage, des adversaires intéressants étaient venus le défier. Et il perdait peut être cette bataille, mais la guerre n'était pas prête de s'achever.

Quarth : Quel est ton nom, Héroïne de Cœur ?
Pandore : Pandore.
Quarth : Mon nom est Quarth, et je peux t'assurer que nous nous reverrons.

L'homme toisa rapidement Pandore, et les deux Héros de Cœur qui se trouvaient à ses côtés, puis s'en retourna sans un mot de plus vers l'armée qui se trouvait dans son dos.

Pandore : Je suppose que nous avons un deal.

A son tour, la pirate descendit de son piédestal, suivie par ses deux compagnons. Les soldats de Cœur la regardaient tous, ressentant exactement le même sentiment que celui qu'ils avaient éprouvé la veille, lorsque celle-ci leur avait annoncé que la ville était prise. Peur, admiration, un subtil mélange des deux. En passant à côté d'eux, elle lâcha ses derniers ordres.

Pandore : Maintenez nos otages sur leurs créneaux respectifs et attendez jusqu'à ce que Sanghyn et ses hommes arrivent. Lorsqu'ils seront là prévenez moi.

Elle s'éloigna alors et se laissa tomber contre l'un des murs de rempart de la cité afin de reprendre son souffle. Ces négociations avaient été éprouvantes et à plusieurs moments la pirate s'était demandé si elle était réellement en position de parlementer. Mais finalement son audace avait payé. Elle ne pouvait attendre de faire le récit de ses exploits à son Capitaine. Capturer une ville un soir, la défendre seule contre une armée le lendemain, il pleurerait en découvrant ce qu'il avait raté. Agito qui l'avait suivi de prêt se mit alors à la questionner.

Agito : Tu les aurait vraiment tués, toutes ces personnes ?
Pandore : Cela va de soi.
Agito : Mais, ce sont des innocents.
Pandore : Si je dois mourir, alors je mourrais baigné du sang de mes adversaires, ou à défaut du sang de ceux qu'ils essaient de protéger. Une mort écarlate, il ne peut en être autrement.


La marine marqua alors un léger temps de pause, puis s'assit à son tour à côté de Pandore.

Agito : Dommage, je commençais presque à t'apprécier...

Rashek observa la scène sans dire un mot, comme à son habitude. Et cette fois-ci, même Pandore préféra rester sans voix. Tous savaient que leur périple arrivait à sa fin, et malgré eux ils redeviendraient bientôt officiellement ennemis. Alors tous profitaient en silence de ces derniers instants où marines et pirates pouvaient se tenir côte à côte sans tenter de s'entretuer.
Aucun d'eux ne su combien dura cet instant qui sembla comme coupé du flot du temps. Tout ce qu'ils surent fut qu'à un moment donné, après que le vent ait été leur seul locuteur, un soldat de Cœur vint le remplacer. Le même qui était venu leur annoncer un peu plus tôt l'arrivée de l'armée de Quarth. Cette fois-ci, il était porteur de nouvelles bien plus joyeuses. Enfin, à l'horizon, l'armée de Cœur apparaissait. Tous, et Agito le premier, se ruèrent alors en direction des créneaux pour observer leur approche. Montés sur leurs Ésis il ne leur fallut que quelques minutes pour atteindre le pied des remparts de la ville de Nen. Shigeru dû bien entendu envoyer un messager auprès des hommes de Quarth pour que celui-ci s'enquière de la situation. Et la nouvelle qui lui parvenu en retour eu le mérite de le satisfaire au plus haut point. Il n'avait plus à livrer de combat, grâce à Pandore il pouvait maintenant pénétrer dans la ville de Nen sans se soucier de quoi que ce soit d'autre.

Sans plus de cérémonie, l'armée de Diamant dégagea la voix, laissant passer en son milieu les soldats de Cœur. Malgré cette soi disant trêve Shigeru ne pu se sentir rassuré avant d'avoir franchi les portes de la ville de Nen. Et alors que lui et l'armée qui le suivait entraient, les habitants de Nen sortaient, ordonnés en file indienne. Le processus dura ainsi plusieurs minutes, jusqu'à ce que tous les soldats de Cœur aient été à l'abri à l'intérieur des remparts de Nen, et que chacun des anciens habitants de la ville ait été sorti. Une fois cela fait, les lourdes portes de la ville furent refermés et barricadés.

Tandis que les soldats de Cœur prenaient possession des lieux, les membres des équipages pirates et marines purent vivre leurs retrouvailles. Agito fut plus qu'heureux de retrouver sa partenaire de jeu en la personne de Lily. Et Shigeru sembla surprit de constater que celui-ci était toujours en vie. Méridia de son côté exprima une joie non dissimulée à la vue de ses deux camarades, et s'empressa d'aller raconter ses exploits à Pandore. Rashek, lui, de son côté, se contenta d'observer la scène, tout de même rassurer de voir sa camarade revenir saine et sauve. Après quelques minutes, la frénésie des retrouvailles perdit en intensité et Rashek, qui était sûrement celui qui avait le plus la tête sur les épaules à ce moment donné posa une question qui interpella tout le monde.

Rashek : Le Général Sanghyn n'est pas avec vous ?

Un froid s'installa, un froid qui allait de paire avec les visages sombres de Lily, Shigeru et même Méridia. Et pour confirmer ce que ce froid avait supposé, Shigeru répondit à l'immortel.

Shigeru : Sanghyn a perdu la vie au combat, il est mort l'épée en main. Et c'est sa mort qui aura garanti notre survie à tous, mais je suppose que nous avons beaucoup de choses à nous dire.
Pandore : En effet. Suivez moi, il est temps que nous rattrapions le temps perdu.

Rapidement, Pandore guida le groupe de six personnes jusqu'à la tour centrale de l'île. Ensemble, ils grimpèrent les mêmes escaliers pour se retrouver dans la même pièce que la veille. Ensemble ils s'attablèrent à la magnifique table en bois qui était disposée au centre de la pièce et commencèrent à mutuellement se raconter leurs voyages respectifs. Tout y passa. La découverte de Lungkdaore et ses prodigieux gardiens, la victoire de l'armée de Sanghyn, la rencontre des Étoiles Rouges, la mort du Général, la prise de la ville de Nen et pour finir les négociations...
Au cours de ce récit les différents narrateurs se surprirent à constater que leur plan avait marché. Envoyer une armée en terre Diamantine pour appâter les soldats de Nen. Utiliser un groupe restreint pour prendre possession de la ville. Puis utiliser cette même ville comme point de repli pour l'armée de Cœur. C'était un exploit, tous en étaient conscient.

Méridia : Et maintenant, on fait quoi ? On va encore partir en guerre ?
Pandore : Pour l'instant notre rôle s'arrête là, notre plan n'allait pas plus loin, et c'est déjà une chance que nous ayons pu nous emparer de la ville de Nen.
Shigeru : Maintenant il ne nous reste plus qu'à attendre leur retour.
Rashek : Si tant est qu'ils ne se sont pas déjà entretués...

Et à des kilomètres de là, illuminés par les rayons du soleil levant, deux hommes couverts de capuches noires comme la nuit débarquaient d'une barque de fortune. Derrière eux, de l'eau à perte de vue. Et en face d'eux, les remparts d'une ville. Alors qu'ils marchaient en direction de celle-ci, un oiseau vint se poser sur l'épaule de l'un d'eux. A son croassement, il fut évident qu'il s'agissait d'un corbeau.

Dameon : Il semblerait que nos camarades aient réussi à s'emparer de la ville de Nen.
Riku : Nous sommes donc les derniers à avoir une mission à accomplir.
Dameon : Comme ils disent, le meilleur pour la fin.

Les deux hommes levèrent alors leurs yeux vers les remparts qui se dressaient à quelques kilomètres à peine devant eux.

Riku : Faisons honneur à cet adage. Diamen nous voilà.
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Message par Unholyscream Mer 12 Fév - 1:24

Dameon

Alors que nous nous tenions au coeur d'une plaine, illuminée par la lumière rose de l'aube, nous nous arrêtâmes un instant pour contempler la cité qui nous attendait. Diamen ne ressemblait en rien à Hartcore, tout comme elle était bien différente de tous les villages que nous avions vu lors de notre périple dans les contrées du Royaume de Diamant. Les murailles entourant la capitale ne semblait pas très hautes, cinq ou six mètres tout au plus à vue de nez. Ce qui frappait réellement c'était plutôt la blancheur immaculée des remparts. Ces derniers étaient tous surmontés d'un toit aux tuiles bleu nuit, sous lequel on pouvait voir de petites silhouettes patrouiller. La ville en elle même semblait sublime. Si on ne voyait que les toits (le plus souvent bleus, noirs et verts) des milliers de maisons diamantines, de grandes tours pointues sortaient du sol comme des flèches, ici et là. Hautes de plus de vingt mètres, elles semblaient rayonner avec leurs murs blancs éclatant, contrastant merveilleusement bien avec des vitraux aux couleurs vives. Nous étions trop loin pour admirer les scènes peintes dessus, mais il me tardait de les découvrir. Les tours en questions étaient si richement décorées, si impressionnantes, qu'il semblait évident qu'elles étaient la demeure des notables de la capitale. Mais mêmes ces perles architecturales ne pouvaient rivaliser avec le gigantesque manoir royal. Des dizaines de flèches aux toits bleutés crevaient le ciel, avec à leur sommet le drapeau représentant le fameux coeur couronné. Les fenêtres étaient gigantesques, les statues si grosses que l'on pouvait les distinguer d'ici.

Riku : Tout comme ces gens, tout comme ce royaume, Diamen est vraiment sublime en apparence...
Dameon : Nous verrons bien si elle aussi est pourrie de l'intérieur.

Alors nos jambes nous portaient sur les quelques kilomètres qui restait, je me laissai aller à repenser à notre périple. Quittant la capitale des Coeurois un peu avant les autres, nous avions chevauchés vers l'est comme si le diable lui même était à nos trousses, sans prendre attention aux prédateurs qui nous tendirent embuscade sur embuscade. Les bonds de nos Ésis étaient si prodigieux que nous avions l'impression de voler, ni plus ni moins. Nous ne nous autorisâmes une pause qu'à l'entrée des Monts d'Obsidienne. Alors que nos montures galopaient vers leur demeure occidentale, nous entamions l’ascension de ces géants noirs et glissants. Je crus que j'allais perdre mes bras une bonne centaine de fois, à cause de toutes ces crevasses et ces pointes acérées... Mais telle épreuve était nécessaire. Sous le couvert de la nuit, je grimpai, Riku sur les talons. Nos membres furent bientôt couverts de notre propre sang et la faiblesse fut la seule qui parvint à nous contraindre à une halte. Plus jamais je ne retournerais dans une caverne de ces foutues montagnes... Elles étaient infestées de créatures noires, aux carapaces aussi dures que l'aciers et aux mâchoires puissantes. Mais bon, leurs yeux jaunes nous procurèrent une agréable lueur (pour une ambiance cosy), et leur chair étaient un véritable régal. Alors que Malphas éradiquait les sentinelles diamantines postées au sommet des pics, il était temps pour nous de redescendre.
Mais lorsque nous retrouvâmes enfin la terre ferme, nous étions du côté de l'ennemi. Des plaines verdoyantes à perte de vue, c'était tout ce qui nous attendait. Au loin on pouvait apercevoir les silhouettes de petits villages, mais nous préférâmes ne pas nous y rendre par mesure de sécurité. Il y avait très peu de chance que nos visages soient connus ici mais il ne fallait prendre aucun risque. Nous fûmes tout de même contraints de passer par Alen, une grande ville construite en bois principalement, engoncée entre deux grands lacs. C'est là-bas que je troquais ma grande robe noire pour des vêtements de voyage tout à fait classique, mais tout à fait moche et inconfortable surtout !  
Et puis c'est à partir de ce moment que Riku commença à sérieusement me taper sur le système. Mais je sus faire preuve de noblesse d'âme et je me refusa à le tuer sur le champ. Après Alen, nous arrivâmes devant la mer. Enfin, un lac si grand que l'on aurait dit qu'il s'agissait d'un océan intérieur. Et c'est à bord d'une barque volée empruntée que nous le traversâmes. C'était tellement long que j'avais sérieusement envisagé de manger ce cher Riku, mais au moment même où je m’apprêtais à lui prélever un steak, il parvint à attraper quelques poissons dans les filets (que nous avions également empruntés). Ce fut donc sashimis au menu jusqu'à ce qu'au retour sur le plancher des vaches. Nous tuâmes sur le champ le premier animal qui se présenta à nous, à savoir un petit écureuil. Mais bon comme il n'y avait pas assez de viande, nous décidâmes de nous rabattre sur notre seconde proie, une délicieuse biche à la chair tendre et savoureuse...
Et c'est après cet éprouvant voyage que nous nous retrouvâmes devant les murailles blanches de Diamen.

Le soleil venait tout juste de se lever mais déjà l'on pouvait entendre la vie s'éveiller tout autour de nous. Tous les fermiers qui cultivaient leurs terres en dehors de la ville s'étaient rassemblées devant la gigantesque herse noire qui protégeaient les énormes portes de la tentaculaire cité. Je me mêlais aussi tôt à la foule, suivi de Riku. Nous fîmes alors mine d'être plongé dans une conversation passionnante sur la meilleure façon de cultiver des carottes et des navets jusqu'à ce que la grille se soulève enfin, et que les battants s'écartent. Mais bon je préférai me taire en voyant que l'inculte marine n'était même pas fichu de savoir que les tomates étaient des fruits et non des légumes. C'est donc au milieu d'un brouhaha que nous entrâmes dans la majestueuse ville de Diamen.

Tout était beau, tout était propre, tout était blanc. Les pavés des rues n'étaient pas jonchés de détritus comme c'était si courant dans les grandes villes. Malgré l'heure vraiment matinale, la ville était déjà bien réveillée, et l'on entendait des gens parler, des enfants jouer et des couples se disputer partout autour. Riku et moi quittâmes rapidement le groupe des paysans qui venaient vendre le fruit de leurs récoltes et nous engouffrâmes dans une rue au hasard. Comme toutes les autres, elle était très bien entretenue, mais surtout elle était déserte. Une enseigne indiquait qu'un bar se trouvait quelques mètres plus loin.

Riku : Bon. Je vais chercher des informations sur... Bref, on se retrouve ce soir dans cette taverne. Ah, et je fais le serment de t'arrêter sur le champ si tu commets le moindre crime inutile. Même si nous sommes alliés pour cette fois, nous resterons toujours ennemis.
Dameon : Haha alors le grand marine Riku Esperanti admet que certains crimes sont utiles ?
Riku : .... Je suis sérieux.
Dameon : Oh mais moi aussi. De toute manière t'es pas en mesure de m'arrêter. Hahaha.
Riku : Alors je te tuerais.
Dameon : Tu sais bien que tu y perdrais la vie, mon ami...

Sur ce je n'attendis pas sa réponse et tournai les talons en ricanant. Je l'entendais fulminer dans mon dos. Cela me fis sourire. Je m'engouffrai alors dans une ruelle qui se trouvait à ma droite, disparaissant du champ de vision du marine. Pas de crime ? Ce séjour à Diamen s'annonçait ennuyant... Mais toujours est-il qu'il valait mieux ne pas se faire remarquer. Si l'île était affiliée au gouvernement mondial, il était possible que certains habitants soient au courant poue ma prime. De plus, il était plausible que des survivants de la bataille à laquelle j'avais participé aient mon visage gravé dans leur mémoire. Je continuai à déambuler distraitement entre les grandes maisons, regardant et entendant la ville se réveiller une bonne fois pour toute. Mes pas me menèrent jusqu'à un quartier où tout était plus grand, et encore plus beau - et blanc. Ici de grands arbres aux feuilles émeraude tirant sur le saphir avaient été plantés, à intervalle régulier. Dans cette partie de la ville, il n'était plus question de maisons, mais de véritable manoirs et autres châteaux miniatures. Un quartier noble hein... Je poussai un soupir en constatant que j'étais épié de toute part à cause de ma tenue tout sauf riche et belle. Je savais bien que j'attirais trop l'attention.
C'est en revenant sur mes pas que je surpris une conversation entre deux hommes, conversation des plus intéressantes. Les deux nobles avaient parlé d'un bal qui était organisé par le roi en personne, qui devait se tenir le soir même. Lorsqu'ils captèrent ma présence, les deux hommes me jetèrent un regard méprisant, empli de dégoût et s'éloignèrent en baissant la voix. Il était évident que les nobles considéraient les pauvres comme des êtres inférieurs, comme dans toute bonne société qui se respecte. Le problème était que j'avais besoin d'informations, que seuls des nobles seraient susceptibles de me fournir. Un sourire carnassier étira mes lèvres et je disparus dans l'obscurité d'un étroit coupe-gorge, situé entre les murs d'enceinte immaculés de deux manoirs.

Riku

Cet insupportable pirate.
En cet instant Riku n'avait qu'une seule envie : l'étrangler. Qui plus est, il avait passé une affreuse journée à déambuler dans cette belle ville qui cachait une société basée sur la soumission des faibles et des pauvres. Cela le faisait grincer des dents, comme à chaque fois qu'il voyait l'injustice omniprésente. Le Royaume de Coeur était tellement plus beau, malgré les apparences. D'un geste agacé, le jeune marine poussa la porte de la taverne du Lion Blanc et alla directement s'asseoir au bar, sans regarder autour de lui. Ce ne fut qu'après avoir eu son verre de liqueur en main qu'il s'autorisa enfin à jeter un coup d'oeil à l'établissement. L'endroit était propre et assez calme, ce qui pouvait paraître étrange au vu de l'heure plutôt avancée. La nuit était tombée sur Diamen et la plupart des habitants étaient rentrés chez eux... Riku commençait à se demander si un couvre-feu n'avait pas été instauré. Non cela ne pouvait pas être possible puisqu'il y avait tout de même une petite dizaine de personne dans la taverne. Mais bon un tel silence c'était quand même bizarre. Les gens jouaient aux cartes tranquillement, buvaient sans mot dire et dormaient sans ronfler. Soudain, une cloche sonna vingt heures et la vie explosa.
Comme si tout le monde s'était contenu jusqu'à maintenant, des rires bruyants fusèrent, des éclats de voix résonnèrent et des chants s'élevèrent. Incrédules, Riku regardait la foule qui entrait désormais dans la taverne. Un homme qui était assis à côté du marine vit tout de suite que son voisin ne comprenait rien aussi il lança :
Buveur sympa : Ce soir le roi organise un bal dans son château, bal auquel tous les nobles de la ville sont invités. Il vient tout juste de commencer. Pour protéger tout ce beau monde, la majeure partie des gardes de la ville patrouille au niveau du manoir royal. Cela signifie que ce soir y'aura pas de couvre-feu, donc on fête ça comme il faut. Je te paye un verre ?

Le marine s’apprêtait à décliner l'offre quand une dernière personne fit une entrée fracassante. Après avoir poussé les deux battants d'un grand geste théâtral, elle s'avança au centre de la taverne. Sa canne résonnait sur les planches du parquet alors que peu à peu le silence se faisait. Tous les regards étaient rivés sur le nouvel arrivant. Un noble. Il portait un veston noir au boutons et broderies dorées. Son pantalon noir était enfoncé dans de hautes bottes sombres. Sur ses épaules reposait une longue veste noire dont l'intérieur était cousu d'arabesques d'or. Un foulard blanc était noué autour de son cou et rentrait dans son veston. Ses cheveux étaient élégamment tirés en arrières et retenus par un bel haut-de-forme. Pour couronner le tout, il portait un monocle en or massif. Il frappa fermement le sol une nouvelle fois et lança d'une voix impérieuse.

Noble : L'un de mes amis s'est perdu dans la fange de ce quartier.

Soudain il pointa sa béquille droit sur Riku et avança d'un pas assuré. Il dégaina une fine épée qui était justement cachée à l'intérieur de la canne et se mit à chatouiller la gorge du jeune marine avec. Toutes les personnes présentes retenaient leur respiration, craignant le pire. C'est à cet instant que Riku reconnut enfin ce soi-disant noble. Il avait taillé sa barbe (qui avait bien poussée depuis qu'ils étaient sur l'île) en un fin bouc pointu mais c'était bien cet infâme Dameon Kaliban. Une raclure qui le ridiculisait tout en arborant un sourire narquois... D'un mouvement rapide le marine posa sa main sur le bras de son vieil ennemi et le força à planter la pointe dans le plancher. Puis il augmenta la masse musculaire de son bras droit, déjà plus musclé que le gauche, et asséna une violente bourrade dans le dos du pirate, qui faillit se retrouver à terre. Mais ce dernier décida d'éclater d'un rire tonitruant et de lui tourner le dos, marchant vers la sortie avec un pas impérieux. Juste avant de quitter la taverne il se retourna pour lancer un regard arrogant à l'assemblée, frappa une fois dans ses mains et s'en fut.

Riku : Y'a pas à dire, il sait faire les choses de manière théâtrale ce salopard... Au revoir messieurs dames, j'ai laissé une pièce sur le comptoir pour le verre.

Sur ce, le jeune homme quitta les lieux précipitamment, sous les regards mauvais des fêtards. Quelques instants après qu'il soit sorti, le brouhaha éclata à nouveau dans son dos et Riku soupira en pensant à cette haine que les nobles entretenaient dans tous les pays du monde. Le Fantôme craignait que tous ne se mettent peu à peu à assimiler la Marine aux autorités méprisables et méprisantes qui les gouvernent... Quant au gouvernement mondial, Riku ne préférait pas y penser pour le moment. A peine avait-il fait un pas dans la rue que Dameon lui jetait au visage une pile de vêtements.

Dameon : Tiens, enfile-ça, laideron.
Riku : Mais qu'est-ce que tu fous bordel ?! Ça t'amuse de répandre le chaos partout où tu vas ?! venere
Dameon : Tu n'imagines pas à quel point.
Riku : T'as pas répondu à ma question. C'est quoi ce manège ?
Dameon : Nous allons au bal donné par le roi, mon cher. Où pourrions nous aller sinon ?
Riku : Sérieusement..?
Dameon : Dépêchez-vous de vous vêtir convenablement mon bon ami, la fête a déjà débuté et je n'ai pas envie d'arriver au moment où tout le monde part. Il y a tant de pas de danses à effectuer, tant de verres de champagne à vider et tant de conversations à avoir. Je suis sur que les nobles de Diamen auront de très intéressantes informations à nous délivrer. monocle

Dameon

Heureusement que j'avais eu la présence d'esprit de dérober deux cartons d'invitations dans les demeures que j'avais pillé. J'aurais bien tout pris dans un seul manoir, mais si j'avais pu trouver cet élégant costume à ma taille dans une riche demeure, j'avais été bien incapable d'y trouver quelque chose à la taille de Riku. Mais bon, habillé avec mon nouveau costume, il avait été bien plus facile de m'introduire chez une autre personne. Je présentai mon carton d'invitation (qui n'était pas nominatif fort heureusement), au chauffeur d'un carrosse spécialement mis en place pour conduire rapidement les invités à la salle de bal. Ce dernier me jeta un regard curieux, probablement parce qu'il ne m'avait jamais vu mais nous souhaita tout de même une bonne soirée et nous fit monter à l'intérieur du coche. A l'intérieur, le jeune marine se pencha vers moi et chuchota, un éclat menaçant dans les yeux :

Riku : Si jamais je découvres que tu as tué qui que ce soit...
Dameon : Ne vous en faîtes pas mon cher, il n'y a pas de squelette dans les placards. Seulement quelques personnes solidement ligotées et bâillonnées mais bien vivantes. Vous apprécierez cet effort que je fournis.
Riku : Je suis agréablement surpris ma foi.

La route ne fut pas longue et une dizaine de minutes plus tard le carrosse nous déposa devant le plus beau bâtiment que j'avais jamais vu. S'il faisait déjà pas mal d'effet de loin, de près la magnificence de l'édifice ne connaissait pas d'égal. Le gigantesque manoir avait été construit sur une large place décorée avec des fontaines sculptées et de magnifiques arbres taillées. Les feuilles émeraude ressortaient encore plus à côté des briques immaculées qui avaient été disposées de manière à dessiner de grandes arabesques au sol. Je levai les yeux pour admirer le vitrail central, qui, avec ses éclatantes couleurs, dépeignaient une scène de la mythologie de l'île dans laquelle des guerriers affrontaient une effroyable créatures s'échappant des entrailles de la terre. Je me dis tout de suite que Pandore aurait adoré voir cette oeuvre d'art, et je me promis intérieurement que je lui parlerais de ce mythe là, afin qu'elle fasse ses petites recherches. Je levai encore un peu plus la tête pour admirer les flèches, couvertes de tuiles bleutées qui empalaient le ciel nocturne avec fougue et grâce à la fois... Une véritable merveille d'architecture.
C'est presque avec regret que je m'arrachai à la contemplation du monument pour monter les marches qui menaient à la massive porte d'entrée. Des gardes en armures, portant les couleurs du royaume de Diamant, patrouillaient partout autour. Visiblement le roi ne lésinait pas sur la sécurité... Lorsque je présentai mon carton d'invitation aux majordomes qui s'occupaient de l'entrée, Riku et moi furent à nouveau la cible d'étranges regards. Était-ce si visible que nous n'étions pas nobles ? Je décidai de ne pas y penser et marcha d'un pas décidé vers la salle principale, d'où s'échappait une musique entraînante et des effluves tout à fait envoûtantes.  

La salle de bal était sublime. Ses proportions étaient tout simplement gigantesques, notamment le plafond qui se trouvait à des dizaines de mètre du sol... Des lustres de cristal suspendus par de longues chaînes d'or diffusaient une chaude lumière sur les danseurs et les musiciens. Un peu plus loin, une grande table était couverte de mets délicats que les nobles picoraient avec élégance et raffinement. Je restais à l'écart du groupe de danseurs mais commençai tout de suite à les observer à les étudier. Riku vint se placer à côté de moi et me demanda comment je comptais faire pour approcher d'autres invités. Alors que je haussai les épaules, nous vîmes deux hommes s'approcher de nous en discutant. Il fallait dire que nous attirions l'oeil avec nos tenues... Si j'étais vêtu de noir et d'or, Riku lui avait un élégant costume aussi blanc que Diamen, sur lequel resplendissaient moult rubis et autres pierreries écarlates. Le pirate en noir, le marine en blanc comme cela était original. Ce fut un aristocrate vêtu d'un sobre complet de jais et d'un chapeau melon ornée d'une plume verte qui prit la parole le premier. Son ami, lui, avait une tenue qui attirait le regard, avec son ample manteau bleu nuit et ses décorations dorées.

Plume verte : Bonsoir messieurs. Je ne vous ai pas encore vu dans notre belle cité, seriez vous des étrangers nouvellement arrivés ?
Dameon : Tout à fait. Nous avons du quitter une lointaine île suite à une révolution de la plèbe hélas... Nous avons simplement eu le temps de prendre nos richesses et nos familles, et de nous embarquer jusqu'à ce superbe Royaume.
Manteau bleu : Comment s'appelle votre île d'origine ? En tout cas vous avez fait le bon choix messieurs. Hex-Isle est certes un havre de paix pour les nobles en fuite, mais on a pas ce sentiment de supériorité auquel on a toujours été habitué. Je dois avouer que je prends un malin plaisir à regarder les pauvres travailler alors que je m'adonne aux plaisirs de l'existence tels que la lecture.

Je vis du coin de l'oeil Riku se crisper légèrement aussi je ne lui laissai pas le temps de répondre et lançai :

Dameon : Au fait, je me nomme Elend Valance et mon bon ami ici présent répond au doux nom d'Arlen Eston. Enchantés messieurs...?
Plume verte : Ser Hammond.
Manteau bleu : Ser Mounty.
Riku : Enchanté.
Hammond : D'ailleurs je me demandais... Où sont vos femmes ? Vous venez d'arriver et pourtant elles ne sont pas avec vous, comme cela se fait ? Vous savez, les gens se poseront des questions en voyant deux hommes arriver ensemble à un bal.
Riku : Attendez vous ne croyez tout de même pas que lui et moi nous...

Je ne pus réprimer un éclat de rire, imité par Riku. Mais je parvins à me contenir suffisamment pour rire comme un noble, après tout je n'étais pas n'importe où. Mais maintenant je comprenais le pourquoi de tous les regards suspects que nous avions subis. Quel idiot, je n'avais pas pensé un seul instant que l'on puisse se méprendre sur... Bref. J'échangea un regard avec Riku et vit que lui aussi se retenait pour ne pas exploser. J'essuyai avec distinction une larme et répondit à l'homme à la plume verte, tout en faisant mine de scruter la foule avec attention :

Dameon : Nous avons été retardé par un rendez-vous important, nos femmes sont simplement venues un peu plus tôt.
Mounty : Ah vous m'en voyez rassuré, je commençais à croire que venir vous parler était une erreur. Haha.
Riku : Lorsque nous les retrouverons, nous viendrons aussitôt vous les présenter, messieurs.
Dameon : Justement, les voilà !
Riku : Qu.. Pardon ?!

J'attrapai les mains de deux femmes qui passaient par là et tira dessus avec vigueur. J'en projetai une tout droit dans les bras de Riku tandis que je fis tournoyer l'autre jolie damoiselle quelques secondes. J'esquissai ensuite un pas de dance des plus élégants avant de laisser tomber ma cavalière vers le sol. Je la rattrapai au dernier instant et déposa un baiser furtif sur son cou tout en faisant soudainement disparaître toute la douleur qu'elle pouvait ressentir. En effet, vu les chaussures qu'elle portait, il me semblait tout à fait inconcevable qu'elle ne souffre pas. J'avais bon espoir que son corset soit également trop serré... Toujours est-il que ma technique fonctionna. Surprise par cette absence de douleur, comparable à un bonheur indicible, ma cavalière garda le silence. Lorsqu'elle croisa mon regard glacial et mystérieux, elle battit des paupières et laissa apparaître un sourire timide. La femme que j'avais lancé sur Riku était quant à elle directement tombée sous le charme des traits délicats du beau marine. Je me doutais également que ce dernier avait usé de son Fruit du Démon pour paraître plus musclé qu'il ne l'était réellement. Je ricanai intérieurement : chacun sa technique de chasse après tout.
Alors que le marine s'apprêtait à "présenter" nos "femmes", Ser Mounty et Ser Hammond préférèrent s’éclipser, rieurs. Hammond laissa notamment échapper :  

Hammond : Il me semble tout à fait évident que vos femmes ont besoin que vous les fassiez tourner, occupez vous d'elles, nous nous recroiserons probablement un peu plus tard dans la soirée.

En guise de réponse je lui adressai un sourire reconnaissant, tout en haussant un sourcil d'un air hautain (so british). J'entamai alors une succession de différentes danses, me laissant guider par ma cavalière qui, contrairement à moi, ne connaissait pas qu'un unique pas. Distrait je repensais à Pandore : c'était elle qui m'avait appris ce pas, juste au cas où, un peu avant de nous rendre dans un casino de Paradise Blue. Ah le bon vieux temps... Grâce à cet agréable souvenir, je parvins à rivaliser d'adresse avec cette jeune fille, resplendissante dans sa complexe robe rouge sang. Je me disais que si elle passait un bon moment, elle serait plus encline à la conversation.
Mais peut-être que l'Ange de la Douleur avait simplement envie de faire chavirer un pauvre petit Coeur fragile. rose



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Message par Mam'Rik Mer 16 Avr - 23:56

Les choses s'étaient passées bien vite pour Riku, bien trop vite pour qu'il puisse les maintenir sous son contrôle. Mais pour une fois, en considérant le fait que ses gestes lui avaient été dictés par l'un de ses ennemis jurés, il ne trouvait quasiment pas à se plaindre.
Il avait tout d'abord été gêné de la situation dans laquelle il avait été embarqué, mais il ne pouvait qu'avouer que la femme qui se trouvait dans ses bras était charmante, coiffée de sa longue chevelure rousse elle ne pouvait que ravir ses yeux. Et cela était sans parler de son allure, qui était elle même sublimée par la robe argentée qu'elle portait. Il se laissa donc porter par le mouvement.

Ainsi accompagné, il ne lui vint même pas à l'esprit de protester lorsque le temps vint de danser, bien que ses connaissances dans ce domaine ne soient que limitées. Heureusement pour lui, le jeune homme possédait plus d'un talent, et il pallia rapidement à son manque de maitrise dans le domaine. Quelques coups d’œil furtifs dans la salle furent suffisant pour qu'il se mette à imiter les meilleurs danseurs de la pièce, ses muscles reproduisant parfaitement ce que ses yeux voyaient. Ainsi, en une trentaine de secondes il eut assimilé ce que certains passaient leur enfance à apprendre.
Tout en profitant de ce petit entracte qui lui avait généreusement été offert, le marine pu découvrir autours de lui ceux qui étaient parmi les plus hauts dignitaires du Royaume de Diamant. Il retint absolument tous leurs visages, sans exception. Il pu également constater que les fêtes mondaines de ce royaume étaient approvisionnées des mets les plus fins que l'on puisse trouver. Caviar et champagnes se mariaient sur les tables du buffet pour former des assortiments aux prix exorbitants. De ce fait il constata que l'intérêt que Diamant portait aux ressources naturelles de Cœur ne relevait en rien de la nécessité mais plutôt de l'avarice. Bien d'autres éléments autours de lui auraient encore pu l'informer sur l'état de ce pays et de ses habitants, mais son instinct lui dicta que cet instant de la soirée serait unique, et qu'il ferait mieux d'en profiter. Il se plia donc à cette pensée et se relâcha, n'écoutant plus que le son de la musique jouée par l'orchestre du bal et ne regardant plus que la sublime créature qui partageait avec lui cette danse.

Lorsque la musique prit fin, Riku, en gentleman qu'il était, proposa à sa partenaire de se rafraichir à l'aide d'une coupe de champagne, et celle-ci accepta l'invitation avec joie. Ensemble ils se dirigèrent donc vers le banquet et récupèrent chacun une coupe, puis ils décidèrent de se mettre à l'écart pour pouvoir converser sans être dérangés par les bruits ambiants. S'appuyant contre les piliers qui soutenaient l'énorme manoir, à l'ombre du bruit et des regards indiscrets, la charmante créature eut enfin l'occasion de prendre la parole.

Habitante de Diamant : Je dois vous avouer monsieur, que cela fait un certain temps que je n'avais pas croisé pareil danseur.
Riku : Et je dois vous avouer mademoiselle que cela faisait un temps que je n'avais pas moi même dansé.
Habitante de Diamant : Voilà qui rend votre performance encore plus impressionnante.
Riku : Vous m'en voyez flatté, mais je constate que je ne connais toujours le nom de celle que je dois remercier pour tant de compliments.

Étonnamment, il se surprit à apprécier ce petit jeu auquel il se livrait. En d'autres circonstances il se serait haït pour avoir prit ces airs mondains, mais ce soir il y trouvait un certain plaisir. Peut-être son âme d'enfant s'amusait-elle de cette couverture, de ce déguisement. Ou peut-être ressentait-il une certaine excitation quant au fait de se trouver au milieu de ses ennemis, de pouvoir les observer sans qu'ils n'aient soupçon de sa présence, d'avoir la possibilité de les tuer sans qu'ils n'opposent la moindre résistance. Cette pensée lui fit prendre conscience du fait qu'il avait oublié sa mission, qu'à cet instant il ne faisait que prétendre œuvrer pour la marine, alors qu'il œuvrait en réalité pour ses idéaux, pour ses principes, pour lui.

Habitante de Diamant : Je me prénomme Jasmine, et quel est votre nom ?
Riku : Arlen, Arlen Eston.
Jasmine : Ces présentations me semblent déjà plus formelles que celles auxquelles nous avons eu droit plus tôt.
Riku : Vous m'en excuserez, mon ami a un certain penchant pour les introductions "brutales".
Jasmine : Et c'est tout de même grâce à lui que nous avons pu partager cette...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, coupée par le son d'une trompette qui mit fin à toute activité dans la salle. Immédiatement, tous les regards se tournèrent vers la provenance de ce son, qui se trouvait être en haut d'un escalier de marbre, au fond de la pièce. Une fois qu'il eut capté l'attention de tous les hommes et femmes présents dans la pièce, il baissa sa trompette et annonça d'une voix solennelle.

Annonceur : Sa Majesté, le Seigneur du Royaume de Diamant, et Seigneur légitime du Royaume de Cœur.

Et là, sous les applaudissements de la foule s'avança un homme au visage éclatant de vie. On devinait de par la couleur blanche de ses cheveux et de par sa barbe tout de même longue qu'il était d'un âge avancé, mais rien ne laissait supposer qu'il en subissait les effets. Couvert d'une couronne hérissée de petites pointes à la couleur d'or, son air souriant intimait la confiance, la sagesse et le respect. C'était du moins ce que devaient ressentir les sujets de ce Roi fou, car à Riku, l'apparition de cet homme qui semblait au comble de la joie n'évoqua que du dégoût. D'un regard noir, il dévisagea donc celui qui avait été son réel ennemi durant ces derniers jours, et s'apprêta à l'écouter avec attention, curieux de voir quel genre de paroles pourraient sortir sa bouche. Et comme il l'avait attendu, le Roi s'adressa à son peuple.

Roi de Diamant : Mes chers sujets, ce soir est un grand soir. Il y a quelques jours de cela, nous avons apprit que les Cœurois avaient envoyés la quasi-totalité leurs troupes à notre rencontre. Une mesure assurément emprise de désespoir et de résignation. Apeurés et désespérés, ces monstres se sont aventurés sur nos terres dans le but de saccager nos maisons, de tuer nos femmes et de manger nos enfants. Mais à cette attaque j'ai décidé de répondre avec toutes nos forces. Auront donc été envoyés à leur encontre le Général Quarth et son armée personnelle, dont les hauts faits ne seront plus à vanter. A l'heure qu'il est, il ne fait nul doutes que nos valeureux guerriers sont sur le point de terrasser le mal qui voulait s'en prendre à la pureté du Royaume de Diamant. C'est pour cela que ce soir j'appelle aux réjouissances mes amis, car demain lorsque le soleil se lèvera, les ténèbres qui habitent le Royaume de Cœur ne seront plus, et nous retrouverons les terres qui nous reviennent de droit. Ainsi, nos corps et nos résolutions auront su suivre la devise de nos ancêtres : Purs et Résistants, tels des Diamants.
La foule : Purs et résistants, tels des Diamants !
Roi de Diamant : Cette nouvelle vous ayant été livrée, je vous serais maintenant gré de profiter des festivités, et de célébrer avec moi ce que je supposerais être la fin de plusieurs siècles d'affrontement !

Là, les visages de toutes les personnalités présentes dans la pièce s'illuminèrent de sourires pleins de joie, et tous s'empressèrent d'applaudir une seconde fois leur monarque. Tous sauf Riku et Dameon, dont les regards se croisèrent durant un bref instant. Contrairement à toutes les personnes présentes dans la salle, ils avaient été informés par Malphas du dénouement de cette bataille, et ainsi, eux aussi sourirent lorsqu'ils entendirent le discours du Roi de Diamant. Leurs sourires cependant, avaient un sens bien différent. Eux riaient parce qu'ils connaissaient la vérité. Ils savaient que ce Diamant, que tous ici prétendaient être pur et résistant, avait récemment connu sa première fêlure.

Alors que tous reprenaient leur conversation là où elles en étaient, Jasmine sorti Riku de ses pensées.

Jasmine : Vous entendez cela ? N'est ce pas une nouvelle magnifique pour vous qui venez de rejoindre notre beau royaume ?
Riku : A n'en pas douter cette nouvelle est des plus rassérénantes. Si vous voulez bien m'excuser j'aimerais m'entretenir à ce propos avec mon ami, cette information est à vrai dire capitale pour nos affaires.
Jasmine : Faites donc, en espérant que votre devoir ne vous fasse pas totalement oublier ma présence.
Riku : Cela ne prendra que quelques secondes ne vous inquiétez pas.

Le marine se désintéressa donc de sa compagne, à qui il trouvait malgré sa voix mielleuse un air sombre, et retourna voir son compagnon d'infortune. Celui-ci fit également abstraction de la distraction qui se tenait à ses côtés pour le temps de quelques secondes.

Riku : Bonne nouvelle.
Dameon : Ils ne savent pas pour la prise de Nen. Après tout comment pourraient-ils ? C'est encore très récent.
Riku : Tant qu'ils ne savent pas on peut supposer qu'ils baisseront leur garde.
Dameon : Je suppose donc que l'on va devoir mettre fin à nos petits amusements.
Riku : Toujours pas envie de me dire ce que tu es venu faire dans cette ville ?
Dameon : Pas plus que toi je suppose.
Riku : Dans ce cas il est temps de nous séparer. Point de rendez-vous à minuit, dans trois heures donc, devant le manoir. Ça te suffira ?
Dameon : Je ferais avec. T'as pas intérêt à te pointer en retard, Cendrillon.
Riku : Il en va de même pour toi.

Sur ces mots, les deux hommes se quittèrent, chacun ayant son propre objectif en tête. Pour Riku, cet objectif restait clair.
Il avait à l'origine été envoyé sur cette île pour évaluer la capacité qu'aurait le Royaume de Diamant à rejoindre le gouvernement mondial. Sa mission était donc de faire un rapport sur ce Royaume qui aspirait à rejoindre la plus grande puissance gouvernementale au monde.
Mais en arrivant sur cette île, ce que le marine avait découvert, c'était une guerre.
Normalement, le gouvernement mondial ne prenait jamais sous son aile un pays en guerre, sauf si l'un des deux pays pouvait être incriminé d'une atrocité quelconque, auquel cas le gouvernement mondial se positionnait en faveur du pays victime de l'infamie. Ici, il était évident que les criminels étaient les hommes de Diamant. Ils n'étaient pas ceux qui se nourrissaient de chair humaine, ils n'étaient pas ceux qui possédaient des ongles noirs et des corps squelettiques, mais ils étaient sans aucun doute les atrocités qui peuplaient cette île. Ils contraignaient les Cœurois aux pires horreurs, et tout cela pour satisfaire leurs propres appétits, leur avidité.
Dans ce genre de situation, le gouvernement mondial aurait normalement dû prendre le parti du Royaume de Cœur. Les informations nécessaires à leur prise de décision auraient dû être à portée de main, et n'auraient donc normalement pas dû nécessiter que l'on dépêche un équipage de la marine sur place pour les amasser. Tous savaient sur cette île pourquoi et comment les Cœurois avaient été forcés de suivre ce comportement cannibale. A la rigueur, le gouvernement mondial aurait pu s'abstenir de prendre parti, ne préférant pas s'impliquer avec un Royaume au régime si particulier, mais jamais il n'aurait prit le parti du Royaume de Diamant. Et pourtant c'était sur ce Royaume de Diamant que le jeune marine devait faire son rapport.
De sa position de simple exécutant, Riku ne pouvait imaginer clairement ce qui avait pu se passer pour qu'on en arrive là, à quasiment soutenir l'une des monarchies les plus horribles qui n'ait jamais existé, mais il était sûr de certains points. Quelques-uns des décisionnaires qui avaient été chargés de cette affaire devaient avoir été corrompus. Ils avaient donc masqué le plus d'informations que possible, afin de faire passer le Royaume de Diamant pour un candidat légitime à un siège au gouvernement mondial. Néanmoins, malgré ces traitres il avait subsisté quelques personnes cherchant réellement à évaluer la capacité du Royaume de Diamant à rejoindre le gouvernement mondial. Et c'était de leurs faits que découlait l'apparition de Riku sur cette île, sa mission. Ne se doutant de rien, mais n'en sachant tout de même pas assez sur Diamant, ces hommes intègres du gouvernement avaient envoyé la marine afin d'obtenir plus d'informations à analyser. Les traitres avaient ensuite dû se débrouiller pour qu'on y envoie un petit gradé. Car Riku ne se faisait pas d'idée, une mission de ce genre n'aurait jamais dû être confiée à un simple Sergent-Chef comme lui. Sur ce rapport pesait l'avenir de centaines de personnes, définitivement pas le genre de choses que l'on confiait à un nouvel arrivant sur Grand Line. Il était évident que les traitres avaient décidé qu'il s'agirait de lui. Était-ce parce qu'ils le pensaient corruptible, ou plutôt parce qu'ils soupçonnaient que sa disparition passerait inaperçu ? Il n'en avait aucune idée. Mais une chose était sûre, pour ces hommes, son rapport serait d'une importance capitale.
C'est pour cela qu'il s'était rendu ici, à Diamen. Il devait en découvrir plus. Et peut être même, dans le meilleur des cas, obtenir des preuves reliant ces traitres du gouvernement au Royaume de Diamant.

Prêt à accomplir sa mission, le marine se redirigea donc vers Jasmine. Cependant, cette fois-ci ses intentions n'avaient rien du domaine de l'amusement, il devait en découvrir plus sur cet endroit, ce palais. Heureusement pour lui, sa proie n'avait pas bougé d'un centimètre depuis qu'il l'avait laissée un peu à l'écart, à l'ombre d'un pilier. Sans lui demander son avis, Riku prit sa compagne par le bras et la guida jusqu'au balcon. Une fois celui-ci atteint il referma derrière lui les portes de verre qui séparaient le balcon de la salle principale du manoir. Là ils seraient définitivement débarrassés des bruits ambiants et autres regards indiscrets.
Faisant abstraction du froid, Riku se retourna et posa ses avants bras sur les rebords du balcon. Ainsi il laissa son regard se perdre sur la, il fallait bien l'avouer, magnifique Diamen. Tout comme l'avait fait Riku précédemment, Jasmine vint elle aussi s'accouder au balcon et laissa à son tour son regard se perdre dans l'infinité de l'horizon.

Jasmine : La vue est magnifique n'est-ce pas ?
Riku : Je ne saurais dire le contraire. Diamen est encore plus belle de nuit.
Jasmine : Serait-ce pour cette vue incroyable que vous m'avez conduite ici ?
Riku : Peut-être bien oui. Ou peut-être cherchais-je juste à fuir cette ambiances festive pour quelques minutes.
Jasmine : Je présume que vous n'en êtes pas si familier que vous le prétendez.

Là Riku tourna son visage vers son interlocutrice pour lui découvrir un air froid et détaché. Elle savait très bien ce qu'elle sous entendait, elle ne disait pas qu'il était peu familier des grandes fêtes, elle insinuait qu'il était peu familier de ce monde. Le marine fut surpris par cette capacité de déduction et surtout le sang froid dont faisait preuve cette demoiselle. Prêt à continuer cette conversation, il reporta donc son regard vers l'horizon.

Riku : Il semblerait que vous m'ayez démasqué.
Jasmine : Ce regard que vous portiez autour de vous lorsque nous dansions, ce dégout notable que vous avez éprouvé à la vue de notre banquet, cette lueur dans vos yeux lorsque sa Majesté est apparue. La manière dont vous nous aviez abordées et présentées comme vos femmes était déjà étrange, ces éléments n'ont que fini de répondre à mes interrogations.
Riku : Je ne vous aurais pas deviné un tel talent pour l'observation.
Jasmine : Je suis une femme de la cour royale, ces jeux sont notre quotidien. Espionner, analyser, se méfier, rien de tout cela ne m'est pas familier.
Riku : Et vous n'éprouvez pas de peur ?
Jasmine : Vous êtes vraisemblablement en territoire ennemi, au milieu de la fleur de la garde Diamantine, et démasqué par l'une des invités. N'êtes vous pas celui qui devriez éprouver de la peur ?

Elle disait cela avec une voix calme et posée, faisant transparaitre qu'elle croyait en ces mots, elle se sentait réellement en sécurité. Elle avait tort.
Le marine prit une grande inspiration, et sans qu'elle ne s'y attende, attrapa celle qui l'avait démasqué par les épaules et la plaqua violemment contre le mur qui se trouvait dans son dos. Il plaça alors sa main gauche sur sa bouche, l'empêchant ainsi d'émettre le moindre son. De son poing droit il frappa alors à quelques centimètres de son visage, perçant de sa force surhumaine un trou dans le mur qu'il avait heurté. Il plongea alors son regard dans les yeux de Jasmine et pu y lire sans l'ombre d'un doute l'une des émotions les plus primaires qui ait jamais existé : la peur.

Riku : Vous dites vrai sur bien des points. Néanmoins vous vous trompez si vous pensez que je suis celui qui devrait avoir peur. La fête va bon train à l'intérieur, personne ne remarquera votre absence, ils se pourraient même qu'ils n'entendent pas vos cris, bercés comme ils sont par leurs musiciens. Pour ce qui est de la fine fleur de la garde Diamantine, ils n'ont pas pu m'empêcher de pénétrer dans ces murs, je ne vois pas comment ils s'y prendraient pour m'empêcher d'en sortir. Je vais maintenant retirer ma main de devant votre bouche, et je vous serais gré de ne pas crier, vous m'obligeriez à vous frapper comme j'ai frappé ce mur à l'instant, je doute cependant que vous le preniez aussi bien que lui.
Jasmine : Qui êtes vous ?
Riku : Je suppose effectivement qu'il me faut maintenant revoir ma présentation. Mon vrai nom est Riku Esperanti, je suis un officier de la marine. Maintenant laissez moi vous poser quelques questions, auxquelles vous répondrez de façon claire et précise : en dehors de l'accueil des soirées mondaines, quelle est la fonction de ce bâtiment ?
Jasmine : Il sert à héberger les réunions d'affaire concernant le Royaume de Diamant.
Riku : Savez-vous où pourrait se trouver la salle dans laquelle les conseillers royaux rangeraient les documents importants appartenant à Diamant ?
Jasmine : Sûrement quelque part au deuxième étage.
Riku : Quels sont les endroits les mieux gardés de ce manoir ?
Jasmine : Le deuxième étage dans sa globalité, c'est là bas que se déroulent les réunions officielles.

Estimant qu'il en savait assez, Riku relâcha son étreinte sur la demoiselle. Il se détestait d'avoir eu à utiliser ce genre de méthode, mais avait conscience qu'il s'agissait d'un mal nécessaire, ils étaient en guerre. De même il aurait aimé dire à cette femme qu'il ne l'aurait jamais blessée d'une quelconque manière, mais la laisser dans la peur et l'ignorance lui permettrait peut-être de gagner quelques précieuses minutes. Prêt à la quitter il se dirigea donc vers les portes de verre qui donnait vers la salle de bal et en brisa chacune des poignées. Une fois cela fait il se redirigea vers le balcon lorsque dans son dos la voix de Jasmine l'interpella une dernière fois.

Jasmine : Vous ne m'auriez pas blessée n'est ce pas ? Je l'ai compris lorsque vous avez plongé votre regard dans le miens. Cela ne m'a pas empêché d'avoir peur, mais j'ai vu des hommes prêt à tout pour obtenir ce qu'ils voulaient. Mes frères, mon père, vous n'avez rien de leur insensibilité. Vous n'auriez pas été capable de mettre à bien vos menaces, aussi bien formulées aient-elles été.

Un sourire s'afficha alors sur le visage du jeune marine.

Riku : Les jeux de rôle ne sont vraiment pas mon fort, encore une fois je suis impressionné. Pourquoi avoir répondu à mes questions si vous vous saviez en sécurité ?
Jasmine : Par curiosité peut-être. Ou par vengeance peut-être, pour faire payer ces hommes qui ne nous traitent que comme des objets. Je ne saurais vous le dire...
Riku : Je pourrais faire usage de talents tels que les votre, et vous semblez vous même haïr cet environnement dans lequel vous évoluez presque autant que moi. S'il vous venait l'envie de fuir cet endroit, de découvrir de nouveaux horizons, je pourrais vous prendre avec moi, sous l'étendard de la marine.
Jasmine : Et comment pourrais-je vous faire parvenir ma réponse ?
Riku : Si d'ici trois heures personne ne m'avait dénoncé, alors je supposerais que votre réponse est un oui. Dans ce cas je reviendrais vous chercher, ici même. Dans le cas contraire, je comprendrais que vous avez rejeté mon offre. Au revoir ou adieu, cela ne dépend que de vous.

Sur ces mots, le marine monta sur le rebord du balcon, et en sauta sous le regard ébahi de l'habitante de Diamant. Celle-ci se précipita alors vers le rebord du balcon pour voir Riku s'élancer dans les airs, à coup de geppou, jusqu'au second étage vers lequel elle l'avait guidé.

Parvenu au second étage, Riku atterrit sur un nouveau balcon. Il n'était que deux étages plus haut et pourtant tout semblait si différent. Maintenant il savait qu'il serait considéré comme un ennemi par le premier garde dont il croiserait le regard. A partir de maintenant, il n'avait plus le droit à l'erreur.
De la manière la plus silencieuse qu'il le pu il fractura l'une des portes de verre qui donnait vers l'intérieur du deuxième étage. Heureusement pour lui, aucun garde n'était dans les parages à ce moment là, car sa notion de la discrétion laissait grandement à désirer.
D'un point de vue purement pratique, le second étage n'avait rien à voir avec le rez de chaussée. Celui-ci semblait constitué de couloirs à foison. Néanmoins, d'un point de vue esthétique, on percevait sans difficulté les ressemblances. Les murs étaient couverts des mêmes tapisseries de couleur rouge et éclairés de chandeliers de cristal ressemblant en tout point aux lustres présents dans la salle de bal. Sans s'attarder plus longtemps sur ces détails, Riku commença à arpenter les couloirs.

Il passa un certain temps à parcourir ces couloirs sans rencontrer qui que ce soit, devinant ainsi que Jasmine ne lui avait pas menti et qu'il s'agissait réellement de quartiers privés. Étant donné que tous les hauts dignitaires de Diamant se trouvaient dans la salle de bal il était évident qu'il ne les croiseraient pas ici. Pour ce qui était des gardes très peu d'entre eux devaient garder cet étage. Le chemin permettant d'y accéder devait être suffisamment bien surveillé, et personne ne devait avoir soupçonné que quelqu'un pourrait littéralement voler jusqu'à cet étage. Profitant de sa chance, le marine inspecta toutes les portes qu'il trouva, utilisant les trous de serrure pour tenter de deviner ce qui se trouvait dans les pièces qu'elles protégeaient. Mais sa méthode de recherche ne l'avança à rien. Il passa ainsi peut être une heure à arpenter les couloirs de cet étage, lorsque finalement il entendit des bruits de pas. En une heure ce n'était pas la première fois qu'il les entendait. Il s'agissait de deux gardes qui effectuaient régulièrement leur ronde à l'étage. Jusqu'ici il les avait soigneusement évités, mais cette fois ci il souhaitait les intercepter. Il avait déjà passé trop de temps à déambuler de portes en portes, ces hommes seraient peut-être sa seule chance de découvrir dans quelle pièce se trouvaient les informations qu'il recherchait.

Les bruits de pas provenaient d'un couloir qui se trouvait à la gauche de celui dont provenait Riku. Discrètement, le marine se plaça alors à l'angle de son couloir, prêt à intercepter les deux hommes. Puis là, pour être sûr de les prendre au dépourvu, il décida d'user d'un des talents qu'il avait jusque là préféré conserver cacher. Après avoir prit une longue mais silencieuse respiration, il cria au secours. L'idée aurait pu paraitre totalement stupide, cependant il fallait préciser qu'à ce moment là, Riku avait crié ces mots avec une voix qui n'était pas la sienne. Comme le reste de ses muscles, les cordes vocale du marine étaient soumises aux pouvoirs de son fruit du démon. Ainsi il pouvait les manipuler sans modération, pour par exemple prendre la voix d'une autre personne, dans ce cas Jasmine. Cette technique n'avait rien de très viril mais était efficace. A l'entente de cette voix féminine les deux gardes s'étaient précipités et s'étaient totalement livrés à Riku qui n'avait eu qu'à les assommer chacun d'un coup dans la nuque. Une fois cette tâche effectuée, Riku avait récupéré les deux corps inconscient et prit la peine de réveiller l'un des deux endormis. Là il s'était dépêché de l'interroger sur les plans du second étage. Et au vu de la vitesse à laquelle cet homme avait répondu il était évident qu'il n'était pas autant accoutumé aux mensonges que l'adorable Jasmine. Une fois sa réponse obtenu, Riku avait prit soin de rendormir son informateur et se dirigea vers la pièce qui lui avait été indiquée.

Sans perdre de temps, il pénétra à l'intérieur de la pièce qui n'avait aucunement été verrouillée. Il s'agissait d'une salle ovale où étaient répandus des documents par dizaine, il s'agissait d'une salle d'archives. Riku passa un temps incalculable à rechercher les documents qui l'intéressait dans cet amas d'informations. Il avait déjà fouillé nombre de bureaux et d'étagères lorsqu'il tomba enfin, caché derrière une rangée de livres, sur un coffre fort. Si des informations sensibles concernant le gouvernement mondial étaient conservées ici elles devaient se trouver dans ce coffre fort. Sans attendre plus longtemps il usa alors une dernière fois de son incroyable force pour ouvrir le coffre, détruisant littéralement sa porte, et s'empara des documents qu'il contenait. Il y en avait de tout genres. Il fouilla donc rapidement à travers les documents, inquiet à propos du bruit produit par l'ouverture forcée de ce coffre, et fini par mettre la main sur ce qu'il recherchait : un dossier portant la marque du gouvernement mondial. Fier d'avoir rempli sa mission, il se dépêcha de passer ce dossier sous sa veste et se retourna, prêt à rejoindre le point de rendez-vous qu'il avait imposé à Dameon et à l'attendre sur place. Mais lorsqu'il se retourna, il comprit qu'il serait plus que complexe d'effectuer cette tâche sans problème.

Venant de pénétrer dans la pièce, trois hommes toisaient Riku le sourire aux lèvres. Visiblement Jasmine avait fait son choix.
L'un des trois hommes mesurait facilement deux mètres de haut et était habillé d'une épaisse fourrure de couleur noire. Par dessus son épaule il trimballait une hache qui semblait tout simplement inarrêtable. A ses côtés un homme bien plus petit, plus fin, aux origines visiblement orientales, qui couvert d'un épais turban ne laissait voir que ses yeux. En dehors de son ample pantalon blanc et de son gilet bleu foncé il arborait une ceinture pleine de couteaux qui parcourait son torse. Et enfin, au milieu d'eux se tenait le troisième homme. Celui-ci n'était ni très grand ni très petit, mais possédait cependant lui aussi des origines orientales. Il était également plus âgé que les deux autres et quelques cheveux blancs étaient parsemés dans sa chevelure. En dehors de cela il possédait à sa ceinture une magnifique cimeterre. Devant l'arrivée de ces trois hommes, qui n'étaient visiblement pas de simples gardes, Riku porta machinalement sa main à son dos, tentant d'atteindre sa claymore. Mais sa main n'attrapa rien. Néanmoins, même s'il n'avait pas sa claymore sur lui, Riku n'était pas désarmé, loin de là.

Le grand : Baisse donc cette main si tu tiens à ta tête. Tu ne voudrais pas nous donner de prétexte pour écourter ta déjà bien pauvre espérance de vie.
L'homme de taille moyenne : Nous avons quelques questions pour toi.
Riku : Avant que vous ne les posiez je tiendrais tout de même à préciser que mon nom est Riku Esperanti, Sergent-Chef de la marine envoyé au nom du Gouvernement Mondial. Vous devriez peut-être prendre cela en considération avant de tenter un quelconque interrogatoire.
Le grand : La marine n'a aucun pouvoir sur les terres de Diamant, tes titres ne te seront d'aucune utilité ici.
L'homme de taille moyenne : Cela n'empêche pas le Roi d'être en affaire avec le Gouvernement Mondial, Ragnar. Tu le saurais si toi et tes hommes ne vous intéressiez pas qu'aux campagnes de guerre. Quoi qu'il en soit, il semblerait que tu te sois obtenu un passe droit plutôt efficace, Sergent-Chef. J'espère que tu es toi même conscient des relations que partage le Roi avec certains membres du gouvernement mondial. Si ce que tu dis est vrai, ton intrusion dans cette pièce pourrait te coûter cher.
Riku : J'y penserais une fois que j'aurais eu la chance de converser avec votre Roi.
L'homme de taille moyenne : Demandé si gentiment, suis nous. Imad, reste derrière lui, assure toi qu'il ne tente rien de dangereux.

Sur ces mots, l'homme aux couteaux dont on ne voyait pas le visage se plaça dans le dos de Riku, et le groupe de quatre hommes se mit en marche. Ils traversèrent le second étage et franchir un escalier qui les conduisit au troisième et dernier étage.

L'homme de taille moyenne : Nous arrivons à l'étage où réside sa Majesté, je te déconseillerais de tenter quoi que ce soit ici, cet endroit est facilement celui le mieux gardé de Diamen.

L'escalier qui séparait les deux étages ne donnait que sur un long couloir qui donnait lui même sur une ultime porte. C'était derrière cette porte que devait se trouver le Roi de Diamant. Et enfin, le séparant lui de cette porte, une vingtaine de gardes. Cependant, aucun d'eux ne semblait intéressé par la protection du Roi. Aucun d'eux ne semblait intéressé par quoi que ce soit. Car dans ce couloir, les murs n'étaient pas tapissés de rouge, ils étaient tapissés de sang.

L'homme de taille moyenne : Qu'est ce que... Imad surveille le, Ragnar avec moi !

Le plus petit des trois hommes sorti ses couteaux et en plaça un sur la colonne vertébrale du marine. Les deux autres, dépassés par la situation, coururent armes à la main et enjambèrent les corps de leurs alliés pour atteindre l'ultime porte.
Riku lui ne mit pas plus de deux secondes à comprendre quel fléau avait frappé ces hommes, et bien qu'il n'aurait pas dû, il se réjouissait quelque peu de leur sort. Ils étaient ses ennemis, ils l'avaient amené à les détester, alors il ne pouvait éprouver de la pitié pour ces combattants qui avaient croisé le chemin de l'Ange de la mort.
Ainsi, il fut le seul à ne pas être surprit lorsqu'en ouvrant la porte, ces mercenaires de Diamant découvrirent leur Roi, une dague sous la gorge, et dans son dos un homme à la chevelure pourpre et au sourire carnassier.

Dameon : Je croyais que le rendez-vous était fixé à minuit devant le palais.
Riku : Tu m'excuseras, j'ai pas pu attendre.
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Message par Unholyscream Mar 22 Avr - 15:21

Le roi de Diamant restait de marbre, alors même que mon poignard était sur le point de l'égorger. Il avait confiance en ses trois subordonnés visiblement. Il comptait sur eux pour le tirer de cette passe, il se reposait entièrement sur ces trois étrangers qu'il avait pris à son service... Mon sourire étincela de plus belle : il fallait bien que je donne une bonne leçon à ce monarque. La loyauté n'était pas de ces choses que l'on pouvait acheter, oh que non. Lentement, je dévisageai un à un les trois nouveaux arrivants, ignorant délibérément l'autre cloporte de marine. Puis j'augmenta la pression que j'exerçais sur ma lame et un mince filet rouge s'échappa du royal cou. Et c'est à cet instant que le vieil homme perdit de sa superbe... Il réalisait enfin qu'il ne contrôlait plus rien, que sa vie toute entière reposait toute entière entre les mains d'un ange dément. Alors qu'un frisson de peur agitait ses épaules, le plaisir fit hérisser les poils de ma nuque. A ce moment là je n'étais ni plus ni moins qu'un dieu, hésitant entre la condamnation à mort et le pardon... Je jubilais.

Dameon : Ah enfin un peu plus de monde, nous commencions à nous ennuyer à vrai dire. Mon nom est Dameon Kaliban, fléau de toutes les mers du monde, également connu sous le titre d'Ange de la Douleur. Comme vous pouvez le voir, je n'ai qu'un simple mouvement à faire pour que ce méprisable monarque perde la vie... Mais voyez vous, je ne veux pas le voir mort. Des amis m'ont raconté des rumeurs, et je suis venu ici en quête de vérité...
Mon geste est noble, n'est-ce pas ?
Roi de Diamant : Je ne révélerais rien. La mort ne m'effraie point, et j'aurais toujours un fils pour hériter du trône et de la couronne. Allez y, tuez moi.. Tuez...

Sa voix se brisa. Non le pauvre homme n'arrivait pas à regarder la mort en face. Contrairement à ce qu'il affirmait, il n'était pas prêt à quitter ce monde, il avait bien trop peur. Pourtant il avait bien vécu, son âge était avancé. Mais quand on goute aux délices de la monarchie, on ne peut plus revenir en arrière. Le pouvoir est une drogue, et si sevrage il y a... Le suicide semble la seule option. L'humanité est corrompue, une espèce égoïste. Si je ne m'assumais pas moi même en tant que monstre, j'aurais envie de vomir. Car la seule chose qui faisait battre le coeur des hommes était la quête de pouvoir. Et lorsque celle-ci aboutissait, la perte du gain acquis était dévastatrice.
Je sentais que le roi de Diamant tremblait comme une feuille. Je savais exactement ce qu'il fallait faire... Car après tout, la situation était en ma défaveur. Ils étaient trois, nous étions deux (enfin un et demi, ce Riku Esperanti ne valant pas grand chose).

Dameon : Trois étrangers aux service du roi de ce pays ?
Moi qui ait toujours cru qu'un bon monarque ne faisait confiance qu'en ses propres gens, me voilà tout chamboulé.
Roi de Diamant : La différence est magnifique. Les meilleurs guerriers du monde ne viennent pas du même pays, l'élite est disséminé au quatre coins des océans. En ouvrant ma cour à tous les peuples humains, je ne fais que renforcer la puissance de mon royaume. Autant militaire qu'économique ou culturel.
Riku : Ah. La différence est magnifique ? Pourtant il ne me semble pas avoir vu de Coeurois à ce bal.

Le marine fulminait. Il fit un pas en avant mais se stoppa net alors que le couteau qui était posé sur son dos s'enfonçait légèrement dans sa chair. Je croisais un court instant son regard, et y lut une colère indicible. Il ne comprenait pas et surtout ne supportait pas de voir le peuple de Coeur ainsi méprisé et oppressé. Moi aussi... Après tout au fil des jours j'avais pu découvrir qu'ils faisaient un valeureux peuple. Et surtout qu'ils étaient du bon côté de la balance. Ils étaient forts, contrairement à ces pitoyables Diamantins, peuple faible, se cachant derrière des armées étrangères, bien à l'abri de l'autre côté des Monts d'Obsidienne. Comme des fourmis, ils pullulaient, et le nombre était bien leur seul avantage. Malheureusement pour eux, je haïssais plus que tout la faiblesse.

Roi de Diamant : Les Coeurois ne sont pas humains.
Dameon : Ne bougez plus et laissez moi vous ouvrir la poitrine. Je vous montrerais alors que vous non plus n'êtes pas humains. Des entrailles d'un noir d'encre, vous me paraissez encore plus démoniaques. Haha !
Trêve de bavardage, j'ai une proposition à vous faire à vous trois. Généraux, gardes du corps, femmes de chambre, je me contrefiche de la position que vous occupez auprès du roi que voici. Car aujourd'hui, vous avez la possibilité de vous défaire de ces chaînes, et de venir écumer les sept mers
sous mes ordres.

Ragnar : Jamais je ne trahirais un serment d'allégeance ! Immonde raclure, je vais vous mettre en pièce sur le champ !
Zelan : Je ne ploie le genoux qu'une fois.
Imad : Non.

J'éclatais de rire. J'avais prévu ce genre de réactions. Mais j'avais également prévu de poser une nouvelle fois la question, d'une autre façon. Bien plus convaincante cette fois-ci. A nouveau j'appuyais sur ma dague et fit couler le sang royal, bien trop sombre pour être humain. Un soubresaut de terreur agita le corps du monarque de Diamant et je lançais, une lueur de défi dans les yeux.

Dameon : Je vous laisse le choix. Rejoignez moi et vivez libre. Ou restez loyaux et suicidez vous.
Ragnar : Quoi ?!
Roi de Diamant : Quelle est cette folie...? N'écoutez pas cet homme, sauvez moi et je ferais de vous des nobles. Vous croulerez sous l'or et les pierres précieuses comme jamais, vous épouserez mes filles, vous aurez toutes les maîtresses que vous voulez !
Dameon : Oh non. Vous allez leur ordonner de se suicider. Car s'ils ne se donnent pas la mort, c'est vous qui trépasserez de ma main. Je n'ai pas encore eu la joie de tuer un roi, mais cela est justement un de mes rêves les plus chers... Décidez vous vite, votre Majesté.

Un long silence s'abattit sur les appartements royaux. Riku me dévisageait avec un air mêlant à la fois stupeur, dégout et mépris. Nous étions trop différents. Nous aurions pu être de bons amis si je n'avais pas succombé à mes pulsions malsaines, à mes noirs instincts. Mon otage était devenu blanc comme un linge et balbutiait des paroles incompréhensibles, l'écume aux lèvres. Il était en train de devenir fou, tiraillé par le dilemme que je lui imposais. Il se disait bon roi, et là il devait choisir entre sa vie ou celle de trois de ses hommes. Ces derniers étaient également muets et semblaient attendre avec inquiétude la décision de leur roi. Si les deux plus grands montraient hésitation et doute, il m'était bien impossible de deviner les pensées du plus petit. Son turban ne laissait entrevoir que ses yeux, des yeux où luisaient un éclat terne que je connaissais bien. Tout à fait dérangeant...

Roi de Diamant : F-faites le... Je vous ordonne de.. Tuez vous. V-vous m'entendez ? Votre roi v-vous or-ordonne de mettre fin à vos jour sur le champ ! A.. Allez !

Tout se passa en quelques secondes. L'homme le plus âgé tituba et posa un genou à terre, un poignard enfoncé jusqu'à la garde dans son dos. Il tenta de se retourner et de dégainer son cimeterre, mais un second couteau vint cette fois-ci s'enfoncer entre ses deux yeux. Il mourut avant même de s'écrouler en arrière. Imad avait lâché Riku et jonglait avec trois lames courbes, ses petits yeux malsains rivés sur Ragnar. Puis il les lança tous, en moins d'une seconde. Hélas le gigantesque étranger parvint à déplacer son hache de combat de manière à intercepter tous les projectiles. Puis il bondit en levant son arme au-dessus de sa tête, non sans hurler de sa voix grave et forte :

Ragnar : Imad ! Espèce de traître !
Imad : Tu t'apprêtais à faire de même, j'ai simplement été le plus rapide.

L'homme au turban tourna sur lui même, évitant une attaque mortelle, et passa dans le dos du guerrier. Ses mains se déplaçaient à toute vitesse lorsqu'il lacéra sa nuque de milles coups de couteau, avant de la briser d'un unique mouvement. Cet homme était sans aucun doute passé maître dans l'art de l'assassinat... Le roi de Diamant fixait le traître avec des yeux ronds. Il semblait ne pas comprendre comment tout cela avait pu se produire. Je ricanai et lui expliquai tout simplement que certains hommes ne pouvaient pas s'acheter. Lorsqu'il était entré dans la pièce, j'avais tout de suite reconnu le dénommé Imad. Ou plutôt, j'avais reconnu son turban... C'était Meridia qui m'avait parlé d'un groupe d'assassin craints de tous les marchands itinérants rashiens. Lorsqu'elle était encore sur son île natale, elle passait un bon nombre de ses journées parmi les caravanes de marchands, à écouter leurs rumeurs, leurs conversations. Et souvent les marchands évoquaient les redoutables Djinns de sang, comme une vieille légende, un mythe inventé pour effrayer les enfants. Une tribu d'assassins originaire de Rash qui n'avait pas tardé à gagner GrandLine pour s'établir dans l'infini désert d'Alabasta. Leur seul signe distinctif serait justement un turban écarlate qui dissimulerait leur visage. Un clan méconnu néanmoins utilisé depuis longtemps par les dynasties d'Alabasta mais aussi par des étrangers bien que ce soit plus rare.
Et voilà qu'aujourd'hui je rencontrais l'un des leurs. Finalement ils existaient réellement... Et cela jouait en ma faveur : j'avais tout de suite lu dans les yeux d'Imad qu'il était prêt à trahir sans vergogne le roi de Diamant. Son regard était comme le mien, froid, cruel et morbide. J'éclatais d'un grand rire, qui glaça le sang du vieil homme et pétrifia le sergent-chef. Il comprenait que notre alliance touchait à sa fin, et réalisait également qu'il était en mauvaise posture. Il avança vers moi de quelque pas et lâcha, sur un ton dur, qui contrastait totalement avec la sorte d'amitié qui était née entre nous au fil des journées passées ensemble.

Riku : Que vas-tu faire ? Pourquoi es-tu venu ici ?
Dameon : Votre Majesté terrifiée, je n'ai pas encore commencé à poser les questions, or c'est pour ça que je suis venu à l'origine. Pourquoi le roi de Coeur est-il malade ?
Roi de Diamant : L-le poison. Lorsque nous avons découvert que ces... inhumains barbares dévoraient nos hommes, j'ai fait injecter dans le coeur de mes guerriers une toxine lente mais mortelle. Un poison qui n'est létal que lorsqu'il est ingéré. Pour le bien de mon royaume... Non, pour le bien de cette île toute entière.
Riku : Un instant. Vous êtes en train de dire que tout le peuple de Coeur va mourir ?
Roi de Diamant : Non... Je ne suis pas un monstre moi, seul leur roi a coutume de manger des coeurs...
Dameon : Quel poison ?
Roi de Diamant : Je... Je ne sais pas, nous l'avons commandé d'une île voisine avec laquelle nous commerçons, l'île d'Aljrare. Un venin mis au point par le grand alchimiste de l'île, celui qui se fait appeler le Valet aux Cent Coeurs... Sachez-le, commanditer cet assassinat restera à jamais la plus grande erreur de ma vie.
Dameon : Haha, vous me faites bien rire. Si vous vous voyiez, vous auriez honte. Vous rampez comme un cloporte et chantez ce que j'ai envie d'entendre. Pur et résistant comme un diamant ? Vous êtes couverts de boue à mes yeux, aussi cassant et faible qu'une brindille. Je suis la justice, et je vous déclare coupable de tentative de meurtre avec préméditation, d'empoisonnement mais aussi de tentative de génocide.
Riku : Ne fais pas ça. Ce n'est pas toi la justice ! Pars, tu as suffisamment fait pour le royaume de Coeur...
Dameon : Tu n'y es pas Riku. Je ne suis pas un bénévole, il y a bien une chose qui me tient à coeur ici. Cet île est séparée en deux mondes, l'un représente la force, le courage, l'honneur. L'autre représente l'indolence, la vie facile, la faiblesse. Et je suis celui qui plongera tous les océans dans une nouvelle ère, une ère où les faibles se font écraser par les forts. Une ère où seuls ceux qui le méritent pourront survivre ! Et ma tâche est de purger la terre de ces pathétiques humains qui se croient au-dessus des autres, tout ça car ils ont ne serait-ce qu'un peu plus d'or ou de pouvoir politique. Je les piétinerais tous. Oui je suis un monstre, mais un monstre qui a un rêve... Et la victoire de Coeur fait partie de ce rêve. Le Royaume de Coeur écrasera les diamantins, car ce soir j'ai tué leur roi et semé le chaos.
Riku : Non !

Le geste était précis, je m'y connaissais après tout... La lame de mon poignard parcourut la délicate gorge royale, d'un côté à l'autre. Le sang gicla à gros bouillon, il était brûlant sur ma main. Un frisson d'extase agita tout mon corps, c'était si bon, je me sentais tellement vivant. C'était pour ça que j'étais en vie, pour massacrer les faibles... Oui j'étais un monstre mais il fallait bien l'avouer, j'étais né pour devenir cette atrocité, et je l'acceptais. Lorsque je relevais mon visage, un sourire carnassier étirant mes lèvres, Riku bondissait sur moi à toute vitesse. Je lâchais aussitôt le cadavre du monarque, encore agité de spasmes, et bondit sur le côté, esquivant les redoutables poings du Fantôme. Il se ramassa sur lui même une nouvelle fois, mais il fut stoppé dans son mouvement par toute une volée de couteaux. Imad me jeta un coup d'oeil amusé et lança une dague courbe dans ma direction. Il visait pour tuer. Je jetai ma tête en arrière et attrapa la poignée au vol, et constata avec surprise que son turban, un grand morceau de tissu rouge, y était accroché. Il me prêtait allégeance. A son regard je compris qu'il n'avait pas fait ce geste à l'égard du monarque de Diamant et je sentis mon coeur se gonfler de fierté. D'un coup de pied je fis voler en éclat l'unique fenêtre de la chambre et bondit sur le rebord.

Dameon : Ça a été un plaisir Riku. Le jour où tu comprendras que la marine est une institution faiblarde, viens à moi et nous deviendrons les capitaines du plus grand équipage que le monde ait connu.

Je m'enfonçais alors dans la nuit. Une pluie fine s'était mise à tomber sur la ville qui s'endormait peu à peu, inconsciente de l'horreur qui venait de se passer. J'aurais bien aimé m'arrêter un instant et profiter de cette douce atmosphère, mais il me fallait agir vite. Je ne savais pas combien de temps Imad pourrait retenir le marine, en revanche je me doutais bien que celui-ci était décidé à me faire la peau. Je glissai sur les tuiles humides, maintenant un équilibre précaire, puis me laissai tomber sur un toit en contrebas. De là, je parvins à retourner à l'intérieur de la demeure royale, au deuxième étage. La jeune femme avec laquelle j'avais dansé m'avait bien aidé finalement, me décrivant sommairement l'agencement du manoir. Mais surtout elle m'avait révélé que les deux fils du roi, des jumeaux, étaient en plein conflits pour savoir qui était l'héritier du trône. Tout se goupillait à la perfection, la mort du monarque plongerait Diamant dans un désordre politique qui aurait forcément des répercutions sur leur guerre. Je brisais le loquet d'une large fenêtre au bois peint et m'introduisit dans un long couloir bordé de différentes portes, toutes identiques. La seule différence, était la petite plaque d'or qui indiquait leur fonction. Je m'engouffrais dans le "bureau du commerce", et découvrit un magnifique trésor. J'étais dans une grande bibliothèque, où étaient rangés des centaines et des milliers de dossiers et de livres de comptes. Mais plus intéressant encore était l'étagère qui trônait au centre de la pièce, sur laquelle reposait des dizaines d'Eternal Pose. C'était ainsi que le Royaume de Diamant pouvait commercer... Si j'avais eu plus de temps je me serais certainement emparé de toutes les boussoles, ainsi que de nombreuses informations à propos de ces îles... Aussi je me contentais de ne dérober que deux Eternal Pose : Aljrare et Coeur.
Quelques minutes plus tard j'étais au sommet d'un manoir, les yeux fermés, le ciel pleurant sur moi. Je sortis le sifflet en os que j'avais sculpté et souffla dedans. J'avais ordonné à Malphas de rester dans les parages de la ville une fois qu'il aurait aidé les autres. Je sortis un parchemin et un stylo et griffonna quelques mots sur la feuille, que le serpent à plumes allait devoir transmettre à tous mes compagnons. Il était temps de quitter de l'île. J'avais accompli ma mission à Diamen, et je savais quelle serait notre prochaine destination. J'avais du mal à croire que je faisais tout ça pour un petit Royaume. Mais Coeur allait être la pierre angulaire, le fer de lance de mon empire. Alors que Malphas volait à tire d'aile vers la cité fortifiée de Nen, je rugis soudainement :


Dameon : NOBLESSE ET HONNEUR ! POUR COEUR !
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Message par Mam'Rik Mer 23 Avr - 13:16

Hors de contrôle. Il n'y avait aucune autre expression qui aurait pu qualifier la situation dans laquelle se trouvait Riku. Le monarque de Diamant venait de mourir sous ses yeux, son meurtrier venait de s'enfuir, et pour compléter ce tableau il se retrouvait maintenant désarmé face à un assassin qui en voulait à sa vie. Il avait beau avoir haït le souverain de Diamant pour les actes desquels il était le commanditaire, il haïssait encore plus Dameon pour l'avoir tué. Il ne se rendait pas compte du nombre de vies qu'il venait de sacrifier par cet acte...
Mais avant de pouvoir l'atteindre, il devrait se débarrasser de l'homme qui lui barrait la route.

Riku : Pose les armes et pars maintenant si tu tiens à la vie.

Pour seule réponse, le jeune homme qui venait de prêter allégeance à l'Ange de la Douleur envoya une nouvelle volée de couteaux en direction du marine. D'un mouvement brusque, Riku bondit en arrière et se rapprocha du corps encore chaud de Zelan. Rapidement, il posa la main sur la garde de sa cimeterre, la dégaina et para les couteaux qui attentaient à sa vie.

Riku : Tu auras eu ta chance.

Le regard froid, le Sergent-Chef se releva et retira délicatement la veste blanche qui handicapait ses mouvements. Après cela, tout se passa à une vitesse ahurissante.
D'un coup sec, Riku lança sa nouvelle arme vers son adversaire, comme s'il s'était agit d'un simple couteau. Celui-ci su esquiver le lancer en effectuant un pas sur le côté, laissant filer la lame de la cimeterre à quelques centimètres de son cou. Mouvement du fantôme. D'un bond inhumain, Riku rattrapa la cimeterre qui était sur le point de dépasser sa cible, s'en saisit, et la redirigea contre l'assassin. Celui-ci faisant preuve de réflexes incroyables fut, malgré la vitesse d'exécution, capable de parer la lame à l'aide d'un de ses couteaux. Ce sauvetage in-extremis lui valu de tomber au sol, projeté en arrière par la force du marine. Dans sa chute il réussi toutefois à lancer le couteau avec lequel il avait paré l'assaut du marine, couteau qui laissa une marque ensanglantée sur la joue de sa cible. Refoulant la sensation de douleur, Riku ne stoppa pas son mouvement et profita du fait que son adversaire se trouvait encore au sol pour tenter de l'empaler. Encore une fois cependant, le temps de réaction de l'assassin fut très court et il fut capable de se saisir d'un de ses couteaux pour dévier l'estocade. D'une roulade Imad se mit alors hors de portée de son assaillant et en profita pour se relever, essoufflé après les efforts que lui avaient demandé ce premier échange.

L'assassin dévisagea son adversaire, constatant qu'il n'était même pas essoufflé. Sa vitesse et sa force étaient tout deux extraordinaires, il en prenait maintenant conscience. Il considéra ensuite que la personne à qui il venait de prêter allégeance devait être de la même trempe, et en ressentit une certaine satisfaction. Mais malgré cela, il ne savait absolument pas comment il allait se sortir de cette situation. Quels que soient les plans auxquels il pensait, il n'y voyait toujours qu'une seule et même issue : la mort. Un destin qu'il était prêt à accepter, tant que le combat qui le poussait à trépasser en valait la peine. Mais c'est à cet instant qu'il les entendit, les bruits de pas des soldats de Diamant, accourant pour sauver leur Roi.

Tandis que son adversaire le dévisageait, Riku récupéra de sa main une partie du sang qui s'écoulait le long de sa joue, le regarda, puis jeta son regard à travers la pièce pour observer le corps mort du Roi de Diamant. Une vision qui lui refit prendre conscience de sa situation. Il se trouvait en face d'un des serviteurs de Diamant, entouré de trois corps, et maintenant des gardes se précipitaient à son encontre. Nerveusement, il se mit à rire, obligé de constater que même cette petite vengeance il n'y aurait pas droit. Comme si le monde entier s'était ligué contre lui.

Riku : Tu es fort. Dommage que tu aies choisi de suivre le chemin de cet homme. Tant que tu seras sous ses ordres nous nous retrouverons, Imad, si cela est réellement ton prénom. Et le jour où cela arrivera, tu n'auras peut-être pas la chance d'aujourd'hui.

Une fois ces mots prononcés, les hommes de Diamant pénétrèrent dans le bureau Royal et encerclèrent le marine, pointant leurs lances sur lui. Celui-ci les ignora totalement, laissant son regard rivé sur l'assassin qu'il venait d'affronter. Calmement, il envoya la cimeterre qui se trouvait dans sa main rejoindre Zelan, son propriétaire. Une fois cela fait, il serra le poing, et alors que les muscles de son bras droit prenaient une taille démesurée il murmura.

Riku : Trinity, Poing de Gaïa.

D'un coup de poing, il brisa le sol qui se trouvait sous ses pieds, se creusant un passage direct vers le premier étage. Passage que les débris se chargèrent de prolonger jusqu'au rez de chaussée, taillant grossièrement leur chemin à travers le sol du premier étage, et s'invitant ainsi à la soirée du peuple mondain de Diamant.
Les violons et conversations cessèrent, tous se concentrant sur le tas de débris qui venait de s'écrouler sous leurs yeux. Au milieu de ces débris, parmi la poussière, certains reconnaissaient les armures des soldats de Diamant. Quelques-uns semblaient blessés, d'autres semblaient ne pas avoir survécu à la chute, achevés par quelques-uns des blocs de pierre. Puis au milieu de tout cela, ils virent une silhouette se relever, comme si tout cela ne l'avait même pas effleuré. Sans se préoccuper des regards horrifiés qui lui étaient portés, l'homme à la chevelure argentée sorti du nuage de poussière et se dirigea calmement vers la sortie du manoir. Personne ne tenta de le retenir, personne ne tenta de lui parler, tous le laissèrent juste passer.

Calmement, il sorti du bâtiment, heureux de constater que les gardes qui étaient plus tôt stationnés à l'entrée n'étaient plus là. Sûrement s'étaient ils dirigés vers les étages supérieurs afin de le stopper. Porté par une folie qui ne lui était pas familière, il regarda au loin les remparts de Diamen, ne pouvant s'empêcher de penser que peut être Dameon les franchissait à cet instant. Ainsi il pensa aux conséquences de ses actes, aux répercussions que pourrait avoir la mort du Roi de Diamant, et une rage indescriptible s'empara de lui. Il lui en voulait, à ce pirate, mais il s'en voulait encore plus à lui même. Il avait été présent, il y avait assisté, et pourtant il n'avait pu l'empêcher...

Refoulant ce malaise, il se dirigea vers la planque où avaient été cachés leurs vêtements et leurs armes. Rapidement, la ville fut pleine de patrouilles de gardes équipés de torches. Fuyant la lumière, le marine dû se faufiler jusqu'à leur repaire, passant par les petites allées pour ne pas attirer l'attention. Une fois arrivé, il retira ces vêtements riches qu'il détestait tant, et s'équipa à nouveau de ses propres affaires. Puis, une fois que sa claymore eut reprit sa place légitime, placée dans son dos, il pu repartir. Vêtu de la même cape noire avec laquelle il était arrivé, il franchi les murailles de Diamen à coup de geppou. Une fois haut dans le ciel, il observa la belle mais fourbe capitale de Diamant. Et alors que le soleil était sur le point de se lever, il se jura de revenir un jour ici, et de rendre justice pour le royaume de Cœur. Une fois ce serment fait, il tourna le dos à Diamen, et s'en alla vers Nen.


_______________



Quelques heures plus tard, le soleil se tenait pile au dessus de la ville de Nen, indiquant qu'il était environ midi. Lily, qui profitait sans retenue du réconfort après l'effort venait de se lever et était en pleine forme. Comme à son habitude elle avait tenté toute la nuit durant d'échapper à la surveillance de Shigeru et de rejoindre Nocturne, mais en vain. Finalement elle s'était donc endormie, tard, et réveillée, tard. Mais maintenant, une nouvelle journée commençait, et elle pourrait enfin retrouver Méridia pour de nouvelles aventures.

Comme à son habitude, elle courut à travers la tour où elle se trouvait, avec pour but de rejoindre le toit du bâtiment. Celui-ci avait hébergé le Maire et sa pendaison, et Nocturne semblait en avoir fait son petit chez elle. L'aspect macabre et solitaire de l'endroit l'avait attiré ici chaque nuit qu'ils avaient passé dans la ville. Ainsi, lorsque Lily se levait, elle savait que c'était là-bas qu'elle devrait aller chercher Méridia, qui n'aurait sûrement pas trouvé de bonne raison de quitter son perchoir. Cependant, cette fois-ci elle eut la mauvaise surprise de découvrir un toit vide de vie. En lieu et place de Méridia ne restait plus qu'un bracelet d'or. Un bracelet que Lily avait la veille reconnu être magnifique. Immédiatement, l'innocente marine ressenti quelque chose d'étrange, un vide. Même ses pouvoirs ne lui permettaient plus de percevoir la présence de ces âmes torturées. Inquiète, elle quitta donc le toit de la tour pour tenter de retrouver Rashek, qu'elle catégorisait également comme un réel sédentaire du groupe. Celui-ci se trouvait très souvent au rez de chaussé, dans un coin bien à lui, à méditer. Elle dévala donc les escaliers, et s'approcha de ce coin dans lequel l'Immortel avait jusque là résidé. Mais lui aussi avait disparu, et ne restait de lui que quelques fils de paille. Craignant comprendre ce qui s'était passé, Lily se dirigea vers la caserne qui se trouvait également dans la tour, espérant trouver Pandore en plein entrainement. Mais là il n'y avait aucun bruit. On n'entendait pas sa faux trancher l'air, pas plus que l'on entendait les mannequins s'écrouler au sol, ou les murs crier leur douleur. Elle pénétra donc dans la pièce, et ne trouva que Shigeru, qui semblait observer les traces du passage de la Faux Céleste.

Lily : Où sont-ils ?
Shigeru : Ils sont partis, dans la nuit.
Lily : Vraiment ? Comme ça, sans dire au revoir ?
Shigeru : A quoi t'attendais tu Lily ? Nous sommes des marines, ils sont des pirates. Il n'aurait pas pu y avoir d'au revoir.

La jeune marine repensa alors à ces derniers jours passés sur cette île. Tout lui avait paru si irréel. Ces pirates qu'elle avait rencontré. Ils étaient mauvais, elle le savait, elle le ressentait, et pourtant elle n'avait pu s'empêcher de les apprécier. Elle avait même fini par considérer cette Méridia comme une amie. Ils s'étaient battu ensemble, ils avaient joué ensemble, ils avaient dormi ensemble. Et maintenant ils étaient partis. Tout était fini. Comme si tout cela n'avait été qu'un rêve ils s'étaient envolés, ne laissant derrière eux qu'un bracelet, une poignée de paille, et des murs écorchés.
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Message par Unholyscream Dim 4 Mai - 22:44

Dameon

L'équipage de l'Ange de la Douleur était réuni sur l'Angel's Lament et il filait vers l'ouest alors que le soleil commençait à émerger de l'horizon. Nous n'avions plus rien à faire dans le royaume de Diamant et c'est sans un adieu que nous avions quitté les marines qui avaient combattu à nos côtés. Personne ne l'avait exprimé à voix haute mais nous ressentions tous comme un pincement au coeur. Mais c'était le prix à payer quand on se liait d'amitié avec des ennemis jurés. Nous étions des pirates, ils étaient la justice. Des ennemis jurés oui... Je secouai la tête, chassant de mes pensées l'équipage de Riku Esperanti et alla rejoindre Rashek qui tenait la barre. J'entamai une conversation sur les conditions de navigations mais le jeune homme répondit brièvement, me faisant comprendre qu'il n'était pas d'humeur à discuter. Il était probablement enfoui dans je ne sais quelles déprimantes pensées. Pandore était couchée, et je n'avais pas trop envie de me faire rabaisser par Azura, aussi je montais dans le nid de pie et regarda Malphas chasser les mouettes autour du navire. Depuis que nous avions repris la mer, je m'ennuyais royalement... La terre et l'action me manquait déjà. Certes une nouvelle escale était déjà prévue mais elle n'avait rien de bien exotique puisqu'il s'agissait du royaume de Coeur. J'avais quelques questions à poser à la Reine...
Un peu plus tard dans la journée, Rashek jeta l'ancre (littéralement) en contrebas des falaises sur lesquelles se trouvaient la capitale Hartcore et le château royal. Alors que je sautais sur le bastingage et commencer à escalader l'abrupt mur rocheux, la faucheuse me jeta un regard interloqué.

Pandore : Tu vas vraiment grimper jusque là haut ?
Dameon : T'en fais pas pour moi, c'est pas si haut que ça. Je serais de retour dans la soirée, je fais au plus vite. Ah et si jamais je tombe à la flotte, veuillez me repêcher.

Sur ce je les plantai la et me mis à bondir de prise en prise, montant à une vitesse fulgurante. La falaise était déchiquetée par les vents violents aussi il était facile de trouver des endroits où placer ses mains et pieds. En une heure à peine j'étais en haut, non loin de l'entrée de la ville. Contrairement à ce que je pensais, la falaise était méga haute et j'avais les doigts en sang à cause de la roche coupante. Mais bon j'avais probablement eu une classe folle donc ça compensait largement. Alors que je m'avançais vers les murailles, les gardes me reconnurent tout de suite et firent sonner les cloches annonçant une bonne nouvelle. On m'ouvrit les battants en grands je pénétrais la cité comme un héros. Toutefois je n'avais pas le temps de discuter avec le peuple, je souris en croisant les coeurois sur mon passage, mais marchais d'un bon pas. Je m'engouffrais dans le palais royal et m'agenouilla devant le trône.

Reine de Coeur : Relevez-vous, Héros.

J'obéis et dissimulais ma surprise. La maladie du roi devait s'être aggravée pour qu'il ne puisse même plus apparaître devant sa cour... Je me sentais attristé de voir ça et réquisitionna sur le champ une audience privée avec la monarque, ce qu'elle accepta aussitôt. Lorsqu'elle m’amena voir le roi, je pris mesure de l'urgence de la situation, il était si pâle qu'on voyait presque à travers sa peau, et il avait fondu comme neige au soleil. Sa poitrine se soulevait faiblement et on aurait dit que son coeur avait du mal à battre. Toutefois, après avoir examiné son sang, j'en déduis qu'il paraissait sur le point de mourir, c'était tout simplement les effets du poison. La toxine qu'il avait ingéré se développait d'une manière extrêmement lente, il avait encore plusieurs mois à vivre. Mais une vie atroce, une lente et terrible agonie..

Dameon : Madame la Reine, j'ai le regret de vous dire que votre mari est bel et bien victime d'un empoisonnement. Hélas je ne puis encore trouvé l'antidote, car je ne connais pas encore quel venin lui a été administré... Mais rassurez vous, j'ai une piste. Le poison a été fabriqué par un alchimiste de génie, qui se trouve sur une île assez proche : Aljrare. Un alchimiste qui se fait appeler le Valet aux cent Coeurs...

En entendant ce surnom, la reine éclata en sanglot et s'effondra dans un fauteuil posé juste devant le lit du patient. Je m'en doutais, je ne savais pourquoi, mais j'avais deviné qu'il existait un lien entre cet empoisonneur et la famille de ce royaume. Je pris un air désolé et attendit patiemment que les pleurs de mon interlocutrice diminuent et finissent par mourir. Elle leva vers moi un visage baigné de larmes, et c'est la voix tremblante qu'elle lacha :

Reine de Coeur : C'est mon fils...
Dameon : Et bien je vous annonce que je m'en vais voir votre fils, pour lui réclamer un antidote.
Reine de Coeur : C'est inutile, cela fait bien longtemps qu'il n'est plus lui-même. C'était le meilleur des coeurois, l'homme le plus pur et le plus noble qui soit. Las de la guerre qui déchirait notre île, il se rendit au delà des monts d'obsidienne, dans le but de négocier une trêve avec nos ennemis ancestraux. Hélas, la monstruosité diamantine ne connaît aucune limite. Bien qu'ils sachent pertinemment qu'ils avaient entre leurs mains le prince héritier du trône de Coeur, ils le firent enfermer. Et, bien que personne n'aient pu confirmer, mon pauvre fils subit un traitement atroce. N'importe quel autre homme serait mort à sa place, mais mon pauvre enfant a survécu. Mais plus jamais il ne fut le même... Les diamantins lui rendirent la liberté mais jamais il ne retourna à son foyer. Il était devenu une créature dépourvue de coeur, et nous ne tardâmes pas à avoir vent d'un alchimiste froid et manipulateur, aux lèvres et aux mains noires.
Dameon : Toutes mes condoléances ma Reine. S'il y a une chose que je puisse faire pour vous dites le et je...
Reine de Coeur : Sauver mon roi. Quant à mon enfant, je vous laisse seul juge... Mais si jamais il y avait un seul moyen de le faire redevenir celui qu'il était, promettez moi de le faire.
Dameon : Je ferais ce que je peux.
Reine de Coeur : Vous n'avez pas promis...

Elle me jetai un regard implorant, que je soutins pendant une bonne minute. Elle me faisait de la peine, mais je ne pouvais rien promettre. Et puis que valait la parole d'un pirate ? Probablement rien... Mais la monarque ne demandait pas la parole d'un pirate, mais celle d'un héros. Ce que je n'étais pas.

Dameon : Non je n'ai pas promis c'est vrai. Car une telle promesse m'engagerais au point de donner ma vie, et, même si ce royaume compte pour moi, je ne suis pas prêt à mourir pour lui. Je suis un pirate, pas un héros. J'aimerais remplir ce rôle, mais je ne peux pas, je suis un monstre et le monde entier le sait.
Reine de Coeur : C'est faux, ce n'est qu'un masque, les Coeurois l'ont bien compris. Un monstre n'aurait jamais accompli tant de chose pour nous...
Dameon : Quels sont les dernières nouvelles que vous avez eu de Diamant ?
Reine de Coeur : La ville de Nen a été prise, c'est tout ce que nous savons.
Dameon : Leur roi est mort. Je l'ai égorgé moi-même.

Le silence s'abattit sur nous comme une chape de plomb. La noble femme me regardait avec des yeux ronds, figées de stupeur. Et peut-être de dégoût... L'assassinat n'était certainement pas une méthode qu'ils cautionnaient. Ils étaient courageux, moi j'étais un forban sans honneur. Voyant qu'elle ne reprenait la parole, je m'inclinai une dernière fois devant elle, tournai les talons et quittai la pièce. Des bruits de pas précipités retentirent derrière moi et la voix de la reine s'éleva :

Reine de Coeur : Merci. Peu importe ce que vous avez fait, j'ai conscience que c'était pour notre bien. Une dernière chose, voici une carte qui vous aidera à aller à Aljrare. Sachez que l'île est inaccessible la moitié de l'année, et je crains qu'elle le soit pour les deux prochains mois.
Dameon : Les cartes ne sont pas d'usage sur cette mer, je sais comment m'y rendre. Mais merci de l'information !
Reine de Coeur : C'est nous qui vous remercions.
Dameon : Vous me remercierez quand je vous aurais fait gagner la guerre. Je reviendrais. Au revoir, ma reine.

Sur ce je quittai le palais royal et repris la direction de l'Angel's Lament. Alors que je descendais de la falaise prudemment, je traçais notre itinéraire mentalement. Puisque Aljrare était inaccessible, il était temps de faire un détour par l'île qui allait nous rendre richissimes. Hex-Isle.

Pandore : Dameon ! Regarde tout l'or que les coeurois ont laissé sur notre navire pendant que t'étais là-haut ! mega_love
Dameon : Ah ils attendaient notre retour alors... Quoiqu'il en soit mes amis, je vous annonce que nous avons un cap ! Allons grossir ce tas d'or, yahaha !

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Message par Mam'Rik Mer 7 Mai - 19:17

Quelques jours étaient passés depuis que les pirates avaient disparu de Nen. Ne résidaient donc dans la ville que l'armée de Cœur et les quelques subordonnés du Fantôme. Du fait de la disparition soudaine des pirates, les marines auraient pu s'inquiéter pour leur Capitaine, qui depuis une semaine maintenant n'avait plus donné signe de vie. Mais étrangement tous étaient convaincu qu'il ne lui était rien arrivé. Était-ce parce qu'ils lui faisait confiance, ou parce qu'ils croyaient les paroles du pirate qui l'accompagnait ? Ils n'en avaient aucune idée, mais aucun d'entre eux ne s'interrogea à ce sujet. Et finalement, le septième jour au petit matin, un homme se présenta seul à l'entrée de la ville. Il eut d'abord droit aux regards curieux des sentinelles présentes à ce moment là, puis aux acclamations lorsqu'il retira sa capuche et dévoila au grand jour son visage. Immédiatement on fit chercher Shigeru, Lily et Agito, qui se hâtèrent vers les portes de la ville.

Le premier qui eut rejoint les portes fut Agito, qui avait couru comme un dératé lorsqu'il avait entendu la nouvelle. Lorsqu'il arriva, les portes de la ville étaient grandes ouvertes et il pu voir Riku, la mine sombre. Sans prêter attention à ce dernier détail, il se précipita sur lui et le frappa sans retenue au visage. Affaibli par son trajet, le Sergent-Chef en tomba à la renverse.

Agito : Pourquoi tu nous a laissé, Pandore a pas arrêté d'me torturer ! Et puis t'as raté plein de trucs !
Riku : J'en doute pas gamin, mais t'auras tout le temps de me raconter tout ça t'en fait pas.

Quelques secondes plus tard, Lily et Shigeru arrivèrent à leur tour. La simple vue de leurs visages suffit à rendre son sourire à Riku, lui faisant oublier les épreuves que Diamen lui avait fait vivre. Il se releva donc et alla à la rencontre du reste de son équipage. Ses yeux se posèrent tout d'abord sur Lily, qui semblait avoir découvert énormément de choses en son absence. Elle n'avait rien perdu de son petit visage angélique. Affectueusement, Riku posa sa main sur la tête de la jeune fille.

Riku : T'en a pas trop fait baver le pauvre Shigeru j'espère.
Lily : Tu souffres ?
Riku : Pardon ?
Lily : Je la ressens, la douleur que tu éprouves.
Riku : On peut rien te cacher hein. Rien de grave ne t'en fait pas, je meurs surtout de faim. Les hommes de Diamant m'ont poursuivi sans relâche ces derniers jours, sans même me laisser le temps de récupérer mes forces... D'ailleurs si ça ne vous gêne pas je me ferais un plaisir de découvrir les cuisines de Nen.

Sans plus attendre, le Sergent-Chef s'avança dans la ville, saluant d'un hochement de tête Shigeru, le remerciant ainsi silencieusement pour tout le travail qu'il avait fourni jusqu'ici. Bullet Bill, lui, lâcha un coup de langue à son passage pour faire signifier à Riku qu'il était heureux de le revoir. Le marine fut heureux de constater que tous avaient surmonté ces batailles avec brio, et presque encore plus heureux lorsqu'il pu découvrir les butins récoltés. En effet, lorsqu'il fut arrivé à la cuisine, on lui apporta des gâteaux de blé délicieux, qui surent ravir à la fois son palais et son estomac. Tout autant satisfaisant, il découvrit autours de lui des Cœurois en train de festoyer. Bien entendu leurs ventres n'avaient plus été habitués à ce genre de nourriture depuis longtemps et donc il n'en profitait qu'en quantité très limité, mais leurs visages semblaient si réjouis, si apaisés...

Shigeru : C'est beau hein.
Riku : Ouais, vous avez vraiment fait un travail extraordinaire. Cette nourriture, c'est à vous que nous la devons.
Shigeru : Plus qu'à nous, c'est au Général Sanghyn que nous la devons. Sans son sacrifice rien de tout cela n'aurait été possible.

Le visage de Riku s'assombrit quelque peu. La bataille était gagnée, mais combien de vie cela avait-il coûter ? Et combien de vie les prochaines escarmouches couteraient-elles encore ? C'était des questions dont le Sergent-Chef craignait les réponses...

Shigeru : Quoi qu'il en soit, ton voyage à Diamen t'a apporté les réponses que tu recherchais ?
Riku : Quelques-unes oui. Mais pour que celles-ci en vaillent la peine il faut que nous quittions l'île au plus vite.
Shigeru : Et pour nous rendre où ?
Riku : Marineford. Il est d'une importance capitale que je rende mon rapport sous les plus brefs délais.
Shigeru : Je suppose que je devrais aller prévenir Agito et Lily. Quand partons nous ?
Riku : D'ici deux heures. Le navire ne devrait plus être très loin, je lui ai ordonné de se rapprocher des côtes Diamantines il y a un jour de cela.
Shigeru : Tu lui a ordonné ? Par quel moyen ?
Riku : Un escargophone volé sur le chemin dans un avant-post Diamantin. Quoi qu'il en soit, je te laisse t'occuper des préparatifs pour notre départ Shigeru. J'ai besoin de dormir...
Shigeru : Attends, j'ai besoin de savoir, que s'est-il passé là-bas ? Pourquoi t'ont-ils poursuivis avec autant d'acharnement ? Pourquoi tiens-tu à quitter l'île aussi rapidement ?
Riku : Le Roi est mort.

D'un coup, le visage de Shigeru perdu ses couleurs, car bien que ce Roi ait été leur ennemi, lui aussi comprenait quelles seraient les conséquences d'un pareil décès. Ayant ensuite digéré la nouvelle, le Caporal posa la question qui lui sembla essentielle à cet instant.

Shigeru : Es-tu celui qui l'a tué ?
Riku : C'est une question de point de vue...

Sur ces mots, Riku se leva et parti rejoindre la tour dans laquelle tous avaient séjourné pendant si longtemps. Il déposa alors la claymore qui pesait sur son dos, et s'adossa contre l'un des murs de pierre de l'édifice. Et là, il laissa enfin tomber sa vigilance, se permettant de pénétrer après si longtemps dans le monde des rêves.
Deux heures plus tard, il fut réveillé par Lily qui lui tapotait l'épaule. Ainsi il comprit que son temps de sommeil était écoulé, et qu'il était pour eux temps d'y aller. Il passa sa cape de marine sur ses épaules, cape qu'il n'avait plus porté depuis son arrivée sur l'île, et se dirigea vers la sortie de la tour. La lumière était forte ce jour là, et c'est pour cela qu'il ne pu voir ce qui l'attendait dehors. Mais lorsqu'il fut enfin sorti, il pu constater qu'une haie d'honneur avait été érigée. De la tour jusqu'aux portes de la ville, des soldats de Cœur se tenaient de part et d'autre de la grande avenue, chacun le poing refermé sur leur torse. Agito s'était déjà engagé dans la dite avenue, exécutant une marche militaire qui n'avait rien du sérieux qui lui était dû. Shigeru lui avait attendu que son supérieur arrive avant de se mettre en route.

Riku : Qu'est ce que c'est que ça ?
Shigeru : Leur manière de nous remercier. Je leur ai dit qu'on partirait sous peu et ils ont commencé à se rassembler ainsi.
Lily : Pourquoi est ce qu'ils nous remercient, on a rien fait de spécial, si ?
Shigeru : Nous nous sommes battu à leur côtés.
Lily : On a juste fait ce que l'on avait envie de faire. On remercie les gens pour ce genre de choses ?
Riku : Il semblerait que oui.

Lily toisa Riku de son regard innocent, et se précipita alors auprès du soldat le plus proche. Imitant sa posture, elle plaça elle aussi son poing sur sa poitrine, et le remercia dans la plus grande des sincérités. Shigeru, bien qu'attendrit par cet acte voulu stopper la petite marine. Leur temps était compté et il était essentiel qu'ils arrivent au plus vite à Marineford. Mais lorsqu'il tenta de s'avancer, Riku le retint par l'épaule.

Riku : Laisse la faire.
Shigeru : Elle va y passer des heures...
Riku : Elle pourrait y passer des jours que je ne pourrais m'autoriser à la stopper.

Le caporal se résigna, et les deux hommes suivirent en silence Lily, qui prit la peine de remercier tous les soldats présents dans cette haie d'honneur.
Une heure plus tard, ils eurent rejoint les portes de la ville. Agito qui était arrivé il y a un moment déjà s'était assis en plein au milieu du chemin.

Agito : Qu'est ce qui vous a prit autant de temps ?
Shigeru : Lily.
Lily : Quoi ? Eux aussi ils méritaient des remerciements !
Agito : Tu les as tous remerciés ?
Lily : Bah... Oui.

L'air surprit, Agito regarda Lily, et explosa littéralement de rire. Sans trop comprendre pourquoi, Shigeru et Riku le rejoignirent dans son hilarité, à la plus grande incompréhension de la pauvre recrue.
Une fois le fou rire passé, le groupe de quatre marine se retourna pour observer la foule de soldats qui se tenait derrière eux. Riku s'inclina alors en signe de respect, et fut vite imité par ses subordonnés. Une fois ces aux revoirs solennels passés, les marines sifflèrent chacun à leur tour, et presque immédiatement leurs Esis rappliquèrent, prêt à les guider jusqu'aux côtes de l'île.
Le trajet dura quelques heures, mais se passa sans encombre. Voyager à dos d'Esis était réellement une expérience magnifique, courant plus vite que des chevaux et sur des distances bien plus importantes, ils étaient parmi les meilleures montures auxquelles les marines avaient eu à faire. Ainsi, ils ressentirent une certaine tristesse lorsqu'ils durent les abandonner sur les côtes Diamantines, sans savoir combien de temps passerait avant qu'ils ne les revoient un jour. Ne perdant pas trop de temps sur leurs adieux, Agito fut chargé d'envoyer des flammes dans le ciel afin de signaler leurs positions. Heureusement pour eux, le navire n'était pas très loin et une barque fut rapidement envoyée pour les récupérer. En montant à bord, tous les soldats qui avaient été stationnés sur le navire pendant plus de deux semaines vinrent saluer l'équipage.

Marine : Bienvenue à bord Monsieur.
Riku : Passons donc les formalités, j'ai manqué quelque chose ?
Marine : Nous avons été contactés plusieurs fois par le QG qui s'impatientait. En dehors de cela rien de pertinent.
Riku : Je vois. Dans ce cas ne perdons pas plus de temps, préparez le navire à partir.
Marine : Vers où devrions nous mettre le cap ?
Riku : Marineford.

Il n'en fallut pas plus pour que le navire s'éloigne des côtes de Cœur.


____________________



Durant le trajet, Lily passa une majeure partie de son temps à demander à Riku pourquoi ils étaient partis, demandant toujours plus d'explications sans pour autant y comprendre quoi que ce soit. Agito et Shigeru, eux, étaient restés de marbre face à la décision du Sergent-Chef. Les deux savaient que les Cœurois n'avaient fait qu'un petit pas vers leur liberté, mais Shigeru connaissait les raisons de leur départ précipité, et Agito se fiait aveuglement aux décisions de Riku. Ainsi, seule Lily, la petite dernière du groupe, se questionna à ce propos.
Encore une fois, le voyage se passa sans problème. Il y eut bien quelques tempêtes, comme on pouvait l'attendre de Grand-Line, mais aucune qui n'eut des incidences telles que le naufrage de Mukiryoku. Et finalement, le navire arriva à l'impressionnant port de Marineford.

Une fois le navire amarré, Riku quitta le pont et rejoint le ponton. A partir de là, il fut escorté par deux soldats du QG jusqu'aux quartiers du Contre-Amiral. Marineford n'était pas un endroit par lequel Riku était passé souvent. A vrai dire, c'était la seconde fois qu'il y mettait les pieds, la première ayant été peu avant que l'on lui assigne cette mission. Cet endroit avait été parcouru par les plus grands marines de tous les temps, et regroupaient les plus grands qui aient existé à notre époque, ainsi le Sergent-Chef éprouvait une certaine fierté à l'idée de sa présence ici.
On le guida à travers les dédales de marches jusqu'à un bâtiment de taille tout de même importante. Cependant, contrairement à ce que sa taille pouvait laisser supposer, l'édifice était vide de monde. Une fois parvenu à celui-ci, l'escorte de Riku le laissa à lui même tout en prenant soin de lui indiquer l'étage et la porte à laquelle se trouvait le supérieur qui l'avait fait venir jusqu'ici. Il marcha donc dans cette direction sans croiser personne, si ce n'est un homme fin et de petite taille que Riku cru reconnaitre. L'homme portait un costume noir accompagné de sa traditionnelle cravate ainsi qu'un chapeau qui, de par sa tête baissée, masquait son visage. Bien que son attention ne se soit pas détaché de cet homme à l'allure familière, le Fantôme fut surprit de le voir lui adresser la parole.

Homme en noir : Sergent-Chef Esperanti si je ne me trompe pas.
Riku : Lui même.
Homme en noir : Je vous suppose en chemin pour faire votre rapport sur la situation de Cœur.

Tandis que les mots continuaient de sortir de sa bouche, sa tête se relevait, permettant à Riku d'enfin voir le visage de son interlocuteur. Et c'est à cet instant qu'il comprit d'où provenait cette impression de déjà vu. Cet homme, il l'avait aperçu lors de la réception de Diamant. Il était de ceux qui festoyaient ce soir là, le soir de l'assassinat du Roi.

Riku : Effectivement je m'en vais faire mon rapport. Je me passerais de vous demander comment vous avez eu vent de cette information.
Homme en noir : Démasqué je suppose. Dans ce cas je me passerais de vous faire perdre votre temps en sous-entendus. Remettez moi les preuves qui se trouvent en votre possession, vous nous feriez à tous une faveur. Une faveur que nous saurions assurément récompenser.
Riku : C'est hors de question.
Homme en noir : Et génération après génération vous répétez les mêmes erreurs.

Riku resta focalisé sur les derniers mots de cet homme, les percevant comme lui étant personnellement destiné. Il se focalisa tellement sur ceux-ci qu'il ne perçu pas le soudain changement d'état d'esprit de son interlocuteur. Il ne perçu pas l'instinct meurtrier qui suintait pourtant de tous les ports de sa peau. Et c'est à cet instant que s'ouvrit l'une des portes du couloir, porte par laquelle passa le Contre-Amiral qui avait fait convoquer Riku. A l'apparition de ce dernier, l'homme en noir reprit son chemin sans un au revoir, comme si la conversation qu'il avait tenu quelques secondes plus tôt n'avait jamais eu lieu. Le Contre-Amiral ne prêta aucune attention à cet homme, trop occupé à réprimander le Sergent-Chef pour son retard, sans avoir une seule seconde conscience du fait que par son intervention, il venait d'épargner à Riku une mort certaine.

Le Fantôme rentra donc dans le bureau de son supérieur, le laissa prendre place à son bureau, puis enfin, lui transmit le rapport qu'il avait rédigé durant son voyage.

Contre-Amiral : Vous en avez mis du temps Sergent-Chef.
Riku : Je m'excuse monsieur. La mission s'est avérée beaucoup plus compliquée qu'initialement prévu.
Contre-Amiral : Précisez.
Riku : Comme énoncé dans mon rapport, l'île de Cœur est en proie à une guerre opposant deux royaumes. Le royaume ayant demandé à rejoindre le Gouvernement Mondial se trouve être celui de "Diamant", une demande d'ailleurs appuyée par certains des hauts décisionnaires du GM. Cependant, j'ai découvert durant mon séjour que ce même royaume de Diamant était à l'origine d'atrocités sans nom. Affamant leurs adversaires sans aucune pitié, les poussant même jusqu'aux limites de l'humanité : les forçant à manger de la chair humaine. Après cette découverte je me suis demandé comment de hauts décisionnaires du GM pouvaient soutenir un tel royaume. Et la réponse se trouve parmi ces documents. Lors de mes recherches j'ai réussi à emprunter à Diamant quelques documents, faisant état d'une promesse, faite du Royaume de Diamant à certains hommes importants du GM, et dont l'objet serait quelques-unes des abondantes mines de l'île de Cœur.
Contre-Amiral : Ce sont de sérieuses accusations que vous portez là.
Riku : Je ne fais qu'interpréter les documents que j'ai pu trouver. Libre à vous d'en faire une autre interprétation, à supposer qu'il soit possible d'interpréter de telles preuves autrement...

Le Contre-Amiral parcouru les documents durant une petite minute, puis reprit la conversation.

Contre-Amiral : Ces informations doivent rester hautement confidentielles. Qui d'autre est au courant à propos de cela ?
Riku : Le Caporal Miyamoto et lui seul monsieur.
Contre-Amiral : Très bien, ne divulguez cette information à personne d'autre. Une fuite pourrait coûter très cher au Gouvernement Mondial. Les affaires de corruption doivent se traiter avec la plus grande des délicatesses, surtout à des niveaux comme celui-là.
Riku : A vos ordres monsieur. Si je puis me permettre, pensez vous que la Marine va pouvoir intervenir en faveur du Royaume de Cœur ?
Contre-Amiral : Ce serait normalement ce que nous ferions. Cependant cette histoire de corruption change absolument la donne. Personne ne voudra que cette histoire s'ébruite, et le meilleur moyen de s'assurer que cette histoire ne s'ébruite pas sera de renoncer à intervenir dans cette guerre. Ainsi, le Royaume de Diamant n'ébruitera pas cette histoire de corruption et nous fermerons les yeux sur leurs agissements injustes.
Riku : Mais monsieur, des centaines de...!
Contre-Amiral : Quoi qu'il en soit. Il me reste certains points à éclaircir avec vous. J'ai ouïe dire que le pirate Dameon Kaliban était présent lui aussi sur l'île de Cœur.
Riku : C'est le cas oui. Ne vous en faites pas, il ne sait rien à propos de l'implication du Gouvernement Mondial dans cette affaire. Cela m'étonnerait même qu'il y porte un quelconque intérêt.
Contre-Amiral : A vrai dire je vous parle de cela à cause d'informations, selon lesquelles vous auriez travaillé de concordance avec ce pirate.
Riku : Pour le bien de ma mission j'ai collaboré avec lui c'est vrai.
Contre-Amiral : Je vois...

La conversation dura ainsi encore une bonne vingtaine de minutes. Une fois ce laps de temps écoulé, Riku ressorti du bureau du Contre-Amiral et se redirigea vers son navire, empruntant le chemin inverse à celui qu'il avait prit tout à l'heure. Une fois arrivé sur le ponton qu'il recherchait, il vit Shigeru, qui passait visiblement le temps à pêcher du poisson. Un comportement qu'aucun des marines qui passaient par là ne semblait comprendre.
Lorsque Riku passa à côté de lui, Shigeru l'interpella.

Shigeru : Que t'ont-ils dit ?
Riku : Concrètement ? Que la marine n'interviendrait pas en faveur de Cœur afin de protéger les intérêts du Gouvernement Mondial.
Shigeru : Rien d'autre ?
Riku : Je suis apparemment soupçonné de travailler de paire avec Dameon Kaliban, ou de travailler pour lui, qui sait comment ils interprètent cette hérésie...
Shigeru : Je t'avais pourtant prévenu, cette collaboration t'apporterait forcément des problèmes. Des conséquences ?
Riku : Au vu des informations que je leur ai rapporté ils ont été cléments. Ils m'ont cependant interdit de reposer un pied à Cœur.
Shigeru : On s'en tire bien. Et dans ce cas quel est notre prochain cap ?
Riku : Cœur bien sûr.


____________________


Cela faisait quelques jours qu'ils naviguaient, et enfin ils apercevaient les falaises de Hartcore, illuminées par les rayons du soleil. Cette fois-ci, Riku fut très clair. Ils ne resteraient pas longtemps sur l'île, quelques heures au plus. Et d'ailleurs il serait le seul à débarquer. Il défiait déjà les ordres en revenant sur cette île, il ne voulait pas prendre le moindre risque. Il rentrerait à l'intérieur de la Capitale, délivrerait son message, et s'en irait immédiatement.

Le navire de la marine jeta l'ancre au plus prêt des côtes Cœuroises qu'il le pu, et à partir de là, Riku s'élança jusqu'à l'île à l'aide de son geppou. Étrangement, il se senti comme chez lui lorsqu'il aperçu les tourelles de Hartcore qui s'élevaient pour percer le ciel. Il s'approcha de l'une d'elle et se posa dessus, tentant ainsi de profiter de son incroyable point de vue pour tracer son chemin jusqu'au palais. Après tout, il n'avait pas résidé à Hartcore plus de quelques nuits.
Plus que le chemin qu'il devrait emprunter, il pouvait voir les terres de Coeur, que ce soit les forêts qui entouraient Banore ou encore les montagnes de Lungkdaore. Après l'avoir parcourue, après avoir apprit à la connaitre, il fallait admettre que cette partie de l'île inhospitalière avait son charme. C'était un déchirement pour lui de devoir la quitter. Mais il ne pouvait continuellement désobéir à ses ordres sans en craindre les conséquences. Ainsi il ne ferait que ce à quoi il se sentait tenu, c'est à dire informer les Monarques de Cœur de la situation. Ensuite, il quitterait l'île, dans l'espoir d'avoir l'opportunité d'y revenir et d'honorer ce "justice" qui était brodé sur le dos de sa veste.

Ne laissant pas ses pensées vagabonder plus longtemps, il entreprit de se déplacer. Préférant ne pas attirer l'attention sur lui, il préféra ne pas rejoindre le sol et aller jusqu'au palais à coup de geppou. Il sauta ainsi de tourelle en tourelle jusqu'à atteindre son objectif. Une fois cela fait, il se laissa violemment tomber au sol, atterrissant face à deux soldats qui eurent sûrement la peur de leur vie. Les deux hommes, surprit, brandirent leurs lances contre le mur de poussière qui avait été soulevé. Puis, lorsque celui-ci se dissipa ils les baissèrent, acclamant l'un de ceux qui portait le titre de "Héros de Cœur". Sans lui poser de question, ils le laissèrent pénétrer dans l'enceinte du bâtiment, prenant tout de même les devants afin de prévenir la Reine de son arrivée. Sans délais, celle-ci le fit recevoir dans la salle du trône, en présence des exactes mêmes personnes que lors de leur première rencontre, à l'exception du Roi qui cette fois-ci ne s'était pas montré. Comme le voulait la coutume, Riku s'agenouilla au pied du trône, et fut par un geste de la main invité à se relever. Il perçu dans le regard de la Reine une certaine incompréhension par rapport à la veste qu'il portait. Il était vrai qu'il n'avait jamais porté sa cape de marine en sa présence, et avait encore moins révélé son affiliation à elle, préférant se faire passer pour l'un des pirates de l'Ange de la Douleur.

Reine de Cœur : Je ne pensais plus recevoir votre visite, Héros de Cœur.
Riku : Malheureusement le devoir m'a forcé à quitter l'île dans la hâte. Et il m'empêche maintenant de rester parmi vous.
Reine de Cœur : Votre devoir... Je ne vous savais pas porteur d'un tel fardeau.
Riku : J'ai préféré le cacher en effet. Je ne connaissais pas vos intentions, vos appréhensions. Et j'étais en mission. C'est d'ailleurs de ce dernier point que je viens vous parler.

La curiosité de la Reine sembla piquée. Ainsi, Riku se mit à expliquer en détail ce qu'il avait pu découvrir par rapport au Royaume de Diamant. Il expliqua comment ceux-ci avaient corrompus le Gouvernement Mondial, et comment ceux-ci avaient été démasqués. Il expliqua ensuite, non pas en éprouvant une certaine honte, que la marine ne pourrait pas intervenir dans cette affaire, et ce malgré l'injustice dont étaient victimes les Cœurois.

Reine de Cœur : Vous vous êtes donc battu pour notre cause jusque dans vos rangs. Vous aurez la reconnaissance éternelle de notre peuple pour cela.
Riku : Je n'ai fait que mon devoir, Majesté. Malheureusement celui-ci aura eut un coût. Je suis un marine, Dameon Kaliban est un pirate. Travailler de paire avec lui aura eu des conséquences. Parmi elles on m'aura interdit de poser à nouveau un pied sur cette île, pour un certain temps au moins.
Reine de Cœur : Vous avez déjà fait plus qu'assez pour nous, Héros. Partez le cœur léger, et emportez avec vous toutes les richesses qui pourront vous intéresser.
Riku : Non, détrompez vous ma Reine. Je vous quitte peut-être pour le moment, mais il ne s'agit en aucun cas d'un adieu. Je ferais lever les charges qui pèsent contre moi, je poursuivrais ceux parmi le gouvernement qui auront rompu leurs serments. Et dès que je le pourrais, je reviendrais pour honorer mon propre serment. Vous avez ma parole.

La Reine dont le visage semblait si triste eut un petit sourire.

Reine de Cœur : Qu'il en soit ainsi.

Sur ces mots, Riku s'inclina, et s'en retourna d'une démarche décidée jusqu'au navire. En sortant du palais, il fut bien surprit de constater que les rumeurs se répandaient aussi vite à Cœur qu'ailleurs, et que de nombreux habitants avaient été informés de la présence d'un de leur Héros dans l'enceinte du château. Une réelle foule se trouvait maintenant devant le palais. En voyant cela, le sérieux du marine s'envola pour laisser place à un léger sourire. Sous leurs yeux il s'éleva donc dans le ciel, rejoignant l'une des tourelles alentours qui lui servit de perchoir. Le regard flamboyant, il plaça alors son poing sur son cœur. La foule l'imita alors, en ajoutant à ce geste les mots qui l'accompagnaient : Noblesse et Honneur, pour Cœur.

Après cela, il s'en retourna vers le navire, comme il était venu. Lorsqu'il arriva, il découvrit un silence incroyable. Pas un bruit, si ce n'était peut être les vagues qui s'écrasaient contre la coque du navire ou le vent qui berçait ses voiles repliées. En faisant quelques pas, il eut la surprise de voir Shigeru dormir auprès de Bullet Bill, à la poupe, accoudés à la barre. En continuant un peu il découvrit Lily, qui s'était endormie sur la rambarde du navire. Sûrement s'était-elle assoupie en observant les magnifiques falaises de Hartcore. Tout juste à côté d'elle, Agito dormait dans une position on ne peut plus intrigante, enchevêtré dans les cordages du navire. Riku ne préféra même pas imaginer quel genre de bêtises avaient pu le conduire à finir dans cet état.
Constatant que le navire entier était endormi, le Fantôme choisi de disparaitre comme ses hommes l'avaient fait. Comme à son habitude dans ces moments là, il se dirigea à la proue du navire, s'installant confortablement dessus afin de profiter des derniers rayons du soleil couchant.
Son regard se perdit à l'horizon, et sans même qu'il ne comprenne pourquoi, il se remit à penser à la proposition de Dameon :

Le jour où tu comprendras que la marine est une institution faiblarde, viens à moi et nous deviendrons les capitaines du plus grand équipage que le monde ait connu.

C'était une proposition alléchante. Dans sa jeunesse, Riku avait rêvé de devenir un pirate, de voguer avec la même liberté. Mais il avait compris avec l'âge de quelle manière s'obtenait cette liberté. Qu'elle ne s'obtenait qu'en écrasant celle des autres, en leur volant leurs droits, leurs envies, leurs rêves. Ainsi il avait rejeté ses propres rêves pour protéger les faibles, pour racheter cette dette qu'il avait envers Raphaël, cet enfant qui était mort par sa faute.
Une ère où les faibles se font écraser par les forts ? Il ne laisserait pas cela arriver. Au contraire, il créerait un monde où il n'y aurait ni faible ni fort.
Un monde où tous vivraient par les mêmes règles, par les mêmes craintes.
Un monde où les hommes comme Dameon Kaliban n'existeraient pas.
Tel était son serment.

Fin de l'aventure.
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Message par -ED- Ven 9 Mai - 16:13

Résumé de l’aventure :

-Les anges de la douleur accostent sur une ile estivale et mettent pied à terre en plein désert en quête d’une ville ou se ravitailler. Après deux jours de marche à travers les étendus de sable ils remarquent une énorme créature derrière eux, en pleine partie de chasse.
-Les proies de cette créature, Agito et Lily trouvèrent refuge derrière les anges tandis que Méridia s’occupait de la bête, trop affamée pour être un problème. Derrière eux Agito entreprit de leur exposer brièvement la situation avant l’arrivée de leurs vrais poursuivants.
-Capturés et enchainées, pirates et marines furent emmenés au camp des guerriers où ils retrouvèrent Riku. Ce dernier capturé un peu plus tôt les éclaira sur la situation, ils étaient les prisonniers du royaume de Cœur, en plein milieu d’une guerre.
-Les deux équipages, prisonniers et affamés reprirent la route, menés par les guerriers en direction de la capitale ou le roi de Cœur déciderait de leur sort. Ils finirent par quitter le désert pour une étrange forêt et arrivèrent enfin à Hartcore, la capitale de Cœur.
-Une fois devant le roi, Dameon entrepris de démontrer ses talents de médecin à la cour afin de se disculper. Sa témérité ne fut qu’à moitié récompensé puisqu’ils gagnèrent encore un sursis. Dans les geôles ils finirent par comprendre la situation, les habitants de cœur vivent un pays inhabitable et sont contrais a la guerre pour pouvoir se nourrir des biens de leurs voisins, voire de leur voisins eux-mêmes.
-Le lendemain, avant que la sentence ne soit rendue, Dameon essaye une dernière fois de convaincre la reine qu’ils ne sont pas des espions de Diamant, en vain. C’est Sanghyn, général de l’armée de Cœur qui leur évita la mort en se portant garant de leur honnêteté.
-Libérés de leurs menottes, ils passèrent enfin une vraie nuit dans de vrais lits. Le lendemain le général Sanghyn vint les chercher pour partir en direction du front au nord des monts d’obsidienne. Ils se rendirent a l‘écurie pour y chercher leurs ésis et se mirent en route.
-En chemin, Nocturne rencontra Lilith offrant un spectacle aux hommes de cœur, mais peut d’autre incidents perturbèrent leur chemin. Une fois à destination, Lily et Malphas repérèrent des éclaireurs les observant. Dameon et Riku s’occupèrent rapidement de ces ennemis, en gardant un vivant pour l’interroger.
-Après une courte séance de torture de leur captif, Dameon obtint les informations que détenait l’éclaireur. Fort de cet avantage, l’armée de Cœur rejoint leurs hommes déjà présents sur place et attaquèrent les Diamantins pris au dépourvus au niveau du col de la Porte Nocturne.
-Trois heures plus tard la bataille touchait à sa fin. Les diamantins qui n’étaient ni morts ni mourants prenaient la fuite et les rangs de leur armée s’éparpillaient tandis que les Cœurois commençaient à hurler leur victoire. Par la suite ils rejoignirent le camp de l’armée de Diamant ou les attendais Dameon et Riku ayant déjà commencé à taper dans les victuailles.
-Après avoir festoyé leur victoire autour d’un banquet, ils rentrèrent en héros jusqu’à la capitale, accompagné des vivres de Diamant. Leur loyauté envers cœur prouvé, Dameon examina le roi pour tenter de découvrir le mal qui le rongeait en vain. Il entreprit d’autopsier un Diamantin, suspectant qu’ils étaient l’origine de la maladie du seigneur.
-Les deux équipages décidèrent d’une trêve et mirent au point un plan pour aider Cœur. Une partie des deux équipages iraient prêter main forte au général Sanghyn tandis que les autres chercheraient un passage dans les mines passant sous les monts d’obsidienne pour attaquer la ville de Nen. Les deux capitaines gardèrent leur plan secret, se rendre dans la capitale de Diamant.
-Agito Pandore et Rashek rejoignirent la ville minière de Lungkdaore. Reçu par les vingt-et-un qui les installèrent dans le palais figé, ils les informèrent de leur plan, gagner le royaume de diamant par les mines.
-Malgré les mises en garde d’Oberyn, les héros de Cœur et les soldats d’élites se mirent en route dans les galeries en direction de Nen. Leur progression fut relativement aisée mais l’effondrement d’une galerie les contraint à passer par la tanière des étoiles rouges peuplant les mines. Agito s’occupa des créatures enflammant le gaz sous terrain tandis que les autres progressaient. Le groupe parvint finalement à sortir de terre devant les portes de Nen.
-Dans les monts d’obsidienne, l’armée de Diamant est attaquée par Lilith et Nocturne. Après de gros dégâts dans les troupes ennemies les deux femmes fuies. En allant à leur poursuite, l’armée de Diamant tombe dans un piège élaboré par Shigeru et toute l’armée finit décimée par les 300 hommes de Cœur. Mais au matin c’est l’armée du valet de pique qui leur fait face.
-L’affrontement entre les deux armées fut sanglant mais cessa rapidement pour un duel entre les champions. Ce fut Sanghyn rebaptisé valet de cœur qui affronta Oberyn. Donnant sa vie pour galvaniser ses troupes, Oberyn même victorieux dû se replier. La nuit tombée ils virent le signal d’Agito, la ville de Nen était tombée.
-Juste à la nuit tombée, Rashek et Pandore s’étaient tous deux infiltrés dans les murs de la citée fortifier pour terrifier ses défenseurs. A eu deux ils massacrèrent une bonne partie des soldats et Rashek eu même la peau de leur commandant. Ils ouvrirent les portes aux soldats de cœur qui firent tomber définitivement la ville sous leur contrôle.
-L’armée du valet de pique arriva a Nen mais Pandore réussit à la maintenait à distance jusqu’à l’arrivée de l’armée de Cœur. Quart laissa leur armée entrer  dans la ville fortifiée tandis que Pandore libera les otages.
-Dameon et Rike sur leurs ésis finirent par rejoindre la ville de Diamen et apprirent par la populace qu’un bal était organisé pour la cour du seigneur. Vêtus des plus beaux apparats qu’ils purent dérobés, ils se rendirent séance tenante a cette petite sauterie afin d’en apprendre un plus sur ce royaume.
-Ils ne purent malheureusement pas profiter longtemps des danseuses et des mets présents. Les deux capitaines se séparèrent pour chacun accomplir la mission qu’ils s’étaient fixés. Riku s’introduit à l’étage supérieur en quête de document prouvant la traitrise de ce royaume. Il fut surpris par des garde qui le conduisirent au roi, mais trouvèrent ce dernier une dague sous le cou.
-Dameon finit par trancher la gorge du monarque, mettant ainsi fin à la trêve qu’il avait passé avec Riku et plongeant le royaume dans le chaos. Dameon s’enfuit pour échapper à la colère du marine et envoya un message au reste de son équipage, ils allaient mettre les voiles.
-Riku accusé de la mort du roi parvint tout de même à fuir le palais. A Nen aussi, l’équipage de l’ange de la douleur a pris la poudre d’escampette, laissant la ville aux marines et à Cœur.
-De retour à la capitale Dameon annonce le sort du seigneur à la reine, empoisonnée par une création de leur propre fils. Ils partent ensuite pour Hex island chargés de trésors.
-Quittant l’ile à leur tour les marines mirent le cap sur Marinford ou Riku présenta son rapport à son supérieur. Les preuves de corruption et les rumeurs de collaborations avec Kaliban écartèrent Riku de l’affaire tandis qu’il se décidait de ne pas intervenir pour ne pas répandre la rumeur. Riku se rendit tout de même une dernière fois sur Cœur pour y renouveler son serment envers le royaume et envers lui-même.


Fin de l’aventure !

Tout d’abord félicitation à vous deux pour cette aventure, je me suis régalé a la lire malgré ces deux pu****s de pages aux post interminables maudit
Une histoire sympa qui reste simple à suivre avec des rebondissements des trahisons et tant d’héroïsme larme_joie
Bref, une super aventure comme j’aimerais en lire plus souvent de moins longue, gg ^^

Récompenses :

Unholynounette :
Dameon: +13.000.000
Pandore : +14.000.000
Malphas : +12.000.000
Meridia-Azura-Nocturne : +13.000.000
Rashek : +14.000.000

Rikounette :
Riku : +190 dourikis
Agito : +200 dourikis
Shigeru : +190 dourikis
Lily : +360 dourikis

Promotion de Riku Esperanti au grade de Commandant.
Promotion de Shigeru Miyamoto au grade de Sergent-Chef.



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