Guide de la ponctuation : libérez le Proust qui est en vous !
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Guide de la ponctuation : libérez le Proust qui est en vous !
Je l’évoque chaque fois que je commente un texte ; il est temps pour moi d’en expliciter les implications. Maîtrisée parfaitement par certains, tel Proust, à tel point qu’elle en devient indigeste, délaissée par d’autres qui la relèguent au statut d’un infâme totem de la langue française, la ponctuation est au récit ce que la respiration est à l’Homme : une nécessité.
La virgule, quelques points, leur forme bâtarde… Quantitativement, la ponctuation se réduit à peu de choses. Mais, sans point ni virgule, c’est le texte qui se réduit, tant en sa qualité qu’en sa lisibilité. La ponctuation n’a qu’une fonction : donner un rythme à vos phrases. Là, vous m’apostropherez, et sans doute m’interrogerez sur ce rythme pour lequel vous n'avez cure. Pourtant, il s’agit du rythme naturel de la langue française, dit également rythme Grammont, du nom du linguiste qui en a théorisé les pans. Ce rythme, cette introduction vous en fait une démonstration, bien que brève et accablante d’incomplétude.
Bien, je vais faire trêve de lyrisme et entamer un exposé, que j’espère compréhensible, sur la ponctuation. Mes explications se distingueront en quatre parties :
- Partie 1 : Les articles de ponctuation.
- Partie 2 : La ponctuation dans la narration.
- Partie 3 : La ponctuation dans le dialogue.
- Partie 4 : L’exception à toutes les règles ; la ponctuation dans la poésie.
Partie 1 : Les articles de ponctuation.
Je suis certain que tous ceux qui liront ces lignes connaissent les différents articles de ponctuation, mais par précaution, et également par certitude que certains n’ont jamais été initiés à leurs implications, je préfère vous les exposer ici.
Tout d’abord, sachez que la ponctuation, élément indispensable à toute œuvre écrite, est en réalité une marque de l’oralité. En effet, la ponctuation correspond à des temps de respiration, et ces temps de respiration permettent à vos phrases de s’inscrire dans le rythme naturel de la langue française.
Ainsi, le point correspond à un temps de respiration de 1 seconde ; le point virgule et le double-point correspondent à un temps de respiration 0,75 de seconde ; la virgule correspond à un temps de respiration de 0,5 seconde ; les points d’interrogation, de suspension, et d’exclamation correspondent, en principe, à un temps de respiration de 1 seconde.
Si votre curiosité vous l’enjoint, essayez d’adopter ces temps de respiration lors de vos prochaines déclamations. Cela devrait rendre votre lecture plus fluide et aisée ; vous ne devriez pas finir une seule phrase à bout de souffle.
Comme vous le savez déjà, le point permet d’achever une phrase. Il implique un temps de respiration long, ce qui permet au lecteur d’inspirer et d’entamer la phrase suivante en pleine possession de ses capacités pulmonaires. Aussi, le point peut marquer une césure dans les idées exposées par le narrateur ; les deux phrases juxtaposées peuvent aborder des sujets sans rapport direct. D’une manière générale, le point permet de bien ordonner vos idées, de faire en sorte que vos phrases aient une longueur adaptée à l’information transmise au lecteur, et, surtout, de donner une harmonie générale à votre récit.
Au final, le point permet au lecteur de ne pas avoir à réfléchir au sens de votre phrase, de ne pas avoir à lui-même marquer une césure mentale entre des éléments sans rapport ou qui se seraient accommodés d’indépendance.
Bien entendu, le point implique également une logique rythmique qui sera développée dans les parties suivantes.
Les points d’interrogation, d’exclamation, et de suspension répondent à la même logique que le point simple, mais leur appréhension rythmique est différente.
Je ne vais pas m’appesantir sur les emplois de ces différents points, mais sachez que les explications liées aux rythmes qu’ils impliquent seront plus profondes.
La virgule s’inscrit dans deux logiques. Dans une première logique, la virgule est un instrument purement rythmique. En effet, elle permet au lecteur de reprendre son souffle au milieu d’une phrase, et permet de moduler le rythme d’une phrase afin qu’elle s’inscrive dans le rythme Grammont. Dans une seconde logique, la virgule est un instrument purement littéraire, qui peut notamment remplacer des parenthèses dans la narration.
Ces implications seront développées plus en détail dans la partie consacrée à la virgule.
Le point-virgule est un instrument hybride, un bâtard de la virgule et du point. Le point-virgule permet de moduler le rythme d’une phrase, mais il n’en marque pas la fin. En fait, le point-virgule remplace un point simple, seulement le point aurait été inadapté car les idées développées dans chaque membre de phrase sont liées par un lien que l’auteur veut indéfectible, sans pour autant défier la logique.
La narration s’accommodera d’un point entre deux phrases parlant tour à tour de Robert et Larousse, des individus ne partageant aucun lien ; mais, si Robert est le chien de Larousse, alors les phrases pourront être séparées d’un point-virgule, car chacun des éléments exposés sont liés. Vous aurez sans doute noté, au surplus, que la forme de mon exemple reprend à son compte cette qualité.
Le double-point, bien qu’il influe sur le rythme de la phrase, permet essentiellement de marquer la fin d’un segment de phrase pour le continuer par une illustration, ou par l‘exposé d’événements impliqués par les idées développées dans le premier membre de phrase. À ce titre, le double-point permet de remplacer un point pour des segments de phrase plus liés encore que dans le cas d’un point-virgule.
Bien, cela sera tout pour l’introduction à la ponctuation. À bientôt pour des développements sur l’emploi de la ponctuation dans la narration. Si vous avez des questions, n’hésitez pas, j’y répondrai dès que possible, du moins quand j'aurai fourni ce guide de quelques phrases supplémentaires.
La virgule, quelques points, leur forme bâtarde… Quantitativement, la ponctuation se réduit à peu de choses. Mais, sans point ni virgule, c’est le texte qui se réduit, tant en sa qualité qu’en sa lisibilité. La ponctuation n’a qu’une fonction : donner un rythme à vos phrases. Là, vous m’apostropherez, et sans doute m’interrogerez sur ce rythme pour lequel vous n'avez cure. Pourtant, il s’agit du rythme naturel de la langue française, dit également rythme Grammont, du nom du linguiste qui en a théorisé les pans. Ce rythme, cette introduction vous en fait une démonstration, bien que brève et accablante d’incomplétude.
Bien, je vais faire trêve de lyrisme et entamer un exposé, que j’espère compréhensible, sur la ponctuation. Mes explications se distingueront en quatre parties :
- Partie 1 : Les articles de ponctuation.
- Partie 2 : La ponctuation dans la narration.
- Partie 3 : La ponctuation dans le dialogue.
- Partie 4 : L’exception à toutes les règles ; la ponctuation dans la poésie.
Partie 1 : Les articles de ponctuation.
Je suis certain que tous ceux qui liront ces lignes connaissent les différents articles de ponctuation, mais par précaution, et également par certitude que certains n’ont jamais été initiés à leurs implications, je préfère vous les exposer ici.
Tout d’abord, sachez que la ponctuation, élément indispensable à toute œuvre écrite, est en réalité une marque de l’oralité. En effet, la ponctuation correspond à des temps de respiration, et ces temps de respiration permettent à vos phrases de s’inscrire dans le rythme naturel de la langue française.
Ainsi, le point correspond à un temps de respiration de 1 seconde ; le point virgule et le double-point correspondent à un temps de respiration 0,75 de seconde ; la virgule correspond à un temps de respiration de 0,5 seconde ; les points d’interrogation, de suspension, et d’exclamation correspondent, en principe, à un temps de respiration de 1 seconde.
Si votre curiosité vous l’enjoint, essayez d’adopter ces temps de respiration lors de vos prochaines déclamations. Cela devrait rendre votre lecture plus fluide et aisée ; vous ne devriez pas finir une seule phrase à bout de souffle.
Comme vous le savez déjà, le point permet d’achever une phrase. Il implique un temps de respiration long, ce qui permet au lecteur d’inspirer et d’entamer la phrase suivante en pleine possession de ses capacités pulmonaires. Aussi, le point peut marquer une césure dans les idées exposées par le narrateur ; les deux phrases juxtaposées peuvent aborder des sujets sans rapport direct. D’une manière générale, le point permet de bien ordonner vos idées, de faire en sorte que vos phrases aient une longueur adaptée à l’information transmise au lecteur, et, surtout, de donner une harmonie générale à votre récit.
Au final, le point permet au lecteur de ne pas avoir à réfléchir au sens de votre phrase, de ne pas avoir à lui-même marquer une césure mentale entre des éléments sans rapport ou qui se seraient accommodés d’indépendance.
Bien entendu, le point implique également une logique rythmique qui sera développée dans les parties suivantes.
Les points d’interrogation, d’exclamation, et de suspension répondent à la même logique que le point simple, mais leur appréhension rythmique est différente.
Je ne vais pas m’appesantir sur les emplois de ces différents points, mais sachez que les explications liées aux rythmes qu’ils impliquent seront plus profondes.
La virgule s’inscrit dans deux logiques. Dans une première logique, la virgule est un instrument purement rythmique. En effet, elle permet au lecteur de reprendre son souffle au milieu d’une phrase, et permet de moduler le rythme d’une phrase afin qu’elle s’inscrive dans le rythme Grammont. Dans une seconde logique, la virgule est un instrument purement littéraire, qui peut notamment remplacer des parenthèses dans la narration.
Ces implications seront développées plus en détail dans la partie consacrée à la virgule.
Le point-virgule est un instrument hybride, un bâtard de la virgule et du point. Le point-virgule permet de moduler le rythme d’une phrase, mais il n’en marque pas la fin. En fait, le point-virgule remplace un point simple, seulement le point aurait été inadapté car les idées développées dans chaque membre de phrase sont liées par un lien que l’auteur veut indéfectible, sans pour autant défier la logique.
La narration s’accommodera d’un point entre deux phrases parlant tour à tour de Robert et Larousse, des individus ne partageant aucun lien ; mais, si Robert est le chien de Larousse, alors les phrases pourront être séparées d’un point-virgule, car chacun des éléments exposés sont liés. Vous aurez sans doute noté, au surplus, que la forme de mon exemple reprend à son compte cette qualité.
Le double-point, bien qu’il influe sur le rythme de la phrase, permet essentiellement de marquer la fin d’un segment de phrase pour le continuer par une illustration, ou par l‘exposé d’événements impliqués par les idées développées dans le premier membre de phrase. À ce titre, le double-point permet de remplacer un point pour des segments de phrase plus liés encore que dans le cas d’un point-virgule.
Bien, cela sera tout pour l’introduction à la ponctuation. À bientôt pour des développements sur l’emploi de la ponctuation dans la narration. Si vous avez des questions, n’hésitez pas, j’y répondrai dès que possible, du moins quand j'aurai fourni ce guide de quelques phrases supplémentaires.
Dernière édition par Ziefniel le Dim 10 Avr - 2:13, édité 1 fois
Ziefniel- Pirate
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Re: Guide de la ponctuation : libérez le Proust qui est en vous !
Partie 2 : La ponctuation dans la narration.
Dans les phases narratives du récit, la ponctuation permet d’adapter vos phrases au rythme Grammont. Ce rythme se distingue en deux courbes, chacune comprenant quelques sous-implications.
Lorsque vous terminez vos phrases par un point simple, le rythme naturel de la langue française prend la forme d’une courbe ascendante puis descendante, qui correspond à une vitesse de lecture particulière. La lecture d’une phrase simple s’initie par une phase lente en accélération, c'est-à-dire que votre rythme de lecture va prendre en célérité jusqu’à atteindre un rythme de croisière. Ce rythme de croisière peut être défini comme un rythme de déclamation confortable, un rythme que le lecteur peut maintenir sans grand effort et sans forcer son souffle.
Une fois ce rythme de croisière atteint, il peut être prolongé par l’usage de virgules, de points-virgules, et de doubles-points. Cependant, une prolongation exagérée, bien qu’elle traduise une parfaite maîtrise de la ponctuation, telle celle que je me plais d’attribuer à Proust, peut rendre la lecture indigeste et égarer le lecteur.
Enfin, quand la fin de votre phrase simple approche, le rythme se veut décroissant, jusqu’à arriver au niveau auquel vous avez entamé la lecture. Ainsi, vous devriez achever de déclamer la phrase sans vous trouver à bout de souffle, et d’une manière telle qu’un auditoire peut deviner que la phrase s’achève.
Lorsque vous terminez vos phrases par un point d’interrogation, un point d’exclamation, ou par des points de suspension, le rythme se veut en perpétuelle ascendance. Ainsi, vous entamerez votre lecture sur un même rythme que n’importe quelle autre phrase, mais votre accélération dans la lecture ne s’accommodera d’aucun tempérament une fois votre rythme naturel de lecture atteint : vous continuerez d’accélérer dans votre déclamation jusqu’à atteindre un rythme qui vous fera naturellement hausser la voix !
Bien, vous devez maintenant avoir une idée de l’aspect que vous devez donner à vos phrases pour les imprimer dans le rythme Grammont. Certains d’entre vous pensent, peut-être, que donner un tel moule à la narration est idiot, voire inutile et entravant. Mais, je vous le répète, ce rythme correspond à l’oralité qui est celle du français. Certes, l’oralité évolue avec les époques, et le rythme théorisé par Grammont parait aujourd’hui un peu lent, mais rien n’empêche de l’adapter à la célérité de l’articulation contemporaine et à son défaut. Peut-être faudrait-il diviser les respirations accordées aux ponctuations par deux, mais au final les phrases que nous déclamons se fondent assez naturellement dans les courbes sus-décrites.
Je ne vais pas m’égarer dans un débat insoluble, et me contenterai de développer des explications qui en convaincront peut-être certains. Mes propos se diviseront en huit sections :
- Section 1 : L’usage du point.
- Section 2 : L’usage de la virgule.
- Section 3 : L’usage du point-virgule.
- Section 4 : L’usage du point d’interrogation.
- Section 5 : L’usage du point d’exclamation.
- Section 6 : L’usage combiné des points d’exclamation et d’interrogation.
- Section 7 : L’usage du double-point.
- Section 8 : L’usage des points de suspension.
Au fil des développements, les différents signes de ponctuation seront utilisés en commun afin de contribuer à l’apprentissage du rythme Grammont.
Section 1 : L’usage du point.
Comme je l’ai déjà exposé dans une entreprise d’amirauté de l’évidence, le point sert à achever une phrase, et ce faisant à marquer le point de chute du rythme de l’idiome. Dans cette acception, l’usage du point est simple.
Exemple : Il mangeait des chips à chaque repas car il aimait cela.
Tout d’abord, pardonnez la pauvreté de la phrase engendrée par l’absence de ponctuation interne. Nous voyons ici que le rythme démarre lentement au début de la phrase, puis il monte jusqu’au mot « repas » qui constitue le point d’atteinte du rythme de croisière. Cependant, dans le cas présent, le rythme de croisière n’est maintenu que pour le mot « repas », et le rythme entame sa décélération à partir du mot « car », jusqu’à revenir à sa célérité de départ à la fin de la phrase.
Simple, n’est pas ?
Malheureusement, les exceptions fleurissent dans la langue française, même dans l’emploi du point. En effet, les auteurs sont souvent invités à faire des phrases courtes, notamment pour améliorer la compréhension du texte ou animer des scènes de combat. Or, pour de telles phrases courtes l’on voit mal le rythme.
Exemple : Il mange.
Là, pas de rythme de départ, pas d’accélération, ni même que de décélération. Le rythme, comme la phrase, se fond en un trait de temps.
Dans une phrase de narration banale, le temps de respiration impliqué par l’usage du point sera respecté. Mais, dans la narration d’une phase de combat une exception se manifestera.
En effet, dans une telle narration le point devient un article fantôme. C'est-à-dire que le lecteur va être naturellement amené à accélérer dans sa lecture, suivant alors le schéma rythmique d’une phrase simple au long cours, voire même, et c’est là que l’exception se fait la plus prégnante, d’une phrase exclamative.
Exemple : Robert attaque. Larousse esquive. Elle tombe. L’adversaire s’approche et assène un nouveau coup. L’encyclopédie pare d’une botte.
Nous voyons là les deux rythmes que j’exposais. En effet, le rythme des trois premières phrases ne fait qu’accélérer, jusqu’à atteindre son paroxysme à la fin de la troisième phrase. L’on voit donc, par ce fragment d’exemple, que le rythme d‘une phrase exclamative s’applique malgré la présence d’un point simple. Les deux dernières phrases adoptent, lorsqu’on les considère comme une unité, le rythme naturel d’une phrase simple. En effet, le rythme va accélérer jusqu’au mot « nouveau », se maintenir jusqu’au mot « coup », puis entamer sa décélération jusqu’à revenir au rythme initial à la fin de la seconde phrase.
J’achèverai cette section en disant : il n’y a point de point qui ne s’achève point quand un point point.
Section 2 : L’usage de la virgule.
Ne nous méprenons pas, la virgule est l’essence même de la ponctuation. Outil rythmique de choix, seul un mot permet de définir son usage : indispensable. De manière générale, la virgule permet de ralentir, d’accélérer, et même de faire stagner, la célérité à laquelle vous lisez un texte. Parmi toutes les ponctuations existantes, la virgule est sans doute celle qui se décline en le faisceau d’usages le plus large. À défaut de vous en exposer toutes les implications, ce qui serait trop fastidieux et aurait raison de ma motivation, je me contenterai de vous en exposer les principales.
Tout d’abord, dans une phrase simple, l’usage de la virgule permet de prolonger la phase de lecture à un rythme de croisière. En effet, sans l’usage de la bonne ponctuation, le lecteur aura tendance à passer de l’accélération à la décélération dans sa lecture d’une manière assez abrupte, le temps de déclamation au rythme de croisière se trouvant alors réduit. L’usage de la virgule permet de prolonger la phase de lecture au rythme de croisière, et également de laisser au lecteur le temps de reprendre son souffle.
Exemple : Robert invita Larousse à prendre un verre dans un bar mais l’encyclopédie ne parut jamais son éditeur l’ayant enjointe de se rendre à la maison pour une mise à jour.
Sans m’étendre en palabres et constatations évidentes, je noterai seulement que la phrase prise en exemple est topique de l’ignominie. C’est une phrase longue, et l’absence de ponctuation interne vicie son rythme. En effet, la déclamation va accélérer jusqu’au mot « jamais », puis brusquement décélérer à partir du mot « son ». Le rythme de croisière est totalement effacé.
Exemple : Robert invita Larousse à prendre un verre dans un bar, mais l’encyclopédie ne parut jamais, son éditeur l’ayant enjointe de se rendre à la maison pour une mise à jour.
Une fois la ponctuation interne rétablie, l’on voit que le rythme Grammont est réhabilité : le rythme de lecture accélère jusqu’à la première virgule, où il prend son allure de croisière, qui se maintient jusqu’à sa jumelle, avant de décélérer à partir du mot « son », jusqu’à revenir au rythme de départ à la fin de la phrase.
Ici, le rythme Grammont permet de lire la phrase avec aisance, et sans avoir à accabler ses capacités respiratoires. Encore, l’apposition des deux virgules aide le lecteur à appréhender les propos développés. Dans le premier exemple, toutes les idées sont liées, presque mélangées. Par manque de ponctuation, le lecteur pourrait se trouver contraint de réfléchir au sens de la phrase, ce qui est inconcevable lorsque l'on narre de telles banalités. Dans le second exemple, les idées sont séparées par les virgules, ce qui permet leur appréhension instantanée par le lecteur. Chaque virgule marque le début d’une idée et la fin d’une autre, et l’on voit bien leur articulation en trois temps.
Notez que, dans cet exemple, chaque membre de phrase correspond à l’une des phases du rythme Grammont en plus de correspondre à une phase de la narration, ce qui n’est pas toujours le cas. En réalité, cet exposé peut être considéré comme l’usage le plus simple et vulgaire des virgules, mais leur implication rythmique peut se révéler bien plus complexe.
Dans une phrase interrogative ou exclamative, l’usage de la virgule peut engendrer deux conséquences rythmiques. Dans certains cas, la virgule permettra de retarder ou de tempérer l’accélération du rythme. Dans d’autres cas, la virgule permettra de fractionner, et ainsi d’accentuer, l’accélération du rythme.
Exemple : Dans la logique des théories d’Eddy Malou, savant autoproclamé, la prépondérance économique du Congo se manifeste-t-elle par une adaptation des lois du marché aux spécificités congolaises ?
Pour une phrase interrogative, le rythme Grammont se veut en perpétuelle ascendance. Ainsi, dès le premier mot, le rythme de lecture va accélérer. Or, cette accélération va être coupée par la première virgule. À partir de ce point, et jusqu’à la seconde virgule, le rythme de lecture de la phrase stagne, comme si rythme de croisière lui était imposé. Puis, la ponctuation interne dépassée, le rythme va reprendre sa course naturelle pour accélérer jusqu’à la fin de la phrase.
Au delà de leur acception rythmique et respiratoire classique, l’usage des virgules permet ici d’apporter une précision à l’idée développée. Cette faculté sera plus amplement développée dans un point suivant.
Exemple : Robert, ce fourbe, ce couard, cette parodie non encyclopédique, ce foutriquet !
Là encore, le rythme Grammont tend à la célérité. La phrase procède à une accumulation, et malgré sa longueur modérée elle comprend de nombreuses virgules. Chaque virgule marque un stade dans l’accélération, qui doit s’amplifier au fil de la déclamation, et en accentue les effets. Au final, par un tel usage, la virgule ne remplit plus son rôle de répit dans la lecture, mais adopte une utilité inverse : elle donne des à-coups dans la lecture, chacun, pris dans l’inertie du dernier, en accélérant le rythme.
La virgule peut également connaître un usage lié à l’emploi de certains termes, tels « soit », « et », « mais », ou encore diverses expressions permettant l’articulation des idées à l’intérieur d’une même phrase, voire d’un même paragraphe.
Liée à de tels mots ou expressions, la virgule, en plus de permettre à la phrase de prendre son rythme naturel et d’octroyer au lecteur un temps de respiration, permet d’articuler et de bien dégager différentes idées véhiculées par un texte.
Exemple : Il voulait sortir faire du vélo, mais la pluie l’en dissuada.
Ici, le rythme de lecture va accélérer jusqu’au mot « faire ». Il va ensuite stagner jusqu’au mot « vélo ». Enfin, il va décroître jusqu’à revenir à sa célérité originelle à la fin de la phrase.
L’on voit que la virgule se place avant le mot « mais », et qu’ainsi elle distingue bien entre les deux idées développées dans la phrase ; le premier segment expose un souhait, le second expose la raison de sa péremption.
Exemple : Il coulait. Mais, rien d’autre que le ciel ne parvenait à le noyer de passion.
Ici, la virgule va marquer le passage au rythme de croisière, et donc, d’une certaine manière, le précipiter. Ce rythme de lecture va se perpétuer jusqu’au mot « parvenait », avant de prendre une pente descendante jusqu’à revenir sur une base de lecture lente à la fin de phrase.
Dans le cas présent, c'est-à-dire dans le cas où la phrase commence par l’un des mots ou l’une des expressions envisagés, et donc qu’une idée en lien avec la phrase a été précédemment développée, la virgule est placée après lesdits mots ou expressions. La raison de ce positionnement s'entend de l’existence de la phrase précédente, qui implique que la ponctuation acte cette présence. D’une certaine manière, la virgule ne pouvant pas être placée avant, faute que le mot ne se trouve pas dans la phrase précédente, elle doit se trouver après le mot.
En réalité, il faut considérer que les deux phrases séparées par l’une des propositions envisagées sont liées, bien que d’un lien moins fort que les phrases séparées d’un point-virgule ou d’un double-point, de telle sorte que la virgule doit accélérer le rythme de lecture afin de créer une illusion : le lecteur pourra considérer que les deux phrases n’en forment qu’une, et donc que le rythme Grammont ne s’applique qu’une seule fois, de manière à ce que le rythme soit ascendant jusqu’au « mais », stagne un moment à son rythme de croisière, puis décroisse après le mot « parvenait ».
Bien, je sais qu’à ce stade j’en aurais égaré certains, et pour ceux-là je me contenterai de dire que la virgule est sans doute le signe de ponctuation le plus complexe à utiliser, et que je viens de vous en exposer l’usage le plus retors.
En plus de son usage rythmique et respiratoire, la virgule peut remplacer des parenthèses dans la narration, et ainsi permettre d’apporter de nombreuses précisions. Si vous avez lu ce guide jusque là, vous aurez sans doute remarqué que j’en ai fait usage à plusieurs reprises.
Mis à part les milieux éditoriaux scientifiques, il est d’usage de ne pas employer de parenthèses dans la narration. Dans les pays anglo-saxons, l’usage des parenthèses est parfois remplacé par deux tirets, même si certains auteurs se montrent également adeptes de l’usage des virgules. En France, l’usage de tirets est réduit au rang de singularité, et d’aucuns s’accordent à condamner leur emploi. D’avis personnel, et bien que j’emploie abondamment les virgules à titre d’enclave dans mes propos, les tirets manifestent plus clairement les caractéristiques des parenthèses en comparaison des virgules. Seulement, les virgules à titre de parenthèses restent très largement usitées, et leur emploi manifeste une certaine maîtrise et compréhension de la langue française.
Quand des virgules font office de parenthèses, tous les propos développés entre ces deux bornes n’entreront pas en compte pour l’accord et genre et en nombre des éléments de votre phrase.
Exemple : La réunion, à cause de ses implications, pourrait s’achever sur une terrible note.
L’on voit ici que le verbe « pouvoir » se conjugue à la troisième personne du singulier, ce qui montre bien que seul le sujet « réunion » est pris en compte, et non pas « implications ». Les virgules ont eu pour effet d’isoler les idées qui sont développées entre leurs bornes. Donc, la conjugaison ne s’est pas encombrée d’un accord en nombre.
Je m’excuse de l’incomplétude de l’exemple, mais aucune idée ne me vient à l’esprit pour vous illustrer un non accord en genre. Sachez seulement que quand les éléments qui pourraient influer l’accord en genre se trouvent entre des virgules-parenthèses, ceux-ci sont ignorés et l’accord en genre se fait en considération du seul sujet de la phrase, au même titre que l'accord en nombre.
L’usage des virgules à titre de parenthèses se complexifie davantage lorsque de la ponctuation est employée entre leurs bornes. En effet, il est possible d’utiliser les virgules entre ces virgules-parenthèses. Au final, ces virgules, comme je ne cesse de le répéter, ne font que remplacer des parenthèses, et à ce titre elles doivent respecter le rythme Grammont entre leurs bornes. Seulement, la ponctuation pouvant être employée entre lesdites bornes est limité. En effet, l’usage d’un signe de ponctuation plus fort que la virgule marquerait une rupture dans la parenthèse-virgule, de sorte que la phrase en perdrait son sens et égarerait le lecteur, alors qu’il pourrait être légitime au sein de parenthèses classiques ou de tirets.
Exemple : La convention, un groupement d’individus en tout genre aux intérêts divergents, certains intéressés par Larousse, d’autres par Robert, s’ouvrit sur une battle de définitions.
Ici, la « parenthèse » commence à la première virgule et s’étend jusqu’à la dernière. Entre les bornes formées par les virgules extrêmes, le rythme va accélérer jusqu’au mot « divergents » ; ensuite, le rythme va stagner jusqu’au mot « Larousse » ; enfin, le rythme va décroître à partir du mot « d’autres », jusqu’à retrouver sa célérité initiale au mot « Robert ».
Or, l’usage des virgules à titre de parenthèses, comme l’usage de simples parenthèses dans une phrase, va créer une singularité dans le rythme Grammont. En effet, une unique phrase se manifeste dans l’écriture, mais deux coexistent dans le principe. Ainsi, le rythme va commencer à sa célérité initiale au mot « La », puis accélérer sur le mot « convention ». Mais, à ce stade, le rythme va repartir à zéro et suivre le schéma décrit précédemment. Souvent, l'oralité s’accommode d'un rehaussement du ton pour signifier la parenthèse. Ensuite, une fois la virgule marquant la fin de la parenthèse passée, le rythme de la phrase principale va reprendre le dessus. Le rythme de croisière s’étendra sur les mots « s’ouvrit sur », puis la vitesse de lecture diminuera jusqu’à retourner à son stade initial à la fin de la phrase.
Enfin, arrive le moment de parler de la virgule d’Oxford, appelée communément « Oxford comma ». Cette virgule trouve son application dans les phrases énumératives. Je reprendrai quelques exemples topiques pour vous en démontrer la pertinence dans certains cas, et l’inutilité dans d’autres, cette virgule n’étant parfaitement adaptée qu’à la langue anglaise. Il faut noter que l’expression « virgule d’Oxford » désigne une théorie de positionnement général des virgules dans une phrase, et non pas une virgule en particulier.
Exemple : Hitler, Staline, les prostitués [...].
Ici, la virgule d’Oxford entraîne une ambiguïté. En effet, nous ne pouvons pas réellement savoir si l’auteur souhaitait écrire au sujet d’Hitler et Staline, des personnes aux noms sinistres que le quartier rouge d’Amsterdam s’arracherait, ou s’il souhaitait parler d’Hitler, Staline, et d’autres personnes qui sont des prostitués.
Exemple : Hitler et Staline, les prostitués [...].
Ici, l’usage de la virgule d’Oxford implique clairement qu’Hitler et Staline sont des prostitués, donc il n’y a aucune ambiguïté, sinon sur la sanité d’esprit de l’auteur originel de ces exemples.
Exemple : Hitler, Staline, et les prostitués [...].
Ici, la phrase implique clairement la présence d’Hitler, de Staline, et d’autres personnes qui sont des prostitués. Seulement, la virgule d’Oxford est inutile, car la phrase ne perdrait aucunement son sens en se réduisant à « Hitler, Staline et les prostitués [...] ».
Voilà donc pour la section sur la virgule, signe de ponctuation sans doute le plus complexe à employer.
Dans les phases narratives du récit, la ponctuation permet d’adapter vos phrases au rythme Grammont. Ce rythme se distingue en deux courbes, chacune comprenant quelques sous-implications.
Lorsque vous terminez vos phrases par un point simple, le rythme naturel de la langue française prend la forme d’une courbe ascendante puis descendante, qui correspond à une vitesse de lecture particulière. La lecture d’une phrase simple s’initie par une phase lente en accélération, c'est-à-dire que votre rythme de lecture va prendre en célérité jusqu’à atteindre un rythme de croisière. Ce rythme de croisière peut être défini comme un rythme de déclamation confortable, un rythme que le lecteur peut maintenir sans grand effort et sans forcer son souffle.
Une fois ce rythme de croisière atteint, il peut être prolongé par l’usage de virgules, de points-virgules, et de doubles-points. Cependant, une prolongation exagérée, bien qu’elle traduise une parfaite maîtrise de la ponctuation, telle celle que je me plais d’attribuer à Proust, peut rendre la lecture indigeste et égarer le lecteur.
Enfin, quand la fin de votre phrase simple approche, le rythme se veut décroissant, jusqu’à arriver au niveau auquel vous avez entamé la lecture. Ainsi, vous devriez achever de déclamer la phrase sans vous trouver à bout de souffle, et d’une manière telle qu’un auditoire peut deviner que la phrase s’achève.
Lorsque vous terminez vos phrases par un point d’interrogation, un point d’exclamation, ou par des points de suspension, le rythme se veut en perpétuelle ascendance. Ainsi, vous entamerez votre lecture sur un même rythme que n’importe quelle autre phrase, mais votre accélération dans la lecture ne s’accommodera d’aucun tempérament une fois votre rythme naturel de lecture atteint : vous continuerez d’accélérer dans votre déclamation jusqu’à atteindre un rythme qui vous fera naturellement hausser la voix !
Bien, vous devez maintenant avoir une idée de l’aspect que vous devez donner à vos phrases pour les imprimer dans le rythme Grammont. Certains d’entre vous pensent, peut-être, que donner un tel moule à la narration est idiot, voire inutile et entravant. Mais, je vous le répète, ce rythme correspond à l’oralité qui est celle du français. Certes, l’oralité évolue avec les époques, et le rythme théorisé par Grammont parait aujourd’hui un peu lent, mais rien n’empêche de l’adapter à la célérité de l’articulation contemporaine et à son défaut. Peut-être faudrait-il diviser les respirations accordées aux ponctuations par deux, mais au final les phrases que nous déclamons se fondent assez naturellement dans les courbes sus-décrites.
Je ne vais pas m’égarer dans un débat insoluble, et me contenterai de développer des explications qui en convaincront peut-être certains. Mes propos se diviseront en huit sections :
- Section 1 : L’usage du point.
- Section 2 : L’usage de la virgule.
- Section 3 : L’usage du point-virgule.
- Section 4 : L’usage du point d’interrogation.
- Section 5 : L’usage du point d’exclamation.
- Section 6 : L’usage combiné des points d’exclamation et d’interrogation.
- Section 7 : L’usage du double-point.
- Section 8 : L’usage des points de suspension.
Au fil des développements, les différents signes de ponctuation seront utilisés en commun afin de contribuer à l’apprentissage du rythme Grammont.
Section 1 : L’usage du point.
Comme je l’ai déjà exposé dans une entreprise d’amirauté de l’évidence, le point sert à achever une phrase, et ce faisant à marquer le point de chute du rythme de l’idiome. Dans cette acception, l’usage du point est simple.
Exemple : Il mangeait des chips à chaque repas car il aimait cela.
Tout d’abord, pardonnez la pauvreté de la phrase engendrée par l’absence de ponctuation interne. Nous voyons ici que le rythme démarre lentement au début de la phrase, puis il monte jusqu’au mot « repas » qui constitue le point d’atteinte du rythme de croisière. Cependant, dans le cas présent, le rythme de croisière n’est maintenu que pour le mot « repas », et le rythme entame sa décélération à partir du mot « car », jusqu’à revenir à sa célérité de départ à la fin de la phrase.
Simple, n’est pas ?
Malheureusement, les exceptions fleurissent dans la langue française, même dans l’emploi du point. En effet, les auteurs sont souvent invités à faire des phrases courtes, notamment pour améliorer la compréhension du texte ou animer des scènes de combat. Or, pour de telles phrases courtes l’on voit mal le rythme.
Exemple : Il mange.
Là, pas de rythme de départ, pas d’accélération, ni même que de décélération. Le rythme, comme la phrase, se fond en un trait de temps.
Dans une phrase de narration banale, le temps de respiration impliqué par l’usage du point sera respecté. Mais, dans la narration d’une phase de combat une exception se manifestera.
En effet, dans une telle narration le point devient un article fantôme. C'est-à-dire que le lecteur va être naturellement amené à accélérer dans sa lecture, suivant alors le schéma rythmique d’une phrase simple au long cours, voire même, et c’est là que l’exception se fait la plus prégnante, d’une phrase exclamative.
Exemple : Robert attaque. Larousse esquive. Elle tombe. L’adversaire s’approche et assène un nouveau coup. L’encyclopédie pare d’une botte.
Nous voyons là les deux rythmes que j’exposais. En effet, le rythme des trois premières phrases ne fait qu’accélérer, jusqu’à atteindre son paroxysme à la fin de la troisième phrase. L’on voit donc, par ce fragment d’exemple, que le rythme d‘une phrase exclamative s’applique malgré la présence d’un point simple. Les deux dernières phrases adoptent, lorsqu’on les considère comme une unité, le rythme naturel d’une phrase simple. En effet, le rythme va accélérer jusqu’au mot « nouveau », se maintenir jusqu’au mot « coup », puis entamer sa décélération jusqu’à revenir au rythme initial à la fin de la seconde phrase.
J’achèverai cette section en disant : il n’y a point de point qui ne s’achève point quand un point point.
Section 2 : L’usage de la virgule.
Ne nous méprenons pas, la virgule est l’essence même de la ponctuation. Outil rythmique de choix, seul un mot permet de définir son usage : indispensable. De manière générale, la virgule permet de ralentir, d’accélérer, et même de faire stagner, la célérité à laquelle vous lisez un texte. Parmi toutes les ponctuations existantes, la virgule est sans doute celle qui se décline en le faisceau d’usages le plus large. À défaut de vous en exposer toutes les implications, ce qui serait trop fastidieux et aurait raison de ma motivation, je me contenterai de vous en exposer les principales.
Tout d’abord, dans une phrase simple, l’usage de la virgule permet de prolonger la phase de lecture à un rythme de croisière. En effet, sans l’usage de la bonne ponctuation, le lecteur aura tendance à passer de l’accélération à la décélération dans sa lecture d’une manière assez abrupte, le temps de déclamation au rythme de croisière se trouvant alors réduit. L’usage de la virgule permet de prolonger la phase de lecture au rythme de croisière, et également de laisser au lecteur le temps de reprendre son souffle.
Exemple : Robert invita Larousse à prendre un verre dans un bar mais l’encyclopédie ne parut jamais son éditeur l’ayant enjointe de se rendre à la maison pour une mise à jour.
Sans m’étendre en palabres et constatations évidentes, je noterai seulement que la phrase prise en exemple est topique de l’ignominie. C’est une phrase longue, et l’absence de ponctuation interne vicie son rythme. En effet, la déclamation va accélérer jusqu’au mot « jamais », puis brusquement décélérer à partir du mot « son ». Le rythme de croisière est totalement effacé.
Exemple : Robert invita Larousse à prendre un verre dans un bar, mais l’encyclopédie ne parut jamais, son éditeur l’ayant enjointe de se rendre à la maison pour une mise à jour.
Une fois la ponctuation interne rétablie, l’on voit que le rythme Grammont est réhabilité : le rythme de lecture accélère jusqu’à la première virgule, où il prend son allure de croisière, qui se maintient jusqu’à sa jumelle, avant de décélérer à partir du mot « son », jusqu’à revenir au rythme de départ à la fin de la phrase.
Ici, le rythme Grammont permet de lire la phrase avec aisance, et sans avoir à accabler ses capacités respiratoires. Encore, l’apposition des deux virgules aide le lecteur à appréhender les propos développés. Dans le premier exemple, toutes les idées sont liées, presque mélangées. Par manque de ponctuation, le lecteur pourrait se trouver contraint de réfléchir au sens de la phrase, ce qui est inconcevable lorsque l'on narre de telles banalités. Dans le second exemple, les idées sont séparées par les virgules, ce qui permet leur appréhension instantanée par le lecteur. Chaque virgule marque le début d’une idée et la fin d’une autre, et l’on voit bien leur articulation en trois temps.
Notez que, dans cet exemple, chaque membre de phrase correspond à l’une des phases du rythme Grammont en plus de correspondre à une phase de la narration, ce qui n’est pas toujours le cas. En réalité, cet exposé peut être considéré comme l’usage le plus simple et vulgaire des virgules, mais leur implication rythmique peut se révéler bien plus complexe.
Dans une phrase interrogative ou exclamative, l’usage de la virgule peut engendrer deux conséquences rythmiques. Dans certains cas, la virgule permettra de retarder ou de tempérer l’accélération du rythme. Dans d’autres cas, la virgule permettra de fractionner, et ainsi d’accentuer, l’accélération du rythme.
Exemple : Dans la logique des théories d’Eddy Malou, savant autoproclamé, la prépondérance économique du Congo se manifeste-t-elle par une adaptation des lois du marché aux spécificités congolaises ?
Pour une phrase interrogative, le rythme Grammont se veut en perpétuelle ascendance. Ainsi, dès le premier mot, le rythme de lecture va accélérer. Or, cette accélération va être coupée par la première virgule. À partir de ce point, et jusqu’à la seconde virgule, le rythme de lecture de la phrase stagne, comme si rythme de croisière lui était imposé. Puis, la ponctuation interne dépassée, le rythme va reprendre sa course naturelle pour accélérer jusqu’à la fin de la phrase.
Au delà de leur acception rythmique et respiratoire classique, l’usage des virgules permet ici d’apporter une précision à l’idée développée. Cette faculté sera plus amplement développée dans un point suivant.
Exemple : Robert, ce fourbe, ce couard, cette parodie non encyclopédique, ce foutriquet !
Là encore, le rythme Grammont tend à la célérité. La phrase procède à une accumulation, et malgré sa longueur modérée elle comprend de nombreuses virgules. Chaque virgule marque un stade dans l’accélération, qui doit s’amplifier au fil de la déclamation, et en accentue les effets. Au final, par un tel usage, la virgule ne remplit plus son rôle de répit dans la lecture, mais adopte une utilité inverse : elle donne des à-coups dans la lecture, chacun, pris dans l’inertie du dernier, en accélérant le rythme.
La virgule peut également connaître un usage lié à l’emploi de certains termes, tels « soit », « et », « mais », ou encore diverses expressions permettant l’articulation des idées à l’intérieur d’une même phrase, voire d’un même paragraphe.
Liée à de tels mots ou expressions, la virgule, en plus de permettre à la phrase de prendre son rythme naturel et d’octroyer au lecteur un temps de respiration, permet d’articuler et de bien dégager différentes idées véhiculées par un texte.
Exemple : Il voulait sortir faire du vélo, mais la pluie l’en dissuada.
Ici, le rythme de lecture va accélérer jusqu’au mot « faire ». Il va ensuite stagner jusqu’au mot « vélo ». Enfin, il va décroître jusqu’à revenir à sa célérité originelle à la fin de la phrase.
L’on voit que la virgule se place avant le mot « mais », et qu’ainsi elle distingue bien entre les deux idées développées dans la phrase ; le premier segment expose un souhait, le second expose la raison de sa péremption.
Exemple : Il coulait. Mais, rien d’autre que le ciel ne parvenait à le noyer de passion.
Ici, la virgule va marquer le passage au rythme de croisière, et donc, d’une certaine manière, le précipiter. Ce rythme de lecture va se perpétuer jusqu’au mot « parvenait », avant de prendre une pente descendante jusqu’à revenir sur une base de lecture lente à la fin de phrase.
Dans le cas présent, c'est-à-dire dans le cas où la phrase commence par l’un des mots ou l’une des expressions envisagés, et donc qu’une idée en lien avec la phrase a été précédemment développée, la virgule est placée après lesdits mots ou expressions. La raison de ce positionnement s'entend de l’existence de la phrase précédente, qui implique que la ponctuation acte cette présence. D’une certaine manière, la virgule ne pouvant pas être placée avant, faute que le mot ne se trouve pas dans la phrase précédente, elle doit se trouver après le mot.
En réalité, il faut considérer que les deux phrases séparées par l’une des propositions envisagées sont liées, bien que d’un lien moins fort que les phrases séparées d’un point-virgule ou d’un double-point, de telle sorte que la virgule doit accélérer le rythme de lecture afin de créer une illusion : le lecteur pourra considérer que les deux phrases n’en forment qu’une, et donc que le rythme Grammont ne s’applique qu’une seule fois, de manière à ce que le rythme soit ascendant jusqu’au « mais », stagne un moment à son rythme de croisière, puis décroisse après le mot « parvenait ».
Bien, je sais qu’à ce stade j’en aurais égaré certains, et pour ceux-là je me contenterai de dire que la virgule est sans doute le signe de ponctuation le plus complexe à utiliser, et que je viens de vous en exposer l’usage le plus retors.
En plus de son usage rythmique et respiratoire, la virgule peut remplacer des parenthèses dans la narration, et ainsi permettre d’apporter de nombreuses précisions. Si vous avez lu ce guide jusque là, vous aurez sans doute remarqué que j’en ai fait usage à plusieurs reprises.
Mis à part les milieux éditoriaux scientifiques, il est d’usage de ne pas employer de parenthèses dans la narration. Dans les pays anglo-saxons, l’usage des parenthèses est parfois remplacé par deux tirets, même si certains auteurs se montrent également adeptes de l’usage des virgules. En France, l’usage de tirets est réduit au rang de singularité, et d’aucuns s’accordent à condamner leur emploi. D’avis personnel, et bien que j’emploie abondamment les virgules à titre d’enclave dans mes propos, les tirets manifestent plus clairement les caractéristiques des parenthèses en comparaison des virgules. Seulement, les virgules à titre de parenthèses restent très largement usitées, et leur emploi manifeste une certaine maîtrise et compréhension de la langue française.
Quand des virgules font office de parenthèses, tous les propos développés entre ces deux bornes n’entreront pas en compte pour l’accord et genre et en nombre des éléments de votre phrase.
Exemple : La réunion, à cause de ses implications, pourrait s’achever sur une terrible note.
L’on voit ici que le verbe « pouvoir » se conjugue à la troisième personne du singulier, ce qui montre bien que seul le sujet « réunion » est pris en compte, et non pas « implications ». Les virgules ont eu pour effet d’isoler les idées qui sont développées entre leurs bornes. Donc, la conjugaison ne s’est pas encombrée d’un accord en nombre.
Je m’excuse de l’incomplétude de l’exemple, mais aucune idée ne me vient à l’esprit pour vous illustrer un non accord en genre. Sachez seulement que quand les éléments qui pourraient influer l’accord en genre se trouvent entre des virgules-parenthèses, ceux-ci sont ignorés et l’accord en genre se fait en considération du seul sujet de la phrase, au même titre que l'accord en nombre.
L’usage des virgules à titre de parenthèses se complexifie davantage lorsque de la ponctuation est employée entre leurs bornes. En effet, il est possible d’utiliser les virgules entre ces virgules-parenthèses. Au final, ces virgules, comme je ne cesse de le répéter, ne font que remplacer des parenthèses, et à ce titre elles doivent respecter le rythme Grammont entre leurs bornes. Seulement, la ponctuation pouvant être employée entre lesdites bornes est limité. En effet, l’usage d’un signe de ponctuation plus fort que la virgule marquerait une rupture dans la parenthèse-virgule, de sorte que la phrase en perdrait son sens et égarerait le lecteur, alors qu’il pourrait être légitime au sein de parenthèses classiques ou de tirets.
Exemple : La convention, un groupement d’individus en tout genre aux intérêts divergents, certains intéressés par Larousse, d’autres par Robert, s’ouvrit sur une battle de définitions.
Ici, la « parenthèse » commence à la première virgule et s’étend jusqu’à la dernière. Entre les bornes formées par les virgules extrêmes, le rythme va accélérer jusqu’au mot « divergents » ; ensuite, le rythme va stagner jusqu’au mot « Larousse » ; enfin, le rythme va décroître à partir du mot « d’autres », jusqu’à retrouver sa célérité initiale au mot « Robert ».
Or, l’usage des virgules à titre de parenthèses, comme l’usage de simples parenthèses dans une phrase, va créer une singularité dans le rythme Grammont. En effet, une unique phrase se manifeste dans l’écriture, mais deux coexistent dans le principe. Ainsi, le rythme va commencer à sa célérité initiale au mot « La », puis accélérer sur le mot « convention ». Mais, à ce stade, le rythme va repartir à zéro et suivre le schéma décrit précédemment. Souvent, l'oralité s’accommode d'un rehaussement du ton pour signifier la parenthèse. Ensuite, une fois la virgule marquant la fin de la parenthèse passée, le rythme de la phrase principale va reprendre le dessus. Le rythme de croisière s’étendra sur les mots « s’ouvrit sur », puis la vitesse de lecture diminuera jusqu’à retourner à son stade initial à la fin de la phrase.
Enfin, arrive le moment de parler de la virgule d’Oxford, appelée communément « Oxford comma ». Cette virgule trouve son application dans les phrases énumératives. Je reprendrai quelques exemples topiques pour vous en démontrer la pertinence dans certains cas, et l’inutilité dans d’autres, cette virgule n’étant parfaitement adaptée qu’à la langue anglaise. Il faut noter que l’expression « virgule d’Oxford » désigne une théorie de positionnement général des virgules dans une phrase, et non pas une virgule en particulier.
Exemple : Hitler, Staline, les prostitués [...].
Ici, la virgule d’Oxford entraîne une ambiguïté. En effet, nous ne pouvons pas réellement savoir si l’auteur souhaitait écrire au sujet d’Hitler et Staline, des personnes aux noms sinistres que le quartier rouge d’Amsterdam s’arracherait, ou s’il souhaitait parler d’Hitler, Staline, et d’autres personnes qui sont des prostitués.
Exemple : Hitler et Staline, les prostitués [...].
Ici, l’usage de la virgule d’Oxford implique clairement qu’Hitler et Staline sont des prostitués, donc il n’y a aucune ambiguïté, sinon sur la sanité d’esprit de l’auteur originel de ces exemples.
Exemple : Hitler, Staline, et les prostitués [...].
Ici, la phrase implique clairement la présence d’Hitler, de Staline, et d’autres personnes qui sont des prostitués. Seulement, la virgule d’Oxford est inutile, car la phrase ne perdrait aucunement son sens en se réduisant à « Hitler, Staline et les prostitués [...] ».
Voilà donc pour la section sur la virgule, signe de ponctuation sans doute le plus complexe à employer.
Ziefniel- Pirate
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Re: Guide de la ponctuation : libérez le Proust qui est en vous !
Merci beaucoup ! C'est très intéressant et utile, j'ajoute ça dans mes liens utiles.
kurotsu of mist- Nyan-cat
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