[EVENT] Glaciation

Tout récemment arrivé sur Grand Line l'équipage de l'horloger Nox naviguait sur les flots en quête d'aventure, pour voyager sur ces mers ils avaient dû s'équiper d'un Log Pose afin de voguer d'île en île, et justement l'aiguille de la boussole venait de pointer droit devant. Harley qui le portait au poignet partit chercher ses compagnons pour leur apprendre la nouvelle. Ils allaient enfin pouvoir mettre pied à terre après avoir passé des semaines sans faire escale, sur le pont les trois hommes imaginaient sur quelle sorte d'île ils allaient bien accoster. Nox espérait trouver un lieu civilisé où ils pourraient acheter des vivres et pourquoi pas récolter quelques informations sur le climat de La Route de tous les Périls, Harley rêvait d'une île estivale remplie de jeunes et jolies filles qui lui serviraient de grandes coupes pleines d'alcool et... Tandis que le vieux pirate fantasmait, Harry voyait plutôt une terre hantée par des fantômes et cachée dans un épais brouillard, peut être habitée par un puissant et dangereux pirate commandant aux morts. Après quelques minutes à geindre dans son coin il se ressaisit, tout ça ne pouvait pas exister.
C'est finalement au bout d'une poignée d'heures qu'ils arrivèrent face à un continent gelé, rapidement le navigateur de l'équipage se dirigea vers la barre afin de dévier le navire de la trajectoire des icebergs qui parsemaient le chemin jusqu'à l'île. Le vent s'était déjà fait plus mordant et la température ambiante avait dû chuter de quelques degrés, et c'est plus rapidement qu'ils ne le pensèrent qu'ils se heurtèrent contre la côte gelée du continent, le navire semblait s'être profondément encastré dans la glace mais ils ne s'en préoccupèrent tout d'abord pas. Ils avaient la tête à l'aventure.

Harley : Où qu'il est le soleil, hein ? Et où quelles sont les minettes ? Y a rien que de la glace et de la neige ici ! Et en plus ça caille et...
Nox : Mais tais-toi un peu, on va aller explorer les alentours alors préparez-vous on ne sait pas sur quoi on peut tomber.
Harley J'sais pas sur quoi on va tomber mais j'sais que c'est de la neige qui nous tombe dessus.

Laissant ses deux compagnons à leur querelle habituelle, Harry murmurait une prière, il demandait qu'on écarte de son chemin tout yéti ou autre monstre des glaces et remerciait le ciel de ne pas avoir atterri sur une île hantée par des morts et des fantômes.
C'est ainsi qu'ils s'aventurèrent sur les terres gelées de l'île qui se nommait Xiao, à ce moment ils ne le savaient pas encore mais ils s'apprêtaient à entamer une véritable épopée. Face à eux s'étendait un désert de glace, au sens propre mais ça aussi ils ne l'avaient pas encore remarqué. Ils se mirent en route à la recherche d'une cité ou d'une quelconque forme de vie qui pourrait leur indiquer quoi faire, car en vérité ils ne s'avaient que faire et attendaient de divines indications.
Alors c'est pour le moment sans but qu'ils marchèrent.

Sur le pont du navire, Lilith scrutait tristement le ciel gris. Elle qui était née par-delà les nuages détestait ne pas voir l’azur. Elle baissa les yeux sur l’aiguille de son log pose et corrigea la trajectoire de leur navire. Un léger vent soufflait dans leur voiles et faisait rougir les oreilles de Lilith, déjà gelées. Le navire avançait lentement, la proue fendant tranquillement la légère houle de la mer. Lilith soupira.
Derrière elle la porte de la cabine s’ouvrit, Shaï venait lui apporter une boisson chaude pour supporter le froid dans lequel ils progressaient depuis déjà plusieurs jours. Lilith saisit la tasse que lui tendait son compagnon et sentit la brûlure surpasser l’anesthésie du froid qui imprégnait ses doigts. Elle resta un moment la tasse entre les mains, profitant de la chaleur de la porcelaine et humant le délicieux parfum du cacao. Elle en but une gorgée, et sentit la brûlure du chocolat irradier de son estomac et apporter la chaleur dans tout son corps, c’était une sensation qu’elle avait l’impression d’avoir oublié depuis que leur navire était entré dans ce froid sans fin.
Le climat sur Grandline était changeant, et ne se stabilisait qu’à l’approche des îles. Ce froid-là était différent. Le climat changeait toujours, passant d’un ciel dégagé a une tempête aux vents déchaînes, des flots bondissant au clapot régulier. La pression atmosphérique montait et descendait, mais le froid lui persistait toujours. Quoiqu’en était la cause ce n’était pas un froid normal, même si ces mots ne voulaient plus dire grand-chose sur cette mer.
Lilith repris une gorgée de chocolat chaud. La neige commença à tomber lentement sur le pont de leur navire. Shaï resté à côté de la navigatrice rentra la tête dans les épaules, ne laissant que ses yeux dépasser de son col en fourrure.

- Déjà trois jours de froid, se lamenta Shaï, j’espère qu’on en sortira bientôt.

La jeune fille était de son avis. Elle devait porter une polaire à cause de ce froid, et porter un vêtement par-dessus ses ailes d’anges était d’un inconfortable sans pareil. Et ses manches privaient ses petites chéries de la lumière du soleil, ou plutôt du peu de lumière qu’ils percevaient encore.
Lilith vira à bâbord. Depuis ce matin la température n’avait cessé de baisser, et les icebergs qu’ils rencontraient commençaient à devenir dangereux pour la coque de leur navire. Maintenant que la neige tombait, leur navire lui aussi prenait la teinte blanche, devenant aussi morne que le reste du paysage s'offrant a eux.

-Normalement notre prochaine escale aurait dû se faire sur une île désertique. S’il fait si froid c’est que soit nous avons dévié de notre route...
-Soit... ? interrogeât Shaï.
-Soit je ne sais pas, avoua l’ange, mais ce temps ne me parait pas normal. Elle vira à tribord pour éviter un autre iceberg. Nous verrons bien ce qu’il en est quand nous arriverons à la destination indiquée par le log pose, mais j’ai un mauvais pressentiment à ce sujet alors prépare toi, et vas dire à Takezo d’en faire autant.
-Je ne sais pas si ça sera nécessaire, il n’est toujours pas sorti des toilettes.

Quelque chose remua sous la veste de Lilith. Le python sanguin sortit la tête par le col de la jeune fille, vint lui caresser le menton de sa tête rouge sang et scruta l’horizon de sa langue. Lilith l’avait vu aussi, un relief qui se détachait de cet horizon. Soit un iceberg incroyablement étendu, soit ils étaient enfin parvenus à leur destination. Lilith bu la dernière gorgée de son chocolat, fixée par le python sanguin qui suivit la tasse brûlante de la langue.

-Prépare-toi, on accoste. Île hivernale ou île désertique, nous allons enfin le savoir.

Le médecin s’exécuta. Il prépara de quoi débarquer sur l’île, un peu de nourriture, une carte pour Lilith qui s’acharnait à dessiner toutes les îles qu’ils visitaient. Quand il sortit de la cabine le navire entrait dans ce qui semblait être un petit port caché dans une crique. Shaï réduisit la voilure tandis que Lilith manœuvrait le navire pour l’approcher d’un petit ponton de bois. Enfin le navire s’arrêta. Lilith descendit la première, suivit par Shaï qui accrocha solidement les cordes du navire au ponton.
Ils venaient d’accoster dans ce qui semblait être un petit village balnéaire, paysage de carte postale. Aux petites cahutes de bois en toits de paille, dressés sur des pilotis sortant de l’eau ou du sable blanc. Entouré par des palmiers et cocotiers. Le tout recouvert par une épaisse couche de neige.
Dans le village plus âme qui vive, mis a par le reflux des vagues sur le sable gelé, aucun bruit. Tout ici semblait mort. Plus aucun navire dans le port, les gens devaient tous avoir fuis le froid, abandonnant la ville. Les deux voleurs s’avancèrent en silence, accompagné du seul grincement du bois asséché par le froid sous leurs pieds.

-Ça semble  bien être l’ile tropicale de Xiao, nous n’avons pas dévié de notre cap finalement...
J’espère que notre log pose nous permettra de mettre les voiles au plus vite. Je n’aime pas ce froid.

Journal de bord – 8 mai 1652.

Ca fait maintenant trois jours que nous sommes entrés sur Grand Line. La route de tous les périls, elle porte bien son nom ouais. En trois jours, nous nous sommes mangés six tempêtes, du jamais vu. Et encore, des vieux marins me racontaient que le quota moyen était de trois à quatre tempêtes, raz de marée ou tout ce que vous voulez en un jour. Par chance, on a croisé la route d’un monstre marin qu’on a gentiment abattu à cinq (et qui nous a gentiment amoché aussi, mais ça on le garde pour les coulisses). Du coup, niveau provisions on est plutôt pas mal.
Mais passons au vif du sujet. En début d’après-midi le climat s’est stabilisé, comme à l’approche de chaque île. Je ne sais pas dire exactement quelle température il faisait mais c’était dans les négatifs, j’en suis sûre et certaine. Notre bienaimée capitaine a décidé d’accoster sur l’île, parce que je cite « C’est notre première île sur Grand Line alors faut faire ça en grand. On ne choisit pas là ou on veut aller, mais on laisse le vent et les vagues nous porter, c’est bien plus drôle et palpitant. » De mon point de vue de navigatrice je ne suis pas tout à fait d’accord, mais y a du vrai dans ce qu’elle dit, je ne peux pas le nier.


Journal de bord – 9 mai 1652.

Nous avons décidé de passer la nuit sur le bateau, pour raison de sûreté. Nous mouillons dans un… port ? Non sans déconner, il y a plein de navires à côté du notre, mais vide de tout être vivant. D’après les pavillons abimés ou pas, il y a de tout : navires marchands, pirates et même marines. Eliott, Pearl et Elias sont allés fouiller dans certains d’entre eux. Il y a encore des provisions, plus ou moins périmées et comestibles. On en a déduit que certains navires sont là depuis assez longtemps. De plus d’après le pont j’aperçois une ville gelée… Je ne suis pas très sûre de moi. Après être montée dans le nid-de-pie et avoir observé ce village de glace à la longue vue, j’ai pu confirmer mes dires. La petite commune est totalement enneigée. Je n’ai pas vu âme qui vive. Mais pire encore : les bâtiments ont une architecture orientale : pour moi c’est propre aux îles estivales et non hivernales. Elias me l’a confirmé. Et surtout, dans l’allée centrale, on peut apercevoir des palmiers statufiés dans la glace. Ce qui est, un de très mauvais gout, et de deux physiquement impossible. J’ai averti l’équipage de ce climat était totalement anormal. Mais ça n’a malheureusement pas faire diminuer l’entrain de notre capitaine. Nous descendons du Shirou Tsubasa immédiatement pour voir ce qu’il s’y passe.


Ca faisait maintenant une heure que les Freely’s Pirates étaient descendus de leur navire après avoir enfilé grosses bottes et manteaux ou couvertures chaudes. Ils étaient maintenant au cœur de la ville de glace. L’allée centrale était déserte, même pas un virevoltant qui roule. L’équipage était très surpris de voir le contraste du paysage avec le climat. En effet, quand Ophélia levait le ciel, elle ne voyait qu’un ciel gris et nuageux à souhait. Et quand elle baissait les yeux, elle pouvait observer un carrelage qu’elle supposait coloré et qui formait une allée large et égayante. De chaque côté de cette dernière et symétriquement, des palmiers étaient plantés à distance égale, séparés par des bancs en fer forgé munis de motifs arrondis, courbés. Certains affichaient même des animaux comme des papillons. Le seul problème, c’est que tout, absolument tout était gelé. Pearl prévint plusieurs fois ses camarades de ne pas glisser sur le carrelage dérapant. La capitaine aux cheveux de jais se retrouvait souvent sur les fesses, mais elle n’avait pas l’air de tenir à son coccyx.

-Eliott : Hé venez voir !

Le chevalier se tenait devant une grande fontaine circulaire située au centre de l’allée. Elle était au construite sur trois étages différents et les jets d’eaux majestueux n’avaient pas été épargnés par le givre eux non plus.

-Pearl : On dirait clairement que le temps à été arrêté sur cette île…

Lilith gratta à l’aide de ses moufles, après être tombée par terre et marmonné un tas d’insultes dans sa barbe à l’instar du climat, une plaque située sur le bord de la fontaine. Elias lui observait la statue qui surplombait la cascade crée par la main de l’homme. Elle semblait faite d’or et était le seul vestige de la ville à ne pas être gelé. Elle représentait une femme à huit bras, torse nu avec de longs cheveux descendant jusque dans le bas du dos et avec un corps de cheval. « Un centaure ? Non. » avait pensé le médecin. Dans quatre de ses bras, se trouvaient respectivement une épée, un arc, un pinceau et un violon. C’était plus compliqué qu’un simple centaure, la statue devait être en rapport avec l’histoire de cette ville. De cette île même.

-Lilith : Xénolyre, la plus grande ville portuaire de Xiao.
-Eliott : Hein ? S’enquit le chevalier.
-Lilith : Fermes là et laisses-moi lire le reste ! Alors : Que la déesse Xylvania nous protège, elle et ses quatre principes.
-Pearl : Attendez, nous sommes sur Xiao ? C’est une île réputée pour sa chaleur et sa gaieté. On raconte que le roi serait une bonne personne, ayant toujours un œil bienveillant sur ses sujets.
-Ophélia : T’as vu un sujet quelque part toi ?
-Lilith : Et surtout la chaleur ? Parce qu’on se les caille sévère là. Je savais que cette île n’était pas normale !
-Elias : Nous ne sommes pas seuls, trancha Le Silencieux.

Tout l’équipage était sur le qui-vive, prêt à attaquer un éventuel ennemi. Des bruits de pas résonnaient de plus en plus forts de derrière la fontaine. Puis des voix peu après. Eliott pouvait discerner une première voix : lente et monotone. Puis une deuxième, un peu plus enjouée et éraillée. La première disait à la deuxième :

-Marches plus doucement, tu vas tomber sinon.
-Ne t’inquiète pas, je_

Boum. Un postérieur en plus sur la glace.
Pearl adressa un regard à Elias ; ils n’avaient pas l’air très agressif. Néanmoins ce n’était pas une raison pour baisser sa garde. Ce qui n’était pas le cas de tout le monde visiblement.

-Ophélia : Ah, ça doit être vous les sujets ! On vous cherchait, on a des questions à vous poser.

La jeune femme était sortie de sa cachette et était complètement partie à la rencontre des deux personnes. En fait ils étaient trois. Le dernier n’avait pas dit un mot et avait l’air en retrait, pour ne pas dire effacé. Il était chétif, on aurait dit un adolescent avec ses cheveux châtains désordonnés lui tombant sur la figure. On n’arrivait pas trop à distinguer ses yeux. Il était caché derrière un autre homme très bien habillé, d’un manteau noir à fourrure et se tenant droit. Son haut de forme lui donnait une certaine prestance, et sa canne incrustée d’onyx portait à croire qu’il venait d’une classe sociale élevée. En revanche le troisième homme ne lui ressemblait pas du tout. Ses cheveux poivre et sel étaient en bataille et son bouc de la même couleur n’était pas soigné non plus. C’était le seul à ne pas avoir de manteau et des haillons en guise de vêtements. Il était plus petit que l’homme en noir. « Le jour et la nuit. » avait pensé la jeune capitaine.

-Lilith : Nox Doloris, hein ? Railla la rose, sortant à son tour de sa cachette. Ophélia écartes-toi c’est pas un sujet, mais un pirate.
-Ophélia : Bah je ne vois pas ou est le problème, on est aussi des pirates !
-Nox : Permettez-moi de vous interrompre, mais je pense que nous sommes dans la même galère.
-Pearl : Que suggères-tu alors ?
-Nox : Je pense que vous avez remarqué comme nous que le climat n’était pas propice à l’île. Nous avons même vu des gens gelés en entrant dans cette île.
-Eliott : Des gens gelés ? Impossible…

Avoir rencontré les Freely's Pirates avait rendu Harry perplexe. Il était rassuré de constater qu'ils n'étaient pas seuls dans ce monde de glace, mais voir que d'autres équipages pirates pouvaient être eux aussi pris au piège par ces terres gelées, l'effrayait au plus haut point. Oui pris au piège ils l'étaient tous, une fois arrivés à proximité de la banquise ils n'avaient plus été en mesure de faire marche arrière, ils avaient été littéralement happés par cette île de Xiao. Xiao qui par le passé avait été une puissante nation alliée du gouvernement mondiale, connue à travers tout Grand Line pour son armée réputée capable de tenir tête à de puissants criminels rendant le pays sûr pour tous les marchands qui décidèrent de s'y installer, rendant les terres estivales encore plus riches qu'elles ne l'étaient déjà. Aujourd'hui on ne pouvait reconnaître de la Xiao d'il y a encore peu de temps, que son nom et sa position géographique.

Nox avait raconté la découverte des corps gelés qu'ils avaient vus quelques rues plus loin. Ils avaient tout d'abord cru à de drôles statues puis les pièces du puzzle s'étaient peu à peu emboîtées. Les étranges sculptures qui donnaient au paysage un côté oriental, complètement sorti du contexte dans ce monde de neige et de glace. C'était Nox qui avait compris tandis qu'Harley s'amusait à rentrer son doigt dans le nez d'une des statues en ricanant qu'elle semblait vraie. Une fois la révélation faite le vieux pirate avait vite rangé son doigt dans sa poche avec un air dégoûté.
Les deux équipages se trouvaient dans une ruelle où avaient dû se dérouler un marché avant que n'arrive la grande glaciation, on pouvait voir des étales remplies de denrées, des sacs énormes d'épices, ainsi qu'une foule d'hommes. Aucun ne bougeait ou ne donnait l'impression d'avoir un jour été en vie, le terme de statue leur allait bien, c'était comme s'ils avaient été taillés dans un énorme glaçon puis qu'ils avaient été placés là, dans une sorte de mise en scène.

Pearl : Mais c'est horrible... Comment est-ce possible ?
Ophélia : Il faut les libérer !
Harley : On vous a pas attendu pour y penser, mais c'est impossible. Ils sont trop fragiles.
Nox : Harley a raison il nous est pour le moment impossible de les délivrer de cette prison de glace, tout comme il nous est impossible de partir de cette île. Il va falloir trouver la cause à tous ces problèmes.
Un homme aux cheveux argentés qui n'avait jusqu'à maintenant pas ouvert la bouche, se décida finalement à donner son avis.
Eliott : Oui je pense que c'est l'unique solution qui s'offre à nous. On devrait peut être faire équipe un temps.
Alors qu'il disait ces mots, Harry poussa un soupire de soulagement qui provoqua une petite passe de rire chez les pirates. Ils étaient huit désormais pour faire face à cet île et à son mal inconnu.
Lilith : Par où on commence nos recherches ?
Pearl : Débuter par la capitale me semble judicieux.
Harley : Bon bah en route, bougez-vous les miches... C'est dans quelle direction ?

Lilith trainait péniblement ses pieds dans l’épaisse couche neige recouvrant le sable, alourdie par le butin qu’elle portait sur l’épaule, récolté çà et là dans la ville, et finit par arriver à l’auberge ou elle et Shaï s’étaient installés un peu plus tôt dans la journée. Elle passa devant un tas de personnes gelées entassées à l’entrée du bâtiment et ouvrit le lourd bâtant de la porte qu’elle claqua le plus rapidement possible dans son dos.
Elle secoua frénétiquement la tête de droite à gauche pour libérer ses cheveux des flocons qui s’y étaient nichés avant que ceux-ci ne fondent. A l’intérieure la température était agréable. La pièce était éclairée par un feu crépitant sur les restes d’un tabouret au milieu de la salle. Heureusement le toit de ces huttes n’était pas fermé et ce qui permettait autrefois les courants d’airs rafraichissant servait aujourd’hui de cheminée. Shaï passa la tête par-dessus le comptoir pour s’assurer que c’était bien sa Lilith qui venait d’arriver, et retourna a ses affaires. Après avoir fouillé l’auberge et une bonne partie des bâtiments alentours il avait trouvé assez de médicaments pour un moment et avait profité de l’absence de sa concubine pour se faire un petit fix en cachette.
Lilith posa le sac qu’elle portait sur l’épaule sur le comptoir et entrepris d’enlever l’épais manteau de fourrure qu’elle portait. Elle tira un tabouret et s’assis, s’affalant sur le comptoir.

-Tu as fait une bonne prise ? Demanda Shaï, se relevant, faignant que rien ne venait de se passer et attrapant un verre pour servir Lilith.
-Une bonne prise, soupira Lilith, environ 50 millions je dirais.
Shaï la regarda un peu dubitatif et posa le verre de whisky qu’il venait de remplir devant elle.
-C’est la première fois que je te vois déprimer avec un tel butin...
Lilith saisit le verre du bout de ses doigts et plongea un regard triste dans l’alcool ambré.
-Je n’ai vu personne dans la ville, mis à part quelques glaçons. Quel intérêt y a-t’il à voler s’il n’y a personne à voler soupira-t-elle.
Au fait, repris elle en se souvenant de la question qu’elle avait en tête, c’est quoi ce tas de types gelés a l’entré ?
-Je me suis dit qu’avec le feu ils allaient fondre, et comme on ne sait pas depuis combien de temps ils sont là-dedans j’ai préféré ne pas prendre le risque de subir leur odeur de décomposition. Avant de continuer sur les détails de la putréfaction des corps gelés, Shaï se souvint qu’il était l’heure de manger, ce n’était peut-être pas le moment.
-Tu as faim ? demanda le médecin, corrigeant habillement la direction de la conversation.
-Tu as trouvé quelque chose à manger ? Demanda l’ange, de nouveau intéressée.
-J’ai trouvé ces espèce de kiwis bleus, cet espèce d’ananas triangle, ces espèces de citrons oranges et ce truc qui ressemble à un chat. Ça sera surement bon une fois décongelés et grillés.
-Ce menu exotique m’a mis l’eau à la bouche, à table !

Les deux voleurs s’assirent sur le sol, autour du feu qu’ils avaient allumé profitant des flammes pour décongeler et cuire leur repas. Cette chaleur plut aussi aux reptiles de Lilith qui glissèrent le long de ses bras pour s’enlacer l’un sur l’autre au plus près de l’âtre, reflétant les flammes sur leurs écailles. Le feu finit par mourir et les serpents regagnèrent la chaleur de la peau de leur maitresse. Au vu de la chaleur habituelle du pays les couvertures n’avaient pas besoin d’épaisseur, au contraire, et les voleurs durent s’entasser sous une dizaine d’entre elles, récupérées dans les chambres à l’étage, pour enfin être au chaud, malgré le froid qui avait déjà retrouvé sa place dans le bâtiment.
Les yeux plongées dans la douceur rougeoyante des dernières braises, ils sentaient tous les deux le froid les engourdir un peu plus à chaque instant, ces huttes n’étaient pas c*nçues pour s’isoler du froid. Avant d’être trop fatiguée pour bouger, Lilith se leva et ramena le sac contenant son butin devant l’âtre. Elle jeta négligemment le contenu d’or, de bijoux et de pierres précieuses sur le sol, c’est vrai que Xiao était réputé pour ses richesses, et sortit un morceau de parchemin usé par le temps. Profitant des dernières lueurs des braises, Lilith tenta d’expliquer la situation à Shaï. Elle sortit aussi une pile de paperasse.

-Ce sont les rapports escargophoniques venant de la capitale, je les aie trouvés dans ce qui ressemblait à la hutte de l’autorité locale. Les derniers datent d’il y a 9 jours. Ils rapportent une attaque de la capitale mais ne donnent aucun détail, mais il y a peu de chances pour que ce soit une coïncidence puisqu’il n’est  mention de ce froid inhabituel nulle part ailleurs.
-Donc quelque chose aurait attaqué la capitale et plongé tout le pays dans cette ère glaciaire ? Reformula Shaï un peu sceptique. Si c’est vrai alors c’est une ville à éviter autant que possible.
-Surtout pas s’exclama la voleuse, le royaume de Xiao est incroyablement riche, la famille royale possède des richesses incalculable. On raconte que même les armures de la garde royales sont d’or ornée de pierres. S’il quelque chose a attaqué cette ville en particulier, il y a tout à parier que c’est pour ces richesses.

Shaï regarda la carte, la ville où ils étaient n’était pas si loin de ladite capitale, mais le froid glacial qui avait pris possession de ce pays changeait la donne. Le voyage pourrait leur réserver quelques mauvais tours.

-Des montagnes de richesses, continua l’ange, tellement qu’il nous faudra des centaines d’allée retour pour toutes les ramener à notre navire. Non, tellement que même notre navire ne serait capable de toutes les transporter !

En parlant de ces richesses, de ce trésor incroyable et inaccessible, les yeux de Lilith étaient devenus plus brillants que n’importe quelle flamme. Shaï aimait voir ce regard. La jeune fille avait trouvé de quoi s’amuser et il savait qu’elle ne renoncerait pas avant d’avoir toutes ces richesses à ses pieds.
Mais son visage s’assombrit quand elle se fut endormie dans ses bras. Quoi qu’il se soit passé à la capitale, le pays s’en était retrouvé complètement dévasté. Quoiqu’ils trouvent la bas, atteindre le trésor se fera à leurs risques et périls. Ce voyage était bien plus risqué que Lilith ne pouvait l’imaginer, et le médecin ne put que passer la nuit à imaginer les pires scénarios possible.

Mais déjà de fin rayons lumineux passaient à travers les fenêtres. Shaï essaya de se dégager de l’étreinte de la jeune fille sans la réveiller. Vêtu de ses seuls sous-vêtements, il sentit le froid envahir chaque fibre de son corps, depuis ses pieds nu parcourant le sol gelé de la hutte jusqu’à sa nuque. Il ferma les yeux et pris une grande inspiration et sentit le frisson irradier lentement son échine. Il rouvrit les yeux et posa le regard sur son bras droit, marqué par l’encre et les cicatrices.
Il repensa à l’histoire de Izanagi et Izanami, l’histoire de la vie et de la mort. Shaï l’avait suffisamment côtoyé pour la sentir. Quoi qu’ils trouvent à Xharsha, la mort serait de la partie. Il souffla lentement, laissant la buée quitter doucement ses lèvres. Peut-être, cette nouvelle rencontre avec la mort serait la sienne. Il retourna cette idée dans la tête un moment, sans savoir si cela l’excitait ou le terrifiait. Il tourna les yeux vers Lilith encore endormir, la seule chose qu’il espérait était que ça ne soit pas celle de son ange.

Une heure plus tard ils partirent. Lilith jeta les pierres précieuses dans la neige et ne garda de ses forfaits de la veille que la carte et les différents documents. Ils entreprirent leur voyage en direction de l’est, vers Xharsha, appréhendant autant ce qu’ils allaient y trouver qu’ils le désiraient.

Cela faisait maintenant trois quart d’heure que le groupe de pirate marchait. Ils avaient opté pour aller vers le sud, s’enfonçant ainsi dans les profondeurs de l’île autrefois commerçante pour essayer d’en savoir un peu plus. Ils cherchaient la capitale à l’aveuglette, mais ils ne savaient pas qu’ils étaient sur la bonne voie. Lilith ouvrait la marche en indiquant le sud de sa boussole, exaspérée par les remarques plus ou moins inutiles d’Harley, le presque sexagénaire de l’équipage de Doloris. Il agaçait la rose en lui disant que lui aussi était navigateur et qu’il avait des compétences, alors elle n’avait aucune excuse pour ouvrir la marche seule. Lilith se demandait sérieusement quel âge avait cet homme, intérieurement. « Il doit même pas être au stade fœtus… » avait-elle pensé.

Derrière, Ophélia faisait plus ample connaissance avec Nox. Enfin, elle lui faisait plutôt subir un interrogatoire de police. L’élégant jeune homme essayait de répondre de manière évasive, n’aimant pas trop parler de lui, mais la pirate aux longs cheveux de jais avait une vitesse de question à la seconde tellement impressionnante qu’il avait à peine le temps de souffler. Eliott avait beau essayer de retenir la curiosité de sa capitaine, ses efforts étaient vains.

Pearl, de son côté, s’intéressait de près au petit Harry. Elle voulait savoir ce qui se cachait derrière l’aspect chétif du garçon. De plus, elle avait appris d’Harley que le petit était cuisinier : ce qui leur faisait un point commun. De sa voix douce et posée, elle le questionnait sur leur passion commune. Au début, Harry répondait simplement par un hochement de tête mais il se surprit lui-même à répondre par « oui » ou « non ». Pearl sourit. C’était un bon début. Le petit homme n’arrivait pas à l’expliquer, mais il se sentait en confiance avec la cuisinière des Freely’s Pirates.

Elias quant à lui marchait seul derrière les autres, muté dans son silence habituel. Il n’arrivait pas à trouver une suite logique à l’événement qui touchait cette île. Une glaciation soudaine d’une île entière ? La cause serait-elle un pouvoir lié à un fruit du démon très puissant ? Ou a une dégradation de climat soudaine ? Non, d’après Lilith même sur le Nouveau Monde un tel phénomène n’existerait pas. Une île ou un archipel garde son climat, quoi qu’il arrive. Il jeta sa cigarette une fois terminée sur le sol gelé avant de s’en allumer une seconde. Il avait un pressentiment. Il se sentait un peu comme manipulé, voire enchaîné. Cette sensation de malaise lui rappelait un peu son enfance. Mais il secoua frénétiquement sa tête : ce n’était pas le moment de replonger dans des souvenirs douloureux.
L’homme plongea son regard vers l’horizon. Depuis une quinzaine de minutes il s’était mis à neiger. En vérité, il ne savait pas trop ce qu’ils traversaient. A première vue c’était un désert avec les dunes que le vent avait positionné par endroits de manière hétérogène. Mais par-dessus ce sable autrefois chaud, une épaisse couche de glace recouvrait le tout, donnant un aspect totalement mystérieux à ce paysage. La neige dissimulait certains endroits de glace en s’étant déposée dessus.

Le groupe avançait gaiment vers leur destination inconnue mais Le Silencieux avait pressenti qu’ils n’étaient pas seuls. Il s’arrêta un instant avant de reprendre sa marche. Pearl, ayant vu la manœuvre du médecin s’arrêta à sa hauteur et lui demanda :

-Pearl : Que t’arrive-t-il ?
-Elias : Je ne sais pas, une intuition.

Soudain, le cuisinier de Doloris poussa un cri. Il leva par réflexe sa jambe droite et fixa le sol. Une petite araignée qui devait faire une dizaine de centimètre de diamètre galopait à ses pieds. Elle semblait un peu désorientée, n’ayant pas de trajet droit. Nox accouru vers son protégé et ausculta sa jambe, afin de voir s’il y avait une éventuelle trace de piqûre ou morsure. Rien à signaler, heureusement : plus de peur que de mal. Une seconde araignée surgit de derrière le groupe et prit un trajet identique à la première.  

-Harley : Elles sont saoules ou quoi ?
-Nox : Non, je pense qu’elles sont désorientées en vue du changement climatique qu’elles ont à subir, déclara l’élégant garçon.

Une troisième voulu monter sur la jambe de la navigatrice aux cheveux roses, mais celle-ci la secoua frénétiquement avant d’écraser son pied majestueusement sur l’animal. Elle le releva et découvrit le cadavre arachnéen, ce qui lui valu un « Assassin ! » de la part d’Eliott. Lilith ne tint pas compte des remarques du chevalier et riva de nouveau ses grands yeux sur la boussole afin de reprendre la route.
Mais le groupe entendit rapidement une sorte de grésillement dans leur dos. Un crépitement qui se fit de plus en plus bruyant. Ophélia se retourna derechef et écarquilla les yeux de surprise : une horde d’araignées était en train de se ruer sur eux ! Des petites mais aussi des plus grandes, certaines atteignant même le mètre trente de hauteur. Le groupe de pirates se mit en garde. Une des plus grosses s’appuya sur ses pattes velues et bondit vers Ophélia qui esquiva d’un saut sur le côté habilement.

-Ophélia : Des araignées sauteuses, je n’ai jamais vu ça !
-Eliott : Tout ça c’est de ta faute, idiote !
-Lilith : Oh ça va, j’pouvais pas savoir qu’en la tuant, toute la clique allait se ramener ! Hurla la rose.

Sous la colère, elle sortit son arme et planta sa lame dans l’abdomen de la bête. Elle tomba sur le coup, laissant gicler un liquide verdâtre. Une autre fondit sur Pearl mais fut retenue parune chaine métallique.

-Elias : Thanatephoro Agcalia.

Le lien s’enroula autour du poitrail de la bête. Elias avait les deux bouts en main et tira de toutes ses forces. L’animal s’étouffa dans un crissement atroce. La cuisinière remercia l’homme aux cheveux mauve d’un signe de tête. Les autres s’occupèrent des araignées restantes seuls ou en duo. Ils mirent peu de temps à éradiquer le troupeau de bestioles. Une fois la tâche accomplie, tous soufflèrent de soulagement. Nox retourna un des cadavres à l’aide de sa canne. Elles avaient une marque verte sur l’abdomen : une espèce de symbole, d’insigne. Un « Z » tracé brusquement, comme une cicatrice. Les pirates décidèrent de continuer leur route vers le sud. Ils marchèrent en silence quand le sol se mit à trembler soudainement. Sur le qui-vive, les hors-la-loi eurent le réflexe d’écarter les jambes et les bras pour assurer leur stabilité sur le sol glissant.
La glace se fendit devant eux formant un cratère d’une dizaine de mètre de diamètre. Une patte velue sortie de sous terre lentement puis une deuxième. Harry déglutit. Comme tous ses autres compagnons de route, il avait peur de ce qui allait surgir de sous terre. Puis une deuxième patte, puis une troisième… Une araignée d’environ deux mètres cinquante suivit. Elle avait un poitrail bien arrondi, des pattes épaisses virant du noir au gris. Les deux pinces en dessous de sa tête semblaient aussi tranchantes qu’un sabre d’exception et aussi solide que du métal. Ses deux petits yeux jaunes fixait le groupe d’humains.

-Eliott : Je me répète mais, tout ça c’est de ta faute à la base ! Cria-t-il, voulant sermonner la rose.

Le petit Harry tremblait. D’habitude, Nox le rassurait dès qu’il y avait un danger, seulement là, il avait la mâchoire crispée. Il tourna la tête en direction d’Harley. Il avait les sourcils froncés et les dents serrées. Il sentit une main chaude se poser sur son épaule. Il se retourna. « Si on s’y met tous ensemble, on arrivera à continuer notre route » lui avait t’elle dit dans un sourire de sa voix calme et posée.

-Nox : Surprise !

Deux horloges violettes apparurent à droite et à gauche de la tarentule géante. Les Freely’s Pirates se regardèrent, complètement éberlués par cette technique.  

-Lilith : Tu comptes nous refaire la déco du désert ? Tu crois que c’est le moment là ?
-Harley : Fais attention aux aiguilles du cadran, imbécile.

La bestiole géante bondit sur le chevalier qui para l’une de ses pinces à l’aide d’Ascalon. Elle ouvrit ce qui lui servit de bouche et Eliott eut le réflexe de reculer d’un bond. Un fluide mauve gicla avant de s’étaler au sol, à la place initiale du chevalier. La glace fondit au contact du poison et par une certaine réaction chimique, le liquide fit des bulles tel de l’acide. Il fallait à tout prix immobiliser la bête. Lilith et Pearl échangèrent un regard complice.

-Lilith : Spear Revolution !
-Pearl : Focus Leg !

Lilith immobilisa l’une des pattes de l’araignée géante à l’aide de sa lance nunchaku tandis que Pearl fondit dessus pour y poser sa main avant de reculer rapidement, évitant de justesse une nouvelle salve de poison. L’animal perdit l’équilibre. Tout son poids était concentré sur la patte touchée par la cuisinière. Puis tout à coup, les deux horloges s’ouvrirent et deux salves d’aiguilles se précipitèrent sur la tarentule la piquant et la transperçant de toutes parts. Un liquide verdâtre coula au sol de son corps. Elle était mal en point mais on pouvait voir une flamme dans ses yeux fixant le groupe de pirates… Une flamme meurtrière.

L'araignée géante réussit tant bien que mal à se hisser sur ses pattes, son corps recouvert d'un épais fluide vert se soulevait à chacune de ses respirations haletantes. À peine la bête s'était-elle relevée que déjà les pirates s'étaient remis en position de combat, faisant face au danger. Ils avaient l'avantage, la créature était blessée et la lance de Lilith couplée au pouvoir de Pearl l'handicapait d'autant plus. La mort était proche et l'arachnide le savait, mais le monstre ne lâcha rien. Il trancha d'un geste vif le fardeau que constituait sa patte et se jeta sur les hommes. Ses pinces allèrent rencontrer la lame d'Eliott, qui tenta tant bien que mal de supporter la force bestiale de l'araignée tandis que sa capitaine criblait de balles aux côtés d'Harley le gigantesque abdomen de la bête, permettant au liquide émeraude de s'écouler à nouveau. Cette fois c'était bel et bien terminé, comme pour annoncer ce que tous attendaient, la bête laissa s'échapper un retentissant râle d'agonie avant de tomber dans le cratère qu'elle avait formée à son arrivée.

Harry : C'est fini maintenant ?
Personne n'osa répondre tout de suite au jeune pirate, de peur qu'une nouvelle salve d'arachnides ne sorte des sols gelés. C'est finalement Pearl qui brisa le silence au bout de quelques secondes, elle répondit à son tout récent compagnon en souriant.
Pearl : On dirait bien.
Nox : En tout cas c'est vraiment étrange...
Harley : C'est sûr qu'des bestiaux de c'te taille c'est pas banal.
Ophélia : Idiot, il fait allusion à la présence des araignées.
Harley : Hein ?
Nox : C'est étonnant que les araignées n'aient pas été changées en glaçon lors de la glaciation.
Eliott : La seule explication possible serait que leur arrivée soit postérieure à l'accident.
Les pirates échangèrent ainsi durant une dizaine de minutes avant de se remettre en route. Plus ils découvraient l'île et plus leur vigilance se voyait grandissante, un mal inconnu rongeait Xiao. Mais lequel ? Il fallait le découvrir.

Impuissants face aux caprices du temps, les pirates ne pouvaient pas lutter face à la neige qui tombait sans cesse depuis des heures, rendant le paysage toujours plus blanc et monotone. Ils venaient d'escalader une éprouvante colline et c'est d'en haut qu'ils purent observer un fin cours d'eau les séparant d'une autre rive, bien sûr l'eau était gelée et cela rendait la vue encore plus magnifique. C'est avec un empressement nouveau qu'ils se mirent à dévaler la colline afin d'aller voir de plus près ce qu'ils avaient trouvé si beau d'en haut.
Ils arrivèrent rapidement jusqu'au lieu escompté et c'est avec une certaine appréhension, finalement, qu'ils constatèrent que ce qui avait semblé être un fin cours se révélait en réalité être un véritable fleuve. Un fleuve gelé qu'ils allaient devoir traverser s'ils voulaient pouvoir continuer leur route.

Harry : Dieu pourquoi ? Pourquoi toujours nous ?
Harley : Notre vie est un combat, petit. Retiens bien ça.
Lilith : Non mais écoutez le papy qui se donne de grands airs, va bientôt falloir lui changer la couche.
Tandis qu'une nouvelle querelle éclatait, Elias remarqua plus loin un port auquel était amarré un navire.
Elias : Ce n'est pas vraiment étonnant de trouver un fleuve et même un port dans une île qui se veut marchande.
Ophélia : Préparons-nous à la traversée.


Le vent semblait avoir redoublé de violence depuis quelques temps, plus ils s'enfonçaient dans l'île et plus le climat se voyait sauvage. Les pirates continuaient d'avancer malgré les intempéries, s'arrêter ici aurait signifié leur arrêt de mort. Ils se trouvaient au beau milieu du fleuve et marchaient sur la glace dense en priant pour que celle-ci ne se brise pas sous leurs pieds. Harry qui tentait de penser à autre chose qu'au froid mordant qui le harcelait sans cesse, observait son reflet sur le sol blanc et s'amusait à faire des grimaces étranges. Il s'arrêta brusquement lorsqu'il remarqua Pearl qui étouffait un rire en le regardant.
Le temps aurait pu simplement s'arrêter sans que les huit criminels ne le remarquent, rien ne prouvait qu'ils avançaient réellement tant le paysage était toujours le même. Et rien ne montrait qu'ils se déplaçaient hormis les empreintes laissées derrière eux et qui étaient la seule chose qui rassurait Nox.

Et finalement ils arrivèrent sur l'autre rive en vie.
Harley : Hum... Étonnant que la glace ait supporté le poids de Lilith.
Ignorant l'énième dispute qui débutait, Pearl étudia la boussole qu'elle venait de prendre à Lilith afin de vérifier s'ils se dirigeaient toujours vers le sud.
Pearl : On est toujours bien pour le moment. Il ne nous reste plus qu'à espérer être sur le bon chemin.
Eliott : Il faudrait trouver un lieu où nous arrêter avant que la nuit ne tombe, on n'a aucun moyen de savoir l'heure qu'il est et le soleil est caché par les épais nuages qui couvrent le ciel.
La chamaillerie d'Harley et Lilith venait de se terminer et c'est à ce moment que le vieil homme se décida à poser une question importante.
Harley : Dites, vous auriez pas un peu froid ?
Le pirate était le seul à ne pas porter de veste fourrée ou un autre vêtement lui permettant de se protéger un minimum du froid.
Nox : Je savais que tu dirais un truc du genre, je t'ai pris ça.
L'horloger jeta à son compagnon un manteau et un bonnet que ce dernier enfila rapidement. L'ensemble était rouge, les manches blanches étaient retroussées et le bonnet cramoisi possédait un joli pompon blanc qui se balançait au rythme des mouvements de tête d'Harley. Le mythe du père noël venait de prendre vie. Satisfait de ne plus sentir les attaques du froid, le vieux loup de mer s'offrit le luxe d'allumer une cigarette.
C'est à cet instant et au même moment, qu'à travers le monde entier des milliers d'enfants se mirent à pleurer sans que leurs parents ne puissent se l'expliquer.
Harley : Bah quoi ?

La jungle était calme, silencieuse même. La glaciation qui avait frappé ce pays avait été suffisamment violente pour tuer une bonne partie des animaux n’ayant pas pu s’adapter au froid, les oiseaux avaient tous disparus, et les reptiles s’étaient réfugiés sous terre en attendant le retour des températures plus clémentes, pour peux qu’elles reviennent un jour. Tout la forêt semblait morte, même les arbres tropicaux recouverts de neige et de glace devait malgré cette apparence figée être morts en dedans.
Marchant dans cette jungle figée de blancs, Lilith et Shaï progressaient assez vite. Après une période d’adaptation pour éviter les racines des plus grands arbres serpentant sur le sol, et la terre habituellement humide de la jungle devenue glissante par cette glaciation, ils étaient maintenant capables de se déplacer sans problèmes. En plus abrités du vent glacial et mordant qui déchiraient un peu plus tôt leur visage par les arbres de cette forêt silencieuse.
Mais ce silence finit par être rompus, d’abord par des crissements de neige et des craquements de branches, rendues cassantes par le gel. Des ombres se déplaçaient rapidement tout autour d’eux. Maintenant en surnombre, ils n’avaient plus peur des étrangers et ils se rapprochaient de plus en plus. Les singes les cernaient, sautant rapidement d’une branche à l’autre et bondissant en tous sens.

Hurlant et montrant leurs crocs en guise de menace aux voleurs, ces singes n’étaient visiblement pas contents de voir ces deux étrangers débarquer sur leurs territoires. Shaï savait les singes étaient des animaux territoriaux, mais de là à attaquer toute personne chez eux c’était tout de même étrange. Lilith se rapprocha de son compagnon, maintenant dos à dos pour éviter qu’on singe leur bondisse dans le dos.
Les singes continuaient leur intimidation. Hurlant, montrant les crocs, certains commençaient à leur lancer bouts de bois et pierres, mais en mouvement constant autours d’eux ils ne voulaient pas voir les deux voleurs s’échapper.

Enfin, un singe moins téméraire que les autres se jeta du haut de sa branche sur la jeune ange. D’un mouvement du bras elle repoussa l’animal, alors que ses deux serpents en profitaient pour bondir sur le primate blanc. Le python sanguin s’enroulant autour du torse et de la gorge de l’animal, serra de ses muscles puissants la gorge de l’animal, le privant peu à peu d’oxygène. Le black mamba, bien plus petit et moins puissant se contenta de s’enrouler autour de la gorge de l’animal afin de mordre de visage de l’animal de ses crochets venimeux.
Le primate surpris recula instinctivement et tomba au sol s’étant pris les pieds dans une racine dépassant du sol. Essayant en vain de retirer l’étreinte autour de son cou accentuée à chaque instant par le python d’un bras, et se protégeant des morsures du mamba d’un autre bras.
Mais bientôt le singe arrêta de se débattre et se mit à convulser au sol alors que sa crinière blanche se teignait de pourpre. Quand il se fut enfin immobilisé, les serpents desserrèrent leur étreinte et regagnèrent rapidement le bras que leur tendait la jeune fille, visiblement irrités par le sol gelés, et se réfugièrent rapidement au chaud dans la manche de la jeune fille.

L’un des singes au sol, les autres avaient visiblement moins envie de s’attaquer à eux mais ne semblaient pas prêt à les laisser partir pour autant. La jeune fille se rapprocha du singe tombé au sol et passa ses doigts dans les poils blancs de l’animal.

-Ils sont à l’agonie, souffla elle a Shaï, celui-là n’a plus que la peau sur les os.
-La glaciation a tué toute la forêt, les animaux qui ont pu sont partis, ces singes eux ont été condamné à rester ici mais abandonnées par tout l’écosystème. Ils ne doivent plus rien avoir à manger...
-Cette attaque... C’est leur dernière chance de rester en vie. Leur fourrure leur a permis de résister au froid alors que tous les autres animaux ont péris. Mais maintenant que toute la chaine alimentaire est brisée ils sont condamnés à mourir de faim.
-Un dernier sursaut venant conclure leur agonie, termina cyniquement le médecin.

Un second singe passa à l’attaque et sauta sur le médecin. Toute dents dehors il attrapa le bras du médecin et enfonça ses crocs dans la chair de Shaï. L’épaisseur du manteau le protégea un peu de l’attaque mais il sentit tout de même les crocs de l’animal percer sa chair. Rapidement il envoya un coup de poing dans le thorax de l’animal, sentant les côtes du primate se briser sous le coup et repoussant l’animal qui alla s’écraser sur un tronc un peu plus loin. Lilith avait bien vue, ces singes étaient déjà à bout de forces, ils n’avaient pas mangés depuis trop longtemps. Le singe blessé par Shaï n’essaya même pas de remonter à l’arbre et se coucha au sol pour disparaitre dans la neige.
C’était assez tragique finalement, sans rien avoir pu y faire ces singes s’étaient retrouvés condamnés. La glaciation de ce pays avait tué de nombreuses espèces animales et végétales. Sans doute jamais rien de pourrait revivre ici avant un bon moment.

Coupant court à ces réflexions, un rugissement retentit dans la jungle, derrière eux. Les singes montrant les crocs détalèrent immédiatement, pris de paniques, laissant les voleurs seuls.

-Hein ? Qu’est-ce qu’ils font ?
-Si ils ont été assez téméraires pour nous attaquer et qu’ils ont immédiatement décidé de fuir ce qui a fait ce rugissement, c’est que ça doit être plus dangereux que nous. Mieux vaut ne pas nous attarder dans les environs.

Lilith regardait la direction de laquelle provenait le rugissement. Pour l’instant rien ne bougeait, mais après avoir entendu ces cris, elle n’était pas sur de vouloir faire face à la bête qui en était à l’origine. Elle fit volteface et se mit à courir, suivit immédiatement par l’ex médecin.
Courant à toutes jambes sur le sol glissant de la jungle, enjambant les racines, évitant les flaques de boue. Courant, fuyant ce prédateur à leurs trouves, dont les rugissements ne cessaient de se rapprocher. Bientôt d’autres rugissements à leur gauche firent écho à ceux qu’ils avaient déjà dans le dos, obligeant les deux proies à partir vers leur droite, détalant devant cette menace grandissante. Et maintenant un autre prédateur à droite, communicant par rugissement interposés et entourant presque les voleurs, comme proies d’une battue.
Courant toujours plus, malgré cette menace ne cessant de se rapprocher d’eux. Les voleurs à bout de souffle commençaient à peiner à se déplacer dans cette jungle, la sueur semblant figer leurs visages dans la glace et le froid brulant leurs poumons à chaque inspiration.
Mais leur salut semblait arriver, la lisière de la jungle n’était plus qu’à quelque mètres, mais le prédateur était probablement à quelques mètres lui aussi. Bien qu’aucun d’eux n’ait vraiment eu envie de se retourner pour en être sûr.

Enfin Lilith et Shaï débouchèrent dans ce qui était autrefois de désert de Xiao et après s’être suffisamment éloigné des arbres se retournèrent tous deux, prêts à faire face à la bête qui les poursuivait maintenant qu’ils avaient quitté ce terrain trop irrégulier ou les attaques pouvaient venir de toute part.
Ils restèrent un moment, faisant face à la jungle sans qu’ils ne puissent percevoir aucun mouvement. Reprenant tant bien que mal leur souffle, toujours douloureux au vu de la température de l’air, et souffla une buée balayée par le vent violent balayant le désert.
Au bout d’un moment la créature finit par se montrer, bondissant de l’invisible pour arriver sur le tronc de l’un des arbres à la lisière. Et en effet elle n’avait rien à voir avec les singes qui les avaient attaqués précédemment. Faisant plus de deux mètres de haut, tout en muscle, suspendus à l’arbre sur lequel il se trouvait par la jambe et les deux bras droit, chacune de ses mains entourant quasiment le tronc au complet. Le corps entier recouvert d’un pelage blanc neige, dégarni juste au niveau de la fasse dévoilant une peau grise, des yeux jaunes et de longues canines.
La créature resta la, immobile, ne semblant plus vouloir les attaquer. Ne semblant pas prêt à quitter sa jungle, Lilith et Shaï s’écartèrent un peu de celle-ci, reprenant leur route en direction de la capitale pour le moment. Mais leur retour au bateau était compromis par cette bête, ils devraient trouver un moyen pour s’en défaire, ou une autre route pour pouvoir mettre les voiles loin de cet enfer de glace.

Reprenant leur périple, maintenant le danger était le vent glacial qui ne semblait jamais cesser. La sueur collait maintenant leurs fourrures à leur peau et le vent apportant neige et grains de sables déchirait leurs visages et assaillaient leurs yeux. S’enfermant du mieux possibles dans leurs vêtements et couvrant leurs visage de tissus pour limiter les assauts du vents, les voleurs reprirent leurs routes, la tête bien rentrée dans les épaules.
Après quelques heures de marche ils les aperçurent enfin. Brillant dans cet océan de blanc de leur éclat. Les toits d’or de la cité de Xharsha

Ils n’en croyaient pas leurs yeux. Après une heure et demie de marche, ils étaient enfin arrivés dans une grande ville. Elle semblait riche, que ce soit matériellement ou non. Ils ne le savaient pas encore, mais ils avaient réussi à trouver la capitale de l’île juste avec de la chance : Xarsha. Ils se trouvaient à la périphérie nord de la cité. Elle était faite de grands arcs de pierre formant un pont circulaire tout autour de Xarsha. C’était une cité totalement atypique : elle était construite dans un puits géant de sable ! Mais les hommes ont transformé ce sable en pierre, puis en route, pour petit à petit urbaniser complètement le lieu. Plus on avançait vers le cœur de la ville, plus on descendait en altitude. Les bâtiments avaient la même architecture que ceux de la ville portuaire ou les pirates s’étaient rencontrés. Seulement ils avaient des matériaux différents. En effet, Xarsha  est une ville pleine de ressources. Les toits étaient faits d’or et de pierres précieuses.
De grands et larges escaliers partaient des 4 points cardinaux et descendaient au cœur de la cité. Les bordures des routes étaient faites d’or. Les piliers qui les ornaient également, en plus de pierres précieuses. Pearl ainsi que Nox avaient remarqué une chose : Les pierres variaient selon le secteur de la ville.

Xarsha était divisé en quatre secteurs : le secteur nord, d’où ils venaient étaient décoré d’améthyste. Le secteur sud, de saphir. Le secteur est d’émeraude et enfin le secteur ouest de topaze. Les quatre secteurs se reliaient au centre de la ville et à l’endroit le plus bas : un immense château. La demeure du souverain de cette île sans doute. Il était entouré d’un cours d’eau, autrefois brillant et tranquille sans doute. Autrefois oui, parce qu’actuellement, ce paysage magique et magnifique est totalement recouvert par une épaisse couche de glace.
Au fur et à mesure qu’ils descendaient dans la capitale, le groupe de pirates voyaient de plus en plus de gens gelés. Comme si le temps s’était arrêté. « C’est à la fois beau et terrifiant… » avait soufflé Harley dans un sérieux que les Freely’s Pirates n’avaient encore jamais vu. Un paysage de mort. Un silence de mort. Un sentiment de malaise éprit les huit alliés présents. Ils décidèrent de vite se ressaisir et de fouiller la ville pour trouver des indices sur ce qu’ils s’étaient passé et de la nourriture en même temps. La traversée du désert gelé les avait fatigués.

Ils s’arrêtèrent dans un restaurant à l’allure et l’ambiance familiale (enfin pour l’ambiance ils l’imaginaient). L’intérieur était autrefois charmant et coloré. Le sol était fait d’une mosaïque allant du bleu turquoise au blanc marbré. Les tables étaient positionnées de manière ordonnée mais les pirates n’en avaient pas grand-chose à faire. Ils se précipitèrent vers les cuisines et avalèrent tout ce qui était comestible. Ils décidèrent ensuite de faire une pause d’une petite heure. Seulement, les uns après les autres ils tombèrent de sommeil.

Lilith se réveilla doucement mais surement et plissa les yeux en direction de la fenêtre. Elle se gratta nonchalamment l’œil tout en se déplaçant vers celle-ci, trainant du pied. Ses cheveux roses en bataille témoignaient du fait qu’elle n’avait pas dormi dans une position adéquate à un sommeil réparateur. Elle observa la rue, puis le ciel. Il s’était pas mal assombri ! « m**de on a dormi combien de temps ?! » s’était-elle demandé. En même temps Nox, Eliott et Harley émergèrent simultanément. La petite rose demanda à l’horloger l’heure qu’il était. Ils écarquillèrent les yeux de surprise : ils avaient dormi quatre heures. La nuit n’allait pas tarder à tomber alors. Et ils n’en savaient pas plus sur ni l’île ni la ville ou ils se trouvaient.  Ils décidèrent de partir pour le secteur sud, à la recherche du moindre indice.

Une heure plus tard, le reste du groupe s’éveilla. Harry commença à paniquer en ne voyant plus ses deux coéquipiers, tandis que Pearl vit un mot laissé sur le comptoir du bar. « Si vous nous cherchez, ça sert à rien, on est partis chercher des infos sur cette île. Pendant qu’il y en a qui pioncent, bande de fainéants ! ». Les lettres rondes et grosses de Lilith étaient reconnaissables à des kilomètres à la ronde. Pearl sourit. L’impulsivité de la jeune fille n’avait donc aucune limite ?
La cuisinière agita le bout de papier devant le nez de ses camarades. Après leur avoir fait part de la situation, ils se mirent en route vers le quartier d’émeraude : le secteur est.



Le groupe parti en premier composé d’Eliott, Nox, Harley et la petite Lilith s’était vite rendu au secteur de saphir. Il était comme le reste de la ville : gelé. Les quatre déambulaient dans une large allée peuplée de cadavres givrés, stoppés dans leurs activités quotidiennes. Le chevalier aux cheveux d’argent repéra une enseigne qui l’interpella. Il posa sa main de fer sur l’épaule de Nox et lui montra le grand bâtiment. « Bibliothèque Municipale » était-il écrit sur la devanture. Dans un hochement de tête, ils y pénétrèrent.

-Lilith : Brrr, il fait un froid de canard là dedans !
-Harley : Abuses pas, il fait meilleur à l’intérieur qu’à l’extérieur quand même.

Le comptoir et le gérant étaient prisonniers dans la glace. Les murs étaient recouvert de givre, mais pas jusqu’en haut. Telle des lianes grimpantes, il s’était arrêté à mi hauteur entre le plafond et le sol. La bibliothèque était répartie en deux étages. Les quatre pirates décidèrent d’aller au premier sachant que les ouvrages ne seraient pas sous glace là-bas. Ils se séparèrent naturellement et cherchèrent chacun de leur côté un mémoire, une brochure, n’importe quoi relatant du passé de cette île. Nox a cru trouver un ouvrage intéressant. Après avoir enlevé la poussière accumulée en tant d’années sur la couverture, il l’ouvra et consulta le sommaire. Il apprit vite que la capitale de Xiao était Xarsha et se trouvait au centre de l’île. Mais il referma rapidement le livre tout en tournant la tête vers la gauche. Un homme de taille moyenne se tenait face à lui, rasé des deux côtés de la tête. Il lui restait des cheveux sur le haut du crane, relevé en une queue de cheval. Ses traits étaient durs et froids. En effet, en plus de cernes bien creusées, il possédait de nombreuses cicatrices sur le visage et la partie de son cou non cachée par son épais manteau.

-Nox : Je t’ai déjà vu. Tu es Tsuyaka Shaï, n’est-ce pas ? L’allié de Lilith, aussi appelée Red Ink.
-Eliott : Lilith ?! S’écria-t-il en ayant entendu l’horloger parler.
-Lilith : Tu veux quoi ?! Hurla la rose, perchée sur une échelle et cherchant un livre.

Pendant ce temps là, une jeune femme surgit du dos de Shaï. Fine et élancée, elle portait un carré roux et des ailes d’ange dans le dos. Ses petits yeux verts transcendaient le regard imperturbable du jeune horloger. « Lilith je présume » avait-il demandé à l’intention de la rousse.

-Lilith : Deux secondes, j’arrive bordel ! Cria la navigatrice toujours perchée sur son échelle.

Shaï fondit sur Doloris tandis que sa coéquipière rousse dénudait ses bras tatoués. Il sortit la paume de sa main et visant le buste de Nox.

-Shaï : Yashi !
-Eliott : Little Slash !

Le chevalier d’argent lança une lame d’air qui fit reculer l’ennemi de quelques mètres, sauvant l’horloger de justesse. Attiré par le bruit, Harley et Lilith rejoignirent les deux autres pirates. La tension était à son comble : les deux inconnus n’étaient pas là pour coopérer, mais ils étaient en vie. Des questions se bousculaient dans la tête de nos protagonistes. Trop de questions…

Les deux criminels Shaï et Lilith, étaient pris en étau entre d'un côté Eliott et Nox, et de l'autre Lilith Bis et Harley. L'ex médecin dragon fit face aux nouveaux venus tandis que sa compagne s'apprêtait à attaquer l'horloger et l'épéiste argenté, ils foncèrent sur leurs ennemis respectifs au même instant. Lilith sauta par-dessus Eliott tandis qu'un python bloquait le bras gauche et la canne de Nox, une fois passée derrière eux elle courut jusqu'aux escaliers menant à l'entrée de la bibliothèque et les dévala rapidement. De son côté Shaï avait repoussé ses opposants d'un simple coup de paume et se retrouva forcé de sauter en brisant la fenêtre qui se trouvait derrière lui afin de s'échapper. Les deux amants se retrouvèrent dans la rue et se mirent à courir à travers la capitale.
Lilith : Bougez-vous, on va les rattraper !

Les pirates se lancèrent à la poursuite des deux individus, Lilith en tête. La jeune femme vociférait des injures aux deux fuyards tandis que ses compagnons tentaient de la calmer, en vain. Au bout d’une dizaine de minutes de course, les flibustiers réussirent enfin à acculer les deux bandits inconnus dans une impasse. L’homme et la femme se retournèrent, dos au mur, pour faire face à leurs poursuivants. C’est en haletant un peu qu’Harley remercia le ciel que cette chasse se soit enfin arrêtée.
Harley : C’est plus de mon âge tout ça.
Shaï : Que nous voulez-vous ? Et qui êtes-vous ?
Eliott : C’est plutôt à nous de dire ça, c’est vous qui nous avez attaqué dans la bibliothèque.
Nox : Donc, qui êtes-vous ?
Lilith qui était agacée pour la course poursuite et maintenant par l’interrogatoire, commença à effectuer d’étranges gestes. À chaque mouvement l’ange semblait contrôler les déplacements de l’air, jusqu’au moment où elle projeta une boule d’air sur ses traqueurs. La technique fut contrée par une explosion d’horloge et c’est durant le temps de l’explosion qu’eut lieu une arrivée intempestive.
Dans le dos des pirates se tenaient maintenant une dizaine d’hommes, tous drapés de longues robes noires. Ils pointaient dans leur direction de longues lances et c’est sans attendre qu’Harley leva les mains en l’air.
Harley : Tout doux…
Eliott s’approcha de Nox et lui souffla quelques mots à l’oreille, les deux pirates se regardèrent et hochèrent la tête. À leur tour ils se rendirent, rapidement imité par une Lilith confuse et énervée. Shaï et la seconde Lilith tentèrent de passer en force mais ils furent arrêtés par les soldats inconnus. Une fois les arrestations faites, l’un des hommes attrapa un den den mushi et contacta quelqu’un. Il raccrocha au bout de quelques instants.
Soldat : Nous retournons au palais, le maître nous attend.


Pendant ce temps, Ophélia et ses compagnons découvraient le quartier d'émeraude. Ils remarquèrent rapidement un imposant édifice qui surplombait le reste des bâtiments du faubourg. Outre sa taille démesurée, c'était la couleur verte des murs qui avait attiré l’œil des pirates. Contrairement aux autres constructions, aucune pierre n'incrustait les murs du monument. Il n'y avait nulle marque de richesse et c'est pour cette étrange anomalie dans ce pays, que les aventuriers pénétrèrent à l'intérieur.
Ils durent forcer de colossales portes gelées pour entrer et une fois au-dedans, purent constater que le sol ne portait de pas de traces de la glaciation. Le sol carrelé n'était pas gelé mais recouvert d'une multitude de denrées, c'est avec une joie à peine dissimulée que les pirates fêtèrent cette trouvaille. Au restaurant ils n'avaient pu manger que les quelques ingrédients qui traînaient dans les cuisines et que le temps n'avait pas trop abîmé, donc presque rien. Ils se mirent à ouvrir frénétiquement des sacs qui traînaient par terre et dans lesquelles étaient rangées les trésors convoités, ils y trouvaient parfois des légumes conservés par le froid, d'autres fois du pain ou des fruits. Ce bâtiment devait servir à garder les produits personnels du roi et des élites du pays, il y avait des milliers d'aliments à porter de mains. Harry se mit à courir dans ce champ comestible, il avait aperçu plus loin un énorme escalier menant à un niveau supérieur. Il fut rapidement rattrapé par ses compagnons et ils grimpèrent  les marches ensemble, partant en chasse pour de nouvelles provisions. En montant ils entendirent d'étranges bruits, ils furent surpris en constatant que les vivres sur lesquels ils s'attendaient tomber étaient vivants. Des dindons et des poulets se pavanaient en gloussant à travers la gigantesque salle, picorant les graines qui traînaient sur le sol.
Pearl : Il y a même de la volaille ici ?
Ophélia : C'est assez impressionnant. On en emporte une ou deux ?

Alors que la capitaine des Freely's Pirates laissait en suspens sa proposition, les monstrueuses portes de l'entrée claquèrent. Les pirates avaient entendu le bruit fracassant qui venait de retentir à l'étage inférieur et se mirent à observer discrètement depuis le dessus, une troupe d'hommes en noir qui investissait les lieux. Ils étaient armés et ressemblaient à des soldats, ils fouillaient la salle. Harry qui tremblait un peu, chuchota.
Harry : Vous pensez que c'est nous qu'ils cherchent ?
Pearl : Espérons que non.
L'un des hommes en noir s'était avancé sur la première marche de l'escalier lorsqu'il sortit un appareil de sa poche, il écouta parler puis raccrocha rapidement.
Soldat : Le Maître nous attend, les intrus ont été capturé. Il faut se rendre au palais le plus vite possible.

La porte se referma derrière eux, et les pirates savaient où se rendre s'ils voulaient sauver leurs amis.

Les six captifs avançaient en rang, surveillés de près par les gardes armés les ayant arrêtés un peu plus tôt. Les bras enchainés dans leurs dos et privés de leurs armes, leurs menottes n’avaient pourtant pas l’air d’être en granit marin, ce qui était une grave erreur de la part de ces gardes. Déjà Shaï avait réussi à apercevoir une masse se déplaçant sous les vêtements de l’ange, sans doute préparait elle ses araignées, elle qui détestait plus que tout être captive avait surement déjà un plan pour se libérer. Shaï n’apercevait pas les quatre autres étrangers prisonniers avec eux marchant devant dans la file, mais le bref affrontement qu’ils avaient eu lui laissait penser qu’eux aussi possédaient certains pouvoirs. Maintenant qu’ils étaient tous dans le même camp ils devaient se coordonner pour passer à l’attaque au même moment.
Shaï se concentra sur ses menottes, elles n’étaient pas particulièrement serrés autour de ses poignets, en disloquant son pouce peut être parviendrait il a les enlever pour prendre part au combat, même s’il grimaçait un peu à cette idée.

Alors qu’ils approchaient du palais, la température sembla remonter de quelques degrés, et le crissement de leurs pas dans la neige fut progressivement remplacé par le tapement sec des dalles de marbre. Le centre de la cité semblait avoir été épargné par la glaciation, mais malgré tout la même sensation de malaise se dégageait de cet endroit comme du reste de la cité. Si les cadavres gelés ne trainaient pas dans les rues comme dans la ville balnéaire ou ils avaient accostés, ils n’avaient encore aperçus aucune personne vivant dans cette ville exceptée les soldats.
Shaï ne put s’empêcher de penser à ce qu’il avait lu à la bibliothèque un peu plus tôt, a ce coup d’état et à la disparition d’un grand nombre de personne. Si c’était une revanche de la famille royale bannie, alors elle était terrifiante. Massacrer toute la population d’un royaume comme celui de Xiao était difficilement concevable, et le fuit du démon permettant de le faire, si c’était bien ça, devait être redoutable.

Avant d’arriver à leur destination, ils rencontrèrent un second groupe de soldant patrouillant dans la zone autour du palais. Shaï trop loin dans la file n’entendit rien de leur conversation, mais Lilith comprit en tendant l’oreille qu’ils recherchaient les intrus restant. S’ils parlaient de Takezo alors ils pouvaient chercher, le déserteur était probablement encore enfermé dans ses toilettes. Mais un bref échange de regard entre les captifs devant elle lui mit la puce à l’oreille. S’ils avaient des alliés, peut être viendrait ils les sauver, et au pire ils suffiront à distraire les gardes le temps que elle et Shaï puisse mettre les voiles. Profitant des derniers échanges de civilités entre les soldats, Lilith libéra son amblypyge qui courut rapidement sur le sol pour grimper sur la robe du garde que Lilith n’avait pas quitté des yeux, et se loger à sa ceinture près du trousseau de clés. La couleur de l’araignée la rendait presque invisible.
Les groupes de soldats se séparèrent et ils reprirent leur route. Après quelques minutes de marche ils arrivèrent enfin devant les portes du palais. De grandes portes de bois d’ébènes et d’argent fin qui s’ouvrirent dans un grondement sourd. Leur ouverture libéra un froid glaçant venant de l’intérieur du bâtiment qui s’insinua au plus profond de leurs chairs et fit frissonner leurs échines. Poussé par les gardes ils s’avancèrent dans cette grande salle, à demi éclairée par des chandelles suspendues aux immenses colonnes de marbres de part et d’autre d’eux. Et malgré le tapis éclatant de rouge et d’or et les tapisseries aux couleurs flamboyantes, il semblait régner ici une noirceur terrifiante, depuis laquelle les observait des regards aux intensions mauvaises.

Les portes se refermèrent durement derrière les captifs. Ophélia qui avait observé la scène depuis l’extérieur jura, maintenant ils allaient devoir s’introduire dans le palais pour avoir une chance de libérer leurs camarades. Elle se coucha au sol, cachée derrière un petit muret tandis qu’une autre patrouille passait. Elle quitta sa position quand le danger se fut éloigné et alla retrouver ses coéquipiers, ils allaient devoir mettre au point un plan pour infiltrer le palais.

Très loin de là, une porte s’ouvrit accompagnée d’un bruit de chasse d’eau. N’ayant plus de papier il n’avait plus le choix, il quitta son trône, remonta son pantalon et se saisit de son sabre. Takezo toujours malade avait pourtant demandé à Lilith et Shaï de lui ramener du papier mais il n’avait plus de nouvelle de ces deux brigands. Il allait quitter le bateau, et il était en colère.

Les cinq prisonniers observaient leur sixième allié, pris au piège par la lame de l’ennemi : ce tyran balafré, se prénommant El’Zefvir Sha’Rhaka selon ses dires. Eliott louchait sur le fer de ce dernier. Sa main gauche était posée sur la garde d’Ascalon, sa fidèle épée rangée dans son dos. Avec ses gants de fer, il n’avait pas pu être menotté. Mais son instinct de bretteur, de survie, lui disait de ne pas répliquer mais plutôt de battre en retraite. Le jeune homme aux cheveux d’argent n’arrivait pas trop à expliquer ce que le despote dégageait. Il ne tremblait pas non. Ce n’était pas de la peur totalement, de l’intimidation peut-être ? C’est comme si une aura d’une puissance phénoménale entourait cet homme. Il avait la posture, l’attitude, l’audace d’un roi. Mais d’un mauvais roi. Son sourire carnassier faisait grincer les dents du chevalier. Il ne pouvait pas répliquer, il leur fallait partir. Mais ou ? Les gardes qui les avaient amenés dans cette pièce bloquaient les portes. Red Ink jaugea rapidement les soldats d’un coup d’œil. Ils devaient être une petite dizaine. Elle savait qu’avec Shaï ils ne pourraient s’occuper que de la moitié. Ils allaient devoir s’allier avec les pirates présents pour pouvoir s’en sortir. Or elle ne connaissait rien de leurs aptitudes au combat, mis à part le petit aparté qu’ils ont eu dans la bibliothèque.

L’araignée de la rousse s’était détachée de la ceinture du garde et s’était cachée derrière un pilier imposant qui décorait la salle. Elle avait profité du rire tonitruant du souverain pour se déplacer sans que le cliquetis des clés ne se fasse entendre. Elle lança un bref regard à Shaï : il avait aussi apprécié comme elle la lâcheté des menottes. Elle observa son homonyme : tout espoir n’était pas perdu, elle avait aussi remarqué que ses liens n’étaient pas serrés. De plus, la jeune fille excentrique avait de fins poignets proportionnellement à sa taille. Elle pouvait s’en débarrasser quand elle le voulait. Nox brisa le silence.

-Nox : Imaginons que nous rejoignons votre « royaume » comme vous dites si bien, que deviendrons-nous ?
-El’Zefvir : Mes sujets, rien de plus rien de moins. Imaginez le pouvoir que vous aurez ! Non seulement vous allez vivre pour le royaume mais en plus vous le ferez vivre de votre présence et votre travail. Il retira sa lame de la gorge du chevalier et commença à faire les cents pas devant eux. Mais sachant que vous serez les premiers, c'est-à-dire les pionniers un petit peu, je peux peut-être vous faire un présent, c’est vrai. Vous offrir un statut.
-Nox : Sur quelle base voulez-vous établir votre pays ? Pas une démocratie je suppose, répliqua l’horloger sur un ton très calme.
-El’Zefvir : La démocratie a toujours été pour moi un modèle voué à l’échec. Pour qu’un pays ressorte plus fort que les autres, la monarchie est plus que nécessaire. Il marqua une pause. Un pays a besoin d’un dirigeant, un vrai, puissant, pour guider son peuple vers la gloire, la richesse, la victoire ! Il leva les bras au ciel.

Nox jeta un coup d’œil à Red Ink. Elle avait compris. L’horloger était en train de gagner du temps. Ces pirates n’étaient peut-être pas si idiots qu’ils en avaient l’air. Elle sourit intérieurement : elle pouvait coopérer avec eux.

-Nox : Et vous pensez que vous êtes un bon chef, donc ?
-El’Zefvir : Serait-ce de l’arrogance ? Crois-tu que sur cette île il y ait meilleur chef que moi ? Le monarque haussa le ton.
-Nox : Non, je m’assure du potentiel avenir que je peux avoir, déclara-t-il sereinement.

El’Zefvir ria aux éclats. « Je t’aime bien petit ! Tu parles bien, tu pourras m’être très utile à l’avenir. » avait-il déclaré. L’horloger lui répondit d’une brève révérence de la tête quand soudain un cri étouffé se fit entendre. Un garde tomba raide mort. Des traces de strangulation étaient visibles sur le cou de l’homme. Puis un bruit de fer se fit retentir. Les liens métalliques de la criminelle aux cheveux roux étaient au sol tandis que cette dernière fondait sur son conjoint, les clés en mains. Le monarque fronça les sourcils et commença à courir en direction du couple. Les menottes de Lilith rejoignirent celle de son homonyme et la rose se changea en coton afin d’entourer l’ennemi et de le bloquer dans les mouvements.

-Harley : Bang Bang !

Le snipper lança plusieurs boules de feu à l’aide de son Flame Dial en direction des gardes près de l’entrée de la porte, après avoir été délivré par Shaï. Pris de panique, ils eurent du mal à s’organiser pour assurer leur défense. Le criminel rompu les liens de Nox ensuite qui enchaina avec un « Surprise » en direction des gardes. Shaï fondit à son tour sur les gardes, utilisant son karaté aquatique. Red Ink décida de rester avec la rose qui aveuglait El’Zefvir comme elle le pouvait. Elle n’allait pas tenir très longtemps. Elle se fit éjecter et Nox prit le relais avec un « Boum ! ». Il emprisonna le tyran dans une horloge rouge sang. La tornade rose enchaina avec « Wool Barrier ». Elle forma à l’aide de son petit corps un dôme de coton recouvrant l’horloge. Les gardes furent vite éliminés grâce aux actions combinées d’Eliott, Shaï et Harley. Ils se retournèrent tous vers le prétendu roi. Lilith voltigea au bout de la salle et l’horloge explosa dans un nuage de poussière. Le chevalier s’empressa d’aider sa navigatrice à se relever. La silhouette de El’Zefvir se dessina rapidement à travers le nuage grisâtre. Son dos musclé se raidit avant de se relever tout doucement. Les derniers débris de l’horloge retombèrent sur le sol. Ses cheveux noirs cachaient son visage durci mais les captifs n’étaient pas dupes. Il était plus qu’en colère. Lilith eut un frisson en voyant le regard de ce dernier. Noir. Il était noir. Il souhaitait la mort de tous. Dans les pires souffrances inimaginables. Il ramassa lentement son épée sur le sol avant de se tenir en garde, silencieux. Honnêtement, les mots étaient de trop dans cette situation. La tension était palpable, l’ambiance lourde.
Il leva sa lame imposante avant de fondre sur Harley, le premier à sa portée.

-Plegmato.

Une multitude de chaines apparurent des quatre coins de la salle et s’entremêlèrent formant une véritable toile d’araignée. L’une d’entre elle coinça l’épée du roi. La rose se retourna vivement vers l’homme qui se tenait debout sur un bloc décoratif de marbre. Ce dernier retira la cigarette de sa bouche et expira une gros nuage de fumée. Ses yeux dorés fixaient avec nonchalance El’Zefvir, ce qui l’irrita encore plus. Soudain, la double porte s’ouvrit sur trois femmes et un homme d’apparence juvénile qui accoururent vers les six captif.

-Lilith : Ophélia !
-Ophélia : Ca va, personne n’est blessé ? Cria-t-elle.

Tandis que le monarque retirait sa lame des chaines de métal d’Elias, ses opposants se mirent en ligne face à lui. Ophélia était remontée : ses grands yeux gris reflétaient de la colère envers le tyran. La colère d’avoir attaqué des membres de son équipage. La colère d’avoir décimé une île entière pour son caprice. Elle tenait son revolver de sa main gauche qu’elle pointa lentement vers El’Zefvir. Pearl avait sorti Ibicella, sa plante-fouet. Eliott était en garde, prêt à charger avec Ascalon, Lilith tenait sa lance de ses deux mains et Elias était derrière elle. Nox avait dégainé la lame cachée dans sa canne tandis qu’Harley était en joue face au roi avec son fusil, Harry caché derrière lui. Leurs yeux montraient bien une chose : leur détermination à ne pas faire partie de ce royaume absurde. Leur enlever leur liberté, ça jamais. Les pirates préféraient mourir. Red Ink et Shaï se regardèrent incrédules avant de reposer leurs yeux sur les hors-la-loi des mers. Avaient-ils l’intention se battre contre El’Zefvir maintenant ? Non, non ils n’étaient pas assez fous.

C’était juste une déclaration de guerre. Les pirates ne comptaient pas céder face au despote. Ils retrouveront leur bateau, et ils poursuivront leur voyage. C’est certain.

El'Zefvir tentait de maîtriser sa colère tant bien que mal. Ces misérables étrangers osaient contester sa légitimité ! Pire, ils avaient osé l'attaquer ! Marquant une pause dans ses offensives, il inspira profondément, les paupières closes. L'instant suivant il était à nouveau calme, malgré tout le mépris qu'il pouvait éprouver. Tout en tournant le dos à ses ennemis, il lança d'un ton presque nonchalant :
- Refermez les portes. Ils ne peuvent repartir d'ici vivants.

Presque aussitôt les lourds battants se refermèrent brutalement. La salle du trône, bien qu'éclairée par quelques torches et braseros, étaient mouchetées de zone d'ombre inquiétantes... Et de ces zones d'ombres sortirent cinq silhouettes massives. Il est difficile de savoir si ces titans étaient restés discrets jusque là où s'ils venaient d'emprunter quelque passage secret et porte dérobée. Mais ils étaient là, et leur présence ne présageait rien de bon. Leur peau était noire, et ils mesuraient un peu moins de trois mètres. Des montagnes de muscles. Ils portaient pour seul vêtement un pagne de tissu sombre, accordé à un voile noire leur couvrant le nez, la bouche et le cou. Ils arboraient tous des tatouages tribaux blancs, et leurs crânes rasés arboraient tous une forme géométrique différente. Celui qui avait un cercle sur le front traînait derrière lui un boulet de canon, relié à une chaîne. Le guerrier au triangle était équipé d'une longe lance à la pointe acérée, tandis que celui qui arborait un carré tenait un énorme marteau de guerre. Un quatrième, au crâne tatoué d'un croissant de lune, maniait un épais cimeterre et le dernier, aux trois lignes parallèles, était équipé de griffes tranchantes.

HRP : El'Zefvir combattra si vous l'attaquez, mais il aura tendance à resté assez passif pour le moment. Ses cinq garde du corps sont assez forts : s'ils avaient eu une prime pour exprimer leur puissance, elle serait d'environ 25 000 000 chacun.

Les lèvres d'El'Zefvir s'étirèrent en un étrange sourire carnassier, dévoilant deux rangées de dents parfaitement alignées. Le roi s'assit à son trône, faisant face aux étrangers. Devant lui ses hommes restaient impassibles attendant seulement qu'un ordre soit donné, ils ressemblaient à des marionnettes dont les ficelles n'espéraient qu'à être manipulées. Lorsque le commandement fut tombé, les cinq guerriers se mirent enfin en mouvement, pour le plus grand malheur des pirates. Un éclair traversa la salle et fonça se loger dans l'épaule droite d'Harley, c'était le lancier ennemi qui avait jeté son arme à une vitesse telle que durant un instant Nox avait cru voir devant lui une sorte de Zeus à la peau sombre, projetant la foudre sur les faibles hommes qu'ils se trouvaient être. Le vieux pirate tomba à terre en hurlant et en tenant son épaule ensanglantée de la main gauche, son capitaine se précipita vers lui et tenta d'examiner la plaie mais fut repoussé d'un coup de pied par le combattant qui était venu reprendre son arme, il l'extirpa avec force du corps d'Harley, faisant se déverser un nouveau flot de sang noir. L'homme leva sa lance et la dirigea de nouveau vers le pirate, cette fois en direction de sa tête.

Tous virent la scène mais personne ne put réagir, les quatre autres guerriers avaient chacun choisi leurs proies et empêchaient de venir en aide à l'exécution du vieux loup de mer. Harry était au bord des larmes lorsqu'il vit la pointe de la lance s'enfoncer dans un bruit retentissant. Il essaya malgré l'ennemi qui lui faisait face, d'aller secourir son ami, mais il fut repoussé par un puissant coup de poing qui l'envoya à terre. Pearl qui s'était retrouvée bloquée aux côtés d'Harry dans l'impossibilité de rejoindre ses compagnons, se mit devant le jeune pirate pour le défendre. Elle tenait dans sa main un étrange fouet végétal qu'elle jeta d'ailleurs sur son opposant lorsque ce dernier fit mine de bouger. Ibicella partit planter ses crocs dans le bras gauche de l'homme puis retourna vers sa maîtresse en emportant au passage une petite quantité de chair.
Le guerrier resta impassible et observa de son regard vide, la plante engloutir la chair qu'elle venait de lui voler. De nouveau il voulut avancer mais cette fois ce fut Harry qui venait de se relever et luttait contre ses larmes, le frappa de toutes ses forces avec une sorte de bâton qu'il venait de créer grâce à son pouvoir, il frappa si durement contre le crâne de l'homme que son arme se brisa et se décomposa en dizaines de briques emboîtables. Une fois de plus le combattant ne sembla pas sentir le coup que l'on venait de lui asséner, il répliqua tout de même avec un puissant coup de pied qui balança le boulet qu'il traînait derrière lui et frappa le jeune pirate. Pearl profita du poids du boulet de canon qui déstabilisa un instant son porteur, pour user de son pouvoir sur la jambe de son adversaire.

Pearl : Focus Legs

Désormais la jambe du guerrier Maasaï était devenue bien plus lourde qu'auparavant, tellement que son porteur avait du mal à se déplacer, il tentait tant bien que mal de se diriger vers ses proies mais les rôles semblaient avoir changés. Pearl était devenue la chasseuse, épaulée par Harry. Elle ne cessait de projeter son fouet sur son ennemi, rendant le torse sombre, écarlate. Malgré les importantes blessures qui le recouvraient, il continuait d'avancer, traînant sa jambe la plus lourde derrière lui. Les deux pirates venaient de comprendre qu'ils faisaient face à un véritable zombie et qu'il ne suffirait pas de lui infliger des blessures, aussi violentes soient-elles, pour le vaincre. C'est finalement Harry qui eut l'idée d'une stratégie, il l'expliqua à sa compagnonne et c'est ainsi que cette dernière commença à faire exploser le sol autour d'elle à grands coups de fouet. Le pirate se précipitait ensuite vers les débris et les transformait grâce à son pouvoir. Ils décidèrent qu'ils avaient assez de briques de construction lorsque le guerrier zombie se trouvait à quelques mètres d'eux et tendait déjà ses bras pour les atteindre. C'est à cet instant qu'Harry imbriqua tous les gravats qu'il venait de transformer, il créa autour de sa cible un véritable sarcophage dans lequel il l'emprisonna. Même si de faibles bruits de coups émis contre les parois retentissaient, il n'arriverait pas à les briser. Pearl et Harry avait triomphé de leur adversaire.


Plus tôt lorsque le lancier tenta de transpercer Harley, une horloge était apparue et avait avalé le pirate, la lance était partie tout droit s'enfoncer dans son cadran en produisant un bruit sourd qui avait retenti dans toute la salle. Une nouvelle horloge avait ensuite surgi et craché une salve d'aiguilles qui avait repoussé le lancier. Harley était sorti de l'horloge, tenant toujours sa blessure et vociférant des injures à l'encontre de leur opposant.

Harley : J'vais lui trouer le c*l avec sa lance.

Le vieux flibustier arma tant bien que mal son fusil et l'équipa d'un des dials qu'il avait obtenu sur Mehitva. La rage pouvait se lire dans son regard, et en déversant des vagues de flammes il hurla.

Harley : Mais j'vais d'abord le lui cramer !

Pour éviter le feu, le guerrier avait effectué un saut prodigieux et s'était retrouvé de l'autre côté de la paroi brûlante, derrière Harley qu'il tenta de percer une nouvelle fois de sa pointe. Nox était de nouveau intervenu, cette fois en personne, contrant le coup avec sa propre lame qu'il venait de tirer de sa canne. Harley se retourna en pointant son fusil en direction du visage de sa cible et tira, il avait agi rapidement mais le lancier était déjà en train de bondir en arrière. Le piège de Nox venait de fonctionner, le guerrier atterrit directement dans la gueule d'une horloge qui explosa au bout de quelques secondes. Un nuage de fumée noire s'éleva ensuite vers le haut de la salle, nuage duquel jaillit un nouvel éclair blanc. La lance partit de nouveau s'enfoncer dans l'épaule d'Harley, l'autre cette fois. Le pirate retomba au sol en maudissant les dieux et leurs mères.

Nox saisit sa chance, son adversaire était désarmé il fallait en profiter, il invoqua une nouvelle horloge qui augmenta considérablement sa vitesse et se retrouva en un instant derrière sa cible, qu'il transperça d'un puissant coup de lame. Il retira l'épée du corps ennemi et regarda ce dernier tomber au sol face contre terre. L'horloger sortit un mouchoir et essuya le sang qui coulait le long de la lame, avant de la ranger dans son fourreau.

Les pirates étaient déjà bien engagés dans leurs combats avec les quatre colosses de El’Zefvir, mais de leur côté les deux voleurs n’avaient pas encore commencé à affronter leur adversaire, Carré. Le géant s’était posé en face du couple et les toisait de ses trois têtes de plus, attendant leur attaque, mais les voleurs n’en avaient encore rien fait. Et Cela faisait maintenant quelques minutes que le guerrier continuait d’attendre immobile que ceux-ci passent à l’attaque.
Les deux voleurs un peu incrédules ne comprenait pas vraiment ce qu’essayait de faire leur adversaire. Certes il était impressionnant de par sa carrure mais personne ne jouait juste sur ça pour intimider ses adversaires. Qui plus est, il aurait dû arrêter immédiatement en voyant que cela n’avait pas fonctionné. Mais il était resté immobile et maintenant les deux voleurs étaient un peu gênés pour leur adversaire, ne sachant plus vraiment comment réagir.
Pour essayer de faire avancer cette situation qui semblait s’enliser de plus en plus, Lilith essaya un brin d’humour pour les sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvaient.
Lilith : Je crois que son acuité visuelle est basé sur le mouvement

Elle regarda en coin le géant pour voir sa réaction, mais il resta immobile à l’exception d’une larme qui coula sur sa joue. Il n’avait visiblement pas compris la référence. Pire que ça, il croyait que la voleuse se moquait de lui en sous estimant ses capacités visuelles.
Terriblement gênée que sa remarque n’ait pas été comprise par le géant, Lilith rougie et se retourna, un peu honteuse. Shaï qui juste là n’avait encore rien dit s’approcha du colosse pour essayer de clarifier leur situation.

Shaï : Elle ne voulait pas dire ça, nous savons que tu as une très bonne vue voyons.

Le guerrier à la peau d’ébène tourna la tête vers l’ex médecin, et c’est à ce moment seulement qu’il remarqua son strabisme divergent. Sans s’en rendre compte il venait d’aggraver la situation. S’il pouvait encore y avoir un malentendu, le guerrier était maintenant convaincu que les deux voleurs étaient en train de se moquer de ses problèmes de vue. Fou de rage il se saisit de son marteau et frappa le médecin. Shaï voyant le coup venir esquiva d’un coup sur le côté, mais la mauvaise vue du géant l’avait déjà fait frapper à côté de là ou était Shaï si bien que le coup frappa de plein fouet sa cible. Shaï propulsé en arrière roula sur le sol et se releva tant bien que mal, il avait essayé de parer le coup du bras gauche, mais il était maintenant bien amoché, probablement cassé.

Maintenant qu’il s’était décidé à attaquer, la situation n’était plus aussi gênante pour Lilith, qui avait profité du coup de l’adversaire pour passer dans son dos. Chargeant, elle lui assena un terrible coup de poing, mais le guerrier devant faire le quadruple du poids de la jeune fille ne broncha même pas. Shaï ayant eu le temps de revenir, les voleurs se mirent en place pour le combat. S’étant longtemps battu aux côtés l’un de l’autre, ils pouvaient maintenant se battre en parfaire synergie, frappant de tel sorte qu’ils ne laissaient aucun moment de répit à leur adversaire. Mais le guerrier au marteau essayait de contre attaquer tant bien que mal, son strabisme faisant que les deux voleurs étaient complètement incapables de prévoir ou le coup allait se diriger et étaient donc incapable d’éviter en conséquence. Qui aurait cru qu’un strabisme était un tel avantage en combat.

Peu à peu, l’attention du guerrier se tourna vers Lilith, qui se montrait plus agressive que Shaï. Attendant le moment opportun ou elle le frappa, il leva son marteau au-dessus de sa tête pour l’abattre sur la voleuse. Attendant ce moment depuis le début, Shaï en profita pour frapper à l’arrière des genoux du géant qui s’effondra en arrière, se ramassant son propre marteau sur la figure.

Il se releva, plus énervé et grognant que jamais, la bouche pleine de sang, interrompant ainsi les voleurs qui avaient commencé à réaliser leur rituel du bro fist de la victoire. Privés de leur célébration, les amoureux se retournèrent vers leur adversaire au strabisme divergeant, maintenant privés de ses deux incisives supérieures.
Bien malgré eux, ils ne purent retenir un pouffement.

Carré s’arrêta dans son élan, ne comprenant pas de quoi ces voleurs se moquaient. Il réalisa le problème en s’essuyant le sang qui coulait de ses lèvres qu’il essuya d’un revers de manche et constata les dégâts en regardant son reflet dans le métal de son arme qui était très bien entretenue. Se retournant vers ses adversaires pour les foudroyer du regard, chacun d’un œil il s’écria, une main devant la bouche pour cacher sa mutilation dentaire :
Carré : Ça vous amuse saleté de criminels ?
Lilith : Au contraire
Tu es tombé dans notre piège et ce combat est maintenant terminé !
Ta seule erreur a été de me tourner le dos une fois. Quand tu as attaqué Shaï j’en ai profité pour passer dans ton dos et de mettre le coup décisif sans que tu ne t’en rendes compte.
Carré : Que veux-tu dire, grommela-t-il.
Lilith : Eh bien, regarde ta main.

Carré essaya, mais ses yeux ne lui permirent pas de la voir correctement. Croyant que c’était encore une feinte de la pirate il n’énerva.
Carré : Azy tu te fous de moi
Lilith : Sur ta main se trouve une Latrodectus mactans, aussi appelée veuve noire. Une araignée pouvant injecter un venin quinze fois plus puissant que celui du serpent a sonnettes. Un venin causant d’importants troubles divers et variés, et malheureusement pour toi ce combat a fait circuler le venin dans ton organisme. Il est maintenant trop tard pour toi, d’ici quelques minutes les muscles de ton système digestif vont le vider les deux côtés

Carré sentit les spasmes parcourir son ventre, pris de panique il lâcha son arme et courut en direction du passage secret par lequel il était entré dans la salle du trône pour aller gagner les toilettes au plus vite. Lilith et Shaï finirent leur bro fist, leur victoire était sans appel.

Shaï : Aïe, j'ai fait le bro fist avec mon bras cassé

Le chevalier et sa capitaine se tenaient fermement devant le quatrième guerrier, toutes armes dehors. Il semblait fier, fier d’appartenir à la garde personnelle d’El’Zefvir. Il sorti de son dos son un imposant cimeterre, tout comme sa taille. La lame courbée brillait sous la lumière de la pièce. Eliott avait dégainé Ascalon, son épée démesurée de son fourreau, tandis qu’Ophélia avait ses deux revolvers bien en main. Le géant chargea en premier vers la capitaine aux cheveux de jais, pensant que c’était la plus chétive et par conséquent la plus rapide à éliminer. L’homme en armure s’interposa entre les deux et un tintement de fer se fit entendre. Les deux hommes échangèrent coup sur coup à une cadence effrénée. Soudain, Eliott lança un coup transversal que le géant coutourna par la droite. Il resserra sa poigne sur la garde de sa lame et fondit sur Ophélia, bien déterminé à l’éliminer. « Rapide ! » pensa cette dernière. D’un bond, elle l’esquiva le coup de justesse et tira deux balles dans sa jambe droite. Dans la précipitation, une seule atteignit sa cible, et l’autre venantse perdre dans le somptueux décor du château. Le guerrier se rattrapa sur son autre jambe et prit un temps pour se stabiliser. Un fin filet de liquide rougeâtre coula sur sa peau noire lentement venant ruisseler à ses pieds.

Il leva la tête vers la jeune femme aux longs cheveux de jais et sourit. Un sourire à moitié pervers qui fit frissonner Ophélia. Une sourire qui voulait dire « Tu ne m’a qu’à peine égratigné, petite. ». Eliott fondit vers lui pour reprendre le combat. Il était en colère. Ce géant ne respectait pas les règles de la chevalerie. Dès qu’il avait une ouverture, il fuyait le duel afin d’éliminer la capitaine pirate. Un moyen de pression inacceptable pour l’homme aux cheveux d’argent. Déjà, le cimeterre est connu pour être la lame des voleurs d’où il vient. Ce début de combat ne faisait que confirmer ses pensées. Il devait protéger sa capitaine, c’était son rôle. Dans un cri, il alla planter sa lame dans l’épaule droite de son adversaire avant de la retirer brusquement. Le géant avait bien vu qu’il n’aurait pas le temps de parer le coup et décida d’enchainer avec un coup transversal qui entailla profondément son plastron, au niveau du poitrail. Par chance, il ne fut pas touché.

Ophélia savait très bien ce qu’Eliott pensait et lui dirait : Ne te mêles pas de ça. C’est un combat entre hommes. Le chevalier le reconnaissait comme un duel de lames. Un duel à mort. Seulement la jeune femme ne l’entendait pas de cette oreille. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire alors que la vie de l’un de ses compagnons était menacée. Elle irait donc contre les ordres de son ami. Puis zut, c’était elle la capitaine à la base, c’est à elle de donner les ordres ! Soulagée que ce ne soit que l’armure d’Elliott qui prit le coup, elle courra tout en contournant le géant et dégaina un revolver.

-Ophélia : Stun Spore Shoot !

Elle tira une balle dans la jambe gauche, celle encore intacte, du géant. Une fine brume verdâtre se dégagea de l’impact et le guerrier mit automatiquement ses bras à l’horizontale pour tenter de garder l’équilibre. Même s’il ne voulait pas le montrer, sa jambe droite le lançait, et la gauche commençait à être paralysée à cause des toxines contenues dans la dernière balle tirée par la gâchette dorée. Eliott en profita pour lancer une lame d’air qui trancha en diagonale le torse de l’ennemi, tout en lançant un regard noir à sa capitaine. Elle lui répondit par un sourire gêné. Le sang coula de la longue entaille et les yeux du géant devinrent aussi écarlates que ce dernier. Il fondit sur Eliott de rage qui para son coup puissant de sa lame. Un nouvel échange de métal se fit entre les deux hommes. Le premier à tomber de fatigue serait le premier à tomber tout court, ils le savaient pertinemment l’un comme l’autre. Le géant, blessé, commençait à faiblir. Il repoussa Eliott d’un coup violent qui le fit reculer de quelques pas. Ce dernier voulu charger à nouveau, afin d’en finir avec le géant, mais sa capitaine fut plus vive. Elle se mit à courir en cercle autour de son ennemi très rapidement.

-Ophélia : Dash, Boom Boom Shot !

De ses deux revolvers, elle se mit à tirer des salves de balles qui explosèrent au contact du corps du guerrier. Les explosions remontaient peu à peu. Elles partirent des jambes, puis de derrière les genoux, sur le ventre, dans le milieu du dos pour venir s’arrêter aux épaules.
Le géant resta immobile un long instant et les deux pirates arrêtèrent de respirer, sous la tension. Il leva les yeux au ciel, avant que ses paupières s’effondrent sur ses yeux, tout comme son corps sur le sol froid de la grande pièce. Les deux se regardèrent et soupirent de soulagement en cœur, avant de diriger leurs regards vers le tyran, toujours posté sur son estrade.


Il ne restait plus que le dernier guerrier en lice. Le seul obstacle entre les dix captifs et El’Zefvir. Une lueur de fureur brillait dans les petits yeux sombres du géant. Mais Elias et Lilith ne furent impressionnés pour le moins du monde. Elias observait le guerrier d’un regard nonchalant et blasé, tandis que la rose avait posé ses yeux sur lui, un sourcil haussé et les bras croisés comme si elle lui demandait ce qu’il voulait. Dans un juron, elle assembla sa lance et fondit sur le guerrier. Nullement impressionné, il positionna ses griffes en avant et contra le coup de la jeune fille. Elle chargea de plus belle. Le géant mit ses griffes en croix, se préparant à parer de nouveau l’attaque. Mais la rose se baissa soudainement et se mit à tournoyer tout en continuant d’avancer sur les genoux. Elle passa entre les jambes de l’ennemi et entailla ces dernières profondément. Le guerrier tribal se retourna avec peine vers la rose qui était maintenant dans son dos et l’observa avec un regard noir. Elle lui répondit par un des ses plus beaux sourires arrogants. Pendant ce temps, Elias bondit et il enroula une chaine autour de son poing gauche.

-Elias : Metallico Stroma.

Il frappa de toutes ses forces la nuque du géant qui bascula vers l’avant. Il planta ses griffes dans le sol pour maintenir son équilibre mais ses jambes lui faisaient mal. Dans un élan, il fondit vers Lilith, ongles en première ligne. La rose ne bougea pas et se changea en moelleux coton au contact de l’arme. Déboussolé, le géant se retourna ne sachant pas ou frapper. Elias sauta sur son ennemi et commença à enchainer les coups de pieds et coup de poing dans une agilité hors du commun. Il atterrit aux côtés de la petite. Malgré qu’il ait donné ses coups les plus puissants, il ne semblait qu’avoir chatouillé le géant. Il allait falloir viser ses points vitaux correctement pour le tuer le plus rapidement possible. Les regards des deux pirates se croisèrent. Ils hochèrent la tête en cœur. L’homme à la cigarette avait une idée.

-Lilith : Spear’s Revolution !

Lilith fragmenta sa lance en plusieurs morceaux et celle-ci s’enroula autour de la jambe gauche du géant. La rose tira de toutes ses forces. Elle le savait qu’elle n’arriverait pas à le faire tomber, mais juste le déséquilibrer. Dans un cri d’effort, elle tira sur le manche de l’arme qui fit basculer légèrement le géant vers l’avant. Il tenait bon, mais ses jambes meurtries ne l’aidaient guère. Soudain, quatre chaines munies d’une pointe bien aiguisée transpercèrent le poitrail de l’ennemi. En un mouvement brusque, elles se retirèrent, laissant quatre trous très propres. Un au niveau de la clavicule droite, un au niveau de l’appendice, un au niveau de la rate et enfin un au niveau du myocarde.

-Elias : Dolophonos Arpage.

Le géant tomba sur le coup dans un bruit sourd. Pendant que Lilith distrayait l’ennemi en tentant de le tirer, Le silencieux avait eu le temps d’aller dans son dos et de le tuer. Proprement, comme toujours.


Les cinq guerriers étaient maintenant tous abattus. Leurs corps gisaient sur le sol, inconscient pour certains, morts pour d’autres. Les dix captifs se retournèrent vers El’Zefvir, qui n’avait pas perdu son sourire arrogant entre temps. Sa garde rapprochée avait été annihilée, comment pouvait-il être encore heureux ? « Ce type n’est entouré que d’objets, de meubles selon sa pensée. C’est dégueulasse. » pensa le chevalier.
A la surprise de tout le monde, il rangea son arme dans son fourreau et se rassit sur son trône de glace. Il croisa les jambes lentement et s’accouda, tout en regardant fixement ses adversaires.
Mais à quoi pensait ce fou furieux ?

Le tunnel dans lequel venaient d'entrer les criminels était à peine assez large pour que deux personnes puissent y marcher côte à côte, le plafond rocheux était recouvert de chauves-souris somnolentes et environ tous les dix mètres on pouvait y voir accrocher une frêle bougie chassant les ténèbres de sa chaude lumière. Shaï marchait en tête, accompagné de sa douce, et restait vigilant. S'ils tombaient dans un piège il serait difficile pour eux de se défendre vu les conditions qu'offrait ce couloir dont on ne voyait pas le bout. Le sol était enveloppé dans une épaisse brume dans laquelle se perdaient les pieds des aventuriers, il était impossible de voir sur quoi l'on marchait et c'est ce qu'il se passa lorsque la vieille patte d'Harley s'enfonça dans une dalle en déclenchant un "clic" effrayant. À cet instant les murs commencèrent à trembler et il ne fallut que quelques secondes avant que Lilith - Laquelle, direz-vous - ne comprenne qu'ils se rapprochaient et s'apprêtaient à les compresser jusqu'à les réduire à l'état de coulis. C'est poussé par cette adrénaline que procure ce genre de situation qu'ils se mirent en branle, courant pour sauver leur vie. Tandis que la galerie se rapetissait, les tremblements avaient fait s'envoler la nuée de chauves-souris qui vint aveugler momentanément la vue des fuyards qui tentaient d'échapper à leur funeste destin. Bientôt la largeur du couloir ne permit plus que de se déplacer seul en frottant les épaules contre les parois, et l'on ne pouvait toujours pas voir le bout du chemin. C'est alors qu'Harry faisait ses adieux à ses compagnons qu'Ophélia observa le nuage ailé s'engouffrer dans une petite cavité sur leur gauche, ni une ni deux elle y plongea en entraînant le couple qui marchait devant elle. Elle fut rapidement suivie par les autres pirates qui l'avaient vu plonger dans ce nouveau couloir obscur, obscur mais qui leur sauvait la vie. Après quelques secondes ils entendirent le bruit fracassant que firent les parois en se rencontrant, ils en avaient échappé de peu et ils devaient la vie à ces créatures qui s'éloignaient déjà, volant vers un faible puits de lumière blanche par lequel elles disparurent.

C'est éclairé par les rayons de la lune qu'ils avançaient, foulant le sable gelé du désert. La nuit était tombée et il faisait froid, ils apercevaient au loin un étrange monument, si grand que sa pointe était voisine aux étoiles. Ne sachant où aller ils décidèrent de se rendre à cette pyramide. Ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils pourraient bien trouver là-bas mais ne savaient pas quoi faire, le tunnel aurait dû les conduire à El'Zefvir mais ils avaient dû le quitter pour des raisons de "santé". Harry était plutôt heureux d'avoir pu arrêter la traque au tyran mais se diriger vers une pyramide ne le rassurait guère, Harley lui avait souvent raconté des histoires avec des momies et c'est précisément ce qu'il s'amusait à faire en ce moment. Le petit groupe décida de passer la nuit à l'abri d'un rocher de glace, puis de repartir au lever du jour.
Et c'est ce qu'ils firent, ils marchèrent sous un soleil de plomb jusqu'à la grande pyramide qui n'était pas aussi loin qu'ils l'avaient pensé. Ils restèrent bouche bée lorsqu'ils arrivèrent au pied de l’impressionnant édifice, ce dernier était escorté par un sphinx qui surveillait les voyageurs de ses yeux perçants. Ils pénétrèrent finalement dans ce monument à l'entrée démesurément petite et purent constater que l'intérieur était éclairé par des centaines de torches brûlantes, rendant l’atmosphère encore plus pesante. C'est à ce moment qu'Harry se mit à sangloter.

Pearl : Qu'est-ce qu'il t'arrives ?
Harry : Je la sens arriver...
Harley : Qu'est-ce que tu sens arriver ?
Harry : Cette tirade prévisible...
Et pendant qu'il disait ces mots, une voix grave tout droit venue du royaume des morts annonça : "Vous ne sortirez jamais d'ici, étrangers ! Ce tombeau sera votre tombeau."
Et après quelques instants Harry se remit à pleurer.
Harry : Tu vois !

L'entrée de la pyramide se referma brusquement en laissant place au silence et aux angoisses que pouvaient ressentir dix personnes enfermées dans une pyramide inconnue après qu'un vieillard leur ait raconté des histoires de momies et autres morts revenus à la vie toute la nuit. Tout semblait dangereux désormais, le moindre crépitement de flammes faisait sursauter les aventuriers, le plus petit bruit suffisait à les faire suer. Ils durent attendre plusieurs minutes dans un silence total avant de se décider à aller explorer les lieux, et après quelques instants Elias proposa de scinder le groupe en deux afin de couvrir le plus de surface possible. Rapidement la première équipe fut faite, composée d'Elias, Ophélia, Nox, Shaï et de sa compagne Lilith. Dans le second, les autres.
Il n'y eut le temps d'aucune protestation, le premier groupe venait déjà de disparaître dans un long couloir aux murs ornés de dessins aux représentations énigmatiques. Les larmes coulèrent à nouveau sur les joues d'Harry, et même sur celles d'Harley. Les deux pirates se croyaient être prisonniers d'un film d'horreur avec un très mauvais scénario.

Lilith : Ils vont voir à nous laisser en plan comme ça.
Eliott : Bon allons voir ce qu'on peut trouver ici.
Harley : Des trésors j'espère.
Pearl : Ce que tu dis fais un peu pilleur de tombe.
Harry : Des tombes ?! Où ça ?

Le groupe commença sa progression à tâtons dans la pyramide. Si ils s’en tenaient à ce que la voix leur avait annoncé à leur arrivée aucun d’eux ne ressortiraient d’ici vivant, et tous avaient encore à l’esprit le couloir piégé ou ils avaient déjà failli perdre la vie la veille. Aussi avançaient-ils en prenant toutes les précautions passibles, inspectant la moindre dalle pour s’assurer qu’un mécanisme ne s’y cachait pas, et essayaient de déchiffrer le moindre hiéroglyphe dans l’espoir un peu fou que ceux-ci pourraient les mettre en garde contre les pièges à venir.
Mais malgré toutes ces précautions, par deux fois ils eurent l’occasion de revoir leur vie défiler devant leurs yeux alors que des lances sortant des murs tentaient de les empaler, ou que les dalles sous leurs pieds laissaient place à un gouffre béant.
Mais ils reprirent leur chemin encore une fois, la recherche du monarque était leur priorité. Ils se devaient de l’arrêter avant que celui-ci ne s’empare de ce qu’il cherchait, et quoi que ce soit ce n’était probablement pas une bonne nouvelle pour eux vu l’état dans lequel il avait déjà mis le pays.

Les couloirs glacés de la pyramide étaient maintenant plongés dans l’obscurité, et les torches que les différents membres du groupe avaient eu l’idée d’emporter ne leur étaient presque d’aucune utilité. Après quelques mètres la lueur des torches se dissipait pour laisser sa place au néant comme absorbé par celui-ci, et de même la chaleur des flammes semblait s’évanouir dans l’air avant de pouvoir réchauffer ne serait-ce qu’un peu le porteur de la torche.
Ils continuèrent à progresser dans cette obscurité glaciale, dans un silence de cathédrale juste perturbé par les échos de leurs pas sur les dalles le long des interminables couloirs de ce labyrinthe. Avançant au hasard dans cette obscurité totale, la seule indication confirmant leur progression était la température, qui s’abaissait à chacun de leur pas en direction du monarque fou, et qui maintenant commençait à devenir insupportable même malgré leurs épais manteaux.

Soudain ils s’arrêtèrent net, ils ne percevaient encore rien dans l’obscurité devant eux, mais le son d’un souffle rauque arrivait à leurs oreilles rougies par la température. Un son qui s’amplifiait avec les bruits de pas qui l’accompagnaient. La créature qui se trouvait dans le couloir devant eux était en train de se rapprocher. Ne sachant pas si c’était un sbire du roi, ou une créature maudite gardant les couloirs de cet endroit damné, ils avancèrent lentement, la torche brandie en avant en essayant de distinguer le moindre mouvement dans le couloir devant eux.
Avant de le voir, ils l’entendirent. D’une voix terrifiante semblant provenir des profondeurs des enfers la créature s’adressa à eux.
« Je vous ait trouvé, vous êtes a moi »
S’ils n’étaient pas déjà glacés par la température, cette voix leur aurait surement glacé le sang. Ils s’étaient arrêtés, n’osant plus faire un pas en direction de la créature. Elle par contre ne s’était pas arrêtée, et son souffle et ses bruits de pas se faisaient de plus en plus proches. Enfin sa silhouette monstrueuse se détacha du néant pour entrer dans le faible halo de leurs torches.
La créature était tellement grande qu’elle touchait le sommet du couloir de son crâne, continuant d’avancer en se balançant nonchalamment à chaque pas, sans jamais les lâcher du regard, fixant les prisonniers de cette pyramide de son œil qui n’avait rien d’humain.

-Oh mon dieu, murmura Lilith, mais c’est...
-Vous m’avez abandonné, alors que je n’avais plus de papier !
-Mais de quoi il parle, vous connaissez cette chose s’énerva Ophélia, un peu déconcertée par la situation.
-Eh bien... plus ou moins, avoua Shaï un peu gêné, en fait il fait partie de notre équipage.
-Plus maintenant, gronda leur opposant, J’ai rencontré son altesse qui m’a parlé de vous. Misérables pirates, comment osez-vous vous opposer à son altesse royale. Au nom de la marine je vous arrête, rendez-vous et vous aurez le droit à un procès équitable. Résistez et vous mourrez.
-Quoi ??! Vous naviguez avec un marine ? S’étrangla Nox resserrant ses prises sur sa canne.
-C’est pas un marine, c’est juste un déserteur le corrigea Lilith
-Eh, ça va pas de dire des chose comme ça a des étranger, pour quoi je vais passer maintenant moi
-Peu importe les interrompit Shaï, maintenant que tu es là tu peux venir avec nous pour arrêter le roi.
-Et pourquoi je ferais ça criminel ? Ma mission est de vous arrêter !
-Mais tu le fais exprès
T’as pas vu que tout le monde dans le pays est complètement mort ? Tu crois aussi que c’est nous qui avons fait ça ou tu vas finir par te rendre compte que c’est le roi qui est le méchant qui tue tout le monde dans son royaume ??!
Le long bras resta un moment pensif.
-Mmmh, maintenant que vous me le dites c’est vrai que tout le monde était mort
-Mais c’est quoi ce débile
Enfin, si le roi croit que tu es de son côté ça peut être à notre avantage, commença Elias. On va faire comme si tu nous avais capturés comme ça tu pourras nous ramener à El’Zefvir sans qu’il nous prenne pour des menaces, puisque tu sais où il est.
Le déserteur se retourna en fixant l’obscurité.
-Ah c’est vrai, maintenant que j’y pense il m’avait dit de faire attention au chemin que j’empruntais pour ne pas me perdre.
-Mais bordel
Ophélia, visiblement la plus énervée de tous dans le groupe s’approcha du géant. Malgré leurs trois têtes de différence ce fut le long bras qui se sentit tout petit devant la rage de la pirate.
-Maintenant tu vas nous menez a El’Zefvir, et tout de suite ou je te latte le menaça elle en exhibant se revolver.
-Oui madame

Takezo, le nouveau venu sentait le regard noir de la tireuse d’élite peser sur son dos. En effet, sans le vouloir il avait concocté un plan de génie. Mais la lenteur absolue à réagir face à des situations périlleuses, voire mortelles agaçait fortement Ophélia qui supportait non sans mal ce genre de personnes. Le géant et ex-marine au passage ouvrait la marche, en silence suivit du groupe qui s’était un peu affaibli avec le froid. Les lèvres des poursuivants du tyran devenaient violacées et leurs dents commençaient à claquer en cœur. Ils marchèrent pendant au moins cinq minutes dans ce silence de messe. Takezo prenait soin d’éviter les pièges grâce aux indications précieuses fournies par El’Zefvir. Les autres suivaient minutieusement ses pas. Tout se faisait dans le calme le plus complet, ce qui rendait la scène encore plus remarquable.
Ils arrivèrent vers un carrefour éclairé de plusieurs torches murales, ou la temérature remontait de quelques degrés grâce à ces dernières. Les aventuriers soufflèrent, ils pouvaient se réchauffer un peu.  Seulement, un problème apparut. Le carrefour donnait sur six voies différentes en comptant celle par laquelle ils étaient arrivés. Cinq chemins s’offraient à eux, donc. Chemin de vie, ou chemin de mort.

D’après les observations d’Elias, la pyramide semblait très âgée. Les fondations et l’architecture montraient un caractère bien ancien. Or, en ayant un minimum de culture, on savait que les pièges dans les anciens tombeaux était les plus efficaces. Le plus simples certes, mais les plus meurtriers aussi.

-Elias : En fait le mélange piège – obscurité crée un cocktail explosif, mortel même.
-Harry : Par ou allons-nous ? Questionna le jeune garçon.
-Nox : Pour commencer, il est hors de question de nous séparer. Pour le reste…

Toute l’assemblée se tourna vers Takezo qui se gratta l’arrière de la tête maladroitement. Ophélia soupira. Elle n’avait même pas posé la question qu’elle connaissait déjà la réponse. Le géant avait oublié par où il était venu.

-Lilith : Hé, regardez, y a des trucs écrits au dessus de chaque porte, déclara la rose, une torche à la main.
-Eliott : Pose cette torche, et le vole pas le patrimoine !
-Lilith : Je préfère voler le patrimoine plutôt que le patrimoine vole ma vie, répliqua-t-elle sèchement.
-Nox : C’est toujours le même problème, ce sont des hiéroglyphes indéchiffrables…
-Takezo : Nous n’avons qu’à prendre le passage ou la phrase est la plus courte.

Tous se retournèrent vers l’exilé, incrédules.

-Takezo : Bah la phrase la plus longue nous prévient qu’il y a plus de pièges. Vu qu’il a plus de pièges il y a plus de trucs à décrire. CQFD, il faut prendre celle-là !

Sur de lui, il désigna la quatrième porte à leur gauche. Shaï acquiesça. Il  proposa au groupe de le suivre. Ophélia secouait la tête nerveusement. Elle ne savait pas ce qui était le plus idiot : la bêtise naturelle de cet homme ou le fait que dix hors la loi le suivaient parce qu’ils n’avaient rien d’autre en réserve. Ils prirent les torches restantes et s’engouffrèrent dans le couloir froid de leur choix complètement fou.

Ils avançaient à tâtons, sur leur garde de ne pas déclencher de pièges ou autre trompe l’œil qui pourrait porter atteinte à leur vie. Le groupe avait décidé de ne plus mettre Takezo en premier, mais Elias et Harvey. Le géant se situait en plein milieu de la marche, par peur qu’il active x ou y bouton caché.  Soudain ils entendirent un grésillement au loin. L’écho des couloirs froids et étroits de la bâtisse amplifiait le son désagréable parvenant aux oreilles de nos héros. Ils stoppèrent leur marche et sortirent leurs armes, paré à une éventuelle attaque. Le bruit se fit de plus en plus proche et très vite une paire d’yeux rouges fixait l’alliance humaine. Puis deux, puis trois. Puis très rapidement une trentaine. Le grincement se fit encore plus intense et les bestioles ouvrirent leurs ailes majestueuses. Elle était fluorescente, d’un dégradé allant d’un bleu ciel jusqu’à un jaune soleil. Avec la lumière que dégageait leurs ailes, les hors la loi purent voir qu’il s’agissait de chauves souris. Leurs bouches étaient grande ouvertes, laissant apercevoir leurs crocs. Il ne leur fallu pas plus d’une seconde pour foncer vers le groupe de protagonistes. Ils luttèrent avec acharnement pour ne pas se faire attaquer par les griffes ou les crocs de ces bestiaux. L’affrontement se faisait rude car les chauves-souris se déplaçaient très vite.

La nuée s’estompa et fila à l’autre bout du couloir. Certains cadavres de leurs camarades gisaient au sol. Les pirates étaient essoufflés. Lutter contre des chauves-souris lumineuses dans l’obscurité est une tâche ardue. D’une part parce que nos protagonistes étaient limités de par la nuit de leur couloir. D’autre part car ces bêtes sont très rapides. Allier la couleur de leurs ailes et leur rapidité crée de beaux maux de tête. Harry était assis par terre, tentant de reprendre ses esprits. Pearl était allongé, le bras sur les yeux tout en respirant fort pour ne plus voir flou. Shaï pansait rapidement les blessures de sa compagne infligée par les animaux volants. Tout le monde ici présent possédait plus ou moins des griffures et des morsures sur tout le corps. Elias était inquiet. Il espérait qu’il n’y avait pas de venin…


Le groupe marcha pendant encore une bonne demi-heure. Par chance, ils ne croisèrent pas la route d’autres bestioles enragées et évitèrent quelques pièges bénins. Ils étaient épuisés. Mais leurs visages s’ouvrirent en voyant de la lumière au bout du long corridor froid. Un filet seulement, traversant une double porte massive. Le géant Takezo poussa sans mal les portes faites de métal. Les yeux des hors la loi s’écarquillèrent de surprise : ils étaient dans une salle de forme circulaire très vaste. A intervalles réguliers, elle était soutenue par des piliers sculptés finement. Des dorures étaient présentes sur les murs formant de nombreuses arabesques et se rejoignant au plafond pour former une véritable œuvre d’art. Au sol des trésors inestimables ! Plusieurs statues d’or et d’argent trônaient ici et là. Il y avait également un chemin fait de torches au centre. Le géant passa devant suivi de tous les autres. Le chemin menait à un mur avec une grande inscription en hiéroglyphes. En dessous deux sarcophages se tenaient debout côte à côte. Au sol, un reste de bouquet phénoménal de roses gisait. « Un couple ? » se demanda Eliott. Le chevalier trouvait ça très beau ; le fait que l’épouse d’un homme ait voulu l’accompagner jusqu’à la fin. Les sarcophages étaient ornés de marbre et d’or. Ils devaient valoir une certaine fortune. Les yeux d’Elias brillait ainsi que ceux des deux Lilith.

- « Ici repose la dynastie Sha’Rhaka. Le roi et sa femme auront le repos éternel avec leurs enfants et leurs richesses. Gloire à la famille Sha’Rhaka. »

Tous se retournèrent vers la voix qui venait de lire monotonement l’inscription au mur. Le tyran El’Zefvir était assis nonchalamment sur un des sarcophages, celui de l’un des fils du roi sans doute. Croisant les jambes, ils fixaient d’un œil brillant ses futurs sujets. Il sauta de la tombe pour atterrir agilement sur ses pieds et commença à avancer vers eux.

-El’Zefvir : Bienvenue dans le Mausolée des rois. Comment trouvez-vous la décoration ? Il donna un vif coup de pied dans une couronne faite d’or à ses pieds.
-Eliott : C’est un blasphème envers l’histoire ce que vous faites ! Comment osez-vous posez votre postérieur sur la tombe d’un prince ?
-El’Zefvir : Oh. Et c’est un pirate qui me dit ça, voyez-vous donc. Les pirates ne sont-ils pas les premiers à vandaliser les tombes des grands de l’histoire ?
-Elias : Tous les pirates ne sont pas les mêmes, mais là n’est pas la question.

Red Ink donna un puissant coup de coude à son compagnon de route ex-marine. Ce dernier s’éclaircit la voix et déclara :

-Takezo : Hum, je vous les ai ramenés. Maintenant laissez moi rentrer chez-moi. Et fournissez-moi en papier toilette.

La rose ne put s’empêcher de pouffer de rire. En revanche le tyran avait l’air furieux. Il ne savait pas que Takezo était plus que sérieux. Il en prit pour son grade. Ses cheveux se hérissèrent en haut de son crâne et il sortit sa longue lame, prêt à trancher toute la bande.