Améliorer ses écrits et son style narratif
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Skull_joke
Raleygh 009
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Améliorer ses écrits et son style narratif
Membres de Manga-Info, bonjour
Depuis longtemps maintenant, ce forum a su encourager le développement artistique littéraire de ses membres via diverses possibilités (concours, duels, fanfics, rpg , . . .). Une initiative remarquable permettant à tout un chacun de montrer son travail aux autres membres du forum afin de bénéficier d’un avis constructif et de conseils pour améliorer son texte, voir même sa manière d’écrire. Aujourd’hui, la nature même de mon boulot et mon envie de partager mes connaissances dans le domaine m’ont poussé à créer ce topic de conseils pour montrer à ceux qui le souhaitent comment améliorer leurs textes, voire leur façon d’écrire.
Dans un premier temps sur ce topic, on s’intéressa au texte en tant que tel. C'est-à-dire tout ce qui concerne le « comment on écrit » (la forme) pour ensuite aborder la question du « qu’est ce qu’on écrit » (le fond). Il sera divisé en chapitre abordant chacun un aspect du langage textuel et ce à quoi il faut faire attention dans ce domaine. Bien sur, le début sera composé de conseils généraux assez basique, mais ne vous inquiétez pas, on arrivera très vite aux questions syntaxiques, sémantiques, de vocabulaires, de figures de style, . . .
Bref, un topic pour identifier les éléments qui composent un bon texte, et comprendre comment les utiliser afin d’améliorer ses propres écrits.
J'inclus ici une table des matières qui sera régulièrement mis à jour, permettant d'accéder directement au chapitre voulu.
Voili voilou, si vous avez des questions après tel ou tel chapitre, n'hésitez pas, j'y répondrais avec plaisir. De mon coté, j'illustrerais mes conseils avec des exemples pour être le plus clair possible.
Depuis longtemps maintenant, ce forum a su encourager le développement artistique littéraire de ses membres via diverses possibilités (concours, duels, fanfics, rpg , . . .). Une initiative remarquable permettant à tout un chacun de montrer son travail aux autres membres du forum afin de bénéficier d’un avis constructif et de conseils pour améliorer son texte, voir même sa manière d’écrire. Aujourd’hui, la nature même de mon boulot et mon envie de partager mes connaissances dans le domaine m’ont poussé à créer ce topic de conseils pour montrer à ceux qui le souhaitent comment améliorer leurs textes, voire leur façon d’écrire.
Dans un premier temps sur ce topic, on s’intéressa au texte en tant que tel. C'est-à-dire tout ce qui concerne le « comment on écrit » (la forme) pour ensuite aborder la question du « qu’est ce qu’on écrit » (le fond). Il sera divisé en chapitre abordant chacun un aspect du langage textuel et ce à quoi il faut faire attention dans ce domaine. Bien sur, le début sera composé de conseils généraux assez basique, mais ne vous inquiétez pas, on arrivera très vite aux questions syntaxiques, sémantiques, de vocabulaires, de figures de style, . . .
Bref, un topic pour identifier les éléments qui composent un bon texte, et comprendre comment les utiliser afin d’améliorer ses propres écrits.
J'inclus ici une table des matières qui sera régulièrement mis à jour, permettant d'accéder directement au chapitre voulu.
- Table des matières:
Introduction et conseils généraux
a. Aimer écrire
b. Imaginer ce que l'on écrit
c. Être à l’aise et trouver ce qui stimule votre motivation
d. Les habitudes et stimuler votre imagination
e. Lire, écrire et réviser
f. Briser les règles
Partie I: Le texte
1. Conseils de base
a. Savoir ce qu’on veut et où on va
b. Varier la voix
c. Être clair et concis
d. Éviter les clichés
e. La cohérence
2. Le style
a. Le dynamisme
b. Les répétitions
c. Les tournures
d. Le vocabulaire
Voili voilou, si vous avez des questions après tel ou tel chapitre, n'hésitez pas, j'y répondrais avec plaisir. De mon coté, j'illustrerais mes conseils avec des exemples pour être le plus clair possible.
Dernière édition par Raleygh 009 le Lun 1 Fév - 0:18, édité 10 fois
Raleygh 009- Yonkou
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
c'est intriguant
Skull_joke- Admin Lama
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Introduction et conseils généraux
Avant de se lancer dans les règles et analyses précises se rapportant directement à la langue française et au langage syntaxique, il m’a paru judicieux de rappeler quelques conseils assez simples qui ont pourtant un impact immense sur la qualité linguistique et scénaristique d’un texte.
a.Aimer écrire
Cela parait bien sûr évident. La démotivation se ressent énormément dans un texte et à l’inverse la motivation se remarque facilement. Le lecteur sent à la richesse du vocabulaire, à la variété des figures de style quand l’auteur est emballé par ce qu’il écrit et quand il ne l’est pas. Si l’auteur ne croit pas en ce qu’il écrit, le lecteur n’y croira certainement pas. De fait, la motivation et l’envie sont indispensables pour arriver à créer une histoire captivante. De plus, il faut bien comprendre qu’un bon texte se travaille et est TOUJOURS améliorable. Cela veut dire que, oui, il faut passer du temps à relire son texte, à améliorer telle ou telle phrase, à reformuler telle ou telle idée, à jouer avec les termes, la syntaxe . . . que cela demande du temps et de la motivation. Donc si « aimer écrire » était déjà important pour écrire une histoire captivante à la base, cela devient indispensable si l’auteur veut améliorer son texte, le retravailler.
b.Imaginer ce que l’on écrit
Écrire une histoire, c’est faire appel à l’imaginaire. C’est transporter le lecteur dans une histoire, un lieu . . . lui faire côtoyer des personnages qu’il ne conçoit par aucun de ses sens. Il ne peut les voir, les toucher, les sentir. Il ne peut qu’imaginer les avoir devant lui ; et c’est son imagination qui lui donne le sentiment de les voir, les entendre. Autrement dit, l’auteur parle d’un personnage qu’il a imaginé et le lecteur n’a que la transcription de ce personnage pour l’imaginer. Cela veut dire, que plus la transcription est claire et détaillée plus la vision de l’auteur et du lecteur sera proche.
Si j’écris : « Hier, j’ai mangé un fruit ». Vous allez tous voir ce à quoi le mot « fruit » vous fait penser. Cependant aucun des fruits auxquelles on va penser ne sera semblable.
« Hier, j’ai mangé une pomme » « Hier, j’ai mangé une pomme verte » « Hier soir, dans ma cuisine, j’ai mangé une pomme verte. » « Hier soir, dans ma cuisine, j’ai mangé une pomme verte avant de monter me coucher ». Autant de détails qui aident le lecteur à imaginer la scène de manière claire, et à l’imaginer comme l’auteur la conçoit. Et plus l’auteur et le lecteur ont une perception semblable d’un décor, d’une action, d’un sentiment . . . plus l’auteur pourra captiver le lecteur et plus il pourra lui insuffler ses propres sentiments à l’écrit. Il est donc important que l’auteur imagine la scène ou l’action qu’il décrit, qu’il soit dans cette cuisine, hier soir, qu’il voie ce personnage manger sa pomme, afin d’imaginer les détails qui vont permettre aux lecteurs d’imaginer la scène. Il doit « penser » la scène qu’il décrit. « J’ai mangé un fruit » OK, c’est cool, mais le lecteur n’a aucune information pour éveiller un soupçon d’un intérêt, car il n’a aucun élément pour imaginer la scène. « Hier soir, dans ma cuisine, j’ai mangé une pomme verte avant de monter me coucher », là le lecteur sait quand ça se passe, où ça se passe et il a même une indication sur l’état d’esprit du personnage. Cela peut paraitre bête, surtout pour une simple phrase sur un mec mangeant une pomme, mais lorsque l’auteur doit décrire des scènes plus complexes d’actions, de combats, de décors ou d’intenses émotions, cela prend tout son sens pour ne pas perdre le lecteur et pour qu’il visualise la scène qu’il lit. Bref, n’hésitez pas à vous arrêter lors de l’écriture d’une action, pour l’imaginer dans son entièreté, pour penser ses détails. Cela vous aidera non seulement à écrire l’action, mais aussi à la faire comprendre, la faire ressentir par les lecteurs. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement – et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau)
c.Être à l’aise et trouver ce qui stimule votre motivation
La motivation, on le sait, c’est important pour penser, écrire et réécrire une histoire. Donc, trouver ce qui vous met à l’aise quand vous écrivez, ce qui stimule votre motivation et abusez-en. Cela peut être une image, un lieu précis, une musique, des souvenirs, à boire, à manger...
d.Les habitudes et stimuler votre imagination
Pour l’imagination, c’est un peu plus compliqué. On sait tous que la page blanche est sans doute le pire et le meilleur moment pour l’auteur. Il a encore tout à imaginer, mais il peut encore tout imaginer. C’est le moment parfois un peu ch**nt où on ne sait pas quoi écrire, ou comment commencer notre récit. Pour vaincre ce syndrome, et stimuler votre imagination, il existe plusieurs méthodes assez simples.
A. Tout d’abord, prenez des habitudes lorsque vous écrivez et reproduisez-les à chaque fois. Le cerveau humain fonctionne par assimilation et par instinct ce qui veut dire que reproduire telles ou telles choses habituelles lui permet de se mettre plus vite en condition pour effectuer les tâcher lier à ses habitudes. Par exemple, si à chaque fois que je vais écrire un texte j’écoute la même chanson en mangeant une pomme (oui, j’aime les pommes), que je me serve un thé pour le boire en écrivant, il y a de fortes chances que je sois mentalement dans le même état d’esprit qu’habituellement lorsque j’écris un texte.
B. Donner vie à des objets inanimés. Une vieille méthode, utilisée énormément dans les contes par exemple, qui permet à l’imagination de l’auteur de sortir du domaine du réel. Les arbres parlent, les tapis volent, les chandeliers se baladent. Bref des situations inédites, rien de tel pour stimuler votre imagination et voir les choses différemment.
C. Tout exagérer, n’hésitez pas à voire les choses en grand, à décrire des personnages plus grands que nature, à décrire des décors qui terrifient ou qui éblouissent pour pousser le lecteur et vous-même en dehors des limites du concret et de la raison. Et laisser votre imagination voguer sans barrière. Laissez libre cours aussi à vos émotions, vos peurs, vos souvenirs, vous envies . . . exagérer les et personnaliser les.
D. Faites travailler votre inconscient. Il existe bien une centaine d’exercices pour faire travail son imagination. En voici, un simple. Penser à votre personnage avant d’aller dormir. Au réveil, pensez à votre histoire et notez tout ce à quoi vous pensez dans les 10 minutes suivant votre réveil, pour éviter les oublis.
E. Discutez-en. Parlez de votre histoire avec un ami proche, un exercice idéal pour vous ouvrir de nouvelles perspectives dans lesquelles votre imagination pourra s’engouffrer.
F. Pour nourrir votre imagination, donnez-lui du contenu. Lisez, regardez, écoutez le plus possible et le plus varié possible, découvrez des endroits inconnus, goutez des plats inconnus. L’inconnu est le point de départ de l’imagination.
e.Lire, écrire et réviser
On vient de l’aborder pour ce qui est de stimuler votre imagination. Lire, lire et encore lire. Des romans, des classiques, de la poésie, du théâtre. C’est valable pour améliorer votre narration, vos agencements narratifs, votre vocabulaire, vos connaissances syntaxiques et sémantiques, votre gestion des figures de style, . . . Cela ne veut pas dire que quelqu’un qui ne lit rien ne pourra pas composer de bons textes et cela ne veut pas dire que quelqu’un qui lit énormément fera des bonstextes. Cela veut dire qu’avec ces lectures vous avez un énorme bagage pour apprendre à vous exprimer de la meilleure façon possible.
f.Briser les règles
Enfin, le dernier conseil, que je vous donnerai avant de passer à des conseils concernant plus particulièrement « l’écrit », sera de briser les règles. Que ce soit une règle de grammaire, de ponctuation, de vocabulaire. Les meilleurs écrivains ne se contentent pas de suivre les règles : ils savent quand et comment les briser. Les règles de la langue française, et on va en analyser beaucoup ici, sont importantes pour guider le lecteur, lui faire comprendre votre texte, lui faire appréciez votre écrit. Ce sont des codes qui lui permettent de voyager dans votre œuvre, les respecter est donc primordial. Cependant, une règle brisée provoque parfois un choc poétique intéressant. Cela peut être phonétiquement intéressant, permettre de faire ressentir plus intensément une émotion, ou faire percevoir de manière plus importante le danger d’une situation. Par exemple, pour les amateurs de chanson française, c’est un peu comme le « « Nous nous en alleront » de Renaud dans « Dès que le vent soufflera ». Cette idée de briser les règles est d’ailleurs très fréquente en poésie. Cependant, attention, vous pouvez briser n’importe quelle règle en tant qu’auteur, mais n’oubliez jamais que pour que cela fonctionne cela doit rester une exception. Le lecteur doit savoir que c’est vous qui avez délibérément choisi de briser la règle. Sinon, il vous en tiendra rigueur, ou pire la règle brisée entrainera une confusion qui perturbera le lecteur. La clé est de savoir écrire suffisamment bien dans le reste du texte qu’il soit évident que vous contournez une règle en toute connaissance de cause
Voilà pour l’introduction.
Si vous avez des questions sur cette partie ou des remarques sur le tutoriel, n’hésitez pas à les donner.
Je vous dis donc au revoir et au prochain chapitre, qui portera sur les choses à faire et à éviter de manière générale dans un texte.
Avant de se lancer dans les règles et analyses précises se rapportant directement à la langue française et au langage syntaxique, il m’a paru judicieux de rappeler quelques conseils assez simples qui ont pourtant un impact immense sur la qualité linguistique et scénaristique d’un texte.
a.Aimer écrire
Cela parait bien sûr évident. La démotivation se ressent énormément dans un texte et à l’inverse la motivation se remarque facilement. Le lecteur sent à la richesse du vocabulaire, à la variété des figures de style quand l’auteur est emballé par ce qu’il écrit et quand il ne l’est pas. Si l’auteur ne croit pas en ce qu’il écrit, le lecteur n’y croira certainement pas. De fait, la motivation et l’envie sont indispensables pour arriver à créer une histoire captivante. De plus, il faut bien comprendre qu’un bon texte se travaille et est TOUJOURS améliorable. Cela veut dire que, oui, il faut passer du temps à relire son texte, à améliorer telle ou telle phrase, à reformuler telle ou telle idée, à jouer avec les termes, la syntaxe . . . que cela demande du temps et de la motivation. Donc si « aimer écrire » était déjà important pour écrire une histoire captivante à la base, cela devient indispensable si l’auteur veut améliorer son texte, le retravailler.
b.Imaginer ce que l’on écrit
Écrire une histoire, c’est faire appel à l’imaginaire. C’est transporter le lecteur dans une histoire, un lieu . . . lui faire côtoyer des personnages qu’il ne conçoit par aucun de ses sens. Il ne peut les voir, les toucher, les sentir. Il ne peut qu’imaginer les avoir devant lui ; et c’est son imagination qui lui donne le sentiment de les voir, les entendre. Autrement dit, l’auteur parle d’un personnage qu’il a imaginé et le lecteur n’a que la transcription de ce personnage pour l’imaginer. Cela veut dire, que plus la transcription est claire et détaillée plus la vision de l’auteur et du lecteur sera proche.
Si j’écris : « Hier, j’ai mangé un fruit ». Vous allez tous voir ce à quoi le mot « fruit » vous fait penser. Cependant aucun des fruits auxquelles on va penser ne sera semblable.
« Hier, j’ai mangé une pomme » « Hier, j’ai mangé une pomme verte » « Hier soir, dans ma cuisine, j’ai mangé une pomme verte. » « Hier soir, dans ma cuisine, j’ai mangé une pomme verte avant de monter me coucher ». Autant de détails qui aident le lecteur à imaginer la scène de manière claire, et à l’imaginer comme l’auteur la conçoit. Et plus l’auteur et le lecteur ont une perception semblable d’un décor, d’une action, d’un sentiment . . . plus l’auteur pourra captiver le lecteur et plus il pourra lui insuffler ses propres sentiments à l’écrit. Il est donc important que l’auteur imagine la scène ou l’action qu’il décrit, qu’il soit dans cette cuisine, hier soir, qu’il voie ce personnage manger sa pomme, afin d’imaginer les détails qui vont permettre aux lecteurs d’imaginer la scène. Il doit « penser » la scène qu’il décrit. « J’ai mangé un fruit » OK, c’est cool, mais le lecteur n’a aucune information pour éveiller un soupçon d’un intérêt, car il n’a aucun élément pour imaginer la scène. « Hier soir, dans ma cuisine, j’ai mangé une pomme verte avant de monter me coucher », là le lecteur sait quand ça se passe, où ça se passe et il a même une indication sur l’état d’esprit du personnage. Cela peut paraitre bête, surtout pour une simple phrase sur un mec mangeant une pomme, mais lorsque l’auteur doit décrire des scènes plus complexes d’actions, de combats, de décors ou d’intenses émotions, cela prend tout son sens pour ne pas perdre le lecteur et pour qu’il visualise la scène qu’il lit. Bref, n’hésitez pas à vous arrêter lors de l’écriture d’une action, pour l’imaginer dans son entièreté, pour penser ses détails. Cela vous aidera non seulement à écrire l’action, mais aussi à la faire comprendre, la faire ressentir par les lecteurs. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement – et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau)
c.Être à l’aise et trouver ce qui stimule votre motivation
La motivation, on le sait, c’est important pour penser, écrire et réécrire une histoire. Donc, trouver ce qui vous met à l’aise quand vous écrivez, ce qui stimule votre motivation et abusez-en. Cela peut être une image, un lieu précis, une musique, des souvenirs, à boire, à manger...
d.Les habitudes et stimuler votre imagination
Pour l’imagination, c’est un peu plus compliqué. On sait tous que la page blanche est sans doute le pire et le meilleur moment pour l’auteur. Il a encore tout à imaginer, mais il peut encore tout imaginer. C’est le moment parfois un peu ch**nt où on ne sait pas quoi écrire, ou comment commencer notre récit. Pour vaincre ce syndrome, et stimuler votre imagination, il existe plusieurs méthodes assez simples.
A. Tout d’abord, prenez des habitudes lorsque vous écrivez et reproduisez-les à chaque fois. Le cerveau humain fonctionne par assimilation et par instinct ce qui veut dire que reproduire telles ou telles choses habituelles lui permet de se mettre plus vite en condition pour effectuer les tâcher lier à ses habitudes. Par exemple, si à chaque fois que je vais écrire un texte j’écoute la même chanson en mangeant une pomme (oui, j’aime les pommes), que je me serve un thé pour le boire en écrivant, il y a de fortes chances que je sois mentalement dans le même état d’esprit qu’habituellement lorsque j’écris un texte.
B. Donner vie à des objets inanimés. Une vieille méthode, utilisée énormément dans les contes par exemple, qui permet à l’imagination de l’auteur de sortir du domaine du réel. Les arbres parlent, les tapis volent, les chandeliers se baladent. Bref des situations inédites, rien de tel pour stimuler votre imagination et voir les choses différemment.
C. Tout exagérer, n’hésitez pas à voire les choses en grand, à décrire des personnages plus grands que nature, à décrire des décors qui terrifient ou qui éblouissent pour pousser le lecteur et vous-même en dehors des limites du concret et de la raison. Et laisser votre imagination voguer sans barrière. Laissez libre cours aussi à vos émotions, vos peurs, vos souvenirs, vous envies . . . exagérer les et personnaliser les.
D. Faites travailler votre inconscient. Il existe bien une centaine d’exercices pour faire travail son imagination. En voici, un simple. Penser à votre personnage avant d’aller dormir. Au réveil, pensez à votre histoire et notez tout ce à quoi vous pensez dans les 10 minutes suivant votre réveil, pour éviter les oublis.
E. Discutez-en. Parlez de votre histoire avec un ami proche, un exercice idéal pour vous ouvrir de nouvelles perspectives dans lesquelles votre imagination pourra s’engouffrer.
F. Pour nourrir votre imagination, donnez-lui du contenu. Lisez, regardez, écoutez le plus possible et le plus varié possible, découvrez des endroits inconnus, goutez des plats inconnus. L’inconnu est le point de départ de l’imagination.
e.Lire, écrire et réviser
On vient de l’aborder pour ce qui est de stimuler votre imagination. Lire, lire et encore lire. Des romans, des classiques, de la poésie, du théâtre. C’est valable pour améliorer votre narration, vos agencements narratifs, votre vocabulaire, vos connaissances syntaxiques et sémantiques, votre gestion des figures de style, . . . Cela ne veut pas dire que quelqu’un qui ne lit rien ne pourra pas composer de bons textes et cela ne veut pas dire que quelqu’un qui lit énormément fera des bonstextes. Cela veut dire qu’avec ces lectures vous avez un énorme bagage pour apprendre à vous exprimer de la meilleure façon possible.
f.Briser les règles
Enfin, le dernier conseil, que je vous donnerai avant de passer à des conseils concernant plus particulièrement « l’écrit », sera de briser les règles. Que ce soit une règle de grammaire, de ponctuation, de vocabulaire. Les meilleurs écrivains ne se contentent pas de suivre les règles : ils savent quand et comment les briser. Les règles de la langue française, et on va en analyser beaucoup ici, sont importantes pour guider le lecteur, lui faire comprendre votre texte, lui faire appréciez votre écrit. Ce sont des codes qui lui permettent de voyager dans votre œuvre, les respecter est donc primordial. Cependant, une règle brisée provoque parfois un choc poétique intéressant. Cela peut être phonétiquement intéressant, permettre de faire ressentir plus intensément une émotion, ou faire percevoir de manière plus importante le danger d’une situation. Par exemple, pour les amateurs de chanson française, c’est un peu comme le « « Nous nous en alleront » de Renaud dans « Dès que le vent soufflera ». Cette idée de briser les règles est d’ailleurs très fréquente en poésie. Cependant, attention, vous pouvez briser n’importe quelle règle en tant qu’auteur, mais n’oubliez jamais que pour que cela fonctionne cela doit rester une exception. Le lecteur doit savoir que c’est vous qui avez délibérément choisi de briser la règle. Sinon, il vous en tiendra rigueur, ou pire la règle brisée entrainera une confusion qui perturbera le lecteur. La clé est de savoir écrire suffisamment bien dans le reste du texte qu’il soit évident que vous contournez une règle en toute connaissance de cause
Voilà pour l’introduction.
Si vous avez des questions sur cette partie ou des remarques sur le tutoriel, n’hésitez pas à les donner.
Je vous dis donc au revoir et au prochain chapitre, qui portera sur les choses à faire et à éviter de manière générale dans un texte.
Dernière édition par Raleygh 009 le Mar 12 Jan - 0:38, édité 1 fois
Raleygh 009- Yonkou
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
J'adore l'idée et je te remercie beaucoup 009. Je pense que je vais être attentif à ce que tu écris.
Excellente initiative, tu gères
Excellente initiative, tu gères
kurotsu of mist- Nyan-cat
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Partie 1 : Le texte
Nous voici donc dans la première partie du tutoriel, celle qui concerne exclusivement le texte en tant que tel. Après avoir posé quelques bases, nous y aborderons les questions stylistiques, lexicales, orthographiques, de ponctuation, de sémantique, de syntaxe, de figures de style, d’organisation textuelle et de vérification. On s’intéressera à la forme de votre texte, aux mots utilisés, aux tournures employées, au rythme insufflé.. . et à tout ce qui fait la beauté de votre texte.
I. Conseils de base
a. Savoir ce qu’on veut et où on va
On le verra lorsque l’on s’intéressera aux questions de terminologie, le français est l’une des plus belles langues en ce qui concerne la richesse de son vocabulaire, l’importance de son champ lexical et la diversité des choix stylistiques qu’il possède. Cela veut dire qu’il est possible de dire ou d’écrire un fait, une situation, un sentiment, une action de centaines de façon différente en variant le vocabulaire, les tournures de phrases et le type de phrase. Chacune de ces manières différentes d’écrire un fait semblable comporte ses nuances d’émotions, d’évocation et d’insistance. Autrement dit, la façon dont vous avez choisi de l’écrire insiste sur tel ou tel élément, mais vous auriez pu l’écrire d’une autre manière pour insister sur un autre élément bien que vous décriviez la même situation.
Par exemple, si j’écris : « Le meilleur ami de l’homme se leva et aboya, fidèle à ses maitres, pour les prévenir de la venue d’un visiteur ». A l’aide de « meilleur ami de l’homme » et de « fidèle à ses maitres », j’insiste sur la relation du chien avec son propriétaire. J’aurais pu même aller plus loin sur cette l’insistance de cette relation. Ex. : « Rex, fidèle à son ami, se leva et lui fit comprendre qu’un visiteur venait le voir ». Ici, toute trace d’une quelconque bestialité a presque complètement disparu de la phrase, on ne sait plus vraiment s’il s’agit d’un chien. Cependant, on sait qu’il a un nom, qu’il est fidèle et qu’il considère son maitre comme un ami. Autant de mots, qui éloignent le lecteur de la bestialité primaire de l’animal pour le rapprocher vers un sentiment d’être en sécurité avec un ami. On pourrait au contraire, délaisser la relation maitre-chien et plus insister sur l’animal.
« L’animal se mit sur ses pattes et aboya soulignant la présence d’un visiteur », « animal » « pattes » « aboya » insiste clairement sur l’image de l’animal que le lecteur va se projeter. « La bête bondit sur ses pattes, aboya férocement, et alla abattre ses griffes sur la porte d’entrée, annonçant à son propriétaire la venue d’un visiteur ». Ici, on est presque à l'opposé de la phrase où on insistait sur l'amitié et l'aspect sécuritaire, on insiste sur la bestialité de l’animal. Les mots « ami » et « maitres » laissent place au mot plus froid et neutre qu’est « propriétaire ». Il y a tellement de moyens d’insuffler aux lecteurs des images et des sentiments différents, et encore ici je n’ai joué qu’avec le champ lexical.
Bref, n’oubliez jamais l’élément sur lequel vous voulez insister. Un peu comme la gestion de plan dans un film, quelle image, quel sentiment voulez-vous que le lecteur ait en lisant ce passage. Ayez une idée précise de cet élément, avant d’écrire de ce que vous voulez obtenir, cela vous donnera indubitablement des indices sur le vocabulaire à employer et la façon de l’écrire.
b. Varier la voix
En français, un verbe peut être employé par quatre types de voix différentes (plus en vérité, mais disons 4 voix ultra-majoritaire).
La voix active : le sujet est actif. Il fait l’action.
Ex. Les nuages cachent le soleil. La voix active insiste sur le sujet, sur celui qui fait l’action, sur les nuages dans ce cas présent.
La voix passive : le sujet est passif. Il subit l’action.
Ex. Le soleil est caché par les nuages. La voix passive insiste sur celui qui subit l’action, le soleil ici, et met dans l’ombre celui qui exécute l’action. Parfois, elle ne le nomme même pas. Ex. Le soleil est caché. Autrement dit, on utilise cette voix quand on veut soit insister sur celui qui subit l’action soit réduire l’impact de celui qui effectue l’action.
La voix pronominale : le sujet est actif, mais il subit l’action. Il est à la fois le sujet et l’objet.
Ex. Le chat se lave. La voix pronominale insiste sur l’action sur le verbe pronominal (se laver dans ce cas-ci).
La voix impersonnelle : Le sujet est actif et il est également l’objet de la phrase. Cependant, il ne fait pas référence à une personne, cette voix ne s’emploie qu’avec la 3e personne.
Ex. Il arrive deux nuages noirs. Cette voix s’emploie avec des verbes impersonnels (ex. il pleut, il faut, il neige). Et insiste sur l’impersonnalité de l’action. Une fatalité de l’action que l’on ne peut incomber à personne. C’est comme ça et personne ni peut rien.
Autrement dit, le lecteur retient celui qui fait l’action dans la voix active, celui qui la subit dans la voix passive, l’action dans la voix pronominale et l’absence de sujet réel dans la voix impersonnelle.
L’une des manifestations les plus communes d’une mauvaise écriture est la surabondance de la voix passive. « X a été attaqué par Y » au lieu de simplement dire « Y a attaqué X ». La voix passive est souvent très lourde et responsable d’incompréhension à la longue. Le lecteur ne sachant plus qui subit et qui fait l’action. Utiliser la voix passive n’est pas toujours une mauvaise chose, car il arrive que la voix active soit difficile à mettre en place. Cependant, privilégiez cette dernière. La voix pronominale, quant à elle, est moins lourde que la voix passive, mais moins précise que les deux voix. L’utiliser avec parcimonie, peut-être très intéressant pour permettre au lecteur de lâcher un peu le sujet et de se concentrer sur l’action (le verbe). Et enfin, sachez que la voix impersonnelle sera plus présente lors des passages de description, la voix pronominale lors des passages d’action. Mais n’oubliez pas, privilégiez l’actif.
c. Être clair et concis
Un bon style est simple, clair et direct. On pourrait trouver pratique au début de vouloir rassembler plusieurs idées dans une phrase. Cela va probablement la rendre plus difficile à lire. Si un passage est superflu, n’apporte rien. N’hésitez pas à supprimer. Cela veut aussi dire que les adverbes doivent être réduits, car ils compliquent souvent la phrase. Les adverbes sont une classe de mots à part. Bien placé, un bon adverbe peut être délicieux, mais souvent les adverbes sont déjà sous-entendus par le verbe et donc redondant et inutile.
Ex. « Il hurla avec peur. » (# génius)
« Il se dépêcha et mit rapidement son manteau. » (oh « rapidement » really ? J’aurais cru qu’il se dépêchait lentement srx).
« Le sort s’acharna malheureusement sur sa famille. » (Damn, le sort peut-il « s’acharner » de manière heureuse ? Si c’est le cas, l’emploi du mot « s’acharner » n’est pas correct d’un point de vue lexical, car le mot est négatif et non positif. Dans tout les cas, malheureusement est redondant ici.)
De manière générale, dîtes-vous que s’il y a trop de mots qui finissent par –ment dans votre texte, c’est qu’il y a moyen de l’alléger.
d. Éviter les clichés
Un cliché littéraire est un peu comme un stéréotype langagier. C’est une image, une situation ou une expression usée, qui est devenue banale par surutilisation. L’expression a peut-être été originale ou intéressante un jour, mais son abondance a dénaturé son impact auprès du lecteur.
Par exemple, un peu plus haut dans mon texte, j’utilise « meilleur ami de l’homme » pour désigner un chien. C’est un cliché. « La Ville lumière » est un cliché pour désigner Paris. « Le prince des ténèbres » en est un pour désigner le diable.
Il est important d’éviter l’utilisation de clichés pour augmenter la qualité du style de votre texte. Plus, il y a de clichés, plus votre texte est faible en quelques sortes, car il est impersonnel et composé de parties qu’on a déjà tous lus vingt fois ailleurs. On ne peut les éviter complètement, en garder quelques-uns est même recommandé, mais essayer de les repérer et de les réduire au profit de l’originalité et de la nouveauté.
« Par une nuit de pleine lune » (best cliché ever) « Il n’en croyait pas ses yeux » « C’était une nuit sombre et orageuse » « Les enfants se planquèrent sous le lit » « tourner la page » « tirer un trait » « Son sang ne fit qu’un tour » « étancher sa soif » « tomber dans les bras de Morphée » etc., etc.
Généralement, on en trouve beaucoup quand l’auteur veut véhiculer une ambiance particulière lors d’une accroche, de la description d’un lieu, d’un état, du temps même s’il y en a partout. Par ailleurs, souvent le lecteur sent lorsque l’auteur a évité un cliché, ce qui ne rend que plus beau le passage. Le lecteur sait que l’auteur a fait l’effort de ne pas tomber dans le piège et sait forcer à l’originalité.
Voici deux exemples de passages littéraires assez connus, où l’on sent que l’auteur a travaillé son texte pour éviter de tomber dans un cliché:
-« C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heure. », 1984 de George Orwell
– « C’était le meilleur des temps, c’était le pire des temps, c’était l’âge de la sagesse, c’était l’âge de la folie, c’était l’époque de la croyance, c’était l’époque de l’incrédulité, c’était la saison de la lumière, c’était la saison des ténèbres, c’était le printemps de l’espoir, c’était l’hiver du désespoir, nous avions tout devant nous, nous n’avions rien devant nous, nous allions tous directement au ciel, nous allions tous directement dans l’autre sens », Le conte de deux cités, de Charles Dickens.
e. La cohérence
Dans un texte, le scénario doit être cohérent. On y reviendra dans la partie sur le scénario. C’est logique. Cependant, l’erreur de beaucoup, c’est de ne pas pousser la cohérence plus loin. Oui, dans un texte le scénario (le fond) doit être cohérent avec lui-même, mais la forme doit être cohérente avec le fond. Tout comme la forme doit être cohérente avec elle-même.
Nous verrons qu’une bonne dizaine d’éléments composent la forme d’un texte : le langage lexical, le style, la syntaxe, la sémantique, l’orthographe, la ponctuation. Cependant, il ne faut JAMAIS oublier que ces éléments racontent l’histoire de personnages, servent à décrire des décors, à faire vivre des émotions. Il est donc CAPITAL qu’il y ait une cohérence IMPORTANTE entre tous ces éléments qui composent la forme du texte et le fonds du texte. C’est-à-dire qu’il faut adapter son champ lexical au personnage qui s’exprime, au décor décrit, etc., etc. Si l’on décrit un désert, on utilise un champ lexical qui fait référence à la chaleur, au feu, ou à l’immensité.
Ex.: Si, c’est le fils d’un paysan revenant de sa porcherie qui s’exprime, il ne dira jamais « Salutation, gente dame, je me vois dans l’obligeance de vous instruire de mon désarroi. Votre calèche empêche mon passage, voudriez-vous assistance pour libérer votre attelage. » Dans ce cas-ci, le fonds n’est pas cohérent avec lui-même (un paysan qui connait les règles de politesse nobiliaire et de galanterie ?). Le fonds n’est pas cohérent avec la forme non plus (un paysan utiliserait un vocabulaire soutenu et une syntaxe pareille ? j'en doute fort ).
Il faut également veiller à ce que la forme soit cohérente avec elle-même.
Par exemple, si j’emploie une énumération, une rupture, une subordonnée, un complément circonstanciel ... il faut adapter la ponctuation. Sinon la syntaxe et la ponctuation ne sont plus cohérentes entre elles.
Ex : Je, suis mort de fin le matin, mais je mangerait ce soir en me levant.
La forme de cette phrase est incohérente à plusieurs niveaux :
– Au niveau du choix lexical, on ne peut être mort de fin (xD), ou encore « ce soir » et « en me levant » est un choix lexical douteux voir contradictoire, vivement désapprouvé dans ce cas-ci.
– Au niveau de l’orthographe, *« faim » et *« mangerais »
– Au niveau de la ponctuation, le « mais » impose une rupture qui force le lecteur à faire une pause dans sa lecture et requiert une virgule avant la rupture provoquée. Par ailleurs, il n’y a aucun besoin de pause et de virgule entre le sujet et le verbe.
– Au niveau de la syntaxe, le sujet et le verbe ne peuvent jamais être séparés par un élément de ponctuation quand ils ne sont pas déjà séparés par un groupe nominal ou une subordonnée. De plus, le complètement circonstanciel de temps est à mettre de manière générale en début de la phrase.
– Au niveau de la sémantique, il est mort de faim le matin, mais il mangera le soir en se levant ? Ca n’a aucun sens.
Bien sûr, cet exemple est exagéré, mais sachez qu’une erreur de cohérence textuelle peut très vite arriver, surtout entre la ponctuation et la syntaxe ; la ponctuation et le style ; et entre le style et le champ lexical. C’est dû à la proximité de leur rôle dans la phrase lors de la lecture. Comme nous le verrons, la ponctuation est la pour rythmer votre lecture ce qui est également le cas de bon nombre de figures de style. La syntaxe, quant à elle, impose souvent la ponctuation. Enfin, certaines figures de style, comme l’antithèse et l’oxymore, imposent le choix lexical. Dans ces cas-là, la cohérence est plus que nécessaire, elle est primordiale.
Voilà, pour aujourd’hui. Semaine prochaine, premier chapitre sur le style et le vocabulaire.
PS: Après relecture, je trouve que je n'ai pas été aussi clair que je l'aurais souhaité. Si vous avez des questions n'hésitez pas.
Nous voici donc dans la première partie du tutoriel, celle qui concerne exclusivement le texte en tant que tel. Après avoir posé quelques bases, nous y aborderons les questions stylistiques, lexicales, orthographiques, de ponctuation, de sémantique, de syntaxe, de figures de style, d’organisation textuelle et de vérification. On s’intéressera à la forme de votre texte, aux mots utilisés, aux tournures employées, au rythme insufflé.. . et à tout ce qui fait la beauté de votre texte.
I. Conseils de base
a. Savoir ce qu’on veut et où on va
On le verra lorsque l’on s’intéressera aux questions de terminologie, le français est l’une des plus belles langues en ce qui concerne la richesse de son vocabulaire, l’importance de son champ lexical et la diversité des choix stylistiques qu’il possède. Cela veut dire qu’il est possible de dire ou d’écrire un fait, une situation, un sentiment, une action de centaines de façon différente en variant le vocabulaire, les tournures de phrases et le type de phrase. Chacune de ces manières différentes d’écrire un fait semblable comporte ses nuances d’émotions, d’évocation et d’insistance. Autrement dit, la façon dont vous avez choisi de l’écrire insiste sur tel ou tel élément, mais vous auriez pu l’écrire d’une autre manière pour insister sur un autre élément bien que vous décriviez la même situation.
Par exemple, si j’écris : « Le meilleur ami de l’homme se leva et aboya, fidèle à ses maitres, pour les prévenir de la venue d’un visiteur ». A l’aide de « meilleur ami de l’homme » et de « fidèle à ses maitres », j’insiste sur la relation du chien avec son propriétaire. J’aurais pu même aller plus loin sur cette l’insistance de cette relation. Ex. : « Rex, fidèle à son ami, se leva et lui fit comprendre qu’un visiteur venait le voir ». Ici, toute trace d’une quelconque bestialité a presque complètement disparu de la phrase, on ne sait plus vraiment s’il s’agit d’un chien. Cependant, on sait qu’il a un nom, qu’il est fidèle et qu’il considère son maitre comme un ami. Autant de mots, qui éloignent le lecteur de la bestialité primaire de l’animal pour le rapprocher vers un sentiment d’être en sécurité avec un ami. On pourrait au contraire, délaisser la relation maitre-chien et plus insister sur l’animal.
« L’animal se mit sur ses pattes et aboya soulignant la présence d’un visiteur », « animal » « pattes » « aboya » insiste clairement sur l’image de l’animal que le lecteur va se projeter. « La bête bondit sur ses pattes, aboya férocement, et alla abattre ses griffes sur la porte d’entrée, annonçant à son propriétaire la venue d’un visiteur ». Ici, on est presque à l'opposé de la phrase où on insistait sur l'amitié et l'aspect sécuritaire, on insiste sur la bestialité de l’animal. Les mots « ami » et « maitres » laissent place au mot plus froid et neutre qu’est « propriétaire ». Il y a tellement de moyens d’insuffler aux lecteurs des images et des sentiments différents, et encore ici je n’ai joué qu’avec le champ lexical.
Bref, n’oubliez jamais l’élément sur lequel vous voulez insister. Un peu comme la gestion de plan dans un film, quelle image, quel sentiment voulez-vous que le lecteur ait en lisant ce passage. Ayez une idée précise de cet élément, avant d’écrire de ce que vous voulez obtenir, cela vous donnera indubitablement des indices sur le vocabulaire à employer et la façon de l’écrire.
b. Varier la voix
En français, un verbe peut être employé par quatre types de voix différentes (plus en vérité, mais disons 4 voix ultra-majoritaire).
La voix active : le sujet est actif. Il fait l’action.
Ex. Les nuages cachent le soleil. La voix active insiste sur le sujet, sur celui qui fait l’action, sur les nuages dans ce cas présent.
La voix passive : le sujet est passif. Il subit l’action.
Ex. Le soleil est caché par les nuages. La voix passive insiste sur celui qui subit l’action, le soleil ici, et met dans l’ombre celui qui exécute l’action. Parfois, elle ne le nomme même pas. Ex. Le soleil est caché. Autrement dit, on utilise cette voix quand on veut soit insister sur celui qui subit l’action soit réduire l’impact de celui qui effectue l’action.
La voix pronominale : le sujet est actif, mais il subit l’action. Il est à la fois le sujet et l’objet.
Ex. Le chat se lave. La voix pronominale insiste sur l’action sur le verbe pronominal (se laver dans ce cas-ci).
La voix impersonnelle : Le sujet est actif et il est également l’objet de la phrase. Cependant, il ne fait pas référence à une personne, cette voix ne s’emploie qu’avec la 3e personne.
Ex. Il arrive deux nuages noirs. Cette voix s’emploie avec des verbes impersonnels (ex. il pleut, il faut, il neige). Et insiste sur l’impersonnalité de l’action. Une fatalité de l’action que l’on ne peut incomber à personne. C’est comme ça et personne ni peut rien.
Autrement dit, le lecteur retient celui qui fait l’action dans la voix active, celui qui la subit dans la voix passive, l’action dans la voix pronominale et l’absence de sujet réel dans la voix impersonnelle.
L’une des manifestations les plus communes d’une mauvaise écriture est la surabondance de la voix passive. « X a été attaqué par Y » au lieu de simplement dire « Y a attaqué X ». La voix passive est souvent très lourde et responsable d’incompréhension à la longue. Le lecteur ne sachant plus qui subit et qui fait l’action. Utiliser la voix passive n’est pas toujours une mauvaise chose, car il arrive que la voix active soit difficile à mettre en place. Cependant, privilégiez cette dernière. La voix pronominale, quant à elle, est moins lourde que la voix passive, mais moins précise que les deux voix. L’utiliser avec parcimonie, peut-être très intéressant pour permettre au lecteur de lâcher un peu le sujet et de se concentrer sur l’action (le verbe). Et enfin, sachez que la voix impersonnelle sera plus présente lors des passages de description, la voix pronominale lors des passages d’action. Mais n’oubliez pas, privilégiez l’actif.
c. Être clair et concis
Un bon style est simple, clair et direct. On pourrait trouver pratique au début de vouloir rassembler plusieurs idées dans une phrase. Cela va probablement la rendre plus difficile à lire. Si un passage est superflu, n’apporte rien. N’hésitez pas à supprimer. Cela veut aussi dire que les adverbes doivent être réduits, car ils compliquent souvent la phrase. Les adverbes sont une classe de mots à part. Bien placé, un bon adverbe peut être délicieux, mais souvent les adverbes sont déjà sous-entendus par le verbe et donc redondant et inutile.
Ex. « Il hurla avec peur. » (# génius)
« Il se dépêcha et mit rapidement son manteau. » (oh « rapidement » really ? J’aurais cru qu’il se dépêchait lentement srx).
« Le sort s’acharna malheureusement sur sa famille. » (Damn, le sort peut-il « s’acharner » de manière heureuse ? Si c’est le cas, l’emploi du mot « s’acharner » n’est pas correct d’un point de vue lexical, car le mot est négatif et non positif. Dans tout les cas, malheureusement est redondant ici.)
De manière générale, dîtes-vous que s’il y a trop de mots qui finissent par –ment dans votre texte, c’est qu’il y a moyen de l’alléger.
d. Éviter les clichés
Un cliché littéraire est un peu comme un stéréotype langagier. C’est une image, une situation ou une expression usée, qui est devenue banale par surutilisation. L’expression a peut-être été originale ou intéressante un jour, mais son abondance a dénaturé son impact auprès du lecteur.
Par exemple, un peu plus haut dans mon texte, j’utilise « meilleur ami de l’homme » pour désigner un chien. C’est un cliché. « La Ville lumière » est un cliché pour désigner Paris. « Le prince des ténèbres » en est un pour désigner le diable.
Il est important d’éviter l’utilisation de clichés pour augmenter la qualité du style de votre texte. Plus, il y a de clichés, plus votre texte est faible en quelques sortes, car il est impersonnel et composé de parties qu’on a déjà tous lus vingt fois ailleurs. On ne peut les éviter complètement, en garder quelques-uns est même recommandé, mais essayer de les repérer et de les réduire au profit de l’originalité et de la nouveauté.
« Par une nuit de pleine lune » (best cliché ever) « Il n’en croyait pas ses yeux » « C’était une nuit sombre et orageuse » « Les enfants se planquèrent sous le lit » « tourner la page » « tirer un trait » « Son sang ne fit qu’un tour » « étancher sa soif » « tomber dans les bras de Morphée » etc., etc.
Généralement, on en trouve beaucoup quand l’auteur veut véhiculer une ambiance particulière lors d’une accroche, de la description d’un lieu, d’un état, du temps même s’il y en a partout. Par ailleurs, souvent le lecteur sent lorsque l’auteur a évité un cliché, ce qui ne rend que plus beau le passage. Le lecteur sait que l’auteur a fait l’effort de ne pas tomber dans le piège et sait forcer à l’originalité.
Voici deux exemples de passages littéraires assez connus, où l’on sent que l’auteur a travaillé son texte pour éviter de tomber dans un cliché:
-« C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heure. », 1984 de George Orwell
– « C’était le meilleur des temps, c’était le pire des temps, c’était l’âge de la sagesse, c’était l’âge de la folie, c’était l’époque de la croyance, c’était l’époque de l’incrédulité, c’était la saison de la lumière, c’était la saison des ténèbres, c’était le printemps de l’espoir, c’était l’hiver du désespoir, nous avions tout devant nous, nous n’avions rien devant nous, nous allions tous directement au ciel, nous allions tous directement dans l’autre sens », Le conte de deux cités, de Charles Dickens.
e. La cohérence
Dans un texte, le scénario doit être cohérent. On y reviendra dans la partie sur le scénario. C’est logique. Cependant, l’erreur de beaucoup, c’est de ne pas pousser la cohérence plus loin. Oui, dans un texte le scénario (le fond) doit être cohérent avec lui-même, mais la forme doit être cohérente avec le fond. Tout comme la forme doit être cohérente avec elle-même.
Nous verrons qu’une bonne dizaine d’éléments composent la forme d’un texte : le langage lexical, le style, la syntaxe, la sémantique, l’orthographe, la ponctuation. Cependant, il ne faut JAMAIS oublier que ces éléments racontent l’histoire de personnages, servent à décrire des décors, à faire vivre des émotions. Il est donc CAPITAL qu’il y ait une cohérence IMPORTANTE entre tous ces éléments qui composent la forme du texte et le fonds du texte. C’est-à-dire qu’il faut adapter son champ lexical au personnage qui s’exprime, au décor décrit, etc., etc. Si l’on décrit un désert, on utilise un champ lexical qui fait référence à la chaleur, au feu, ou à l’immensité.
Ex.: Si, c’est le fils d’un paysan revenant de sa porcherie qui s’exprime, il ne dira jamais « Salutation, gente dame, je me vois dans l’obligeance de vous instruire de mon désarroi. Votre calèche empêche mon passage, voudriez-vous assistance pour libérer votre attelage. » Dans ce cas-ci, le fonds n’est pas cohérent avec lui-même (un paysan qui connait les règles de politesse nobiliaire et de galanterie ?). Le fonds n’est pas cohérent avec la forme non plus (un paysan utiliserait un vocabulaire soutenu et une syntaxe pareille ? j'en doute fort ).
Il faut également veiller à ce que la forme soit cohérente avec elle-même.
Par exemple, si j’emploie une énumération, une rupture, une subordonnée, un complément circonstanciel ... il faut adapter la ponctuation. Sinon la syntaxe et la ponctuation ne sont plus cohérentes entre elles.
Ex : Je, suis mort de fin le matin, mais je mangerait ce soir en me levant.
La forme de cette phrase est incohérente à plusieurs niveaux :
– Au niveau du choix lexical, on ne peut être mort de fin (xD), ou encore « ce soir » et « en me levant » est un choix lexical douteux voir contradictoire, vivement désapprouvé dans ce cas-ci.
– Au niveau de l’orthographe, *« faim » et *« mangerais »
– Au niveau de la ponctuation, le « mais » impose une rupture qui force le lecteur à faire une pause dans sa lecture et requiert une virgule avant la rupture provoquée. Par ailleurs, il n’y a aucun besoin de pause et de virgule entre le sujet et le verbe.
– Au niveau de la syntaxe, le sujet et le verbe ne peuvent jamais être séparés par un élément de ponctuation quand ils ne sont pas déjà séparés par un groupe nominal ou une subordonnée. De plus, le complètement circonstanciel de temps est à mettre de manière générale en début de la phrase.
– Au niveau de la sémantique, il est mort de faim le matin, mais il mangera le soir en se levant ? Ca n’a aucun sens.
Bien sûr, cet exemple est exagéré, mais sachez qu’une erreur de cohérence textuelle peut très vite arriver, surtout entre la ponctuation et la syntaxe ; la ponctuation et le style ; et entre le style et le champ lexical. C’est dû à la proximité de leur rôle dans la phrase lors de la lecture. Comme nous le verrons, la ponctuation est la pour rythmer votre lecture ce qui est également le cas de bon nombre de figures de style. La syntaxe, quant à elle, impose souvent la ponctuation. Enfin, certaines figures de style, comme l’antithèse et l’oxymore, imposent le choix lexical. Dans ces cas-là, la cohérence est plus que nécessaire, elle est primordiale.
Voilà, pour aujourd’hui. Semaine prochaine, premier chapitre sur le style et le vocabulaire.
PS: Après relecture, je trouve que je n'ai pas été aussi clair que je l'aurais souhaité. Si vous avez des questions n'hésitez pas.
Dernière édition par Raleygh 009 le Mar 12 Jan - 0:37, édité 1 fois
Raleygh 009- Yonkou
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Franchement ce topic est cool, merci Ral
Mrs-Fatale- Cruella de Vil
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
II. Le style
C’est le première chose qui marque le lecteur lors de la lecture. C’est pourquoi le style est à n’en pas douter, l’élément déterminant pour faire aimer ou non votre texte. On pourra l’appeler vulgairement la « manière d’écrire de chacun ». Une sorte de cachet rendant la lecture agréable, dynamique ou rythmé. Une empreinte que chaque auteur donne involontairement (ou volontairement) à ses textes permettant souvent l’identification de l’auteur par le lecteur.
À vrai dire, il n’existe pas vraiment de formules miracles, car il est difficile d’établir de façon rigoureuse les éléments d’un style vivant. De fait, la diversité de chaque texte est infinie de par son type (littéraire, scientifique, publicitaire ou didactique), son sujet et son auteur. Cela signifie qu’il est impossible de dégager de manière précise et globale des règles constantes et absolues.
Par exemple, les pronoms démonstratifs (celui-ci, celui-là, ceux-là …) sont à éviter dans un texte littéraire, mais ils ont tout à fait leur place dans un texte scientifique, et didactique.
Cependant, quelques ingrédients sont identifiables pour améliorer la qualité et le dynamisme de son style. Le niveau de la langue, la clarté du propos, la justesse et la diversité du vocabulaire, la fluidité des tournures et la logique des articulations . . . autant d’éléments stylistiques dont nous parlerons dans ce premier chapitre, qui permettent de produire un texte agréable à lire. Un deuxième chapitre sur le « style » sera fait plus tard, concernant exclusivement les figures de style, qui sont des moyens linguistiques plus complexes d’amélioration de son style. Concentrons-nous d’abord sur les éléments de notre style que l’on peut modifier plus facilement.
a. Le dynamisme
Une des qualités essentielles d’un texte est sa vivacité et sa légèreté. Les textes lourds sont plus difficiles à comprendre, et moins agréables à lire. Dans un texte dynamique, les idées sont plus claires, apparaissent plus fortes et le lecteur les retient plus aisément. Plusieurs techniques permettent de dynamiser son style en travaillant sur la ponctuation et les figures de style comme on le verra plus tard ; en voici 4 toutes simples :
1) Éviter les explications inutiles : les propositions circonstancielles de cause et de but introduites par des expressions du type pour que, parce que, sous prétexte que, de peur que, etc., ne doivent être utilisé que si elles apportent une information pertinente. Dans un texte littéraire, la justification des gestes d’un personnage ne peut pas prendre autant de place que l’action proprement dite.
2) Éviter les pronoms démonstratifs : ceci, cela, ce, et ce, celui-ci, celui-là, etc. Les pronoms démonstratifs sont utiles pour éviter une répétition dans le texte. Cependant, ils brisent le rythme de la lecture et ont tendance à alourdir le texte. C’est surtout le cas lorsque le pronom démonstratif ne remplace pas un nom commun, mais une action.
Ex. : Audrey réfléchissait à la meilleure solution, et ce, jour et nuit. On écrira plutôt : Audrey réfléchissait à la meilleure solution jour et nuit.
Ex. : c’est qu’Audrey réfléchissait à la meilleure solution jour et nuit. On écrira plutôt : Audrey réfléchissait à la meilleure solution jour et nuit.
3)Éviter l’abondance de préposition : une phrase sans préposition sera TOUJOURS plus élégante et musicale qu’une phrase avec des prépositions.
Ex. : J’ai appris de mon expérience que le bonheur est un choix au quotidien.(2 prépositions)
Mon expérience m’a appris que le bonheur est un choix quotidien. (Aucune préposition)
4) Éviter les adverbes formés du suffixe –ment : j’en ai déjà touché un mot dans le dernier chapitre. Il est préférable de les remplacer par des adjectifs, des constructions nominales ou des verbes.
Ex. : discuter sérieusement → une discussion sérieuse (construction nominale).
régler hâtivement quelque chose → expédier (verbe)
b. Les répétitions
Deux termes identiques dans un même voisinage peuvent alourdir le propos. Toutefois, dans le langage scientifique, l’utilisation du même terme est de rigueur.
On essaie d’éviter la répétition :
- en remplaçant le second terme par un pronom ;
Ex.: La remise a été accordée à ceux qui l'ont méritée. Plutôt que : à ceux qui ont mérité la remise.
- en remplaçant l’un des termes par un synonyme ou un hyperonyme.
Ex. : Des averses sont prévues sur tous les secteurs. La pluie cessera toutefois demain en début de journée pour faire place au soleil. Plutôt que : les averses cesseront toutefois… (Synonyme).
Ex. : L’automobiliste a voulu freiner en apercevant le cerf, mais il n’en a pas eu le temps. Il a heurté l’animal, qui est mort sur le coup. Plutôt que : il a heurté le cerf. (Hyperonyme).
- en reformulant le passage pour qu’une seule mention soit nécessaire.
Ex. : Habituellement, les bains de foule procurent à la jeune étoile montante une sensation générale de bien-être. Plutôt que : en générale, les bains de foule procurent à la jeune étoile montante une sensation générale de bien-être.
Si les répétitions sont à éviter de manière générale, il existe certains cas où elles sont acceptables.
- Pour reprendre une précision : ex. : il y aura une réunion demain (…) ; cette réunion répondra aux questions soulevées hier.
La précision est particulièrement importante dans un texte où le lexique employé est l’objet d’une description pointue. Un texte scientifique ou un contrat légal en sont de bons exemples. Dans ce type d’écrit, la précision prévaut sur le style, et, de ce point de vue, la répétition de l’expression exacte, plutôt que d’un synonyme approximatif, est un gage de rigueur.
- Pour lancer une Réflexion : ex. : je suis étonné que tu sois étonnée !
- Pour établir une insistance : ex. : Grèves il y a eu, grèves il y aura.
On le verra, plusieurs figures de style jouant sur l’insistance comme l'épanadiplose, l'épanalepse, l'anaphore et l'épiphore permettent la répétition, et s’en sert pour établir un rythme particulier à la phrase.
Le post étant déjà long, je vais pas commencer le sous-chapitre suivant sur les tournures et m’arrêter là. Je reprendrai la fin du chapitre sur le style dans quelques jours.
Si vous avez des questions ou des commentaires n’hésitez pas. J’y répondrais avec plaisir.
C’est le première chose qui marque le lecteur lors de la lecture. C’est pourquoi le style est à n’en pas douter, l’élément déterminant pour faire aimer ou non votre texte. On pourra l’appeler vulgairement la « manière d’écrire de chacun ». Une sorte de cachet rendant la lecture agréable, dynamique ou rythmé. Une empreinte que chaque auteur donne involontairement (ou volontairement) à ses textes permettant souvent l’identification de l’auteur par le lecteur.
À vrai dire, il n’existe pas vraiment de formules miracles, car il est difficile d’établir de façon rigoureuse les éléments d’un style vivant. De fait, la diversité de chaque texte est infinie de par son type (littéraire, scientifique, publicitaire ou didactique), son sujet et son auteur. Cela signifie qu’il est impossible de dégager de manière précise et globale des règles constantes et absolues.
Par exemple, les pronoms démonstratifs (celui-ci, celui-là, ceux-là …) sont à éviter dans un texte littéraire, mais ils ont tout à fait leur place dans un texte scientifique, et didactique.
Cependant, quelques ingrédients sont identifiables pour améliorer la qualité et le dynamisme de son style. Le niveau de la langue, la clarté du propos, la justesse et la diversité du vocabulaire, la fluidité des tournures et la logique des articulations . . . autant d’éléments stylistiques dont nous parlerons dans ce premier chapitre, qui permettent de produire un texte agréable à lire. Un deuxième chapitre sur le « style » sera fait plus tard, concernant exclusivement les figures de style, qui sont des moyens linguistiques plus complexes d’amélioration de son style. Concentrons-nous d’abord sur les éléments de notre style que l’on peut modifier plus facilement.
a. Le dynamisme
Une des qualités essentielles d’un texte est sa vivacité et sa légèreté. Les textes lourds sont plus difficiles à comprendre, et moins agréables à lire. Dans un texte dynamique, les idées sont plus claires, apparaissent plus fortes et le lecteur les retient plus aisément. Plusieurs techniques permettent de dynamiser son style en travaillant sur la ponctuation et les figures de style comme on le verra plus tard ; en voici 4 toutes simples :
1) Éviter les explications inutiles : les propositions circonstancielles de cause et de but introduites par des expressions du type pour que, parce que, sous prétexte que, de peur que, etc., ne doivent être utilisé que si elles apportent une information pertinente. Dans un texte littéraire, la justification des gestes d’un personnage ne peut pas prendre autant de place que l’action proprement dite.
2) Éviter les pronoms démonstratifs : ceci, cela, ce, et ce, celui-ci, celui-là, etc. Les pronoms démonstratifs sont utiles pour éviter une répétition dans le texte. Cependant, ils brisent le rythme de la lecture et ont tendance à alourdir le texte. C’est surtout le cas lorsque le pronom démonstratif ne remplace pas un nom commun, mais une action.
Ex. : Audrey réfléchissait à la meilleure solution, et ce, jour et nuit. On écrira plutôt : Audrey réfléchissait à la meilleure solution jour et nuit.
Ex. : c’est qu’Audrey réfléchissait à la meilleure solution jour et nuit. On écrira plutôt : Audrey réfléchissait à la meilleure solution jour et nuit.
3)Éviter l’abondance de préposition : une phrase sans préposition sera TOUJOURS plus élégante et musicale qu’une phrase avec des prépositions.
Ex. : J’ai appris de mon expérience que le bonheur est un choix au quotidien.(2 prépositions)
Mon expérience m’a appris que le bonheur est un choix quotidien. (Aucune préposition)
4) Éviter les adverbes formés du suffixe –ment : j’en ai déjà touché un mot dans le dernier chapitre. Il est préférable de les remplacer par des adjectifs, des constructions nominales ou des verbes.
Ex. : discuter sérieusement → une discussion sérieuse (construction nominale).
régler hâtivement quelque chose → expédier (verbe)
b. Les répétitions
Deux termes identiques dans un même voisinage peuvent alourdir le propos. Toutefois, dans le langage scientifique, l’utilisation du même terme est de rigueur.
On essaie d’éviter la répétition :
- en remplaçant le second terme par un pronom ;
Ex.: La remise a été accordée à ceux qui l'ont méritée. Plutôt que : à ceux qui ont mérité la remise.
- en remplaçant l’un des termes par un synonyme ou un hyperonyme.
Ex. : Des averses sont prévues sur tous les secteurs. La pluie cessera toutefois demain en début de journée pour faire place au soleil. Plutôt que : les averses cesseront toutefois… (Synonyme).
Ex. : L’automobiliste a voulu freiner en apercevant le cerf, mais il n’en a pas eu le temps. Il a heurté l’animal, qui est mort sur le coup. Plutôt que : il a heurté le cerf. (Hyperonyme).
- en reformulant le passage pour qu’une seule mention soit nécessaire.
Ex. : Habituellement, les bains de foule procurent à la jeune étoile montante une sensation générale de bien-être. Plutôt que : en générale, les bains de foule procurent à la jeune étoile montante une sensation générale de bien-être.
Si les répétitions sont à éviter de manière générale, il existe certains cas où elles sont acceptables.
- Pour reprendre une précision : ex. : il y aura une réunion demain (…) ; cette réunion répondra aux questions soulevées hier.
La précision est particulièrement importante dans un texte où le lexique employé est l’objet d’une description pointue. Un texte scientifique ou un contrat légal en sont de bons exemples. Dans ce type d’écrit, la précision prévaut sur le style, et, de ce point de vue, la répétition de l’expression exacte, plutôt que d’un synonyme approximatif, est un gage de rigueur.
- Pour lancer une Réflexion : ex. : je suis étonné que tu sois étonnée !
- Pour établir une insistance : ex. : Grèves il y a eu, grèves il y aura.
On le verra, plusieurs figures de style jouant sur l’insistance comme l'épanadiplose, l'épanalepse, l'anaphore et l'épiphore permettent la répétition, et s’en sert pour établir un rythme particulier à la phrase.
Le post étant déjà long, je vais pas commencer le sous-chapitre suivant sur les tournures et m’arrêter là. Je reprendrai la fin du chapitre sur le style dans quelques jours.
Si vous avez des questions ou des commentaires n’hésitez pas. J’y répondrais avec plaisir.
Raleygh 009- Yonkou
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Merci beaucoup pour cette initiative, j'adore ce topic. J'apprends beaucoup de chose et j'ai hâte d'en apprendre de nouvelles, afin de progresser.
PS : à quand une partie sur la ponctuation ?
PS : à quand une partie sur la ponctuation ?
Unholyscream- Great Old One
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Je suis d'accord avec Unho et comme je l'ai déjà ça m'aide beaucoup pour mes écris.
Et on dit bravo Ral !
Et on dit bravo Ral !
Mrs-Fatale- Cruella de Vil
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
c. Les tournures
Un élément pouvant considérablement alourdir votre texte est l’emploi de certains types de tournure, de construction verbale, ou nominale.
1) Tournures passives :
J’en ai déjà parlé dans un précédent chapitre lorsque je parlais des conseils de base. On ne va donc pas s’éterniser ici. La tournure passive est utile pour mettre l’accent sur l’objet de la phrase, ou lorsque le sujet est inconnu, mais elle alourdit considérablement votre phrase. La voix active est plus percutante et moins décousue.
Quelques façons de changer de voix :
- Interchanger le sujet apparent et le complément d’agent ;
Tournure passive : « Un exemplaire du livre a été remis par l’auteur à chaque visiteur. »
Tournure active : « L’auteur a remis un exemplaire du livre à chaque visiteur. »
- Remplacer le verbe passif par un verbe symétrique qui crée un renversement des rôles tout en conservant le sens;
Tournure passive : « La voiture de mon frère a été achetée par Julien. »
Tournure active : « Mon frère a vendu sa voiture à Julien. »
- Changer le participe passé pour un nom, tout en conservant le sens ;
Tournure passive : « Marie a été fort remarquée avec sa nouvelle tenue. »
Tournure active : « Avec sa nouvelle tenue, Marie a été l’attraction de la soirée. »
2) Tournures impersonnelles :
Elles sont à éviter autant que possible, car elle déplace le thème à la fin de la phrase. Le sujet (il, il y a, cela, etc.) peu informatif oblige le lecteur à attendre le sujet réel. Cette attente est souhaitable si l’auteur veut garder quelques instants de suspens durant l’action ou s’il veut confronter son héros à une quelconque fatalité météorologique.
Contextes corrects :
- Falloir est toujours impersonnel ;
Le verbe falloir s’emploie toujours dans une construction impersonnelle. Le recours à cette tournure est donc inévitable. L’emploi de falloir, bien que correct, devrait être évité dans un contexte où la présence d’autres tournures impersonnelles crée une trop grande concentration. La reformulation peut alors être bienvenue.
« Il faut prendre toutes les précautions nécessaires. » --> « Nous prendrons toutes les précautions nécessaires. »
« Il lui faut deux assistants et une voiture supplémentaire. » --> « Il aura besoin de deux assistants et d’une voiture supplémentaire. »
« Il faut que la presse couvre l’évènement. » --> « La presse doit couvrir l’évènement. »
- verbes météorologiques ;
Les verbes qui font référence aux phénomènes météorologiques (bruiner, brumasser, grêler, pleuvoir, venter, etc.) utilisent la forme impersonnelle (il bruine, il pleut, etc.).
- construction impérative sous-jacente.
Selon le contexte, la forme impérative du verbe peut sembler trop autoritaire ou n’être simplement pas appropriée. La tournure impersonnelle, moins directe que le verbe à l’impératif, constitue alors une option intéressante et justifiée.
« Il est conseillé de quitter les lieux avant 17 heures. »
Plutôt que : « Quittez les lieux avant 17 heures. »
Transformation des tournures impersonnelles:
On transforme généralement une tournure impersonnelle en éliminant le sujet apparent, et en le remplaçant par le sujet réel de la phrase.
Plutôt que : « Il se perd trois-cents cartes de crédit chaque jour. »
On écrira : « Trois-cents cartes de crédit se perdent chaque jour. »
Quand la tournure impersonnelle ne permet pas le simple remplacement du sujet apparent par le sujet réel, d’autres reformulations sont possibles :
"Il y a de plus en plus d’hommes qui envisagent un arrêt de travail prolongé à la naissance de leur enfant." --> "De plus en plus d’hommes envisagent un arrêt de travail prolongé à la naissance de leur enfant."
"Il faut absolument que Mohammed se présente à ce rendez-vous." --> "Mohammed doit absolument se présenter à ce rendez-vous."
"Il se peut que je sois en retard de quelques minutes." --> "Je serai peut-être en retard de quelques minutes."
"Il existe donc un risque certain pour l’humanité." --> "L’humanité court donc un risque certain."
"Ça l’amuse de les regarder jouer." --> "Elle se plait à les regarder jouer."
Le cas « Il y a »:
Bien qu’elle soit particulièrement fréquente, une des constructions souvent à éviter est la phrase débutant par la locution "il y a"… suivie d’un groupe nominal et d’une subordonnée relative. Cette tournure impersonnelle s’avère inutilement lourde ; il serait préférable de la simplifier à l’aide du déterminant ou du pronom indéfini certain.
On écrira donc : « On ne saurait se passer de certains plaisirs. »
De préférence à : « Il y a de ces plaisirs dont on ne saurait se passer. »
On peut également reformuler la phrase à l’aide d’un verbe plus expressif.
On écrira donc : « Un drapeau flotte au bout du mât. »
De préférence à : « Il y a un drapeau au bout du mât. »
Le cas "il est":
Très utile pour exprimer l'intemporalité d'un fait et replacer les personnages dans la fatalité du décor ou de la situation qui les entourent, "il est" ne peut-être employé uniquement pour introduire une description d’un fait intemporel, d’une fatalité. C'est-à-dire d’un instant qui est le produit de la projection du présent dans la série successive des temps. Autrement dit, à un instant qui correspond à un présent révolu et futur. Une période qui revient, une répétition qui tient de la fatalité (je ne sais pas si je suis très clair là). C’est une forme impersonnelle très utilisée en poésie lorsque l’on traite du temps.
- « Il est des jours où on laisse la lampe éteinte,
On écrit avec une encre d'ardoise sur une page de nuit, et les mots craquent comme des cailloux.
Il est des jours où l'on trébuche sur un souvenir
Et voilà qu'on dévale les couleurs de l'arc-en-ciel pour aller s'affaler dans le noir, tête la première, un noir solide et anguleux. », Il est des jours de Franck Nicolas
- « Il est des temps de passages, des temps incertains, où les rêves n’ont plus d’âge, ni les envies de lendemain.
Il est des vies sans attirance, des vies sans éclat, où les mots manquent d’élégance, en souvenir de ces temps-là.
Il est des âmes esseulées qui rodent en secret, au plus profond de nous-mêmes et laissant la porte entrebâillée à ces désirs d’éternité, à ces passions devenues blêmes. », Comprendre de Claude
3) Participiale complément:
La proposition participiale a comme noyau un verbe conjugué au participe présent. Elle peut être employée comme complément adverbial ou comme complément du nom.
Ex.: « Croyant que j’étais absente, Ludivine est repartie » (complément adverbial)
Ex.: « Le café provenant du Brésil … ». (complément du nom)
Quand elle est complément du nom, la proposition participiale joue le même rôle qu’une relative (« le café qui provient du Brésil »), qu’une simple épithète (« le café brésilien ») ou qu’un groupe prépositionnel (« le café du Brésil »). L’emploi d’une participiale comme complément du nom est souvent correct et il peut servir à réduire le nombre de subordonnées relatives qui ont tendance à alourdir. Attention tout de même, dans certains cas, il peut être perçu comme lourd, surtout s’il est trop fréquent. D’autres constructions peuvent alors alléger le texte : relative, adjectif qualificatif, groupe prépositionnel, etc. Le tout s’est d’arriver à ce qu’il n’y ait pas que des relatives, ou que des participiales, que des groupes prépositionnels, mais un équilibre.
4) Phrase non verbale :
Parce qu’il exprime l’action qui unit sujet et complément, le verbe forme normalement le noyau de la phrase. Une phrase sans verbe, ou dont le noyau n’est pas un verbe, parait donc à priori anormale.
Cependant, les phrases sans verbe peuvent créer plusieurs effets intéressants, mais elles peuvent aussi briser le flot de lecture. Parfois, il vaut mieux reformuler en complétant la phrase par un sujet et un verbe qui facilitent et adoucissent la lecture.
Ex. sans verbe : « Coup de génie. » « Rien de moins. » « Résultat : un succès bœuf. » « Cela, sans aucune perte de qualité. »
Ex. sans verbe principal : « Parce que seul le verbe principal compte. » « Quel que soit le mode employé. » « Sans parler de la suite. »
5) Phrase longue :
Une phrase trop longue risque d’égarer ou de retarder le lecteur. Il vaut mieux segmenter ses idées. On peut utiliser les points ou les points-virgules. Il faut éviter toutefois d’introduire des répétitions inutiles. Les seuls cas de phrases longues acceptés sont l’énumération ou une longue parenthèse qui peuvent justifier une phrase plus longue que la normale. Une telle phrase ne sera pas perçue comme complexe par le lecteur, puisque les membres de l’énumération ont une structure symétrique, et qu’ils sont organisés OBLIGATOIREMENT par des éléments de ponctuation (virgules, point virgule, parenthèse, etc.).
ATTENTION : comme l’emploi abusif du passif, les phrases longues sont souvent trop fréquentes dans un texte d’un auteur peu expérimenté. L’auteur veut mettre beaucoup de précisions et emploie maintes subordonnées relatives pour cela, ce qui rallonge indubitablement la phrase.
Ex. : « L’un des aspects les plus étonnants de cette histoire, qui devrait aboutir devant un tribunal une fois que le procureur aura reçu la preuve des policiers et décidé de poursuivre le pirate, c’est le caractère naïf du pirate, qui envoyait les objets piratés par la poste en mettant son nom et son adresse sur l’enveloppe ! »
On préfèrera écrire : « L’histoire devrait aboutir devant un tribunal une fois que le procureur aura reçu la preuve des policiers et décidé de poursuivre le pirate. L’un des aspects les plus étonnants du dossier est le caractère naïf du malfaiteur, qui envoyait les objets piratés par la poste en mettant son nom et son adresse sur l’enveloppe ! »
6) Cascade de compléments :
Les cascades de compléments, aussi appelées phrases tiroir, sont des enchâssements de compléments du nom et de propositions subordonnées (relative, conjonctives, participiales, etc.). Lorsque les cascades sont excessives, elles alourdissent le texte et créent également des confusions de référents.
Habituellement, un seul enchâssement propositionnel ou un seul complément du nom devrait suffire, sinon il faut scinder en plusieurs phrases différentes la structure en cascade ou revoir la pertinence de tous ces compléments.
Ex. : « Elle sait pertinemment que tu attends qu'elle dise finalement qu'elle t'aime. » « Maman a perdu le trophée de natation de l’ancienne école de l’amie de notre grand-mère que tu as remporté l’année dernière. » « Je suis déçue par cette nouvelle chanson qui a pourtant été produite par celui qui a également produit l’album précédent. »
ATTENTION : Comme l’emploi abusif du passif et des phrases longues, les cascades de complément sont souvent trop fréquentes dans un texte d’un auteur peu expérimenté. Il est impératif d’apprendre à les repérer lors de la relecture, et apprendre à les reformuler.
7) Les Subordonnées :
Les subordonnées relatives et les subordonnées conjonctives en que sont parfois essentielles à la compréhension d’un message. C’est le cas, par exemple, des relatives qui ajoutent une information brève.
Ex. : « Le jardin que Luc préfère… » (Propositions relatives)
« Il vaut mieux que tu ailles le chercher. » (Proposition conjonctive en que)
Toutefois, si c’est possible de le faire, il est préférable d’éliminer ces propositions en les remplaçant par une construction plus dynamique et plus dense.
Voici quelques suggestions de remplacement:
Pour remplacer la relative:
- Un nom avec ou sans complément ;
Ex. : « Pierre discute d’insectes avec l’agricultrice qui fait pousser des fleurs. » --> « Pierre discute d’insectes avec la floricultrice. »
- Un adjectif avec ou sans complément ;
Ex. : « Je vais prendre le livre qui est rouge. » --> « Je vais prendre le livre rouge. »
Ex. : « Je connais un homme qui est capable de tout faire de ses mains. » --> « Je connais un homme capable de tout faire de ses mains. »
- Un infinitif ;
Ex. : « Marie offrira à son fils un petit chien qu’il pourra cajoler. » --> « Marie offrira à son fils un petit chien à cajoler. »
- Un déterminant possessif ;
Ex. : « L’automobile que vous conduisez démarre rapidement. » --> « Votre automobile démarre rapidement. »
- Un participe et un complément.
Ex. : « C’était un homme qui avait une grande peur de prendre l’avion. » --> « C’était un homme accablé par la peur de prendre l’avion. »
Pour remplacer la conjonctive en que:
- Un nom avec ou sans complément ;
Ex. : « Je souhaite qu’il guérisse rapidement. » --> « Je souhaite sa guérison rapide. »
- Un adjectif avec ou sans complément ;
Ex. : « Je crois que cette histoire est ridicule. » --> « Je crois cette histoire ridicule. »
- Un infinitif ;
Ex. : « Jacky pense qu’il ira chez le boulanger vers 19 heures. » --> « Jacky pense aller chez le boulanger vers 19 heures. »
- Un pronom.
Ex. : « Je sais bien qu’il est heureux avec moi. » --> « Je le sais heureux avec moi. »
Et voilà nous avons fini le sous-chapitre sur les tournures lourdes. Le post est déjà assez long je vais m’arrêter ici. Nous continuerons et finirons ce gros chapitre sur le style au prochain poste.
Un élément pouvant considérablement alourdir votre texte est l’emploi de certains types de tournure, de construction verbale, ou nominale.
1) Tournures passives :
J’en ai déjà parlé dans un précédent chapitre lorsque je parlais des conseils de base. On ne va donc pas s’éterniser ici. La tournure passive est utile pour mettre l’accent sur l’objet de la phrase, ou lorsque le sujet est inconnu, mais elle alourdit considérablement votre phrase. La voix active est plus percutante et moins décousue.
Quelques façons de changer de voix :
- Interchanger le sujet apparent et le complément d’agent ;
Tournure passive : « Un exemplaire du livre a été remis par l’auteur à chaque visiteur. »
Tournure active : « L’auteur a remis un exemplaire du livre à chaque visiteur. »
- Remplacer le verbe passif par un verbe symétrique qui crée un renversement des rôles tout en conservant le sens;
Tournure passive : « La voiture de mon frère a été achetée par Julien. »
Tournure active : « Mon frère a vendu sa voiture à Julien. »
- Changer le participe passé pour un nom, tout en conservant le sens ;
Tournure passive : « Marie a été fort remarquée avec sa nouvelle tenue. »
Tournure active : « Avec sa nouvelle tenue, Marie a été l’attraction de la soirée. »
2) Tournures impersonnelles :
Elles sont à éviter autant que possible, car elle déplace le thème à la fin de la phrase. Le sujet (il, il y a, cela, etc.) peu informatif oblige le lecteur à attendre le sujet réel. Cette attente est souhaitable si l’auteur veut garder quelques instants de suspens durant l’action ou s’il veut confronter son héros à une quelconque fatalité météorologique.
Contextes corrects :
- Falloir est toujours impersonnel ;
Le verbe falloir s’emploie toujours dans une construction impersonnelle. Le recours à cette tournure est donc inévitable. L’emploi de falloir, bien que correct, devrait être évité dans un contexte où la présence d’autres tournures impersonnelles crée une trop grande concentration. La reformulation peut alors être bienvenue.
« Il faut prendre toutes les précautions nécessaires. » --> « Nous prendrons toutes les précautions nécessaires. »
« Il lui faut deux assistants et une voiture supplémentaire. » --> « Il aura besoin de deux assistants et d’une voiture supplémentaire. »
« Il faut que la presse couvre l’évènement. » --> « La presse doit couvrir l’évènement. »
- verbes météorologiques ;
Les verbes qui font référence aux phénomènes météorologiques (bruiner, brumasser, grêler, pleuvoir, venter, etc.) utilisent la forme impersonnelle (il bruine, il pleut, etc.).
- construction impérative sous-jacente.
Selon le contexte, la forme impérative du verbe peut sembler trop autoritaire ou n’être simplement pas appropriée. La tournure impersonnelle, moins directe que le verbe à l’impératif, constitue alors une option intéressante et justifiée.
« Il est conseillé de quitter les lieux avant 17 heures. »
Plutôt que : « Quittez les lieux avant 17 heures. »
Transformation des tournures impersonnelles:
On transforme généralement une tournure impersonnelle en éliminant le sujet apparent, et en le remplaçant par le sujet réel de la phrase.
Plutôt que : « Il se perd trois-cents cartes de crédit chaque jour. »
On écrira : « Trois-cents cartes de crédit se perdent chaque jour. »
Quand la tournure impersonnelle ne permet pas le simple remplacement du sujet apparent par le sujet réel, d’autres reformulations sont possibles :
"Il y a de plus en plus d’hommes qui envisagent un arrêt de travail prolongé à la naissance de leur enfant." --> "De plus en plus d’hommes envisagent un arrêt de travail prolongé à la naissance de leur enfant."
"Il faut absolument que Mohammed se présente à ce rendez-vous." --> "Mohammed doit absolument se présenter à ce rendez-vous."
"Il se peut que je sois en retard de quelques minutes." --> "Je serai peut-être en retard de quelques minutes."
"Il existe donc un risque certain pour l’humanité." --> "L’humanité court donc un risque certain."
"Ça l’amuse de les regarder jouer." --> "Elle se plait à les regarder jouer."
Le cas « Il y a »:
Bien qu’elle soit particulièrement fréquente, une des constructions souvent à éviter est la phrase débutant par la locution "il y a"… suivie d’un groupe nominal et d’une subordonnée relative. Cette tournure impersonnelle s’avère inutilement lourde ; il serait préférable de la simplifier à l’aide du déterminant ou du pronom indéfini certain.
On écrira donc : « On ne saurait se passer de certains plaisirs. »
De préférence à : « Il y a de ces plaisirs dont on ne saurait se passer. »
On peut également reformuler la phrase à l’aide d’un verbe plus expressif.
On écrira donc : « Un drapeau flotte au bout du mât. »
De préférence à : « Il y a un drapeau au bout du mât. »
Le cas "il est":
Très utile pour exprimer l'intemporalité d'un fait et replacer les personnages dans la fatalité du décor ou de la situation qui les entourent, "il est" ne peut-être employé uniquement pour introduire une description d’un fait intemporel, d’une fatalité. C'est-à-dire d’un instant qui est le produit de la projection du présent dans la série successive des temps. Autrement dit, à un instant qui correspond à un présent révolu et futur. Une période qui revient, une répétition qui tient de la fatalité (je ne sais pas si je suis très clair là). C’est une forme impersonnelle très utilisée en poésie lorsque l’on traite du temps.
- « Il est des jours où on laisse la lampe éteinte,
On écrit avec une encre d'ardoise sur une page de nuit, et les mots craquent comme des cailloux.
Il est des jours où l'on trébuche sur un souvenir
Et voilà qu'on dévale les couleurs de l'arc-en-ciel pour aller s'affaler dans le noir, tête la première, un noir solide et anguleux. », Il est des jours de Franck Nicolas
- « Il est des temps de passages, des temps incertains, où les rêves n’ont plus d’âge, ni les envies de lendemain.
Il est des vies sans attirance, des vies sans éclat, où les mots manquent d’élégance, en souvenir de ces temps-là.
Il est des âmes esseulées qui rodent en secret, au plus profond de nous-mêmes et laissant la porte entrebâillée à ces désirs d’éternité, à ces passions devenues blêmes. », Comprendre de Claude
3) Participiale complément:
La proposition participiale a comme noyau un verbe conjugué au participe présent. Elle peut être employée comme complément adverbial ou comme complément du nom.
Ex.: « Croyant que j’étais absente, Ludivine est repartie » (complément adverbial)
Ex.: « Le café provenant du Brésil … ». (complément du nom)
Quand elle est complément du nom, la proposition participiale joue le même rôle qu’une relative (« le café qui provient du Brésil »), qu’une simple épithète (« le café brésilien ») ou qu’un groupe prépositionnel (« le café du Brésil »). L’emploi d’une participiale comme complément du nom est souvent correct et il peut servir à réduire le nombre de subordonnées relatives qui ont tendance à alourdir. Attention tout de même, dans certains cas, il peut être perçu comme lourd, surtout s’il est trop fréquent. D’autres constructions peuvent alors alléger le texte : relative, adjectif qualificatif, groupe prépositionnel, etc. Le tout s’est d’arriver à ce qu’il n’y ait pas que des relatives, ou que des participiales, que des groupes prépositionnels, mais un équilibre.
4) Phrase non verbale :
Parce qu’il exprime l’action qui unit sujet et complément, le verbe forme normalement le noyau de la phrase. Une phrase sans verbe, ou dont le noyau n’est pas un verbe, parait donc à priori anormale.
Cependant, les phrases sans verbe peuvent créer plusieurs effets intéressants, mais elles peuvent aussi briser le flot de lecture. Parfois, il vaut mieux reformuler en complétant la phrase par un sujet et un verbe qui facilitent et adoucissent la lecture.
Ex. sans verbe : « Coup de génie. » « Rien de moins. » « Résultat : un succès bœuf. » « Cela, sans aucune perte de qualité. »
Ex. sans verbe principal : « Parce que seul le verbe principal compte. » « Quel que soit le mode employé. » « Sans parler de la suite. »
5) Phrase longue :
Une phrase trop longue risque d’égarer ou de retarder le lecteur. Il vaut mieux segmenter ses idées. On peut utiliser les points ou les points-virgules. Il faut éviter toutefois d’introduire des répétitions inutiles. Les seuls cas de phrases longues acceptés sont l’énumération ou une longue parenthèse qui peuvent justifier une phrase plus longue que la normale. Une telle phrase ne sera pas perçue comme complexe par le lecteur, puisque les membres de l’énumération ont une structure symétrique, et qu’ils sont organisés OBLIGATOIREMENT par des éléments de ponctuation (virgules, point virgule, parenthèse, etc.).
ATTENTION : comme l’emploi abusif du passif, les phrases longues sont souvent trop fréquentes dans un texte d’un auteur peu expérimenté. L’auteur veut mettre beaucoup de précisions et emploie maintes subordonnées relatives pour cela, ce qui rallonge indubitablement la phrase.
Ex. : « L’un des aspects les plus étonnants de cette histoire, qui devrait aboutir devant un tribunal une fois que le procureur aura reçu la preuve des policiers et décidé de poursuivre le pirate, c’est le caractère naïf du pirate, qui envoyait les objets piratés par la poste en mettant son nom et son adresse sur l’enveloppe ! »
On préfèrera écrire : « L’histoire devrait aboutir devant un tribunal une fois que le procureur aura reçu la preuve des policiers et décidé de poursuivre le pirate. L’un des aspects les plus étonnants du dossier est le caractère naïf du malfaiteur, qui envoyait les objets piratés par la poste en mettant son nom et son adresse sur l’enveloppe ! »
6) Cascade de compléments :
Les cascades de compléments, aussi appelées phrases tiroir, sont des enchâssements de compléments du nom et de propositions subordonnées (relative, conjonctives, participiales, etc.). Lorsque les cascades sont excessives, elles alourdissent le texte et créent également des confusions de référents.
Habituellement, un seul enchâssement propositionnel ou un seul complément du nom devrait suffire, sinon il faut scinder en plusieurs phrases différentes la structure en cascade ou revoir la pertinence de tous ces compléments.
Ex. : « Elle sait pertinemment que tu attends qu'elle dise finalement qu'elle t'aime. » « Maman a perdu le trophée de natation de l’ancienne école de l’amie de notre grand-mère que tu as remporté l’année dernière. » « Je suis déçue par cette nouvelle chanson qui a pourtant été produite par celui qui a également produit l’album précédent. »
ATTENTION : Comme l’emploi abusif du passif et des phrases longues, les cascades de complément sont souvent trop fréquentes dans un texte d’un auteur peu expérimenté. Il est impératif d’apprendre à les repérer lors de la relecture, et apprendre à les reformuler.
7) Les Subordonnées :
Les subordonnées relatives et les subordonnées conjonctives en que sont parfois essentielles à la compréhension d’un message. C’est le cas, par exemple, des relatives qui ajoutent une information brève.
Ex. : « Le jardin que Luc préfère… » (Propositions relatives)
« Il vaut mieux que tu ailles le chercher. » (Proposition conjonctive en que)
Toutefois, si c’est possible de le faire, il est préférable d’éliminer ces propositions en les remplaçant par une construction plus dynamique et plus dense.
Voici quelques suggestions de remplacement:
Pour remplacer la relative:
- Un nom avec ou sans complément ;
Ex. : « Pierre discute d’insectes avec l’agricultrice qui fait pousser des fleurs. » --> « Pierre discute d’insectes avec la floricultrice. »
- Un adjectif avec ou sans complément ;
Ex. : « Je vais prendre le livre qui est rouge. » --> « Je vais prendre le livre rouge. »
Ex. : « Je connais un homme qui est capable de tout faire de ses mains. » --> « Je connais un homme capable de tout faire de ses mains. »
- Un infinitif ;
Ex. : « Marie offrira à son fils un petit chien qu’il pourra cajoler. » --> « Marie offrira à son fils un petit chien à cajoler. »
- Un déterminant possessif ;
Ex. : « L’automobile que vous conduisez démarre rapidement. » --> « Votre automobile démarre rapidement. »
- Un participe et un complément.
Ex. : « C’était un homme qui avait une grande peur de prendre l’avion. » --> « C’était un homme accablé par la peur de prendre l’avion. »
Pour remplacer la conjonctive en que:
- Un nom avec ou sans complément ;
Ex. : « Je souhaite qu’il guérisse rapidement. » --> « Je souhaite sa guérison rapide. »
- Un adjectif avec ou sans complément ;
Ex. : « Je crois que cette histoire est ridicule. » --> « Je crois cette histoire ridicule. »
- Un infinitif ;
Ex. : « Jacky pense qu’il ira chez le boulanger vers 19 heures. » --> « Jacky pense aller chez le boulanger vers 19 heures. »
- Un pronom.
Ex. : « Je sais bien qu’il est heureux avec moi. » --> « Je le sais heureux avec moi. »
Et voilà nous avons fini le sous-chapitre sur les tournures lourdes. Le post est déjà assez long je vais m’arrêter ici. Nous continuerons et finirons ce gros chapitre sur le style au prochain poste.
Raleygh 009- Yonkou
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Merci pour ce dernier post très instructif, que je vais probablement relire très souvent.
Unholyscream- Great Old One
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Yop, voici le nouveau post et le dernier du chapitre sur le style. J’ai bien conscience que c’est un post très long, même pour moi, et je m’en excuse. Je voulais absolument terminer ce gros chapitre sur le style. Je vous conseille donc de ne pas tout avaler d’un coup. De prendre votre temps pour le digérer au mieux. Lisez-le par partie, faites des pauses et revenez-y par après. Je pense avoir bien structuré le chapitre pour cela. Bref, désolé pour ce post ultra volumineux, c’est la dernière fois que je fais un post aussi long promis.
----------------------
d. Le vocabulaire
Comparer aux tournures, où il est facile de repérer un auteur peu expérimenté, le vocabulaire est relativement simple à gérer. Un auteur moyen peut très bien développer un vocabulaire correct. Pourtant, celui-ci, quand il est parfaitement maitrisé, distingue un bon auteur d'un excellent auteur. Le vocabulaire, c'est la quintessence même de votre texte.
1) Le pléonasme
Un pléonasme consiste à employer, dans une même phrase, une expression dont le sens est déjà impliqué par un autre mot, causant ainsi une répétition de sens. Je vous en avais déjà touché un mot dans le chapitre sur les conseils de base (eh oui ça commence à dater héhé). On va voir aujourd’hui qu’il existe différents types de pléonasmes et qu’ils ne sont pas tous mauvais.
Le pléonasme inconscient
Un pléonasme qui n’ajoute rien à l’énoncé et ne vise aucun effet particulier est qualifié d’inconscient ou de vicieux. Ce type de pléonasme s’oppose au pléonasme dit volontaire.
Ex. : D’un seul regard, ce grand géant pouvait embrasser toute la vallée.
-->C’est évident qu’un géant est grand ; on dira donc : ce géant, simplement.
Ex. : Le géant aperçut une petite maisonnette juchée sur une colline avoisinante.
--> Le sens de petite est inclus dans le sens de maisonnette ; on dira donc : une maisonnette, simplement.
Ex. : La terre trembla terriblement quand le géant recula en arrière.
-->On recule nécessairement en arrière ; on dira donc : le géant recula, simplement.
Ce genre de pléonasme est assez évident à repérer à la lecture, pourtant, comme pour les clichés, on en retrouve très fréquemment (oh très fréquemment en voilà un pléonasme courant xD ) dans la langue française.
Ex. : « ainsi par exemple » « car en effet » « hasard imprévu » « monopole exclusif » « petit nain » « permettre de pouvoir » « répéter de nouveau » « pléonasme redondant » « pouvoir facultativement » « se réunir ensemble » « sortir dehors » « suivre derrière » « première priorité » « tous sont unanimes » « prévoir à l’avance » « monter en haut » « descendre en bas »
À noter que l’expression descendre en bas de et monter en haut… est parfois correcte.
Ex. : Nous sommes descendus en bas de la falaise pour cueillir des fraises.
Ex. : Le chat est monté en haut de l’échelle.
Pléonasme volontaire
On peut utiliser consciemment une formulation redondante pour obtenir un effet d’insistance ou de renforcement. Dans ce cas, le pléonasme est acceptable.
Ex.: Cette nuit, j’ai vu de mes yeux Roland qui déambulait dans le parc.
C’est toujours avec les yeux que l’on voit ; voir de ses yeux est donc une expression redondante. Cette redondance est voulue ici pour renforcer le fait d’avoir vu ; c’est un effet de style correct.
Verbes débutant par s’auto-
On rencontre quelquefois des verbes pronominaux débutant par le préfixe auto- :
Ex.: « s’autoflageller » « s’autodiscipliner » « s’autoproclamer » etc.
Ces verbes sont parfois critiqués, car la présence simultanée du pronom réfléchi « se » (sous sa forme élidée s’) et du préfixe « auto », qui signifie « soi-même », peut être sentie comme pléonastique. On peut le constater en comparant ces deux phrases :
Ex. : « Le pénitent se flagelle. » et « Le pénitent s’auto flagelle. »
--> Le préfixe auto- n’ajoute rien à l’énoncé, car l’action réfléchie est déjà exprimée par le pronom se.
La tendance à utiliser de tels verbes en s’auto- s’explique peut-être par l’existence de noms de même famille débutant par auto-(autoflagellation, autodiscipline, autoproclamation, etc.), noms qui sont utiles et tout à fait corrects, ne présentant pas de caractère pléonastique (pas de présence simultanée du pronom se).
Cela dit, il y a des contextes où ces verbes peuvent s’avérer utiles et légitimes. Lorsque le sujet est pluriel, l’ajout du préfixe auto- permet dans certains cas de lever utilement une ambigüité possible entre action réciproque et action réfléchie.
Ex. : « Les pénitents se flagellent. »
Se flagellent-ils les uns les autres ou bien chacun se flagelle-t-il lui-même ?
Ex. : « Les pénitents s’autoflagellent.»
Le préfixe auto- permet de préciser que l’action n’est pas réciproque, mais réfléchie.
2) Le niveau de vocabulaire
Les mots ou expressions ne relèvent pas tous du même niveau de langue. Certains sont familiers ou très familiers, la plupart sont de niveau neutre et certains autres sont de niveau plus soutenu.
En rédaction, on utilisera l’un ou l’autre des niveaux selon le contexte dans lequel se situe le document à rédiger. On évitera cependant, dans un même document, de passer d’un niveau familier à un niveau soutenu (ou inversement). SAUF si le scénario impose un changement de niveau. Si votre scène se passe à la cour d’un roi, les personnages doivent avoir un niveau neutre, voire soutenu, si la scène suivante se déroule dans le bordel de la ville, il est impératif de laisser le niveau soutenu de côté et de s’essayer à un langage familier. Cependant, de règle générale, on évite le niveau familier, voire très familier, qui heurte la sensibilité du lecteur par sa grossièreté.
Ex. : « Les végétariens abominent la viande. »
Ex. : « Les végétariens ne peuvent pas blairer la viande. »
Ex. : « Les végétariens détestent la viande. »
Ces phrases ont le même sens, mais abominer donne à la première un style soutenu, alors que blairer donne à la seconde une couleur familière ; détester, quant à lui, n’apporte à la dernière aucune connotation particulière. Il est donc de niveau neutre.
Ex. : « Son frère est un petit merdeux. » (très familier)
Le langage soutenu
Le niveau de langue soutenu est employé lors de communications formelles ou socialement contraignantes. On pense notamment aux exposés de certains professeurs, conférenciers et politiciens à l’oral, et davantage à l’écrit, dans les domaines de la littérature et de la philosophie.
Le niveau soutenu démontre une surveillance extrême de la langue ; il est fréquent de le rencontrer chez les auteurs littéraires qui souhaitent obtenir un effet de recherche.
Le niveau de langue soutenu se manifeste de différentes façons :
- par un vocabulaire particulièrement recherché :
Ex. : «acrimonieux, ambrosien, frilosité, héroïde . . .
--> Un vocabulaire où abondent les mots rares (voire plus loin).
Sachez que la richesse de la langue française est telle, qu’il existe un mot neutre et soutenu pour quasiment tout le vocabulaire de la langue.
- par l’utilisation de figures de style recherchées (ex. l’antithèse, l’hyperbole, etc.) :
Ex. : « bruler d’amour » (hyperbole)
On reparlera des figures de style en profondeurs lors d’un prochain chapitre.
- par l’inversion du sujet et du verbe :
Ex. : « Ainsi ai-je pris la décision de partir. »
- par l’utilisation du subjonctif imparfait et plus-que-parfait :
Ex. : « Zénon eût souhaité que sa fiancée soit à ses côtés. »
- par la présence d’une euphonie en è-je :
Ex. : « Je danserai aussi bien que lui, dussè-je danser dix heures par jour. »
Le langage familier
Le niveau de langue familier se caractérise par un discours qui s’articule de manière informelle et avec un bon nombre de libertés langagières. Il suffit de penser à une discussion entre amis ou en famille, dépourvue de liens hiérarchiques rigides, pour reconnaitre ce type de discours souvent rencontré à l’oral.
Ce niveau de langue est proscrit des différents écrits formels, comme ceux tenant du domaine scientifique et juridique. À l’écrit, on le rencontre presque uniquement chez les auteurs qui souhaitent produire un effet de style ou qui mettent en scène des personnages.
Le niveau de langue familier se manifeste de différentes façons :
- par un vocabulaire particulier :
Ex. : barjot, débaucher, fortiche, gaga, etc.
- par un grand nombre d’abréviations spontanées :
Ex. : un ordi, pc, le petit-déj, etc.
- par une syntaxe modifiée, ou simplifiée (proche de l’inacceptable dans un texte) :
Ex. : « C’est qui qui est arrivé » ?
--> À noter que la phrase dans cet exemple, en plus du niveau familier, est ici inutilement impersonnelle, et donc lourde. Les personnes lisant mon tuto savent déjà qu’on préfèrera « Qui est arrivé ? » à « C’est qui qui est arrivé ? ». Par ailleurs, l’emploi du passé composé et surtout de l’auxiliaire être c'est-à-dire d’un verbe terne (voir plus loin) affaiblit encore le niveau de la phrase. « Qui vient d’arriver ? » ou tout simplement « Qui arrive ? » est sans conteste un choix plus judicieux.
- par l’emploi de l’interrogative directe simple :
Ex. : « Tu viens d’où ? » (familier)
--> « D’où viens-tu ? » (neutre)
- par une prononciation particulière retranscrit à l’écrit :
Ex. : « J’sus partie pour toujours.
Le langage très familier et inconvenant
Le niveau de langue très familier se manifeste principalement par l’utilisation de jurons ou d’expressions souvent liés à la sexualité ou à la scatologie, qu’il est inapproprié d’employer, sauf dans une communication très libre, entre intimes, ou entre personnages peu fréquentables.
Il faut garder à l’esprit que la sexualité, la scatologie et la violence sont des champs de l’expérience humaine souvent perçus comme étant tabous. Les termes qui y réfèrent peuvent par conséquent choquer les convenances. Les termes sexuels, scatologiques ou violents ne sont pas pour autant à bannir à tout prix. Ceux qui relèvent d’un niveau de langue standard (pénis, diarrhée, gifle, etc.) peuvent fort bien être justifiés. Par contre, on évitera généralement ceux qui relèvent d’un niveau de langue familier ou très familier (b*te, chiasse, etc.).
Le langage péjoratif, argotique et archaïque
- Péjoratif
Certains mots ou expressions ont une connotation péjorative, c’est-à-dire qu’ils ont un sens négatif ou dépréciatif. Leur emploi montre que l’auteur porte intentionnellement un jugement défavorable. Certains mots sont péjoratifs dans tous leurs emplois, alors que d’autres ne le sont que si on les emploie dans un sens particulier. Enfin, la plupart des mots à connotation péjorative appartiennent à un niveau de langue familier ou très familier.
Ex. : « Trois ploucs se disputaient avec un bureaucrate. »
Ex. : « Tes sermons commencent à m’ennuyer ! »
Sermon a une connotation péjorative s’il est employé dans le sens de « discours moralisateur », mais non s’il est employé dans le sens de « discours d’un prédicateur en chaire ».
- Argotique
Les expressions argotiques sont à la base des expressions qui sont créées et utilisées par un groupe restreint d’individus (notamment dans le milieu criminel peu fréquentable). L’ensemble de ces expressions forme une sorte de langue secrète, codée, qu’on appelle argot. Avec le temps, cependant, certaines de ces expressions gagnent en popularité et sont introduites dans la langue courante. Les expressions d’argot sont habituellement à proscrire en français écrit de niveau neutre puisqu’elles relèvent du langage oral de niveau dit populaire et qu’elles ne sont pas toujours connu de l’ensemble de la collectivité.
Ex. : « J’y comprends que dalle ! » (sans doute le meilleur exemple d’un langage argotique popularisé)
- Archaïque
Un archaïsme est un mot ou une expression qui n’est plus en usage (vieux) ou qui est en voie de disparition (vieilli). Un archaïsme peut apporter à votre texte une couleur particulière, un caractère vieillot. À vous d’évaluer sa pertinence, en fonction de vos lecteurs cibles.
Ex. : « Elle prépare le festin en vue des accordailles de Colin et de Chloé. »
Un archaïsme appartient à un niveau de langue particulier. Certains relèvent de la langue familière et d’autres, d’un style soutenu.
Ex. : À la brune, les geôliers, toujours en castille, protestaient toujours véhémentement.
Dans cette phrase, les expressions sont à la fois vieillies et de style soutenu ; si on les remplace par des équivalents neutres, on obtient la phrase : « À la tombée de la nuit, les gardiens, toujours en querelle, protestaient toujours fougueusement. »
Bien sûr, une expression qui appartient habituellement à un niveau de langue neutre peut, si on l’utilise dans un sens donné, prendre une connotation familière, très familière, argotique ou soutenue. De même, un mot courant peut posséder, outre ses sens modernes, un sens vieux ou vieilli.
Ex. : « Tous les hommes sont mortels. » (neutre)
Ex. : « Le film était mortel ! » (familier)
3) Richesse et prévision
Le mot juste et les verbes ternes
Le processus d’écriture demande beaucoup de réflexion. Le rédacteur doit exprimer avec précision sa pensée, sans en exagérer ni en atténuer le sens à émettre. Certains choix lexicaux permettent d’étoffer un texte et de s’exprimer avec une plus grande précision, ou bien, au contraire, de laisser plus de place à l’interprétation.
- Verbes
Le verbe exprime une action, un état ou une situation, et unit de ce fait le sujet et le complément. De ce rôle central, qui en fait le noyau de la phrase, découle un devoir important : il doit faire bonne impression au lecteur. Il vaut mieux alors employer des verbes « pleins », porteurs d’un sens propre et précis, plutôt que des verbes « vides » ou « passepartout », qui sont sentis comme « mous » ou « incolores ».
Autant que possible, on évitera les verbes avoir, être et faire. En tant que verbes, ils ajoutent peu d’information et ne permettent pas de préciser la pensée. Évidement, cette injonction ne prend pas en compte les auxiliaires, mais sachez que même comme auxiliaire être et avoir restent vide de sens. Avoir, être et faire sont les verbes ternes les plus courants et peuvent souvent être remplacés par une expression ou un verbe plus précis.
Ex. : « Astride regarde la statue qui est dans le jardin. »
→ Astride regarde la statue dressée dans le jardin.
Ex. : « L’étranger a un chapeau brun sur la tête. »
→ « L’étranger porte un chapeau brun. «
Ex. : « Loulou fait une présentation de son travail. «
→ « Loulou présente son travail. «
Ex. : « La médecine moderne n’est pas comparable à la médecine médiévale. »
--> « La médecine moderne ne se compare pas à la médecine médiévale. »
Contextes corrects
Avoir et être s’emploient bien sûr comme auxiliaires, où ils ne portent pas le sens, mais bien le mode et le temps de l’action. Ils forment aussi de nombreuses locutions, où le sens est donné par l’ensemble verbe/complément et non pas par le verbe seul (avoir peur, avoir droit à…, etc.).
On peut enfin chercher sciemment à souligner la simplicité, l’élémentarité.
Ex. : « Elle est belle. » « Il n’a plus rien. » « Il a ses mains, son coeur et ses rêves, point. »
Faire, quant à lui, introduit souvent un verbe infinitif complément qui porte, le sens. Il s’agit alors d’un semi-auxiliaire avec un sens causatif.
« Faire briller » « faire travailler », etc.
Enfin, un bon style rédactionnel devrait également éviter l’abus du verbe aller, sauf comme auxiliaire.
Ex. : « Ses idées vont dans le même sens que les miennes. »
→ « Ses idées évoluent avec les miennes. »
- Noms
La même attention doit être portée au choix des noms. Toutefois, on peut éviter la redondance par une alternance entre un nom et sa définition.
Ex.: L’amour lui donnait le courage de continuer. En effet, cet attachement intense lui gonflait le cœur.
- Adverbes
Pour améliorer son style, certaines expressions comprenant un adjectif modifié par un adverbe devront être évitées au profit d’un adjectif sémantiquement fort.
très étrange → insolite
bien surpris → ahuri
toujours désordonné → bordélique
très dommage → désastreux
peu ébranlable → imperturbable
Il faut TOUJOURS privilégier un adjectif sémantiquement fort à un adjectif renforcé par un adverbe. Si vous lisez, ce topic, vous savez déjà que les adverbes sont à éviter si on le peut.
Les Incises
Les incises attribuent une citation à leur auteur et en décrivent le contexte. Elles rythment les citations. La bonne gestion des incises est CAPITALE lors d’un dialogue.
Ex.: « Je vous emmène jusqu’à Reims », annonce le chauffeur.
Ex.: « En plus, pour seulement quelques francs de plus, vous pourrez déguster le champagne », ajoute-t-il après un court silence.
Ex.: « Vous dites vrai ? » interrogent les deux voyageurs, ravis.
Ex.: « Cette rencontre, sur instruction du président, entre dans le cadre du programme d’aide aux familles et vise à établir les priorités du gouvernement pour l’année à venir », a déclaré le ministre Roy.
Il importe de vérifier la distribution des incises et leur évolution logique. Ainsi, on évitera autant que possible les redites et les incises trop fréquentes.
De façon générale, on emploie une incise quand on veut donner toute son importance au contenu d’une citation, qui est ainsi mise en avant-plan. Le verbe de l’incise, pour être efficace, doit donc être le plus discret possible et ne pas « voler la vedette » à la citation.
Les deux verbes les plus fréquents en incise sont dire et déclarer. S’y joint toute une série d’autres verbes tels que :
«accorder» «confirmer» «lancer» «remarquer» «acquiescer» «considérer» «noter» «répliquer» «admettre» «croire»«observer» «reprendre» «alléguer» «demander» «opiner» « s’écrier » « argüer » « écrire » « plaider » « signaler » « assurer » « émettre » « poursuivre » « souffler » « avancer » espérer » « préciser » « souligner » « certifier » « estimer » « proposer » « suggérer » « clamer » « expliquer » « protester » « trancher » «commenter « faire miroiter » « raconter » « concéder » « faire valoir » « rappeler » « conclure » « indiquer » « rapporter » « confier » « insinuer » « reconnaitre »
Tous ces verbes sont dits déclaratifs et appartiennent à la grande famille sémantique des verbes d’expression. Une de leurs particularités est d’accepter un complément d’objet introduit par la conjonction que, complément qui correspond à du discours rapporté :
Ex. : « J’affirme que cette mousse au chocolat est divine ! »
Ex. : « Je pense que tu exagères un peu. »
Ex. : « Je réponds que tu changeras d’avis quand tu y auras gouté. »
Ex. : « L’emploi de ces verbes dans l’incise est tout à fait correct. »
D’autres verbes, qui pourtant n’acceptent pas de complément d’objet avec que, s’emploient néanmoins dans la proposition incise. Il s’agit de verbes qui expriment l’attitude, l’état d’esprit de l’auteur dans lequel les paroles rapportées ont été prononcées ou bien la façon dont a été livré le message.
Ex.: «J'ai peur» chuchota Marc.
Ex. :« Reviens tout de suite ! » hurla Ludovic en se précipitant à la poursuite d’Anna.
Ex. : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » jubila-t-elle.
On peut ajouter à hurler et à jubiler d’autres verbes tels que crier, s’étonner, exploser, se réjouir, vociférer, etc.
Sans les proscrire de façon systématique, on fera attention à ne pas abuser de l’emploi de ces verbes, qui, par leur grande expressivité, confèrent à l’incise une importance qui devrait normalement revenir entièrement à la citation rapportée. Enfin, on évite à tout prix en incise les formulations plus complexes qui visent à énoncer dans le détail l’attitude avec laquelle on rapporte le discours. De telles formulations s’éloignent trop du simple rôle introductif de l’incise et donnent aux éléments en incise un plus gros poids que la citation censée être importante.
C’est une erreur classique dans les textes de faible niveau. Encore et toujours la même raison. L’auteur débutant veut trop insérer de détails (comme pour les phrases longues, les cascades de compléments, les relatives . . .) et profite de l’incise pour taper une tartine sur l’attitude du mec qui parle. Par ailleurs, certains auteurs débutants passent outre l’incise pour directement parler de l’attitude de celui qui parle ce qui est LE PIRE des choix.
Ex. : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » sauta-t-elle de joie. (Elle dit quelque chose et en fait une autre, une double action qui réclame deux verbes et pas un seul verbe et l’autre basta). Ainsi, on écrira :
Ex. : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » annonça-t-elle en sautant de joie.
C’est la forme la plus correcte. Cependant, même ainsi, le « en sautant » est lourd. Si vous voulez à tout prix informer le lecteur que le personnage saute pourquoi pas. Pour ma part, je juge l’information fort peu utile et donc lourde. J’écrirai : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » annonça-t-elle folle de joie. »
Les Mots rares
- Enrichissement lexical
Lorsque l’on souhaite soigner son style et renoncer à l’emploi de périphrases et de verbes ternes, il n’est pas nécessaire de s’abstenir d’utiliser un terme précis parce qu’il est rare. Au contraire, il pourra s’agir d’un enrichissement lexical qui ajoutera au style du texte. Cependant, on se souciera toujours de la fluidité du texte et il sera bienvenu d’apporter une mise en contexte adéquate pour aider à la compréhension.
Ex. : « Le serrurier portait fièrement sa ferrière sur l’épaule, ce précieux sac de cuir que son père lui avait offert le jour de ses 14 ans. »
- Hermétisme
Attention, l’emploi des mots rares peut rendre un texte obscur et peu accessible. Dans un contexte où c’est le sens et la fluidité de la lecture qui priment, et non le style, on cherchera à les éliminer. Toutefois, si l’auteur estime que le vocabulaire employé, bien qu’étant rare, est ou doit être connu de ses lecteurs (car ils partagent les mêmes connaissances techniques, ou bien sont rompus à ce genre d’exercice), alors l’emploi de mots rares sera légitimé.
Ex. : « Pour attirer une chouette, il faut toujours frouer vivement ! »
--> Frouer, qui signifie « imiter le cri de la chouette ou du geai », sera mal à propos dans un texte destiné au grand public, mais adapté dans une revue d’ornithologie.
4) Le contenu sémantique
Lors de la rédaction d’un texte, l’auteur doit porter une attention toute particulière au choix des mots qu’il emploie. Il importe que ceux-ci reflètent le plus fidèlement possible le sens et l’esprit général visés. Selon la nature de l’écrit (lettre administrative, mémoire de maitrise, publicité, texte littéraire, etc.), certaines contraintes s’appliquent quant au choix des mots. On souhaitera qu’un texte publicitaire, par exemple, déborde d’enthousiasme ou, au contraire, abonde en expressions dramatiques qui sauront toucher la fibre sensible du public cible. Par ailleurs, si la clarté est généralement perçue comme étant une qualité importante, notamment dans les écrits de nature technique ou scientifique, certains écrits gagnent quant à eux à rester vagues, sans engagement clair.
Puisqu’aucune règle absolue n’existe en matière de vocabulaire, et que le vocabulaire est d’abord et avant tout au service du sens à véhiculer, on veillera à ce que l’emploi de mots au contenu sémantique faible (chose, possible, supposer que, etc.) ou fort (certitude, évidence, extraordinaire, aduler, condamner, toujours, etc.), positif (beauté, jeunesse, joie, agréable, aimer, etc.) ou négatif (bêtise, misère, laid, blesser, etc.) serve bien le propos du texte.
Le but de l’exercice n’est pas d’éliminer rigoureusement tel ou tel type de mots. Dans tous textes, on trouve des mots faibles, forts, positifs et négatifs. Le but est plutôt de s’assurer qu’un texte qu’on veut positif ne contienne pas une trop grande quantité d’expressions superlatives. De la même façon, on voudra évaluer la quantité et la distribution des mots à contenu sémantique faible (donc flou) si on rédige un document juridique pour lequel la plus grande rigueur est requise.
Faible
Plusieurs mots français sont sémantiquement pauvres ou flous. Ces expressions recouvrent un sens générique ou une réalité imprécise. Par exemple, les mots bidule, farfouillage, éventuel, ordinaire et estimer sont sémantiquement faibles. Dans la phrase suivante, les mots soulignés sont faibles et les mots en gras sont forts.
Ex. : « Je suis allée quelque part pour voir la plus belle chose que je n’ai jamais vue. »
Plus vous employer des mots faibles plus votre texte est flou dans l’esprit du lecteur ce qui est logique. Le lecteur doit imaginer la scène avec des éléments descriptifs flous, forcément il l’imaginera avec moins de détails. Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’il faut bannir tous les mots faibles de son texte. Seulement faire attention à l’équilibre et au sentiment général qu’ils renvoient.
Fort
Certains mots en français relèvent du domaine de l’emphase, de l’exagération ou du superlatif. Par exemple, sur les continuums suivants, l’élément lexical fort est celui qui se trouve le plus à droite.
personnage → vedette → idole
apprécier → aimer → adorer
parole → affront → infamie
Certains antonymes dont l’emploi est absolu ou quasi absolu sont forts. Il s’agit, par exemple, d’oppositions comme jamais/toujours, tout/rien, minuscule/énorme.
Vous l’aurez compris plus un mot est clair/net/catégorique plus il est fort.
Négatif
Plusieurs mots en français réfèrent à une réalité qu’on peut qualifier de négative, non souhaitable, ou transmettent un jugement négatif, parfois dépréciatif, par rapport au thème abordé.
- Réalité négative
Ex. : accident, maladie, mort, peur, problème, angoissant, dévastateur, onéreux, toxique,se blesser, briser, pleurer, tuer, etc.
- Jugement négatif
Ex. : erreur, stupidité, platitude, désagréable, insipide, laid, obscène, condamner, détester, impatienter, rebuter, etc.
La « négativité » d’un texte, tout comme sa « positivité », ne se calcule pas en absolu. Elle s’établit plutôt sur un continuum qui va du « peu négatif » au « extrêmement négatif », en fonction de la quantité et de la répartition des mots à contenu sémantique négatif. C’est à l’auteur de déterminer sur quel point de ce continuum il désire situer son écrit, et de choisir en conséquence la quantité et la nature des expressions négatives qui sauront le mieux traduire sa pensée. Il est évident qu’un texte doit donc comporter plus de mots négatifs et être plus loin dans le continuum négatif lors de la description d’un enterrement (par exemple) que lors de la description d’une scène quotidienne neutre.
Enfin, certains mots au contenu sémantique négatif ont aussi un contenu sémantique fort (calamité, dégout, horreur ; grotesque, hideux, scandaleux ; atterrer, haïr, horripiler, etc.) qui confère au texte une intensité négative extrême qu’on voudra peut-être atténuer par l’emploi de synonymes plus modérés. Faites attention à ça, car une fois que l’on veut partir dans un langage sémantique négatif, on s’égare, on se laisse aller et souvent la description d’un fait assez commun (ex. le temps maussade ou une contrariété vécue par le héros) devient aussi négatif que la mort du personnage, sémantiquement parlant. xD
Positif
La « positivité » d’un texte se calcule aussi sur un continuum qui va du « peu positif » au « extrêmement positif », en fonction de la quantité et de la répartition des mots à contenu sémantique positif.
Ex. : beauté, bonheur, consentement, jeunesse, joie, santé, agréable, doux, lumineux, rieur, studieux, aimer, cajoler, complimenter, détendre, embellir, valoriser, brillamment, intelligemment, radieusement, etc.
Par ses choix lexicaux, l’auteur doit doser judicieusement les expressions positives de sorte qu’elles correspondent bien à ce qu’il désire transmettre comme message. Un texte publicitaire ou une critique artistique, hautement subjectifs, peuvent comporter de nombreux mots au contenu sémantique positif, alors qu’un texte qu’on veut objectif devrait en faire un emploi modéré. Certains mots au contenu sémantique positif ont également un contenu sémantique fort (chef-d’œuvre, summum ; éblouissant, formidable, génial, surdoué ; acclamer, glorifier, etc.). Ces derniers confèrent au texte un caractère superlatif qu’on voudra peut-être nuancer à l’aide de synonymes plus neutres.
5) Mots charnières
Le propos d’un texte s’étend généralement sur plusieurs phrases et plusieurs paragraphes. Pour articuler les idées entre les phrases et les paragraphes, on utilise diverses charnières. Elles facilitent la transition d’une idée à l’autre et aident à guider le lecteur. Une charnière peut être un simple adverbe, une locution ou une périphrase.
Il ne faut pas exagérer l’emploi des charnières, qui peuvent alourdir la lecture, et il faut varier leur emploi.
Ex. : En conséquence, en fait, pour cela, cependant, en effet, par ailleurs, de ce fait, mais, etc.
Les charnières sont appréciées dans un texte argumentatif, démonstratif, ou didactique, car l’auteur veut préciser sa pensée et son propos, donner des exemples, etc. Cependant (bim charnière è_é ahah vous vous y attendiez pas hein ^^). Cependant, elles sont relativement absentes dans un texte littéraire où leur connotation démonstrative et argumentative entache la fluidité lors de la description d’une action/pensée/etc. Les charnières que l’on repère dans un texte littéraire se trouvent majoritairement lors des discutions des personnages qui eux-mêmes argumentent, expliquent, démontrent. Bref (bim charnière vous vous y attendiez pas hein . . . bon peut-être un peu). Bref, n’utilisez pas de charnière lors de description, elles sont presque (bim mot faible) toujours (bim mot fort) inutiles (Bim mot négatif) à la description, et en plus de l’alourdir (Bim re mot négatif) casse son rythme (Bim rien à signaler pour ce mot :lol : ).
Et c’est sur le mot « rythme » pour lequel je n’ai rien à signaler que je termine ce chapitre sur le style. N'hésitez donc pas à vous entraîner, à faire des tests sur telle ou telle utilisation d'incise, ou tel ou tel changement de tournure, tenter le langage soutenu, etc. N'oubliez pas que la langue française est riche et nous permet d'éviter les lourdeurs, aller à l'essentiel et ne surabonder pas votre texte de détails inutiles. De règles générales supprimez l'inutile, votre texte n'en sera que plus léger. Utiliser les mots les plus percutants, les plus évocateurs, les plus puissants en équilibrant leurs impacts négatifs, positifs, faibles, et forts sur le texte.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas. Si vous avez des avis négatifs, n’hésitez pas. Si vous avez des remarques positives, n’hésitez pas non plus.
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d. Le vocabulaire
Comparer aux tournures, où il est facile de repérer un auteur peu expérimenté, le vocabulaire est relativement simple à gérer. Un auteur moyen peut très bien développer un vocabulaire correct. Pourtant, celui-ci, quand il est parfaitement maitrisé, distingue un bon auteur d'un excellent auteur. Le vocabulaire, c'est la quintessence même de votre texte.
1) Le pléonasme
Un pléonasme consiste à employer, dans une même phrase, une expression dont le sens est déjà impliqué par un autre mot, causant ainsi une répétition de sens. Je vous en avais déjà touché un mot dans le chapitre sur les conseils de base (eh oui ça commence à dater héhé). On va voir aujourd’hui qu’il existe différents types de pléonasmes et qu’ils ne sont pas tous mauvais.
Le pléonasme inconscient
Un pléonasme qui n’ajoute rien à l’énoncé et ne vise aucun effet particulier est qualifié d’inconscient ou de vicieux. Ce type de pléonasme s’oppose au pléonasme dit volontaire.
Ex. : D’un seul regard, ce grand géant pouvait embrasser toute la vallée.
-->C’est évident qu’un géant est grand ; on dira donc : ce géant, simplement.
Ex. : Le géant aperçut une petite maisonnette juchée sur une colline avoisinante.
--> Le sens de petite est inclus dans le sens de maisonnette ; on dira donc : une maisonnette, simplement.
Ex. : La terre trembla terriblement quand le géant recula en arrière.
-->On recule nécessairement en arrière ; on dira donc : le géant recula, simplement.
Ce genre de pléonasme est assez évident à repérer à la lecture, pourtant, comme pour les clichés, on en retrouve très fréquemment (oh très fréquemment en voilà un pléonasme courant xD ) dans la langue française.
Ex. : « ainsi par exemple » « car en effet » « hasard imprévu » « monopole exclusif » « petit nain » « permettre de pouvoir » « répéter de nouveau » « pléonasme redondant » « pouvoir facultativement » « se réunir ensemble » « sortir dehors » « suivre derrière » « première priorité » « tous sont unanimes » « prévoir à l’avance » « monter en haut » « descendre en bas »
À noter que l’expression descendre en bas de et monter en haut… est parfois correcte.
Ex. : Nous sommes descendus en bas de la falaise pour cueillir des fraises.
Ex. : Le chat est monté en haut de l’échelle.
Pléonasme volontaire
On peut utiliser consciemment une formulation redondante pour obtenir un effet d’insistance ou de renforcement. Dans ce cas, le pléonasme est acceptable.
Ex.: Cette nuit, j’ai vu de mes yeux Roland qui déambulait dans le parc.
C’est toujours avec les yeux que l’on voit ; voir de ses yeux est donc une expression redondante. Cette redondance est voulue ici pour renforcer le fait d’avoir vu ; c’est un effet de style correct.
Verbes débutant par s’auto-
On rencontre quelquefois des verbes pronominaux débutant par le préfixe auto- :
Ex.: « s’autoflageller » « s’autodiscipliner » « s’autoproclamer » etc.
Ces verbes sont parfois critiqués, car la présence simultanée du pronom réfléchi « se » (sous sa forme élidée s’) et du préfixe « auto », qui signifie « soi-même », peut être sentie comme pléonastique. On peut le constater en comparant ces deux phrases :
Ex. : « Le pénitent se flagelle. » et « Le pénitent s’auto flagelle. »
--> Le préfixe auto- n’ajoute rien à l’énoncé, car l’action réfléchie est déjà exprimée par le pronom se.
La tendance à utiliser de tels verbes en s’auto- s’explique peut-être par l’existence de noms de même famille débutant par auto-(autoflagellation, autodiscipline, autoproclamation, etc.), noms qui sont utiles et tout à fait corrects, ne présentant pas de caractère pléonastique (pas de présence simultanée du pronom se).
Cela dit, il y a des contextes où ces verbes peuvent s’avérer utiles et légitimes. Lorsque le sujet est pluriel, l’ajout du préfixe auto- permet dans certains cas de lever utilement une ambigüité possible entre action réciproque et action réfléchie.
Ex. : « Les pénitents se flagellent. »
Se flagellent-ils les uns les autres ou bien chacun se flagelle-t-il lui-même ?
Ex. : « Les pénitents s’autoflagellent.»
Le préfixe auto- permet de préciser que l’action n’est pas réciproque, mais réfléchie.
2) Le niveau de vocabulaire
Les mots ou expressions ne relèvent pas tous du même niveau de langue. Certains sont familiers ou très familiers, la plupart sont de niveau neutre et certains autres sont de niveau plus soutenu.
En rédaction, on utilisera l’un ou l’autre des niveaux selon le contexte dans lequel se situe le document à rédiger. On évitera cependant, dans un même document, de passer d’un niveau familier à un niveau soutenu (ou inversement). SAUF si le scénario impose un changement de niveau. Si votre scène se passe à la cour d’un roi, les personnages doivent avoir un niveau neutre, voire soutenu, si la scène suivante se déroule dans le bordel de la ville, il est impératif de laisser le niveau soutenu de côté et de s’essayer à un langage familier. Cependant, de règle générale, on évite le niveau familier, voire très familier, qui heurte la sensibilité du lecteur par sa grossièreté.
Ex. : « Les végétariens abominent la viande. »
Ex. : « Les végétariens ne peuvent pas blairer la viande. »
Ex. : « Les végétariens détestent la viande. »
Ces phrases ont le même sens, mais abominer donne à la première un style soutenu, alors que blairer donne à la seconde une couleur familière ; détester, quant à lui, n’apporte à la dernière aucune connotation particulière. Il est donc de niveau neutre.
Ex. : « Son frère est un petit merdeux. » (très familier)
Le langage soutenu
Le niveau de langue soutenu est employé lors de communications formelles ou socialement contraignantes. On pense notamment aux exposés de certains professeurs, conférenciers et politiciens à l’oral, et davantage à l’écrit, dans les domaines de la littérature et de la philosophie.
Le niveau soutenu démontre une surveillance extrême de la langue ; il est fréquent de le rencontrer chez les auteurs littéraires qui souhaitent obtenir un effet de recherche.
Le niveau de langue soutenu se manifeste de différentes façons :
- par un vocabulaire particulièrement recherché :
Ex. : «acrimonieux, ambrosien, frilosité, héroïde . . .
--> Un vocabulaire où abondent les mots rares (voire plus loin).
Sachez que la richesse de la langue française est telle, qu’il existe un mot neutre et soutenu pour quasiment tout le vocabulaire de la langue.
- par l’utilisation de figures de style recherchées (ex. l’antithèse, l’hyperbole, etc.) :
Ex. : « bruler d’amour » (hyperbole)
On reparlera des figures de style en profondeurs lors d’un prochain chapitre.
- par l’inversion du sujet et du verbe :
Ex. : « Ainsi ai-je pris la décision de partir. »
- par l’utilisation du subjonctif imparfait et plus-que-parfait :
Ex. : « Zénon eût souhaité que sa fiancée soit à ses côtés. »
- par la présence d’une euphonie en è-je :
Ex. : « Je danserai aussi bien que lui, dussè-je danser dix heures par jour. »
Le langage familier
Le niveau de langue familier se caractérise par un discours qui s’articule de manière informelle et avec un bon nombre de libertés langagières. Il suffit de penser à une discussion entre amis ou en famille, dépourvue de liens hiérarchiques rigides, pour reconnaitre ce type de discours souvent rencontré à l’oral.
Ce niveau de langue est proscrit des différents écrits formels, comme ceux tenant du domaine scientifique et juridique. À l’écrit, on le rencontre presque uniquement chez les auteurs qui souhaitent produire un effet de style ou qui mettent en scène des personnages.
Le niveau de langue familier se manifeste de différentes façons :
- par un vocabulaire particulier :
Ex. : barjot, débaucher, fortiche, gaga, etc.
- par un grand nombre d’abréviations spontanées :
Ex. : un ordi, pc, le petit-déj, etc.
- par une syntaxe modifiée, ou simplifiée (proche de l’inacceptable dans un texte) :
Ex. : « C’est qui qui est arrivé » ?
--> À noter que la phrase dans cet exemple, en plus du niveau familier, est ici inutilement impersonnelle, et donc lourde. Les personnes lisant mon tuto savent déjà qu’on préfèrera « Qui est arrivé ? » à « C’est qui qui est arrivé ? ». Par ailleurs, l’emploi du passé composé et surtout de l’auxiliaire être c'est-à-dire d’un verbe terne (voir plus loin) affaiblit encore le niveau de la phrase. « Qui vient d’arriver ? » ou tout simplement « Qui arrive ? » est sans conteste un choix plus judicieux.
- par l’emploi de l’interrogative directe simple :
Ex. : « Tu viens d’où ? » (familier)
--> « D’où viens-tu ? » (neutre)
- par une prononciation particulière retranscrit à l’écrit :
Ex. : « J’sus partie pour toujours.
Le langage très familier et inconvenant
Le niveau de langue très familier se manifeste principalement par l’utilisation de jurons ou d’expressions souvent liés à la sexualité ou à la scatologie, qu’il est inapproprié d’employer, sauf dans une communication très libre, entre intimes, ou entre personnages peu fréquentables.
Il faut garder à l’esprit que la sexualité, la scatologie et la violence sont des champs de l’expérience humaine souvent perçus comme étant tabous. Les termes qui y réfèrent peuvent par conséquent choquer les convenances. Les termes sexuels, scatologiques ou violents ne sont pas pour autant à bannir à tout prix. Ceux qui relèvent d’un niveau de langue standard (pénis, diarrhée, gifle, etc.) peuvent fort bien être justifiés. Par contre, on évitera généralement ceux qui relèvent d’un niveau de langue familier ou très familier (b*te, chiasse, etc.).
Le langage péjoratif, argotique et archaïque
- Péjoratif
Certains mots ou expressions ont une connotation péjorative, c’est-à-dire qu’ils ont un sens négatif ou dépréciatif. Leur emploi montre que l’auteur porte intentionnellement un jugement défavorable. Certains mots sont péjoratifs dans tous leurs emplois, alors que d’autres ne le sont que si on les emploie dans un sens particulier. Enfin, la plupart des mots à connotation péjorative appartiennent à un niveau de langue familier ou très familier.
Ex. : « Trois ploucs se disputaient avec un bureaucrate. »
Ex. : « Tes sermons commencent à m’ennuyer ! »
Sermon a une connotation péjorative s’il est employé dans le sens de « discours moralisateur », mais non s’il est employé dans le sens de « discours d’un prédicateur en chaire ».
- Argotique
Les expressions argotiques sont à la base des expressions qui sont créées et utilisées par un groupe restreint d’individus (notamment dans le milieu criminel peu fréquentable). L’ensemble de ces expressions forme une sorte de langue secrète, codée, qu’on appelle argot. Avec le temps, cependant, certaines de ces expressions gagnent en popularité et sont introduites dans la langue courante. Les expressions d’argot sont habituellement à proscrire en français écrit de niveau neutre puisqu’elles relèvent du langage oral de niveau dit populaire et qu’elles ne sont pas toujours connu de l’ensemble de la collectivité.
Ex. : « J’y comprends que dalle ! » (sans doute le meilleur exemple d’un langage argotique popularisé)
- Archaïque
Un archaïsme est un mot ou une expression qui n’est plus en usage (vieux) ou qui est en voie de disparition (vieilli). Un archaïsme peut apporter à votre texte une couleur particulière, un caractère vieillot. À vous d’évaluer sa pertinence, en fonction de vos lecteurs cibles.
Ex. : « Elle prépare le festin en vue des accordailles de Colin et de Chloé. »
Un archaïsme appartient à un niveau de langue particulier. Certains relèvent de la langue familière et d’autres, d’un style soutenu.
Ex. : À la brune, les geôliers, toujours en castille, protestaient toujours véhémentement.
Dans cette phrase, les expressions sont à la fois vieillies et de style soutenu ; si on les remplace par des équivalents neutres, on obtient la phrase : « À la tombée de la nuit, les gardiens, toujours en querelle, protestaient toujours fougueusement. »
Bien sûr, une expression qui appartient habituellement à un niveau de langue neutre peut, si on l’utilise dans un sens donné, prendre une connotation familière, très familière, argotique ou soutenue. De même, un mot courant peut posséder, outre ses sens modernes, un sens vieux ou vieilli.
Ex. : « Tous les hommes sont mortels. » (neutre)
Ex. : « Le film était mortel ! » (familier)
3) Richesse et prévision
Le mot juste et les verbes ternes
Le processus d’écriture demande beaucoup de réflexion. Le rédacteur doit exprimer avec précision sa pensée, sans en exagérer ni en atténuer le sens à émettre. Certains choix lexicaux permettent d’étoffer un texte et de s’exprimer avec une plus grande précision, ou bien, au contraire, de laisser plus de place à l’interprétation.
- Verbes
Le verbe exprime une action, un état ou une situation, et unit de ce fait le sujet et le complément. De ce rôle central, qui en fait le noyau de la phrase, découle un devoir important : il doit faire bonne impression au lecteur. Il vaut mieux alors employer des verbes « pleins », porteurs d’un sens propre et précis, plutôt que des verbes « vides » ou « passepartout », qui sont sentis comme « mous » ou « incolores ».
Autant que possible, on évitera les verbes avoir, être et faire. En tant que verbes, ils ajoutent peu d’information et ne permettent pas de préciser la pensée. Évidement, cette injonction ne prend pas en compte les auxiliaires, mais sachez que même comme auxiliaire être et avoir restent vide de sens. Avoir, être et faire sont les verbes ternes les plus courants et peuvent souvent être remplacés par une expression ou un verbe plus précis.
Ex. : « Astride regarde la statue qui est dans le jardin. »
→ Astride regarde la statue dressée dans le jardin.
Ex. : « L’étranger a un chapeau brun sur la tête. »
→ « L’étranger porte un chapeau brun. «
Ex. : « Loulou fait une présentation de son travail. «
→ « Loulou présente son travail. «
Ex. : « La médecine moderne n’est pas comparable à la médecine médiévale. »
--> « La médecine moderne ne se compare pas à la médecine médiévale. »
Contextes corrects
Avoir et être s’emploient bien sûr comme auxiliaires, où ils ne portent pas le sens, mais bien le mode et le temps de l’action. Ils forment aussi de nombreuses locutions, où le sens est donné par l’ensemble verbe/complément et non pas par le verbe seul (avoir peur, avoir droit à…, etc.).
On peut enfin chercher sciemment à souligner la simplicité, l’élémentarité.
Ex. : « Elle est belle. » « Il n’a plus rien. » « Il a ses mains, son coeur et ses rêves, point. »
Faire, quant à lui, introduit souvent un verbe infinitif complément qui porte, le sens. Il s’agit alors d’un semi-auxiliaire avec un sens causatif.
« Faire briller » « faire travailler », etc.
Enfin, un bon style rédactionnel devrait également éviter l’abus du verbe aller, sauf comme auxiliaire.
Ex. : « Ses idées vont dans le même sens que les miennes. »
→ « Ses idées évoluent avec les miennes. »
- Noms
La même attention doit être portée au choix des noms. Toutefois, on peut éviter la redondance par une alternance entre un nom et sa définition.
Ex.: L’amour lui donnait le courage de continuer. En effet, cet attachement intense lui gonflait le cœur.
- Adverbes
Pour améliorer son style, certaines expressions comprenant un adjectif modifié par un adverbe devront être évitées au profit d’un adjectif sémantiquement fort.
très étrange → insolite
bien surpris → ahuri
toujours désordonné → bordélique
très dommage → désastreux
peu ébranlable → imperturbable
Il faut TOUJOURS privilégier un adjectif sémantiquement fort à un adjectif renforcé par un adverbe. Si vous lisez, ce topic, vous savez déjà que les adverbes sont à éviter si on le peut.
Les Incises
Les incises attribuent une citation à leur auteur et en décrivent le contexte. Elles rythment les citations. La bonne gestion des incises est CAPITALE lors d’un dialogue.
Ex.: « Je vous emmène jusqu’à Reims », annonce le chauffeur.
Ex.: « En plus, pour seulement quelques francs de plus, vous pourrez déguster le champagne », ajoute-t-il après un court silence.
Ex.: « Vous dites vrai ? » interrogent les deux voyageurs, ravis.
Ex.: « Cette rencontre, sur instruction du président, entre dans le cadre du programme d’aide aux familles et vise à établir les priorités du gouvernement pour l’année à venir », a déclaré le ministre Roy.
Il importe de vérifier la distribution des incises et leur évolution logique. Ainsi, on évitera autant que possible les redites et les incises trop fréquentes.
De façon générale, on emploie une incise quand on veut donner toute son importance au contenu d’une citation, qui est ainsi mise en avant-plan. Le verbe de l’incise, pour être efficace, doit donc être le plus discret possible et ne pas « voler la vedette » à la citation.
Les deux verbes les plus fréquents en incise sont dire et déclarer. S’y joint toute une série d’autres verbes tels que :
«accorder» «confirmer» «lancer» «remarquer» «acquiescer» «considérer» «noter» «répliquer» «admettre» «croire»«observer» «reprendre» «alléguer» «demander» «opiner» « s’écrier » « argüer » « écrire » « plaider » « signaler » « assurer » « émettre » « poursuivre » « souffler » « avancer » espérer » « préciser » « souligner » « certifier » « estimer » « proposer » « suggérer » « clamer » « expliquer » « protester » « trancher » «commenter « faire miroiter » « raconter » « concéder » « faire valoir » « rappeler » « conclure » « indiquer » « rapporter » « confier » « insinuer » « reconnaitre »
Tous ces verbes sont dits déclaratifs et appartiennent à la grande famille sémantique des verbes d’expression. Une de leurs particularités est d’accepter un complément d’objet introduit par la conjonction que, complément qui correspond à du discours rapporté :
Ex. : « J’affirme que cette mousse au chocolat est divine ! »
Ex. : « Je pense que tu exagères un peu. »
Ex. : « Je réponds que tu changeras d’avis quand tu y auras gouté. »
Ex. : « L’emploi de ces verbes dans l’incise est tout à fait correct. »
D’autres verbes, qui pourtant n’acceptent pas de complément d’objet avec que, s’emploient néanmoins dans la proposition incise. Il s’agit de verbes qui expriment l’attitude, l’état d’esprit de l’auteur dans lequel les paroles rapportées ont été prononcées ou bien la façon dont a été livré le message.
Ex.: «J'ai peur» chuchota Marc.
Ex. :« Reviens tout de suite ! » hurla Ludovic en se précipitant à la poursuite d’Anna.
Ex. : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » jubila-t-elle.
On peut ajouter à hurler et à jubiler d’autres verbes tels que crier, s’étonner, exploser, se réjouir, vociférer, etc.
Sans les proscrire de façon systématique, on fera attention à ne pas abuser de l’emploi de ces verbes, qui, par leur grande expressivité, confèrent à l’incise une importance qui devrait normalement revenir entièrement à la citation rapportée. Enfin, on évite à tout prix en incise les formulations plus complexes qui visent à énoncer dans le détail l’attitude avec laquelle on rapporte le discours. De telles formulations s’éloignent trop du simple rôle introductif de l’incise et donnent aux éléments en incise un plus gros poids que la citation censée être importante.
C’est une erreur classique dans les textes de faible niveau. Encore et toujours la même raison. L’auteur débutant veut trop insérer de détails (comme pour les phrases longues, les cascades de compléments, les relatives . . .) et profite de l’incise pour taper une tartine sur l’attitude du mec qui parle. Par ailleurs, certains auteurs débutants passent outre l’incise pour directement parler de l’attitude de celui qui parle ce qui est LE PIRE des choix.
Ex. : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » sauta-t-elle de joie. (Elle dit quelque chose et en fait une autre, une double action qui réclame deux verbes et pas un seul verbe et l’autre basta). Ainsi, on écrira :
Ex. : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » annonça-t-elle en sautant de joie.
C’est la forme la plus correcte. Cependant, même ainsi, le « en sautant » est lourd. Si vous voulez à tout prix informer le lecteur que le personnage saute pourquoi pas. Pour ma part, je juge l’information fort peu utile et donc lourde. J’écrirai : « J’ai été acceptée à la Sorbonne ! » annonça-t-elle folle de joie. »
Les Mots rares
- Enrichissement lexical
Lorsque l’on souhaite soigner son style et renoncer à l’emploi de périphrases et de verbes ternes, il n’est pas nécessaire de s’abstenir d’utiliser un terme précis parce qu’il est rare. Au contraire, il pourra s’agir d’un enrichissement lexical qui ajoutera au style du texte. Cependant, on se souciera toujours de la fluidité du texte et il sera bienvenu d’apporter une mise en contexte adéquate pour aider à la compréhension.
Ex. : « Le serrurier portait fièrement sa ferrière sur l’épaule, ce précieux sac de cuir que son père lui avait offert le jour de ses 14 ans. »
- Hermétisme
Attention, l’emploi des mots rares peut rendre un texte obscur et peu accessible. Dans un contexte où c’est le sens et la fluidité de la lecture qui priment, et non le style, on cherchera à les éliminer. Toutefois, si l’auteur estime que le vocabulaire employé, bien qu’étant rare, est ou doit être connu de ses lecteurs (car ils partagent les mêmes connaissances techniques, ou bien sont rompus à ce genre d’exercice), alors l’emploi de mots rares sera légitimé.
Ex. : « Pour attirer une chouette, il faut toujours frouer vivement ! »
--> Frouer, qui signifie « imiter le cri de la chouette ou du geai », sera mal à propos dans un texte destiné au grand public, mais adapté dans une revue d’ornithologie.
4) Le contenu sémantique
Lors de la rédaction d’un texte, l’auteur doit porter une attention toute particulière au choix des mots qu’il emploie. Il importe que ceux-ci reflètent le plus fidèlement possible le sens et l’esprit général visés. Selon la nature de l’écrit (lettre administrative, mémoire de maitrise, publicité, texte littéraire, etc.), certaines contraintes s’appliquent quant au choix des mots. On souhaitera qu’un texte publicitaire, par exemple, déborde d’enthousiasme ou, au contraire, abonde en expressions dramatiques qui sauront toucher la fibre sensible du public cible. Par ailleurs, si la clarté est généralement perçue comme étant une qualité importante, notamment dans les écrits de nature technique ou scientifique, certains écrits gagnent quant à eux à rester vagues, sans engagement clair.
Puisqu’aucune règle absolue n’existe en matière de vocabulaire, et que le vocabulaire est d’abord et avant tout au service du sens à véhiculer, on veillera à ce que l’emploi de mots au contenu sémantique faible (chose, possible, supposer que, etc.) ou fort (certitude, évidence, extraordinaire, aduler, condamner, toujours, etc.), positif (beauté, jeunesse, joie, agréable, aimer, etc.) ou négatif (bêtise, misère, laid, blesser, etc.) serve bien le propos du texte.
Le but de l’exercice n’est pas d’éliminer rigoureusement tel ou tel type de mots. Dans tous textes, on trouve des mots faibles, forts, positifs et négatifs. Le but est plutôt de s’assurer qu’un texte qu’on veut positif ne contienne pas une trop grande quantité d’expressions superlatives. De la même façon, on voudra évaluer la quantité et la distribution des mots à contenu sémantique faible (donc flou) si on rédige un document juridique pour lequel la plus grande rigueur est requise.
Faible
Plusieurs mots français sont sémantiquement pauvres ou flous. Ces expressions recouvrent un sens générique ou une réalité imprécise. Par exemple, les mots bidule, farfouillage, éventuel, ordinaire et estimer sont sémantiquement faibles. Dans la phrase suivante, les mots soulignés sont faibles et les mots en gras sont forts.
Ex. : « Je suis allée quelque part pour voir la plus belle chose que je n’ai jamais vue. »
Plus vous employer des mots faibles plus votre texte est flou dans l’esprit du lecteur ce qui est logique. Le lecteur doit imaginer la scène avec des éléments descriptifs flous, forcément il l’imaginera avec moins de détails. Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’il faut bannir tous les mots faibles de son texte. Seulement faire attention à l’équilibre et au sentiment général qu’ils renvoient.
Fort
Certains mots en français relèvent du domaine de l’emphase, de l’exagération ou du superlatif. Par exemple, sur les continuums suivants, l’élément lexical fort est celui qui se trouve le plus à droite.
personnage → vedette → idole
apprécier → aimer → adorer
parole → affront → infamie
Certains antonymes dont l’emploi est absolu ou quasi absolu sont forts. Il s’agit, par exemple, d’oppositions comme jamais/toujours, tout/rien, minuscule/énorme.
Vous l’aurez compris plus un mot est clair/net/catégorique plus il est fort.
Négatif
Plusieurs mots en français réfèrent à une réalité qu’on peut qualifier de négative, non souhaitable, ou transmettent un jugement négatif, parfois dépréciatif, par rapport au thème abordé.
- Réalité négative
Ex. : accident, maladie, mort, peur, problème, angoissant, dévastateur, onéreux, toxique,se blesser, briser, pleurer, tuer, etc.
- Jugement négatif
Ex. : erreur, stupidité, platitude, désagréable, insipide, laid, obscène, condamner, détester, impatienter, rebuter, etc.
La « négativité » d’un texte, tout comme sa « positivité », ne se calcule pas en absolu. Elle s’établit plutôt sur un continuum qui va du « peu négatif » au « extrêmement négatif », en fonction de la quantité et de la répartition des mots à contenu sémantique négatif. C’est à l’auteur de déterminer sur quel point de ce continuum il désire situer son écrit, et de choisir en conséquence la quantité et la nature des expressions négatives qui sauront le mieux traduire sa pensée. Il est évident qu’un texte doit donc comporter plus de mots négatifs et être plus loin dans le continuum négatif lors de la description d’un enterrement (par exemple) que lors de la description d’une scène quotidienne neutre.
Enfin, certains mots au contenu sémantique négatif ont aussi un contenu sémantique fort (calamité, dégout, horreur ; grotesque, hideux, scandaleux ; atterrer, haïr, horripiler, etc.) qui confère au texte une intensité négative extrême qu’on voudra peut-être atténuer par l’emploi de synonymes plus modérés. Faites attention à ça, car une fois que l’on veut partir dans un langage sémantique négatif, on s’égare, on se laisse aller et souvent la description d’un fait assez commun (ex. le temps maussade ou une contrariété vécue par le héros) devient aussi négatif que la mort du personnage, sémantiquement parlant. xD
Positif
La « positivité » d’un texte se calcule aussi sur un continuum qui va du « peu positif » au « extrêmement positif », en fonction de la quantité et de la répartition des mots à contenu sémantique positif.
Ex. : beauté, bonheur, consentement, jeunesse, joie, santé, agréable, doux, lumineux, rieur, studieux, aimer, cajoler, complimenter, détendre, embellir, valoriser, brillamment, intelligemment, radieusement, etc.
Par ses choix lexicaux, l’auteur doit doser judicieusement les expressions positives de sorte qu’elles correspondent bien à ce qu’il désire transmettre comme message. Un texte publicitaire ou une critique artistique, hautement subjectifs, peuvent comporter de nombreux mots au contenu sémantique positif, alors qu’un texte qu’on veut objectif devrait en faire un emploi modéré. Certains mots au contenu sémantique positif ont également un contenu sémantique fort (chef-d’œuvre, summum ; éblouissant, formidable, génial, surdoué ; acclamer, glorifier, etc.). Ces derniers confèrent au texte un caractère superlatif qu’on voudra peut-être nuancer à l’aide de synonymes plus neutres.
5) Mots charnières
Le propos d’un texte s’étend généralement sur plusieurs phrases et plusieurs paragraphes. Pour articuler les idées entre les phrases et les paragraphes, on utilise diverses charnières. Elles facilitent la transition d’une idée à l’autre et aident à guider le lecteur. Une charnière peut être un simple adverbe, une locution ou une périphrase.
Il ne faut pas exagérer l’emploi des charnières, qui peuvent alourdir la lecture, et il faut varier leur emploi.
Ex. : En conséquence, en fait, pour cela, cependant, en effet, par ailleurs, de ce fait, mais, etc.
Les charnières sont appréciées dans un texte argumentatif, démonstratif, ou didactique, car l’auteur veut préciser sa pensée et son propos, donner des exemples, etc. Cependant (bim charnière è_é ahah vous vous y attendiez pas hein ^^). Cependant, elles sont relativement absentes dans un texte littéraire où leur connotation démonstrative et argumentative entache la fluidité lors de la description d’une action/pensée/etc. Les charnières que l’on repère dans un texte littéraire se trouvent majoritairement lors des discutions des personnages qui eux-mêmes argumentent, expliquent, démontrent. Bref (bim charnière vous vous y attendiez pas hein . . . bon peut-être un peu). Bref, n’utilisez pas de charnière lors de description, elles sont presque (bim mot faible) toujours (bim mot fort) inutiles (Bim mot négatif) à la description, et en plus de l’alourdir (Bim re mot négatif) casse son rythme (Bim rien à signaler pour ce mot :lol : ).
Et c’est sur le mot « rythme » pour lequel je n’ai rien à signaler que je termine ce chapitre sur le style. N'hésitez donc pas à vous entraîner, à faire des tests sur telle ou telle utilisation d'incise, ou tel ou tel changement de tournure, tenter le langage soutenu, etc. N'oubliez pas que la langue française est riche et nous permet d'éviter les lourdeurs, aller à l'essentiel et ne surabonder pas votre texte de détails inutiles. De règles générales supprimez l'inutile, votre texte n'en sera que plus léger. Utiliser les mots les plus percutants, les plus évocateurs, les plus puissants en équilibrant leurs impacts négatifs, positifs, faibles, et forts sur le texte.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas. Si vous avez des avis négatifs, n’hésitez pas. Si vous avez des remarques positives, n’hésitez pas non plus.
Raleygh 009- Yonkou
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Re: Améliorer ses écrits et son style narratif
Merci pour ce tuto ! Je viens de le lire d'un coup. J'espère qu'il m'aidera pour ma fanfic...
Je suis totalement un débutant en écriture, même en cours pour les rédactions. j'étais vraiment nul.... Merci encore !
Je suis totalement un débutant en écriture, même en cours pour les rédactions. j'étais vraiment nul.... Merci encore !
YabukiHagler- Mage
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